Culture : Le coup de bill’art du Soir
Invité à l’émission TV «Moudhekkiret» (mémoires), le moudjahid Abderrezek Bouhara, ancien ministre et diplomate, a rendu hommage à l’abbé Bérenger qui, a-t-il rappelé, faisait partie de la délégation algérienne à New York lors de l’admission de l’Algérie à l’ONU.
Il a aussi déploré le fait que nous ayons quelque peu occulté la contribution des Européens et des étrangers à la révolution algérienne. Alfred Bérenger est né en 1915 à Lourmel (aujourd’hui El-Amria) en Oranie, dans une famille de pieds-noirs d’origine espagnole. Il a été prêtre catholique à Frenda, Montagnac et Oran. Après une licence de lettres classiques (1939), il sera professeur au Séminaire d’Oran de 1940 à 1942. Partisan de l’indépendance de l’Algérie, il fournit une aide humanitaire au maquis nationaliste. En 1959, il ira représenter officiellement le Croissant-Rouge algérien et le FLN en Amérique latine. Il se déplacera sur l’ensemble du continent latino-américain afin de sensibiliser l’opinion publique sur le sort des réfugiés algériens et le sens de la lutte menée contre le colonialisme français en Algérie. Il s’attachera aussi à créer, dans les différentes capitales visitées, des comités de soutien aux réfugiés algériens et réussira à briser le mur du silence imposé sur le problème algérien et à gagner le soutien de la presse et des mouvements progressistes latino-américains. Ce «missionnaire très spécial» résidera à La Havane à l’invitation de Fidel Castro. Revenu en Algérie avec l’indépendance en 1962, l’abbé Bérenger est élu à l’Assemblée nationale constituante. «Le curé du bled» a milité pour une patrie libre, englobant sur un pied d’égalité l’intégralité de son peuple, sans distinction de race ou de religion. Au nom de cet idéal, il n’a eu de cesse de dénoncer l’institutionnalisation d’un double collège électoral, le premier pour la minorité «européenne» et le second pour la majorité «musulmane ». Il aura à s’élever contre la même injustice lorsqu’à la première Assemblée constituante de l’Algérie indépendante, il dénonça un code de la nationalité qui fait de l’Algérien non musulman un citoyen révocable. D’ailleurs, il a raconté cet épisode dans En toute liberté, entretien avec Geneviève Dermendjian (Ed. DDB). Installé à Tlemcen, il enseignait au lycée Benzerdjeb. Après sa retraite en 1990, Alfred Bérenger vivait au sein de la petite association chrétienne locale, Dar el- Salam (la Maison de la paix), vouée à la prière, au recueillement et au témoignage. Il a publié une chronique mêlant l’histoire de sa vie aux événements historiques auxquels il participa, de la Seconde Guerre mondiale à la guerre d’indépendance algérienne. L’abbé Berenger est décédé le jeudi 14 novembre 1996, à Aix-en-Provence, en France. Ainsi, cet homme de foi, de conviction et de principes est mort loin de cette terre d’Algérie qu’il a tant aimée et pour laquelle il a tant donné. Son combat est une autre preuve de la dimension universelle de la Révolution universelle.
K. B.
bakoukader@yahoo.fr
Source de cet article :
http://www.lesoirdalgerie.com/articles/2012/04/10/article.php?sid=132700&cid=16
10 avril 2012
Kader Bakou