Le mépris et l’horreur. Voici ce que m’inspirent les tueries lâchement perpétrées par le terroriste toulousain. Comment, s’il s’avère maitre de ses gestes, peut-on lui accorder une quelconque justification ou circonstance atténuante ?
Comment quelqu’un de sensé, et qui plus est, se réclame de la religion de la paix, peut-il à ce point salir cette religion et salir toute une communauté de foi après avoir tué de sang froid. Abel, Mohamed, Imed, Jonathan, Arieh, Gabriel et Myriam. Des victimes dont la vie a été volée par cet assassin, lâchement. Un assassin qui n’a trouvé, aux dires des personnes qui ont visionné les images, aucune hésitation à attraper une enfant et lui loger une balle dans la tête.
J’ai, bien que je comprenne les manipulations dont ils sont sujets, et la vacuité de compréhension dont ils souffrent, de la peine pour ces apprentis d’une « pseudo-lecture de l’Islam ». Cette « lecture » outrancière et attentatoire à l’Islam, promue par des idéologues qui font de l’autre quel qu’il soit, un ennemi, qui s’érigent en défenseurs des « causes de l’Islam », et qui prétendent que eux seules sont les détenteurs de la vraie « lecture » et qu’ils représentent l’incarnation de la pureté des premiers musulmans. Les autres musulmans, aux yeux de cette caste, sont des égarés, les savants musulmans qui travaillent sur une réelle intelligence des références des hérétiques, et les acteurs musulmans qui cherchent à installer une intégration paisible et authentique des musulmans, des vendus.
Mais je ne peux passer sous silence cette inquiétude qui me gagne, dès que je pense à ce qui adviendra, demain, de la visibilité des musulmans, déjà largement sujets à une vindicte médiatico-politique indigne. J’entends déjà des propos blessants qualifiant des membres de factions terroristes de « fous d’Allah » selon une expression consacrée, jetant l’anathème sur la religion d’un milliard d’hommes et de femmes sur la terre.
D’aucuns mettent en garde : « attention à l’amalgame ! ». Mais, sincèrement, celui-là n’est-il pas déjà largement usé à l’encontre des musulmans, et depuis des années ?
Je ne cesserai donc de le clamer, et ce n’est pas un criminel qui se réclame de ma religion qui m’empêchera de considérer que cette religion est une religion de paix, de fraternité et d’humanité. Je renvois dos à dos, les littéralistes qui justifient leur délinquance ou leur crimes par leur islamité, et les racistes qui essentialisent l’Islam le réduisant aux actes de criminels qui s’en réclament.
Je continuerai à défendre ces musulmans, majoritaires, qui n’entendent pas brader leur engagement spirituel et leur pratique cultuelle, pour prouver leur francité, et qui ont compris que l’on peut être pleinement français, et profondément musulman.
Espérons que le présumé assassin soit arrêté, et jugé, dans un tribunal, pour que la sentence dont il écopera, soit celle dont écope un criminel qui a commis autant de meurtres. A défaut, je crains que c’est encore l’Islam qui sera visé, et que ce jeune homme sera érigé par de dangereux irresponsables en martyr, et par les idéologues de la haine de l’Islam, en exemple-type de ce qu’être musulman…
Que les extrémistes soient combattus, qu’ils se réclament d’une religion ou d’une idée nauséabonde de la France.
Hassan SAFOUI, Secrétaire Général du Comité 15 mars et Libertés
22 mars 2012
RELIGION