RSS

La nouvelle de : Boulki Ghazi Le dernier mensonge de Omar

26 avril 2012

Boulki Ghazi, EXTRAITS

 

Le jeune Omar, à l’imagination  débordante, invente des histoires  invraisemblables.

Omar est un charmant bambin de sept ans mais il a la  réputation d’être un menteur. Quand on dit à ses parents que tous les enfants de son âge mentent, ils répondent aussitôt : “Lui, il ment plus que les autres !” 
En réalité, il ne ment pas plus que les autres, et on peut même dire qu’il ne ment pas du tout, le mensonge, c’est à dire la mystification et la tromperie, étant le fait des adultes : lui et les autres enfants ne font qu’imaginer des choses et des événements, en les représentant autrement ou en leur donnant la tournure qu’ils voudraient les voir prendre.
Le mensonge des enfants, c’est un peu comme le travail du rêve : il modèle la réalité en fonction de choses qui existent, et même si cette réalité paraît bizarre ou incongrue, elle reste une réalité… On a juste interverti certains éléments, changé de place à d’autres ou encore introduit de nouveaux. Pris séparément, tous ces éléments existent !
Sa mère le prend parfois sur ses genoux et, sur le ton le plus doux, lui demande pourquoi il n’arrête pas de dire des mensonges.
- Mais pourquoi les choses ne seraient-elles pas comme ça ? proteste-t-il
- Il faut voir les choses comme elles sont et non comme on voudrait qu’elles soient !
Tu ne peux pas dire par exemple que tu as vu un cheval bleu alors qu’il n’existe pas de chevaux bleus !
- Pourquoi n’existerait pas de chevaux bleus ? Un cheval bleu, c’est plus beau qu’un cheval noir ou blanc !
- Tu es prêt à dire qu’il existe des chevaux bleus ? dit la mère, découragée.
- Oui, le bleu est une belle couleur !
- Et des chevaux à cinq pattes ? tu trouverais normal ?
- Pourquoi pas, ça courrait encore plus rapidement !
- Mais des chevaux bleus et des chevaux à cinq pattes, ça n’existe pas ! Arrête de dire des sottises !
En général, même s’il n’est pas convaincu, Omar ne tient pas tête à sa mère mais avec les chevaux, il refuse d’abandonner la partie.
- Le maître, à l’école, nous a bien dit qu’il y a des chevaux avec des ailes !
- C’est encore une de tes inventions !
- Non, non, il nous a même dit le nom du cheval… Bourak ! C’est sur ce cheval que le Prophète a fait son voyage vers le ciel !
La mère a hésité puis elle a dit :
- Puisque c’est le maître qui vous l’a dit…
- Tu vois, a dit Omar triomphant, s’il existe des chevaux à ailes, pourquoi n’existerait-il pas des chevaux bleus ?
Pour une fois Omar a raison mais son triomphe a été de courte durée puisque sa mère a eu le dernier mot :
- Cela ne te donne pas le droit de mentir !
Il n’a pas le droit de mentir et justement parce qu’il ment, il n’a aucun droit : ni celui de parler ni celui de donner son avis, encore moins celui de protester quand on lui fait des remontrances.
“Tais-toi, petit menteur ! Tais-toi !’’
Il se tait donc… mais seulement après avoir dit ce qu’il a voulu dire !

À propos de Artisan de l'ombre

Natif de Sougueur ex Trézel ,du département de Tiaret Algérie Il a suivi ses études dans la même ville et devint instit par contrainte .C’est en voyant des candides dans des classes trop exiguës que sa vocation est née en se vouant pleinement à cette noble fonction corps et âme . Très reconnaissant à ceux qui ont contribué à son épanouissement et qui ne cessera jamais de remémorer :ses parents ,Chikhaoui Fatima Zohra Belasgaa Lakhdar,Benmokhtar Aomar ,Ait Said Yahia ,Ait Mouloud Mouloud ,Ait Rached Larbi ,Mokhtari Aoued Bouasba Djilali … Créa blog sur blog afin de s’échapper à un monde qui désormais ne lui appartient pas où il ne se retrouve guère . Il retrouva vite sa passion dans son monde en miniature apportant tout son savoir pour en faire profiter ses prochains. Tenace ,il continuera à honorer ses amis ,sa ville et toutes les personnes qui ont agi positivement sur lui

Voir tous les articles de Artisan de l'ombre

4 Réponses à “La nouvelle de : Boulki Ghazi Le dernier mensonge de Omar”

  1. Artisans de l'ombre Dit :

    …………………………………..02………………………………………………..
    Omar invente des histoires auxquelles il croit dur comme fer, au grand désespoir de ses parents.

    Ce jour-là, en revenant de l’école, il aperçoit un chat noir qui l’impressionne par sa taille. Mais il n’y a pas que la taille qui surprenne chez ce chat : il a deux queues ! Deux longues queues, noires comme le reste du corps, avec, pour chacune, une touffe de poils blancs.
    Un chat à deux queues, il n’en a jamais vu. Il a déjà imaginé des chats rouges ou roses, des chats avec des cornes et, quand il a lu le chat botté, des chats portant des chaussures, mais un chat à deux queues, il n’y a pas pensé.
    -Minou, minou…
    Il voudrait bien l’attraper et l’emmener à la maison, mais le chat se retourne vers lui, sortant ses griffes, montrant de solides crocs. Cette bête pourrait lui sauter dessus et peut-être même le dévorer. Il fait marche arrière et se sauve à toute jambes. Par bonheur, le chat ne le poursuit pas, et il peut arriver sain et sauf à la maison. Mais il est si effrayé qu’il perd le souffle.
    -Ma.. ma… ! gémit-il.
    Sa mère, habituée à ses incartades, le secoue.
    -Qu’est-ce qu’il y a ? Je t’ai déjà dit de ne pas courir, tu vas faire éclater ton cœur, un jour !
    - Le chat, le chat… dit-il.
    - Mais de quel chat parles-tu ?
    - Le chat noir !
    - Calme-toi !
    Elle lui enlève le sac collé à son dos et l’oblige à s’assoire.
    - Maintenant, dis-moi ce qui s’est passé.
    - J’ai vu, dit-il, un chat noir… Un gros chat noir… mais si gros, si gros, qu’on dirait un chien !
    - Arrête de mentir, Omar !
    - Le chat est très gros, très agressif, il voulait me sauter dessus, mais j’ai réussi à m’enfuir !
    - C’est un chat normal que tu as du taquiner…
    - Non, c’est un gros chat, et je n’ai pas tout dit à son propos : il a deux queues !
    La mère le regarde, d’abord stupéfaite, puis éclate.
    - Et moi qui croyais que tu as réellement été attaqué par un chat… tu ne changeras pas !
    - Mais je t’assure que le chat voulait m’attaquer !
    - Un chat gros comme un chien…un chat à deux queues !
    - Je t’assure que c’est la vérité !
    - Arrête de mentir ! Cette fois-ci, tu as dépassé les bornes !
    Elle le dit à ses frères et à son père qui rentrent un peu plus tard.
    -Vous savez ce que le petit garnement a vu cette fois-ci ? Un chat gros comme un chien et portant deux queues !
    Si ses frères se gaussent de lui, son père, lui, n’a pas du tout envie de rire. Il le prend brusquement par les épaules et le secoue.
    - Quand est-ce que tu vas cesser de fabuler ?
    - Je t’assure que j’ai vu le chat !
    Il le secoue encore plus fort !
    - Arrête de mentir ! Si tu continues, je vais t’enfermer dans le placard et je t’y laisserait toute la nuit !

    Dernière publication sur 1.Bonjour de Sougueur : Mon bébé, Justin, me manque beaucoup

    Répondre

  2. Artisans de l'ombre Dit :

    ………………………………………..03………………………………………….
    Omar a vu un chat à deux queues : ses parents l’accusent de menteur.

    Omar éclate en larmes.
    - Pourquoi ne voulez-vous pas me croire ?
    - Hors de ma vue, je ne veux plus te voir !
    Pour la première fois, il ressent comme un sentiment d’injustice. Certes, on pouvait jusque-là lui reprocher de travestir la vérité, de mentir même, bien qu’il n’accepte pas ce mot, mais cette fois-ci, il n’invente rien : il a bel et bien vu un gros chat noir, un chat flanqué de deux appendices caudaux ! Il va essayer de retrouver le chat et, malgré la peur qu’il lui inspire, tenter de le rattraper, sûrement qu’on le croira alors !
    Un peu plus tard, dans la soirée, des amis rendent visite à la famille. On les retient à dîner. Tandis que les enfants jouent dans la cour de la maison, les adultes papotent autour d’un café. On parle des enfants et des problèmes qu’ils posent.
    - Moi, mon problème, dit le père, c’est Omar. Il n’arrête pas de mentir !
    - C’est normal, tous les enfants de son âge ont tendance à la fabulation !
    - Non, avec Omar, c’est particulier. Il ment de façon naturelle et croit à ses mensonges.
    Bien entendu, on ne manque pas de parler de sa dernière “trouvaille”, un chat à deux queues !
    - Un chat à deux queues !
    - Oui, et il a dit aussi qu’il est gros comme un chien !
    - Comment peut-on inventer des choses pareilles ?
    On pouffe de rire. Omar choisit ce moment précis pour entrer dans la maison.
    - Voilà le chat à deux queues !
    Il veut ressortir mais son père l’appelle.
    - Viens, tu vas nous raconter toi-même ce que tu as vu !
    Il le fait asseoir au milieu des convives. Le petit, très intimidé, n’ose pas lever les yeux. Il n’ose pas non plus parler mais son père insiste.
    - Allez, vas-y, raconte !
    Il raconte son histoire en bredouillant, au milieu des rires des convives et de ses parents.
    - Un chat à deux queues, voyons, voyons…
    On le laisse repartir. Il les entend encore rire et, du coup, il ne veut plus jouer. On refuse de le croire, on se moque de lui… Pourvu seulement que des enfants n’entendent pas parler du chat : il serait la risée de tout le monde !
    Mais les amis de la famille vont en parler. Et comme la ville est petite, cela fera rapidement le tour.
    En quelques jours seulement, c’est tout le monde qui est au courant. On le surnomme le chat aux deux queues et les enfants, à son passage, se mettent à crier : “Miaou, miaou !”
    Les premiers temps, il essaye de se défendre et même de poursuivre les petits persécuteurs, mais il finit par céder sous le nombre : c’est lui qui se sauve dès qu’il voit les garnements approcher.
    Si au moins on le laissait en paix à la maison. Mais non, ses frères et ses sœurs l’importunent et l’arrêtent, dès qu’il veut parler, par d’énergiques : “Tais toi, petit menteur !” Il pleure pour les attendrir, il refuse de manger, mais c’est l’effet inverse qu’il obtient : on le gronde encore plus et on menace de le punir s’il continue à faire le
    mariole.

    Dernière publication sur 1.Bonjour de Sougueur : Mon bébé, Justin, me manque beaucoup

    Répondre

  3. Artisans de l'ombre Dit :

    —————————————-04————————————————
    Les parents de Mourad sont de nouveau contactés par ses ravisseurs.

    -Pour des impératifs de sécurité !
    - C’est ce que vous aviez dit la dernière fois
    - Le quartier n’est pas très sûr, des gens qui connaissent ses activités pourraient le guetter !
    - Il a toujours habité ici et personne ne lui a jamais voulu de mal ! Alors, pourquoi tous ces mystères ?
    - Voyons, Malika !, dit Saïd
    - Je la comprends, ‘âmmou mais je vous garantis que vous reverrez bientôt votre fils et plus tôt que vous le croyez !
    - Rasseyez-vous, dit Saïd
    L’homme se rassoit.
    - Parlez-nous un peu de Mourad.
    - Mourad va très bien, en fait s’il ne se manifeste pas, c’est parce qu’il est en mission spéciale. Mais il ne vous oublie pas.
    Il tire de la poche des papiers et les pose sur la table.
    - Voilà la preuve que Mourad est vivant ! Il m’a chargé de vous remettre ses papiers. Gardez-les lui bien, il viendra les reprendre dans quelques jours !
    Malika prend en tremblant le porte-feuille qu’elle connaît bien et le serre contre sa poitrine.
    - Il y a autre chose, dit l’homme.
    Il prend le sachet et l’ouvre.
    -Il vous envoie une gâterie…
    Saïd regarde.
    - Du foie !
    - Oui, c’est une viande de choix et très chère… Mourad a dit : “Je veux que mes parents en mangent. Je suis sûr qu’ils ne s’alimentent plus depuis que je suis parti !”
    - Le cher petit ! s’exclame Malika, les larmes aux yeux.
    - Vous savez ce que Mourad m’a encore dit ? Je veux que mes parents mangent réellement le foie, qu’ils ne le mettent pas au congélateur. (Il se retourne vers Malika), c’est pourquoi, chère maman, je vous demande de le faire cuire maintenant et de le manger devant moi. Ainsi, je dirais à Mourad que vous avez mangé devant moi, que vous ne vous laissez pas aller au désespoir !
    Malika regarde Saïd. Il n’a pas le cœur à manger du foie – pourtant sa viande préférée – mais il fait un signe à sa femme.
    - Va le faire cuire, puisque ça fera plaisir à Mourad.
    - Ça me fera plaisir à moi aussi, dit l’homme. Je pourrais jurer à Mourad, sans me parjurer, que vous avez bien mangé son foie !
    Malika prend le foie et va dans la cuisine.
    -Ainsi donc, dit Saïd, vous êtes un bon ami de notre fils ? Nous connaissons ses amis, Raouf, Djilali, Smaïl, mais vous, nous ne vous avons jamais vu !
    -Normal, dit l’homme, moi je fais partie de ses relations qui doivent rester secrètes. S’il a choisi de m’envoyer chez vous, c’est justement parce que personne ne m’a jamais vu ici !

    Dernière publication sur 1.Bonjour de Sougueur : Mon bébé, Justin, me manque beaucoup

    Répondre

  4. Artisans de l'ombre Dit :

    —————————————-05———————————————————————
    On plaisante Omar, on le hue, le jeune garçon est désespéré. Il voudrait mourir.

    Omar va à l’école, il essuie les quolibets de ses camarades et, sans répondre, il se met à sa place, à la dernière place, que l’instituteur lui a réservée depuis plusieurs semaines maintenant. Il ouvre son livre, fait semblant de lire le texte mais se perd dans une rêverie qui l’emmène loin de la classe…
    Il sursaute, retirant brusquement ses doigts, qu’une douleur brûlante vient de traverser.
    - Je t’ai demandé de lire !
    Comme il ne réagit pas à l’injonction, la règle s’abat de nouveau, sur la tête, les épaules, le dos…
    Une main d’acier le saisit par le col et le plaque dans un coin ;
    - Et surtout que je ne te vois pas bouger !
    Il ne bougera pas de là, poursuivant la rêverie interrompue. à la sonnerie, le maître doit le secouer pour lui dire qu’il doit partir. Dehors, ses camarades l’assaillent mais il ne répond pas. Il marche comme un somnambule, regardant devant lui. On le pousse, on le pince, il ne réagit toujours pas. Brusquement, il quitte le trottoir et s’engage sur la chaussée. Un voiture passe en trombe et tente de freiner mais la vitesse est trop grande. Le choc est terrible. Il a le temps d’entendre quelqu’un dire : “Il s’est jeté sur la voiture”, avant que la petite lueur de vie qui brillait en lui ne s’éteigne définitivement.
    La petite ville est en deuil, car chacun se sent un peu responsable de la mort du petit Omar. On parle d’accident bien sûr, mais tout le monde sait que le petit s’est suicidé. On l’a bien vu quitter le trottoir et aller vers les voitures. On a vu aussi d’autres petits l’importuner.
    Toute sa classe est venue, ainsi que son maître et les autres maîtres d’école. Il y a aussi les amis de la famille qui ont plaisanté Omar quand son père l’a forcé à raconter son histoire. Et les enfants des amis de la famille, qui ont divulgué son histoire. Et ses frères et ses sœurs. Et son père et sa mère… Les uns pleurent, les autres, très émus, ne disent rien. Tous sont désolés. Le petit Omar, étendu sur la civière des morts, est entièrement entortillé dans un drap blanc, la tête recouverte de bandages de sorte qu’on ne voie que son petit visage. Un petit visage tout pâle, avec, comme son grand-père, un petit sourire aux lèvres. Peut-être que lui aussi est maintenant heureux…
    à midi et demi on soulève la civière pour emporter le corps. La mère pousse des cris déchirants et s’accroche à lui. On doit la tirer pour lui faire lâcher prise. On emporte le corps…
    Cérémonie rapide au cimetière. La prière des morts ne dure que cinq minutes – il y a d’autres morts qui attendent – puis on ensevelit le corps dans une fosse déjà prête.
    Son père, ses frères, les maîtres d’école et les petits camarades jettent chacun une poignée de terre sur la tombe. Une sorte d’adieu, teinté de remords. Puis on récupère la civière qu’il faut rendre à la mosquée du bourg et le tapis vert dont on a recouvert le corps. On s’apprête à quitter le cimetière quand un petit camarade de Omar pousse un cri strident.
    - Regardez !
    Un énorme chat vient de surgir de derrière une tombe. Un chat complètement noir avec deux queues, noires également, mais avec, au bout, des touffes de poils blancs…
    - Une anomalie génétique, commentera le maître.
    Un gamin a quand même le courage de dire :
    - Pour une fois, Omar avait raison !

    Fin
    G. B

    Dernière publication sur 1.Bonjour de Sougueur : Mon bébé, Justin, me manque beaucoup

    Répondre

Laisser un commentaire

Les livres de K79 |
liremapassion |
Le phaéton véloce |
Unblog.fr | Annuaire | Signaler un abus | Des histoires plein la tête.
| Oaristys
| jonathanjoyeux