Chronique
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- Publié le Dimanche, 04 Mars 2012 16:35
- Écrit par Rachid Bali
Je ne voudrais pas faire de la concurrence déloyale à Didi Baracho mais cette semaine la réalité dépassant la fiction risque de mettre à mal sa foisonnante imagination.
Belkhadem, se plaint de ce que les démocrates fassent de la surenchère sur un parti, patrimoine historique national, qu’il est le premier à avoir squatté, légitimant le détournement des ressources du pays par la confiscation de la mémoire algérienne.
Le ministère des affaires étrangères et les titres de la presse para publique s’extasient devant la déclaration de l’ambassadeur des USA qui aurait estimé que le mieux est de participer aux élections « puisque de toutes façons les décisions seront prises ». Passons sur la légitimité de cette position – si toutefois elle a été formulée dans ces termes, l’APS ayant déjà déformé les propos du même ambassadeur - de la part d’un pays qui dit comprendre le refus des candidats de l’opposition russe de s’impliquer dans une farce électorale où Poutine a tout verrouillé. Le fait est que trois jours plus tard, le ministre de l’intérieur dénonce l’ingérence du représentant américain qui ose présenter à Hillary Clinton des membres de la société civile sans demander l’autorisation des autorités algériennes.
Ouyahia, symbole de la fraude électorale, condamne les citoyens qui ne se prêtent pas à ses manipulations dans une élection dont il est l’architecte et le premier bénéficiaire. Reconverti à un islamisme de propagande, il interdit les débits de boissons alcoolisées mais prévient, ce week-end, contre le danger d’une victoire des islamistes qu’il associe dans son gouvernement depuis des lustres.
Aït Ahmed laisse débattre librement de deux décisions ( boycott et participation ) mais élimine la première qui « n’est pas une option ». Il annonce, dans la foulée, que les conditions transparentes n’existent pas mais déclare qu’il faut refuser la fraude. ! Il ajoute qu’il faut participer « pour mettre du mouvement dans le pays » après avoir expliqué pendant dix ans que le boycott est la seule réponse à l’immobilisme. Par ailleurs, si le quota n’est pas conforme au deal, il menace de convoquer…son conseil national !
Amara Benyounes dépose son dossier sans donner la liste des membres de sa direction, attendant de connaître avec précision le quota que lui sera attribué le 10 mai. Le ministère de l’intérieur lui délivre son agrément, en violation de la loi.
Abou Djerra Soltani, craignant de se voir préféré Djaballah, franchit cette semaine un pas dans la bravade et dénonce un pouvoir illégitime où il compte toujours des ministres.
Les militaires qui jurent de ne plus se mêler de politique viennent de se faire prendre la main dans le sac à Tindouf où ils avancent un nombre d’électeurs deux fois plus important que celui des habitants.
L’union européenne qui avait promis de ne pas refaire l’erreur de 2004 semble avoir, une fois de plus, cédé aux intérêts économiques et stratégiques de ses pays membres en renonçant à l’assainissement du fichier électoral dont elle avait fait un préalable à la venue de ses observateurs. Du coup, le RCD qui a été le seul parti à demander une surveillance internationale est celui qui refuse de participer au vote !
Enfin, et la liste des incohérences hebdomadaires n’est pas exhaustive, c’est au moment où l’Algérie se pose comme le bouclier majeur de la sécurité sahélo-saharienne qu’elle essuie le plus grave attentat dans la ville la plus importante du grand sud.
5 mars 2012
Rachid Bali