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La nouvelle de Yasmina Hanane Kaleidoscope

1 mai 2012

EXTRAITS, Yasmina Hanane

Par : Yasmine HANANELa nouvelle de Yasmina Hanane     Kaleidoscope dans EXTRAITS 3035_200_150

Hadjer regardait  par la fenêtre de son bureau .La pluie torrentielle qui se déversait sur la ville la rendait songeuse. Elle imaginait le froid qu’il faisait dehors et frissonna  tout en s’estimant bien heureuse d’être au chaud dans son bureau.  Elle jette un coup d’œil à sa montre bracelet, et constate que l’heure de sortie n’était plus très loin. 
- Brrr….. quel sale temps … !trans Yasmina Hanane dans Yasmina Hanane
- Quelqu’un vient te chercher… ? Demande Fella…sa collègue de bureau
- Non personne..
- Avec cette pluie,  par ce froid ton père ou un de tes frère devrait y penser …
- Non… personne ne pensera à venir me chercher, ni mes frères, ni mon père…tu parles, on a déjà vu des saisons pluvieuses les unes plus critiques que les autres, et à chaque fois j’ai dû me débrouiller seule pour rentrer…cette fois-ci encore, je vais devoir me rabattre sur un taxi.
- Et….et ton mari… ?
- Mon mari… ? Tu veux rire… il ne l’est encore que sur papier…
- Tout de même c’est ton mari Hadjer…appelle-le et demande lui de venir te récupérer…
- Jamais de la vie…Je n’oserais jamais l’appeler, c’est un être insignifiant pour moi…
Fella lui jette un regard perplexe :
- Je ne te comprendrai jamais Hadjer…tu accordes ta main à quelqu’un que tu n’aimes pas, et tu te prépares à consommer ton mariage, alors que cet homme ne représente rien pour toi…quelle énigme !
Hadjer pousse un soupir à fondre l’âme :
- Tu connais l’histoire ; Fella…tu sais bien que c’est un choix familial… Je ne pourrais jamais outrepasser les décisions paternelles. Cet homme est un  fils à papa, et moi que pourrais-je faire devant une décision qui a été prise alors que j’étais encore au  berceau. Compatissante Fella éteint son micro-ordinateur, et vint s’asseoir en face de sa collègue :
- Tu devrais en discuter avec lui… vous n’êtes pas des animaux, et c’est lui qui doit trancher dans cette
affaire qui ne concerne que vous deux….
Hadjer se met à ricaner :
- Ah.. ah.. ah… laisse-moi rire.. j’imagine  très mal Salim trancher dans cette affaire… c’est une mauviette qui ne sait qu’obéir à ses parents au doigt et à l’œil. Le genre de fils modèle  soumis corps et âme à ses parents…
- En somme, un bon argument pour toi pour mettre fin à cette relation… n’est-ce pas  Hadjer ? Un homme doit être homme sur toute sa longueur, il doit être l’ami, le protecteur, le confident, avant d’être le mari…. bien sûr je ne dénigre pas ceux qui respectent leurs parents, ce serait plutôt une bonne qualité, mais tout de même, se soumettre corps et âme à des décisions qui concernent  l’avenir de deux personnes…
- Tu vois… j’avais donc raison de le mépriser..
- Oui.. enfin je veux dire qu’il faudrait plutôt voir les choses en face…
- Mais que pourrais-je donc faire Fella… ?
- Eh bien discuter avec tes parents… leur expliquer que ce mariage ne tient pas debout.
- Oui… mais je l’ai déjà fait.
- Alors… ?
- Alors ma mère s’est affolée, et mon père m’a menacé de m’expulser de la maison et de me renier si je refuse un mariage conclu le jour de ma naissance .
- Vaut mieux être seule que mal accompagnée… S’exclame Fella, tu n’as qu’a quitter la maison, puisque personne ne semble se rendre compte de ta délicate situation.
- Oui… mais où vais-je aller si jamais je suis expulsée de chez-moi.  Et puis mes frères auront vite fait de me massacrer si j’arrive à cette résolution.

 

À propos de Artisan de l'ombre

Natif de Sougueur ex Trézel ,du département de Tiaret Algérie Il a suivi ses études dans la même ville et devint instit par contrainte .C’est en voyant des candides dans des classes trop exiguës que sa vocation est née en se vouant pleinement à cette noble fonction corps et âme . Très reconnaissant à ceux qui ont contribué à son épanouissement et qui ne cessera jamais de remémorer :ses parents ,Chikhaoui Fatima Zohra Belasgaa Lakhdar,Benmokhtar Aomar ,Ait Said Yahia ,Ait Mouloud Mouloud ,Ait Rached Larbi ,Mokhtari Aoued Bouasba Djilali … Créa blog sur blog afin de s’échapper à un monde qui désormais ne lui appartient pas où il ne se retrouve guère . Il retrouva vite sa passion dans son monde en miniature apportant tout son savoir pour en faire profiter ses prochains. Tenace ,il continuera à honorer ses amis ,sa ville et toutes les personnes qui ont agi positivement sur lui

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42 Réponses à “La nouvelle de Yasmina Hanane Kaleidoscope”

  1. Artisans de l'ombre Dit :

    ————————————02———————————–

    Fella prend un air sérieux avant de lancer :
    - Très bien, je vais donc résumer la situation : Il pleut des cordes et personne ne pense à venir te chercher. Ton père reste au chaud dans son lit et tes frères se baladent ailleurs, tu vas devoir te débrouiller seule contre vents et marées pour rentrer chez-toi…
    - Hum… tu y vois un inconvénient ?
    - Non.. mais juge par toi-même de la chose : Quand tu as besoin d’eux, personne n’intervient. Mais quand il s’agit de ton avenir, c’est eux qui décident pour toi !
    - Oui, mais qu’es-ce que ce tu veux, c’est notre société qui veut ainsi.
    - Pas notre société, c’est nous-mêmes qui persistons à agir de cette manière. Nous acceptons, nous nous soumettons et la roue continue de tourner au grè du vent des traditions et des tabous… Il est temps pour nous de mettre le holà sur toutes ces bizarreries d’un autre temps.
    - Facile à dire, Fella… Mais qui doit commencer ? Moi ?
    - Pourquoi pas, répond Fella, tu seras l’héroïne de toute une génération de femmes soumises.
    - Charmant. Ce sont mes frères qui seront contents.
    - Et Salim ?
    - Oh, celui-là ne mérite même pas qu’on parle de lui.
    - Mon Dieu, Hadjer… Tu es aussi malheureuse que ça ?
    - Bien plus que tu ne le penses !
    - Je n’aimerais vraiment pas être à ta place ma chérie… Secoue-toi un peu, il faut faire quelque chose avant qu’il ne soit trop tard.
    Hadjer secoue ses boucles brunes.
    - Il n’a plus rien à faire… les choses sont déjà bien avancées… Je vais devoir vivre le reste de mon existence avec un être répugnant et incapable d’agir par lui-même.
    Fella ouvrit de grands yeux étonnés :
    - Tu acceptes Hadjer ?
    - Mais enfin Fella que veux-tu que je fasse… J’ai tout tenté sans succès.
    - Lui en as-tu parlé ? Lui as-tu expliqué que tu ne l’aimais pas ? que tu ne pourrais jamais vivre avec lui… ?
    - Oui, des fois. Enfin, disons à chaque fois que j’ai pu le rencontrer.
    - Tu le vois souvent ?
    - Pas du tout, une fois par hasard quand cela s’avère nécessaire. La dernière fois où je l’ai vu c’était lors du décès de sa grand-mère, cela remonte à…
    Elle s’interrompe essayant de se remémorer le temps écoulé depuis cet évènement.
    - Cela remonte à trois mois déjà…
    - Trois mois, tu ne l’as plus revu depuis ?
    - Non, mais pourquoi veux-tu que je le revois ? Nous n’avons vraiment rien à nous dire !
    - Ma pauvre chérie, je te plains vraiment et ce drôle de coco, il ne peut pas faire un geste ? Il ne peut pas t’appeler au moins pour avoir de tes nouvelles ?
    - Il a essayé, mais vu mes réticences, il n’a plus rien tenté. Je n’en ai que faire de ses coups de fil.
    - N’a-t-il donc pas compris que tu ne tenais pas tellement à lui ?
    - Mais si ! mais enfin, disons qu’il est lui aussi sous le joug paternel. Une décision de son père est toujours sacrée. N’empêche qu’à chaque fois qu’on se rencontre, il essaye tout de même d’être agréable avec moi. Un jour il a été jusqu’à m’offrir un parfum de marque que j’ai poliment refusé, bien sûr ! Fella sourit tendrement :
    - Il doit être malheureux quelque part lui aussi.
    - Je n’en doute pas. Mais disons qu’il est malheureux autrement…
    - Comment cela ?
    - Eh bien, un jour il m’a avoué qu’il n’était pas contre la décision de nos parents parce que je suis une jolie fille, et qu’il commence à vraiment m’apprécier.
    - Tiens, tiens ! Et que lui as-tu répondu ?
    - Que moi je ne l’appréciais pas du tout et qu’il pouvait aller chercher ailleurs !
    - Eh bien ! Ce pauvre bougre doit souffrir énormément.
    - Tant pis pour sa gueule… Ce n’est pas moi qui tire les rênes. Il doit comprendre que je ne suis pas la femme qu’il lui faut et s’il l’a déjà compris, il n’a qu’à devancer les choses… Je ne veux pas vivre avec cet homme, Fella.

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  2. Artisans de l'ombre Dit :

    ——————————03———————————————–
    Fella secoue sa tête avec un air de fatalité.
    - Il le faut pourtant, puisque les choses semblent être déjà bien parties.
    - Tu veux que je te dise, Fella ?
    - Quoi ? demande sa collègue les yeux écarquillés.
    - Eh bien, je crois que cet homme ne mérite ni mon amour ni ma fidélité. Je sens d’ores et déjà que je n’hésiterais pas à le tromper à la première occasion.
    Intriguée par la révélation de Hadjer, Fella garde le silence. Elle ne savait d’ailleurs quoi répondre à cette collègue, qui vient de se confier à elle en toute franchise. Révoltée, Hadjer l’était, c’est une chose qu’on ne pourrait dénier. C’était déjà l’heure de la sortie. La pluie continuait de tambouriner contre les fenêtres et, pire encore, un grand vent s’est levé, entraînant avec lui un froid sibérien.
    Hadjer enfile son manteau et ses gants, puis s’empare de son parapluie.
    - J’espère que je trouverais un taxi, lance-t-elle.
    - Un taxi dans les parages ? Autant chercher une aiguille dans une botte de foin. Avec ce froid et cette pluie, tu ne risques pas de rentrer chez toi de sitôt, lui répond Fella.
    - Pourtant, c’est la seule solution qui me reste. Tu me vois marcher sous cette pluie et ce vent ? Il aura vite fait de m’emporter.
    Le téléphone se met à sonner et Hadjer décroche.
    - Allo… oui… ne quittez pas… Elle tendit le combiné à
    Fella, c’est pour toi…
    Cette dernière s’empresse de prendre la communication :
    - Allo… oui… je suis au bureau. Tu viens tout de suite alors ? OK, à tout de suite !
    Elle raccroche, et un sourire illumine ses lèvres .
    - C’est Kamel, mon frère ; il vient me récupérer ! Pour une fois, il a pensé à moi .
    - Voyon, Fella, tu habites à deux pas…
    - Je sais ! Mais aussi frileuse que je suis, j’appréhendais déjà le retour.
    - Hum… que dirais-je alors, moi ?
    - Rien, toi aussi tu es gâtée aujourd’hui.
    - Comment ça ?
    - Eh bien, petite coquine, tu vas rentrer avec moi… Je vais demander à Kamel de te déposer devant chez toi… Cela te va ?
    - Et comment ! Une véritable aubaine, à condition que cela ne dérange personne.
    - Mais non… Cela ne me dérangera pas du tout. Et je suis certaine que Kamel sera de mon avis. On n’a pas idée de laisser une jeune fille traîner dans les rues par ce temps.

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  3. Artisans de l'ombre Dit :

    ———————————–04—————————————

    Quelques minutes plus tard, les deux jeunes filles descendirent à la réception en attendant patiemment que Kamel arrive Ce dernier ne tarde d’ailleurs pas à se montrer dans une belle Saxo de couleur rouge.
    - Viens Hadjer, c’est mon frère lui dit Fella en la tirant par le bras.
    - Ah! il a une belle voiture !
    - Et lui, comment le trouves-tu ?
    - Quelle question ! Laisse-moi d’abord le voir….
    Elle monte à l’arrière du véhicule et Fella qui s’est tout bonnement installé sur le siège du passager, fit les présentations :
    - Ta copine est très belle, dit Kamel à sa sœur, tout en jetant un coup d’œil à son rétroviseur.
    Hadjer rougit, mais ne perd pas son assurance pour lancer sur un temps taquin :
    - Ton frère est très beau, Fella !
    La réplique amusa cette dernière qui se me à rire franchement .
    - Vraiment ? Vous vous payez ma tête, vous deux…
    - Je ne sais pas si je me paye ta tête, Fella, mais ta collègue est vraiment séduisante N’est-ce pas mademoiselle….
    Hadjer se retint à temps. Elle avait failli dire au jeune homme aux yeux de braises qui n’avait pas cessé de scruter son rétroviseur pour lui jeter des regards enflammés, que le séduisant était plutôt lui. Kamel est effectivement un d’homme dont rêvait toute jeune fille normale…. C’était ce genre d’hommes avec qui on n’aimerait partir dès le premier regard. Hadjer sentit une onde de chaleur envahir son corps…. Elle se sentait si proche de cet homme qu’aucun obstacle moral ne pouvait l’arrêter… Dès cet instant, dès ce
    premier regard, elle savait qu’elle voulait cet homme… Elle n’arrivait d’ailleurs pas à s’expliquer cet engouement subit pour une personne qu’elle venait à peine de rencontrer et qu’il y a à peine cinq minutes, elle n’avait pas soupçonné l’existence. Le jeune homme la regardait toujours dans son rétroviseur.
    - Alors, on garde le silence ? On est timide ?
    - Pas du tout… pas du tout… je ne suis pas timide réplique Hadjer. Mais comme on vient à peine de faire connaissance….
    - On a toute la vie pour se connaître, n’est-ce pas ?
    - Oh…euh…oui…mais…je…
    - Ne dites rien, laissez les choses venir…Vous vous appelez comment déjà…Ah ! Hadjer… un nom qui n’est pas très courant d’ailleur et que je trouve mélancolique…
    - Pourquoi donc ?
    - Eh bien, cela fait penser à l’étranger… à l’émigration….
    Hadjer sourit. Ce jeune homme avait vu juste.
    - Effectivement quand je suis née, mon père vivait sous d’autres cieux. Il avait émigré de longues années avant de revenir au bled.
    - Hum je vois… et on vous a affublé de ce prénom.
    - Eh bien, je ne le trouve pas mauvais moi…
    - Moi non plus !
    Il s’arrête au bord d’un trottoir et se tourne vers elle :
    - Excusez-moi Hadjer, je vais vous paraître bien bavard et trop entreprenant peut être… Je ne suis pas du tout ce que vous pensez… mais je ne sais pas ce qui m’a pris aujourd’hui…Je viens de vous rencontrer et ma langue est devenue bien pendue. Mais qu’es ce qui m’arrive donc ?
    Hadjer pensait la même chose. Elle-même s’était empressée de discuter avec cet homme qu’elle venait à peine de rencontrer, sans aucune hésitation, sans aucun complexe.
    On dirait qu’elle l’avait toujours connu . Sans la présence de sa collègue Fella, elle se serait cru en train de rêver. Cette dernière d’ailleurs les interrompe pour dire :
    - En voila des manières, Kamel…je ne t’ai jamais vu ainsi…
    - Je sais petite sœur. Mais moi-même, je n’arrive pas à m’expliquer cette situation. Hadjer est vraiment belle… et…
    - Mais tu as connu des filles aussi belles qu’elle et tu ne t’es jamais conduit de la sorte. Qu’es-ce qui te prend grand frère ?

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  4. Artisans de l'ombre Dit :

    ————————–05—————————————————

    Elle fait un clin d’œil à Hadjer. Et toi donc… depuis quand réponds-tu aux inconnus de cette manière ?
    - Heu, depuis… Allons Fella… Ton frère n’est plus un inconnu depuis le moment où tu me l’as présenté.
    - Oui… Mais pour une première rencontre…
    - Une première rencontre l’interromp son frère… dis plutôt un premier coup d’œil !
    - Hadjer est mariée, frérot…
    - Hein ? mariée ? Non je ne le suis pas encore s’exclame Hadjer… Uniquement sur papier. Le jeune homme avait pâli et ses yeux semblaient sortir de leurs orbites :
    - Vraiment ? vous êtes marié, Hadjer ? La jeune femme se sentit mal tout d’un coup. Un vertige, puis des nausées, puis une envie de vomir qu’elle refreina à temps. A la pensée de sa situation biscornue, elle était malade .
    - Oui… non… enfin… sur papier uniquement .
    - Alors vous êtes mariées, lui souffle-t-il… Vous portez le nom d’un autre homme ?
    - Non… Non… je ne le porte pas encore…
    - Mais vous avez un acte de mariage, Hadjer ? Vous êtes
    officiellement liée à un homme ?
    - Officieusement… le mot est plus correct !
    - Vraiment ?
    - Vraiment ! Votre sœur vous racontera ça plus tard….
    Il la regarde intensément, puis se détourne d’elle pour redémarrer. Fella lui indique l’adresse de Hadjer et il ne tardèrent pas à se retrouver dans son quartier en un laps de temps très court.
    - Voila, vous êtes arrivée lui lance-t-il de son rétroviseur, sans prendre la peine de se retourner.
    - Oui, merci… merci beaucoup !
    Elle descendit du véhicule, et fait un signe à Fella qui la regardait à travers la vitre du véhicule.
    Kamel redémarre et Fella lui jette un coup d’œil interrogateur avant de lancer :
    - En voila de bonnes manières Kamel…tu courtises ma
    collègue, puis tu lui reproches d’être mariée. Kamel conduisait d’une main ferme, il dépasse un
    camion, puis se rabat sur la droite avant de répondre :
    - Et que me reproches-tu au juste ? De la courtiser, et de lui avoir reprocher d’être mariée ?
    - Les deux…
    - Eh bien, dans ce cas-là je vais te répondre pour les deux choses : Et d’ une, Hadjer est une très belle femme, elle me plait énormément. Et de deux, je suis vraiment choqué de la savoir liée à un autre homme.
    - Et si elle ne l’était pas, qu’aurais-tu fait ?
    - Eh bien j’aurais tenté ma chance, pardi.
    - Ta chance pour une nouvelle aventure ? Dieu seul
    sait combien tu en cumules.

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  5. Artisans de l'ombre Dit :

    ———————————–06—————————————

    Kamel détourne les yeux. Au fond de lui-même quelque chose s’est brisé. Il ne sait pas ce que c’est et ne sait pas non plus pourquoi le fait que Hadjer soit mariée l’a choqué. Pour une fois, il n’avait aucune explication. Pourtant, de belles femmes il en a connues…
    - Tu voulais une aventure avec elle, n’est-ce pas ? reprend Fella, inébranlable.
    Kamel secoue la tête.
    - Non… je ne pense pas. Je ne sais pas comment t’expliquer, mais dès le premier coup d’œil je me suis senti tout proche d’elle. Tu vas me prendre pour un fou Fella, mais je t’assure que pour cette fois-ci, ce n’est pas du tout ce que tu penses.
    - Hum, je vois. Tu t’assagis mon frère
    - Arrête donc de commenter mes comportements sœurette. Dis-moi ce que voulait dire Hadjer par ses insinuations ?
    - Quelles insinuations ?
    - Hé bien lorsqu’elle disait que tu allais me raconter son histoire. Est-elle aussi biscornue qu’elle le parait ?
    Felle sourit.
    - Ma parole, tu tiens réellement à tout connaître sur cette femme ?
    - S’il te plaît, Fella, je veux que tu me racontes tout.
    - Eh bien mon grand, je ne consentirai à te raconter cette histoire que si tu me promets de me déposer demain en fin d’après-midi à mon cours d’anglais.
    - Je te déposerai même à la Sorbonne… Va, raconte !
    - Doucement, du calme. Nous sommes arrivés à la maison, je vais tout te raconter ce soir après dîner.
    Laisse-moi le temps de reprendre mon souffle après ma longue journée de travail.
    - Parfait. Mais ne crois pas que je vais te lâcher de si tôt…
    Fella éclate de rire.
    - Sacrée Hadjer ! se dit-elle. Pour une foi, mon frère semble réellement mordu.
    Hadjer était rentrée ce jour-là chez-elle plus tôt que prévu. Elle pouvait remercier d’ailleurs la providence d’avoir mis sur son chemin quelqu’un pour la déposer. Sinon, Dieu seul sait à quelle heure elle aurait pu arriver par un tel temps. Dehors le vent secouait les feuilles des arbres, et Hadjer rentre les plantes qu’elle avait déposées au bord de sa fenêtre. Elle frissonne et referme vite la vitre avant de retourner dans sa chambre et d’allumer le poste de télévision. Elle zappe un moment avant d’opter pour une chaîne arabe qui diffusait des variétés orientales. Elle s’allonge un instant et se surprend à repenser à Kamel. Elle revoit le sourire et le regard de cet homme qu’elle vient à peine de rencontrer. Ce type avait un physique de rêve. Que pouvait-il bien exercer comme métier ? Une question qu’elle posera à Fella dès le lendemain… se promet-elle….
    Elle rejoint sa maternelle et discute avec elle un moment. Puis s’active dans la cuisine.
    Une voisine leur rendit visite dans la soirée, et propose à Hadjer des tissus d’importation.
    - Tu devrais penser à préparer ton trousseau, le temps passe tellement vite que l’été est déjà là sans que tu t’en rendes compte.
    Hadjer secoue sa tête.
    - Cela ne m’intéresse nullement de préparer un trousseau. Sa mère s’ecrie :
    - Et quoi encore ? Cela ne t’intéresserait pas aussi de te marier ?
    - Voila qui est bien dit, mère. Du moins avec l’homme que vous m’avez choisi.
    La bonne femme lève les bras au ciel sous le regard curieux de la voisine.
    - En voilà de bien bonnes. Je crois qu’on a déjà longuement parlé de ça Hadjer. Ce sujet est clos. Tu es mariée, que tu le veuilles ou non. Tu es mariée, religieusement et officiellement tu portes le nom de cet homme. Mais qu’as-tu donc, ma fille ? Toutes les jeunes filles de ton âge rêvent de se marier.
    - Eh bien moi, non ! Je ne rêve pas. Je vois plutôt la réalité en face.
    - Eh bien la réalité est là : Tu dois épouser cet homme, c’est le choix et la décision de ton père et de ton grand-père… Comment oses-tu les désavouer après tant d’années. Ce type est un fils de bonne famille, il est gentil, travailleur et très brave… et…
    - Et très faible, et très inconscient, et irresponsable…

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  6. Artisans de l'ombre Dit :

    ————————-07————————————————–
    La vieille femme lève les mains au ciel.
    - Pourquoi dis-tu cela ?
    - Eh bien parce qu’il connaît mes sentiments envers lui… et ne veut rien faire pour mettre fin à ce mariage qui ne tient pas debout.
    - Heureusement pour toi. C’est un homme de bon sens. Salim. Sa sagacité lui a permis d’entrevoir surtout
    qu’une décision aussi sérieuse que celle de votre mariage est irrévocable. Les ancêtres ne nous pardonneraient jamais si on faisait fi de leurs engagements. Nous sommes là pour leur succéder et poursuivre leurs œuvres.
    Hadjer baisse les bras :
    - Cela suffit, mère. Je ne veux pas acheter de tissus pour le moment. J’ai tout le temps de préparer ce fameux trousseau pour lequel tu ne cesses de me harceler. Sa mère pousse un long soupir :
    - Cette conversation me fatigue Hadjer. Tu ne sais vraiment pas ce que tu veux, ma fille….. Hadjer s’enfuit dans sa chambre et s’enferme à double tour. Elle avait la bouche sèche et la langue pâteuse. C’était toujours pareil. Ses parents ne veulent rien comprendre. Elle doit courber l’échine aux dépends de son avenir et de son bonheur.
    Des larmes lui picotaient les yeux. Elle se surprend à repenser à Kamel. Ce jeune homme n’a pas fait un seul
    effort pour lui plaire. C’est venu comme çà. Il a suffit d’un simple regard pour que leurs cœurs s’emballent. Elle n’en doute pas. Elle avait tout de suite ressenti pour lui quelque chose. La même chose qu’il a dû ressentir pour elle. Une réciprocité dans leur penchant l’un envers l’autre. Est-ce çà le coup de foudre ?
    En tous les cas, ce jeune homme avait un charme fou, et ne paraissait pas du tout idiot. Des lueurs d’intelligence brillaient dans ses yeux. Ah ! ces yeux de braises aux cils recourbés ! Elle ferme ses paupières et pousse un soupir. Si seulement elle n’était pas déjà liée à cette brute qu’elle avait en horreur !
    La soirée s’annonçait houleuse. Hadjer savait d’avance que sa maman allait encore la bouder comme à chaque fois qu’il y a une prise de bec entre elles. Particulièrement quant elle aborde le sujet de son mariage. Elle s’abstient alors de quitter sa chambre, et pour
    ne pas trop penser à son avenir conjugal, elle met de la musique, et se met à feuilleter une revue féminine. Elle admire tout d’abord les belles toilettes des mannequins, et, comme toutes les femmes élégantes, rêve de les porter un jour. “ Qui sait se dit-elle en s’étirant…. je vais peut être découvrir une mine d’or quelque part, et je pourrais alors m’offrir toutes ces folies qui me passent par la tête… y compris un beau mari…”
    Elle se sourit à elle–même, puis sentit les larmes picoter ses yeux : “ Pauvre de moi… je ne suis rien qu’une petite femme malheureuse sur cette terre… Je suis venue au monde pour souffrir… Mon destin n’a jamais été gai… J’ai rencontré des hommes beaux et intelligents… et à chaque fois je fais tout pour les
    éviter, pour la simple raison que je suis mariée.” Elle éclate d’un rire nerveux… “ Mariée… et comment ! Mariée ? Plutôt offerte en cadeau de noces à un inconnu.. Un homme qui n’a rien à m’offrir sauf la souffrance de devoir partager sa vie….” Elle se lève et se mouche, puis s’allonge sur son lit et ne tarde pas à sombrer dans un sommeil des plus profonds. Pendant ce temps et de l’autre côté de la ville, Fella terminait de raconter le récit de Hajder à son frère Kamel.
    - Les gens sont encore bornés à ce point… ? s’écrie ce dernier. Mais pourquoi la force-t-on à se lier à quelqu’un qu’elle n’aime pas ? C’est un véritable crime !
    - Oui.. je sais.. mais elle n’y peut plus rien. Ses parents ont décidé pour elle, et elle se retrouve mariée à cet homme sans le vouloir.
    - Et lui, dans tout çà ?
    - Eh bien c’est pareil ; Il est soumis corps et âme à sa famille.
    - Quel imbécile ! Sait-il qu’elle ne tient pas à lui au moins ?
    - D’après Hadjer, il ne le sait que trop bien.
    - Alors pourquoi n’a-t-il rien fait ?
    - Il ne peut rien faire… Hadjer m’a même certifié qu’a un certain moment il lui a avoué qu’en fin de compte elle lui plaisait bien.

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  7. Artisans de l'ombre Dit :

    ————————————–08————————————

    Kamel hoche la tête. – Il a peut-être dit ça pour se disculper.
    - Ou c’est peut-être la réalité Kamel. Après tout,
    Hadjer n’est pas moche.
    - Et comment ! Elle est même trop belle ! dit Kamel
    dans un murmure.
    Fella le pousse du coude.
    Hé ! frérot. On dirait que tu es réellement épris.
    Le jeune homme se passe la main dans les cheveux :
    - Je ne sais pas Fella. Mais ce que je peux te certifier, c’est que quelque chose en moi a vibré dès que je l’ai aperçue. Et puis, dis-moi, comment se fait-il que je ne l’ai jamais remarquée auparavant ? Ce n’est pas la première fois que je viens te chercher au bureau.
    - Tout simplement parce qu’elle travaillait dans un
    autre service. Cela ne fait pas deux mois depuis que nous nous partageons le bureau.
    - Ah, voilà qui est plus clair !
    - Hum… Mais toi, qui cours les femmes du matin au soir, tu ne dois pas remarquer les petites fonctionnaires comme nous, tu es toujours pressé pour rejoindre le nouveau rendez-vous galant.
    Kamel sourit. C’est vrai que j’ai vécu comme un fou ces derniers temps. Je vais t’avouer quelque chose.
    Il se tut, et Fella se sentit sur des charbons ardents.
    - Je t’écoute. Que veux-tu m’avouer ?
    Il pousse un long soupir avant de dire :
    - Tu trouves normal que je me mette à courir les filles du matin au soir ?
    Fella rit.
    - Où veux-tu en venir Kamel ?
    - Eh bien, je veux que tu saches que je ne le fais pas par plaisir.
    - Hum… Va raconter ça à d’autres.
    - Je te jure que je suis sincère en te disant ça. Les filles pour moi ne représentent rien que des aventures. Des aventures de passage. Question de bomber le torse devant les copains.
    - Merci frérot. C’est gentil de dire ça à ta petite sœurette. Ceci prouve, par ailleurs, l’opinion que tu as de la gent féminine.
    - Oh, arrête ! Si j’ai une opinion sur la gent féminine à donner, elle sera bien meilleure. Je t’assure que, quelque part, j’admire toutes ces femmes qui se sacrifient pour le bonheur des autres.
    - Hum… Tu veux dire que tu admires même ces filles qui sortent avec toi, parce qu’après tout, c’est aussi un sacrifice puisqu’elles te rendent heureux pour un moment.
    - Cesse donc de me taquiner. Je parle sérieusement Fella.
    - Mais Je n’en doute pas, Kamel. Tu dois aussi admirer le sacrifice de Hadjer. Kamel relève la tête et lui lance un regard amer.
    - Non ! Ce sacrifice-là je ne l’admire pas.
    - Mais pourquoi donc ?
    - Eh bien, parce qu’elle ne mérite pas tout ce qu’il lui arrive. Elle n’a pas encore consenti à épouser cet homme. D’après ce que tu m’as raconté, elle ne cesse de le rejeter.
    - Oui. Mais que pourrait-elle faire ?
    - Oh ! il y a toujours une solution. Pourquoi s’entête-t-elle à rester chez ses parents ? Moi, à sa place, je n’aurais pas attendu longtemps pour déguerpir.
    - Oui. Mais toi, tu n’es pas une femme.
    - Et alors, où est le mal ?
    - La mal est que dans notre société, mon cher frère, la femme n’a pas toujours les coudées franches.
    - Oui. Mais parle plutôt pour ces femmes illettrées.
    Limitées dans leur savoir…
    - Non. Là tu te trompes ! Les femmes sont toutes dans la même situation dans notre société. Elles sont faciles à montrer du doigt dès qu’elles commettent un acte qui n’est pas admis dans le vocabulaire social.
    - Je comprends, mais je sais aussi qu’il y a des femmes qui se révoltent.
    - Et tu veux que Hadjer se révolte ?
    - Oui, pourquoi pas ? Elle a tous les droits de refuser
    ce mariage.

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  8. Artisans de l'ombre Dit :

    ———————————–09—————————————

    Fella pousse un soupir. – Tu m’intrigues Kamel.
    - Pourquoi donc ?
    - Eh bien, ne trouves-tu pas bizarre de parler d’une femme que tu viens à peine de connaître ? Kamel se passe la main dans les cheveux.
    - Tu veux que je te dise petite sœur ? Cette femme m’a vraiment impressionné. C’est une jeune fille très charmante, elle à des yeux de rêve et un sourire angélique. Pour la première fois de ma vie, je me sens faible devant une femme.
    Fella sourit.
    - Tu veux encore une aventure ? Le nouveau t’attire toujours ?
    - Non, pas cette fois-ci, Fella. Pas cette fois-ci. Je sens que ce n’est pas la même chose.
    - Que veux-tu donc au juste ?
    - Me stabiliser. Fonder un foyer… Je commence à me sentir vieux.
    - Depuis que tu as rencontré Hadjer il y a à peine deux heures ?
    - Deux heures ? Non, j’ai plutôt l’impression de l’avoir toujours connue.
    - Comme par hasard, et pour une fois qu’une femme te plaît au point de vouloir fonder un foyer, il se trouve qu’elle est déjà mariée. L’énigme, quoi !
    Kamel tire sur une mèche de sa sœur.
    - Mais tu vas m’aider à la conquérir, Fella…
    Elle ouvre de grands yeux étonnés.
    - Moi ! Mais que pourrais-je faire ? Je ne suis que sa collègue de bureau depuis à peine deux mois.
    - Eh bien, justement, c’est parce que tu es sa collègue de bureau que tu pourras la sensibiliser à quitter cet homme qu’elle n’aime pas.
    - Tu m’inquiètes vraiment Kamel.
    Elle dépose la tasse de café qu’elle était en train de rincer et vint toucher le front de son frère.
    - Non, tu n’as pas de fièvre.
    Il la repousse gentiment.
    - Je n’ai pas de fièvre, Fella, et je suis très conscient de ce que je dis.
    - Elle te plaît à ce point ?
    - Plus que tu ne le penses. Je ne vais pas la lâcher comme ça, crois-moi.
    - Que vas-tu faire ? l’interroge-t-elle.
    - Oh, ne t’inquiète pas, je ne vais pas la kidnapper, bien que l’idée me paraît assez intéressante.
    - Alors, que vas-tu entreprendre ?
    - Je ne sais pas encore ! Ce que je sais, par contre, c’est que je veux la revoir et discuter avec elle. Fella s’essuie les mains et allume le four électrique où elle fourre un poulet, avant de reprendre la conversation :
    - Je vais te dire quelque chose Kamel. Moi aussi je trouve Hadjer fort sympa et belle. Elle a même un caractère du tonnerre. Elle est bonne, généreuse, douce… Bref, tout ce qu’un homme normal recherche chez une femme. Cependant, étant donné que les dés sont déjà jetés, je ne vois pas comment tu vas faire pour conquérir cette femme. Je sais même qu’elle aurait voulu être encore libre, et s’amuser comme une folle.
    Elle m’a avoué du reste qu’elle n’a pas choisi son destin. Mais je ne veux pas que tu en rajoutes des tiennes Kamel. Je la trouve assez malheureuse comme ça. Laisse-là donc tranquille.
    Kamel se lève :
    - Moi, je sais une chose petite sœur : c’est cette femme que je veux, et je l’aurai.

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  9. Artisans de l'ombre Dit :

    —————————10——————————————–

    Fella allait riposter, mais leur mère qui venait de faire intrusion dans la cuisine, interrompt leur conversation :
    - De quoi donc discutiez-vous ? Oh, mon dieu, il se fait déjà tard et le dîner n’est pas prêt.
    Elle jette un regard circulaire et constate que la marmite bouillait sur la cuisinière, et que le poulet rôtissait tranquillement dans le four.
    - Je pensais que tu n’avais encore rien préparé, Fella…
    - Mais où étais-tu donc, mère ?
    - Je parlais avec ta tante au téléphone. J’ai une nouvelle à t’annoncer.
    Elle se tourne et constate que Kamel avait disparu de la cuisine :
    - Je crois qu’elle a déniché une perle rare pour Kamel.
    - Ah… !
    - Oui ! En fin de compte, il va falloir que je le marie. Sinon, je crains fort qu’il ne nous fasse subir une de ces hontes que toutes les bonnes familles appréhendent.
    Il est tout le temps avec des femmes. Ce n’est pas une bonne chose pour sa réputation, et même pour la nôtre.
    - Et qui est cette perle rare, mère ?
    - Oh, je ne sais pas encore. Si tu veux, nous allons demander à ta tante de nous accompagner le week-end prochain pour voir cette fille.
    - Mais, ce n’est pas trop précipiter les choses ? Et ne crois–tu pas qu’il faudrait tout d’abord en parler à Kamel ?
    - Tu parles. Il aura vite fait de me rire au nez. Mieux vaut le mettre devant le fait accompli.
    - Et s’il refuse ?
    - Mais pourquoi refusera-t-il ? Il est grand temps pour lui de se caser. Tu ne trouves pas ?
    Fella se tut. Elle rajoute un peu d’eau dans la marmite et se met à éplucher des carottes. Des idées s’entrechoquaient dans sa tête. Cette fin de journée est vraiment différente des autres, se dit-elle. Hadjer se réveille en début de soirée. Elle s’étire, et jette un coup d’œil à son réveil-matin sur la table de nuit.
    - Vraiment, j’ai dormi aussi longtemps ? se demande-t-elle en constatant qu’elle avait dormi trois heures d’affilé.
    Elle se lève, et s’apprête à sortir de sa chambre, quand sa jeune sœur Ilhem y fit irruption.
    - Alors Hadjer c’est la mouche tsé-tsé qui t’a piquée aujourd’hui ?
    - Non c’est, la “mouche Kila” de maman.
    - La mouche Kila de maman… et elle est comment cette mouche Kila… ? Grande, petite, obèse, svelte ?
    - Elle est aussi énorme que la planète Terre.
    - Ah, je vois. Mais dans la galaxie, la planète Terre est bien minuscule.
    - Dans la galaxie. Mais pas chez nous.
    Ilhem s’approche de sa sœur et lui prend le bras.
    - Allez, viens, on t’attend pour dîner. Tu me raconteras plus tard ce qui te tracasse.
    - Non… je n’ai pas faim, vas-y seule. Ta mère m’a assez bien empoisonnée pour que je puisse avaler quoi que ce soit.
    - Comme d’habitude quoi. Vous deux ça n’a jamais été la grande paix
    - C’est toujours elle qui veut la guerre.
    - Comme quoi vous deux n’êtes pas faites pour vous entendre.
    - Comme quoi, elle ne veut rien comprendre.
    - Pourquoi dis-tu cela Hadjer, après tout c’est notre maman, et elle n’aimerait pas nous voir malheureuses.
    - Apparemment, si. Du moins pour moi.
    - Non…tout de même Hadjer.
    - Mais si, te dis-je. Sinon comment expliques-tu le fait qu’on me marie sans mon consentement ?
    - Là est une autre paire de manches.
    - Mais notre maman y est pour beaucoup dans ce mariage.
    - Même si elle est contre, que peut-elle y faire. La décision de ton mariage a été prise par notre grand-père il y a de cela presque trente ans.

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  10. Artisans de l'ombre Dit :

    ——————————–11——————————————-
    Hadjer secoue la tête d’un air dégoûté.
    - Oui et spécialement pour moi, comme si j’étais la seule fille de la famille.
    - Non, mais il se trouve que ta naissance a coïncidé avec celle de Salim. Et comme notre grand-père était l’associé du sien, ils ont conclu cette union pour sceller davantage leur longue amitié. Il paraït qu’ils étaient plus que des frères.
    - Mais les temps ont changé, Ilhem. Je ne vois absolument pas la nécessité de continuer à faire semblant, rien que pour le plaisir de respecter une décision prise anarchiquement. À l’époque, les filles étaient mariées par leurs parents, mais ce n’est plus le cas de nos jours. Nous sommes, disons, un peu plus libres que nos mères et grand-mères. Nous sommes instruites, nous travaillons, et nous pouvons rencontrer des hommes qui peuvent répondre à nos aspirations.
    - Pourtant ce n’est pas le cas de toutes les femmes Hadjer. Détrompe-toi. Même de nos jours, existent des femmes qui doivent baisser l’échine pour passer sous le joug familial. Combien de femmes cadres ou intellectuelles ont-elles été mariées de force à des illettrés…Estime-toi donc heureuse d’être mariée à un type qui a quand même fait des études .
    - Tu réfléchis comme maman, Ilhem. Mets-toi donc un moment à ma place. Si jamais demain on te marie à un homme que tu n’as pas connu, que tu n’as pas choisi, comment réagiras-tu ? Ilhem change de couleur .
    - J’avoue que je ne le supporterais pas.
    - Tu vois ! Ne sent la douleur de la braise que celui qui marche dessus… Elle pousse un soupir et poursuit :
    - Tu dois avoir faim… Va diner .
    - Je n’irai pas dîner sans toi. Je sens que tu
    souffres, Hadjer, particulièrement aujourd’hui. Je te sens bien malheureuse.
    - Je le suis plus que jamais.
    - Parce que maman t’a fait une scène. ?
    - Mais non ! Maman et moi, avons l’habitude de nos chamailler, c’est même entré dans les mœurs .
    - Alors qu’as-tu ?
    - J’ai…
    Elle s’interrompt. Devrait-elle avouer à sa sœur qu’elle avait rencontré l’homme de ses rêves l’après-midi même ?
    Elle hésite une seconde puis lance :
    - Cet après-midi à la sortie du travail, j’ai rencontre un type du tonnerre….
    Ilem s’approche de sa soeur.
    - Non tu plaisantes ?
    - Pas du tout…. Il s’appelle Kamel…c’est le frère de Fella ma collègue de bureau. C’est eux-mêmes qui m’ont déposée à la maison.
    - Et alors… ?
    - Eh bien, il a eu une réaction très positive à mon égard. A peine suis-je montée dans le véhicule qu’il m’a trouvée très belle et ne s’est pas gêné pour le crier tout haut.
    - Et qu’as-tu répondu ?
    - Tu ne vas pas me croire ..
    - Dis toujours…
    - Eh bien j’ai répondu la même chose…
    - Quoi ?
    - Oui, j’ai dit que je le trouvais bien beau…
    - Mais…tu venais à peine de le rencontrer !
    - Je sais. Mais, je ne sais pas comment t’expliquer. Quelque chose en moi s’est déclenché. Je me suis retrouvé esclave d’un élan affectif. Quelque chose dans ce jeune homme m’attirait comme un aimant.
    - Et pourtant tu en as rencontré des jeunes hommes.
    - C’est çà qui m’intrigue. Tu comprends, Ilhem… J’avais l’impression de pouvoir partir avec lui n’importe où, dès la première minute, j’ai senti que cet homme était fait pour moi…La même chose a dû s’opérer en lui…
    - Qu’es-ce qui te fait dire çà ?
    - Eh bien, tu n’es pas sans savoir que l’instinct d’une femme ne se trompe jamais. D’ailleurs il ne s’est pas formalisé pour insinuer que je lui plaisais.
    - Ne fais pas de sottises, Hadjer. Arrête tout de suite ce jeu.
    - Qui te dis que je vais le revoir ?
    - Eh bien à la manière dont tu parles, personne ne peut redire quoi que ce soit sur tes intentions…Attends qu’il sache que tu es mariée et…
    - Il le sait…
    - Déjà ? Tu racontes comme ça ta vie aux inconnus ?
    - Non ! mais les choses s’étaient déroulées tellement vite et puis il y avait Fella avec nous. Elle s’est empressée de lui annoncer la chose, pensant
    peut- être bien faire pour conjurer une quelconque suite à notre relation .
    - Et comment a-t-il pris çà ?
    - Eh bien… il … il a été choqué… Tu m’en as presque fait le reproche.
    Ilhem pousse un sifflement :
    - Hé bien ma sœur, pour une première rencontre… !
    - Je t’ai prévenue que les choses ont évolué en un quart de tour… Que crois-tu ? Que je lui ai fait les yeux doux ? Pas du tout. Je n’en avais d’ailleurs pas
    besoin….
    Ilhem se lève.
    - Maman doit se demander ce qu’on fabrique. Viens diner, nous verrons ensuite… Laisse les évènements se dérouler comme c’est écrit ….
    - C’est injuste…
    - Qu’es ce qui est injuste .. ?

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  11. Artisans de l'ombre Dit :

    —————————————12—————————————

    Les yeux de la jeune fille brillaient. Elle aspire une grande bouffée d’air, puis pousse un long soupir avant de répondre :
    - C’est injuste de rencontrer un homme de la trempe de Kamel et d’être en même temps liée à un homme qu’on n’aime pas.
    - Je te comprends fort bien cette fois-ci Hadjer, mais qui sait, peut-être que les choses finiront par s’arranger pour toi.
    - Oui, peut-être. L’espoir fait vivre comme on dit.
    Elles finirent par quitter leur chambre et allèrent dîner. Hadjer ne dira pas un mot de la soirée et sa mère la laisse en paix. Ses frères et son père avaient quand même remarqué son air maussade et mirent ça sur le compte de l’altercation qu’elle avait eue dans l’après-midi avec sa maman. “Hadjer est têtue, avait dit un jour son père, mais je suis encore plus têtu qu’elle.” C’est pour cela que le plus souvent après un orage avec sa maternelle, Hadjer préfère garder le silence. À qui pourrait-elle se plaindre d’ailleurs ? Qui va la comprendre ? Ses propres parents ont signé le parcours de son malheur, le reste devient futile. Elle aide Ilhem à faire la vaisselle, puis se terre dans sa chambre. Elle rêve les yeux ouverts un long moment, avant de plonger dans les bras de Morphée.
    Comme ce n’est pas dans ses habitudes d’avoir des insomnies, Kamel de son côté se demande pourquoi il n’arrive pas à trouver le sommeil. Il regarde l’heure et constate qu’il était déjà 2h du matin. Il se lève, allume une cigarette et se met à arpenter la pièce. Dehors, la pluie tombait sans interruption et le froid glacial l’incite à se remettre au lit. Il allume sa lampe de chevet et prend un journal, qu’il rejette cinq minutes plus tard. Il se surprend à penser à Hadjer et se demande pour la énième fois comment cette fille a pu avoir autant d’influence sur lui. Il revoit son visage jovial, mais ses yeux tristes ne lui avaient pas échappés. “Mon Dieu, se dit-il, se peut-il qu’il existe encore de nos jours de telles mentalités ?”
    Au fond de lui-même, il se sentit impuissant devant cette situation. Que pourra-t-il bien faire lui qui n’est encore qu’un étranger pour cette fille ? Il se met à réfléchir à une solution rapide et efficace. Et s’il lui proposait le mariage, consentira-t-elle à divorcer ? Et puis avant tout l’acceptera t-elle comme mari ? Lui plaît-il à ce point ? Il se rappelle qu’elle avait répondu du tac au tac à son compliment, et il n’en doutait pas de sa sincérité lorsqu’elle lui avait dit qu’elle le trouvait beau.
    Il esquisse un sourire et essaye de se rendormir. Un sommeil peuplé de cauchemars ne lui permet de se reposer que quelques heures. Il se réveille en sueur et se rappelle avoir rêver de Hadjer. Elle était en danger et courait vers lui les vêtements en lambeaux. Il se lève d’un bond et se rend dans la cuisine où il prend un verre d’eau. Voilà le jour qui commence à pointer. Sa mère se lève pour la prière du matin et le trouve accoudé à la fenêtre de la cuisine en train de taquiner les oiseaux. Il avait dans les mains quelques miettes de pain, qu’il s’amusait à faire passer à travers les grilles de la cage.
    - Déjà debout ! Tu n’es pas souffrant mon fils ?
    Kamel se retourne vers sa maternelle. Il doit avoir une véritable gueule de bois, se dit-il, en se passant la main sur les joues.
    - Non je ne suis pas malade mère. J’avais des insomnies cette nuit, voilà tout.
    - Ce n’est pas dans tes habitudes. Tu as toujours été un couche-tard et tu ne te réveilles qu’en milieu de la matinée. Fort heureusement tu travailles à ton compte, sinon qui aurait osé t’embaucher ? Kamel sourit.
    - Toi maman… Toi, tu m’aurais embauché pour te faire le ménage et la cuisine.
    - Cesse donc de taquiner ta pauvre mère de si bon matin. Tu veux que je te prépare un café ?
    - Oui, je veux bien. J’ai une de ces migraines !
    - Va te recoucher. Cela te fera du bien, le temps que je te prépare une tasse de café bien corsé.
    Kamel embrasse sa mère sur le front.
    - Merci maman. Que deviendrais-je sans toi ?
    - Eh bien tu rejoindras tout simplement tes conquêtes, lui lance-t-elle ironiquement.
    À ces mots, Kamel se sentit bien diminué. Si sa propre famille a une piètre opinion de lui, s’il est déjà taxé de coureur de jupons, au quartier on doit le prendre pour un obsédé. Qu’a-t-il donc fait de sa jeunesse et de sa réputation !
    - Pouah, je n’ai fait que courir les femelles depuis l’âge de dix-huit ans, se dit-il, en se dirigeant d’un pas traînant vers sa chambre.

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  12. Artisans de l'ombre Dit :

    ————————————13—————————————
    Hadjer ouvre les yeux et constate que le jour était déjà levé. La pluie s’est arrêtée, mais le froid persistait. Elle quitte avec regret son lit douillet
    et se dirige vers la salle de bains. Une odeur de café embaumait le couloir et elle comprit que sa mère était déjà levée, et que le petit-déjeuner était prêt. Elle prend sa douche et s’habille avant d’avaler rapidement son café. Elle avait salué sa mère froidement et cette dernière ne s’est pas fait prier pour se murer dans un silence pesant. Hadjer finit par quitter les lieux. Elle se saisit de son sac et jette un dernier coup d’œil dans la glace. Elle avait les yeux cernés, mais tout compte fait, elle avait passé une bonne nuit, se dit-elle. Elle repense à Kamel et se sourit à elle-même. Fella va sûrement reparler de leur rencontre de la veille. Qu’a-t-il bien pu lui dire sur elle ? L’a-t-il taquinée juste pour la mettre à l’aise, ou bien s’est-elle trompée sur son regard et l’éclair qu’elle avait vu passer dans ses yeux lorsqu’elle lui avait annoncé qu’elle était déjà mariée ? Hadjer se parfume et remet le flacon dans son sac. Elle enfile son manteau et sort. Dehors, le froid la saisit. Quel contraste, se dit-elle, entre l’intérieur de chez elle et cette brume matinale et froide qui enveloppe la ville ! Elle se dirige d’un pas rapide vers la station de bus et tire sur sa capuche pour réchauffer ses oreilles et ses joues. La station regorgeait de monde. Des travailleurs et des étudiants pour la plupart. Parfois elle doit attendre le passage de trois bus pour pouvoir monter dans le quatrième. En principe, elle ne doit prendre que deux bus, le premier vers le centre-ville, et le deuxième vers la côte Est où se trouvait l’Entreprise dans laquelle elle travaillait. Mais ces derniers temps, il lui arrivait de faire deux escales étant donné que les bus en direction du centre-ville ont diminué. Un seul bus desservait la ville, ce qui ne permettait pas à tous les usagers de l’utiliser à la même heure. Lasse d’attendre elle s’apprête à héler un taxi, lorsqu’une voiture rouge s’arrête à sa hauteur.
    - Bonjour mademoiselle, ou devrais-je dire “madame…” ?
    Elle se retourne précipitamment et, à son grand étonnement, elle reconnut Kamel.
    - Allez, monte, je te dépose ?
    Elle hésite juste une seconde, puis étant donné qu’elle était déjà en retard, elle monte et referme la portière derrière elle, avant de lancer :
    - Alors, là si je m’attendais ! Tu t’es levé aux aurores ou quoi ?
    - C’est exact, je n’arrivais pas à trouver le sommeil Il la regarde un moment avant de démarrer et poursuit :
    - Je pensais à toi…
    Elle rougit, mais ne perd pas son assurance :
    - À quoi pensais-tu ?
    - À tout ce qui t’arrive, Hadjer. Je trouve ces choses- là trop injustes.
    - Ah… je vois que Fella t’a tout raconté.
    – Au fait, où est-elle donc ?
    - Au bureau, elle est sortie juste avant moi. Tu sais bien qu’on n’habite pas loin de son lieu de travail !
    - Et comment as-tu eu l’idée de venir me chercher ?
    - Eh bien, cela m’est venu comme ça comme je me suis levée tôt aujourd’hui, au grand étonnement des miens,
    je ne pouvais pas traîner à la maison, j’ai décidé de sortir. Pour aller où ? me suis-je demandé et c’est là que l’idée de venir te récupérer m’est venue. Avec toute cette pluie, il n’est toujours pas aisé de trouver des bus !
    - Et tu as deviné que je prenais les bus de cette station.
    - C’est la plus proche de chez toi, pardi !
    - Figure-toi alors que j’allais prendre un taxi.
    - J’ai pensé à ça aussi….
    - Bof, laisse tomber Hadjer, je crois que le hasard est avec nous puisque je t’ai trouvée.
    - Hum… le hasard…
    Elle pousse un soupir, puis sourit :
    - Drôle de hasard, ne trouves-tu pas ?
    Il sourit à son tour, dévoilant une rangée de dents magnifiques.
    - Ne sois pas si pessimiste, Hadjer, le monde ne s’est pas écroulé….
    Sans savoir pourquoi, elle éclate en sanglots au grand étonnement de Kamel qui dut s’arrêter au bord de la route.
    - Cela ne va pas ?
    Elle continue de pleurer un moment et Kamel, impuissant, dut attendre la fin de l’orage. Hadjer se sentait ridicule, mais savait aussi qu’elle avait le cœur gros. Elle renifle et s’essuie les yeux avant de prendre une glace dans son sac afin de corriger son rimmel qui
    avait coulé sur ses joues.
    - Excuse-moi… je ne sais pas ce qui m’a pris !
    - Ne t’excuse donc pas, je te comprends parfaitement Hadjer !

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  13. Artisans de l'ombre Dit :

    ——————————-14—————————————**

    Il avait parlé d’une voix si douce que Hadjer lève les yeux vers lui. Elle en eut le souffle coupé. Sous une belle tignasse brune, Kamel avait des sourcils fournis et de très beaux yeux noirs. Un nez aquilin et une grimace qui aurait fait fondre la sainte la plus assidue. Son corps vigoureux et tout en muscles, dénotait d’une éducation physique régulière… Un corps d’athlète et une tête de rêve.
    - ça va mieux, Hadjer ?
    Il avait le cœur serré… Elle était si belle même quand elle pleurait.
    - Oui… dit-elle en reniflant de plus belle… Elle sentait qu’elle pouvait pleurer toutes les larmes de son corps.
    - Eh bien pour un début de matinée !
    - Désolé Kamel, mais… mais…
    - Ne sois pas autant désolée, Hadjer. Fella m’a tout raconté.
    Elle hoche la tête :
    - Tu as donc tout compris ?
    - Oui, parfaitement !
    - Et je ne te connais que depuis hier soir !
    Kamel ébauche un sourire.
    - Non, on se connaît depuis toujours, Hajder… peut-être s’était-on déjà rencontré dans une vie antérieure ?
    - Oui, j’étais Juliette et tu étais Roméo…
    - On peut toujours le redevenir, tu sais…
    Elle sourit à travers ses larmes et se sentit moins angoissée.
    - Tu es gentil, Kamel.
    - Et toi très belle.
    - Je ne sais comment faire pour te remercier.
    - Eh bien, c’est simple : acceptes-tu de déjeuner avec moi ?
    - Heu… aujourd’hui… ?
    - Oui… à moins que tu aies un inconvénient.
    Hadjer hésite. Son regard finit par la dissuader.
    - Acceptes-tu, Hadjer ? reprit Kamel.
    - Eh bien, puisque tu insistes tant.
    - Parfait… À quelle heure termines-tu ta matinée, 12h00 ?
    - 12h30…
    - Alors je passerai te récupérer au bureau… et ne t’inquiète surtout pas, je t’y ramènerai juste après le déjeuner. Hadjer hoche la tête, consentante.
    Il sourit et redémarre. Ils ne tardèrent d’ailleurs pas à arriver et Hadjer descendit du véhicule en priant Dieu que personne de sa connaissance ne les voie ensemble.
    Elle remercie Kamel et s’apprête à rejoindre son poste quand ce dernier la retint :
    - Heu Hajder….
    - Oui…
    - Je… je ne voudrais pas que tu dises quoi que ce soit à Fella sur notre rendez-vous…
    La jeune fille sourit :
    - Et pourquoi donc ?
    - Eh bien, je ne sais pas comment t’expliquer, mais je préfère que les choses restent entre nous. Du moins pour le moment, tu comprends ?
    - Parfaitement. Ne t’inquiète donc pas, je n’avais pas l’intention, moi non plus, de la mettre au courant.

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  14. Artisans de l'ombre Dit :

    ——————————-15—————————————–
    Elle rejoint son bureau et souhaite le bonjour à Fella qui se lève pour l’embrasser.
    - Hum, tu sens bon…
    - Merci…et toi tu es très élégante !
    - Merci ! Mais il faut que tu saches qu’en matière élégance, la tienne ne passe pas non plus inaperçue.
    Hadjer ébauche un sourire :
    - Qu’est-ce qui te fait dire ça ?
    - Eh bien, ma chère, tu as un succès fou. Kamel n’a pas cessé de parler de toi de la soirée !
    - Et qu’a-t-il dit, demande Hadjer, curieuse, tandis qu’elle s’installait devant son micro.
    Fella sourit :
    - Tu tiens vraiment à le savoir ?
    - Mais bien entendu !
    - Vraiment, Hadjer ?
    - Oui te dis-je… Pourquoi hésites-tu autant ?
    - Eh bien, eh bien si tu veux le savoir, moi qui pensais que pour une femme mariée cela n’avait aucun intérêt et…
    Hadjer change de couleur :
    - Ne répète plus jamais ça Fella, s’il te plaît. Ne me torture plus avec ce mariage. Pour le moment je suis encore libre. Je ne suis ni chez cet homme ni dans sa famille.
    Fella se lève et s’approche d’elle.
    - Excuse-moi Hadjer, mais c’est la pure vérité. Tu es liée à un homme, tu as une situation civile de femme mariée…
    - Je sais, je ne le sais que trop bien… Mais enfin, Fella pourquoi m’empêches-tu de rêver ?
    - Ah…si ce n’est qu’un rêve…cela change tout. Ecoute-moi… Kamel a d’abord voulu savoir comment tu as été mariée contre ton gré… Il n’admettait d’ailleurs pas la chose.
    - Hein. ? Et alors. ?
    - Alors je lui ai tout raconté.
    - Et qu’a-t-il dit ensuite ?
    - Il a dit qu’il trouvait la chose inadmissible et qu’il était révoltant qu’une femme passe ainsi sous le joug familial alors que son avenir est bradé.
    Hadjer reprend son travail sans plus rien dire. Fella la regarde un moment avant de retourner elle aussi à ses occupations. La situation paraissait dramatique à l’une comme à l’autre. Hadjer repense à l’invitation de Kamel. Elle en était heureuse, mais avait en même temps très peur. Si quelqu’un la voyait ainsi attablée avec un étranger ? Il ne se priverait pas de la dénoncer.
    Qui sait ! Pourquoi a-t-elle donc accepté cette invitation ? Une femme mariée ! Voila ce qu’elle était. Étant donné qu’elle avait le titre, ne devrait-elle pas se conduire plus sagement ? Mais son cœur battait la chamade… Pour les beaux yeux de Kamel, elle était prête à tout, même à se suicider !
    Elle travaille silencieusement jusqu’au milieu de la matinée. Puis s’arrête pour jeter un coup d’œil par la fenêtre. Le temps avait changé. Un beau soleil avait remplacé la brume matinale.
    - Tiens le temps a changé, dit-elle.
    Fella relève sa tête du dossier qu’elle était en train d’étudier :
    - Oui… La météo avait prévue ce changement. À la bonne heure, j’en avais marre du mauvais temps.
    - Si ce n’était que le mauvais temps, soupir Hadjer…
    - Tu veux que je te dise, Hadjer…
    - Oui… Quoi ?
    - Moi à ta place j’aurais appelé Salim et je lui aurais mis les points sur les “I”…
    - Je l’ai déjà fait…Je t’ai tout raconté non… ?
    - Je sais. Mais je te suggère quelque chose de plus clair. Dis-lui par exemple que tu risques de le tromper et qu’il vaut mieux que vous vous quittiez avant….
    - Tu crois que cela le décidera à rompre ?

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  15. Artisans de l'ombre Dit :

    —————————–16———————————————-
    Fella hausse les épaules. – Essaie toujours. En tous les cas, je n’ai pas encore rencontré un homme qui accepterait un tel affront.
    - Un homme… Toi, tu parles d’hommes, alors que Salim n’en a même pas l’odeur !
    - Eh bien dans ce cas-là fais-le savoir à tes parents. Explique-leur qu’il n’est pas capable de prendre femme Tu comprends ce que je veux dire ?
    - Mes parents se foutent royalement de ça. Pourvu qu’ils respectent le pacte signé par les grands-parents… Voilà toute l’affaire.
    - Quand même Hadjer, ils sont têtus à ce point ?
    - Plus que tu ne le penses…
    - Et si jamais quelqu’un d’autre vient demander ta main ?
    - Ils vont le renvoyer sous prétexte que je suis mariée.
    Fella repense à son frère et se yeux se remplirent de larmes.
    - Kamel m’a demandé de l’aider à te conquérir…
    - Il n’avait vraiment pas besoin de ton aide, répondit Hadjer, tristement. C’est un homme qui me plaît énormément et que j’aurais épousé avec plaisir.
    - C’est ce qu’il a dit lui aussi. C’est curieux, il a suffi qu’il te rencontre une fois pour qu’il s’assagisse d’un coup.
    - Pourquoi dis-tu cela Fella ? Il était comment Kamel ?
    - Oh ! pas mauvais. Mais, disons plutôt coureur de jupons. Juste pour bomber le torse devant les copains,
    s’est-il justifié, hier, alors qu’on parlait de toi et que je lui reprochais son comportement frivole.
    - Hum… je vois que vous avez beaucoup parlé de moi.
    - Tu peux le dire, il n’a pas cessé de me harceler.
    - J’ai beaucoup pensé à lui moi aussi. Il est tellement direct, tellement franc.
    - Oui, j’ai moi-même été surprise par ses révélations plus tard. Je ne l’ai jamais vu s’intéresser autant à
    une femme. Qu’en sais-tu Hadjer, peut-être que le destin est en train de refaire les choses ?
    A midi pile, Fella éteint son micro et se lève.
    - Je crois qu’il est temps d’aller respirer un peu d’air…
    - Il est à peine midi.
    - Je sais, mais je suis fatiguée, je vais descendre faire un tour au réfectoire. Tu veux que je te fasse monter quelque chose, Hajder ? Un sandwich, un café ?
    - Non, non merci, s’empresse de répondre Hajder, qui repense à son invitation. Je crois que je vais sortir.
    Va manger si tu veux, je laisserai la clé du bureau à la réception.
    - Très bien. À tout à l’heure donc.
    Fella sort et Hadjer termine la saisie d’un document avant de se lever. Elle se donne un coup de peigne et
    se remaquille. Les aiguilles de sa montre bracelet indiquaient 12h 25… Il était temps de quitter les lieux.
    Dehors, une légère brise s’était levée et Hadjer relève une mèche rebelle qui était tombée sur ses yeux. Non loin de là, elle remarque un véhicule rouge et presse le pas.
    Kamel s’était garé un peu plus loin pour éviter tout commentaire de ses collègues. Il avait tout calculé, se dit-elle.
    - Ah te voilà ! lui lance-t-il en lui ouvrant la portière.
    - Tu es là depuis longtemps ?
    - Disons cinq à dix minutes…
    - J’ai fait vite moi aussi, mais je ne voulais pas attirer l’attention en descendant plus tôt. Aux heures de pointe, on ne passe pas inaperçu…

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  16. Artisans de l'ombre Dit :

    ———————————–17————————————-

    Il démarre et prend la file du centre-ville.
    - Où allons-nous ?
    - Manger quelque part.
    - Je te suggère un endroit discret, je n’ai pas envie de rencontrer quelqu’un de ma famille.
    - Ne t’inquiète pas… je connais un restaurant très discret. Le patron est un ami, il nous donnera une table à l’écart de la foule.
    Quelques instants plus tard, il garait devant un grand restaurant au bas d’une ruelle. Ils descendirent et pénétrèrent dans une salle assez pleine, puis dans une autre où les tables étaient séparées par des cloisons.
    Kamel hèle un serveur :
    - Le patron est là ?
    - Non, il est absent aujourd’hui. Que puis-je faire pour vous ?
    - Eh bien, nous servir dans les règles de l’art. Qu’y a-t-il au menu ?
    - Je vais vous ramener la carte. Mettez-vous à l’aise.
    - Justement, je ne veux pas que quelqu’un nous dérange, vous comprenez ?
    - Aucune inquiétude à vous faire, j’y veillerai personnellement. Si vous voulez me suivre, je vous propose la table du fond, elle est plus discrète.
    Ils le suivirent. Bien qu’il n’y ait pas beaucoup de
    monde, Hadjer ne se sentait pas à l’aise. Elle marchait les yeux baissés et regardait de temps à autre autour d’elle.
    - Calme-toi donc. Cet endroit n’est pas fréquenté par n’importe qui. Il faut avoir les poches bien pleines pour venir ici.
    - C’est ce que j’ai remarqué. Il n’y a que des hommes d’affaires, et des couples d’un certain standing.
    - Crois-tu reconnaître quelqu’un ici ?
    - Je ne le pense pas, mais sait-on jamais, la prudence dans mon cas est de mise.
    - Je te comprends, mais tâche de te détendre un peu Hadjer.
    Il s’installèrent confortablement au fond de la salle et commandèrent leurs plats. Kamel lui verse un verre d’eau et prend dans un vase se trouvant à ses côtés une fleur qu’il lui tendit. Elle l’accepte en souriant.
    - Tu aimes les fleurs ?
    - J’en raffole…
    - Je t’en offrirai de plus belles…
    - Merci… ta gentillesse compense tout.
    - Je suis gentil certes, mais j’ai aussi mes défauts.
    - Tu es un sale petit voyou coureur de jupons.
    - Comment le sais-tu ? demande-t-il l’air étonné.
    Elle éclate de rire, et lui chatouille le nez avec la fleur.
    - Cela se voit au premier abord. Tous les hommes comme toi ne s’embarrassent pas pour courir les nanas.
    Kamel sourit :
    - Tu veux dire quoi par les hommes comme moi ?
    Hadjer sourit.
    - Eh bien beaux, intelligents, ayant beaucoup de savoir-vivre.
    - Tu me trouves donc beau et intelligent ?
    - Apparemment tu l’es. Dis-moi Kamel que fais-tu dans la vie ?
    - Pas grand-chose. Je dirige une agence d’import-export.
    Hadjer écarquille les yeux.
    - Et tu trouves que c’est pas grand-chose ?
    - Hum… Disons que je gagne tout juste assez bien mes journées.
    - Tu travailles à ton compte alors ?
    - Oui, je n’aime pas me mettre sous la coupe de quelqu’un. J’ai toujours tenu à mon indépendance.
    - Cela va de soi quand on peut voler de ses propres ailes.
    - Et toi, Hadjer ?
    - Quoi moi ?
    - Parle-moi un peu de toi, de tes ambitions… Je suis sûre qu’elles sont nombreuses.

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  17. Artisans de l'ombre Dit :

    ———————————–18—————————————————-

    La jeune fille garde le silence un moment puis lance tout doucement :
    - Oh, tu sais, même si je suis ambitieuse sur bien des points, on a déjà enterré toute volonté en moi. Tu connais déjà un bout de ma situation.
    Il lui prend la main et se met à la caresser.
    - Je comprends fort bien ta souffrance Hadjer. Mais pourquoi t’entêtes-tu à supporter tout ça ?
    - Je ne peux pas faire autrement, Kamel.
    - Et si… et si je te proposais le mariage ?
    Hadjer déglutit avant de répondre :
    - J’aurais été la plus heureuse des filles sur Terre si je pouvais répondre favorablement à ta proposition. Mais, dans mon cas, cela ne fait que rajouter une autre note d’amertume à mon désarroi.
    - Non, je ne veux pas que tu sois malheureuse, Hadjer… Tu n’es pas née pour l’être. Je sais aussi que rien n’est encore perdu pour toi.
    Elle le regarde de ses grands yeux étonnés et sentit une énergie nouvelle couler dans ses veines. Un faible espoir naissait au fond d’elle-même. Elle savait que Kamel la voulait à tout prix… Elle en était convaincue. Le jeune homme lui presse la main et elle lut dans ses yeux une détermination sans faille.
    - Ensemble nous affronterons cette situation.
    - Je ne veux pas te mêler à ça Kamel… Je ne veux pas que tu souffres pour moi… Je ne mérite pas autant de sollicitude.
    - Tu mérites bien plus que ça…. Laisse-moi lutter à tes côtés.
    Elle baisse les yeux et retire sa main.
    - Je n’ai pas d’autre choix pour le moment.
    - Et ce mariage est prévu pour quand ?
    - Je ne sais pas encore. Peut-être cet été ? Mon père aura une confirmation dans les jours à venir.
    - Je te promets de ne pas te lâcher, Hadjer. Je serai toujours à tes côtés, quoi qu’il advienne.
    - Je n’en doute pas, Kamel, répond la jeune fille qui sentait les larmes lui picoter les yeux. Elle prend un air dégagé et se remet à manger silencieusement. Elle jette un coup d’œil au jeune homme assis en face d’elle et rencontre encore son regard. Kamel avait de quoi charmer. Il était non seulement beau, mais aussi très sensible et très généreux.
    Elle a encore du mal à croire qu’elle ne le connaissait que depuis la veille.
    - À quoi penses-tu ?
    - À toi, à nous…
    - À nous, c’est encore mieux. Tu veux dire que tu penses à notre rencontre ?
    - Oui ! c’est drôle Kamel, on ne se connaît que depuis quelques heures.
    Il sourit :
    - Arrête donc de philosopher ! Nous nous sommes déjà rencontrés dans une vie antérieure. L’as-tu déjà oublié ?
    Elle ébauche un sourire :
    - J’aurais voulu dans ce cas-là ne plus renaître pour connaître tous ces malheurs que je suis en train d’endurer.
    - J’ai toujours dit qu’à quelque chose malheur est bon…Peut-être que si tu n’étais pas liée, les choses se seraient passées autrement.
    - Ah bon ? Et comment donc ?
    - Eh bien, je t’aurais peut-être fait assidûment la cour pour te rajouter tout simplement à ma collection après une brève aventure.
    - Et pourquoi donc ?
    - Parce que l’interdit m’a toujours attiré… Je sais qu’officiellement tu appartiens à un autre homme, donc je ne pourrais pas te faire mienne. Il y a aussi un peu de ça, Hadjer. Mais tout compte fait, tu es une femme qui m’a beaucoup attiré. Ton cas m’a intéressé et j’ai fini par me rendre à l’évidence : je suis fou amoureux de toi… Si amoureux, que je suis capable de tuer pour te garder…

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  18. Artisans de l'ombre Dit :

    ———————————19——————————————
    Horrifiée, Hadjer porte la main à sa bouche .
    - Mon Dieu ! surtout pas ça…je t’en supplie ! Je ne veux ni scandale, ni violence.
    - Rassure-toi, je n’aurais besoin de recourir à aucune de ces deux choses, parce qu’au fond de moi je sais que tu seras mienne.
    Hadjer le contemple, ahurie.
    - Tu es si sûre de toi ?
    - Je n’ai jamais perdu de mon assurance devant n’importe quelle situation…. j’ai toujours été maître de moi-même. Une qualité qui plaît aux femmes.
    Elle sourit :
    - Ne sois pas si sûr. Il y a des femmes qui n’aiment pas les hommes trop confiants… Elles trouvent d’ailleurs
    toujours le moyen de les désarmer.
    - Comme toi Hadjer ?
    - Moi ?
    - Oui… Pour le moment je suis désarmé devant toi, dans le sens figuré, bien sûr.
    - Donc, je peux encore t’attaquer ?
    - Tu l’as déjà fait, ma chère…. J’ai passé une nuit blanche à cause de toi… Pour la première fois de mon existence, une femme m’a tenu éveillé, angoissé et
    terriblement souffrant.
    - Hum… tu dis ça pour m’avoir ?
    - Non… Pourquoi dis-tu cela ?
    - Parce que tu as toujours été un coureur de jupons.
    Brusqué, il la regarde dans les yeux :
    - Je n’aime pas cette expression, Hadjer. Crois-moi, un homme qui court les femmes ne le fait pas par plaisir.
    - Pourquoi le fait-il alors ?
    - Je ne sais comment t’expliquer. Dans la vie c’est comme çà… A chacun ses défauts et ses qualités… J’aurais pu devenir un ivrogne, un voyou…
    - Mais tu l’es, lui lance-t-elle, taquine…
    - Je suis quoi ?
    - Un voyou…
    - Hum… et tu n’as pas peur de moi ?
    - Non… parce que tu es un gentil petit voyou… et en principe c’est une autre facette qui plaît aux femmes.
    - Toi alors !
    - Eh bien, il faut reconnaître une chose, Kamel…. Je sais qu’un homme qui court les femmes est un déséquilibré, c’est quelqu’un qui a dû manquer d’affection dans son enfance… Il recherche alors chez des femmes ce qu’il n’a pas trouvé chez sa mère…. Et puis un jour, quand il rencontre la femme de ses rêves, il rencontre en quelque sorte une femme qui peut remplacer sa mère. C’est pour cela qu’un homme peut s’avérer très faible devant les femmes….
    Kamel écarquille les yeux :
    - Là, tu parles comme Freud ….
    - Oui…c’est la psychologie moderne qui a démontré que le complexe d’Oedipe peut être appliqué de différentes manières…
    - Mais je n’ai jamais manqué d’affection, moi !
    - Peut-être que ton subconscient a enregistré une faille.
    - Non, je ne le pense pas ! D’ailleurs comme je l’expliquais à Fella hier, le fait de courir les femmes n’était pour moi qu’un passe-temps… Question de démontrer aux copains du quartier qu’on plait ! C’est gamin, tu vois… et je suis un homme qui dépasse les 35 ans.
    - Hum… je te comprends… Et, bien sûr, dans mon cas, c’est différent.
    - Je ne veux pas t’assimiler à mes aventures, Hadjer… Non.. Crois-moi, avec toi c’est plus profond… Plus sincère….
    Elle esquisse un semblant de sourire, et jette un coup d’œil à sa montre :
    - C’est l’heure de retourner au boulot. Je ne travaille pas à mon compte, moi !
    Il lui prend les mains et les porte à ses lèvres.
    - Nous allons partir tout de suite, mais promets-moi qu’on va bientôt se revoir.
    - Je ne sais pas…Je veux bien te revoir, Kamel mais j’ai toujours peur. J’ai peur qu’on nous voie ensemble, qu’on nous surprenne… Que deviendrons-nous alors… ?
    - Eh bien, nous nous enfuirons loin d’ici… çà te dit ?
    Elle pousse un soupir et se lève .
    - Je ne veux pas me bercer d’illusions.
    - Je parle sérieusement, dit-il en se levant à son tour.
    - Et où irons-nous ? Comment vivrons nous… ?
    - Pour cela, tu n’as pas à t’en faire… je me charge de tout.
    - Et jusqu’à quand devra-t-on vivre ainsi en ermites ?
    - Jusqu’à ce que tes parents comprennent les choses.
    - Cela aurait pu me paraître logique si je n’étais pas déjà mariée sur papier.
    Elle enfile son manteau et prend son sac .
    - Ma situation et des plus complexes, tu vois !
    - Laissons venir les choses, Hadjer, nous veillerons ensuite à ce qu’elles changent

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  19. Artisans de l'ombre Dit :

    ———————————–20———————————————-

    Ils quittèrent le restaurant et Kamel dépose Hadjer à son lieu de travail. Ils se promirent de se revoir bientôt, et Kamel lui promet de la rappeler souvent au bureau.
    - Tant pis. Fella comprendra les choses, lui dit-il. Si elle veut m’aider, elle ne nous reprochera pas notre relation.
    Hadjer retourne à son travail. Elle avait besoin de réfléchir et, pour cela, elle se terre dans un silence des plus profonds. Fella ne relève pas l’anomalie, et remet la chose sur le compte de l’état d’âme perturbé de Hadjer. Elle ne se trompait d’ailleurs pas, puisque cette dernière luttait contre une forte envie de tout envoyer au diable. “Pourquoi dois-je supporter cette situation ?” Se demandait-elle…”Pourquoi ne ferais-je pas mieux de m’envoler sous d’autres cieux ? Kamel apparemment est prêt à une telle initiative…”
    Des idées s’entrechoquaient et elle dut éteindre son micro et prendre un comprimé d’aspirine, tant sa tête lui faisait mal. Le stress…. Aussi loin que cela remonte, elle ne se souvient pas d’avoir eu un moment de paix avec elle-même, ne serait-ce qu’un répit de quelques secondes.
    La journée se termine pour elle dans une ambiance électrique et elle refuse poliment la proposition de Fella qui voulant la distraire un peu. Elle l’invita à prendre le thé dans un des salons du centre-ville.
    - Merci, Fella, mais pas aujourd’hui. Je sens que ma tête va éclater.
    - Comment feras-tu pour rentrer ?
    - Le bus… Je vais attendre tranquillement le prochain passage. Cela ira, ne t’inquiète pas pour moi, et puis aujourd’hui, il ne pleut pas.
    - Mais tu n’a pas l’air du tout dans ton assiette. J’aurais dû demander à Kamel de venir nous chercher.
    Hadjer repense à son déjeuner en tête-à-tête avec le jeune homme et esquisse un sourire :
    - Non, il ne faut pas le déranger, il a ses occupations lui aussi.
    - Tu te sens bien Hadjer ?
    - Cela ira, ne t’inquiète pas… D’ici demain, si ma migraine empire, je prendrai un arrêt de travail.
    Elles se quittèrent au seuil de l’Entreprise, et Fella suit sa collègue du regard.
    - Pourvu qu’elle arrive saine et sauve chez-elle, se dit-elle.
    Deux journées les séparaient du week-end. Fella repense à la conversation qu’ elle avait eue la veille avec sa mère et se demande si cette dernière ne va pas encore la tarabuster avec la demande en mariage qu’elle avait prévue pour Kamel. Le week-end, elles iront sûrement rendre visite à la future fiancée.
    Devrait-elle en toucher un mot à Kamel ? Elle se met à réfléchir. Tout compte fait, elle verra d’abord la fille, puis avisera. Après tout, il a le droit de savoir. N’était-il pas le premier concerné dans cette affaire ? Et puis le mariage est une chose trop sérieuse. Tout un avenir. En ce moment, elle eut une pensée émue pour Hadjer. “Pauvre fille, se dit-elle. Mérite-t-elle autant de sacrifices ? Et si elle n’était pas mariée à cet homme…?”
    Fella laisse son imagination vagabonder. Aurait-elle accepter Kamel… ? Pourquoi pas… ? Sa mère n’aurait pas eu à trop chercher et lui aurait cessé de courir les nanas pour l’épouser et Hadjer, n’aurait pas eu la tête de mort qu’elle a affiché tout au long de l’après- midi.
    La jeune fille rentre chez-elle de son côté, et la journée se termine sans autres incidences.

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  20. Artisans de l'ombre Dit :

    ———————————–21———————————————-
    Fella ne revoit pas son frère dans la soirée, sa mère, par contre, lui apprend qu’un rendez-vous a été pris avec les parents de la fille pour le week-end suivant, et qu’elles devraient aller voir ensemble la future mariée.
    - Ta tante s’est chargée de prendre contact avec la famille, et c’est une bonne chose.
    - Déjà ! s’écrie Fella, tu la considère comme sa future femme ?
    - Eh bien, pourquoi pas ? Selon ta tante, on ne pourra pas trouver mieux.
    - Selon ma tante… ! Tu oublies que c’est Kamel qui se marie, et il n’est même pas encore au courant ?
    - Pourquoi veux-tu qu’il le soit ? Tu connais bien ton frère ! Il refusera catégoriquement de se marier avec une fille de notre choix.
    - C’est son droit le plus absolu, mère ! C’est lui qui doit faire son choix.
    - Tu crois ?
    - Je ne le crois pas, je le pense sérieusement.
    - Au rythme qu’il mène, il attendra encore longtemps avant de se décider… Peut-être que ce jour-là, je ne serais même plus de ce monde.
    - Et si jamais Kamel a déjà des vues sur une autre fille ?
    - Ah… ah… ah… laisse-moi donc rire… Kamel a toujours des vues, pas avec une seule fille, mais avec des dizaines de filles.
    - Non ! ce n’est pas ce que je veux dire… Je suis sûre qu’il doit avoir déniché lui-même une fille pour une relation durable et sérieuse, mais qu’il attend peut-être le moment propice pour nous en parler.
    - Kamel, un petit voyou comme lui ne connaît pas le sérieux, Fella.
    Elle s’approche de sa fille et la regarde dans les yeux, toi ?
    - Non… que veux-tu que je cache ?
    - Que Kamel a connu une fille et qu’il veut se marier, par exemple.
    - Non… il… il se pourrait que c’est le cas aussi. Mais, pour le moment, il ne m’a rien dit.
    - De quoi parliez-vous alors hier ? Vous étiez en train de vous chuchoter des choses dans la cuisine.
    - Heu… non… On ne se chuchotait pas, on discutait le plus normalement du monde.
    - De quoi ?
    - De tout et de rien… Kamel est venu me récupérer au bureau parce qu’il pleuvait et nous avons pris le café ensemble en discutant de choses et d’autres.
    - De femmes aussi, sûrement.
    Fella sourit.
    - Tu as une piètre opinion de ton fils, mère. Tu oublies que c’est un homme et il est libre de son comportement.
    - Pas quand cela touche à notre réputation.
    - Oh ! arrête mère… Tu dramatises les choses… Kamel aime s’amuser et tant pis pour celles qui tombent dans ses pièges. Elles n’avaient pas à le suivre aussi facilement.
    - Parce qu’il est beau, mon Kamel, dit sa mère fièrement… Tu as un très beau frère, Fella.
    - Oui, je sais…. mais, s’il te plaît maman, ne précipite pas les choses ! Allons voir cette fille si tu veux, mais avant de t’engager en quoi que ce soit, parles-en d’abord à Kamel.
    - Hum… je crois que tu as raison… Mais il va falloir qu’on voit d’abord cette jeune fille… Après cela, je te promets de le mettre au courant.

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  21. Artisans de l'ombre Dit :

    ————————————-22———————————————
    Hadjer n’avait pas travaillé le dernier jour de la semaine. Tous ces évènements brusques qu’elle avait vécus l’avaient fatiguée.
    Elle avait appelé Fella au bureau pour la prévenir, et cette dernière lui avait appris que Kamel avait cherché après elle dans la matinée.
    - Il voulait juste avoir de tes nouvelles.
    - Gentil de sa part… Passe lui le bonjour.
    - Heu….
    Fella hésite, ne devrait-elle pas mettre aussi Hadjer au courant de la demande en mariage… ? Elle se rétracte au dernier moment et reprend :
    - Heu.. Hadjer comment te sens -tu ?
    - Comme-ci, comme-ça… Je vais bien, je vais mal. Je ne sais trop quoi te dire… On dirait que mon cerveau bouillonne.
    - Essaie de faire le vide en toi…Repose-toi bien durant le week-end, et reviens vite.
    - Merci Fella…tu diras merci aussi à Kamel d’avoir demandé de mes nouvelles.
    - OK… À très bientôt, donc.
    Le jeudi arrive trop vite au gré de Fella. Dès la matinée, sa mère la charge de l’achat d’un grand bouquet de fleurs et de quelques gâteaux raffinés. La jeune fille s’exécute sans trop de volonté. Elle avait l’impression de jouer un sale tour à son frère.
    Sa tante arrive en début d’après-midi et heureusement pour tous, ce jour-là, Kamel était en déplacement d’affaires.
    - Alors, vous êtes prêtes ?
    - Oui, presque… Qu’attends-tu donc Fella pour t’habiller ? Lui demande sa mère d’un air qui en disait long sur sa désapprobation de la voir traîner encore en tenue d’intérieur.
    - Je serai prête dans dix minutes… Propose donc quelque chose à ma tante en attendant !
    - Non, merci ! Je ne prends rien avec mon cholestérol. Je ne mange presque plus.
    Fella s’enfuit dans sa chambre, pendant que les deux femmes entamaient la conversation.
    - Alors, parle-moi un peu de cette petite, demande la maman.
    - Une véritable perle…. Elle sait tout faire : la couture, la cuisine, les gâteaux, le ménage, et puis elle est mignonne comme un cœur. Tout ce qu’un homme peut désirer… Tu vois ce que je veux dire ?
    La maman ébauche un sourire :
    - Oui… Il faut surtout qu’elle soit attirante. Kamel aime les belles femmes.
    - Ses parents sont aussi très aisés. Ce sont des gens bien qui ne cherchent qu’a caser leur fille…Ils sont
    originaires de l’Est, mais la future fiancée, est née ici à Alger.
    - Dis-moi… Est-elle instruite ?
    - Sûrement ! Sa mère m’avait dit qu’elle avait fréquenté l’école durant quelques années…. Mais pourquoi en fais-tu un problème ? l’instruction n’est pas tout chez une femme. Tu veux une institutrice ou quoi ?
    - Non ! S’il ne s’agissait que de moi, je ne voudrais que d’une femme capable de gérer un foyer. Mais tu connais la nouvelle génération… Kamel n’aimerait pas épouser une illettrée.
    - Elle n’est pas illettrée…Elle a été à l’école.

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  22. Artisans de l'ombre Dit :

    ———————————–23————————————-

    Fella revint au salon, habillée de pied en cap. Pour faire bonne figure comme toujours dans pareilles circonstances, elle avait opté pour le classique. Un tailleur en lin bordeaux et des chaussures à haut talons.
    - Comme tu es belle ! s’exclame sa tante. On jurera que c’est toi la mariée… Au fait, pourquoi ne l’es-tu
    pas encore ?
    - Heu…
    - Fella est encore jeune l’interrompt sa mère… Elle travaille.
    - Jeune… non… laisse-moi rire ! À son âge, j’avais déjà tous mes enfants. Quant au travail, les femmes qui courent les rues à longueur de journée risquent d’oublier qu’elles ont un devoir à accomplir. Elles sont dans ce monde pour être épouse et mère de famille. Le reste est superflu.
    - Plus de nos jours ma tante, s’écrie Fella. La femme doit assurer elle-même son avenir.
    - Et quand doit-elle se marier alors ?
    - Le mariage n’est pas une garantie de nos jours. C’est plutôt une corvée pour certaines (elle eut une pensée pour Hadjer) Les temps ont changé ma tante et l’âge du mariage aussi… Nous pouvons nous marier aujourd’hui à n’importe quel âge.
    - Même à 60 ans ?
    - Même à 60 ans ! Mais cela m’étonnerait, car à cet âge, une femme pensera plutôt à faire une omra si elle en a les moyens, d’autant plus qu’après une retraite bien méritée, elle aura assuré ses vieux jours.
    - Donc si je comprends bien, à ce rythme-là aucune femme ne voudra se marier.
    - Mais si, ma tante… Quand le Mektoub se décide… Il y a toujours un moyen de travailler et de se marier La tante lève les bras aux ciel :
    - Mon Dieu. ! Quelle génération ! Heureusement que de mon temps les femmes étaient plus sages… et heureusement que je n’ai que des garçons.
    Elle fait un clin d’oeil à sa sœur.
    - Tiens, j’ai une idée… Pourquoi ne marions-nous pas Fella à Riad ?
    Fella ouvrit de grands yeux. Riad, son cousin, était bien plus âgé qu’elle. C’était aussi le plus grand voyou qu’elle n’a jamais connu. Un type qui avait fait de la prison, que le travaille répugne et qui ne vivait que de gain facile à droite et à gauche. L’instabilité personnifiée et le déshonneur en plus.
    - Non merci ma sœur, s’est écrié sa mère… Fella n’est pas prête à se marie… Et puis, entre nous, un mariage de famille n’a jamais arrangé les choses.
    - Pourquoi donc ?
    Frustrée, la bonne femme se sentit touche dans son amour-propre.
    - Que reproches-tu à mon Riad ? Toutes les filles du quartier n’ont d’yeux que pour lui.
    - Eh bien, en voila une belle occasion pour toi de le marier avec une fille de son choix… Ne serait-ce pas
    mieux ?
    - Tu connais Riad. Il est comme Kamel, quelqu’un d’indécis.
    - Non, pas comme Kamel. Non, ne dis pas ça, ma sœur…. Kamel est bien plus posé !
    Offusquée pour la deuxième fois, la sœur se lève et se saisit du pan de son voile.
    - En voila des manières de recevoir ta sœur… Je viens t’aider à dénicher une fille pour ton fils, et tu me reproches la conduite du mien ? Je suis folle d’avoir voulu te venir en aide… Alors, c’est du jamais vu : une tante qui dénigre son neveu ! Que reproches-tu à Riad ? la prison ? Eh bien, dis-toi une chose ! Il n’y a que les hommes qui vont en prison ? C’est un type qui ne baisse pas l’échine, il est fier mon fils… Si fier que personne n’ose poser les yeux sur lui. Son autorité fait peur à plus d’un et heureuse sera celle qui l’épousera.

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  23. Artisans de l'ombre Dit :

    ————————————-24——————————————–

    Fella sentit un frisson lui parcourir le dos à la pensée de cette pauvre fille qui tombera dans les griffes d’un voyou comme Riad.
    Sa tante avait remet son voile et s’apprêtait à quitter les lieux, tandis que sa sœur cherchait à la retenir.
    - Pourquoi prends-tu les choses de cette manière ? Ne sommes-nous pas sœurs ?
    - Oui… Nous le sommes que trop des sœurs ? Quel sobriquet pourrais-je inventer pour relever cette absurdité ? Ma sœur, ma propre sœur qui me dénigre sous son propre toit, alors que je viens lui ramener des nouvelles du paradis.
    - Arrête donc de dramatiser les choses….Je ne t’ai rien dit et puis où t’en vas-tu comme ça ? Nous n’allons pas voir la fille ?
    - Va la voir si tu veux…vas-y seule ou prends ta fille avec toi…Je crois que tu devrais plutôt penser à la caser bien avant de penser au garçon. À son âge, je ne crois pas qu’elle trouvera encore grand monde .
    - Que veux-tu dire par là ?
    - Ce que tu as compris ma sœur….
    Sur ce, elle claque la porte et s’en va sans chercher son reste.
    Fella et sa mère se regardèrent. Cette scène imprévue les avait laissées sans voix. Durant quelques secondes, on pouvait entendre une mouche voler. Finalement Fella rompt le silence :
    - Tout est bien qui finit bien.
    - Tu crois Fella ?
    La vieille femme avait le regard éteint et l’air triste…Elle n’aurait jamais cru qu’un jour elle allait se chamailler avec sa propre sœur…Et pour quelle raison !
    - Je le pense sincèrement, mère reprend Fella. Je crois que c’est le destin qui a bien fait les choses.
    - Voyons, Fella… C’est après tout ta tante, c’est ma propre sœur !
    - Je ne parles pas d’elle.
    - De qui parle-tu, alors ?
    - De Kamel…
    - Que vient donc faire celui-là dans tout çà ? Il n’est même pas au courant de la situation.
    - Fort heureusement pour lui….
    - Alors là, je ne comprends que dalle…Mais parle donc Fella…que veux-tu dire par toutes ces insinuations ?
    - Eh bien, Kamel aime une autre fille, voila tout.
    - Ah…ton frère aime une autre fille… Bien sûr, et comme toujours, il va la garder quelque temps, puis au revoir et merci !
    - Non ! cette fois-ci ce n’est pas le cas, figure toi !
    - Ah… Si je comprends bien, cette fille doit être bien différente alors ?
    - C’est ça, mère. Elle est différente !
    - Et qu’a-t-elle de différent des autres filles ?
    - Elle est mariée…
    - Quoi ? On ne plaisante pas avec ces choses-là, Fella.
    - Je ne plaisante pas, mère…C’est la triste réalité.
    - Non… pas çà… Ah non ! Non ! Comment peut-il aimer une femme mariée ? C’est insensé !
    - Eh bien, c’est le cas, mère…Kamel est amoureux de cette fille.
    - Et depuis quand cela dure-t-il ?

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  24. Artisans de l'ombre Dit :

    ————————————25——————————————

    Fella se met à réfléchir.
    - Voyons, il y a eu tellement de choses depuis la première rencontre qui remonte à….à …trois jours tout au plus….
    - Depuis trois jours …
    Intriguée, sa mère s’approche d’elle :
    - Mais qu’est-ce que c’est que toute cette histoire qui ne tient pas du tout debout, ni couchée non plus. Tu te payes ma tête ma fille ou quoi ?
    - Eh bien, si tu daignes m’écouter un moment maman, je vais tout te raconter.
    - Raconte…raconte ma fille. Je peux dire qu’aujourd’hui j’ai appris bien des choses.
    Fella entame son récit. Elle parle à sa mère de Hadjer, de sa situation, de sa rencontre avec Kamel, et de leur relation qui vient à peine de commencer, mais qui promettait déjà de ne pas s’arrêter là.
    A la fin du récit, sa mère garde le silence. Pour une fois Fella constate qu’elle était vraiment touchée au plus profond d’elle-même. Elle réfléchissait. Pour une fois, elle n’avait pas fait de remarques futiles à l’encontre de son fils. Pour une fois, son instinct de mère lui avait dévoilé instantanément la souffrance d’un être livré au gré du destin. En fin de compte, elle jette un coup d’œil à sa fille et lance :
    - Comment peux-tu être sûre que Kamel ne cherche pas qu’à s’amuser avec Hadjer ?
    Fella sourit.
    - Je connais bien mon frère et je connais bien aussi Hadjer. C’est une brave fille. Malheureusement pour elle, c’est ses parents qui ont décidé pour son avenir.
    Sa mère pousse un soupir .
    - Les parents pensent souvent bien faire, alors que ce n’est pas toujours le cas. Nous ne sommes que de simples humains…
    - Oui, ça tu peux le dire et tu allais faire la même bêtise pour ton fils.
    - Oui.. tu as raison, mais Kamel aurait eu son mot à dire en fin de compte. Ce n’est pas pareil pour Hadjer.
    - Et c’est la triste réalité.
    - N’y a-t-il donc aucune solution pour cette pauvre fille ?
    - Pour le moment aucune, sauf si…
    - Sauf si… ?
    - Sauf si, son mari consent à divorcer.
    - Il faut qu’ils divorcent. C’est la meilleure solution pour eux.
    - Et pour Kamel ? lance Fella
    Sa mère hôche la tête :
    - Pour une fois que mon fils semble s’assagir, il fallait que ce soit une fille déjà mariée.
    - Laissons les choses se faire, mère. Sait-on jamais ? Le destin sait toujours prendre la bonne tournure.
    L’après-midi tirait à sa fin. Les deux femmes qui avaient par la force des choses, changé leur programme, avaient décidé de sortir faire des courses, puis étaient revenues s’occuper du dîner.
    Kamel revint de son déplacement. Il avait l’air exténué, et demande tout de suite à sa sœur si elle avait des nouvelle de Hadjer. Fella le rassure. Hadjer va bien et reprendra son travail en début de semaine.
    Il demande qu’on lui sert un café et se rend au salon où il met le téléviseur en marche avant de s’affaler sur le divan. Au bout d’un moment, il remarque le bouquet de fleurs déposé sur la grande table et la boîte de pâtisserie. Il se relève au moment où Fella revenait avec le café.
    - Quelqu’un est venu te demander en mariage… ? demande-t-il en ébauchant un sourire taquin. Alors, on va bientôt se débarrasser de toi ?

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  25. Artisans de l'ombre Dit :

    ——————————-26——————————————

    Fella ébauche un sourire et vint s’asseoir à côté de son frère :
    - C’est plutôt de toi qu’on voulait se débarrasser.
    - Ah… et on est venu tout bonnement demander ma main ? Je croyais que c’est le contraire qui se produisait.
    - Oui… c’est nous qui devions aller demander la main d’une fille pour toi.
    Il faillit s’étrangler avec le café encore chaud et dépose brutalement sa tasse dans la soucoupe.
    - Vous deviez aller faire quoi ? s’exclame-t-il.
    - Demander une fille, te dis-je.
    - Mais, mais je ne comprends plus rien.
    - Du calme… du calme… Je vais tout te raconter !
    Évidemment, c’est la journée des confidences.
    - Que veux-tu dire par là ?
    - Eh bien écoute. Voilà : maman voulait te marier. Elle voulait te choisir une fille.
    - Mais je ne lui ai rien demandé, moi.
    - Je sais… seulement voilà.
    Fella se remet de plus belle à narrer à son frère l’anecdote de cette demande en mariage qui n’a jamais eu lieu finalement.
    - Eh bien, si je m’attendais à tout ça ! s’exclame-t-il à la fin du récit.
    - Les destins… le maktoub.
    - Non… ! mais quelle mascarde… toi avec Riad.
    - Oh… s’il te plaît ne me rappelle plus ça !
    Kamel éclate d’un grand rire, un rire si hilarant qu’il le contamine à sa sœur. Ils rirent de si bon cœur et si bruyamment que cela attire leur maman qui était affairée dans la cuisine.
    - Mais que se passe-t-il donc ici ? pourquoi riez-vous autant ?
    Ni Fella ni son frère ne pouvaient s’interrompre de rire pour lui expliquer. Ils essayèrent de lui faire des gestes qui ne firent que redoubler leur hilarité… Leur mère finira elle aussi par entrer dans leur jeu et son rire sera encore plus bruyant que le leur. Ce n’est qu’après une bonne dizaine de minutes que le calme revint.
    Fella s’essuie les yeux avec un pan de son tablier, tandis que Kamel éteignait la télé et prenait sa mère par les épaules.
    - Toi, je vais te punir aujourd’hui.
    - Me punir ? Et pourquoi donc mon fils ?
    - Parce que tu as voulu te débarrasser de moi.
    Il s’empare de la boîte de gâteaux et l’ouvrit.
    - Hum ! ça a l’air succulent. Allons tous prendre le café dans la cuisine… Grâce à ma chère tante, nous allons nous gaver de ces douceurs aux amandes.
    - Fella t’a donc tout raconté mon fils ?
    - Oui… Et le hasard fait bien les choses. Si Riad n’avait pas été en prison, cette demande en mariage aurait quand même eu lieu… Tu vois, maman, à quelque chose malheur est bon.
    - Ta tante est partie bien fâchée.
    - Elle le mérite bien… Elle n’avait pas à se mêler de ce qui ne la regardait pas… Tu imagines ma sœur avec ce voyou ? Et puis, toi mère, pourquoi as-tu monté toute cette histoire ?
    - Heu… je… je voulais te mettre à l’abri de toutes ces aventures sans issue.
    - Non… mais tu me prends pour qui ? Pour un incapable ? Je ne pourrais jamais me marier de cette manière, mère… Tu le sais fort bien.
    - Oublions tout ça mon fils… Je ne suis qu’un vieux jeu, moi. J’ai cru bien faire, voilà tout.
    Il l’embrasse sur le front.
    - Tu es pardonnée ma chère maman. Et pour ça, je t’offre un de ces gâteaux que tu as bien voulu payer pour une fois.
    Elle rit :
    - C’est bon, mon fils… Allons dans la cuisine prendre le café.

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  26. Artisans de l'ombre Dit :

    ———————————27———————————————–
    Dès samedi matin, un beau soleil printanier planait sur la ville. Fella était heureuse que la demande en mariage n’ait pas eu lieu. Elle pouvait maintenant tout raconter à Hadjer et surtout lui dire que sa mère était de son côté. À n’en pas douter, Kamel avait l’appui déjà de sa famille… Peut-être pourra-t-on convaincre aussi les parents de Hadjer afin que cette dernière puisse se libérer d’un mariage qui n’arrangeait personne, ou peut-être arrangeait uniquement ceux qui ne sont pas directement impliqués dans cette décision qui remonte à un autre âge. Une idée germe dans l’esprit de Fella. Et si… Non, ne précipitons pas les choses ! se dit-elle. Mais son cerveau persistait à lui renvoyer la même pensée, si bien qu’en fin de compte elle se promet d’en faire d’abord la proposition à Kamel, avant d‘en parler à leur mère.
    Elle arrive au bureau et trouve sa collègue déjà installée.
    - Hé… Mais tu es matinale aujourd’hui, Hadjer !
    - Non, cela fait des jours que le sommeil me fuit…
    - C’est ce qui explique tes continuelles migraines.
    - Et toi, comment vas-tu ?
    - Très bien ! Nous avons passé un week-end assez mouvementé à la maison, mais cela va mieux maintenant
    - Que s’est-il donc passé ?
    - Eh bien, je te raconterai ça tout à l’heure.
    - Et… Et Kamel, comment va-t-il ?
    - Ah ! celui là… Ne t’inquiète pas pour lui, il s’arrange toujours pour être à son avantage.
    Hadjer sourit :
    - Eh bien ! Disons, qu’il a du savoir-vivre c’est tout…Tant pis pour vous autres…
    - Oui, tu peux le dire… Attends donc que je te raconte ce qui s’est passé. Tu vas crever de rire, ma chère… Ce sont des choses d’ailleurs qui n’arrivent pas tous les jours.
    - Allez, raconte donc !
    - Non, pas tout de suite ma chérie. J’ai plein de dossiers à traiter ce matin. N’oublie pas qu’en début de semaine, les choses ne vont pas seules… Nos fournisseurs ne vont pas tarder à réclamer leur dû. Nous sommes les comptables et ils comptent plus sur nous.
    - Tu as raison, terminons d’abord la matinée.
    Elles se remirent au travail sans plus tarder. Malgré son air serein, Hadjer était impatiente de savoir ce que va lui raconter Fella. Elle ne cessait de regarder l’heure et son air anxieux n’échappa à personne.
    Quelques heures plus tard, elle dépose son stylo et s’étire.
    - Oh ! quelle début de semaine harassant ! J’ai déjà mal au dos et j’ai l’impression que mes yeux sortent de leurs orbites.
    - Ce sont les chiffres. On a toujours mal aux yeux qu’and on plonge dedans… Et puis, avec ton manque de sommeil !
    - Ça, tu peux le dire… Je ferai mieux d’aller prendre un café.
    - Non ! tu n’en prendra pas toute seule… Ramènes deux cafés et nous les prendrons ici même…
    - Aucun problème, Fella… Dans cinq minutes tu auras ton café.

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  27. Artisans de l'ombre Dit :

    ——————————————-28——————————————

    Hadjer sortie, et tout de suite après la sonnerie du téléphone retentit.
    - Allo !
    - Hadjer…
    - Non…
    - C’est Fella, alors ?
    - Ah ! c’est toi petit voyou ! Qui t’a permis de l’appeler au bureau ?
    - Mon petit doigt. Je veux parler à Hadjer… Tu veux bien me la passer ?
    - Non, Kamel… Je ne te la passe pas.
    - Pourquoi donc, petite méchante ?
    - Parce qu’elle n’est pas là, tout simplement.
    - Elle est souffrante ?
    - Mais non, petit nigaud. Elle est juste descendue nous apporter des cafés.
    - Ouf… j’ai bien cru qu’elle n’était pas venue.
    - Et alors ?
    - Et alors, cesse de remuer le couteau dans la plaie, Fella… Je veux lui parler et cela ne te regarde pas.
    - Tiens tiens ! Mais tu grandis toi… attends, ne coupe pas. Je crois qu’elle arrive… Mais, s’il te plaît Kamel, ne sois pas…
    - Je ne serais rien sans elle Fella… Passe-la moi…. allez, qu’attends-tu ?
    - Mais attends donc, elle est en train d’ouvrir la porte.
    Hadjer tendit une tasse de café à Fella et l’interroge des yeux, tandis que cette dernière lui tendait le combiné.
    - Qui est-ce ?
    - Un prétendant…
    - Non !
    - Mais si… C’est mon frère Kamel… Tu consens à lui parler ?
    Hajder sourit.
    - Tu veux rire… donne ici !
    Elle s’empare fébrilement du combiné, tandis que pour la mettre à l’aise, Fella sort du bureau.
    - Allo, bonjour Kamel.
    - Salut, Hadjer ! Comment vas-tu ?
    - Assez bien ! Et toi ?
    - Eh bien, comme tous les amoureux !
    - Hum… tu l’ais sérieusement ?
    - Plus que tu ne le crois ! Et… et… toi ?
    - Quoi moi ?
    - M’aimes-tu un peu ?
    - Plus que tu ne le crois, répond Hadjer sans aucune hésitation.
    Elle sentit ses yeux se mouiller.
    - C’est vrai Hajder ?
    - Plus vrai que ça n’existe pas !
    Kamel pousse un long soupir.
    - Je suis heureux de te l’entendre dire.
    Hadjer garde le silence un moment puis lance d’une voix étouffée :
    - Moi aussi, je suis heureuse de t’entend Kamel.
    - Qu’as-tu fait de ton week-end ? Fella m’avait dit que tu n’avais pas travaillé la veille.
    - J’étais un peu souffrante. Pour être plus sincère, je n’avais pas le moral.
    - Moi non plus, je n’avais pas le moral… Je me suis déplacé à l’intérieur du pays durant deux jours… J’avais téléphoné à Fella pour avoir de tes nouvelles.
    - C’est gentil de ta part Kamel.
    - Quand est-ce qu’on pourra se revoir Hadjer ?
    - Heu… Je ne sais pas.
    - Tu ne veux donc pas me revoir ?
    - Bien sûr que si… Ce n’est guère l’envie qui me manque, mais tu connais mes circonstances.
    - Mince alors ! Tu ne peux pas oublier un peu ça ?
    - Si ! J’aimerais bien, mais la réalité est là… j’ai… je ne sais plus quoi faire !
    - Bon, bon… J’ai compris… ne t’en fais pas donc… ça sera comme tu voudras Kamel… Je sais que…
    - Je ne suis pas fâché et je ne t’en voudrais pas, si tu ne veux plus me revoir…
    - Mais non ! Ce n’est pas ça…

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  28. Artisans de l'ombre Dit :

    ———————————-29———————————————-

    Elle cherchait ses mots, puis pousse un soupir avant de lancer.
    - Mon Dieu ! Que nous arrive-t-il donc ? Disons que m’arrive-t-il à moi, plus précisément ?
    - Rien de différent de ce qui arrive à toutes les filles de ton âge.
    - Oui, mais les filles de mon âge n’ont pas les problèmes que j’ai.
    - Je comprends… Veux-tu que je tue ton père ou que je te kidnappe ?
    - Quoi ?
    - Eh bien, je pense que c’est la solution la plus rapide qui existe pour nous…
    - Ah ! ah ! ah ! Arrête donc. Je ne m’y opposerai pas catégoriquement.
    - Alors, propose quelque chose !
    - Moi ?
    - Qui d’autre alors ?
    - Mais tu es fou. Si j’avais une solution à ma portée je n’aurais pas attendu jusqu’à ce jour.
    - Alors prenons le temps de réfléchir et soyons logiques dans nos propos.
    - Hum… je suis logique, mais la logique suit la raison et la raison pour moi s’impose dans le fait que je ne peux passer outre la volonté des miens. Tu connais le reste, notre société ne permet aucun écart.
    - Alors nous sommes revenus au point de départ.
    Fella qui venait de revenir au bureau s’écrie :
    - Vous n’avez pas encore fini, lance Hadjer dans le combiné. Elle trouve qu’on est trop bavards.
    - Vraiment ?
    - Cela fait déjà une demi-heure qu’on est au téléphone, Kamel.
    - Tu plaisantes ?
    - Je ne plaisante pas, c’est la réalité !
    - Je n’ai pas senti le temps passer.
    - Moi non plus… Alors à très bientôt j’espère.
    - Ne l’espère pas, sois certaine que je te rappellerai bientôt et je continuerais à te rappeler jusqu’à ce que tu consentes à me revoir.
    - D’accord ! Mais je sens que je ne tiendrai pas longtemps. Penses un peu à un malheureux jeune homme qui t’adore et qui a besoin de sentir ta présence.
    - Pense un peu à une malheureuse jeune fille qui t’adore et qui ne sait que faire.
    - Essaye donc de m’en empêcher. Tu es tout le temps dans mes pensées, Hadjer.
    Hadjer ferme les yeux et pousse un long soupir. Ils raccrochèrent en même temps. Hadjer demeure mélancolique un bon moment. Elle se mura dans un silence de plomb tandis que Fella lui jetait de temps
    à autre un regard interrogateur.
    C’était déjà la mi-journée. Hadjer qui prenait son café à petites gorgées, refuse la proposition de sa collègue d’aller déjeuner au réfectoire de l’entreprise. Elle n’avait pas faim. Elle se remet alors au travail et s’efforce d’oublier, ne serait-ce qu’un moment sa situation. En fin de compte, pourquoi s’entêter ? Elle va se marier à un homme qu’elle n’aime pas. Qu’elle n’a jamais aimé et qui n’est rien pour elle. Ni sa mère ni aucun de ses parents ne peuvent ni ne veulent la tirer de ce mauvais pas.
    Elle est bien enlisée. C’est décidé et bien décidé pour elle. Elle n’avait encore annoncé à personne que son père avait reçu une confirmation pour que le mariage ait lieu dans les prochains mois, c’est-à-dire vers la mi-saison estivale. À cette seule pensée, son cœur se serre davantage ? Et Salim ? Elle sait au fond d’elle-même qu’elle n’a pas le droit de le rendre malheureux. Mais tant pis pour lui. Celui-là n’avait qu’à être plus ferme dans ses décisions.

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  29. Artisans de l'ombre Dit :

    —————————————-30————————————–

    Elle revint à son micro et se met à pianoter sur le clavier, puis se rappelle que Fella devait lui raconter quelque chose aussi à propos de Kamel… Quelque chose qui s’est passé durant le week-end. Cela ne doit pas être très sérieux, se dit-elle, puisque même Kamel ne lui avait rien dit. Ses pensées revinrent vers ce dernier. Que ne ferait-elle pas pour le revoir ! Deux longues larmes coulaient sur ses joues. Elle s’essuie le visage d’un air rageur. Que pourra-t-elle bien faire ?
    Fella revint. Elle venait de déjeuner et avait pensé à ramener un sandwich et un fruit à sa collègue.
    - Tiens… Désormais, je ne devrai plus oublier que Kamel
    me fera une scène si je ne m’occupe pas de toi.
    - Merci Fella… c’est gentil d’avoir pensé à moi, mais
    mon estomac est noué, je n’ai pas très faim…
    - Tu… tu… tu… arrêtes donc de raconter des blagues et regarde-toi un peu dans une glace. Tu es d’une pâleur mortelle et ces cernes sous tes yeux n’augurent rien de bon !
    - Je sais. Mais que veux–tu, je n’y peux rien.
    - Mais si, tu peux ! Tu peux essayer quand même d’avaler un bout de pain, sinon prend cette pomme, elle est succulente. Hajder s’exécute. Elle prend la pomme et se met à la croquer. Elle mâchait doucement, sans s’arrêter de travailler.
    - Tu veux savoir ce qui s’est passé chez-moi ce week-end ? lui demande Fella, qui avait compris en voyant son air triste qu’elle livrait bataille contre elle-même.
    - Que s’est-il donc passé ? Depuis ce matin, tu ne cesses d’allécher mes sens.
    - Tu ne vas pas me croire, mais on était sur le point d’aller demander la main d’une fille pour Kamel…
    - Non… !
    Hadjer avait bondi de sa chaise.
    - Tu plaisantes ?
    - Attends… attends, ne t’emballes pas. Je vais tout te raconter… Finalement, la demande n’a pas eu lieu.
    Hadjer se rassoit. Son visage était devenu cramoisi… Elle se surprend à penser à Kamel. “S’il se mariait, se dit-elle, que deviendrais-je… ?” Que s’est-il donc passé ? demande-t-elle de vive voix.
    - Mais rien de grave, Hadjer… Je te dis que la demande n’a pas eu lieu.
    - Et pourquoi ? Un revirement de dernière minute ?
    - Tu peux le dire. Nous avons même eu une scène avec ma tante. C’est elle qui connaît la famille de la fille, et c’est elle qui devait nous accompagner.
    - Elle a changé d’avis ?
    - Si tu veux ! Mais laisse-moi donc te raconter toute l’histoire. Voilà : Fella reprend une fois encore tout le récit. Elle racontera à Hadjer aussi les circonstances dans lesquelles sa tante s’est brouillée avec sa mère.
    - Mais elle avait raison ta maman, lui dit Hadjer à la fin du récit… Je te vois très mal liée à un repris de justice.
    - Je me serais catégoriquement opposée, si l’on m’y avait obligée. Mais je sais que ma mère est raisonnable. Je sais qu’elle ne m’imposera pas un mari que j’aurais rejeté. Aucune maman d’ailleurs n’aimerait voir sa fille liée à un repris de justice.
    - Fort heureusement !
    Hadjer repense à sa mère.
    - Mais il y en a quand même celles qui préfèrent voir leurs filles malheureuses que de revenir sur leurs engagements.
    Fella garde le silence, ne sachant quoi répondre, puis elle lance d’une petite voix :
    - Que veux-tu, ainsi va la vie… Mais dis-toi aussi que seul el mektoub décide pour nous.
    - El mektoub… el mektoub… Il a bon dos ce el mektoub… on rejette sur lui la totalité de nos bêtises.
    - Nos ancêtres ont toujours fait ça… Nous avons hérité un peu de leur mentalité… C’est ça… C’est dans nos mœurs et nos traditions.
    - Au lieu de nous révolter, nous nous courbons… Pourquoi donc doit-on vivre comme eux ? Les temps ont déjà évolué sous d’autres cieux…

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  30. Artisans de l'ombre Dit :

    ————————————31————————————

    Fella compatissante, la prend par les épaules :
    - Oui, mais chez nous, Hadjer le parcours est encore long.
    - Oh ! ne t’en fais pas. Pour nous, peut-être, il paraît long. Mais pour les autres, il y a des femmes qui croquent la vie à belles dents. Elles vivent à mille à l’heure.
    - Elles vivent à leur guise et rejettent même le mariage. Tu te rends compte ?
    - Quelque part, elles ont raison. Le mariage peut s’avérer une calamité. J’en connais qui se seraient bien passé de cette formalité.
    - Moi aussi, j’en connais. J’ai déjà ma voisine qui vient de divorcer. Elle en était tellement heureuse, qu’elle avait donné une fête le jour de son retour chez ses parents.
    - En voilà une qui a bien tiré sa révérence.
    - Je ne suis donc pas la seule à souhaiter le divorce ?
    - Et encore, pour toi le mariage n’est pas consommé.
    - N’empêche que je suis mariée aux yeux de tout le monde.
    - Oui, tout le drame vient de là. Même ma mère a compati à ta situation.
    - Ta mère ?
    - Oui, je l’ai mise au courant de ta situation.
    - Hein ?
    - Eh bien, tant pis si j’ai vendu la mèche. Je lui ai tout raconté.
    - Tout ?
    - Oui ! J’ai été même jusqu’à lui dire qu’entre toi et Kamel c’est du sérieux.
    - Quoi ?
    - Eh bien, c’est la vérité, non ? Kamel n’a pas cessé de me harceler. Il veut t’épouser à tout prix. Et oui… je préfère te mettre tout de suite au courant.
    - Et qu’a-t-elle dit ?
    - Je crois qu’elle est en train de réfléchir à une chose.
    - Laquelle ?
    - Venir voir tes parents et demander ta main.
    - Mais tu connais la réponse.
    - Je sais, mais qui ne tente rien n’a rien.
    - Crois-tu que mes parents vont céder à sa demande ?
    - Non ! je ne crois rien. Je veux tenter quelque chose pour toi, Hadjer. Peut-être qu’après tout, tes parents ne sont pas aussi bornés que tu le penses.
    - Tu peux toujours essayer, mais je te préviens : le jeu ne sera pas aussi simple, ni pour toi ni pour moi.
    - Tant pis, nous tenterons quand même ce jeu.
    - Et… et Kamel, dans tout ça ?
    - Nous ne l’avons pas encore mis au courant. C’est ce qui explique sa conversation de toute à l’heure.
    - Et… et tu crois qu’il ne va pas s’opposer ?
    Fella se met à rire :
    - Tu es pessimiste à ce point ?
    - Oui ! et encore plus que tu ne le penses. Je connais mes parents. Même si cette demande en mariage est une bonne chose pour moi, je ne peux espérer un effort de la part de mes parents.
    - Ne t’inquiète donc pas. Ma mère saura parler à la tienne. Et c’est toujours ça de gagner.
    - Et quand est-ce que vous pensez vous présenter ?
    - Le plus tôt possible… Peut-être même dans la semaine. Il va falloir que j’en discute dès ce soir avec ma mère et Kamel.

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  31. Artisans de l'ombre Dit :

    ———————————32———————————————–

    Hadjer ferme les yeux. Une onde de chaleur la submergea. Elle se sentit heureuse un moment, mais ses angoisses reprirent vite le dessus. Kamel ! Un rêve qui se concrétise mais, parfois, le rêve devient cauchemar et, dans son cas à elle, le cauchemar ne voudra pas se dissiper. Même si Kamel demande sa main, ses parents la mettront devant la réalité : elle est mariée !
    - À quoi penses-tu Hadjer ? Y a-t-il une objection à ma proposition ?
    - Non, mais vu les circonstances…
    - Laisse tomber un moment tes appréhensions, veux-tu ? Pourquoi ne pas espérer et croire en soi ?
    Hadjer ne répond pas. L’optimisme de sa collègue lui fait du bien, mais dès son retour à la maison, Fella met sa mère au courant de son projet, elle insiste aussi sur la manière avec laquelle elles doivent procéder :
    - Il faut surtout leur expliquer que Kamel la veut à tout prix pour femme et que Hadjer semble apprécier la chose.
    - Mais Fella, si cette fille est réellement mariée sur papier…
    - Elle l’est mère, mais rien ne l’empêchera de divorcer. N’oublie pas que ce mariage n’est pas encore consommé.
    - Je ne sais quoi te répondre.
    - Dis-moi plutôt que tu apprécies ce que je te propose.
    - Oui, mais j’ai quand même peur de la réaction des parents de Hadjer.
    - Tant pis. On essayera quand même. Sois tranquille, je suis certaine qu’on nous recevra dans les règles de l’art.
    - Non, mais tu imagines…
    - Je n’imagine rien. Fais-donc comme si Hadjer n’est pas encore liée, qu’elle est célibataire et, quelque part, elle l’est réellement.
    - Tu veux donc qu’on se présente chez ses parents cette semaine ?
    - J’estime que le plus tôt possible serait le mieux.
    - Et Kamel dans tout ça ? Ton frère est-il au courant de tes manigances ?
    - Kamel sera trop heureux pour refuser ma proposition. Peut-être nous accompagnera-t-il lui-même.
    - Tu le penses ?
    - J’en suis convaincue. Allez maman, sois logique, fais quelque chose avant qu’il ne soit trop tard. Hadjer ne nous le pardonnera pas.
    - J’espère qu’il n’est pas déjà trop tard.
    - Essayons ! Cela ne nous coûtera rien. Une demande en mariage n’a jamais tué personne.
    - Hadjer est donc d’accord ?
    - Oui ! Elle n’a rien trouvé à redire.
    - Parfait. Mais parles-en avec ton frère ce soir. Peut-être y verra-t-il une objection ?
    - Cela m’étonnerai, mère. Mais j’avais la ferme intention de discuter dès ce soir avec Kamel sur ce sujet. J’espère seulement qu’il rentrera tôt aujourd’hui.
    - En principe, s’il n’est pas retenu, il rentrera avant 21 heures.
    - Bien ! Dans ce cas-là, à nous deux de jouer.
    - Disons plutôt : à toi de jouer !
    - D’accord, je jouerai et je pense qu’au point où sont les choses, nous n’avons rien à perdre, il suffit de vouloir.
    Kamel venait d’arriver. Il avait la mine défaite, mais Fella savait pourquoi.
    Elle prépare le dîner et, en attendant que sa mère fasse sa prière pour passer à table, elle rejoint son
    frère au salon où ce dernier était en train de suivre un match à la télévision.
    - Alors, que fais-tu ?
    - Tu vois bien que je regarde la télé !
    - Je sais ! Mais je veux te parler d’autre chose.
    - De quoi ?
    - De Hadjer.
    - Hadjer ?
    Étonné, il la regarde d’un air interrogatif.
    - Oui, de Hadjer. Je crois qu’il faut qu’on fasse quelque chose.
    - Que pourrait-on faire ? De quoi veux-tu parler Fella ?

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  32. Artisans de l'ombre Dit :

    ——————————————33————————————–

    Il avait un air déçu, mais l’espoir brillait au fond de ses yeux.
    - Eh bien, si tu ne vois pas d’inconvénient, nous avons décidé moi et maman d’aller demander sa main.
    - Quoi ? Mais…
    - Je sais ce que tu vas me dire : elle est mariée, ses parents vont refuser…
    - Mais c’est la réalité.
    - Écoutes-moi Kamel, et réponds-moi franchement : aimes-tu cette fille ?
    Il répond sans hésitation aucune :
    - Je l’adore, pour la première fois de ma vie, une femme a su m’accrocher.
    - Eh bien, tu dois connaître alors le dicton “qui ne tente rien n’a rien”.
    - Tu veux dire qu’on doit quand même faire une tentative ?
    - Qu’en penses-tu ?
    - Pour moi, c’est très simple : si maman est d’accord, je vais même vous accompagner.
    - Maman est d’accord, j’ai su l’amadouer, elle connaît toute l’histoire.
    - Au fait, comment tu as fait ?
    - J’ai fait quoi ?
    - Eh bien, pour discuter avec maman.
    - Je n’ai rien fait de particulier. Je l’ai juste mise au courant de toute l’affaire. Les choses ont évolué tellement vite que je n’ai pas pu m’abstenir de lui raconter toute l’histoire. Pour être plus sincère, je l’ai fait le jour même où l’on devait se rendre chez la fille.
    - Quelle fille ?
    - Celle dont on devait demander la main pour toi.
    - Ah, la fameuse demande en mariage. Ah, ah, ah, quand j’y repense !
    Fella sourit.
    - Tu peux dire que cela t’a porté bonheur puisque c’était une occasion pour moi de plaider ton cas auprès de maman.
    - Tu es sublime petite sœur, tu fais tant de choses pour moi et Hadjer. Au fait, pour qui fais-tu tout ça, pour Hadjer ou pour ton nigaud de frère ?
    - Mais pour les deux, pardi ! Je veux vous voir heureux.
    - Hum… et quand penses-tu pouvoir te rendre avec mère chez les parents de Hadjer ?
    - Le week-end prochain. Cela te va ?
    - Oui, très bien. Fort heureusement que je n’ai pris aucun engagement sérieux pour mes affaires cette semaine.
    - Bien. Alors, dès demain je mettrais Hadjer au courant. Elle aussi devrait d’une manière ou d’une autre préparer ses parents à vous recevoir, du moins sa mère.
    - Oui, je te laisse le soin de tout planifier petite sœur. Tu te débrouilles tellement bien !
    - Et qu’aurais-je en contrepartie ?
    - Un très beau cadeau de ma part.
    - Par exemple ?
    - Je ne sais pas ce qui te feras plaisir, parfum, un bijou…
    - Non, j’ai des parfums et des bijoux. Je veux autre chose…
    - Quoi ?
    - Une belle bagnole. Hein grand frère, tu ne vas pas me refuser ça surtout si les choses s’arrangent pour toi.
    - Un véhicule !
    - Oui, un quatre-roues.
    - Mais dis-donc, tu me prends pour la Banque centrale ?
    - Non je te prends pour Kamel, mon grand frère qui veut épouser une jolie fille et qui a eu recours à mes services. Je sais aussi que tu n’es pas la Banque centrale, mais que ton propre compte bancaire fera des envieux.
    Kamel se gratte la tête.
    - Comment le sais-tu ?
    - Très simple. N’est-ce pas toi qui m’avais dit que tu voulais acheter des magasins au centre-ville pour lancer une nouvelle activité.
    - J’ai dit ça, moi ?
    - Oui, et bien plus. Tu m’avais confié que tu avais assez d’argent maintenant pour penser à l’achat d’un bel appartement si jamais tu te mariais. Et que tes affaires là-bas marchent à merveille. Alors, grand frère, pourquoi veux-tu sanctionner ta pauvre sœur ?
    - Hum, je vois, tu as déjà pris les choses à ton avantage. Après tout, t’es une femme. Et une femme bien malicieuse.
    - Alors, j’attends la réponse ?

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  33. Artisans de l'ombre Dit :

    ———————————34———————————————–
    - Si ce n’est que cela, dès demain matin je m’inscrirai pour des cours de conduite. Alors grand frère, que décides-tu ?
    - Rien ! Pour le moment, je pourrai te promettre une chose : si j’épouse Hadjer, tu auras ta bagnole. Pas avant. Marché conclu ?
    - Marché conclu. J’ai déjà ta promesse. Gare à toi si tu te désistes.
    - Aucun risque de ce côté-là (il porte la main à son cœur…). Tu peux me croire. Parole d’homme !
    Dès le lendemain, Fella met Hadjer au courant de la décision prise la veille.
    - Ne devrais-tu pas mettre tes parents au courant ? Du moins ta mère ?
    - Ma mère ? Tu veux ma perte ? Elle va être la première à crier au scandale ! N’oublie pas que tout le monde est complice.
    - Alors, comment vas-tu procéder ?
    - Le plus normalement du monde. Je mettrai ma sœur Ilhem au courant en lui faisant promettre de garder le silence.
    - À quoi cela va-t-il servir ?
    - Tu connais bien l’histoire maintenant Fella pour en tirer une conclusion.
    - Je ne te suis pas vraiment.
    - Ilhem sera la seule à savoir que vous allez venir demander ma main. Mais les autres, vaut mieux ne pas être trop bavard. Tu diras à ta mère et à ton frère de se présenter à l’improviste, de faire comme s’ils n’étaient au courant de rien. Que Kamel m’avait vu chez toi au bureau, et qu’il a voulu passer aux choses sérieuses.
    - Vraiment Hadjer ?
    - Je suis trop choquée pour pouvoir encore me battre avec ma mère. Elle ne voudra rien savoir.
    - Et comment réagiront tes parents à ton avis ?
    - Je ne sais pas. Peut-être qu’en voyant Kamel, ils réfléchiront. Et puis, plus tard, j’essayerai de sonder Ilhem. Elle est plus proche de maman que moi.
    Fella s’approche de Hadjer.
    - Kamel tient tellement à cette demande. Il s’accroche comme un damné à l’espoir de pouvoir un jour t’épouser.
    - Je sais. Moi non plus je ne suis pas insensible, Fella.
    - C’est pour cela que j’ai monté toute cette histoire.
    - Et quand pensez-vous vous présenter ?
    - Le week-end prochain.
    - Hein ! Déjà ?
    - Oui ! Ne penses-tu pas que le plus tôt possible serait le mieux ?
    - Si, mais…
    - Mais quoi ?
    - Oh, rien ! Venez quand vous voulez. Je sais que ma mère va vous recevoir dans les règles de l’art et selon nos coutumes. Elle est très douée pour ça. Deux jours plus tard, Hadjer était dans sa chambre quand Ilhem vint la prévenir qu’on la demandait au téléphone.
    - Qui donc, lui demande-t-elle ?
    - Salim.
    - Salim ! Mais je ne veux pas lui parler ! Tu le sais très bien.
    - Oui, mais après tout, c’est ton mari et il a tellement insisté.
    - Pourquoi ?
    - Je ne sais pas, il veut te parler, voilà tout. Il avait l’air si affligé qu’il parlait en monosyllabes.
    - Qu’il le soit toute sa vie, il le mérite bien.
    - Ne sois pas si cruelle Hadjer. Tu sais bien que lui non plus n’y est pour rien.
    - Mais si, il y est et pour beaucoup !
    - Va répondre donc au téléphone et demande-lui ce qu’il veut. Il n’a pas l’habitude de t’appeler sauf en de rares occasions. Je crois deviner la cause de cet appel.
    - Ah bon ! Et quelle est cette cause ?
    - Il veut peut-être rapprocher la date du mariage.

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  34. Artisans de l'ombre Dit :

    ————————————35———————————————

    Hadjer blêmit. Oh ! Mon Dieu ! Non, pas ça, il est encore trop tôt.
    - Va donc répondre à cet homme, Hadjer. Va lui dire ce que tu penses de tout ça. Balance lui les quatre vérités en face.
    Hadjer dépose le pull qu’elle était en train de raccommoder et court au salon. Elle se saisit fébrilement du combiné et remarque que ses mains
    tremblaient.
    - Allô, c’est Hadjer. Qui est à l’appareil ?
    - Ah ! Bonjour Hadjer. Comment vas-tu ?
    Elle prend une grande inspiration avant de répondre :
    - Je vais bien. Que veux-tu Salim ?
    - Euh… Je ne sais par quoi commencer.
    - Commence par le début, lui lance-t-elle d’un air dégoûté.
    - Le début ! Euh… tu veux dire qu’il va falloir tout te raconter.
    - Mais que veux-tu donc me raconter ?
    - Euh… euh… Il cherchait visiblement ses mots. Écoute Hadjer, la chose est bien trop sérieuse pour qu’on discute au téléphone.
    - Trop sérieuse ! Tu veux donc parler du mariage.
    - Oui.
    - Mais je croyais que c’est ton père qui devait en décider.
    - Oui, mais je pense… Enfin Hadjer, s’il te plaît, fais un effort. Il faut absolument qu’on se voit. Je dois discuter avec toi. Intriguée, Hadjer se dit que Salim doit avoir de sérieux problèmes. Elle ne l’avait jamais encore vu prendre tout seul l’initiative de l’appeler à la maison, ni de vouloir la rencontrer. Au contraire, Hadjer n’a pu le voir ces derniers temps que très rarement, et lors de certaines et rares occasions.
    - Tu sais que ton père a fixé la date du mariage pour la mi-saison estivale ?
    - Oui. Et…
    - Et tu veux changer de date !
    - Non.
    - Alors, que veux-tu donc ? s’emporte Hadjer.
    - Je veux discuter avec toi.
    - Mais de quoi donc ? Finalement Salim, vas-tu consentir à cesser de tourner autour du pot pour ne rien dire ?
    - Justement, je ne veux pas trop tourner. Je veux te parler d’un sujet qui nous concerne tous les deux.
    - Tu veux venir à la maison ?
    - Euh… Je ne préfère pas.
    - Où veux-tu qu’on se voie alors ?
    - Où tu veux. Pourvu que ce soit loin de chez toi.
    Étonnée, Hadjer se met à réfléchir. Salim doit avoir des raisons bien sérieuses pour la solliciter ainsi.
    Veut-il rapprocher la date de leur mariage ? Si c’est le cas, elle va s’y opposer formellement.
    Non, surtout pas maintenant, se dit-elle. Du moins, aurait-elle le temps de voir Kamel venir demander sa main ? Ne serait-ce qu’un moment dans sa vie, elle verra l’homme qu’elle aime réellement passer à l’action et dépasser toutes les barrières pour elle.
    - Tu m’étonnes de plus en plus Salim. Mais à bien réfléchir, je crois que tu as raison, il vaudra mieux qu’on se rencontre et qu’on mette les cartes sur table. Moi aussi j’avais pensé à un certain moment à te contacter avant ce fameux mariage.
    - Eh bien, voilà, j’ai fait le premier pas moi-même. Que veux-tu donc faire Hadjer ?
    - Te rencontrer, puisque c’est ce que tu me demandes.
    - À la bonne heure. Veux-tu qu’on se voie aujourd’hui même.
    La jeune femme jette un coup d’œil à la pendule du salon et constate que la journée était bien avancée.
    - Non, il se fait tard pour aujourd’hui. Mais demain, si tu veux, je m’arrangerai pour sortir plutôt de mon boulot.
    - Parfait. Tu veux que je vienne aussi te récupérer ?
    - Oh non. Non, surtout pas ça, s’exclame Hadjer.
    - Je m’en doutais un peu.

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  35. Artisans de l'ombre Dit :

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    Elle eut quand même honte de sa réaction impulsive et reprend vite :
    - Je ne veux pas te déranger. Dis-moi seulement où je pourrai te rejoindre.
    - Au centre-ville. Disons au salon T., tu connais ?
    - Fort bien. Aucun problème, je trouverai l’endroit, mais fixe-moi l’horaire, s’il te plaît, je n’aime ni attendre ni faire attendre.
    - 16h30, cela te va ?
    - C’est parfait, mais je te préviens, Salim, je n’ai pas l’intention de passer des heures à te regarder dans les yeux.
    - Ne t’en fais donc pas, je vais essayer d’être ponctuel, bref et explicite. Cela ne prendra pas beaucoup de temps, je te le promets.
    - Espérons-le. Et sans lui laisser le temps de répliquer, elle raccroche nerveusement. Ilhem vint la retrouver au salon et, lui trouvant un air bizarre, lui demande :
    - Que se passe-t-il ? Salim veut se marier rapidement ?
    - Je n’en sais rien. Elle met un doigt dans sa bouche et se met à réfléchir. C’est vraiment bizarre, il ne m’appelle pas du tout et ne cherche même pas après moi depuis que je lui ai fait comprendre que je ne l’aimais pas, mais aujourd’hui, il me demande de le rencontrer et insiste pour qu’on se revoie demain.
    - Peut-être a-t-il quelque chose d’important à te proposer ?
    - Par exemple ?
    - Je ne sais pas moi, une relation plus stable entre vous. Peut-être qu’il veut que vous vous voyiez plus souvent ?
    - Pourquoi donc, il me connaît assez, non, et il connaît bien aussi l’opinion que j’ai de lui.
    - En tous les cas ce jeune homme ne s’est pas hasardé à t’appeler pour rien. Il a mille et une raisons de le faire, certes, mais à mon avis Salim veut peut-être t’apprendre quelque chose de très important.
    - Tu veux parler du mariage ?
    - Pas forcément, peut-être qu’il est malade et qu’il ne peut pas contracter une union ?
    - Fasse que Dieu t’entende, Ilhem.
    Ilhem s’approche d’elle :
    - Mais tu deviens vraiment méchante, ma grande sœur. Tu n’as donc plus de sensibilité ?
    - Si, mais pas envers celui-là.
    Ilhem rit :
    - Hum, envers Kamel alors ?
    Hadjer sourit :
    - Justement, puisque tu parles de lui, je vais t’apprendre quelque chose à son sujet.
    - Quoi donc ?
    - Kamel va venir avec Fella et leur mère demander ma main. Prise au dépourvu par une telle révélation Ilhem porte la main à sa gorge. Elle regarde sa sœur un moment silencieusement, puis lance d’une voix étranglée :
    - Mais que fais-tu là Hajder ? Tu n’as donc pas une idée de la réponse de nos parents ? Pourquoi déranger ces braves gens.
    - Mais je ne les dérange pas du tout. C’est Fella qui a monté tout ce scénario et toi tu vas m’aider.
    - Moi ? Mais que puis-je faire ?

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  36. Artisans de l'ombre Dit :

    ————————————37————————————————

    Hadjer ébauche un sourire espiègle.
    - Eh bien, comme je n’ai pas du tout l’intention d’ameuter toute la maison… Le jour “J”, tu vas devoir préparer maman.
    - Mais tu es folle ou quoi ! Elle va avoir une attaque.
    - Pas du tout. Elle n’aura qu’à bien les recevoir.
    - Mais comment vois-tu les choses toi, s’écrie Ilhem. Ton mariage n’est pas une rigolade. Détrompe-toi tu seras déçue. Mais ouvre un peu donc tes yeux. Tu vas faire mourir de honte nos parents.
    - Pourquoi donc ? Parce que quelqu’un vient demander ma main ?
    - Non, parce que tu permets à ce quelqu’un vienne demander ta main, alors que tu sais que la chose est impossible. Tu es mariée Hadjer, l’as-tu donc oublié ?
    - Non, mais ne t’emballe donc pas ainsi Ilhem. Ni toi ni mère n’aurez à vous mettre dans l’embarras, puisque ce ne sera qu’une simple formalité. Je serai heureuse juste un moment Ilhem. Ce moment même où Kamel demandera ma main. Ne m’empêche pas de vivre ces instants magiques.
    Ilhem eut pitié de sa sœur.
    - Mais la déception sera encore plus atroce pour toi.
    - Je sais. Mais je veux quand même tenter ma chance, sait-on jamais. Les miracles existent tu sais.
    Ilhem secoue sa tête et sort du salon en se disant que sa sœur avait tout bonnement perdu la raison.
    Hadjer passera quand même une assez mauvaise nuit. Des cauchemars peuplèrent son sommeil et elle n’avait cessé de repenser à sa conversation avec Salim. Ce rendez-vous avec lui l’inquiétait au plus haut point. Tout de même, se dit-elle, c’est curieux qu’il ait osé l’appeler. Que peut-il donc vouloir lui raconter ?
    Harassée, elle ne pu trouver le sommeil qu’au petit matin, mais elle dut se lever à l’heure habituelle pour se rendre au bureau. Devrait-elle parler de son rendez-vous avec Salim à Fella ? Elle avait encore quelques appréhensions jusqu’au moment où Fella vint lui annoncer la décision prise avec sa mère et son frère la veille même.
    - Nous sommes tous décidés à venir ensemble le week-end prochain si tu n’y vois aucun inconvénient.
    - Non, je n’y vois pas d’inconvénient, mais je vais être sincère avec toi. J’ai encore peur de la réaction de mes parents.
    - Nous dirons simplement que nous ne savions pas que tu étais déjà liée.
    - Même si je suis ta collègue de bureau ?
    - Et alors ?
    - Cela va paraître louche, non ?
    - Nous sommes, certes, collègues Hadjer, mais pas forcément confidentes.
    - Maman va tout de suite deviner toute l’histoire.
    - Tant pis, cela va renforcer davantage tes arguments. Tu n’aimes pas Salim…
    - Ah ! justement, parlons de celui-là.
    - Quoi ! Tu veux parler de cet homme Hadjer ?
    - Oui, je veux parler de Salim. Il m’a invité à prendre un thé avec lui cet après-midi.
    Fella, qui ne comprenait plus rien, se tient la tête.
    - Tu ne m’avais pas dit qu’il te contactait.
    - Il ne l’a encore fait qu’en de rares occasions. Nous nous sommes pratiquement jamais rencontrés loin de nos parents, et même les quelques coups de fil que j’ai reçus de lui n’étaient pas très intéressants. Il bégayait à tout bout de champ et changeait de sujet à chaque fois que j’abordais le mariage.
    - Alors, comment expliques-tu cette invitation subite ?
    - Je ne sais pas encore ce qu’il veut exactement. Il m’a seulement assuré que le sujet vaut la peine de prendre ensemble un rendez-vous. Nous allons nous voir cet après-midi même dans un salon du centre-ville.

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  37. Artisans de l'ombre Dit :

    ——————————————–38———————————–

    Fella écarquille les yeux, de plus en plus étonnée :
    - Et tu acceptes comme ça de le rencontrer et de répondre à ses avances ?
    - Quelles avances ? Jusqu’à présent, le sujet est clair. Il veut discuter d’une chose très importante. Apparemment du mariage.
    - De quoi ? s’exclame Fella.
    - Du mariage.
    - Je ne te suis plus Hadjer.
    - Eh bien, figure-toi que moi non plus je ne sais plus sur quel pied danser. Je sais une chose là-dessus : son père voulait que le mariage ait lieu l’été prochain.
    - Oh mon Dieu. C’est dans quelques mois.
    - Oui. D’après ce que j’ai cru comprendre, Salim veut parler précisément de ce mariage. Peut-être veut-il changer la date ?
    - Et comment feras-tu s’il veut rapprocher cette date ?
    - Je m’y opposerais catégoriquement.
    - J’espère de tout cœur que ce n’est pas à ce sujet qu’il veut te parler ma pauvre Hadjer.
    - Même si c’est le cas, Salim je saurais toujours lui rejeter la proposition. Ce n’est le cas ni avec son père ni avec le mien.
    - Hum ! tu décides donc de le rencontrer cet après-midi.
    - Oui. Je n’ai pu m’y dérober. Je t’avoue que ma curiosité l’a emporté sur le reste.
    - Tu attises la mienne aussi, Hadjer.
    - On verra bien de quoi il s’agit.
    - Tu m’appelleras alors dans la soirée pour me mettre au courant de ton entretien et moi j’en profiterai pour te passer Kamel.
    - Bonne idée Fella. Rien ne pourra me faire autant plaisir.
    La journée s’écoula. À l’approche de l’heure de son rendez-vous, et malgré toutes ses bonnes résolutions, Hadjer était fébrile. Pire encore, une angoisse menaçait de l’engloutir. Elle dut à deux reprise arrêter son travail pour prendre un grand verre d’eau.
    Il était déjà presque 16 heures. Elle éteint son micro, se saisit de son sac et lance un regard suppliant à Fella :
    - N’aimerais-tu pas m’accompagner Fella ? Cela sera moins dur pour moi.
    - Voyons Hadjer ! Tu ne penses pas ce que tu dis. Moi, une étrangère, t’accompagner pour un rendez-vous entre toi et Salim !
    - Heu… j’ai le trac. Tu comprends, cette invitation n’augure rien de bon.
    - Ne sois pas si pessimiste. Regarde-toi donc un peu, tu es toute débraillée. Approche que j’arrange un peu cette boucle d’oreille qui menace de tomber à tout bout de champ. Et puis tire un peu sur ton pull, il est tout froissé… et maquille-toi. Tu as l’air d’un cadavre ambulant.
    - Ton expression favorite hein ?
    - C’est la réalité. Tu n’es plus que l’ombre de toi-même. Surtout ne fais pas cette tête devant lui.
    - Non, pour ça, sois-en certaine. Mais j’ai un peu peur tout de même.
    - Reprends donc tes esprits, ce n’est pas la fin du monde.
    - C’est un peu ça pour moi Fella.
    - Mais je ne te reconnais plus ma chère. Toi si forte d’habitude… Il y a à peine quelques heures, tu disais que tu pouvais tenir tête à ce vaurien.
    - Oui, mais pour se rendre déjà à ce rendez-vous qui ne me tente guerre, c’est carrément le calvaire.

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  38. Artisans de l'ombre Dit :

    —————————————–39——————————————-
    Fella était en train de la débarrasser d’une mèche qui gênait ses yeux, elle défroisse avec sa main la jupe de son amie et la regarde un moment :
    - Allons, allons Hadjer, franchement. Lève un peu la tête pour voir.
    - Hadjer s’exécute sans trop de volonté. Ses mains tremblaient et elle ne cessait de pianoter avec un crayon sur le bureau de Fella.
    - Mais cesse donc de faire autant de bruit, s’écrie Fella.
    - Et toi cesse donc de remettre de l’ordre dans mes vêtements comme si je me rendais à une fête.
    - C’est un peu ça.
    - Ah non… pas du tout alors.
    - Mais si, il ne faut pas que Salim constate ta faiblesse, une arme solide pour lui, tu comprends ! Montres-lui que tu es toujours sur tes pieds, que rien ne peut t’ébranler.
    Hadjer pousse un soupir :
    - Tu as finalement raison Fella.
    Elle prend une petite glace dans son sac et remet du rouge à lèvres avant de se donner un coup de peigne.
    - Et là, comment je suis ?
    - Parfaite, on dirait un mannequin.
    - Tu exagères, je ne suis pas assez grande pour ça.
    - Mais je t’assure que tu es très belle.
    - Merci ma chérie, je vais courir me mettre dans un taxi, il est déjà seize heures passées.
    - Il pourra attendre un peu non ?
    - Oui, mais je dois quand même rentrer chez moi à l’heure. Il ne faut pas oublier que mes parents ne sont pas au courant de ce rendez-vous.
    La jeune femme descend quatre à quatre les escaliers de son entreprise, tandis que Fella criait derrière elle :
    - N’oublies pas de m’appeler ce soir.
    - Compte sur moi.
    Il faisait un temps gris. Hadjer, qui est née au printemps, n’aime pas la grisaille. Cela la rendait mélancolique. Elle hèle un taxi et lui indique sa destination. Pendant que celui-ci roulait, ses idées à elle vagabondaient. Elle ne connaissait presque rien de Salim, sauf qu’il était une poule mouillée. Parfois, il lui faisait pitié. Pourtant, son physique était très agréable. Il était grand de taille, musclé, avait de beaux traits. Mais le physique n’était pas tout pour une femme comme elle. Hadjer aimait les hommes forts de caractère qui ne se faisaient pas mener par le bout du nez. Salim n’avait jusque-là montré que des faiblesses. Dieu, quelle calamité un homme faible ! Elle se met à le comparer à Kamel. Mais aucune comparaison ne collait, il y avait trop de différences entre eux.
    La jeune femme pousse un soupir. La vie prend parfois de mauvaises tournures. Les choses auraient été plus simples si elle n’était pas déjà liée avec Salim par la bénédiction d’un grand-père qu’elle n’avait jamais connu. Un paradoxe d’un autre temps.
    Le chauffeur freina brutalement la tirant de ses rêveries.
    - Vous êtes arrivée mademoiselle.
    Elle sursaute :
    - Ah, très bien. Combien vous
    dois-je ?

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  39. Artisans de l'ombre Dit :

    ———————————–40———————————————

    Elle règle sa course, et descend. Juste en face d’elle se dressait le salon de thé où devait l’attendre Salim. Elle prend une longue inspiration avant de se décider à pousser la lourde porte vitrée et de pénétrer à l’intérieur de l’établissement. Il faisait un peu sombre et des appliques diffusaient une lumière tamisée. Quelques couples prenaient des boissons en devisant tranquillement à voix basse. Ici l’intimité est apparemment de mise. Elle jette un coup alentour et remarque au fond de la salle un jeune homme qui lui faisait signe. C’était Salim. Elle n’eut aucun mal à le reconnaître, mais sa stupéfaction sera plus grande lorsqu’en s’approchant de la table où il s’était installé, elle remarque qu’il n’était pas seul.
    Une jeune rouquine était tout près de lui. Hajder eut même le temps de la voir retirer furtivement sa main de celle de Salim. Elle sentit une gêne la gagner. Que veut dire tout cela ? La jeune femme s’approche quand même du couple.
    - J’espère que je ne suis pas en retard, lance-t-elle à Salim, tout en voulant détendre l’atmosphère.
    - Non, c’est plutôt nous qui sommes en avance. N’est-ce pas Nadia ?
    La rouquine hoche la tête sans mot dire, mais se met à jauger Hadjer. On aurait juré qu’elle faisait une comparaison flagrante entre elles.
    Hadjer de son côté se demandait à quoi rimait toute cette scène. Elle interroge Salim du regard mais ce dernier la devance.
    - Installe-toi Hadjer.
    Il tire une chaise et l’aide à s’asseoir.
    - Que prends-tu, Hajder, une boisson chaude, un jus, un gâteau ?
    Curieusement il avait l’air sûr de lui pour une fois. Hajder constate qu’il ne bégayait pas et qu’au contraire il avait le verbe bien plus facile que d’habitude. Sa tenue non plus n’était pas quelconque. Son blouson en cuir doit coûter une véritable fortune, se dit la jeune femme. Il avait changé aussi sa coupe de cheveux qu’il portait plus court sur la nuque mais plus fourni sur le devant. Un véritable play-boy, se dit Hadjer en souriant intérieurement. Pourtant rien en lui ne l’attirait. Elle campait sur ses positions.
    - Non, merci finit-elle par répondre, un verre d’eau suffira.
    - C’est tout ? Même pas une limonade ?
    - Non, je n’aime pas la limonade. Au fait, qui est cette jeune femme ?
    La curiosité l’avait emporté. Tant pis, au point où elle en est.
    - C’est Nadia. Heu… ma fiancée.
    Hadjer fronce les sourcils, puis écarquille les yeux.
    - Ta quoi ?
    - Hadjer… écoute-moi bien, je vais t’expliquer.
    - Tu dois d’abord me dire qu’est-ce que je fais là ?
    - Oui, justement. Attend donc un peu, je vais tout t’expliquer.
    - J’écoute, Salim… Tu voulais me parler de notre mariage à ce j’ai compris durant notre conversation téléphonique, mais je constate que je me suis peut-être trompée où que je n’ai pas bien compris.
    - Laisse-moi donc t’expliquer, bon sang ! Il avait juré tout haut. Hadjer en fut intriguée. Jamais encore elle ne l’avait vu dans cet état.

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  40. Artisans de l'ombre Dit :

    ———————————–41——————————————–

    Il prit une gorgée de jus, puis entame :
    - Voilà, Nadia et moi nous nous connaissons depuis quelques années. Depuis l’université, si tu veux. Nous nous sommes perdu de vue un bon bout de temps, puis nos routes se sont à nouveau croisées. Que veux-tu ? Nous nous sommes découvert beaucoup de choses en commun. Des goûts, des penchants vers certains écrivains, vers l’art… Et puis voilà, nous avons décidé de nous marier.
    Hadjer écarquille ses yeux :
    - Mais…
    - Mais attends donc… Je sais ce que tu vas me dire, que nous sommes déjà liés l’un à l’autre sur papier et que nos parents avaient décidé pour nous. Je connais toute l’histoire tout comme toi d’ailleurs. Et tout comme toi, je n’étais pas du tout d’accord sur cette manière de nous unir à notre insu. Nous ne sommes pas des animaux, tout de même.
    - Mais tu n’a jamais rien fait pour t’opposer à tout ça, s’écrie Hadjer hors d’elle.
    - Détrompe-toi. M’as-tu seulement un jour donné l’occasion de discuter avec toi ? M’as-tu accordé un simple intérêt ?
    Hadjer eut honte d’elle-même. Elle avait très mal jugé Salim. En réalité, elle n’a jamais essayé de le connaître ni de l’approcher. Elle se sentit bien coupable envers ce jeune homme qui, en fin de compte, n’était pas aussi idiot qu’elle le pensait. Si seulement elle lui avait donné l’occasion de s’exprimer !
    - Je sais que je suis plus fautive que toi Salim. Finit-elle par lancer. Mais la façon dont nos parents ont décidé pour nous m’a tellement révoltée que j’en voulais à tout le monde, et particulièrement à toi.
    - Mais je le sais. Combien de fois ai-je essayé de te contacter ? J’ai même pensé à t’offrir un petit cadeau pour ton anniversaire. Une façon de me rapprocher de toi, de te parler. Mais tu avais refusé tout dialogue.
    - Mais tu avais accepté aussi cet acte de mariage.
    - Je sais. Mais n’oublie pas qu’à l’époque, nous avions à peine 18 ans tous les deux, et que nos parents avaient eux-mêmes décidé de passer à l’action sans même nous prévenir. Ils avaient peur de nous voir nous éloigner l’un de l’autre. Moi je commençais ma première année à l’université et toi tu étais encore en terminale. Je ne pouvais absolument rien faire à ce moment-là. Néanmoins, je voulais que tu saches que si nous ne pouvions pas nous supporter comme mari et femme, nous pouvions rester amis et même partager des confidences.

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  41. Artisans de l'ombre Dit :

    ———————————–42—————————————
    Hadjer eut le souffle coupé par toutes ces révélations. Elle se sentit vulnérable à côté de la sagesse de Salim. Ce Salim qu’elle dénigrait et humiliait, il y a à peine quelques heures. Et bien qu’elle comprit le but de cette ultime invitation de son mari, Hadjer voulait avoir le cœur net et se hasarda à demander
    - Et… et pourquoi voulais-tu me voir aujourd’hui ?
    - Eh bien pour te dévoiler certaines choses, Hadjer. Je présume que tu es contre ce que nos parents, disons plutôt nos grands-parents, avaient décidé pour nous et que tu n’as jamais voulu de ce mariage.
    - Oui… Et jusqu’à ce matin je tremblais à l’idée de devoir fixer avec toi une date déterminante.
    - Nos parents l’ont déjà fixée, tu le sais bien.
    - Oui… mais toi, tu y tiens toujours ?
    - Non.
    - Non ? Alors tu veux changer cette date ?
    - Pas uniquement la date.
    - Que veux-tu changer d’autre alors ?
    - Tout, y compris la mariée.
    Hadjer jette un coup d’œil à Nadia. Cette dernière arbore un sourire triomphal et garde le silence.
    - La mariée… tu veux dire que tu vas épouser Nadia ?
    - Oui. Si tu n’y vois aucun inconvénient, je vais, dès demain, entamer les démarches de notre divorce.
    - Divorce ? Hum, c’est peu dire… tu ne trouves pas ?
    - Eh bien, disons l’annulation de notre acte de mariage si tu préfères. Mais je ne veux en aucun cas te forcer.
    Si tu tiens à ce mariage, je…
    - Non ! s’écrie Hadjer.
    Elle avait élevé la voix et quelques têtes se tournèrent vers eux.
    - Non, reprit-elle plus doucement. Salim tu es plus intelligent que je ne le pensais.
    - Merci, tu me prenais donc pour un idiot ?
    - Oui, non… enfin, oublie un peu le passé. Je veux plutôt savoir comment tu vas t’y prendre avec nos parents ?
    - Très simple. Dès ce soir je mettrais mon père au courant de ma décision. Je serais formel, s’il refuse je quitte la maison. À vrai dire, il a bien compris et depuis longtemps déjà que j’ai mon mot à dire dans cette affaire. Seulement,chez nous la parole des anciens est sacrée, il ne pouvait blesser tes parents par une proposition qui les aurait peut-être choqués. Mais je crois que lorsque je le mettrais devant le fait accompli, il n’aura plus rien à se reprocher.
    - Waou ! et moi qui pensais…
    - Tu pensais quoi ?
    - Oh rien des sottises.
    - Tu croyais que je n’étais pas capable de faire de telles choses.
    - Oui, franchement je te prenais pour un faible, mais tu m’étonnes tellement aujourd’hui. Je te découvre Salim et c’est seulement aujourd’hui que je commence à te connaître.
    Elle se mordit les lèvres. Si elle avait connu auparavant sous cet angle et avec cette personnalité, l’aurait-elle ignoré ? Elle n’en savait rien. Ce qu’elle sait, par contre, c’est qu’aujourd’hui elle est attachée à un autre homme, et Salim aime une autre femme. Les jeux sont faits.
    - Tu n’as jamais voulu me connaître, Hadjer. À quoi cela aurait servi d’ailleurs, puisque toi-même tu refusais ce mariage.
    - On ne s’est pas connu assez. Comprends-moi donc Salim, les dés étaient jetés avant notre naissance, et depuis, les temps ont évolué. La preuve, aujourd’hui, c’est toi-même qui prend les devants et tu as raison. Que comptes-tu faire ?

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  42. Artisans de l'ombre Dit :

    —————————————–43—————————————–
    Salim ébauche un sourire. C’est simple, une fois notre mariage annulé je vais tout de suite épouser Nadia. Cela fera bientôt sept ans que nous nous connaissons.
    - Aussi longtemps que ça ! Ma foi, tu aurais dû te prononcer plus tôt.
    - Mais tu me fuyais à tout bout de champ, Hadjer. Jusqu’à hier j’avais peur de ton refus de me parler ou de me voir. Comment aurais-je pu alors te mettre au courant de mon projet ?
    - Tu aurais consenti à annuler notre mariage plus tôt je n’aurais pas du tout été contre.
    - Je sais, mais je ne pouvais deviner la suite des choses. Alors j’ai pris mon mal en patience tout en espérant que le rejet viendrait de toi.
    - De moi ?
    - Oui, n’as-tu pas ton mot à dire ?
    - Tu m’étonnes, Salim.
    - Eh pourquoi ?
    - Mais tu connais notre société je n’ai pas à te faire un dessin. J’ai bien essayé de sensibiliser ma mère, en vain. Quant à mon père, vaut mieux ne pas l’approcher ou aborder le sujet avec lui.
    - Bien, récapitulons : tout compte fait, tu n’es pas contre ma proposition.
    Hadjer jette un coup d’œil à Nadia qui blêmit.
    - Eh bien je crois que c’est la meilleure solution pour nous tous. Moi je serai plus libre pour épouser l’homme de mon choix. Et vous deux pourriez vous marier sans aucun inconvénient.
    - Merci, Hadjer. Je savais que tu comprendrais.
    - Et si je n’avais pas compris, demande Hajder d’un air espiègle. Si j’avais refusé de divorcer ?
    - Eh bien j’aurais opté pour la polygamie et Nadia n’aurait pas été contre. ce serait tant pis pour toi. Ils éclatèrent de rire.
    - Grâce à Dieu nous n’en sommes pas là, tout compte fait, les choses ont fini par s’arranger d’elles-mêmes.
    - Oui, grâce à Dieu et à ta compréhension des choses, Hadjer.
    - Oh non, je n’ai pas été compréhensive du tout. À chaque fois qu’on se rencontrait, c’était bien rare, j’interprétais mal tes réactions. Je te prenais pour un faible, un fils à papa, alors que toi, tu essayais d’être plus cool. Tu ne voulais pas me brusquer.
    - Eh bien, tout n’est pas perdu, tu vois. Le jour est quand même arrivé où j’ai pu m’ouvrir à toi et te mettre au courant de toute la situation.
    - J’ai honte de moi, Salim. Et toutes mes excuses n’effaceront pas tout le mal que j’ai pu te faire.
    Salim ébauche un sourire.
    - Tu n’as rien fait Hadjer. Tu n’as été qu’une victime comme moi. Une victime des tabous et de nos mœurs. Oublie donc tout ça et envisage l’avenir sous un meilleur angle. Les affres du passé ne seront plus qu’un vague souvenir. Hadjer jette un coup d’œil à sa montre-bracelet et se lève pour prendre congé.
    - Bon… je crois qu’il est temps de rentrer pour moi. Merci pour tout, Salim.
    - Attend un peu… Comment vas-tu rentrer, il se fait tard ?
    - Je vais prendre un taxi.
    - Non, tu n’y penses pas. Je vais te déposer. Tout est bien qui finit bien. Salim et Hadjer consentent mutuellement à annuler leur mariage dans les normes du civisme.
    Salim prend le bras de Nadia, et tous les trois se retrouvèrent dans une belle Mercedes blanche. Hadjer
    ne pouvait refuser la proposition de Salim qu’elle découvrait intelligent et généreux. Ils pourront quand même garder un contact amical. L’amitié est parfois plus profonde que l’amour. Depuis ce jour, et au grand étonnement des leurs, Salim et Hadjer devinrent amis. Ils se marièrent chacun de son côté et fondèrent une famille. Les parent de Hadjer acceptèrent d’emblée Kamel. Ils étaient bien trop heureux de pouvoir la caser juste après son divorce et virent là un évident signe du destin. Ce destin qui parfois peut s’avérer injuste, et d’autres fois fait bien les choses. Bien entendu, Fella eut droit à son cadeau, et Kamel lui offrit une belle 206 de couleur grise qui rendra bien jalouse
    Hadjer. Mais faisant contre mauvaise fortune bon cœur, elle consentira à partager le véhicule de son mari. Quelques temps plus tard, Fella de son côté se mariera avec le frère de Hadjer. C’était l’histoire furtive d’une rencontre que le destin a fini par amalgamer dans un kaléidoscope dont seule la vie connaît les secrets.

    Y. H.
    Fin

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