Chronique du jour : CE MONDE QUI BOUGE
D’abord, tour d’horizon maghrébin sur la fête du 1er Mai. A Tunis, à l’appel de l’UGTT, de l’Union des travailleurs tunisiens (UTT) et de la Confédération générale des travailleurs tunisiens (CGTT), des dizaines de milliers de Tunisiens ont manifesté pour «l’emploi, la liberté et la dignité ».
Au Maroc, Casablanca, Rabat, Marrakech et dans plusieurs villes du royaume, des dizaines de milliers de travailleurs ont marché dans la rue à l’appel des principales organisations syndicales, notamment la Confédération démocratique du travail (CDT), l’Union marocaine du travail (UMT). Face aux projets de casse sociale – entre autres le projet de loi sur l’exercice du droit de grève préparé par le gouvernement islamiste du Premier ministre Abdelilah Benkirane et la remise en cause de l’âge du départ à la retraite – les centrales syndicales se sont dites déterminées à les mettre en échec. Dans ce Maghreb en lutte, l’Algérie ferait-elle exception ? Chez nous, la fête du travail est passée presque inaperçue. Pas de marches de travailleurs dans les rues, pas de défilés revendicatifs. Rien. Hormis ce constat dressé par l’UGTA qui a choisi de la célébrer à Tamanrasset, d’un bilan social globalement positif où l’on s’est plu à souligner l’efficacité du dialogue social ! Ah bon ! Mais alors toutes ces grèves, ces conflits sociaux, ça signifie quoi ? Ensuite, dans la campagne électorale en cours, aucun des 40 partis en lice n’a évoqué le sort des six diplomates algériens aux mains du Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao). Pas un mot de solidarité, pas un appel à leur libération, rien. Comme s’ils étaient des ressortissants d’un autre pays. Certes, la libération des otages algériens est de la responsabilité des autorités nationales, mais elle relève également de la responsabilité des partis, de la société civile et des citoyens. Observer le silence sur ce rapt encourage de fait les ravisseurs. Dans le reste de l’actualité, il y a ce vaste mouvement des 4 700 prisonniers palestiniens dont 138 enfants, détenus en Israël. Depuis le 17 avril, ils sont en grève de la faim en signe de protestation contre les conditions humiliantes de leur détention, l’isolement carcéral, la détention administrative, pratique consistant à emprisonner des Palestiniens sans jugement pour des périodes indéterminées, et les sévices et autres traitements dégradants. Ces oubliés du printemps arabe luttent dans un silence médiatique assourdissant. Qui plus est, la solidarité arabe n’est pas au rendez-vous. La détermination mise par le Qatar et l’Arabie saoudite – pour ne citer que ces deux pays — pour en finir avec le régime de Bachar Al-Assad en Syrie, en finançant et armant une partie de l’opposition syrienne, n’a d’égale que leur silence à l’égard des Palestiniens et de la politique de soutien de leurs maîtres américains à l’endroit d’Israël. Avez-vous entendu ces deux pays émettre publiquement ne serait-ce qu’un doute sur l’appui sans condition de Washington à Tel Aviv ? Enfin terminons sur les rapports entre Alger et Paris. En fin de mandat, l’ambassadeur de France en Algérie, Xavier Driencourt, a estimé dans certains journaux qu’il faut aller vers une «refondation» des relations entre les deux pays. Je ne sais pas ce qu’il entend par refondation. Mais toujours est-il que la normalisation des relations entre les deux pays n’a aucune chance d’aboutir tant que la droite française est aux affaires. Bien plus, est-ce que des rapports trop privilégiés avec la France dans un contexte international en mutation rapide est une bonne chose pour l’Algérie ? Je n’en suis pas certain.
Source de cet article :
http://www.lesoirdalgerie.com/articles/2012/05/03/article.php?sid=133664&cid=8
3 mai 2012
Hassane Zerrouky