Mark Doffer rentrait chez lui, le vide dans les yeux, le carnage dans le coeur. Il avait échappé à la fureur du Vietnam. Pourtant il tremblait à la simple idée d’appeler ses parents d’une cabine téléphonique. Cela faisait si longtemps…
- Maman… papa… Je rentre. Ça y est, je suis là.
Au bout du fil, en pleurs, le père et la mère de Mark n’osent prononcer un mot.
- Je… enfin, un ami m’accompagne. Je… Je vais l’amener à la maison.
- Pas de problème fils, répond Monsieur Doffer. Ça nous fait plaisir.
- Il y a quelque chose que je dois vous dire, poursuit Mark, fébrile. Il a été salement touché pendant les combats et bon… il a une pâte folle. Une jambe en plastoc, quoi. Il n’a nulle part où aller et je veux qu’il vienne vivre chez nous.
Cette fois-ci, le silence fut plus long et embarrassé.
- Je suis désolé pour lui fils. Mais tu sais, chez nous, c’est petit.
On pourrait certainement lui trouver un endroit pour vivre, ailleurs.
- Vous n’avez pas compris, coupa Mark. Je veux qu’il vive avec nous.
- Ecoute fils. Quelqu’un avec un tel handicap sera un fardeau pour notre famille. Nous ne pouvons pas accepter. Tu devrais rentrer et laisser ton ami trouver une famille qui pourra l’accueillir. Alors, Mark raccrocha le téléphone. Ses parents n’entendirent plus parler de lui. Jusqu’à ce qu’un agent de police les appelle chez eux, quatre jours plus tard pour leur annoncer que Mark avait sauté du pont de San Francisco et qu’ils devaient venir l’identifier à la morgue. Face au corps de son fils, la mère de Mark fut prise de convulsions et son père détourna la tête. C’était bien lui, c’était Mark… mais avec une jambe et un bras en moins.
Un souvenir de guerre… …………………………….. Dans cette histoire triste, les parents de Mark sont à notre image : souvent, nous trouvons facile d’aimer ceux qui présentent bien, qui sont beaux, sans défauts apparents. Mais nous repoussons ceux qui nous gênent parce qu’ils ne correspondent pas au « format » idéal, recevable, passe- partout… Heureusement pour nous, certaines personnes ne traitent pas leurs semblables avec autant de discrimination. Quelqu’un qui nous aime, c’est quelqu’un qui nous aime sans condition. L’amour ne devrait être que cela… (c)2006, www.cpositif.com
« La nature fait les hommes semblables, la vie les rend différents. » Confucius
3 mai 2012
HISTOIRES A MEDITER