Mi-ange, mi-démon
Par : Adila KATIA
AVERTISSEMENT : L’histoire qui suit n’est pas une fiction. Elle est inspirée de faits réels qui se sont déroulés au début des années 1990. Les prénoms et les professions des personnes directement touchées ont été modifiés, pour ne pas rouvrir de vieilles blessures et leur rappeler de mauvais souvenirs.
Depuis quelques mois, Nadia est souvent contrainte à tout faire, seule. Sa fille Aziza ne lui facilite pas les choses. Enfant unique, elle a été gâtée. Nadia s’en rend compte maintenant que son mari travaille loin d’elle. Cela fait une année que Omar a quitté l’enseignement pour travailler dans une agence de communication, avec un de ses amis installés à Constantine. Las d’enseigner l’anglais, il n’a pas hésité une seconde pour accepter. Il n’a pas pris le temps de réfléchir. Nadia sait après tout ce temps qu’il aurait quitté l’enseignement pour n’importe quel travail.
Ce qu’il fait dans l’agence le passionne. Agent de communication, il est souvent chargé de mission à travers le pays. Une fois par mois, il s’absente de la maison, pour son travail. Certaines missions durent deux à trois jours, mais il y a celles qui le retiennent une semaine ou plus loin d’Alger.
Nadia assiste sa fille dans ses devoirs. Elle est en train de corriger son exercice quand le téléphone sonne. Elle ne décroche pas, ayant branché le répondeur. Elle a reçu quelques appels anonymes qui mettent ses nerfs à bout.
Elle a acheté ce répondeur pour ne plus avoir à répondre à ce mauvais farceur.
Il lui donne des sueurs froides en parlant d’elle, de son mari, de son passé…
- Allô ? Chérie, c’est moi ! Décroche ! la prie Omar.
Nadia se lève d’un bond et va répondre à son mari. Elle est heureuse de l’entendre. Il est à Constantine depuis une semaine. Nadia trouve qu’il y est depuis une éternité. Elle souffre de son absence. Elle la supporte difficilement. Le sent-il seulement ?
- Je ne pourrais pas rentrer demain, lui apprend-il. J’ai encore des rendez-vous !
- Ah, lâche Nadia, très déçue. Dommage, j’avais prévu des choses pour demain. Tu penses rentrer quand ?
- Si j’arrive à voir les clients demain, je pourrai être à Alger dans deux jours. Tu sais que vous me manquez ?
- A nous aussi, murmure-t-elle. Tu ne peux pas imaginer à quel point ! Aziza demande sans cesse après toi. Elle est encore trop jeune pour comprendre. Ce métier que tu as choisi ne fait pas le bonheur de ta famille !
- Ne me reproche pas encore mon choix, l’avertit-il. Tu sais que je n’en pouvais plus d’enseigner. Je suis fâché avec le tableau, la craie, les élèves !
- Mais on était bien avant, insiste-t-elle. Tu étais avec nous !
- Je sais, mais j’adore mon nouveau job, se défend Omar. Je suis désolé mais ni tes reproches ni tes larmes ne pourront me pousser à changer de profession… Il faut t’y faire !
Nadia remarque que leur discussion a pris une tournure des plus sérieuses.
Elle révèle dans le fond que leur bonheur n’est pas parfait. Il suffirait que la discussion soit un peu plus poussée pour qu’un abîme se crée entre eux. Nadia le sent tout près. Elle ne voudrait pas que son mariage échoue.
- Quand tu seras las de trimbaler ta valise d’une ville à une autre et que tu voudras de la stabilité, tu sais où nous trouver…, lui dit-elle en mettant un peu de joie dans sa voix. En attendant, sache qu’on t’aime !
- écoute, inutile de t’inquiéter, répond-il. Je rentrerai tôt ou tard… Prend bien soin de toi et de la petite !
Nadia le lui promet. Quand elle raccroche, elle pense à la déception de sa fille quand elle saura que son père ne rentrera pas tout de suite. Les parents d’élèves sont convoqués pour une réunion et il ne sera pas de ceux-là. Aziza, qui adore son père, aurait voulu le présenter à sa maîtresse et à ses camarades.
Omar est un bel homme en plus d’être charmeur. Grand brun aux yeux verts, il ne passe pas inaperçu. Aziza a hérité de lui ses yeux et son sourire. Elle tient le teint blond de sa mère et sa petite taille. C’est un amour de petite fille. Omar ne résiste pas longtemps quand elle fait un caprice. Nadia se demande si elle ne pourrait pas se servir de sa fille pour le ramener à la maison.
26 avril 2012 à 18:28
02
-Papa ne viendra pas ?
La question de Aziza fait sursauter Nadia qui la croyait endormie. Comme d’habitude, elle lui a raconté une histoire. Elle s’est attardée dans sa chambre en la regardant dormir ; même fermés ses yeux lui rappellent Omar.
Nadia regrette de l’avoir dévisagée au point de la réveiller. Elle aurait dû aller dans sa chambre.
- Pourquoi ?
- Il est retenu par son travail… Comme tu le vois, il travaille dur pour nous, parce qu’il nous aime. Il te manque ?
- Oui, répond Aziza. Il n’assistera pas à la réunion ?
- J’y serai, la rassure Nadia. Je le remplacerai pour cette fois !
- Tu pourras t’absenter de ton travail ?
- Pour toi, je ferai l’impossible ! Dors maintenant, je suis là !
L’enfant finit par s’endormir. Cette fois, Nadia ne tarde pas dans la chambre. Elle va dans la sienne et prend soin de laisser la porte de la chambre de sa fille ouverte.
N’ayant aucune envie de dormir, elle allume la télévision et tente de prêter attention aux reportages mais ses pensées l’en empêchent. Elle est inquiète. La discussion qu’elle a eue avec son mari ne la rassure pas. Au contraire, elle a réveillé une certaine peur en elle. Elle sent que si un problème grave survient dans leur vie, leur mariage ne tiendra pas longtemps.
Certes, ils se sont mariés d’amour, dix ans plus tôt, mais aujourd’hui, même si un enfant est venu au monde pour mieux les lier et renforcer leur mariage, un rien pourrait les séparer. Depuis qu’il travaille dans l’agence de communication, il s’est détaché d’elle.
Qu’adviendra-t-il le jour où il rencontrera une autre femme qui lui fera oublier sa passion pour son travail et tout ce qui le retient à sa famille ?
Omar est trop beau pour laisser les femmes indifférentes. Il n’aura sûrement pas la force de résister si elles se présentent à lui. La première excuse qu’il aura est qu’il est loin de sa famille.
Toutes les pensées de Nadia tournent autour du travail de son mari. Elle sent que dans un proche avenir, tout va foirer entre eux à cause du travail.
Le lendemain matin, elle va assister à la réunion des parents d’élèves. La maîtresse a tenu à les rencontrer pour connaître leur condition sociale. Aziza a de bons résultats scolaires. C’est l’une des meilleures élèves. Nadia est toute fière d’elle.
- Son père n’est pas là ? lui demande-t-elle.
- Non.
- Aziza m’a dit que vous travaillez… êtes-vous divorcés ?
Nadia est si surprise par la question qu’elle en reste bouche bée, le temps de deux secondes.
- Comment êtes-vous parvenue à cette conclusion ? rétorque-t-elle.
- Le fait que votre mari ne soit pas là et que vous travaillez… Me suis-je trompée ? lui demande-t-elle.
- Oui, si mon mari n’est pas là, c’est parce qu’il travaille loin de nous !
Nadia est si déçue par ces conclusions hâtives qu’elle décide de ne pas tarder. Ayant encore un peu de temps, elle se rend à Belcourt où résident ses parents. Elle ne les a pas vus depuis quelques semaines. Elle a essayé de les contacter par téléphone mais ses appels n’aboutissent jamais. Peut-être qu’ils sont à court d’argent et n’ont pas pu régler la facture.
Nadia remarque les volets fermés et le jardin délaissé. Ses parents habitent une petite maison avec cour. La porte d’entrée d’ordinaire ouverte est aussi fermée. Elle sonne plusieurs fois et sent son cœur se serrer d’inquiétude quand personne ne vient lui ouvrir. Elle continue à sonner, refusant de partir sans les avoir vus.
Ses parents sont là. Elle en est sûre. Elle ne comprend pas pourquoi ils n’ouvrent pas. Seraient-ils souffrants ?
Nadia panique à cette pensée et s’en va chercher le serrurier du quartier. Seule, elle ne pourra jamais ouvrir la porte d’entrée, fermée de l’intérieur. Elle se demande ce qui s’est passé.
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26 avril 2012 à 18:29
—————-03…………………
-Ce n’est pas vrai ! Nadia tombe à genoux, le souffle coupé. Elle ne veut pas y croire.
Ce qui est arrivé à ses parents est horrible. Ils sont morts dans leur sommeil, par asphyxie. Le fourneau a une fuite de gaz. Son défunt père a dû oublier de fermer le gaz.
- Non, pas ça…
La police scientifique va et vient à travers la maison. Ils lui interdisent de s’approcher de la chambre de ses parents. Le serrurier a pris note des numéros de téléphone de son frère, de ses sœurs et contacte aussi Omar.
L’enquête de la police scientifique prend plus d’une heure. Une fois celle-ci terminée, les pompiers emmènent les corps à la morgue.
Les sœurs de Nadia sont entre-temps arrivées. Ghania et Malika sont sous le choc. Ghania est mise sous calmant. La perte de son mari, un an auparavant, l’a marquée et rendue très fragile. Elle a le regard perdu. Elle se fait des reproches, regrettant de ne pas leur avoir rendu visite depuis une semaine.
Malika s’efforce d’être courageuse et ne pleure pas. Elle tente de prévoir et d’organiser la veillée funèbre.
- Il faut enlever les meubles, dit-elle en allant d’une pièce à une autre. Maman adore l’espace…
Elle parle au présent. Nadia tente de joindre son frère Saïd. Il passe son service national à Béchar et il ne lui reste que quelques semaines avant de le terminer. La terrible nouvelle lui parvient en fin de journée. Omar rentre de Constantine et ne trouve rien à dire. Aucun mot, aucun geste ne peut les réconforter.
Les meubles du rez-de-chaussée sont démontés et mis dans le garage. Ils ont besoin d’espace. Les familles et les amis sont nombreux à venir les soutenir dans leur douleur, dans cette double perte. Toute la famille a l’impression de vivre un mauvais rêve.
Pourtant, l’enterrement a lieu le lendemain. Nadia et Ghania se trouvent mal quand les corps sont portés au cimetière.
- Pourquoi on est orphelines ?
- Mais vous êtes toutes grandes et mariées, dit Omar. Vous avez de la chance de les avoir eus jusqu’à aujourd’hui. Ton père et ta mère ont presque quatre-vingts ans. Pense à ceux qui n’ont pas eu la chance de connaître leurs parents !
- Ils ne sont pas morts de vieillesse mais par asphyxie. C’est horrible, dit Nadia. Je ne les ai pas vus depuis des jours et des jours ! Tout ça, c’est de ta faute !
- Comment ça de ma faute ? s’écrie son mari.
- Tu es tout le temps absent, lui rappelle-t-elle. Je ne peux pas sortir sans craindre qu’on soit cambriolés ! Je cours toujours et je n’ai jamais le temps de souffler ! Quant à voir mes parents, je ne les verrai plus !
- Je suis désolé, dit Omar.
- Oui, tu peux l’être, tu m’as privée de mes parents !
Omar comprend qu’elle voulait crier, trouver un responsable du drame que vit sa famille, même si ce n’est qu’un accident domestique qui a provoqué la mort de ses parents. Il prend leur fille Aziza et rentre à la maison.
Saïd et Malika prendront soin de Nadia et de Ghania. Saïd, leur frère, a vingt-deux ans. De taille moyenne et frêle, on le prendrait pour un adolescent, un lycéen même quand il prend son sac à dos. Tout comme ses sœurs, il est blond. Si ses sœurs ont les yeux noisette, lui les a bleu clair. Son regard transperce mais fait fondre les cœurs des filles qu’il croise ou côtoie. Nadia a de la peine pour lui. Quand elle songe aux projets qu’ont fait leurs parents, attendant impatiemment qu’il finisse son service national pour le marier à la fille qu’il aime… Nadia sait qu’avec les économies, ils ont eu l’idée de lui acheter une voiture. Saïd l’ignore encore mais il a une voiture et une somme importante à la banque. Leurs parents ont voulu le mettre à l’abri du besoin. Ils ont toujours regretté qu’il ait raté ses études.
Nadia décide de garder un œil sur lui dès qu’il rentrera de son service national. Il est encore jeune et risque de faire des folies. Aussi pour qu’il ne vendre pas la maison, elle demande à Ghania de s’y installer. Ses enfants sont grands et peuvent se débrouiller seuls. Ghania refuse. Elle craint la réaction de leur frère à son retour…
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26 avril 2012 à 18:32
………………………04…………………………….
-On ne va pas laisser la maison ! Il faut bien que quelqu’un la garde, insiste Nadia. Tu ne voudrais tout de même pas qu’on laisse la maison sans surveillance ? Maman et papa n’auraient pas approuvé.
- Saïd risque de ne pas sauter de joie, il aura l’impression que je veux squatter la maison, se défend Ghania qui redoute réellement la réaction de son jeune frère.
- Mais c’est seulement pour quelque temps ! Quand il sera rentré et qu’il aura une situation stable, dit Nadia, tu pourras retourner chez toi… Tu es la seule à pouvoir rester ici sans bouleverser ta vie… Tu n’as pas de mari, tu n’as pas de travail, tu n’as de compte à rendre à personne… Je peux te jurer que si j’avais quelqu’un qui pourrait garder ma maison que je ne demanderais pas de t’en occuper ! Je l’aurais fait …
Nadia finit par convaincre sa sœur de garder la maison parentale en attendant le retour de leur frère de Béchar. Ce dernier les appelle chaque jour, pour avoir de leurs nouvelles. Malika est rentrée chez elle à Blida. Son mari, un militaire engagé, s’est occupé des enfants pendant une semaine. Ses quatre enfants ont des programmes différents et il doit y avoir quelqu’un pour s’assurer qu’ils y tiennent compte. Malika n’a pas eu le choix. Elle est partie en larmes.
Nadia a dû faire comme elle. Omar a repris son travail. Elle ne supporte pas le silence. Elle voudrait ne plus s’entendre penser. Depuis qu’elle a découvert ses parents morts asphyxiés, elle a le sentiment d’avoir tout raté dans sa vie. Elle voudrait avoir le pouvoir de remonter le temps et de les sauver. Ils lui manquent comme jamais. Il ne se passe pas une journée sans qu’elle pense à eux. Et surtout à son frère…
à son retour, il va falloir lui trouver du travail puis le convaincre de se marier. Cela n’allait pas être facile. Saïd n’a jamais eu de petite amie. Enfin, elle ne l’a jamais surpris, même du temps du lycée.
Il a toujours été discret. Elle se demande comment elle fera pour savoir s’il fréquente une fille ou s’il voudra se marier même avec une inconnue. S’il lui confie la responsabilité de lui trouver une femme, elle le fera rapidement. Saïd aura besoin de garder les pieds sur terre. Nadia le voit mal vivre seul.
Elle se fait beaucoup de soucis à son sujet. Elle en oublie l’absence de son mari qui se répète plusieurs fois durant les semaines suivantes. Toutefois, il viendra lorsque leur fille lui dira combien il lui manque.
Nadia, bien qu’heureuse de le voir, prend conscience de son absence. Elle le lui reproche.
- Tu es tout le temps ailleurs ! Quand prendras-tu le temps de rester avec nous ?
- La boîte, répond-il.
- Mais ta famille, c’est nous ! lui rappelle-t-elle. Quand vas-tu nous revenir ? On a besoin de toi… J’ai perdu mes parents ! La moindre des choses serait de rester avec moi ! Je me sens perdue et seule ! Comme jamais.
Omar s’approche d’elle et la prend par les épaules. Il regrette de ne pas pouvoir tarder.
- Je suis désolé, je le voudrais mais ces derniers temps, on est surchargés… à ce rythme, on sera contraints de prendre un assistant, lui dit-il. Cela me permettra d’être plus souvent à la maison !
- Pourquoi ne lui proposes-tu pas de t’occuper uniquement des clients d’Alger et des environs ? Tu passerais les nuits avec nous, insiste Nadia. Je regrette le temps où nous étions ensemble… où je pouvais compter sur toi !
- Je ne te promets rien mais je vais tout faire pour qu’on retrouve la stabilité d’avant !
Omar est interrompu par leur fille Aziza qui s’est jetée contre ses jambes pour attirer son attention. Quand il voit ses yeux tristes, il devine ce qu’elle va lui dire. Elle sait qu’il l’adore et qu’il ne peut rien lui refuser…
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26 avril 2012 à 18:34
……………………….05…………………………….
-C’est vrai papa ? Tu vas revenir vivre ici ?
- Mais je vis toujours ici, lui rappelle-t-il. Je ne vis pas ailleurs !
- Papa tu vis au bureau, rectifie Aziza. Depuis trop longtemps déjà !
Omar ne peut que le reconnaître. Son travail est passé avant sa famille. Jusqu’à maintenant, il n’a pas réalisé combien sa famille en souffrait.
Il a refusé de le voir. Comment ne pas sentir la douleur de sa fille ? Elle s’accroche encore à lui, désespérée, comme si cela peut le retenir à jamais auprès d’elle !
- Je t’en prie papa, ne pars pas ! Reste avec nous !
Omar la prend dans ses bras et lui promet de rester.
- Je te jure de prendre un nouveau travail, s’il le faut, pour être à la maison auprès de vous deux. Ma passion pour mon travail m’a aveuglé… je ne pouvais pas imaginer que vous souffririez autant, que je te manquais autant !
- Tu pensais à nous ? veut savoir l’enfant.
- Bien sûr !
Ce soir-là, Nadia n’aura pas à coucher Aziza. Omar le fera de bon cœur, un peu pour rassurer leur fille. Comme avant, il discutera avec elle puis lui racontera une histoire pour l’endormir.
Lui aussi ne tardera pas à se mettre au lit, fatigué par le voyage. Comme il doit prendre un taxi pour se rendre à Constantine, Nadia le laisse dormir. Elle discutera avec lui à son retour. Peut-être n’aura-t-elle pas à le faire ? Aziza a toujours eu le dernier mot avec lui.
S’il tient sa promesse, leur vie redeviendra comme avant. Ils seront ensemble et heureux.
Rassurée quant à leur avenir où elle les voit réunis, Nadia se consacre à son travail et à la tenue de son foyer. Elle n’aura plus le temps de s’inquiéter. Son frère Saïd est rentré. Elle est si heureuse de le revoir qu’elle aurait certainement donné une fête. Mais la maison vide et sans vie depuis la mort de leurs parents la pousse à emmener son frère chez elle.
Certes, sa sœur Ghania s’en est occupée et l’a bien tenue, mais elle est partie dès que Saïd est arrivé. Nadia ne veut pas le laisser seul et prendre ainsi le risque de le voir broyer du noir. Leurs parents sont partis si brusquement. Rien qu’à y penser, elle a mal. Saïd ne doit pas rester seul, enfin ces premiers temps.
Le jeune homme la suit par tout. Il la décharge de certaines corvées. Il fait le marché après avoir emmené Aziza à l’école. C’est aussi lui qui la récupère à la sortie. Nadia peut rentrer tranquillement et même faire les boutiques une fois par semaine. Lorsqu’elle rentre, Saïd est déjà en train de préparer le dîner, tout en aidant Aziza à faire ses devoirs.
Saïd a remarqué l’absence de son beau-frère et il n’approuve pas. Omar devrait travailler à Alger. Curieux, il se met à l’interroger. Il croit que sa sœur ne lui a pas tout dit.
- Vous êtes séparés, n’est-ce pas ?
- à cause du travail, répond-elle. C’est ce qui le retient loin de nous !
- Je suis ici depuis vingt jours et il n’est pas rentré une seule fois, insiste-t-il. Il n’appelle presque pas !
- Il m’appelle chaque jour à mon travail, soupire Nadia. Il rentrera dans deux ou trois jours, le rassure-t-elle.
- Tu peux être sûre qu’il lui faudra un miracle pour éviter mes poings ! réplique Saïd, sans rire. Je vais lui rappeler ses devoirs.
- De quoi tu te mêles ? rétorque Nadia, même si au fond d’elle-même elle trouve du réconfort, en ne se sachant plus seule. Et Omar est rassuré de te savoir avec nous !
Mais Omar ne le sait même pas. Elle n’a pas eu de ses nouvelles depuis son départ. En fait, elle a menti à son frère. Pourvu qu’il ne le découvre pas.
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26 avril 2012 à 18:38
…………………06……………………………………
Sa cousine Warda est loin d’aimer faire la cuisine. Suivant le conseil de son oncle, elle alla se reposer dans sa chambre. Elle aurait voulu dormir un peu, étant presque rassurée, maintenant qu’elle était là, de recevoir des appels. Elle allait retrouver sa place parmi les siens. Cela aurait dû apaiser le tumulte de son cœur, mais rien n’y fit. Bien que l’accueil de celle qui était sa deuxième famille fût chaleureux en mettant une parenthèse sur le cas de sa cousine, Masilva ressentait encore le même malaise. Elle sentait qu’elle devait s’attendre à tout. Que Warda lui réservait de mauvaises surprises. Ne tenant plus en place, elle entreprit de ranger ses affaires, chose qu’elle fit en trois minutes. N’ayant plus de vertige, elle essuya le parterre de sa chambre, dépoussiéra les meubles avant de s’occuper de sa propre personne.
Il faut reconnaître que la bosse violette au front ne l’embellissait pas. Mais elle réussit avec du front de teint à minimiser le contour de la blessure. Puis elle fit tomber quelques mèches sur son front.
Elle prit le téléphone portable qui n’avait pas sonné une seule fois depuis son arrivée. Pourtant, si ses amis étaient au courant et inquiets, ils auraient dû se manifester.
Surtout Djamel ! Mais était-il encore au pays ? Ou était-il reparti en Belgique ? L’unique personne qui pourrait répondre à ces questions était sa cousine. Masilva ne pouvait pas patienter une minute de plus. Elle alla la rejoindre à la cuisine. Une nouvelle fois, elle fut surprise par le revirement dans le comportement de sa cousine. Elle cuisinait, ce dont elle avait horreur. à part réchauffer une pizza, elle ne supportait pas de s’attarder devant une cuisinière.
Warda ne lui dit rien, ne lui proposa même pas de prendre un café. Masilva resta debout, près de la cuisinière, à la regarder s’affairer.
- Excuse-moi, mais je n’ai trouvé aucune note des appels, devinant que sa cousine ne lui parlerait pas d’elle-même. Tu avais promis de tout noter…
Warda hausse une épaule et sans même la regarder, répondit presque avec indifférence. Comme si elle s’en contrefichait.
- Des appels sans importance… d’hommes et de femmes…
Elle s’était arrêtée le temps de quelques secondes, tout en fermant les yeux. Un léger sourire vint flotter sur ses lèvres et fit soulever le cœur de Masilva qui devina, qui y lit ce qu’elle allait ajouter.
- Et il y a ce garçon, Djamel, c’est un garçon formidable !
- Tu ne peux pas le juger au téléphone, lâcha Masilva, torturée par le fait qu’ils se soient parlés. Il ne faut pas se fier aux apparences !
- Mais il paraît très bien, précisa Warda. Tu ne le sais pas, mais je l’ai vu !
Pour la première fois depuis son retour, elle la regarda dans les yeux. Elle eut un étrange sourire en voyant le teint livide de Masilva.
- Ah, soupira celle-ci.
Elle n’en revenait pas. Sa cousine ne s’était pas contentée de discuter avec Djamel au téléphone. Elle était allée le voir. Voilà pourquoi elle était sûre de son jugement.
Warda avait relevé la tête comme pour la défier. Ses yeux n’avaient pas perdu l’éclat étrange qui les faisait briller. Le pincement de ses lèvres était plein de mépris. Elle semblait vouloir la rabaisser ;
- Oui, ajouta-t-elle en la regardant de haut. Nous avons pris un thé, discuté d’un tas de choses… C’était très instructif…
- Ah, fit une nouvelle fois Masilva, toute étonnée. Tu as pu tenir une conversation avec lui ! Je n’en reviens pas ! Mais comment as-tu fait pour te trouver un prétexte, pour te libérer ?
- Je sortais à la place de papa… J’en ai profité pour voir Djamel !
- Comment as-tu fait pour le reconnaître ? s’enquit-elle toujours livide, ressentant subitement une sueur froide lui mouiller le dos.
- Il m’avait dit qu’il portait un blouson en cuir marron et un cartable…
Masilva ferma les yeux pour dissimuler la lueur meurtrière qu’elle sentait briller dans son regard. Elle se mordit la lèvre comme pour ne pas crier sa douleur quand elle les imagina dans le salon de thé en train de se regarder, de discuter de tout, de rien. Telle qu’elle connaissait sa cousine, elle s’était certainement empressée de lui attribuer des défauts, des mensonges. Comme pour le lui confirmer, elle ajouta avec un sourire en coin :
- Nous avons parlé de toi… de tes problèmes…
- Parce que j’ai des problèmes ? reprenait Masilva, la gorge nouée. Je le découvre…
Warda se tint en face d’elle, les mains sur les hanches et appuyant chaque mot d’un hochement de tête, elle lui répliqua :
- Que fais-tu ici alors ? Et ma voiture ?
- Je suis ici parce que ton père insistait… Il me considère comme sa seconde fille, lui rappelle Masilva.
- Certainement que tu vas hériter de la moitié de l’appartement et de la villa qu’il n’a pas encore fini de construire, rétorque Warda. Je préfère t’avertir. Tu n’auras rien et à la première occasion, je te jetterai dehors !
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26 avril 2012 à 19:08
…………………………..07………………………………..-Je ne suis pas surprise. Ton âme charitable est connue de tous, réplique Masilva en tentant d’ignorer les larmes qui lui brûlaient les paupières. Mais le contraire aurait surpris le monde entier !
- Sois sans crainte, ça n’arrivera pas demain !
Masilva décida de ne pas s’attarder sur ce sujet.
- Est-ce que Djamel est parti ?
- Oui, il ne pouvait pas attendre indéfiniment.
- Il n’a pas rappelé depuis son départ ? insista-t-elle. A-t-il dit quand il reviendrait ?
- Il a appelé à plusieurs reprises mais uniquement pour discuter avec moi.
Masilva se détourna et quitta la cuisine. Elle ne voulait pas que sa cousine voit ses larmes couler sur ses joues. Elle avait conscience que Warda ne la laisserait plus jamais tranquille. Elle devait espérer s’approprier Djamel.
Elle s’enferma dans sa chambre et pleura un bon coup. Après l’accident, où elle aurait pu y laisser la vie, Masilva se sentait encore bien faible. Elle n’aurait jamais dû croire au revirement de sa cousine, connue pour sa bassesse. Elle n’aurait pas dû lui accorder sa confiance. Elle regrettait de lui avoir laissé son portable. C’était de sa faute.
Il était fréquent qu’une femme voit son mari la quitter pour sa meilleure amie. Si Djamel la quittait pour une inconnue, elle pourra le supporter, mais pour sa cousine… !
Perdue dans ses pensées, elle sursauta lorsque le téléphone sonna.
Masilva ne réagit pas tout de suite. Ce ne fut qu’à la quatrième sonnerie qu’elle décrocha. Le cœur serré, elle espéra de tout son être que ce fusse Djamel. Mais ce n’était qu’une collègue de travail.
Elle voulait avoir de ses nouvelles. Elle la mit aussi au courant des petits changements au bureau. Masilva lui demanda de prévenir leur responsable qu’elle reprendrait dans deux jours. Elle voulait se donner le temps de se reprendre en mains.
- Masilva, le déjeuner est prêt ! lui dit sa tante après avoir frappé à la porte.
- J’arrive !
Mais elle ne pourra rien avaler. Sa cousine lui souriait, heureuse de l’avoir bien eue.
- Je dois voir un médecin, dit-elle à son oncle. Je rentrerais dans deux ou trois heures.
Elle ne pouvait pas rester à la maison. Elle ne supportera pas sa présence une minute de plus. Elle se rendit chez le médecin du quartier. Il lui donna une autre pommade à appliquer.
Sinon elle était presque guérie. Elle traîne un peu dehors. Elle n’a aucune envie de rentrer, mais comme elle marchait sans but précis, elle décida de rentrer. Warda la rejoignit dans la chambre.
- Cinq minutes plus tôt, tu aurais parlé à Djamel !
Masilva, qui se changeait, ne voulait pas lui dire qu’elle avait pris son portable avec elle.
- Et ensuite ?
- Il a demandé après toi. Il voulait de tes nouvelles…
- Il n’a qu’à rappeler… pourquoi appeler sur le fixe ?
- Je le lui ai donné… au cas où il ne te joindrait pas.
Mais Djamel ne tenta pas de la joindre. À partir de ce jour-là, Masilva remarque un changement chez sa cousine.
Dès que le téléphone sonnait, elle s’empressait d’aller répondre. Ou bien de venir écouter la conversation avant de ressortir sans dire un seul mot.
Masilva reconnaissait qu’elle ne se ménageait pas de son côté. Elle avait tellement de peine qu’elle n’avait pas la force pour dépasser ce malaise. Même son oncle et sa tante, quelque chose avait changé en eux.
Lorsqu’elle ne travaillait pas, elle restait dans sa chambre ou dans un coin du salon à travailler sans participer aux sujets qu’ils abordaient.
Warda assistait son père dans son commerce. Elle rentrait en début de soirée et elle s’empressait d’aider sa mère à la cuisine.
- On dirait que tu te prépares au mariage…
- Peut-être… émit Warda en se tournant vers sa cousine, en souriant. Ou peut-être qu’on devrait laisser la place à Masilva ? Si elle a un petit ami quelque part, elle doit aussi apprendre !
- Oui, tu as raison ! Mais qu’est-ce que j’ignore que tu sais déjà ?
- Oh rien, lâcha Warda. Mais tu peux toujours l’interroger…
Masilva s’efforça de sourire.
- Il n’y a rien que tu ne saches pas, dit-elle à sa tante. Je n’ai pas de petit ami…
Depuis que sa cousine avait sympathisé avec Djamel, ce dernier ne l’appelait plus. S’il y a quoi que ce soit entre eux, elle s’estimait heureuse d’avoir découvert à temps qu’il n’était pas digne de confiance. S’il était aussi mauvais que Warda, ils finiront la vie ensemble.
Masilva gardait espoir. Le destin ne pouvait pas être aussi cruel. Car elle ne supportera jamais de les voir ensemble et heureux.
Qu’adviendra-t-il d’elle ? Sa présence est indésirable depuis quelque temps. Sa cousine ne voudra plus d’elle ici une fois qu’elle aura officialisé.
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26 avril 2012 à 19:13
…………………………..08………………………………..-Qu’y a-t-il Masilva ? s’enquit son oncle, tout inquiet. Tu es si pâle ! Tu ne devrais pas travailler si tard après le choc que tu as eu !
- Ce n’est rien, murmura-t-elle. Ça passera…
Il avait aussi senti la tension qui régnait lorsqu’elles se retrouvaient dans la même pièce.
- Qu’y a-t-il entre toi et Warda ? Vous ne vous parlez plus ?
- Cela finira par passer, le rassura-t-elle tout en se levant pour abréger cette conversation. Bonne nuit mon oncle !
Ce dernier hocha la tête. Il ne tenta pas de la retenir pour avoir plus d’explications. Il préféra s’adresser à sa fille.
- Qu’est ce qui se passe entre vous deux ? l’interroge-t-il. Pourquoi vous boudez ?
- J’ai l’impression qu’elle me reproche quelque chose depuis son retour, répondit-elle en feignant d’ignorer quoi.
- Avec ton indélicatesse, tu as dû dire ou faire quelque chose qui l’a blessée !
Warda était agacée.
- À chaque fois qu’il y a quelque chose, on me tient pour responsable !
- Ton mauvais caractère…
- Tu n’as qu’à aller le lui demander, lui suggéra-t-elle.
- Je ne veux pas de mésentente entre vous, martela-t-il. Vous êtes mes deux filles. À toi d’arranger la situation !
- Je te dis qu’elle refuse de me parler ! cria presque sa fille. Et j’ignore pourquoi !
- Puisque tu sembles avoir la conscience tranquille, va lui poser la question !
Au ton ferme de son père, elle sut que c’était un ordre. D’ailleurs, lorsqu’elle se dirigea vers la chambre de sa cousine, il la suivit comme pour s’assurer qu’elle allait réellement le faire.
Masilva sortait de la salle de bains où elle avait pris une douche au moment où celle-ci frappait à la porte et entrait.
Elle la rejoignit. Elle ne lui demanda pas ce qu’elle voulait. Elle se peigna en se regardant dans la glace.
- Pourquoi tu me boudes ?
- Je ne te boude pas, répliqua Masilva en continuant à se peigner.
- Pourtant tu m’en donnes l’impression au point de me culpabiliser… comme si j’avais fait quelque chose de mal.
- Pourquoi te culpabiliser si tu as la conscience tranquille ? rétorqua Masilva en la regardant dans les yeux. Tu peux aller dormir tranquille…
- Mais qu’est-ce que tu me reproches ? demanda-t-elle avec insistance, la surprenant.
- Poses-toi la question !
Masilva s’efforçait à garder son calme.
- Qu’est-ce que j’ai fait qui t’ait blessée ?
Masilva se demanda si elle ne s’était pas fait des idées.
- Rien… tu peux aller dormir !
- Je ne sortirais pas avant de savoir. Est-ce en relation avec Djamel ?
- En effet, reconnut Masilva.
- Je n’ai rien fait… je l’ai juste vu et nous avons seulement parlé, se défendit Warda.
- Ce n’était pas suffisant ? répliqua la cousine en tentant d’oublier la douleur qui vrillait dans son cœur. Tu as été voir mon petit ami et tu trouves ça bien ?
- C’était pour te faire plaisir ! s’écria Warda en appuyant sur chaque mot. Jamais je n’aurais cru que cela te peinerait !
- Ah oui ! D’un, tu ne le connaissais pas et de deux, si tu avais eu un peu de considération pour moi tu aurais refusé toutes ses invitations ! Parce que c’est mon petit ami !
- Je te dis que c’était pour toi ! fit Warda. Uniquement par respect pour toi ! Sinon, pourquoi y serais-je allée ?
- Tu n’agis jamais naïvement ! Tu n’aurais jamais dû aller le voir ! Je ne te l’avais jamais présenté ! Tu aurais été consciencieuse, tu aurais su éviter une situation pareille ! Tu m’as beaucoup déçue Warda. Avant, tu avais des principes mais maintenant, je me rends compte que je m’étais complètement trompée à ton sujet !
Warda poussa un cri comme si elle venait d’être frappée.
Ses yeux écarquillés, au point où Masilva détourna le regard, ne supportant pas de la voir se comporter en victime.
Tout de même ce n’était pas elle qui l’avait trahie, qui était allée voir son petit ami pour discuter alors qu’ils n’avaient rien à se dire…
- J’y étais allée pour t’aider, reprenait Warda. Je n’avais aucune mauvaise intention !
- Avec ou sans, le plus important est que tu m’as manqué de respect ! Tu as tout fait pour qu’on se fâche même si tu refuses de l’admettre !
- Je te dis que non ! Je n’ai rien fait ! cria Warda qui n’avait pas vu son père ouvrir la porte. Je n’ai que faire de ton ami ! Il n’est même pas mon genre !
- Ah oui…?
Elle se tourne dans un sursaut. Elle devint aussi livide que Masilva. Son père avait tout entendu. À son visage fermé, il était évident que cela finirait mal…
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26 avril 2012 à 19:21
…………………………..09………………………………
-S’il ne rentre pas, où passe-t-il ses nuits ? demande Nadia à sa sœur. S’il ne mange pas ici, où mange-t-il ?
- Je l’ignore. Il ne répond même pas à mes questions. Il fait comme si je n’existe pas. Il y a des fois où je pense partir d’ici. Je ne suis bonne qu’à faire la poussière et cuisiner pour moi !
- Reste encore… Peut-être, espère Nadia, qu’il a une amie et qu’il fréquente aussi sa famille. Cela expliquerait ses absences et pourquoi il ne mange pas ici. Mais pourquoi garde-t-il si jalousement le téléphone dans sa chambre !
- Que craint-il vraiment ? Que je le dénigre auprès de son amie ? Il est incroyable. Pourquoi ne me fait-il pas confiance ? s’interroge Ghania. Il est mon frère et il a l’âge de mon aîné. Je peux être meilleure conseillère qu’il ne se l’imagine !
- Je le sais et je le lui dirai ! Je vais l’attendre pour lui parler !
- Il n’a pas l’habitude de rentrer tôt, l’avertit Ghania. Tu risques d’attendre pour rien !
Nadia attendra longtemps et Saïd ne passera pas à la maison.
Elle décide de rentrer chez elle. Il est si difficile de se trouver un taxi aux heures de pointe. Aux arrêts de taxi, elle apercevra Saïd et une jeune fille. Elle se fait discrète et les observe. Ils marchent main dans la main. Ils se sourient. Quand ils prennent le taxi ensemble, elle imagine qu’il la raccompagne chez elle. Peut-être qu’il restera si ses parents l’invitent ?
Nadia est rassurée. Pendant tout l’après-midi, elle s’est rongé les sangs, croyant qu’il a mal tourné. Sachant qu’elle ne pourra pas joindre Ghania au téléphone, elle retourne à la maison pour la mettre au courant.
Lorsque Ghania lui ouvre, elle est surprise de la revoir de sitôt.
- Tu as oublié quelque chose ? lui dit-elle.
- Non, je suis revenue pour t’apprendre que Saïd a une amie ! Je le ai vus ensemble. Ne te fais pas de souci. Tout ira bien maintenant !
Ghania est soulagée et la remercie d’être revenue pour lui apprendre la nouvelle. Nadia repart, plus que jamais rassurée et heureuse pour son frère. Elle trouve facilement un taxi et rentre chez elle, souriante.
Omar et Aziza sont déjà là et ils remarquent sa bonne humeur.
- Pour quelqu’un qui a été voir un médecin, je ne te trouve pas malade !
- Je voulais seulement prendre mon après-midi, répond Nadia avant de le mettre dans la confidence. Saïd a une petite amie. Elle doit avoir le même âge que lui et je crois deviner qu’elle est étudiante !
- C’est bien. En fait, lui avoue-t-il, je les ai déjà aperçus en ville.
- Pourquoi ne m’as-tu rien dit ? lui reproche-t-elle. Je me serais fait moins de soucis. La pauvre Ghania était inquiète. Elle se demandait pourquoi il faisait tant de mystères et, surtout, elle était peinée qu’il l’ignore. Il ne mange pas à la maison et parfois il dort dehors !
- C’est mauvais signe, remarque Omar. La famille ne doit pas avoir de principes. Il est mal tombé !
- Comment peux-tu les juger négativement alors que tu ne les connais pas ? rétorque-t-elle. Ils doivent savoir qu’il a perdu ses parents et ils veulent “l’adopter” dès maintenant ! Au contraire, l’attention qu’ils lui portent me paraît un bon signe ! Mais, ajoute-t-elle, j’aurais aimé qu’il s’entende bien avec Ghania ! Il joue avec ses nerfs et elle en souffre !
- C’est sa façon à lui de lui demander de partir… Sans chaperon, peut-être qu’il amènerait sa petite amie à la maison ? émet Omar. S’il évite ta sœur, c’est qu’il doit avoir une raison particulière !
- Mais moi aussi il m’évite, remarque Nadia. Il n’est pas venu me voir depuis que Ghania s’est installée chez lui !
- Il sait que l’idée est de toi, il doit t’en vouloir !
Nadia espère que ce n’est pas le cas. Et même s’il lui en tient rancune, maintenant qu’il est amoureux, il doit avoir changé de sentiment. Elle ne voudrait pas qu’il la déteste pour rien. Si elle a demandé à Ghania d’être là-bas, c’est pour qu’il ne manque de rien, pour qu’il ne se sente pas seul.
Les jours et les semaines qui suivent, elle ne peut s’empêcher d’espérer un coup de fil ou une visite de son frère. Mais ce dernier se comporte comme si elle n’existait plus. Ghania n’est pas venue la voir et ne l’a pas appelée.
Un vendredi, elle retourne à Belcourt. Elle trouve les volets fermés et la maison bien silencieuse comme si elle n’était plus habitée. Nadia, le cœur serré, se met à sonner longtemps, très longtemps avant qu’un bruit de l’intérieur ne lui parvienne enfin.
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26 avril 2012 à 19:26
……………………………10………………………………….
-Hé, il y a quelqu’un ? Cette fois, Nadia ne sonne pas, elle tambourine plus qu’elle ne frappe. Un frôlement derrière la porte lui est parvenu. Elle ne comprend pas pourquoi personne n’ouvre. Elle refuse de partir sans savoir ce qui se passe. Car, au fond de son cœur, elle pressent un malheur.
-Ghania, est-ce que tu es là ? Ouvre-moi !
La clef tourne lentement, deux fois avant que la porte ne s’ouvre. Nadia fait un pas, pour entrer tout en demandant :
-Ghania ? Où es-tu ? Pourquoi te caches-tu ? Hé, regarde-moi !
-Chut, entre ! Ghania, les épaules voutées, la tête baissée, la précède au salon, lui laissant le soin de fermer la porte d’entrée. Nadia la rejoint vite au salon, intriguée et inquiète.
-Mais qu’est-ce qui se passe ? Tu es malade ?
-Tu ne peux pas t’imaginer à quel point, soupire-t-elle.
La jeune femme a subitement des regrets. Elle n’aurait pas dû attendre aussi longtemps pour revenir. Si elle l’avait sue malade, elle serait venue à son chevet. Comme toujours, comme du temps où sa mère était encore en vie, elle vient toujours après, quand elle allait mieux. Nadia se dit que l’histoire se répète, seulement ce n’est plus sa mère mais sa sœur, qui s’est rétablie sans l’aide de personne.
-Pourquoi n’as-tu pas appelé ?
-Je ne pouvais pas sortir, répond Ghania qui garde la tête tournée.
-Tu aurais pu dire à Saïd de me joindre, s’écrie Nadia. Je suis en train de me culpabiliser. Tout cela est de ma faute. Je m’en veux à mort ! Il s’est passé quelque chose, n’est ce pas ? Vous vous êtes querellés ?
-Si ce n’était qu’une querelle ! murmure Ghania en portant les mains à ses yeux pour essuyer ses larmes.
-Mais raconte-moi ! Qu’est-ce qui s’est passé ?
Lorsque Ghania tourne la tête vers elle, elle manque de tomber de la chaise où elle allait s’asseoir.
-Mais qu’est-ce qui t’est arrivé ?
-Demande-moi plutôt qui… ! rétorque la sœur ainée en pleurant. C’est ton petit ange !
Nadia a du mal à y croire. Mais l’œil au beurre noir de sa sœur et les marques sur son cou la glacent. Ce qu’il a osé faire la choque. Elle en tremble.
-Pourquoi ? Qu’est-ce qu’il lui a pris ?
-Je ne sais pas. Mais j’avais remarqué des choses… Ce serait trop long à te raconter, dit Ghania. Au début, je croyais me tromper. Je voulais t’en parler mais je craignais faire fausse route !
-Puisque cela n’allait pas, pourquoi n’es-tu pas retournée chez toi ? l’interroge Nadia. Est-ce qu’il t’en a empêchée ?
-J’avais peur, lui confie-t-elle. J’avais peur qu’il s’en prenne à mes enfants !
-Mais il n’est pas fou ! Peut-être que lorsqu’il s’en est pris à toi il était sous l’effet de la drogue ? ou d’alcool ? émet Nadia. Saïd n’est pas capable de faire de mal ne serait-ce à une mouche !
-T’es aveugle ma parole ! s’écrie-t-elle en lui montrant les marques de son cou. C’est moi qui me les suis faites ? C’est ça, ton ange est incapable de faire du mal aux autres ! Nadia, tu as toujours couvert Saïd et tu n’as jamais voulu voir le monstre qu’il est vraiment !
-Tu dis n’importe quoi ! Tu es en colère après lui ! Je peux le comprendre, mais dire qu’il est un monstre, tu exagères !
-Tu te trompes ! Je n’exagère pas ! Peut-être qu’il s’en était pris à toi, tu me croirais sur parole ! Cela t’ouvrirait les yeux, réplique Ghania, très peinée par son manque de confiance. Tu sais, lui rappelle-t-elle, c’est aussi mon frère ! J’ai tellement de peine pour lui, Nadia ; Saïd est irrécupérable ! Depuis des semaines, il a de mauvaises fréquentations !
-Il vole ? C’est un petit bandit ? Il agresse les passants dans les coins de rue ? l’interroge-t-elle, glacée par cette idée. Dis-moi, pourquoi il s’en est pris à toi ? Pourquoi t’a-t-il frappée ?
-Il n’a plus sa raison…Il peut s’en prendre à mon fils ainé, au mari de Malika, au tien aussi, poursuit Ghania, d’un même ton. Notre frère est devenu quelqu’un de dangereux !
-Qu’est-ce que tu insinues par là ? Pourquoi s’en prendrait-il à eux ? Il n’est pas fou !
-Si, c’est un fou dangereux ! Si la police met la main sur lui, ils ne l’enverront pas à l’asile mais en prison ! C’est ce qui arrive aux terroristes quand ils ne se font pas tuer avant, dit Ghania. Saïd en est un !
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26 avril 2012 à 19:29
…………………………..11……………………………………
-Mais pourquoi ?
- On ne le saura jamais, répond Ghania. Enfin, tout ce que je sais, c’est qu’il ne faut plus lui faire confiance. C’est tout ce que je peux te dire. S’il s’en est pris à moi, il n’aura aucun scrupule à le faire avec toi ou avec Malika ! Mets-le-toi bien en tête !
- Ne plus lui faire confiance ? Mais c’est notre frère, rétorque Nadia. Je ne peux pas croire que Saïd soit irrécupérable. Je vais discuter avec lui, peut-être qu’il m’écoutera…
- Mais j’ai essayé de discuter avec lui, lui dit Ghania. Pourquoi m’a-t-il frappé à ton avis ? Parce que je voulais le forcer à manger ? Non ! J’ai tenté de le ramener à la raison mais il est sourd à tout conseil !
- Tu me fais peur. Mais pourquoi es-tu restée ?
- Il vient de temps à autre avec eux. Je dois lui préparer à manger et des choses à emporter, lui confie-t-elle. Je n’ai pas le choix… Je dois rester. Sinon, il s’en prendra à ma famille !
- Tu dois partir, insiste Nadia. Tu risques ta vie en restant ici ! Personne ne peut savoir ce qu’ils ont en tête. Tu viens avec moi !
- Non, je reste. Si ton frère revient, je veux qu’il me trouve ici, répond Ghania. Je vais tenter de le raisonner une dernière fois. Je ne veux pas qu’il devienne un criminel. Tant qu’il n’a pas tué, il peut être sauvé !
- J’ai peur Ghania. Viens quelques jours chez moi, le temps que tu te remettes, insiste Nadia.
Tu es trop faible pour t’occuper de ta personne alors de tout un groupe !
- Au début, je ne suis pas venue ici de bon cœur, lui confie son aînée. Tu m’as responsabilisée… Tu voulais que je prenne soin de lui et de la maison. Je resterai pour le convaincre. Je ne voudrais pas qu’il aille en prison ou qu’il meure bêtement !
- S’il revient, tu lui diras de venir me voir ?
- C’est une mauvaise idée, dit Ghania. Vraiment, il faut l’éviter. Tu vas retourner chez toi et t’occuper de ta famille, lui conseille-t-elle. S’il y a du nouveau, je t’appellerai !
Mais Nadia refuse de partir tout de suite. Elle va à la chambre de ses parents et fouille dans un tiroir de la garde-robe, y cherchant les doubles des clés des chambres. Ghania les a déjà trouvés, mais jamais elle n’a osé les prendre et s’aventurer à jeter un coup d’œil dans la chambre de Saïd.
- Non, n’y va pas ! Il risque de s’en apercevoir !
- Je ne toucherai à rien, lui promet-elle. Je vais juste voir.
La chambre de son frère est bien rangée. Elle remarque qu’il n’a pas pris grand-chose. Ayant étudié une année l’architecture, des livres et des cahiers sont rangés dans le coin du bureau. Seul un bloc-notes est ouvert.
Nadia s’en approche et y lit des notes d’heures et de lieux. Certainement des rendez-vous…
- Avec qui ? se demande-t-elle. Pourquoi ?
- Pour les menacer, dit Ghania. Tu ne penses tout de même pas qu’il va leur offrir un café !
Nadia les compte. Ils sont plus de vingt. Curieuse et angoissée par certaines pensées, elle ne peut se résoudre à quitter la chambre sans la fouiller.
Elle demande à sa sœur de faire le guet. Pendant ce temps, elle ouvre la garde-robe et commence à chercher. Rien de précis, mais elle ne s’arrêtera qu’après avoir trouvé quelque chose qui peut lui donner une piste sur les activités nocturnes de son frère.
- Fais vite ! la prie sa sœur. S’il nous surprend ici, c’est fini pour nous !
Nadia n’hésite pas à ouvrir ses cartables, rangés au-dessus de la garde-robe. Dans l’un deux, elle tombera sur des plans de maisons et de quartiers d’Alger.
- à quoi peuvent-ils servir ? se demande-t-elle à voix haute, alors que sa sœur aînée s’approche pour voir.
- Certainement, lui dit-elle, pour mieux surprendre leurs victimes ! Je te l’ai dit, il est dangereux !
Nadia panique, le dos glacé en l’imaginant passer à l’acte.
- Mon Dieu !
Elle continue sa fouille et tombe sur des photos d’hommes plus ou moins jeunes. Il y a aussi celles de son mari et de son beau-frère. Le mari de Malika est un militaire engagé.
- Qu’est-ce qu’on va faire ? murmure-t-elle en les rangeant à leur place. On ne peut pas rester les bras croisés, il est question de vies à sauver !
- Oui, mais tu sembles oublier que c’est notre frère.
Les deux sœurs entendent un bruit et se pressent de quitter la chambre, ne voulant pas être surprises par Saïd…
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26 avril 2012 à 19:32
……………………………12…………………………………………..
-Nadia, qu’est ce que tu fais ici ?
- Rien, rien. Je passais juste vous dire bonjour, répond-elle en pâlissant d’un coup. D’où est-ce que tu viens ?
Saïd la regarde les sourcils froncés sentant qu’il se passe quelque chose. Il se tourne vers Ghania qui s’est éclipsée vers la cuisine.
- Qu’est ce qu’elle a ?
- Rien, peut-être qu’elle a laissé quelque chose sur le feu, émet-elle.
Ghania est en train de s’affairer dans la cuisine quand ils la rejoignent.
- Tu veux manger quelque chose, l’interroge-t-elle. Elle a préparé une soupe de pois cassés …
- Je n’ai pas faim, répond Saïd en prenant quand même place à la table.
Nadia s’assoit en face de lui et le dévisage. Elle tente de retrouver derrière ce visage angélique ce qui a pu faire naître la haine en son cœur au point de vouloir tuer des hommes. Ils ne sont pas différents de lui mais une raison l’aveugle. Elle se demande laquelle.
Elle aimerait retrouver le petit frère à qui on pouvait confier des enfants de tout âge, sur qui on peut compter durant les moments difficiles.
- Tu travailles, lui demande-t-elle en remarquant qu’il est habillé d’une belle veste en cuir et de vêtements neufs.
- Oui.
- Qu’est ce que tu fais ?
- Je seconde un ami dans une entreprise, répond-il évasivement. Et mon beau-frère, comment va-t-il ?
- Bien … Tu m’as manqué, lui dit Nadia. Je me demandais ce qui pouvait bien te retenir ! Tu aurais pu m’appeler, pour m’apprendre la nouvelle. Est-ce que tu as un numéro où je pourrais te joindre ?
- Oui, j’ai un portable … Je te laisserais mon numéro …
- Est-ce que tu as un emploi du temps chargé, l’interroge-t-elle. Est-ce que tu as au moins le temps de fréquenter des amis ?
- Tu veux savoir si j’ai une petite amie, réplique-t-il en riant doucement. Si c’est ça, je ne te cacherai pas que j’en ai une !
- Je suis contente pour toi … Comment s’appelle-t-elle ? Qu’est ce qu’elle fait ?
- Elle finit ses études et elle s’appelle Célia, lui apprend-il.
- Est-ce que tu me la présenteras, le prie Nadia.
- Un jour …
La sonnerie du portable les interrompt. Nadia peut enfin voir l’appareil et se rendre compte de sa cherté. Elle sait aussi qu’il ne peut pas se l’être offert avec son salaire, même avec deux mois de salaire.
Said se lève et sort de la cuisine. Il va dans sa chambre que Ghania a fermée pendant qu’elle discutait avec lui.
Ghania, toujours aussi pâle, propose de faire du café. Nadia ne refuse pas même si elle a la gorge nouée. Elle va dans le couloir et regrette de ne pouvoir rien entendre de la conversation qu’a son frère. Elle imagine sans peine qu’il est en train de faire son rapport ou de prendre rendez-vous.
Rendez-vous pour surveiller leurs victimes, les violer ou même les tuer ?
Le cœur serré, elle se demande s’il est déjà passé à l’acte.
Le café est prêt depuis un moment quand il les rejoint. Ghania le sert. Elle renverse un peu de café sur la table tant ses mains tremblent. Saïd en rit.
- Tu as la tremblote, lâche-t-il. Je pourrais savoir pourquoi ?
- Elle n’est plus jeune, dit Nadia. Elle est fatiguée … Il faudrait qu’elle rentre chez elle se reposer … Durant son absence, tu pourras venir chez moi !
- Non, non rétorque Saïd. Elle restera ici … Je me suis habitué à elle !
- Je pourrais prendre une semaine de congé et être ici, lui propose-t-elle. Cela me permettra de rattraper le temps perdu … Tu m’as beaucoup manqué ces dernières semaines !
- Ne t’en fais pas, on se reverra plus tôt que tu ne le penses, dit Saïd en terminant vite son café. Je dois partir … mais à très bientôt !
Nadia le regarde partir, elle sait qu’il va rejoindre ses nouveaux compagnons. Il a très mal choisi. Il est réellement devenu dangereux …
La façon dont il a regardé Ghania ne laisse pas douter de ses mauvaises intentions. Nadia sent qu’elle n’a pas le choix.
Elle doit mettre au courant la police sur les activités de son frère. Même si Ghania n’est pas d’accord …
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26 avril 2012 à 19:35
……………………………………..13…………………………………..
-Ghania, on ne peut pas rester les bras croisés ! Il est dangereux, insiste Nadia. Il y va de la vie des autres. Si on ne le dénonce pas, on deviendra ses complices !
- Il faut lui laisser une chance, rétorque Ghania. Quand il reviendra, je lui parlerai. Il a toujours eu un bon fond. Je refuse de croire qu’il ait disparu ! Au début, j’en doutais. Mais c’est toi-même qui m’en a convaincue. Tu l’as toujours fait passer pour un ange, lui rappelle-t-elle. Peut-être que ce n’est pas perdu ?
- Je n’y crois plus, dit Nadia. En gardant le silence, des gens risquent de mourir. Il faut prévenir la gendarmerie !
- Non, tu n’iras trouver la gendarmerie qu’une fois que je l’aurai dit, s’écria Ghania avant d’éclater en larmes. Tu crois que cela m’est facile à supporter ? Je sais que Saïd va revenir. Je lui parlerai. S’il ne repart pas, nous n’en dirons rien ! Mais s’il repart, je ne t’empêcherai pas d’aller le dénoncer !
- Mais il y a ces photos d’hommes. Peut-être qu’ils vont les tuer ! insiste Nadia. Tu ne penses pas à Omar, à Yanis notre beau-frère ? Leurs photos ne sont pas là par hasard ! Elles sont parmi d’autres. Et toutes représentent leurs futurs proies, leurs prochaines victimes. Peut-être qu’en tardant, ils vont les tuer. On s’en mordra les doigts !
- Si tu le fais maintenant sans mon accord, je ne te considérerai plus comme ma sœur, l’avertit Ghania, à bout. C’est vrai, j’ai peur pour eux, pour me