RSS

Islamistes : vers une «convention» de l’obédience ? Par Boubakeur Hamidechi

3 mars 2012

Boubakeur Hamidechi

Chronique du jour : LETTRE DE PROVINCE

hamidechiboubakeur@yahoo.fr
Sans de solides repères politiques sur le terrain, l’électorat républicain a certainement raison de craindre un retour au passé le lendemain du 10 mai. Ici et là d’anciennes péripéties sont évoquées à travers lesquelles sont citées notamment les bérézina des urnes de nos scrutins de juin 1990 (APW-APC) et de décembre 1992 : celles des législatives qui balayèrent à la fois un pouvoir et inaugurèrent une guerre civile. C’est, par conséquent, le spectre d’une sorte de remake de cette période qui alimente aujourd’hui les commentaires. S’achemine-t-on vers de confortables scores du courant islamiste faute de visibilité réelle et crédible de contradicteurs démocrates ? 
La question sera sans doute examinée tout au long de la future campagne, mais en vain. Car nul ne peut s’aventurer dans les pronostics en l’absence d’une donnée cardinale : celle du taux d’abstentions. En effet, cette grande inconnue ayant toujours été pénalisante pour les confettis de courant sans ancrage, n’a-t-elle pas, chaque fois, permis aux différents projets du pôle intégriste de remporter des victoires ? La capacité de mobilisation, voire la discipline des réseaux de ce dernier n’y est pas pour peu au cours des déroulements des scrutins. Installé dans la durée et présent aussi bien dans les mosquées qu’à la périphérie de celles-ci (les structures caritatives), l’islamisme politique n’a jamais reflué vers la marge de la société qu’il conditionne en permanence. Bien au contraire, ne doit-il pas sa réactivation, dans le giron de l’Etat, grâce à certains moments politiques de l’actuel pouvoir ? Ceux qui, d’ailleurs, caractérisent le mieux celui-ci. Ces temps «bénis» de la «concorde» puis de la «réconciliation» ! Rappelons-nous justement les rapprochements tonitruants du pouvoir d’Etat et des têtes pensantes qui l’incarnaient en 2001, notamment les Nahnah et Djaballah montant en premières lignes sur la demande d’El Mouradia, pour plaider la cause des «soldats perdus» du terrorisme. Et ce fut précisément au fondateur du Hamas, redevenu entre-temps M.S.P, que fut dévolue la mission d’évoquer publiquement la possibilité d’une grande convention patriotique où seraient conviés tous les courants en n’hésitant pas à insister lourdement sur le préalable de l’unanimisme sans exclusion aucune. Djaballah, à son tour, viendra alors à la rescousse du projet en précisant sémantiquement les termes de la démarche inspirée par le sommet du pouvoir. «Il ne peut y avoir de réelles possibilités de concrétisation de l’idée sans la présence, tout au moins individuelle, des ex-militants du FIS», avait-il affirmé. Coup de froid dans l’entourage du président et notamment au sein des appareils les plus proches (FLN et RND). La formule alors capote, non pas parce qu’il fallait associer la nomenklatura du FIS, mais simplement parce qu’elle était prématurée au moment où était envisagé le projet de la grande réconciliation à laquelle il était impératif qu’elle n’apparaisse surtout pas comme une capitulation de l’Etat. Malgré les avatars de Djaballah et sa double réclusion politique puis en dépit de l’extinction biologique de Nahnah et la promotion de Aboudjerra, son docile dauphin, l’influence des mouvances islamiques n’a guère baissé dans les strates sociales. Elles ont seulement changé de tactique dans le travail de fond et en même temps admis qu’elles pourraient tirer de meilleurs avantages, en termes de liberté d’action, en devenant le supplétif du régime et le diffuseur idéal de son credo de paix. Or, que fait d’autre, actuellement, Aboudjerra Soltani si ce n’est de reprendre l’ensemble de la thématique tout en l’adaptant au nouveau contexte ? Primo, il travaille à la constitution d’une «coalition» qui irait au-delà de la répartition des maroquins le 10 mai. Secundo, il négocie l’éventualité d’une large fusion de l’obédience dont l’objectif principal serait, rien moins, que d’être l’inspiratrice de la future loi fondamentale. En se mettant en perspective de la sorte, les islamistes ne marquent, en vérité, pas de la défiance vis-à-vis de Bouteflika comme il se dit. Bien au contraire, ils souhaitent implicitement que ses engagements soient tenus à la lettre au moment où il doit ratifier un texte majeur auquel ils ont la certitude d’imprimer leur tonalité doctrinale. Désormais cela explique qu’ils n’éprouvent plus d’attrait pour gouverner au sein de l’équipe qu’il aura désignée après le scrutin. Que l’attelage qui l’accompagnera, au cours des 24 mois qui le séparent de 2014, soit composé de technocrates ou, au contraire, fortement contrôlé par les appareils politiques du FLN et RND ne leur procure guère des états d’âme. En somme, ils sont hélas les seuls à donner du sens à la notion de «transition» quand tout autour, dans la nébulosité du champ politique, l’on ferraille pour uniquement promouvoir quelques ego. Il est vrai que depuis une dizaine d’années au moins, les partis, autres que ceux des islamistes et des officines attitrés, rassemblent bien plus des séminaristes timorés que de véritables hussards de la démocratie se battant pour leurs idéaux. Il est vrai qu’en 12 années, Bouteflika a réprimé souvent ces derniers tout en ménageant les premiers qui lui ont fait la courte échelle chaque fois qu’il l’avait souhaité.
B. H.

Source de cet article :
http://www.lesoirdalgerie.com/articles/2012/03/03/article.php?sid=131048&cid=8

À propos de Artisan de l'ombre

Natif de Sougueur ex Trézel ,du département de Tiaret Algérie Il a suivi ses études dans la même ville et devint instit par contrainte .C’est en voyant des candides dans des classes trop exiguës que sa vocation est née en se vouant pleinement à cette noble fonction corps et âme . Très reconnaissant à ceux qui ont contribué à son épanouissement et qui ne cessera jamais de remémorer :ses parents ,Chikhaoui Fatima Zohra Belasgaa Lakhdar,Benmokhtar Aomar ,Ait Said Yahia ,Ait Mouloud Mouloud ,Ait Rached Larbi ,Mokhtari Aoued Bouasba Djilali … Créa blog sur blog afin de s’échapper à un monde qui désormais ne lui appartient pas où il ne se retrouve guère . Il retrouva vite sa passion dans son monde en miniature apportant tout son savoir pour en faire profiter ses prochains. Tenace ,il continuera à honorer ses amis ,sa ville et toutes les personnes qui ont agi positivement sur lui

Voir tous les articles de Artisan de l'ombre

Pas encore de commentaire.

Laisser un commentaire

Les livres de K79 |
liremapassion |
Le phaéton véloce |
Unblog.fr | Annuaire | Signaler un abus | Des histoires plein la tête.
| Oaristys
| jonathanjoyeux