De : Salim METREF <s.metref@gmail.com>
Envoyé le : Lundi 9 avril 2012 14h48
CONCEPTIONS BELLICISTES DES RELATIONS INTERNATIONALES, PROXIMITES GEOGRAPHIQUES INSTABLES ET PORTEUSES DE CONFLITS LARVES, BRASIERS QUI NE DEMANDENT QU’A ETRE RAVIVES ET PLUS RECEMMENT ENCORE PROCESSUS RECURRENTS DE LECTURES HOSTILES ET REVISIONNISTES DE L’HISTOIRE DE LA COLONISATION DE L’ALGERIE, VOIRE DE DISCOURS AUX RELENTS NEOCOLONIALISTES CONSTITUENT QUELQUES-UNS DES ASPECTS DE CETTE MONTEE DES PERILS QUI VIENT ET DONT IL NOUS FAUDRA COMPRENDRE LA NATURE, APPRECIER LES CONTOURS, ESTIMER L’IMPORTANCE ET ANTICIPER LES IMPACTS AUSSI BIEN SUR NOTRE DEVENIR QUE SUR NOTRE STABILITE.
Et surtout provoquer, sur le plan interne, les ruptures nécessaires qui permettront à la cohésion nationale de se consolider et au consensus politique au spectre le plus large possible de se réaliser. Ces ruptures dont la mise en œuvre ne peut plus désormais attendre sont impératives et participent de la nécessité d’assurer les conditions de notre émergence politique et économique, seul statut susceptible de conférer aux relations que nous entretenons avec la communauté internationale les qualités d’exemplarité et de respect mutuel qu’elles doivent revêtir. Et nul ne nous fera, dans ce cadre, de cadeaux, pas même ceux qui viennent parfois faire l’éloge de nos mérites! Les guerres d’Afghanistan et d’Irak, les frappes militaires en Libye, les interventions potentielles à venir en Syrie et peut-être en Iran, constitueraient-elles le prolongement militaire du nouveau corpus politique et idéologique de la réémergence du monde occidental dans un
contexte de crise économique aiguë, d’exaspération des fractures sociales, de perte de repères et d’apparition de trublions de l’ordre économique mondial à l’image de la Chine, de l’Inde, du Brésil et d’autres pays encore ? Les modèles stratégiques théoriques conçus et développés par les anciens faucons de la Maison-Blanche ont-ils été validés par les sanglantes expériences irakienne et afgha-ne ? Les guerres d’Irak et d’Afghanistan ont-elles atteint les objectifs qui leur ont été fixés par les stratèges du démantèlement de pays souverains ? Ont-elles justifié les prétextes invoqués pour déclencher ces guerres ? Les alibis démocratique et humanitaire ont-ils résisté face au déferlement de la violence, de la division et des bavures militaires infligées aux populations civiles? Les gouvernements occidentaux ont-ils consulté leurs peuples avant d’envoyer troupes et moyens aéroportés dans des aventures dont personne, excepté
les familles de soldats endeuillées, ne pouvait objectivement prévoir ni l’évolution et encore moins l’issue ? Le recours à la médiation et aux négociations aurait-il été plutôt préférable à la conduite de ces actions d’agression de la souveraineté des peuples et à la sollicitation du quitus du Conseil de sécurité des Nations unies obtenu par ailleurs au forceps ? Les éléments de réponse apportés à ces nombreuses questions par l’évolution de la situation de nombreux pays et les problèmes que ces derniers rencontrent ne sont pas, semble-t-il, ceux escomptés. Le retrait des forces américaines d’Irak a également prouvé et démontré que les initiatives, présentées également à l’opinion internationale comme des opérations à caractère humanitaire, de démocratiser au forceps les sociétés arabes et musulmanes sont un leurre et qu’au-delà de l’option réelle de confiscation de la richesse pétrolière de l’Irak, ces sociétés
n’émergeront qu’à leurs rythmes, qui peuvent être assez rapides, sans ingérence étrangère et en tenant compte de paramètres socioculturels qui leur sont propres. L’exemple de la Libye est édifiant dans ce domaine. L’intervention militaire dans ce pays, conduite par les forces de l’OTAN, sous couvert de la résolution du Conseil de sécurité et un rôle moteur consenti par les Etats-Unis au président français et au Premier ministre britannique, n’a pas atteint les objectifs fixés. La chute du président Libyen, qui semblait être inéluctable, ne peut également servir d’alibi à une intervention qui a précipité la dislocation d’un pays dont l’unité a été maintenue grâce à un système d’organisation politique certes de type tribal mais qui a tout de même permis à des structures sociales très anciennes de durer. La transition en Libye aurait pu être conduite par les Libyens eux-mêmes sans cette ingérence militaire étrangère qui a
provoqué des risques potentiels de partition de ce pays qui rencontre actuellement de graves obstacles pour se reconstruire socialement, politiquement et militairement, sans parler de l’hypothèque engagée du maintien de son intégrité territoriale. La situation actuelle de la Libye prouve, encore une fois et si besoin est, que l’intervention militaire a été une faute stratégique dont on ne décrypte pas encore les véritables desseins, que les risques encourus par les populations civiles libyennes ont été volontairement amplifiés et que le risque de plonger l’ensemble de la région sahélo-saharienne dans une phase d’instabilité dangereuse a été déjà bel et bien induit. Le véritable objectif de l’intervention a-t-il été, peut-être, d’attiser le conflit interne libyen, de le déplacer, d’étendre sa ligne de front et de déstabiliser certains pays de la région, notamment l’Algérie ? L’alignement de l’Europe, tirée par l’Angleterre d
e Tony Blair, puis par d’autres, sur la doctrine de l’ingérence préventive, théorisée aux Etats-Unis, a–t-il redonné au vieux continent une nouvelle existence politique sur la scène internationale ou a-t-il plutôt hypothéqué une proximité géographique, une connaissance réciproque et des liens anciens tissés notamment avec le monde arabe, éléments dont ne peut se prévaloir le nouveau continent ? L’exception française qui consistait, depuis la décision prise en 1966 jusqu’à son abandon il y a quelques années de cela, en un retrait des structures de l’OTAN dont elle était membre fondateur, a été battue en brèche par le rôle grandissant des nouveaux stratèges néoconservateurs de l’Hexagone qui, avec leurs homologues britanniques, ont souvent répondu, ces dernières années, en écho aux appels de mentors américains dont nous n’entendons d’ailleurs plus parler mais qui continuent tout de même de faire des émules. Les travaux des th
éoriciens du clash des civilisations, de l’agression préventive et de la guerre par procuration ont influencé toute une génération de jeunes stratèges européens dans la conception qu’ils se forgent, et qu’ils diffusent autour d’eux, des crises politiques et sociales qui secouent le monde et particulièrement les pays arabes. L’ingérence habillée d’arguments humanitaires continue donc de séduire. Et en conduisant ces agressions caractérisées, l’Occident n’a pas pour autant trouvé la sortie de crise économique tant recherchée car les facteurs internes induisent aussi cette stratégie qui, faut-il le rappeler, se met en œuvre en exploitant de réelles carences démocratiques des régimes en place, se justifie en invoquant des prétextes d’urgence humanitaire, sociale et sécuritaire et s’articule en induisant ses prolongements diplomatique puis militaire. L’instrumentalisation du Conseil de sécurité des Nations unies devient récurrente e
t, sans le veto de la Chine et de la Russie qui tempèrent quelques peu les ardeurs bellicistes, pourrait devenir systématique. Dans l’effervescence actuelle qui secoue le monde arabe, aucun élément ne plaide certes pour les régimes qui font face actuellement à de graves turbulences internes et aucune conscience ne peut taire les sévices qu’ils infligent à leurs peuples mais ce réveil tardif et ambigu des consciences occidentales ne peut justifier que l’irréparable et le démantèlement de pays tout de même souverains soient commis. Et cette stratégie de l’ingérence est non seulement portée pas des objectifs d’accaparement de richesses naturelles et de désarticulation de régions entières mais est également encouragée par les difficultés notamment économiques que vit le monde occidental et dont personne ne peut prédire ni la durée ni l’amplitude. Les crises économique et financière constitueraient-elles donc le véritable catalyseur de ces
nouvelles politiques d’ingérence ? Probablement et ce, d’autant plus que malgré l’apparition de quelques signes perceptibles d’apaisement, qui ne provoquent pas l’unanimité des économistes et autres analystes financiers qui préfèrent rester prudents, les turbulences peuvent à tout moment resurgir. Cette crise impose des mesures impopulaires telles que des restrictions budgétaires draconiennes et des politiques de dépenses publiques rigoureuses et contrarie fortement la croissance. Mais au lieu de privilégier une véritable pédagogie qui permet de comprendre les mécanismes qui provoquent les crises, les régissent et leur permettent de perdurer, l’Occident, qui semble amorcer une phase réelle de déclin économique, serait tenté, s’il ne le fait déjà, face aux angoisses des populations, d’exalter et de susciter les peurs, de réveiller les vieux fantasmes et de s’approprier les théories les plus dangereuses. Les échos qui nous parviennent d
e campagnes électorales en cours nous restituent, toujours dans le prolongement de ces crises, des discours souvent imprégnés d’exaspération, de clivages, de recherche de boucs émissaires et revêtent une certaine distance avec les exigences éthiques et morales qu’impose l’exercice de la responsabilité, notamment politique. Ces surenchères sémantiques peuvent catalyser des réactions imprévisibles et provoquer des effets pervers, surtout que ces crises atteignent leur paroxysme, que les inégalités sociales deviennent importantes, que le rêve n’est plus permis et que l’ascenseur social ne fonctionne plus. La genèse de la montée des grands périls a souvent obéi à cette alchimie car le terreau dans lequel s’amplifie la résonance de ces discours existe et est réel. Ces surenchères sémantiques peuvent catalyser des réactions imprévisibles et provoquer des effets pervers, surtout que ces crises atteignent leur paroxysme, que les inégalités soc
iales deviennent importantes, que le rêve n’est plus permis et que l’ascenseur social ne fonctionne plus. La genèse de la montée des grands périls a souvent obéi à cette alchimie car le terreau dans lequel s’amplifie la résonance de ces discours existe et est réel. Les symptômes caractéristiques de ces crises sont notamment des segments de populations qui subissent une baisse drastique de leur pouvoir d’achat, un chômage endémique, une cohésion sociale mise à mal par les peurs et les angoisses parfois légitimes mais souvent provoquées et entretenues et un repli communautaire de populations immigrées devenues la cible des discours extrémistes, l’otage des luttes politiques et l’exutoire de toutes les frustrations. Ces éléments de crise convergent et se cristallisent autour d’événements politiques tels que les rendez-vous électoraux. Et c’est ainsi que semblent se décliner, sauf alternatives politiques salutaires dans de nombreux pays, l
es nouveaux projets de l’heure. La tentation de l’ingérence n’est pas loin, notamment lorsque les ressorts de politique interne ne portent plus les ambitions. Ainsi initier des stratégies sournoises qui consistent, à partir d’attentes et d’aspirations réelles de peuples opprimés, à proposer aide et assistance pour au mieux les déposséder de leur souveraineté et de leurs richesses et au pire les désarticuler est un phénomène récurrent. Après avoir été bipolarisé entre Est et Ouest par la guerre froide et entre Nord et Sud par les guerres de libération nationale et la lutte pour un nouvel ordre économique mondial, le monde est-il en train de subir une nouvelle configuration ? Probablement oui et ce, bien que personne ne puisse prévoir, même pas ceux qui insidieusement la provoquent, les contours qui seront les siens ni la réaction que pourrait être celle de pays émergents qui bousculent actuellement les données géostratégiques qui ont toujo
urs défini les rapports de forces dans le monde. Les premiers éléments de réponse sont déjà apportés par les nombreux brasiers qui sont ravivés et les conflits larvés qui peuvent induire une détérioration globale. Mais pour ne pas envenimer un contexte international déjà lourd de conflits, il serait peut-être opportun, pour de nombreux pays occidentaux, de revenir à la prudence car même les sacro-saintes puissances militaires décrétées ainsi depuis toujours pourraient être surprises par l’explosion de colères contenues depuis des siècles, notamment dans des pays qui ont pu développer au cours de ces dernières années de réelles capacités de défense mais aussi de riposte. La retenue dans l’appréciation des clivages et des troubles qui caractérisent le monde serait donc peut-être incontournable pour ne pas hypothéquer l’avenir et la paix. Et nul ne peut prédire le désastre que provoquerait un conflit majeur mondial qui n’épargnerait au
cun continent ni aucun pays. Le substitut à la crise économique qui secoue la planète, dans l’attente du reflux des turbulences financières et du retour de la croissance, reste l’amitié entre les peuples qu’il s’agit d’encourager, la fin des stratégies de prédation des richesses d’autrui et le respect mutuel qui doivent constituer le socle d’un nouvel ordre mondial qui reste à construire et que toutes les bonnes volontés appellent de leurs vœux. Mais ce défi semble pour l’heure difficile à relever tant il est impératif que le monde occidental en général et l’Europe en particulier retrouve une politique étrangère autonome. L’actualité dont nous sommes témoins nous restitue donc des problématiques et des motifs d’inquiétude qui interpellent notre réactivité, nous imposent la plus grande des vigilances et sollicitent notre intelligence afin que nous apportions les réponses adéquates pour préserver l’espace vital qui est le nôtr
e, et qui nous est cher, et le prémunir, du fait de facteurs endogènes, de graves turbulences qui mêmes articulées par des facteurs extérieurs pourraient néanmoins être portées par des situations de fragilité interne. Il ne s’agit pas de s’endormir sur de fausses certitudes mais de réfléchir et d’anticiper les effets de potentielles crises qui pourraient survenir et qui sont déjà latentes dans de larges segments de notre société. L’un des chantiers qu’il faudra ouvrir et qui ne l’a jamais été vraiment, est de reconstruire ce que certains désignent souvent sous le vocable de bonne gouvernance, c’est-à-dire la relation que nous entretenons avec l’exercice de la responsabilité politique ou autre, que nous préférons ici à l’expression de l’exercice du pouvoir, cette dernière étant parfois plutôt réservée à la forme pervertie et dévoyée de la première. Il serait peut-être nécessaire de refonder ce rapport en le dépouillant de
s éléments symboliques qui souvent renvoient dans l’inconscient collectif à des souvenirs douloureux hérités de notre passé, et lui conférer un nouveau corpus dont la sève serait l’accès aux responsabilités politiques par, et seulement par, le quitus du suffrage universel, la confiance, l’intégrité et l’éthique. Ces quatre piliers pourraient porter la refondation de l’exercice de la responsabilité politique, lui redonner toute sa noblesse et contenir ce glissement insidieux de pans entiers de la population algérienne vers non seulement l’informel économique mais aussi civique et politique. Ainsi, les circonstances de la vie, les conjonctures politiques où les épreuves électorales peuvent tout changer, devenir défavorables et induire les changements, qui sous d’autres cieux sont considérés comme normaux, qui aboutissent à l’alternance politique mais aussi générationnelle. Les liens qui permettent à la cohésion sociale de se maintenir
et de se consolider, comme ce principe de solidarité entre les générations, ne doivent jamais être interrompus car ils drainent dans leur sillage ce sentiment extraordinaire de dette que chaque génération entretient à l’égard de celle qui la précède. Le renouvellement de la classe politique est un indice de bonne gou- vernance et permet au corps social de respirer. Il faut donner, dans le cadre des consultations électorales à venir, non seulement la primauté à l’intégrité, à la compétence, à l’éthique mais aussi aux nouvelles générations. Nous découvrons chaque jour que dans de nombreux pays, de nouvelles personnalités politiques, souvent jeunes et diplômées des meilleures écoles, émergent, exercent des responsabilités pendant des périodes courtes et sont remplacées dès que les circonstances l’exigent. Ces comportements qui restent à acquérir participent d’une véritable refondation de nos mœurs politiques et constitueront un sig
nal noble et symbolique en direction des nouvelles générations dont il faudra également prendre en charge, et en priorité, les légitimes aspirations. Car il s’agit là du maillon le plus fragile de notre société auquel il faudra redonner espoir et espérance et combattre ce sentiment de frustration ressentie notamment lorsque, avec les meilleures qualifications, il se retrouve privé d’emplois parce que les opportunités s’amenuisent du fait que nous n’en créons plus assez où parce que, aussi, la solidarité entre les générations ne fonctionne parfois plus. Notre jeunesse est notre meilleur atout pour notre avenir. Elle doit devenir visible et les élections législatives prochaines devront irriguer de sang jeune une institution qui sera appelée à élaborer nos lois. L’expérience ne s’hérite pas, elle s’acquiert, et il ne faut surtout pas susciter auprès d’une jeunesse, armée pourtant des meilleurs sentiments, de la rancœur et, pire, de la haine de soi. La quête du bonheur et l’accès à la prospérité doivent se faire ici et il faudra vite démystifier, chez ceux qui constitueront l’Algérie de demain, l’illusion du départ et de la fuite. N’oublions pas enfin que les macabres scénarios qui nous sont déjà préparés par les théoriciens de l’ingérence, qui ne rêvent que d’étendre à l’Algérie la ligne de feu qui embrase déjà de nombreux pays, ne pourront être déployés que s’il y a des points de prise et d’amorce. Les légitimes préoccupations de notre jeunesse doivent être vite prises en charge tout comme doivent l’être la refondation de nos institutions politiques, le respect absolu des libertés fondamentales, l’éclairage historique de certaines périodes et événements sombres de notre passé afin de soulager les consciences et de rétablir les vérités sans lesquelles nous ne pourrions pas avancer, la fin des abus et des comportements outranciers et aussi la protec
tion notamment des plus fragiles d’entre nous. (Suite et Fin)
SALIM METREF
‘Face à la montées des périls’ a été publié en deux parties dans les colonnes du quotidien La Nouvelle République.
Les sources de l’article :
http://www.lnr-dz.com/index.php?page=details&id=12132
http://www.lnr-dz.com/index.php?page=details&id=12215






10 avril 2012
Salim Metref