
C’est un verdict prononcé par Sid Ahmed Ghozali, cet ancien du régime qui est assis hors du régime et qui, du coup, a la meilleure analyse du régime pour l’avoir fréquenté de l’intérieur de l’estomac. «C’est un peuple qui se nourrit de ce qu’il ne produit pas», a-t-il dit dans un entretien à un confrère. Magnifique évidence que personne ne voit par volonté d’aveuglement. On mange ce qu’on ne produit pas: le pétrole. On mange ce qu’on a trouvé par hasard et qu’on n’a même pas trouvé par hasard: le pétrole découvert par les Français. Du coup, tout s’enchaîne et s’explique: la légitimité. On croit que le manque de sensation de légitimité vient du hold-up de la guerre de Libération, et ce n’est pas entièrement vrai. Cela vient de ce fait qu’on mange ce qu’on ne produit pas. Du coup, tout devient du vol et du butin. Du coup, l’effort et le travail sont une arnaque. L’école est une salle d’attente avant le stade de la cueillette. Le nationalisme, un costume. La patrie, une illusion ou un emballage. C’est la préhistoire: quand un homme veut être chef du clan et qu’il ne sait pas chasser, il est contesté. Du coup, il frappe et devient violent. Il crée une police et des Moukhabarates pour se défendre contre ceux qui ne sont pas plus légitimes que lui. Le peuple sait que ce n’est pas un chasseur parce que la nourriture est tombée du ciel (pétrole) et que donc, puisque la propriété n’est pas définie par l’effort et la légitimité, elle est redéfinie par la course, la bousculade et la ruse.Le physique d’un peuple qui ne mange de ce qu’il produit en change avec l’indépendance et le temps: la tête devient grosse avec de grands yeux méfiants qui peuvent suivre le mouvement des bancs de poissons. Les mains s’élargissent par la paume. Les bras deviennent maigres et courts. Les cuisses se rallongent, le ventre déborde le continent et le bord de mer. Le dos devient un cercle vicieux et le cou a la capacité de faire un tour complet. C’est le corps d’un homme grand qui s’allonge à cause de l’économie de la cueillette, en somme. Tout vient donc de là, pas seulement l’illégitimité de l’histoire liée à l’histoire nationale, mais aussi l’illégitimité de la nourriture ramenée le soir par le chef de famille. Ses enfants savent qu’il a volé ou a apporté ce qu’il n’a pas travaillé et gagné par la sueur. Du coup, ils le méprisent mais font et feront comme lui. Le père perd de son autorité mais gagne de son autoritarisme. Eux perdent de leur naïveté et gagnent en incisives. Du coup, les élections qui sont un moyen de partager la nourriture préhistorique n’ont pas de sens. Ni la caverne ni le totem des martyrs. Il y a fraude dès le début. Quand on ne mange pas ce qu’on produit, on finit par se manger. C’est un proverbe cannibale connu.
3 avril 2012 à 8:42
Sid Ahmed Ghozali (arabe: سيد أحمد غزالي) (né le 31 mars 1937 à Tighennif (wilaya de Mascara) en Algérie) est un homme politique algérien. Ingénieur de l’école des ponts (ENPC) , Sid Ahmed Ghozali a vécu quatre ans à Antony en banlieue Parisienne où il se lia d’amitié avec Lionel Jospin1. Au sortir de l’indépendance, Sid Ahmed Ghozali est membre du FLN et allié de Houari Boumédiène. Ce dernier, après son arrivée en force au pouvoir, nomme Sid Ahmed Ghozali à la tête de Sonatrach de 1966 à 1977, date à laquelle il devient ministre de l’industrie et de l’énergie.
De 1988 à 1989 Sid Ahmed Ghozali est ministre des finances, puis ministre des affaires étrangères jusqu’en 1991. Le 5 juin 1991, il succède à Mouloud Hamrouche au poste de premier ministre.
En 1991, le gouvernement annule les élections, anticipant une victoire du Front islamique du salut (FIS). Le pays entre alors dans une guerre civile, qui oppose les groupes islamistes et le gouvernement par l’intermédiaire de l’armée nationale populaire. En janvier 1992, Chadli Bendjedid présente sa démission sous la pression de généraux de l’armée[réf. nécessaire], et c’est Mohamed Boudiaf qui devient le président du Haut Comité d’État. Ahmed Ghozali est alors écarté du pouvoir[réf. souhaitée]. Il présente sa candidature à l’élection présidentielle algérienne de 1999 puis de 2004, mais sans succès.
Références[modifier]
↑ Lionel Jospin, Lionel raconte Jospin, Éditions du Seuil, Paris, Janvier 2010, ISBN 978-2-02-101100-5
Précédé par Sid Ahmed Ghozali Suivi par
Mouloud Hamrouche
Premier ministre d’Algérie
1991–1992
Bélaïd Abdessalam
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