Culture :
Mot-clé : le café. Cet élixir fédérateur et rassembleur. Fadéla M’rabet construit tout son roman sur cette boisson d’amitié et de partage. «Qui a bu boira», dit le vieil adage.
L’écrivaine avait à peine 6 ans lorsqu’elle trempa ses lèvres, pour la première fois, dans un fendjel de kahwa. Elle venait de marcher sur des débris de verre et sa mère tentait désespérément de les extraire de sa voûte plantaire. «A la première tentative de yemma pour me retirer les nombreux éclats de verre incrustés dans ma chair, je me suis débattue en criant. Elle m’a alors promis de me donner ce que je désirais, si je la laissais me soigner. J’ai réclamé non pas une baklawa, un makroud ou de la tamina, mais une tasse de café, la boisson des adultes interdite tacitement aux enfants et que je convoitais depuis longtemps. » (P.10 et 11). Fadéla M’rabet égrène ces pause-cafés partagées au hasard de ses rencontres, de ces voyages. «Mon meilleur café turc m’a été offert il y a des décennies par l’imam de la plus belle mosquée de Sarajevo, celle d’Ali-Pacha» ou «à Paris, il m’est arrivée qu’un SDF ou un éboueur insiste pour m’offrir le café par un matin froid et humide»…D’Alger à Vienne, en passant par Venise, Samarcande, Damas ou Istanbul, l’auteure d’ Alger, un théâtre de revenants, évoque la magie qu’exerce sur elle cette boisson aux effluves enivrantes. «Due’espressi ! Commandent à la criée les garçons de café de toutes les brasseries de Rome et d’Italie. Due’espressi : les cinq plus belles syllabes de la langue italienne. Le nectar est versé avec une telle parcimonie, comme toute denrée précieuse, à peine la contenance d’un dé à coudre, que c’est une raison de s’arrêter toutes les heures pour entendre sans se lasser, tout au long de nos voyages, ces mots magiques.» (P. 27). D’autres voyages, autres souvenirs liés au café. «Le Procope, le Greco me plongent dans l’histoire, dans la politique, le Florian, qui est le café le plus ancien de Venise, me laisse comme un enchantement analogue aux souvenirs des cafés de Damas et au patio de Skikda. Fadéla M’rabet est docteur en biologie. Elle a travaillé comme journaliste, reporter et animatrice radio à Alger dans les années 1960. Parmi ses ouvrages La femme algérienne (1965) ; Les algériennes (1967), Une enfance singulière (2003) ; Le muezzin aux yeux bleus (2008) ; Alger, un théâtre de revenants (2009). Fadéla M’rabet vit actuellement en France. Elle a été maître de conférences et praticien des hôpitaux à Broussais Hôtel-Dieu.
Sabrinal
Le café de l’imam de Fadéla M’rabet, Editions Dalimen, 2011, 119P., 450 DA.
Source de cet article :
http://www.lesoirdalgerie.com/articles/2012/03/12/article.php?sid=131455&cid=16
12 mars 2012
Auteurs Algériens