- Publié le Mardi, 10 Avril 2012 09:24
- Écrit par Didi Baracho

Par Didi Baracho
Le pouvoir colonial a réponse à tout pour nous empêcher de vivre normalement. Tu lui dis, je veux une bouteille de vin, il te répond, c’est haram. Tu lui dis, je veux aller à la Mecque, il te répond, tu n’es pas connu au sein du système et tu n’as pas assez de piston.
Ce pouvoir n’est bon qu’en calcul. Il maîtrise les divisions, même si, hormis sa médiocrité, il ne sait pas vraiment multiplier. Quand c’est à son profit, il additionne et lorsque c’est du notre qu’il s’agit, il soustrait. Chez lui, tout est à géométrie variable.
Voilà ce que je tente d’expliquer habituellement, dans mon bar clandestin de Sidi Yaya, à mes confrères H’mida Layachi, Lounès Guemache et Anis Rahmani, les trois journalistes que nous envient les rédacteurs en chef de la revue interne du Pentagone.
Oui ! Nos rapaces ont réponse à tout pour nous empêcher de vivre normalement. Et cela dure depuis 50 ans. On leur a dit, nous sommes un peuple uni qui s’est battu pour son indépendance, ils ont répondu, Non ! Il y a les anciens moudjahidines et les autres ; il y a le FLN et le MNA, il y a l’armée de l’intérieur et celle des frontières.
On leur a expliqué que nous voulions un pays moderne, ils ont estimé que la modernité doit exister à Hydra et au club des pins, mais pas à Bachdjarah et à Bordj Badji Mokhtar.
On leur a rappelé que nos racines étaient berbères, que notre identité était multiple, ils ont décidé que nous étions de fait des Arabes !
On a insisté en leur expliquant que chez nous, la société a toujours été plurielle, il y avait des juifs, des chrétiens, une majorité de musulmans, mais aussi des athées et des agnostiques, ils ont répondu : Non ! Nous sommes tous des islamistes et pour vous le prouvez, on va construire une mosquée à un milliard d’euros.
On leur a dit, mais ce n’est pas ce que nous voulons ; ils ont répondu, on s’en fout de ce que vous voulez, c’est ce qu’a décidé le calife de Corée Saoudite et son armée et c’est ce que veulent les généraux M. dit T. et T. dit B.
On leur a dit, bon très bien ! Donnez-nous la démocratie ; ils ont répondu quelle démocratie ? Vous savez ce qu’est la démocratie ? Vous n’êtes pas fait pour la démocratie.
On leur a dit oui, nous sommes des démocrates depuis des siècles, il n’y a qu’à voir la logique de prise de décision dans les villages kabyles ; ils ont répondu, il n’y a pas de villages kabyles, il y a le FFS, le RCD et le MAK.
On leur a dit, voyez ailleurs, dans les Aurès, dans des villages berbères, dans les oasis du sud comment ça fonctionne depuis plusieurs siècles ; ils ont répondu, il n’y a pas de berbères, il y a les Chaouis, les Kabyles, les M’zabs, les Touareg et les Chenouis.
On leur a dit, si c’est comme ça, nous n’irons plus voter ; ils ont répondu, si c’est comme ça, nous frauderons comme d’habitude.
On leur a dit, si vous fraudez, on dira aux instances internationales qu’on n’a pas d’État, ils ont répondu, ça fait longtemps qu’on a dit aux instances internationales qu’on n’a pas de peuple. C’est vrai, j’avais oublié, nous ne sommes que des Indigènes. Alors donnez-moi ma bouteille et je vous laisse vos mosquées, mais foutez-moi la paix. Ils ont répondu, la paix tu l’auras, quand il y aura un État et un peuple.
Un État et un peuple ? Donc ça ne sera pas pour demain. Mais ça, c’est une autre histoire. Alors, malgré tout, vive les Indigènes !
10 janvier 2015 à 12:19
extraordinaire post, merci beaucoup.
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