BILLET À quoi vous servez ?

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Publié le Lundi, 09 Avril 2012 13:38

Écrit par Didi Baracho

Par Didi Baracho

Vous l’aurez compris : naturellement, je n’étais pas au Mali. Évidemment, je n’ai pas libéré les otages détenus par les tribus salafistes du sud. De toute évidence, il m’arrive de raconter n’importe quoi. Je vous rassure : ce n’est pas à cause de mes produits éthyliques prohibés par la charia, mais tout simplement parce que je fréquente trop H’mida Layachi, Lounès Guemmache et Anis Rahmani, les trois journalistes que nous aurait envié jadis la presse marocaine sous Hassan II et Driss El Basri.
Entre deux bouteilles de vin Je me pose souvent la question. À quoi nous se servons ? Mais ô religion de mon Dieu (à traduire à l’arabe) : À quoi peut bien servir, de nos jours, un journaliste indigène ? À relayer, à analyser et à commenter le mensonge.
Nous servons aussi à accompagner, lors de voyages de presse, des menteurs et des ministres ou des walis illégitimes. Jadis au moins, nous pouvions glaner, auprès d’eux, quelques confidences autour d’une tripotée de bouteilles de Whisky que nous vidions discrètement. Aujourd’hui, ils nous invitent à la prière du vendredi ou ils nous proposent un appartement afin de nous transformer en attachés de propagande.
Finalement, nous ne servons plus à rien. Autant nous dissoudre pour revivre autrement après l’avènement de la démocratie. Oui ! En attendant Godot.
Mais nous ne sommes pas les seuls à ne plus servir à grand chose ? Voyez les partis politiques à quoi servent-ils ? Que gagne la société en ayant un FLN, un MSP ou un RND ? Franchement, un Belkhadem, un Soltani, un Ouyahia et même un Aït Ahmed, à quoi ça sert ? Ils servent à se servir, dirons les plus colériques.
Seriez-vous moins heureux si on vous appreniez que Bouteflika et tous ses amis d’Oujda ont disparu dans une canette de bière ? Tout au plus, la rue commenterait cette affaire pendant une journée le temps d’avoir un match intéressant à regarder à la télé.
Et dites-moi, l’Armée ça sert à quoi ? À nous protéger ? Contre qui ? Ils ne sont même pas capables de venir à bout de la tribu des salafistes. Ces militaires sont incapables d’aller libérer sept malheureux otages, des diplomates qui n’avaient pas suffisamment de piston pour se faire nommer dans un consulat à Paris ou à New York. Franchement, diplomate à Gao, à quoi ça sert ? Envoyez des diplomates à Gao, c’était déjà les condamner, sinon à l’enlèvement, au moins à la dépression. Et les forces spéciales, elles servent à quoi ? La seule fois où on les a utilisées, on a perdu le seul président crédible et valable, proche des Indigènes que nous sommes. Et pour les prises d’otages, en les utilisant, on risque de perdre les ravisseurs, les otages et les forces spéciales. Donc, elles ne servent à rien. Elles ne peuvent même plus parader lors des défilés, parce qu’il n’y a plus de défilés. La Corée Saoudite n’a plus rien à célébrer. On ne célèbre que l’Aïd El Adha pour égorger et voir du sang, c’est tout ! Oui ! Et pour manger aussi. Comme si on ne mangeait jamais et comme s’il n’y avait pas suffisamment de sang et d’égorgements dans ce pays.
Oui ! Je pense que l’ANP ne sert à rien. Au moins, jadis, elle participait à la construction du pays, érigeant un barrage vert pour éviter que Sidi Yaya ne soit trop ensablé. Aujourd’hui, c’est tout au plus si les officiers supérieurs régulent le cheptel ovin en transformant quelques agneaux en délicieux méchouis préparés à la mode de chez nous. À quoi sert Gaïd Salah ? Et le DRS ? À quoi ça sert le DRS ? Les généraux M. dit T. et T. dit B. à quoi servent-ils ? À nommer députés et ministres ? À maintenir Benbouzid à la tête du ministère de l’abêtissement national ? À réguler le cheptel politique et social en transformant les anti-béni-oui-oui  en méchouis préparés selon la mode de Ben Aknoun ? C’est déprimant tout ça. Ils ne servent plus à rien, jetons-les !
Au moins, je sais que mes bouteilles d’alcool, elles, servent, au moins, à quelque chose. Elles m’aident à oublier tous ceux qui, en Corée Saoudite, ne servent plus à rien. Mais ça, c’est une autre histoire. Alors, malgré tout, vive les Indigènes !

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