On avait décidé de ne plus rien prendre d’elle. Non, plus rien de cette APN cuvée 88-92. Ça ne passe plus, ça ne peut même plus rester en travers de la gorge. Mais voilà que le Soir d’Algérie a réussi à nous faire passer la pilule, comme quelqu’un qui, sans le vouloir, vous fait avaler un bonbon en vous donnant une tape amicale dans le dos. C’est que l’information donnée par notre confrère est savoureuse. Devinez pourquoi la Commission juridique de l’APN a rejeté le droit de vote personnel et direct aux femmes ? Parce que ses honorables membres sont pour la paix des ménages, et se refusent de semer la discorde des conjoints en donnant à chacun la liberté de voter !
La belle intention ! Le noble prétexte ! La belle scène de ménage ! Le chef de famille voulant voter Belkhadem, la mère de famille préférant Aït Larbi ; le mari voulant coller une affiche FLN dans le couloir, son épouse refusant de lui dire où est caché le scotch ; l’homme vexé qui réduit sa moitié en répudiant sa femme, la famille de la femme qui vient lui demander réparation ; le village du mari qui vole au secours de l’un de ses fils, la wilaya de l’épouse qui court défendre sa fille ; la moitié du pays qui se range du côté de l’homme, l’autre s’armant pour la femme ; et tout là-haut, le pauvre Chadli qui se ronge les ongles, se demandant pourquoi le sort l’a mis dans les deux camps en même temps, cousin par alliance au troisième degré côté femme et fidèle de la base FLN pour la famille politique de l’homme !… Et si on parlait d’autre chose Khalida ? Le jour va se lever qui fait fuir le chacal vers le bois.
2 octobre 1991 – Le Matin
1 mars 2012
Said Mekbel