Culture
Mardi, 03 Avril 2012 10:00
Par : Abdennour Abdesselam
Curieusement au moment où l’Algérie s’apprête à célébrer le cinquantième anniversaire de son indépendance, une initiative nommée “peines et châtiments d’autrefois” est annoncée en France pour la vente aux enchères, en pièces détachées, de plus de 300 matériels ayant servi à torturer et/ou à donner la mort. Elle est prévue pour ce mois d’avril.
Cette initiative, aussi macabre que funeste, n’est pas passée inaperçue. Même si le commissaire-priseur déclare que cette vente “ne comprend aucun objet concernant la guerre d’Algérie”, la coïncidence de l’événement reste non fortuite. Elle est assez flagrante pour ne pas la lier justement avec la commémoration. Ce n’est donc pas une question de hasard. Tout est fin prêt pour la séance de vente et toutes les machines ont été désossées : de la gégène électrique à la guillotine, à la baignoire de la noyade, au chalumeau de plombier, au sabre, à la corde de pendaison et autres engins de la torture et de la mort. Cet acte des plus ahurissants, des plus abjects et qui laisse pantois plus d’un est en réalité l’expression de l’hypostasie du crime et de l’apologie de la criminalité. Tout entendement est alors dépassé n’en témoigne que cette offensive d’indignation engagée par plusieurs associations en France même. La coutume de cette “célébration mortuaire et ténébreuse” semble maintenant s’installer en France, car déjà en juin 2010 le musée d’Orsay à Paris avait exposé ce qui avait été convenu d’appeler la dernière Guillotine. Pour rappel, cet engin de la mort avait été inventé par le tristement célèbre docteur Joseph Ignace Guillotine, d’où le nom de la machine macabre. L’événement avait occupé toutes les unes des titres français qui n’ont pas manqué de dénoncer l’exploitation de l’horrible machine obscure. Si la fameuse mise en vente aux enchères des engins de la mort a lieu, cela veut dire aussi qu’il y a des acheteurs collectionneurs qui, avec le temps, élèveront les pièces achetées en objets de “valeur”. Ainsi donc, la complicité dans la glorification du matériel sinistre et lugubre aura été consommée et partagée. Sans doute que sous la rouille des vieilles pièces à vendre au plus offrant est fixée à jamais la trace et la marque du sang des suppliciés témoin des nombreux drames dont la loi française de l’époque s’est faite complice. à signaler que les instruments de la torture et de la mort prévus pour être commercialisés ont été collectionnés par l’exécuteur Fernand Meyssonnier aujourd’hui décédé.
C’est sa fille, selon l’AFP, qui est à l’origine de cette initiative qui aura lieu à la Maison Cornette de Saint Cyr. Évidemment, il n’y a aucune gloire à en tirer ni à faire valoir. Mais ces événements apportent par eux-mêmes la preuve du passé terrifiant et violent de la France.
A. A.
kocilnour@yahoo.fr
3 avril 2012
Abdennour Abdesselam