Après le renouvellement des chambres, c’est à se demander ce qu’ils vont devenir, les pauvres, quand ils ne seront plus ce qu’ils sont actuellement. Comment pourraient-ils subvenir aux besoins de leurs familles ? Pendant des ans, ils ont siégé pour voter des lois. Pardon pour dire oui à toutes les lois qui leur étaient soumises. A main levée. Haut les mains. La loi sur les hydrocarbures et la «reloi» sur les mêmes hydrocarbures, c’est oui. Oui pour le code de la famille. Oui pour toutes les lois. Grâce à eux, des milliers d’Algériens ont été graciés et indemnisés. C’était la concorde. Il paraît que certains, un bon petit nombre de ceux qui ont été touchés par les mesures de la concorde, sont remontés là où ils étaient. Ils ont considéré que cette période de grâce était une permission. Mais ça, c’est la rue qui le dit. Et la rue dit trop de choses infondées. La rue, encore une fois elle, n’arrête pas de dire que si les députés sortants avaient voté la loi anti-corruption en supprimant le fait que la non déclaration du patrimoine dans les délais entraînait la révocation et la déchéance des mandats. De quoi ont-ils eu peur ces pauvres messieurs qu’on sait très pauvres ? De quoi ont-ils eu peur, eux qui ont défendu bec et ongles la population ? De quoi ont-ils eu peur, eux qui n’étaient au complet qu’une seule fois ? lors des votes sur leurs salaires et indemnités, qui, paraît-il, vont diminuer. Msakine, comment ils vont vivre ? Avec quoi ? Nous n’avons pas le droit de les laisser tomber, eux qui étaient à notre service. Eux qui étaient à l’écoute de ceux qui les ont choisis.
Nous nous devons de nous unir comme un seul homme, donc comme un « demi-femme » (l’homme a toujours dit que sa femme était sa moitié). Nous allons signer une pétition pour que les députés sortants ne souffrent plus. Pour que plus jamais un député sortant ne soit dans le besoin. On adressera la pétition à qui de droit. On lui dira que nous n’acceptons dorénavant plus que les députés sortants soient dans le besoin. Pour ce faire, il ne faut plus qu’il y ait de députés sortants. Et la seule façon de ne pas avoir des députés sortants c’est de ne plus avoir des entrants.
4 mars 2012 à 12:24
Donnez-nous du menu neuf, SVP !
par El Yazid Dib
Etre député n’est pas une activité professionnelle ni encore un créneau d’art et de métier. C’est pour cela que rien n’est exigé, hélas, comme pré-requis. Ceci aurait eu l’impact d’une série de concours préalables avant de subir les affres du jury populaire. Rien n’aurait empêché les partis, vrais fournisseurs de l’élite politique, de s’inscrire en porte-à-faux de la loi électorale et établir en leur sein une charte, un cahier des charges, un manifeste d’éthique. Ces actes d’adhésion auront, tel un règlement intérieur du militant, à normaliser, selon l’exigence circonstancielle, le profil idoine de l’éventuel candidat. Pourquoi dans tel parti un capital d’ancienneté est prôné, alors que dans d’autres de la rue, au parti au parlement, reste toléré ? C’est de cette sorte que l’appétit sans cesse, la prétention effrénée et les ambitions fantaisistes de tout un chacun sauront se faire une retenue. La frénésie comme une gangrène gagne toutes les cartes militantistes. Dans des communes, le nombre de candidats avoisine la moitié des électeurs. Il n’est question ni d’âge ni de niveau. L’on ne va pas, certes, constituer une équipe nationale où la condition physique est de mise. On veut une assemblée nationale. Mais l’on ne va pas la faire siéger dans un hospice de crevards ou installer à chaque siège une potence de sérum ou encore fournir gracieusement des lots de couches d’absorption urinaire. C’est cela en fait ce que veut le peuple ; des visages nouveaux, des forces neuves. Voir des députés dégourdis, désintéressés par la bourse et la vie, servir et non se servir, enrichir la légalité et non l’invertir, éviter la compromission, la trahison, la défiance, rendre compte aux citoyens, ne pas cautionner l’injustice, la hogra, le clientélisme.
Le président s’est personnellement projeté dans cette mandature. Il veut un taux record de participation. Mais le souci des électeurs, Monsieur le Président, n’est pas confiné dans l’effort d’aller ou ne pas aller voter, il est cependant suspendu à cette angoisse d’élire qui ? Sur quelle personne porter son choix et non au profit de quel parti mettre son bulletin dans l’urne ? Les partis se ressemblent, ils sont sans idéologie, une coquille vide que tentent de remplir des hommes et des femmes. Ce sont ces derniers qui forment l’identité précise des partis. Ils sont ces partis, éminemment responsables. De surcroît, ceux pris pour de grosses machines de production. Que Messieurs Belkhadem, Ouyahia, Aboudjerra veillent bien à nous présenter un menu listé approprié à notre appétence démocratique et satisfaire au meilleur coût notre famine de voir du frais et ne plus revoir le réchauffé, le recyclé ou le surgelé. Ça suffit. Heureusement que toute une multitude de nouveaux partis est venue garnir davantage l’avenue des resto-politiques et ainsi varier à profusion et à satiété les menus de personnes et de têtes. Sans ça, avec des escargots entêtés, des bouzeloufs pâteux, des rumstecks carbonisés, il reste toujours un arrière-goût de brûlé dans la sauce, qui ressemble amèrement à du déjà goûté, ingurgité et forcément avalé. Le « dégoullis » prend dans un vomissement quinquennal nos secs estomacs et nos œsophages en éternelle béance. De grâce Messieurs de ces partis, nous voudrions bien nous restaurer dans vos auberges, nous voudrions bien mettre nos commandes dans les tables que vous agencez. Faites un effort, remuez vos popotes, saucez par la fraîcheur les mets que vous allez nous offrir. Evitez, au nom de Dieu, de placer en tête de menu, comme entrée, des produits exotiques venus d’ailleurs, des côtes algéroises, inadaptés à nos us et coutumes culinaires locales. Faites en sorte que le peuple réponde unanimement et dans un élan d’ensemble cette-fois-ci et va manger à sa faim. Si c’est ainsi, le taux de restauration sera sans complaisance ni tromperie, fortement exceptionnel. De vos menus dépendra notre rassasiement.
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4 mars 2012 à 12:25
Dégoutage
par El-Guellil
« Mdigouti» et «rani-mdigouti» sont en passe de devenir parmi les expressions les plus courantes de notre vocabulaire.
-Ouach, ça va, p’tit ?
«Dégoutage», répondra le gamin-adulte, sans trop réfléchir. Programmé qu’il est selon les habitudes parentales qui font fi de son enfance. Le gosse mdigouti de ne pouvoir jouer sans se soucier d’autre chose. Mdigouti de ne pouvoir flâner dans le quartier sans avoir une commission à faire. Si ce n’est le pain, c’est le lait ou « l’eau douce ». Très jeunes déjà, on les habitue à être pressés. Ne pas être en retard. Le gamin est mdigouti car devenu impatient d’une impatience sans objet.
Le rani mdigouti des adolescents est un cri du cœur devant des parents qui se refusent à jouer adéquatement leur rôle d’aînés, « trop obsédés de ne pas vieillir et d’être toujours les définisseurs des rêves collectifs et des désirs du moment. Les adolescents s’épuisent aussi à s’inventer de nouveaux repères, orphelins qu’ils sont d’un passé collectif que leurs parents ont liquidé après en avoir bénéficié. »
À la question «comment ça va ?», la plupart des gens répondent maintenant : «mdigouti». Mdigouti de la monotonie du travail. Mdigouti de ne pas travailler. Mdigouti de courir après le temps, de voir ces gens coller à leur portable à s’espionner : «Tu es où ?» Et se mentir: «Je suis en voyage». Mdigouti de voir des gens s’enrichir parce qu’ils sont près du pouvoir. Mdigouti de voir son pouvoir d’achat sans pouvoir.
Les chibanis qui passent au journal télévisé de la télé du spectateur mdigouti sont mdigoutis, moins à cause de leur âge que du fait qu’ils doivent jouer à rester jeunes, au risque de passer pour des dinosaures (qu’ils sont) dont l’utilité n’a de sens que dans les musées.
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