Culture : Le coup de bill’art du Soir
Les hommes étaient plus nombreux que les femmes à la rencontre-débat de Mme Aloisia Wörgetter, ambassadeur d’Autriche à Alger, samedi à l’Espace Mille et une news.
Le thème, «La participation politique des femmes en Europe : les modèles et les défis de pratique en Autriche», devait, en principe, intéresser davantage la gent féminine. Curieusement, le même constat a été fait lors d’une conférence de la militante féministe algérienne Wassila Tamzali au Centre culturel français d’Alger. Les hommes ont également monopolisé les questions lors du débat. La première femme à briser ce monopole masculin est venue de France. C’est l’écrivaine Faroudja Amazit qui travaille depuis très longtemps chez Dior. Amazit estime qu’il faut laisser le droit à la femme de choisir entre travailler ou rester à la maison. Elle préconise aussi d’octroyer une pension à la femme qui préfère rester chez elle, car, ajouta t-elle, «être femme au foyer est le plus difficile métier du monde». Madame l’ambassadeur (haro sur la grammaire sexiste, on devrait dire : Madame l’ambassadrice), répond que la femme qui n’exerce pas une activité professionnelle rémunérée ne cotise pas et va automatiquement recevoir une pension de retraite inférieure à celle de l’homme. De politique, le débat vire vers l’économie. Certains dans la salle veulent savoir pourquoi, pour le même poste, les mêmes diplômes et la même qualification, les femmes en Autriche (et dans d’autres pays d’Europe) touchent un salaire inférieur à celui des hommes. «Dans le secteur public, cette discrimination n’existe pas. Mais l’économie autrichienne est capitaliste et le secteur privé est très développé. L’Etat intervient en fixant un smic par exemple. Mais il ne peut pas imposer au privé de recruter des femmes ou de leur donner le même salaire que les hommes», explique Mme Aloisia Wörgetter. Cette inégalité dans les salaires est peut-être intrinsèque au système capitaliste. Le patron d’une firme est obligé de faire des bénéfices pour survivre face à la concurrence. Cette lutte pour la survie est presque une sélection naturelle dans laquelle les plus faibles disparaissent ou sont avalés par les plus grands. Le patron ne peut pas «faire du social» en recrutant des femmes qui, pense-t-il à tort ou à raison, sont moins performantes que les hommes. Ceci sans parler des possibles congés de maternité. Afin d’être recrutées, les femmes acceptent ainsi de toucher un salaire inférieur. Aloisia Wörgetter a plusieurs fois parlé de justice sociale. Concernant l’égalité des sexes, elle estime que le système des quotas est parfois un passage obligé qui a déjà montré son efficacité dans plusieurs pays européens. Mais ce n’est pas uniquement une question de lois. «L’égalité des droits et des devoirs est une affaire qui concerne la société toute entière et chacun de nous est concerné», fait-elle remarquer. En Autriche, la parité est presque atteinte dans tous les domaines. La preuve : son ambassadeur à Alger est une très dynamique femme qui s’exprime bien en allemand et aussi en français…
K. B.
bakoukader@yahoo.fr
Source de cet article :
http://www.lesoirdalgerie.com/articles/2012/04/03/article.php?sid=132409&cid=16
3 avril 2012
Kader Bakou