Il est là depuis des siècles et aucun humain n’est arrivé à le définir, ni à le connaître, ni à le fuir. En effet, le temps passe et laisse des séquelles que nul breuvage magique ne peut effacer, telles les rides que ce spectre de lumière dépose sur les visages, pour marquer l’empreinte de son passage. Il nous laisse hébétés, sans pouvoir rouspéter, ni encore vouloir accepter. Il nous prive de la beauté, ainsi que de la joie et de la gaité. Le temps passe et avec lui notre âme s’angoisse et notre cœur autre fois si chaleureux se froisse, avec les ennuis qui s’entassent. Nulle échappatoire de ce maudit temps, qui nous désarme et verse le fiel dans nos âmes. Le temps nous rappelle le passé et tout ce qui s’est passé. Il nous prive du rêve, de nous souhaits et désirs quand nous étions des élèves. Il est là, tout prés. Tel un mauvis génie ou un méchant diable. Il nous chasse en nous montrant de faux clichés, il nous rappelle nos pêchés. Le temp
s est tel un ogre toujours fort et puissant, toujours prêt à nous rendre impuissants. Il est présent, pour faire de nos vies des prisons et nous priver de songer aux heureux horizons. Il n’accepte pas les oraisons, car pour lui, nul n’avait raison et d’après lui chaque humain ne connaitra l’amour qu’une seule saison.
Hélas, le temps passe et nous laisse ses traces. Il nous laisse toujours derrière lui avec nos misères et nos ennuis. Il ne revient que la nuit, tel un perfide traitre, un félon qui chasse le soleil et nous plonge dans des jours de pluie. Comme d’habitude, il nous rappelle notre chagrin et notre solitude. Il nous parle de ce qu’on a raté, de l’époque, où nous étions jeunes heureux et gâtés. Il nous parle de nos amours perdus et de ce qui est pour nous maintenant interdit. Il nous montre nos moments de jeunesse, là où, la joie et la chance nous comblaient jusqu’à l’ivresse. Il nous évoque nos folies, l’époque où tout paraissait à nos yeux bon et joli.
Dommage, le temps passe et les cicatrices restent sur places. Le temps passe et avec lui on tombe dans la paresse. Rien, nous intéresse, tout nous semble acre, mauvais et plein de tristesse. Les jours ne sont qu’un assemblage d’un froid d’une plage et les nuits ne sont que des soupirs d’un puits.
Le temps passe et avec lui tout se perd et tout se casse. Une partie de nos amis n’est plus de ce monde et l’autre moitié dans le néant vagabonde. Hier, on n’avait rien et on était heureux et maintenant nous avons presque tout, mais nous sommes presque tous malheureux. Le bonheur ne connait plus le chemin de nos cœurs et nos vies ne sont qu’un tas de rancœurs. Nos cités ne brillent plus et nous ne voulons ni inviter ni êtres des invités. La méfiance est devenue notre devise et nous apprécions surtout les paroles qui divisent.
Le temps passe et avec lui nous plongeons dans l’impasse. Celle de la haine gratuite qui mène vers la fuite de nos devoirs et responsabilités. Nous voulons vraiment quitter la cité. Vivre dans le noir, loin de la civilisation et son électricité. Juste pour éviter le miroir qui nous montre des atrocités.
Le temps passe tout en emportant un peu de notre vie. Sans nous faire de dessin, ni nous parler d’homme saint. Il nous demande juste de méditer. De penser à ce qu’on doit laisser. Il nous demande d’être nous-mêmes. De ne plus baisser la tête. Il nous demande de ne plus regretter ce que nous avons raté. Il souhaite que l’homme sache que la vie n’est qu’un combat et que la victoire n’est que pour celui qui toujours se bat. Que le bonheur n’est qu’une illusion et que la beauté n’est qu’une fusion des objets avec la vision. Que la vie n’est que quelques grains de mais qu’on grignote avec du sel, du sucre ou avec du miel sous la volonté permanente du ciel.
Sachez que l’impossible n’existe que dans les cervelles des faibles et que certains humains sont plus mauvais que tous les diables. Sachez que le bien et le mal ont toujours existé, que la pauvreté n’a jamais été un handicap, mais un stimulus qui pousse vers la réalisation des désirs. Sachez aussi que le temps n’est rien autre qu’une sensation qui traverse l’univers et c’est à nos de le recevoir en état de tristesse ou de bonheur. Alors, oublions un peu nos misères et mettons un peu de beauté dans nos yeux pour mieux voir cette Algérie qui déteste nous voir pessimistes. Cette Algérie qui résiste toujours et qui nous interpelle à déjouer les coups de tous les prétendants étrangers qui n’attendent que de faux prétextes pour venir nous coloniser. Si la France avait pu trouver la cause du coup de l’éventail du Dey pour venir nous coloniser en 1830, nos ennemis d’aujourd’hui viendraient pour nous protéger contre les extraterrestres.
3 avril 2012
Boutaraa Farid