
L’auteur, ancien directeur de la Bibliothèque nationale d’Algérie, a expliqué au public que dans le premier roman, il a pris le phénomène du changement de religion du Christianisme à l’Islam, et aborde l’histoire de trois sœurs françaises de confession chrétienne qui arrivent dans un village en Algérie pour se convertir à l’Islam. Un jour, un journal annonce que ces femmes veulent épouser des Algériens et l’imam chargé de les convertir décide alors de les épouser toutes les trois. Dans ce roman, j’ai également tracé un peu l’itinéraire et la vie de ces trois femmes qui avaient chacune un profil différent. La première qui veut se rendre dans un pays des hommes virils, la seconde est hantée par la culture arabo-musulmane et la troisième entend s’infiltrer dans les groupes islamistes pour recueillir des informations», a indiqué M. Zaoui. «Lorsque je passe d’une langue à une autre pour écrire un roman, je reste égal à moi-même et je ne me change pas», a dit cet auteur bilingue, dont les romans ont été traduits dans plusieurs langues, ajoutant que ce livre écrit en langue arabe «casse les tabous et les interdits érigés par la société». Sur la composition sociologique du public arabophone, et la manière avec laquelle il réagit à ce type de roman, Amine Zaoui a estimé que le lectorat arabophone «est difficile dans la mesure il n’a pas suffisamment de tradition de lecture du roman et confond entre lire un roman qui appartient à l’imagination et un autre qui relève du Fikh, du droit et de la religion». «J’estime qu’écrire en arabe est un courage et en même temps, un besoin pour forger un lecteur qui questionne et s’interroge autour d’un texte. Et c’est aussi l’œuvre d’un romancier de provoquer, choquer, et tenter de faire évoluer le roman monotone, d’expression arabe». Sur la femme et sa présence permanente dans tous ses romans, Amine Zaoui considère que le statut de celle-ci est «un excellent baromètre de l’état d’avancement ou de recul d’une société». Les médias européens sont en train d’élaborer de nouvelles stratégies et de nouveaux modèles de business tenant compte, notamment, de l’évolution des TIC et des nouvelles habitudes de consommation des publics tandis que le secteur médiatique dans les pays de la rive sud connaît une croissance intense en termes de quantité de nouveaux acteurs, traditionnels et numériques, de diversification de l’offre et de transition technologique, note la COPEAM. Selon la même source, le web 2.0 et les médias sociaux sont devenus des instruments d’échange d’informations et de mise en réseaux puissants et accessibles, à travers lesquels les citoyens de la région, les jeunes notamment, demandent une participation active et démocratique au débat public. Lors de sa conférence annuelle à Marrakech, la COPEAM va interroger les médias, et plus particulièrement ceux du service public, sur les réponses qu’ils donnent à ces requêtes de la société civile et sur les stratégies qu’ils mettent en place pour intégrer ce processus social, afin de renouveler leur rôle et leur mission, en termes de gouvernance et de politique éditoriale. Ces thèmes seront au centre du débat des trois sessions plénières durant lesquelles les intervenants approfondiront les questions liées à la déontologie de l’information et de la communication, au processus d’évolution des organes d’information du service public, à la libre circulation des citoyens et des contenus dans l’espace euro-méditerranéen face aux nouveaux scénarios politiques, sociaux et culturels qui sont en train de se dessiner. La COPEAM qui a été créée au Caire en 1996, fédère une grande diversité d’acteurs du monde de l’audiovisuel et de la culture représentant pas moins de vingt-six pays du bassin méditerranéen.
5 avril 2012 à 15:03
CultureJeudi, 05 Avril 2012 10:00
Souffles…
Les enfants ont grandi !
Par : Amine ZAOUI
Les enfants ont grandi ! Ceux qui sont nés au premier lever du soleil, du premier jour de l’indépendance, ont aujourd’hui cinquante ans ! Depuis que le coq du village a chanté l’heure de l’aube de l’indépendance, quelques rêves ont vieilli ! D’autres se sont rouillés! D’autres encore ont fleuri ! Nos grands-pères, nos pères, littéraires ou génitaux, tous, un jour ont pris le chemin vers le levant pour récolter les étoiles! La liberté ! Ils avaient une autre image de l’Algérie. Leur Algérie. Ils l’avaient imaginée libre, plurielle et moderne. Un demi-siècle après, et depuis le lancement du premier youyou d’une femme aux pieds nus noyés dans la boue, la tête et le cœur dans la liesse, je me demande : vivons-nous dans le rêve qui hantait cette femme, vivons-nous le symbolique de ce youyou d’indépendance ? Certes, cette femme campagnarde analphabète vénérait, comme toutes nos grands-mères et nos mères, la lumière de la lettre “el harf”. Aujourd’hui nous avons huit millions d’écoliers, peut-être un peu plus, mais la quantité ne fait pas le rêve de cette femme-là. L’école est sinistrée et la femme au youyou est abattue. Certes, parce qu’elle apprenait des centaines de contes et des histoires fabuleuses, cette femme au youyou aimait le voyage, imaginait ses enfants et ses petits-enfants partir un jour visiter le monde, celui installé sur l’autre rive. Mais cette femme au youyou n’a jamais imaginé qu’un jour d’indépendance, ses enfants seront offerts aux requins et au sel de la mer. Et la femme au youyou est triste. Certes, nous avons refait une Algérie, mais ce n’est jamais celle rêvée par Kateb Yacine, Mohammed Dib, Bachir Hadj-Ali, Moufdi Zakariya, Jean Sénac ou Malek Haddad… La souffrance cisèle les hommes. Les vrais ! Et les Algériens sont pétris dans la peine et la tourmente. La souffrance parfait aussi “les belles lettres”. Elle taille les belles plumes d’un roseau magique. L’histoire ! Ainsi jaillissent les beaux livres ceux qui ressemblent aux grands martyrs : Nedjma de Kateb Yacine, Qui se souvient de la mer de Mohammed Dib, Les enfants du nouveau monde de Assia Djebar, Le témoin de Djamel Amrani, L’As de Tahar Ouatar, L’élève et la leçon de Malek Haddad, Le démantèlement de Rachid Boudjedra.. Le mythe de la révolution algérienne n’a pas forgé uniquement des littérateurs algériens, mais il a enfanté aussi des écrivains maghrébins, arabes et européens : Driss Chraïbi, Edouard Amran Al-Maleh, Souleimane Al-Aïssa, Malak Abiadh Al-Aïssa, Al-Jawahiri, Nizar Kabbani, Badr Chakeer Assiyab, Abdel Wahab Al-Biyyati, Abderrahmane Al-Khamissi, Adonis, Mahmoud Darwich, Samih Al-Kacem, Kacem Haddad, Abdel Mouati Hidjazi… Il n’y a pas un seul poète arabe, un vrai poète, qui n’a pas chanté et mémorisé la révolution algérienne. L’Algérie contemporaine, depuis Isabelle Eberhart et Jules Roy en passant par Albert Camus, Jean Daniel, Jean-Paul Sartre, Simone de Beauvoir, Frantz Fanon, Edouard Glissant, Nancy Huston…. et jusqu’à Alexis Jenni auteur de L’art français de la guerre, Prix Goncourt 2011, fascine, questionne et intrigue le texte. Elle séduit le roman. Des figures révolutionnaires, des martyrs ou des moujahidine, à l’image de Larbi Ben M’hidi, Ahmed Zabana, Ben Bella ou Djamila Bouhired… sont métamorphosées en icônes dans la littérature maghrébine, arabe et universelle. Même si elle a raté une partie de son image incarnée dans le youyou de cette femme campagnarde, l’Algérie, continue à séduire les écrivains, les poètes et les historiens dans ses moments durs comme dans ses moments de liesse. Afin qu’il ne se transforme pas en automne, il est recommandé aux émeutiers de ce Printemps arabe, de relire l’histoire de cette Algérie, de méditer sur son parcours dans la guerre comme dans l’après-guerre.
A. Z.
aminzaoui@yahoo.fr
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