Où qu’ils soient, les dévêtus n’aiment pas la lumière. Où qu’ils furent, ils ont toujours éprouvé une gêne particulière devant les voyants. Est-ce pour cela qu’ils élisent souvent domicile chez les indigènes et qu’ils ont pour hobby de retirer les yeux aux autres? Où qu’ils seront, ils continueront, certainement, à trembler à la seule vue de la main qui se tend vers l’interrupteur. C’est d’ailleurs pour cela qu’ils portent des verres fumés, qu’ils roulent dans des carrosses aux vitres fumées , et qu’ils ne sortent qu’après el icha.
Voilà donc pour ce qui est de l’opacité et de l’obscurité, seuls espaces où les sangsues poussent, prolifèrent et s’épanouissent. Des menaces, des représailles et des expéditions punitives, voilà pour ce qui est de la méthode des chauves-souris bipèdes qui ont horreur des commutateurs, des ampoules et de tout ce qui peut éclairer fût-ce le verbe, fût-ce même le rêve car, il faudrait le dire yal khaoua, même nos rêves les perturbent et les empêchent de dormir. Ces espèces qui confisquent et puis détournent, à leur profit s’entend, toutes les lois, à commencer par celle de la sélection naturelle, nous interdisent de parler de couleurs, de soleil, de réforme, de remède, bref, elles nous reprochent d’utiliser des termes qui pourraient, sait-on jamais, sentir chaud ou éclairer quelque chose, voire de donner des idées à qui voudrait rêver !
26 avril 2012
El Guellil