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La nouvelle de Yasmina Hanane Le destin

1 mai 2012

EXTRAITS, Yasmina Hanane

 

Par : Yasmine HANANELa nouvelle de Yasmina Hanane     Le destin dans EXTRAITS 5506_200_150

“Que le bon Dieu te bénisse et te donne tout ce dont tu pourras rêver : la santé, la richesse, la beauté et un homme qui t’aimera d’un amour fou jusqu’à la fin de tes jours.” La mendiante s’empare fébrilement du billet de banque que lui tendait Samia avant de s’en aller clopin-clopant vers l’autre côté de la rue, tout en continuant à souhaiter longue vie, bonheur et autres vœux de réussite et de gloire.
Samia sourit en repensant à la phrase “un homme qui t’aimera d’un amour fou…” Au volant de sa 206 flambant neuve, elle repensait pour la énième fois à son destin. Un destin qu’elle trouve parfois bizarre, d’autant plus qu’elle avait tout pour être heureuse. De sa mère, elle avait hérité la beauté, et de son père, la richesse. Lorsqu’elle a eu ses dix-huit ans, elle hérita de tous les bijoux de sa grand-mère paternelle, et pour ne pas rester à l’écart, son grand-oncle lui confia les clefs de son premier véhicule, une 205 blanche.
De sa grand-mère maternelle, qui mourut à un âge précoce, elle ne garde qu’un vague souvenir. Un sourire et des yeux d’un bleu à faire pâlir les étoiles. Oui, elle se rappelle avoir aimé ce sourire rassurant et ces yeux pleins de douceur qui la contemplaient.
- Ah ! que la vie est cruelle, soupire Samia. Elle se rappellera aussi la mort de sa génitrice alors qu’elle allait à peine sur ses cinq ans. Ce jour-là, il y avait plein de monde chez eux. Des gens qu’elle n’avait jamais vus, et qui l’embrassaient en sanglotant. D’autres lui caressaient les cheveux ou la serraient dans leurs bras, tandis que son père, effondré et soutenu par ses oncles, la regardait tristement, alors qu’elle courait se réfugier dans ses bras.
Le souvenir ressurgissait de temps à autre dans ses rêves quand elle revoyait sa mère tout de blanc vêtue lui tendre un beau bouquet d’œillets.
Le temps est passé. Son père s’est remarié. Elle avait vécu quelque temps avec sa marâtre avant de rejoindre sa grand-mère qui s’occupera de son éducation jusqu’à sa maturité. Douce et chaleureuse comme pas une, cette dernière avait largement remplacé l’affection de sa mère.
Samia n’avait à aucun moment de son adolescence ressenti le vide affectif ou un quelconque autre besoin matériel. Son aïeule veillait à son confort et répondait à ses caprices. Hélas, elle mourra une année à peine après que Samia eut terminé ses études et s’apprêtait à se marier.
Voilà encore une autre histoire.
Sur cette autoroute de l’Est, qui s’étendait devant elle à perte de vue, Samia a senti un sentiment de nostalgie la submerger. Elle avait eu trop de chocs dans sa vie pour espérer un équilibre psychique harmonieux. Enfin, avec l’aide de ses amis et proches, elle avait pu remonter la pente après de multiples déceptions.
Sur cette même autoroute, elle revoyait Lamine au volant et elle à ses côtés. Elle rentrait d’un voyage en Europe, et comme ils préparaient leur mariage, Lamine a tenu à venir l’attendre à l’aéroport pour l’accompagner chez elle. C’était l’époque où l’amour entrait en coup de vent dans sa vie. Un amour qui l’a submergé jusqu’à la racine de ses cheveux et dont elle garde, jusqu’à aujourd’hui, un goût d’amertume. Elle avait essayé d’oublier. Elle ira même jusqu’à tenter de mettre fin à ses jours pour avoir le répit éternel. Mais… rien. Absolument rien n’avait pu effacer ses malheurs. Elle vit. Elle travaille, elle voyage. Mais elle n’a jamais oublié.

 

À propos de Artisan de l'ombre

Natif de Sougueur ex Trézel ,du département de Tiaret Algérie Il a suivi ses études dans la même ville et devint instit par contrainte .C’est en voyant des candides dans des classes trop exiguës que sa vocation est née en se vouant pleinement à cette noble fonction corps et âme . Très reconnaissant à ceux qui ont contribué à son épanouissement et qui ne cessera jamais de remémorer :ses parents ,Chikhaoui Fatima Zohra Belasgaa Lakhdar,Benmokhtar Aomar ,Ait Said Yahia ,Ait Mouloud Mouloud ,Ait Rached Larbi ,Mokhtari Aoued Bouasba Djilali … Créa blog sur blog afin de s’échapper à un monde qui désormais ne lui appartient pas où il ne se retrouve guère . Il retrouva vite sa passion dans son monde en miniature apportant tout son savoir pour en faire profiter ses prochains. Tenace ,il continuera à honorer ses amis ,sa ville et toutes les personnes qui ont agi positivement sur lui

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19 Réponses à “La nouvelle de Yasmina Hanane Le destin”

  1. Artisans de l'ombre Dit :

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    Une fois rentrée chez elle pour les préparatifs de son mariage, elle trouvera sa grand-mère alitée. Elle venait d’avoir une première attaque. Mais pour ne point l’alarmer, elle s’est ingénié à lui faire croire que c’étaient plutôt ses rhumatismes qui la faisaient souffrir.
    Crédule, Samia l’avait cru. Deux jours plus tard, la vieille femme rendait l’âme dans la nuit.
    Effondrée, Samia crut devenir folle. Ni Lamine à ses côtés, ni son père, ni personne d’autre dans son entourage ne pouvaient soulager sa souffrance. Elle ne voyait plus rien, n’écoutait personne et s’enfermait de longues heures dans sa chambre à méditer sur la vie humaine qui, depuis son début, s’acheminait vers une fin qui s’abattait comme ça au moment où l’on s’attendait le moins.
    Un soupir. Encore un autre. Le volant glissait entre ses mains et l’aiguille indiquait 95km/h. Encore quelques kilomètres et elle se retrouvera chez elle dans la grande maison de ses grands-parents, où la solitude demeure sa seule compagne. Elle ralentit un peu à l’entrée d’un village, levant le pied de l’accélérateur. Des enfants en bas âge traversaient la route. Sûrement des écoliers. Il est déjà un peu plus de 17h. Comme elle aurait aimé demeurer enfant ! À cet âge, la vie est bien moins pénible et puis, qui n’a pas gardé un bon souvenir de son enfance, malgré les aléas de l’existence ? En tout cas, elle avait toujours une belle image devant ses yeux, quand elle repensait à l’époque enfantine où on était aux petits soins pour elle. Elle reprend de la vitesse à la sortie de l’agglomération et met en sourdine un peu de musique. Le pianiste jouait d’excellents morceaux, se dit-elle, avant de se rappeler que c’était du Chopin. Des souvenirs se bousculaient dans sa tête : elle avait déjà écouté ce morceau avec Lamine. Ses souvenirs reprennent.
    Après le décès de celle qui était tout pour elle, Lamine crut bon de lui proposer un mariage hâtif, sans tambour ni fanfare. Elle était sur le point donc de lier sa vie à la sienne, lorsqu’un coup de fil mettra fin à ses projets.
    Samia sentit les larmes lui piquaient les yeux. C’était trop dur. Trop cruel. Lamine, elle l’avait aimé. Elle avait cru en lui. Il représentait pour elle cet homme dont elle a toujours rêvé. Et surtout il n’avait pas le droit de la trahir ainsi alors qu’ils s’apprêtaient à s’unir pour le meilleur et pour le pire. Lui, le médecin, l’intellectuel, qui savait panser ses blessures les plus profondes. Elle l’avait aimé d’un amour fou et ils avaient partagé ensemble des moments inoubliables.
    Samia suivait un stage de journalisme quand, lors d’un séminaire sur le paramédical, ils se rencontrèrent…

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  2. Artisans de l'ombre Dit :

    ————————————-03——————————————
    En sa qualité de journaliste débutante, elle s’était érigée le droit de lui poser toutes les questions requises quant à son travail de médecin-délégué et formateur. Questions auxquelles il répondra sans hésitation ni gêne, alors qu’elle devenait rouge comme une cerise à chaque fois que son regard rencontrait le sien. Pourtant, elle n’était pas à son premier reportage.
    À la fin de l’entretien, Lamine lui avait proposé gentiment un café. Chose qu’elle n’a pu refuser sans savoir pourquoi. Et c’est autour de ce café que Lamine, mi-amusé, mi-sérieux, lui proposa de jouer à son tour au journaliste en se mettant à lui poser des questions sur sa vie, son travail, sa famille. À la fin de cette série d’interrogations, ils se sentirent tous les deux attirés l’un par l’autre, et découvrirent qu’ils avaient des goûts en commun. Et c’est entre deux éclats de rire que Lamine insista pour l’inviter à déjeuner le lendemain. Leur relation évoluera positivement puisque, au bout de quelques mois, ils décidèrent de lier leur destin et leur vie dès que Samia aurait soutenu et obtenu son diplôme en information et sciences de la communication.
    La mort de sa grand-mère freina quelque peu le projet de mariage. Il est vrai qu’a cette époque Samia n’avait pas le cœur gai, et il lui a fallu des mois et des mois pour surmonter l’épreuve. Néanmoins, elle crut bon de répondre favorablement à Lamine qui ,patient n’attendait que son approbation pour concrétiser leur union.
    Les parents de ce dernier prirent l’initiative de venir discuter avec son oncle et son père, et optèrent pour le mois de juillet. C’est-à-dire qu’ils lui laissaient deux mois. Temps qu’ils jugèrent nécessaire et suffisant pour qu’elle se prépare à entamer sa nouvelle vie. Comprenant son chagrin, son paternel ne voulu point la bousculer en lui certifiant que la décision ne revenait qu’à elle seule. Mais voyant que le temps ne changeait rien à sa situation, Samia finira par se décider et les préparatifs commencèrent. C’était la course contre la montre. Des grands magasins à la couturière, du bijoutier au marchand de meubles, des rendez-vous chez l’esthéticienne à la coiffeuse, il fallait penser à tout.
    Ses tantes, ses cousines, et même sa marâtre l’aidèrent de leur mieux dans cette course folle. Elle finit d’ailleurs par y prendre goût et le rythme infernal de cette existence lui permettait de se fatiguer et de bien dormir. Elle que le sommeil fuyait depuis le décès de sa grand-mère.
    Lamine aussi, bien sûr, était de la partie. Il l’accompagnait, la déposait, la récupérait, choisissait avec elle les meubles et les décorations. D’ailleurs c’était lui qui lui avait proposé de quitter la maison de ses grand-parents puisqu’il avait déniché un logement pas loin du centre-ville. Et puis étant donné qu’ils étaient tous les deux véhiculés, le problème de transport ne se posait point. Samia revivait. Elle avait plus ou moins repris goût à son travail et faisait des projets d’avenir.

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  3. Artisans de l'ombre Dit :

    ———————————-04———————————————–

    Un soir, exténuée, elle s’allonge sur son lit et ferme les yeux. Elle ne se rappelle pas s’être endormie, mais la sonnerie du téléphone la réveille en sursaut. Elle regarde tout d’abord sa montre-bracelet qui indiquait 23h. Qui peut-il l’appeler à cette heure tardive ? Son père ? Non, puisqu’il a passé la soirée avec elle et Lamine, avant de rentrer avec ce dernier. Et c’est d’une main lourde et hésitante qu’elle se décide à décrocher le combiné.
    - Allo !
    - Ah, enfin je vous ai petite peste.
    - Hein !
    - Voleuse d’hommes, tu n’as pas honte de prendre l’homme d’une autre ? Tu n’as pas honte de penser à construire ta vie sur les débris d’une autre, hein ? Regarde-toi un peu dans la glace, qu’as-tu de spécial pour penser à piquer le mari d’une femme et le père d’un enfant.
    - Moi ?
    - Oui, vous ! Vous êtes bien Samia D. ? Vous êtes bien cette journaliste qui va se marier avec Lamine B. ? Il se trouve que je suis sa femme.
    - Mais…
    - Il n’y a pas de mais qui tienne. Si vous voulez la photocopie de notre acte de mariage pour me croire, je vous l’envoie.
    - Mais je ne comprends pas, Lamine est mon fiancé, ses parents sont venus demander ma main.
    - Ses parents ? Lamine n’a plus de parents. Il est en train de se payer votre tête. Éloignez-vous de lui, avant de le regretter.
    - Mais qui êtes-vous ? Et comment avez-vous pu avoir mon numéro de téléphone ?
    - Je suis la femme de Lamine, vous dis-je, et c’est lui-même qui m’a donné ce numéro.
    Ecœurée, Samia raccroche.
    Elle sentit une sueur froide lui imbiber le dos et un début de migraine. Son cœur battait la chamade. Se peut-il que ce coup de fil soit une farce ? Si c’en est une, elle est bien méchante. Mais le doute commençait à la submerger. Elle repense à Lamine. À son visage si angélique. Non, ce n’est pas possible ! Ce n’est pas Lamine qui va lui asséner ce coup. Elle sentit un tremblement s’emparer de son corps. Son cerveau refusait d’agir et c’est telle une automate qu’elle compose le numéro de fils de Lamine. La sonnerie retentissait dans la nuit, puis un répondeur se déclenche : “Vous êtes bien chez Lamine B. Lamine n’est pas chez lui.” Il n’est peut-être pas encore rentré. Mais où pouvait-il être à cette heure-ci ?
    Il est vrai qu’il n’aime pas qu’elle l’appelle après 22H, et à chaque fois qu’elle lui en avait demandé les raisons, il a toujours répondu qu’il travaillait tard sur ses recherches et qu’il avait la phobie des coups de fils nocturnes. Et pour plusieurs raisons, il n’aimait pas répondre préférant brancher son répondeur au-delà de 22h.
    - Quand on appelle le soir, c’est toujours pour t’annoncer une mauvaise nouvelle, lui disait-il. Je préfère l’apprendre en début de matinée. Il suffit que j’écoute les enregistrements. Ça fait moins peur, tu comprends, ne cessait-il de lui répéter.

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  4. Artisans de l'ombre Dit :

    ————————————05——————————————–

    Parfois, il l’appelait lui-même vers 22h.
    - Juste pour t’entendre une dernière fois avant de me coucher. Ta voix est tellement douce.
    Samia n’avait jamais insisté pour appeler Lamine le soir. Au pire des cas, elle lui demandait de la rappeler dans la soirée.
    Le volant glissait toujours entre ses mains. La nuit commençait à déployer ses ombres. La route s’étendait devant elle comme un tapis roulant. Quelques automobilistes, feux de croisement allumés approchaient à toute allure en sens inverse, puis la dépassaient.
    Samia sursaute. Une goutte d’eau venait de tomber sur son bras. Mais d’où pouvait-elle venir ? Soudain sa vue s’embrouilla. Elle porta la main à se yeux, et se rendit compte qu’elle pleurait. De longs sillons de larmes se transformaient en ruisseau sur ses joues. Son rimmel la piquait, et son maquillage quoique léger, coulait jusqu’à former des tâches noirâtres sur son visage. Elle se saisit d’un kleenex dans la boîte à gants et s’essuie rageusement les yeux, avant de renifler et de se moucher.
    Le souvenir était encore trop vivace. Le lendemain de ce coup de fil nocturne, elle était malade au point de garder le lit jusqu’à une heure tardive de la matinée. Vers 11h, elle essaya de contacter Lamine à l’hôpital.
    - Allo, Dr Lamine B. à votre service.
    N’ayant pas eu le courage d’entamer le sujet qui la brûlait, Samia préféra raccrocher. C’était en fait une astuce pour voir si Lamine était au bureau ou pas. Elle avait décidé néanmoins de le rappeler dans la journée ou d’attendre son coup de fil afin d’éclaircir les choses. Si le coup de fil de la veille s’avère révélateur d’un secret dont elle a jusqu’à présent ignoré l’existence, elle ne lui pardonnera jamais d’avoir badiné avec ses sentiments. Mais dans la vie, il faut s’attendre à tout.
    Elle s’apprêtait à prendre une douche, quand la sonnerie du téléphone la fait revenir sur ses pas.
    - Allo, Samia D. ? C’est toujours moi.
    Samia sursaute, c’&tait la voix de la veille.
    - Allo, vous m’entendez ? N’essayez pas de raccrocher cette-fois, car ce que j’ai à vous révéler est de la plus haute importance
    - Je vous écoute.
    - Ce soir, je serai avec Lamine et le petit au restaurant Bleu. Vous pouvez vérifier que nous formons tous les trois une famille heureuse. Et Je vous assure que ce n’est pas une farce, c’est à 21h.
    - J’ai du mal à croire que Lamine est ce genre d’homme sans scrupules, qui ne pense qu’a s’amuser et à profiter d’une fille aussi sensible que moi, je…
    - Lamine est un homme. Même s’il a voulu profiter de vous, ce n’est point de sa faute. Posez-vous plutôt la question.
    - La question ?

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  5. Artisans de l'ombre Dit :

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    La voix reprend : Oui, pourquoi l’aurait-il fait ? Moi, je pourrais d’ores et déjà vous répondre que vous l’avez embobiné, provoqué, ensorcelé peut-être, que sais-je ? C’est toujours une femme sans éducation et sans dignité qui se permet de faire de telles choses.
    - Je ne vous permets pas…
    - Que vous le permettiez ou pas, j’ai tenu à vous mettre en garde. Lamine est mon mari, éloignez-vous de lui, laissez-le tranquille.
    - Mais c’est lui…
    La femme avait raccroché. Samia s’effondra sur son lit. Mais que lui arrivait-il ? Est-ce un cauchemar qu’elle est en train de vivre ? Elle va sûrement se réveiller et tout rentrera dans l’ordre.
    La journée passe très vite. Le téléphone a encore sonné plusieurs fois, mais Samia ne voulait pas répondre. Anéantie, démoralisée, elle n’osa même pas rappeler Lamine, mais décida quand même de se rendre à ce restaurant dont lui avait parlé l’inconnue pour vérifier de ses propres yeux.
    Il était 20h30 quand elle s’habilla d’un jean et d’un tee-shirt. Les cheveux retenus en queue de cheval, le visage aussi pâle qu’un citron, elle se dirigea vers son véhicule et se rendit dans la banlieue indiquée. Le restaurant formait en fait une oasis au centre d’un petit village touristique. Plusieurs couples profitant de la fraîcheur de la soirée dînaient dehors. La musique battait son plein et les serveurs s’empressaient à travers les tables pour prendre les commandes ou servir les clients. Samia regardaient à droite et à gauche cherchant à reconnaître les visages. Des éclats de rire s’élevaient çà et là. Un parfum de jasmin embaumait l’atmosphère romantique qui y régnait. Quelques jeunes dansaient sur le podium devant l’orchestre. Plus bas, une jeune chanteuse se préparait à entrer en scène.
    Telle une automate, la jeune fille avançait, le regard plongé dans cette foule cosmopolite qui était là uniquement pour s’amuser et passer d’agréables moments.
    Le cri d’un enfant attira son attention.
    - Je veux de la limonade ! de la limonade !
    Non loin de là un couple dînait. La femme était d’une beauté à couper le souffle. Le gosse à côté d’elle devait avoir entre deux et trois années. L’homme dont elle n’eut aucun mal à reconnaître la silhouette n’était autre que Lamine !

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  6. Artisans de l'ombre Dit :

    ———————————–07———————————————–

    Samia sentit une boule se former dans sa gorge. Ses jambes refusaient de lui obéir. Sans s’attarder davantage, elle fait demi-tour et reprend, comme une folle, la route pour rentrer chez elle. Sa décision était déjà prise : disparaître de la ville.
    Un petit mot griffonné à l’intention de son père qui s’inquiétera sûrement de son absence, ses valise faites à la hâte, elle vérifie la validité de son visa, téléphone à l’aéroport pour une réservation sur le premier vol de la matinée à destination de Paris.
    Cinq années passèrent. Cinq années passées sous le ciel de l’Europe, où elle apprendra un autre mode de vie. Elle fera face toute seule à tous les problèmes.
    Tout d’abord, et avec l’aide de quelques amis, elle arrive à dénicher un travail à plein temps dans une agence de communication et de publicité. Ensuite, elle s’installe pour quelque temps chez une parente avant de se trouver un petit appartement dans la banlieue parisienne. Un salaire consistant lui permettra de vivre à l’aise.
    Après cinq ans, ses économies s’avérèrent suffisantes pour une éventuelle affaire commerciale au bled. Des contacts permanents avec ses proches collaborateurs, lui permettent de lancer une agence de communication qu’elle donne en gérance à une ancienne amie.
    Les affaires de ce côté-là semblent bien marcher. Samia avait assuré son avenir et tout naturellement songe à revenir au pays. Ce qui sera fait sans encombres. Mais si le souvenir de Lamine est supportable sous le ciel de Paris, ici à Alger, c’est une torture incessante et sans limite qu’elle endure quotidiennement.
    Lamine elle le voyait partout. Pourtant, elle n’osait pas le contacter, ne serait-ce que par curiosité. Ne serait-ce que pour voir s’il exerce toujours dans cet hôpital de la capitale.
    Non, elle n’aimerait pas le rencontrer, ni demander de ses nouvelles. Elle ira jusqu’à éviter leurs amis communs, afin d’éviter leurs questions brûlantes quant à cette relation qui dû, à n’en pas douter, fait jaser plus d’un.
    Noyée dans ses souvenirs, Samia ralentit. Un camion venait à toute allure en sens inverse. Ouf ! elle a failli perdre le contrôle de son véhicule. À l’approche d’un carrefour, elle se rend compte que la nuit est bel et bien tombée. Il était déjà près de 21h ! Elle essaie de chasser ses idées noires et reprend la route. Bientôt, elle sera chez elle. Plus que quelques minutes, et elle pourra se prélasser dans un bain bien chaud.
    La jeune femme met son clignotant et s’apprête à dépasser un véhicule. Elle se déporte un peu plus à gauche et accélère. Ce fut l’horreur ! Un véhicule venant en sens inverse la percute de plein fouet. Elle perd le contrôle de son véhicule qui fait plusieurs embardées avant d’aller percuter un poteau électrique.

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  7. Artisans de l'ombre Dit :

    ————————————–08—————————————-

    Un tonneau puis un deuxième et la voiture s’immobilise. Le bruit de la ferraille et l’odeur de pneus brûlés emplissent les lieux. Samia sentit une douleur lui traverser les côtes et son crâne exploser dans une multitude de couleurs. Du rouge violet au noir. Puis ce sera, un tourbillon sans fond qui l’engloutira dans ses entrailles. Vaguement, elle entendit encore des voix lointaines, des cris, et la sirène d’une ambulance.
    Dormir, dormir, se dit-elle, se sentant tout d’un coup lasse et submergée par la lourdeur bienfaisante du sommeil. Elle essaye de bouger encore une fois, mais la douleur se réveille de nouveau. Elle ne sentait plus ni ses jambes ni ses bras, seule l’atroce sensation au niveau des côtes gauches comme une torche brûlante. Samia perd connaissance. Dans un brouillard d’images et de sons, elle revoit sa grand-mère puis sa mère. Les deux femmes lui souriaient tendrement. Elle se sentit soulevée et emportée.
    L’ambulance est arrivée au bon moment. Quelques secouristes improvisés essayaient tant bien en que mal de soutirer Samia du véhicule qui risquait d’exploser d’une minute à l’autre. Des automobilistes curieux s’arrêtèrent au bord de l’autoroute. Quelques-uns munis de lampes de poches s’approchèrent de la voiture pour éclairer l’endroit, tandis que d’autres proposaient des trousses de premiers secours. Des agents de la Protection civile prirent l’opération en main et en un laps de temps plus ou moins court, ils réussirent à extirper le corps de Samia du véhicule. Déposée sur une civière, un masque d’oxygène sur la bouche, Samia qui saignait énormément de ses nombreuses blessures, recevra les premiers soins. Une vingtaine de minutes plus tard, c’est le bloc opératoire qui l’accueille, où une équipe déjà prévenue des gravités des lésions, était fin prête à recevoir l’accidentée. Trois médecins étaient déjà dépêchés, tandis que le radiologue prenait des clichés.
    Le crâne d’abord est ausculté. Rien de grave apparemment, mais un traumatisme crânien laisse souvent des séquelles. “Refaites les radios, s’écrie le premier médecin. Un scanner est sûrement nécessaire dans un pareil cas. Vite, appelez un neurologue, il pourra peut-être déceler une gravité qui nous a échappée.”
    Le Dr Lamine B. travaillait tard devant son micro. Tous les jours et en fin de journée, il récapitule ses recherches quotidiennes, les compare, teste quelques essais et tire des conclusions qui lui serviront dans ses futures expériences. C’est que ce jeune neurochirurgien est bien lancé dans son domaine. Un diplôme avec une mention des plus honorables dans sa spécialité le désigne tout bonnement à la direction du service de neurochirurgie dans un CHU. Travailleur infatigable, Lamine B., qu’on appelle désormais professeur, avance dans ses recherches sur les neurones et participe souvent à des séminaires à l’étranger où ses exposés sont qualifiés de géniaux.
    À ses heures creuses, il lit beaucoup, se cultive, écoute de la musique classique… Du Chopin particulièrement qu’il semble vénérer. Il était surtout craint dans l’institution hospitalière pour sa froideur, ses diagnostics irréversibles. Craint mais aussi respecté pour son génie et ses découvertes qui ont laissé perplexes plus d’un confrère.

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  8. Artisans de l'ombre Dit :

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    Un coup d’œil aux autres organes maintenant. Il soulève et palpe les membres inférieurs : des ecchymoses, des hématomes, des blessures sans gravité. Il ausculte ensuite les membres supérieurs et le thorax. Une fracture de l’avant-bras droit. Mais le plus grave ce sont les deux côtes supérieures gauches qui étaient apparemment fracturées et risquaient de trouer le poumon.
    - Radio du thorax.
    On lui tendit un cliché.
    - Fracture de deux côtes supérieures gauches, lance un médecin.
    - Oui, je vois, rugit Lamine B., mais savez-vous si le poumon n’est pas atteint ?
    - Non, pas encore. Nous avons d’abord procédé aux radios.
    - Idiots que vous êtes tous. Une autre hémorragie peut se déclarer à tout bout moment.
    Lamine B. ne rentre chez lui ce soir-là qu’à une heure tardive. Il était environ 3h du matin quand la patiente est conduite dans une salle post-opératoire. Lamine B. avait vu juste, un poumon effleuré par une côte cassée saignait. Une autre opération chirurgicale était nécessaire. Lamine B., qui n’était pas directement concerné, tient quand même à assister et donner des directives dignes d’un professeur de sa renommée.
    Le sang sera jugulé et aspiré, empêchant la formation d’autres caillots, tandis que les os fracturés seront remis à leur place avant qu’un emplâtre ne soit posé. La respiration devint régulière, le cœur reprit son rythme normal et le corps se détendit. Lamine B. enlève ses gants, puis sa blouse et alla se laver les mains.
    - Beau travail professeur, lui dit le chirurgien de service.
    - Je n’ai fait que mon devoir. Au fait, qui est la patiente ?
    - Une jeune femme qui venait d’avoir un accident de la circulation.
    - On peut dire qu’elle a de la chance. Elle revient de très loin.
    - Grâce à vous professeur.
    Lamine B. sourit :
    - La vie est un jeu de cartes. Parfois on gagne, parfois on perd.
    Cette fois-ci, j’ai gagné et cette jeune femme va s’en sortir et pourra vivre encore longtemps. Mais qui sait si je ne vais pas rater ma prochaine intervention.
    - Vous avez des mains d’or, docteur Lamine. Même si vous ratez une intervention, vous en réussirez encore des centaines, j’en suis persuadé.
    - Mais ma vie elle, je l’ai bel et bien ratée, se dit Lamine en s’essuyant les mains.
    Il rentre enfin chez lui pour se permettre quelques heures de repos. En vérité, en guise de repos, c’est plutôt un sommeil chargé de cauchemars qui l’enveloppera d’un brouillard d’angoisse. Si bien qu’au bout de deux heures, Lamine se réveille, encore plus exténué. Cela fait déjà plusieurs années qu’il souffre de cauchemars, quand ce n’est pas les crises d’angoisse et les insomnies qui le tenaillaient.

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  9. Artisans de l'ombre Dit :

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    Un coup d’œil aux autres organes maintenant. Il soulève et palpe les membres inférieurs : des ecchymoses, des hématomes, des blessures sans gravité. Il ausculte ensuite les membres supérieurs et le thorax. Une fracture de l’avant-bras droit. Mais le plus grave ce sont les deux côtes supérieures gauches qui étaient apparemment fracturées et risquaient de trouer le poumon.
    - Radio du thorax.
    On lui tendit un cliché.
    - Fracture de deux côtes supérieures gauches, lance un médecin.
    - Oui, je vois, rugit Lamine B., mais savez-vous si le poumon n’est pas atteint ?
    - Non, pas encore. Nous avons d’abord procédé aux radios.
    - Idiots que vous êtes tous. Une autre hémorragie peut se déclarer à tout bout moment.
    Lamine B. ne rentre chez lui ce soir-là qu’à une heure tardive. Il était environ 3h du matin quand la patiente est conduite dans une salle post-opératoire. Lamine B. avait vu juste, un poumon effleuré par une côte cassée saignait. Une autre opération chirurgicale était nécessaire. Lamine B., qui n’était pas directement concerné, tient quand même à assister et donner des directives dignes d’un professeur de sa renommée.
    Le sang sera jugulé et aspiré, empêchant la formation d’autres caillots, tandis que les os fracturés seront remis à leur place avant qu’un emplâtre ne soit posé. La respiration devint régulière, le cœur reprit son rythme normal et le corps se détendit. Lamine B. enlève ses gants, puis sa blouse et alla se laver les mains.
    - Beau travail professeur, lui dit le chirurgien de service.
    - Je n’ai fait que mon devoir. Au fait, qui est la patiente ?
    - Une jeune femme qui venait d’avoir un accident de la circulation.
    - On peut dire qu’elle a de la chance. Elle revient de très loin.
    - Grâce à vous professeur.
    Lamine B. sourit :
    - La vie est un jeu de cartes. Parfois on gagne, parfois on perd.
    Cette fois-ci, j’ai gagné et cette jeune femme va s’en sortir et pourra vivre encore longtemps. Mais qui sait si je ne vais pas rater ma prochaine intervention.
    - Vous avez des mains d’or, docteur Lamine. Même si vous ratez une intervention, vous en réussirez encore des centaines, j’en suis persuadé.
    - Mais ma vie elle, je l’ai bel et bien ratée, se dit Lamine en s’essuyant les mains.
    Il rentre enfin chez lui pour se permettre quelques heures de repos. En vérité, en guise de repos, c’est plutôt un sommeil chargé de cauchemars qui l’enveloppera d’un brouillard d’angoisse. Si bien qu’au bout de deux heures, Lamine se réveille, encore plus exténué. Cela fait déjà plusieurs années qu’il souffre de cauchemars, quand ce n’est pas les crises d’angoisse et les insomnies qui le tenaillaient.

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  10. Artisans de l'ombre Dit :

    ———————————11——————————————

    Il se lève, prend une douche froide, puis se prépare un café très fort. Il jette un coup d’œil rapide aux journaux que la femme de ménage avait déposés sur le guéridon du salon, et tout en sirotant son café se met à repenser à sa vie. Cela est devenu un jeu fréquent chez lui. Il s’amuse souvent à reconstituer le puzzle de son existence et rêve, parfois les yeux ouverts, à ce qu’aurait été son présent si Samia ne l’avait pas quitté. D’ailleurs, jusqu’à présent, il n’avait rien compris à cette fugue de jeune fille à la veille de son mariage.
    Ni son entourage ni ses parents n’avaient pu le convaincre de ce départ précipité. Un coup de tête ? Une envie soudaine de changer d’horizons ? Oui, mais honnêtement, elle aurait pu le mettre au courant. Un coup de fil, un petit mot, ça l’aurait peut-être rassuré quelque part. Et cette amour qu’il n’a cessé de lui vouer même après son inexplicable disparition.
    Un autre à sa place aurait tiré un trait sur cette affaire, il aurait pris une autre femme et fait sa vie.
    Mais lui, il a persisté dans son amour. Il sentait au fond de lui-même ce quelque chose qui brûle encore et qui le torture tellement, qu’il en perd le sommeil. Samia, il ne lui reste d’elle que des souvenirs : quelques photos, des cadeaux et une image qui ne veut pas quitter son esprit.
    Il pousse un long soupir et s’allonge sur le sofa. Sur la bibliothèque du living-room, un portrait de Samia trônait. Il le contemple un moment avant de replonger dans un semblant de sommeil. La matinée avançait. Vers la mi-journée, il se décide à se lever et à se rendre à l’hôpital. “Il est temps d’aller bosser un peu”, se dit-il.
    Son cartable au bout du bras, il s’installe derrière le volant de sa Golf et démarre en trombe. Son autoradio diffusait en sourdine une musique orientale. Un coup d’œil à sa montre et il calcule qu’il n’arrivera pas avant une bonne heure à son bureau, vu que la circulation sur l’autoroute était très dense. Derrière ses lunettes de soleil, il voit défiler devant lui les paysages coutumiers de cet itinéraire qu’il emprunte depuis de longues années. Il porte la main à son visage. Ouf ! Heureusement qu’il n’a pas oublié de se raser. Il sentait bon l’after-shave. Un parfum suave et épicé, le premier parfum offert par Samia. Une marque qu’il n’a jamais voulu changer. Ce parfum fait partie de son existence. Un lien entre son passé et son présent. Tous les parfums et eaux de toilette offerts par ses amis et achetés à son intention n’ont pas trouvé d’écho chez lui. La seule senteur qui l’a marqué et qu’il continue à utiliser est cette marque qui réveille en lui d’heureux souvenirs.
    Les véhicules qui le précédaient avançaient à pas de tortue. Le soleil tapait fort, et c’est d’un geste lent et mesuré qu’il étire ses bras, en gardant le pied sur l’accélérateur. Le manque de sommeil commence à se faire sentir. Il avait l’impression que sa tête pesait une tonne. Il va falloir qu’il pense à prendre des vitamines.

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  11. Artisans de l'ombre Dit :

    —————————————12———————————

    La circulation reprit normalement. Il reprend le volant, et essaye de se concentrer sur la route. Encore quelques kilomètres et l’hôpital est en vue. Il bifurque vers le parking où il eut du mal à dénicher une place pour stationner. C’était l’heure des visites et les nombreux véhicules en stationnement dénotaient d’un nombre important de visiteurs.
    Il contourne la bâtisse et pénètre par la porte de service. L’odeur coutumière de l’alcool iodé titille ses narines. Une infirmière traverse le couloir en courant. Probablement une urgence.
    Lamine se surprit à repenser à l’intervention de la veille. Au fait, il devrait songer à demander des nouvelles de sa patiente. Il se rend compte, d’ailleurs, qu’il ne connaît rien d’elle, même pas son nom. Peu importe, les services administratifs ont sûrement relevé tous les renseignements nécessaires à son sujet. ll n’aura qu’à demander le dossier.
    Il introduit la clef dans la serrure et pénètre dans son bureau. Ses pas furent étouffés par le grand tapis oriental étalé au milieu de la pièce. Un cadeau d’un de ses malades. Il ôte sa jaquette, l’accroche au porte-manteau et enfile sa blouse. L’air conditionné diffusé par le climatiseur lui fera oublier instantanément la chaleur de l’extérieur. On était au début du mois de juin, mais l’été promettait d’être bien chaud.
    Il jette un coup d’œil aux dossiers disposés sur son bureau et constate qu’il n’y avait aucune urgence. Les malades, dont il a la charge, sont tous hors de danger. Et quelques-uns doivent subir un contrôle dans le courant de la semaine. Il fait pivoter son fauteuil en direction de son ordinateur qu’il allume, avant d’introduire un CD. Ses recherches avançaient bien et il ne voulait pas perdre trop de temps dans le traitement des derniers polycopies qu’il venait de recevoir. D’ailleurs, une de ses recherches a déjà été agréée et fortement approuvée par un institut de renommée mondiale. Depuis, il a tenté une autre expérience, et cela a l’air de marcher. Le processus du développement des neurones et la régénération cellulaire sur lequel il travaille semblent intéresser au plus haut point ses encadreurs. Des professeurs spécialisés dans ce domaine ne cessaient de l’appeler. Lamine savait que la réussite lui souriait dans le domaine médicale. Qui sait, peut-être pourra-t-il un jour ajouter son nom sur le registre des grands savants de ce monde ? Le rêve est toujours permis.

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  12. Artisans de l'ombre Dit :

    ——————————-13——————————————-
    Quelqu’un a frappé à la porte, le tirant de ses méditations.
    - Entrez !
    Une jeune femme pénètre dans le bureau et cligne des yeux un moment. Le soleil qui entrait à flots par les carreaux sans rideaux l’a éblouie à n’en pas douter. Elle finit par s’habituer aux lieux et referme la porte derrière elle.
    - Bonjour docteur ! Suis-je bien chez le Dr Lamine B. ?
    - Oui Madame, à votre service.
    La jeune femme vint lui serrer chaleureusement les mains.
    - Merci docteur, merci. Merci d’avoir sauvé mon amie hier soir.
    - Votre amie ?
    - Oui, la femme qu’on a ramenée en urgence dans la nuit suite à un accident de la circulation.
    - Ah, ça y est, je vois. Mais je trouve que je n’ai fait que mon devoir.
    - Oh docteur ! On m’a tout raconté vous savez. N’était votre efficace intervention, Samia ne serait plus de ce monde aujourd’hui.
    - Vous savez Madame, hier, j’avais un travail à terminer et c’est pour cela que je suis resté si tard. Et le hasard a voulu qu’on ramène cette malheureuse juste au moment où je m’apprêtais à rentrer chez moi. Les chirurgiens de service avaient jugé utile de faire appel à mon expérience pour l’opération du crâne qui était fort délicate.
    - Mais vous avez aussi intervenu pour l’hématome du poumon et…
    - Ce n’est rien Madame. Encore une fois, je vous répète que je n’ai fait que mon devoir et je suis content de la voir hors de danger. Pour nous les médecins, c’est toujours une victoire quand on peut repousser la mort.
    - Tout de même docteur…
    - Vous êtes une amie à cette patiente ou une parente ?
    - Disons que je suis son amie la plus intime. Nous sommes de véritables sœurs de combat. En fait, je suis son associée. Nous gérons une agence de communication en commun.
    - Vous connaissez ses parents alors ?
    - Oui, bien sûr. Enfin, je vous apprends qu’elle n’a plus que son père et quelques cousins éloignés.
    - Sont-ils informés de ce qui lui est arrivé ?
    - Non pas encore. Je compte informer son père plus tard, lorsqu’elle reprendra connaissance. Il est âgé et…
    - Je comprends parfaitement. Vous avez raison, mais n’ayez crainte, je sais que l’opération est réussie et votre amie sera sur pied d’ici quelques jours. Bien sûr, une longue convalescence l’attend, mais le pire est passé.
    Ce choc ne sera plus qu’un mauvais souvenir.
    - Merci docteur, vous me rassurez. Au fait, je m’appelle Naima N. et voici une carte de visite.

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  13. Artisans de l'ombre Dit :

    ————————————–14—————————————-
    Lamine prend la carte et lit :
    “Aquarium communication et publicité”.
    - C’est jolie comme appellation, dit-il
    - C’est Samia qui l’a baptisée ainsi.
    - Elle s’appelle Samia. Vous me croirez pas, mais je ne connais rien de cette patiente.
    La sonnerie du téléphone interrompt soudain la conversation. Lamine décroche et reconnaît tout de suite un de ses confrères français. Après les salutations d’usage, il se lance dans une interminable conversation médicale. Quand il eut terminé, il se rendit compte que la jeune femme avait quitté son bureau.
    Il se lève, et à son tour quitte le bureau, pour se diriger vers le service réanimation. Là, il constate satisfait, que la jeune opérée de la veille était bien prise en charge et qu’elle n’allait pas tarder à reprendre connaissance. De nombreux bandages entouraient son crâne et la moitié de son visage. Un autre bandage plus épais entourait son thorax, mais la respiration était normale et les pulsations cardiaques rassuraient au plus haut point.
    - Aucune anomalie à signaler ? demande-t-il à l’adresse de l’infirmière.
    - La patiente semble calme. Aucune perturbation à signaler docteur ; d’ailleurs si je me fie à mon expérience, je crois qu’elle ne va pas tarder à reprendre connaissance.
    - C’est ce que je constate. Vous pourrez la transférer dans une chambre.
    - Ne la laissez pas au bloc de réanimation, parfois les patients en gardent un mauvais souvenir.
    - Parfait docteur. Je vais m’en charger, ne vous en faites pas.
    - Au fait avez- vous le dossier de la patiente ?
    - Oui, attendez, l’infirmière prend un dossier déposé sur son bureau et le remet à Lamine.
    - Le voici docteur.
    - Je vous le rendrai dans quelques instants. Je vais juste noter quelques renseignements pour mes statistiques.
    - Aucun problème docteur, je pourrais toujours venir le récupérer à la fin de mon service.
    Le dossier sous son bras, Lamine revient dans son bureau. Il commande un café, allume une cigarette, puis ouvrit le dossier médicale de sa patiente.
    Il parcourt d’abord la fiche de renseignements : Le nom, le prénom, l’âge, l’adresse…
    Sa surprise fut telle qu’il lâche sa cigarette. Il crut rêver et se met à se pincer très fort. Une odeur de brûler le tire de son état d’ébahissement, et c’est de justesse qu’il éteint le mégot fumant qui était tombé sur une rame de papier.
    - Samia, Mon Dieu… Ce n’est pas possible !… Ce n’est pas vrai ! C’est un cauchemar…
    Il se lève précipitamment, et courut jusqu’au bloc de réanimation. Elle n’était plus là, on a dû la transférer dans une chambre au pavillon chirurgie.

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  14. Artisans de l'ombre Dit :

    ————————————15—————————————–

    Il monte les escaliers quatre à quatre avant d’atterrir au 5e étage où il fera le tour des chambres avant de tomber sur une infirmière qui revenait avec un chariot vide. Elle lui apprendra que la patiente a été transférée dans une chambre du fond à gauche. Essoufflé et en nage, Lamine arrive enfin à la chambre indiquée.
    Un infirmier venait de brancher un flacon de sérum et une femme de salle arrangeait les couverture de la malade. Tous les deux furent surpris de voir arriver Lamine et pénétrer en coup de vent dans la chambre.
    Inconscient de ce qui l’entoure, Lamine s’approche de Samia et se met à genoux devant le lit. Il lui prend la main et se met à pleurer à chaude larmes. Tout le remord des années passées loin d’elle ressurgit tel une vague et le submerge. La peine et la joie se mêlaient dans son subconscient et formaient un lac profond de sentiments contradictoires. Lamine n’en croyait pas encore ses yeux. Des années durant, il avait erré, il avait cherché, il avait demandé. Puis las et fatigué, il avait abandonné la partie sans pour autant oublier celle qui lui a laissé un goût d’amertume et une sensation de quelque chose qui manquait dans sa vie. Il a compris en fin de compte que sans elle, il n’était rien du tout. Elle était sa vie, son oxygène et son existence. Quels que soient ses succès et sa réussite, ils demeurent incomplets sans la présence de celle qui l’a à jamais marqué.
    Samia était encore inconsciente. Et Lamine savait qu’elle n’allait pas tarder à se réveiller. Il prit son mal en patience. Il contemple un moment le visage tendu de sa bien-aimée et constate qu’elle n’avait beaucoup changé. La pâleur dû à son état n’avait pas affecté ses traits, et c’est le cœur léger, qu’il se félicite d’avoir pu intervenir à temps, la nuit dernière pour la sauver d’une mort certaine. Ah le destin ! Ce terrible farceur !
    L’après-midi tirait à sa fin quand Samia se met à remuer sous ses draps. Lamine qui lisait un journal se lève et s’approche d’elle. Il débranche le flacon de sérum et lui prend le pouls. Un peu faible mais assez bon pour une patiente qui revient de loin. Il lui prend la main et la garde dans la sienne. Samia essayait de soulever ses paupières. En vain. Elle bouge son bras et sent la main de Lamine sur la sienne. Cette fois-ci elle réussit à ouvrir les yeux. Son regard croise dans un nuage celui de Lamine. Elle ravale difficilement sa salive et le goût amère de l’anesthésie imbibe sa langue. Elle tente de concentrer son regard, mais ses paupières lourdes refusent de répondre. Dans un éclair de conscience elle se demande où elle était et qu’est-ce qui s’était passé. Elle revoit encore le visage de Lamine. Etait-elle au paradis, ou est-ce un mirage ? Elle essaye encore d’ouvrir les yeux et de se soulever.
    Une douleur atroce lui traverse la poitrine. Elle sent deux bras la retenir fermement… et c’est à ce moment qu’elle réussit finalement à garder les yeux ouverts.
    - Ne bouge pas trop, Samia… Tu vas avoir encore mal pendant quelques jours, mais ce n’est rien à côté de ce que tu as frôlé.
    Lamine parlait à voix basse. Il avait retrouvé son assurance et son souci primordial était maintenant de soutenir Samia dans ces moments post-opératoires qui sont les plus douloureux, voire les plus décisifs pour le pronostic vital humain.

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  15. Artisans de l'ombre Dit :

    ——————————–16——————————————–
    Lamine la borde et arrange les draps. Il transpirait à grosses gouttes, mais paraissait très calme. Samia le regardait faire. Entre l’imaginaire et le réel il n’y a qu’un pas, se dit-elle, avant de porter sa main aux nombreux bandages qui entouraient sa tête. Un regard interrogateur vers Lamine la renseigne.
    - Tu as eu un accident, Samia, mais Dieu soit loué tu es hors de danger. Essaie de te reposer un peu. Ça va, tu n’as pas trop mal ?
    Les pupilles de Samia s’agrandirent. Lamine… Lamine qu’elle a aimé, qu’elle a attendu, qu’elle a fui. Lamine est là, à son chevet. Rêve-t-elle ou est-ce son cerveau qui lui joue des tours ? Elle essaie de maintenir son regard, mais sa faiblesse eut raison d’elle et elle replonge dans l’inconscience.
    Deux jours passèrent, Samia allait beaucoup mieux, son amie Naïma venait la voir régulièrement. Lamine qui avait eu une longue conversation avec cette dernière tient à la rassurer sur son état.
    - Très bien, docteur, je me sens tout à fait rassurée sur sa santé, seulement, je ne comprends pas bien cette relation dont vous me parlez Je sais que Samia était fiancée à un médecin, mais… disons que c’était… euh, je ne sais pas si je dois employer le mot…
    - Dites ce que vous voulez. Je mérite tous les sobriquets.
    - Non…, enfin, disons plutôt que Samia m’a raconté autre chose et…
    - Que j’étais marié et père d’un enfant ?
    - Oui, c’est ça.
    - Samia apprendra autre chose sur les affinités humaines avec une telle expérience.
    - Est-ce cela suppose qu’on lui a raconté des bobards ?
    - À votre avis ?
    - Je ne sais pas. Vous n’êtes donc pas marié ?
    - Du tout.
    - Et cette femme et ce gosse ?
    - Vous connaîtrez vous aussi la vérité au moment opportun.
    - Je l’espère bien, mais quel choc ce sera pour Samia.
    - C’est pour cela que je ne veux pas la bousculer, elle est encore trop faible. Mais j’essayerai de la ménager jusqu’à ce qu’elle soit prête à m’écouter et à connaître toute la vérité.
    - Et si elle refuse ?
    - Pourquoi refusera-t-elle ?
    - J’estime qu’une femme qui a été déçue a le droit de refuser de revoir celui qui l’a fait souffrir.
    - Pas quand on l’aime encore…
    - Et vous croyez qu’elle vous aime encore ?
    - J’en suis persuadé. Un amour tel que le nôtre ne s’efface jamais.

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  16. Artisans de l'ombre Dit :

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    Lamine la borde et arrange les draps. Il transpirait à grosses gouttes, mais paraissait très calme. Samia le regardait faire. Entre l’imaginaire et le réel il n’y a qu’un pas, se dit-elle, avant de porter sa main aux nombreux bandages qui entouraient sa tête. Un regard interrogateur vers Lamine la renseigne.
    - Tu as eu un accident, Samia, mais Dieu soit loué tu es hors de danger. Essaie de te reposer un peu. Ça va, tu n’as pas trop mal ?
    Les pupilles de Samia s’agrandirent. Lamine… Lamine qu’elle a aimé, qu’elle a attendu, qu’elle a fui. Lamine est là, à son chevet. Rêve-t-elle ou est-ce son cerveau qui lui joue des tours ? Elle essaie de maintenir son regard, mais sa faiblesse eut raison d’elle et elle replonge dans l’inconscience.
    Deux jours passèrent, Samia allait beaucoup mieux, son amie Naïma venait la voir régulièrement. Lamine qui avait eu une longue conversation avec cette dernière tient à la rassurer sur son état.
    - Très bien, docteur, je me sens tout à fait rassurée sur sa santé, seulement, je ne comprends pas bien cette relation dont vous me parlez Je sais que Samia était fiancée à un médecin, mais… disons que c’était… euh, je ne sais pas si je dois employer le mot…
    - Dites ce que vous voulez. Je mérite tous les sobriquets.
    - Non…, enfin, disons plutôt que Samia m’a raconté autre chose et…
    - Que j’étais marié et père d’un enfant ?
    - Oui, c’est ça.
    - Samia apprendra autre chose sur les affinités humaines avec une telle expérience.
    - Est-ce cela suppose qu’on lui a raconté des bobards ?
    - À votre avis ?
    - Je ne sais pas. Vous n’êtes donc pas marié ?
    - Du tout.
    - Et cette femme et ce gosse ?
    - Vous connaîtrez vous aussi la vérité au moment opportun.
    - Je l’espère bien, mais quel choc ce sera pour Samia.
    - C’est pour cela que je ne veux pas la bousculer, elle est encore trop faible. Mais j’essayerai de la ménager jusqu’à ce qu’elle soit prête à m’écouter et à connaître toute la vérité.
    - Et si elle refuse ?
    - Pourquoi refusera-t-elle ?
    - J’estime qu’une femme qui a été déçue a le droit de refuser de revoir celui qui l’a fait souffrir.
    - Pas quand on l’aime encore…
    - Et vous croyez qu’elle vous aime encore ?
    - J’en suis persuadé. Un amour tel que le nôtre ne s’efface jamais.

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  17. Artisans de l'ombre Dit :

    ——————————18——————————————-

    Une migraine commence à tarauder Samia. Elle porte la main à sa tête où les multiples sutures sont encore apparentes. Elle allait riposter quand la porte s’ouvrit toute grande :
    - Cette femme et ce gosse ne sont ni ma femme ni mon fils Samia.
    Samia rougit jusqu’à la racine des cheveux. Ses mains tremblaient et elle avait subitement l’impression que sa tête allait éclater. Lamine s’approche et vint s’asseoir au bord du lit. Naïma se lève pour sortir.
    - Non Naïma, tu peux rester. Je n’ai plus rien à cacher.
    Naïma se rassoit et jette un regard suppliant à Samia.
    Lamine prend la main de cette dernière et la porte à ses lèvres avant de commencer son récit :
    - Tu vois Samia, je ne sais pas si tu crois au hasard, mais finalement, c’est lui qui a dû ficeler toute cette histoire. Dès le début de notre rencontre, je sentais que beaucoup de choses allaient se passer entre nous.
    Une fois même je me suis demandé qui de nous était fautif dans cette affaire. Toi ou moi ? Après réflexion, j’ai conclu qu’aucun de nous ne l’était, seule la vie nous a malmenés. Pourquoi ? Je ne saurais répondre. Ce que je sais, par contre, c’est que nous avons souffert tous les deux de cette situation saugrenue.
    Samia pousse un long soupir avant de répondre :
    - Très bien Lamine. Tu philosophes bien, mais cela n’explique point la situation. Cette femme et ce gosse étaient bien avec toi, je t’ai vu moi-même avec eux au restaurant et…
    - Je sais Samia, mais laisse-moi donc t’expliquer. Je ne vais plus laisser le doute s’immiscer.
    - Tiens ! Je pense que si doute y est, c’est plutôt toi qui l’a provoqué.
    - Peut-être Samia. Mais s’il te plaît, écoute-moi jusqu’au bout. Ne m’interrompe plus, je t’en prie.
    Samia hausse les épaules, puis se cale sur son oreiller.
    Lamine lui caresse la joue et continue :
    - Tu sais Samia, jusqu’à présent, aucune femme n’a réussi à occuper mes pensées, ni à me perturber comme tu l’a fais. Depuis ton départ brusque, j’ai appris à vivre ma solitude comme une seconde nature. Je suis devenu esclave de moi-même, de mes sentiments et de ton souvenir. Je connais tes questions, je vais y répondre, ne t’empresse pas.

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  18. Artisans de l'ombre Dit :

    ————————————–19————————————

    Il se lève et se met à arpenter la chambre de long en large :
    - Il y a quelques années, j’ai connu une infirmière. Elle travaillait dans mon service et faisait office aussi de mon agent de confiance, à tel point qu’elle connaissait tous mes secrets. Je sais aussi qu’elle avait, à un moment donné, un petit penchant pour moi, mais je lui ai fait clairement comprendre que je ne pouvais être l’homme de sa vie, parce que j’avais déjà tracé mon destin et que j’allais bientôt me marier. Je sais que cette situation a dû énormément la chagriner, néanmoins elle n’avait rien laissé paraître et elle a continué à travailler le plus normalement du monde à mes côtés. Un jour, elle est tombée comme par hasard sur ton numéro de téléphone que j’avais inscrit sur mon agenda de bureau. Elle l’a noté, et elle s’est juré de se venger d’une manière ou d’une autre sur toi, puisque pour elle c’était toi, et toi seule, la cause de ses tourments. Et voilà que l’occasion se présente. Ma sœur Adila arrive de France avec son petit garçon et je l’ai invité à ce dîner où tu nous a surpris ensemble… Cette infirmière étant au courant avait sauté sur l’occasion pour monter son scénario qu’elle ne m’a avoué que bien plus tard, quand j’ai fais pression sur elle. D’ailleurs, je l’ai licenciée sur-le-champ.
    Samia demeure bouche bée un moment. Va-t-elle encore croire aux chimères, ou est-ce la vérité ?
    - Mais tu aurais pu m’appeler, me mettre au courant, me présenter ta sœur, je ne sais pas ?
    - Figures-toi que j’ai essayé de te joindre toute la journée, en vain. Je ne sais pourquoi mais j’avais le pressentiment que tu ne voulais pas répondre, que tu me fuyais… Et en fin de compte, j’ai pensé que cela pouvais s’arranger, dès le lendemain, puisque Adila elle-même avait émis le vœu de te rencontrer. Nous avons donc programmé une visite pour le jour où tu es partie comme une voleuse sans laisser d’adresse.

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  19. Artisans de l'ombre Dit :

    ———————————–20——————————————
    Samia baisse les yeux :
    - Comprends-moi Lamine, j’ai été humiliée, choquée, touchée dans mon amour-propre. J’ai été naïve aussi de croire comme ça à un coup de fil, mais quand je t’ai vu de mes propres yeux avec cette femme… !
    - Je sais. Je te comprends Samia. Disons que nous nous sommes fait mal mutuellement. Que nous avons tous les deux souffert d’une situation qui nous dépassait. Tu vois, c’est toujours le dialogue et la sincérité qui viennent à bout de tous les problèmes. Et toi, au lieu d’avoir recours à ces deux solutions, tu as préféré t’enfuir et te cloîtrer ailleurs.
    Samia sentit ses yeux s’embuer :
    - Je n’arrive pas encore à croire ce qui m’arrive. J’ai l’impression de vivre un rêve et depuis quelques jours, j’ai du mal à différencier entre le réel et l’imaginaire. J’ai eu un accident qui a failli me coûter la vie, et on m’évacue comme par hasard dans un hôpital où tu travailles, et comme par hasard encore, tu te trouvais là au moment opportun pour me sauver la vie.
    - Ne redis pas ça Samia, en te sauvant la vie, je n’ai fait que mon devoir de chirurgien. Je ne savais pas qui j’opérais, c’est par la suite en feuilletant ton dossier de soins que je suis tombé sur ton nom. Tu imagines un peu ma surprise.
    Samia pleurait tout doucement.
    - Mais pourquoi pleures-tu ?
    - J’ai l’impression d’avoir bêtement rater ma vie Lamine.
    - Rater ta vie ? Mais pourquoi dis-tu cela ?
    - Ne me dis pas qu’on va encore recommencer à zéro tous les deux…
    - Nous y voilà donc. Tu parles sérieusement Samia ? Tu veux vraiment que chacun de nous retourne à ses occupations, et tourne le dos à l’autre, alors que nous sommes toujours célibataires et que la vie nous sourit de nouveau… !
    - Tu crois donc qu’on devrait.
    - Se marier… Oui Samia…. reprendre notre vie là où on l’avait laissée. C’est l’éternelle continuation de l’homme. Et dans la vie, on tombe et on se relève. Le jour où on ne pourra plus le faire, ce sera la fin.
    - Lamine, je ne sais pas.
    - Ne dis plus rien. Réponds plutôt à ma question. Samia veux-tu devenir ma femme ? Je te le demande pour la seconde et la dernière fois.
    Le visage inondé de larmes, Samia regarde lamine dans les yeux. Elle lui tendit ses mains qu’il s’empresse de prendre dans les siennes.
    - Je sais que tu m’aimes encore Samia et je sais que cette fois ci, nous sommes bien partis pour vivre très longtemps ensemble.
    Supporteras-tu mon caractère maintenant que je suis devenu l’homme le plus arrogant et le plus craint de l’hôpital ?
    Samia sourit à travers ses larmes. Elle finit par éclater de rire, un rire contaminant, qui, telle une soupape de sécurité, remettra un peu de baume aux cœurs. Naïma, qui avait assisté à toute la scène, sortit de la pièce à pas de loup, le regard mouillé et l’esprit rêveur. Elle était contente pour Samia et espérait au fond d’elle-même rencontrer un homme de l’envergure de Lamine, qui pourra l‘aimer autant que ce dernier aime Samia.
    Quelques mois plus tard, et une fois remise de ses blessures, Samia pu enfin vêtir sa robe blanche et accompagner Lamine dans leur nouvelle demeure.
    Ils vécurent heureux et eurent deux enfants qui comblèrent leur vie.

    Y. H.
    Fin

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