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- Publié le Lundi, 30 Avril 2012 10:31
- Écrit par Didi Baracho

Par Didi Baracho
Je ne vais pas tourner autour du pot ni autour de ma bouteille de Vodka. Certains d’entre vous se sont posés la question quant à cette absence de quatre jours. J’apporte le démenti le plus formel : je n’étais pas dans les sous-sols de la maison en verre des généraux M. dit T. et T. dit B. L’histoire est beaucoup plus simple, après une mémorable cuite, qui restera certainement dans les annales de mon histoire fortement alcoolisée, j’ai fait un coma éthylique très sévère qui a duré quatre longues journées et quatre longues nuits. Mon profond sommeil entrecoupé par de courts instants de lucidité au cours desquels je n’ai fait que vomir, m’a poussé à déconnecter de la vie réelle pendant quelques jours.
Je ne me souviens pratiquement de rien. Je ne sais presque plus qui je suis ni même où j’habite. Enfin, n’exagérons rien, malgré cette gueule de bois, je n’ignore pas ma condition d’Indigène vivant en Corée Saoudite sous le diktat d’un pouvoir colonial qui spolie nos biens et nos richesses. Ce sont là des constantes qu’on n’oublie pas même après la mort.
Je sais aussi que la fraude et donc le boycott, c’est dans dix jours. Je n’ai pas oublié non plus que notre monarchie théocratique est dirigée par un sultan dont le nom comme par B. et se termine par A. Ce sont là, les B.A-BA qu’on apprend aux enfants dès leur naissance.
Un rapide tour d’horizon après mon réveil m’apprend que la situation est très tendue à Jijel. Le pays de Louisa Hanoune est en pleine ébullition. J’apprends aussi que les listes des courtisans se multiplient, mais que les soi-disant candidats n’arrivent pas à faire campagne. J’ai appris que la mort cérébrale du FFS a été constaté à Tizi Ouzou, mais aussi qu’Ouyahia est vomi y compris par ceux qui n’ont jamais bu une seule goutte d’alcool.
Ahmed Ouyahia justement ! Comparable à un mauvais vin qu’on vous force à boire alors que vous avez déjà dans le sang un demi siècle de Ben Bella, Boumediène, Chadli, Belkhadem et consorts. Comment voulez-vous ne pas tout dégueuler à la fin et ne pas dégager tous ces arômes accumulés pendant plusieurs années. En écoutant ses discours, mélangés aux échos d’un Abdelaziz Belkhadem, eux-mêmes mixés à ceux d’un Soltani, vous êtes forcément victime d’un cocktail de mauvais goût.
C’est ce que j’essaye d’expliquer à nos amis H’mida Layachi, Lounès Guemache, Ali Fodhil et Anis Rahmani, les quatre journalistes que nous envient tous ceux qui vomissent la presse indépendante. Mais rien n’y fait. En lisant leur commentaire et en constatant le traitement qu’ils consacrent à l’information, j’ai presque envie d’appeler notre confrère français Edwy Plenel pour lui conseiller de prendre de la graine de ces professionnels qui ont fait passer la propagande d’un monde artisanal à un mode quasi industriel.
Pour passer les jours qui nous restent avant la fraude électorale du 10 mai et le boycott massif qui l’accompagnera, je vais donc me gaver de vitamine C, histoire d’avoir un peu d’énergie pour affronter l’inconnu. Oui parce que nous allons vers l’inconnu. Mais ça, c’est une autre histoire. Alors, malgré tout, vive les Indigènes !
30 avril 2012
Didi Baracho