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- Publié le Lundi, 16 Avril 2012 11:20
- Écrit par Didi Baracho

Par Didi Baracho
Je lisais récemment sur un journal une déclaration du calife de Corée Saoudite, Abdelaziz Bouteflika, qui, comme d’habitude a fait preuve de beaucoup de bon sens. Il a affirmé, en effet, qu’on ne pouvait pas importer la démocratie.
En sifflant des bouteilles remplies de mon divin breuvage, je ne pouvais m’empêcher de méditer la parole prophétique de notre vénéré leader. Il a raison, personne, y compris les plus gros trabendistes, même les amis de Saïd Bouteflika, ni même une association d’affairistes véreux ne pourrait importer la démocratie.
Mais il n’y a pas que la démocratie. D’autres valeurs sont également interdites d’importation en Corée Saoudite : L’honnêteté, la compétence, la bonne gouvernance, le respect des droits de l’homme, la liberté de conscience, le droit de manifester et j’en passe et des meilleures.
Ce sont là des valeurs qui, selon les généraux M. dit T. et T. dit B, seraient incompatibles avec le code génétique des Indigènes. Ce serait même dangereux pour notre équilibre physiologique et psychologique.
Vous vous imaginez, si un jour un fou déciderait d’importer la démocratie. Que deviendraient mes amis H’mida Layachi, Lounès Guemache, Ali Fodhil et Anis Rahmani, les quatre journalistes que nous envie la presse démocratique du Sahel ? Que ferait Abdelaziz Belkhadem ? Quel serait le sort réservé à Ahmed Ouyahia ? Qu’adviendrait-il d’Aboubakr Benbouzid ? Et de Gaïd-Salah ? Et de Daho « la magouille » ? Quel avenir pour le RND, le FLN, le MSP et les autres ?
Non ! Pas de démocratie, cela risquerait de déstabiliser toute la société. On risquerait de se retrouver devant des images chocs. On pourrait connaître enfin l’identité des généraux M. dit T. et T. dit B. De simples parlementaires pourraient se montrer impertinents et réclamer des comptes au DRS sur son fonctionnement, ses attributions, enfin, ses magouilles et ses manipulations.
Non ! Pas de démocratie, cela pourrait inciter les Indigènes à exiger une commission d’enquête indépendante sur l’assassinat de Boudiaf, sur les massacres en Kabylie pendant le « printemps noir », sur « l’affaire Sonatrach » et sur « l’affaire Khalifa ».
Non ! Pas de démocratie, cela pourrait rendre certains incontrôlables, les inciter à penser qu’il est permis de croire ou de ne pas croire, d’être libre d’aller au bar ou à la mosquée, des femmes djelbabisées pourraient même penser qu’elles auraient le droit d’enlever leur voile ou de le garder.
Non ! Pas de démocratie, l’ENTV pourrait se transformer en chaîne de télévision et son Journal télévisée en outil d’information. Les croque-morts qui la font aujourd’hui pourraient être remplacés par de vrais professionnels des médias et Toufik Khelladi, le journaliste le plus côté de l’Ouest du pays, ne trouverait plus personne à qui faire courbette.
Non ! Pas de démocratie. La Corée Saoudite pourrait se transformer en cette Algérie rêvée par les pères du 1er novembre 1954. Sacrilège ! On pourrait réhabiliter Abane Ramdane, Krim Belkacem et tant d’autres. Ce serait une catastrophe ! Le pire c’est que nous ne serions plus des Indigènes ! Mais ça, c’est une autre histoire. Alors, malgré tout, vive les Indigènes !
16 avril 2012
Didi Baracho