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La nouvelle de Boulki Ghazi Les naufragés de la route

26 avril 2012

Boulki Ghazi, EXTRAITS

Le car s’arrête brusquement,  en pleine campagne.

L’autobus se mit à ahaner comme un vieux qui escaladerait un chemin en pente, il s’arrête, puis sous les coups d’accélérateur du chauffeur fait encore l’effort de rouler. Mais quelques mètres plus loin, il rend son dernier soupir.
Le chauffeur a beau s’efforcer, il n’arrive plus à le faire démarrer. Le receveur s’approche de lui.
- Des problèmes ?
- Je crois que c’est le disque d’embrayage…
Omar, assis à l’avant, l’a entendu. Il se redresse, pour s’approcher du chauffeur.
- C’est grave ?
C’est le receveur qui répond.
- Non, non… On va vérifier…
Tandis que les deux hommes descendent ouvrir le capot, des voyageurs se lèvent.
- C’est la panne ?
Omar, à qui on s’adresse, est embarrassé.
- Je ne sais pas, je crois que c’est le disque d’embrayage…
- C’est réparable ? ça va prendre beaucoup de temps ?
La jeune fille qui a posé la question est si désemparée que Omar cherche à la rassurer.
- Non, je ne le pense pas !
- On m’attend…
- Ne vous inquiétez pas, le chauffeur doit s’y connaître en mécanique.
- Vous ne pouvez pas aller demander ?
- Bien sûr…
Il descend. Il arrive juste au moment où le chauffeur lance un juron :
- Le disque est brisé !
Il se redresse, les mains noires de cambouis, les lèvres crispées de colère.
- Bien sûr, on nous donne des bus en ruine et on nous envoie au bout du monde ! Ce n’est pas eux, bien calés dans leurs bureaux, qui affrontent les difficultés !
Il aperçoit Omar.
- C’est plus grave que vous ne croyiez ?
- On va trouver une solution…
Omar insiste.
- Les voyageurs sont inquiets !
- Ce n’est pas de ma faute !
D’autres passagers descendent de l’autobus.
- Alors, vous avez réparé ?
- On va repartir ?
Un vieux monsieur regarde sa montre.
- Il est quinze heures… L’autobus devrait arriver à dix-huit heures… Vous croyez qu’on arrivera à rattraper le retard ?
Le chauffeur ne répond pas. C’est le receveur qui tente de rassurer les passagers.
- Remontez dans le car, nous allons voir ce qu’il convient de faire !
Tous remontent. La jeune fille qui a interrogé Omar a compris que la panne est grave.
-Mon Dieu qu’allons-nous devenir ?

 

À propos de Artisan de l'ombre

Natif de Sougueur ex Trézel ,du département de Tiaret Algérie Il a suivi ses études dans la même ville et devint instit par contrainte .C’est en voyant des candides dans des classes trop exiguës que sa vocation est née en se vouant pleinement à cette noble fonction corps et âme . Très reconnaissant à ceux qui ont contribué à son épanouissement et qui ne cessera jamais de remémorer :ses parents ,Chikhaoui Fatima Zohra Belasgaa Lakhdar,Benmokhtar Aomar ,Ait Said Yahia ,Ait Mouloud Mouloud ,Ait Rached Larbi ,Mokhtari Aoued Bouasba Djilali … Créa blog sur blog afin de s’échapper à un monde qui désormais ne lui appartient pas où il ne se retrouve guère . Il retrouva vite sa passion dans son monde en miniature apportant tout son savoir pour en faire profiter ses prochains. Tenace ,il continuera à honorer ses amis ,sa ville et toutes les personnes qui ont agi positivement sur lui

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5 Réponses à “La nouvelle de Boulki Ghazi Les naufragés de la route”

  1. Artisans de l'ombre Dit :

    ———————————————–02…………………
    Le bus est arrêté, les voyageurs sont angoissés : est-ce la panne ?

    Le chauffeur et le receveur, après un long conciliabule, finissent par remonter dans le bus. Les questions se mettent aussitôt à fuser : le bus est-il réparé ? Va-t-on enfin repartir ? Il se fait tard, et en ces mois d’hiver, le soleil ne va pas tarder à se coucher. Il y a même la jeune fille qui, d’une voix pleurnicharde, parle de son père qui l’attend…
    - Du calme, du calme…, dit le chauffeur.
    - Alors, nous allons repartir, oui ou non ?
    La question a été posée par un vieil homme emmitouflé dans son manteau. Il a parlé d’une voix si forte que tout le monde s’est retourné pour le regarder. Le chauffeur, cette fois, n’hésite pas à parler.
    - Mon disque d’embrayage est cassé…
    - Et alors ? Vous devez avoir une pièce de rechange…
    - Hélas, non, grand-père, on n’emporte pas des disques d’embrayage avec soi !
    Les passagers s’énervent de nouveau : on n’allait tout de même pas passer la nuit ici, en rase campagne, il commence déjà à faire froid, il y a des femmes et des enfants, et cette jeune fille que son père attend…
    - Du calme, dit encore le chauffeur.
    - Des bus vont passer par là, ils nous prendront…
    - Nous sommes nombreux… Ils prendront tout le monde ?
    - Oui, ne vous inquiétez pas, nous nous serrerons mais ils nous prendront tous !
    Le vieux qui a capté l’attention un moment lève.
    - Je descends me dégourdir les jambes… D’autres le suivent. Omar s’est approché de la jeune femme.
    - Vous arriverez en retard, mais l’essentiel n’est-il pas de partir ?
    Elle pousse un soupir.
    - C’est bien ma chance, c’est la première fois que je voyage seule…
    Elle regarde sa montre.
    - L’heure de l’arrivée du car approche… Mon père doit être à la gare…
    - Il aura compris que le car a du retard !
    - Ah, si seulement on pouvait téléphoner !
    - N’espérez pas trouver une cabine téléphonique dans ces parages !
    Omar l’invite à descendre se dégourdir les jambes.
    - Vous avez raison !
    Il l’accompagne. Elle regarde autour d’elle.
    - Comme c’est vide, dit-elle.
    Elle ramène le col de sa veste sur son cou.
    - Il fait froid…
    - Alors retournez dans le car…
    - Non, non, je préfère humer l’air… Je me sens comme angoissée dans ce bus…
    - Vous êtes étudiante ? dit Omar
    - Oui, je retourne dans ma famille pour les vacances… Mon père va penser que j’ai eu un accident…

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  2. Artisans de l'ombre Dit :

    ………………………………………03…………………………………………..
    Voilà un long moment que le car est immobilisé. Les passagers attendent dans l’espoir de voir arriver un autre car, mais au bout de deux heures, on ne voit rien venir. Comme il commence à faire très froid, certains voyageurs sont remontés. La jeune fille s’est mise à pleurer doucement. Omar s’est approché d’elle.
    - Courage, lui dit-il.
    - Mon père doit être inquiet, si seulement je pouvais l’informer de la situation…
    - Un bus va finir par passer…
    - À cette heure ? Je ne pense pas…
    Une femme s’est mise à geindre.
    - Elle est malade, dit la jeune fille. Elle ne supportera pas le froid de la nuit.
    - J’ai vu tout à l’heure un panneau indiquant une agglomération… Au lieu d’attendre un hypothétique bus, on aurait dû aller chercher du secours.
    Il va retrouver le chauffeur et le receveur et leur fait part de sa proposition.
    - Le village ne doit pas être loin… On pourra téléphoner !
    - J’y vais, dit le receveur.
    - Je vous accompagne, dit Omar.
    Il monte dans le bus chercher son manteau et la lampe de poche qu’il a toujours dans son cabas. Il murmure à la jeune fille :
    -Nous partons chercher du secours…
    La nuit commence à tomber. Les deux hommes s’éloignent. Omar se rappelle bien le panneau qu’il a vu avant que le bus ne tombe en panne.
    - C’est dans cette direction.
    - Vous êtes sûr d’avoir bien lu ?
    - Oui, j’ai une bonne vision et une bonne mémoire…
    La nuit tombe brusquement. Il y a quelques instants encore, on pouvait apercevoir les arbres et les rochers : mais maintenant tout a sombré dans le noir. Le receveur est inquiet.
    - Nous allons nous perdre !
    - Non, ne vous inquiétez pas…
    - Allumez au moins votre lampe…
    - Je préfère économiser les piles !
    Ils s’arrêtent au détour d’un sentier. On aperçoit une masse sombre qui se détache. Omar allume sa lampe.
    - C’est le village !
    - Ouf, dit le receveur, je croyais qu’on s’était égaré…
    - On pourra peut-être téléphoner…
    Le receveur est perplexe.
    - Vous avez remarqué, il n’y a aucune lumière…
    - Les gens doivent dormir…
    - Ou alors, ils n’ont pas de courant électrique…
    Il réfléchit.
    - S’ils n’ont pas d’électricité, ils ne doivent pas avoir de téléphone !
    - Nous allons bien voir, dit Omar.

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  3. Artisans de l'ombre Dit :

    -……………………………………………05………………………………….
    Le receveur et un passager entrent dans un village…

    L’entrée du village apparaît : les premières maisons sont en ruine.
    - C’est un village abandonné ? dit le receveur.
    - Ce sont les premières maisons…
    - Vous voulez vraiment entrer dans ce village ?
    Omar le regarde et sourit ironiquement.
    - Vous avez peur ?
    - Non, bien sûr !
    - Alors avançons !
    Mais les autres maisons sont également en ruine. On trouve enfin une bâtisse qui semble tenir sur ses fondations. La lampe de Omar éclaire une lourde porte en bois sculpté, avec une plaque en fer.
    - On ne pouvait pas mieux tomber : c’est le cabinet d’un médecin !
    - Mais cette maison ne semble pas habitée !
    Comme pour le démentir, on entend un bruit sourd.
    - Il y a quelqu’un, dit Omar.
    Il se met à frapper. Mais personne ne répond. Le receveur se met à crier :
    - Aidez-nous, nous sommes tombés en panne !
    Il lève la tête.
    - Il y a une fenêtre…
    Omar dirige le faisceau de sa lampe vers la fenêtre. Il lui semble que quelqu’un les regarde des interstices des persiennes. Le receveur a aussi cette impression.
    - Il y a quelqu’un !
    - Mais pourquoi ne répond-il pas ?
    Le receveur sursaute : il vient d’apercevoir une forme se glissant derrière une maison.
    - Quelqu’un vient de passer !
    Il se met à crier :
    - S’il vous plaît, nous avons besoin d’aide !
    Mais personne ne répond.
    - Je suis sûr que j’ai vu quelqu’un…
    - Ce n’est qu’une ombre…
    - Une ombre ? Mais de qui ? dit le receveur avec angoisse.
    Omar est embarrassé : lui aussi se sent mal à l’aise.
    - Qu’allons-nous faire ? dit le receveur.
    - Je crois que le village est réellement abandonné… Nous devrions repartir.
    Ils rebroussent chemin. Ils doivent faire attention pour éviter les blocs de pierre qui encombrent les rues. Tous les deux s’arrêtent brusquement : ils ont la sensation d’être suivis. Omar se retourne : il n’y a personne !
    - Vous aussi vous avez entendu le bruit de pas ?
    - Ce n’est qu’une impression, dit Omar, qui s’efforce de maîtriser sa peur.
    - Pressons le pas, dit le receveur…
    Il leur semble que la route s’est considérablement allongée. Enfin, ils aperçoivent la masse du bus, perdu dans la campagne.

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  4. Artisans de l'ombre Dit :

    …………………………………….06…………………………………………………

    Un passager a été attaqué, alors qu’il s’est éloigné du bus.

    On s’exclame :
    - Qui vous a attaqué ?
    L’homme balbutie :
    - Je ne sais pas…
    On le regarde, surpris.
    - Vous ne savez pas ?
    - Non… J’ai entendu un bruit de pas… Je croyais que c’était un autre passager qui venait se soulager… Une ombre s’est approchée…
    Il s’arrête pour reprendre sa respiration.
    - Et c’était quoi, cette ombre ? demande une femme, d’une voix angoissée ?
    - Ce n’était…rien… Enfin, il n’y avait pas de corps ! Juste une ombre qui m’a bousculé…
    Une femme s’exclame :
    - Un fantôme !
    - Plutôt un djinn, rectifie un vieux monsieur.
    Alors des passagers se mettent à crier. On intime l’ordre au chauffeur de boucler les portes, d’éteindre les lumières.
    - Du calme, dit le chauffeur.
    Le tumulte dure un moment, puis le calme revient. Omar s’est approché de la jeune fille avec laquelle il a sympathisé.
    - ça va ? Pas trop angoissée ?
    Elle a les yeux rougis tant elle avait pleuré.
    - Que voulez-vous que je fasse ?
    - Prends ton mal en patience…
    Elle hoche la tête.
    - Que pensez-vous de ce que le monsieur a vu ?
    - Il a dû être victime d’une hallucination…
    Elle frissonne.
    - Je vous avoue que j’ai peur !
    - Vous ne devriez pas… Je vous conseille d’essayer de dormir un peu…
    - Je vais essayer mais je ne pense pas y arriver… Je pense à mes parents. Ils doivent être fous d’inquiétude !
    Elle se cale sur son siège. Omar rejoint le sien. Maintenant que le calme est revenu, il essaye de penser à tout ce qui vient de se passer. A-t-il été victime, ainsi que le receveur, d’une hallucination ? Pourtant, il ne se laisse pas influencer aussi facilement… Il veut bien mettre cela sur le compte de la fatigue et de l’énervement, et il se dit que le lendemain, quand il repartira, tout cela ne sera plus qu’un souvenir. On a éteint les lumières du bus et certains, vaincus par la fatigue, ont commencé à ronfler. Même la femme malade ne geint plus…
    - Vivement demain, se dit Omar.
    Il ferme les yeux, décidé à dormir. C’est alors que le bus est secoué violemment, comme si un mastodonte essayait de le renverser. Les gens se réveillent en sursaut et se mettent à crier.

    - Allumez !, crie Omar.

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  5. Artisans de l'ombre Dit :

    …………………………………………….07…………………………………..
    Dans la nuit, le bus est secoué…

    On allume les lumières. Le bus est toujours secoué.
    - C’est un tremblement de terre ? demande quelqu’un.
    Mais les cris sont si forts qu’on ne l’entend pas. Tout s’arrête brusquement. On se regarde…
    - C’est un tremblement de terre ? reprend la voix.
    Une femme répond :
    - Non, je ne crois pas…
    - Mais alors, qu’est-ce que ça peut être ?
    Tout à coup, le monsieur surpris tout à l’heure pointe le doigt sur une fenêtre et crie :
    - Regardez !
    On s’amasse à la fenêtre : on voit alors des ombres gesticuler au clair de lune qui vient de se lever.
    - Qu’est-ce que c’est ?
    - C’est comme l’ombre qui m’a bousculé !
    Quelqu’un émet l’hypothèse qu’il s’agit peut-être de villageois.
    - Des villageois ? Que viendraient-ils faire ici, en pleine nuit ?
    - Et puis, pourquoi gesticuleraient-ils au lieu de nous porter secours ?
    C’est alors que quelqu’un crie :
    - Il s’agit de fantômes !
    C’est de nouveau la panique. La jeune fille, tremblante, se serre contre Omar.
    - Éteignez les lampes !
    Le bus est de nouveau plongé dans le noir.
    - Les portes sont bien fermées ? gémit la jeune fille.
    - Oui, ne vous inquiétez pas !
    On se serre les uns contre les autres. Les formes finissent par disparaître. Mais les voyageurs ne sont pas au bout de leur peine. De temps à autre le bus est violemment secoué. Une fois même on a eu l’impression qu’un énorme oiseau, dont on a entendu le battement des ailes, s’est posé sur le toit, faisant un bruit d’enfer.
    - C’est insupportable, gémit la jeune fille.
    - Il faut tenir jusqu’au matin, dit Omar.
    Personne ne dormira le reste de la nuit, même la femme malade. Enfin, on aperçoit les premières lueurs de l’aube, mais personne n’ose sortir. Il faut attendre encore deux heures avant que quelqu’un ne passe. On ouvre les portières et tous se précipitent dehors :
    - Arrêtez ! Arrêtez !
    Le bus s’arrête. Le chauffeur descend.
    - Vous êtes en panne ?
    - Nous avons passé la nuit ici !
    - On veut bien prendre ces naufragés de la route mais on les avertit qu’il n’y a pas assez de places assises.
    - Nous partirons debout ! s’exclament en chœur les voyageurs.
    Ils sont si pressés de partir que le chauffeur leur dit en plaisantant :
    - On a l’impression que vous avez vu des fantômes !
    - Vous ne croyez pas si bien dire, sourit Omar.

    Fin
    G. B.

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