Alors, il se retourna vers ses amis qui le vendirent contre un rictus d’excuses. Alors il se donna le luxe d’être indigné, puis constata que c’était vraiment du chiki, lui qui a toujours refusé les chikayette. Alors, il écrivit des lettres ouvertes pour les journaux fermés sur leurs nombrils publicitaires. Puis il attendit. Alors, il signa des pétitions à répétitions, à défaut de chèques. Puis marcha dans les rues avec les autres pour revendiquer, puis tout seul pour oublier. Puis il pleura. Mais cela ne changea rien à la couleur du ciel. Puis il s’assit au seuil de sa maison en retard de paiement de crédit. Et il repensa. Que faire quand que faire est brûlé, et faire queue pour tout devient seconde nature ? Puis il commença ses châteaux d’Espagne avec un jeu Monopoly usé. Puis il fuma sa dernière cigarette et proféra son dernier blasphème. Sur ses quatre enfants, deux étaient scolarisés. Les deux autres étaient en salle d’attente. Puis il visita les cimetières. Et il s’interrogea pourquoi les morts ne disent pas ce qui les a tués. Avant de s’apercevoir que même les morts refusent de parler avec les retraités compressés…
Alors, il installa une table pour vendre au détail des cigarettes qu’il a fini par griller avec des allumettes importées de Turquie. Alors, se considérant étranger, il songea au Sud. Mais le Grand Sud était pour d’autres étrangers, étrangers. Puis il pensa mettre fin à ses jours, mais cela ne mettait pas fin à sa misère. Alors, il alluma une bougie à l’occasion du prochain 1er Mai et brûla ses fiches de paie pour mieux éclairer les sentiers qui vont mener les futurs retraités au moins-que-parfait à défaut de passé simple.
30 avril 2012
El Guellil