Paru le :14/10/2008
Editeur : Bleu Autour
Collection :Regard L’autre
ISBN :
EAN :9782912019899
Nb. de pages :
Quatrième de couverture
Après Mes Algéries en France et Journal de mes Algéries en France, le dernier volet d’une trilogie d’ouvrages richement illustrés.
Un abécédaire intime et politique
ABEILLE AFLOU AMBOISE BORDEL COLON CONQUÊTE HEIDI INSTITUTEUR
LIBRAIRIE MARABOUT PEUGEOT PORT-SAY SHÉRAZADE SINGER TATI TÉNÈS…
Une perception singulière de la colonisation et du couple Algérie-France.Un abécédaire autobiographique et collectif, avec les textes manuscrits des compagnes et compagnons
de Leïla Sebbar sur ses routes algériennes (Jeanne Benameur, Nancy Huston,
Didier Daeninckx, Anne-Marie Métailié, Benjamin Stora…).
Un abécédaire érudit, léger, ironique et grave, pointilliste, excentrique…
La fabrique, par le texte et l’image, d’une tribu mythologique d’Orient en Occident.
Dans la presse
Je poursuis, avec la complicité des éditions Bleu autour, une quête extravagante, une trilogie dont le dernier volet est publié cet automne : Voyage en Algéries autour de ma chambre, textes et images (plus de 200) sous la forme d’un abécédaire. Un travail qui me permet de mélanger les genres. Côté textes : lettres, récits, commentaires, fictions… Côté images : photos, illustrations de livres pour enfants sur «Nos colonies», dessins, plans, croquis, aquarelles… Un jeu jubilatoire d’associations, d’échos, de correspondances entre mémoire et histoire, amour et guerre, Algérie/France, l’Algérie comme métaphore de l’Orient, la France métaphore de l’Occident, du côté du père silencieux, du côté de la mère institutrice.
Faisant avec les textes manuscrits des compagnes et compagnons de mes routes algériennes un voyage affectif, sentimental, érudit parfois, ironique souvent, voyage hors piste avec rencontres inattendues, découvertes insolites…
Chaque mot de l’abécédaire est un fil tiré (depuis Abécédaire jusqu’à Zob) : Bibliothèque, Bordel, Colon, Conte, Hammam, Harki, Librairie, Michel Louise, Shérazade… Plus de quatre-vingts fils, combien de fils pour un métier à tisser ? Ne vous arrêtez pas à Librairie, j’aime trop les librairies et les libraires pour vous faire de la peine… Lisez les autres mots et histoires, dans le désordre, c’est la meilleure lecture.
À très bientôt entre les livres.
Leïla Sebbar
Dans l’émission du 1er décembre 2008 des « Lundis de l’Histoire »,
ce jour-là consacrée à la guerre d’Algérie, Michelle Perrot a salué la parution de Voyage en Algéries autour de ma chambre : « Un livre de mémoire personnelle, très subjective. Sous la forme d’un abécédaire, Leïla Sebbar passe en revue ses souvenirs franco-algériens à travers des noms, des objets, des photos… Un très beau livre que je vous invite à lire. » Et, citant un extrait du prologue de l’ouvrage (p. 11, en ligne sur le site de Bleu autour), elle conclut : « Une archéologie de [s]es fictions, avec ses compagnes et compagnons de ses routes algériennes, tous ceux-là qui habitent ma chambre de France colonisée par mes Algéries et un Orient imaginaire. »
« Les Lundis de l’Histoire », France Culture, par Michelle Perrot, le 1er décembre 2008
Extrait du livre
Toujours ce désir de savoir, deviner, supposer, soupçonner, voir et donner à voir, entendre et sentir. Chercher, rechercher sans méthode ni système, portée par le caprice et le hasard du voyage immobile, de la rencontre imprévue, du messager inconnu, du livre introuvable… Tout ce qui ne m’a pas été transmis de l’Algérie algérienne, des Algéries depuis la conquête – Algérie française et coloniale, Algérie républicaine et coloniale – jusqu’à la voix des cités au pays natal et dans l’exil. Tout ce que je découvre, objets, livres, papiers, effigies de bêtes, faune et flore. Tous ceux et celles que je rencontre au gré de ma traque, dans les pages des livres oubliés (romans coloniaux, livres pour la jeunesse), les dessins, les tableaux et les images d’archives (plans, croquis, esquisses, aquarelles), les photographies d’album de famille. Tous ceux qui, en France, depuis plus d’un siècle et demi, ont tissé un lien affectif avec l’Algérie, et ils sont nombreux. Tout ce que je croise dans la vie même.
Et les compagnes et compagnons de mes routes algériennes. Tous ceux-là qui habitent ma chambre de France colonisée par mes Algéries et un Orient imaginaire, dans le désordre affectif de l’ordre alphabétique arbitraire que j’impose, je les entends, je les regarde, je leur parle, je les aime et je ne les aime pas. Ce n’est pas la collection savante et rationnelle qui me touche mais les variations du motif, à l’infini, comme ce motif que des femmes illettrées inventent et lisent, autant de signes sacrés entre terre et ciel : tatouage, tapisserie, poterie, peinture murale. De la maison natale à la maison d’exil. Sans nostalgie.
Ainsi, je fabrique, par le jeu prosaïque et lettré des échos, associations baroques, correspondances insolites (couleur, regard, son, odeur, gestes), un grand corps vivant de l’Orient (Algérie métaphore de l’Orient) à l’Occident (France métaphore de l’Occident), une tribu inédite, énigmatique, mythologique, un chant choral qui accompagne mon père. Il n’est pas seul dans la terre étrangère. C’est comme s’il entendait la mer depuis le cimetière marin du vieux Ténès où il ne repose pas.
2 mars 2012
Leïla Sebbar