1re partie
Le salon de thé grouillait de monde en cette fin d’après-midi. Des lycéens, des étudiants, des travailleurs, des jeunes et des vieux. Tout ce monde semble s’être donné rendez-vous pour se retrouver dans ces lieux en chaque fin de journée.
La saison printanière tirait à sa fin, l’été commençait à étaler sa chaleur, et la plupart des gens étaient habillés légèrement. Un climatiseur diffusait un semblant de fraîcheur et quelques tables étaient déjà dressées au grand air sur la terrasse mitoyenne à l’entrée.
Le serveur vint prendre la commande et Yasmine lève les yeux sur Nacer assis en face d’elle. Son regard hésitant et ses lèvres tremblantes n’auguraient rien de bon. Nacer lève à son tour un regard interrogateur et Yasmine lâche d’un seul coup :
- Je ne peux pas t’épouser Nacer. Ce n’est vraiment pas la peine d’envoyer ta famille ce week-end.
Pris de cours, le jeune homme eut le souffle coupé un bon bout de temps, et c’est d’une voix à peine audible qu’il réussit à articuler une réplique :
- Mais… mais…, je ne comprends pas… Yasmine… Pourquoi… ?
- Eh bien, parce que… parce que… Oh ! Nacer ne pose pas trop de questions s’il te plaît. J’ai tranché. C’est terminé entre nous !
- Je… mais…
- Mais quoi Nacer, tu ne vas tout de même pas me forcer à contracter un mariage avec toi. Un mariage qui ne tiendra pas une semaine !
Nacer sentit une sueur froide inonder son corps.
- J’ai pensé… Je pensais… je… Voyons Yasmine, on a déjà parlé de tout ça. Il n’y a même pas une semaine, on faisait de grands projets ensemble. Tu t’en rappelles au moins ?
- Oui, oui, je m’en rappelle, mais depuis j’ai changé d’avis.
- Aussi simple que ça Yasmine. Tu changes d’avis après toutes ces années passées ensemble à l’université.
Yasmine pousse un soupir.
- Je sais, je sais, mais nous étions encore des enfants… des adolescents avides de sensations fortes.
- Tu crois ?
- Oui. Je le pense sérieusement, et tu peux me remercier de m’en être rendu compte à temps.
- Mais aujourd’hui Yasmine, nous ne sommes plus des enfants. Nous avons la trentaine bien sonnée tous les deux !
- Raison de plus Nacer… raison de plus ! Cela veut dire que nous sommes plus consciencieux.
2.Nacer se prit la tête entre les mains.
- Je rêve ou quoi… c’est toi Yasmine qui parle ainsi… Il y a à peine deux semaines… tu étais… tu étais encore là à faire des projets avec moi ! Tu étais même pressée de tout conclure, et puis il y a cet appartement que nous avons déniché ensemble.
Yasmine lève la main et pousse un soupir :
- On s’est trompé tous les deux. Ce qu’on avait pris pour de l’amour n’était en réalité que des sensibleries, des enfantillages. Mais cela ne veut pas dire aussi que notre relation va prendre fin. Rassure-toi Nacer, je crois qu’on pourrait toujours rester amis.
Nacer sentit son sang battre dans ses tempes. Une sensation de chaleur se saisit de son corps, et ses pulsations cardiaques semblent avoir triplé de vitesse. Les doigts tremblants, il se saisit d’un grand verre d’eau qu’il but d’une seule traite.
Yasmine le regarde un moment avant de se lever. Elle prit son sac et s’apprête à quitter les lieux. Nacer la retint :
- Voyons Yasmine… tu n’es pas sérieuse.
- Je n’ai jamais été aussi sérieuse de ma vie.
Nacer se pince. Non, il ne rêve pas. Ce n’est pas un cauchemar qu’il est en train de vivre… la dure réalité est là. Yasmine veut bel et bien le quitter.
Il lâche le bras de la jeune femme et se rassoit. Il se sent très las tout d’un coup. Un poids terrible lui comprime l’estomac. Il passe la main sur son visage et ferme les yeux un moment. Quand il les rouvre, Yasmine a disparu et la salle tangue devant lui dans une vision floue.
Il commande un verre d’eau glacée, le but, puis se lève en titubant. Il a l’impression d’avoir vieilli de plusieurs années. Il sort du salon de thé, et, pour la première fois de sa vie, se dirige vers un bar. Sa peine était telle, que seul l’alcool pourrait le réconforter.
Yasmine, elle, ne s’est pas du tout sentie frustrée. Bien se dit-elle, voilà un problème de régler.
Une fois loin du salon de thé et de Nacer, elle se dirige d’un pas rapide vers un taxiphone. Elle forme fébrilement un numéro, puis lance d’une voix joyeuse :
- C’est fait… Riad… J’ai mis fin à ma relation avec Nacer.
- Très bien Yasmine. Quand est-ce qu’on se voie ?
- Quand tu voudras. Je suis à ton entière disposition… euh… quand penses-tu pouvoir envoyer tes parents ?
- Déjà tu parles de parents ? Laisse tomber tout ça, nous avons toute la vie devant nous pour nous marier… Pensons plutôt à nous amuser… tu veux déjà enterrer ta vie ?
4 mai 2012 à 8:07
———————–3iéme partie—————————————–
Yasmine hésite un moment avant de répondre :
- Tu as raison Riad, quelque part on est encore jeunes, mais, enfin, je pensais que cela ferait plus sérieux si l’on officialisait.
- Arrête donc de tirer des conclusions hâtives. Alors, tu veux qu’on se voit demain ?
- Oh oui… oui bien sûr. À quelle heure ?
- Disons 16h30… ça te vas ?
- Très bien…
- Donc je passerai te récupérer au bureau.
- Eh, non, non… pas au bureau, je préfère qu’on se retrouve ailleurs, tu comprends ?
- Non, je ne comprends pas, tu dis avoir rompu avec Nacer ! hurle Riad.
- Oui, mais les collègues….
- Oh, mais ce que tu peux être chiante Yasmine, tu t’accroches à des idées d’un autre siècle, je m’en fou moi de tes collègues, si tu veux savoir, je ne vis que pour moi, jamais pour les autres. Essaie de faire de même et tu verras que le monde est bien plus beau.
- D’accord, d’accord Riad, ne t’énerve pas, si tu veux me récupérer au bureau, eh bien fais-le.
- Voilà qui est bien plus raisonnable, à demain donc Yasmine, 16h30, hein ?
- OK, 16h30.
À ce moment-là, Yasmine ne s’attendait vraiment pas à vivre le plus grand cauchemar de sa vie avec cet homme. Riad, qu’elle avait rencontré lors d’un déplacement, était non seulement sympa, mais très beau. Certes, il était un peu nerveux et n’aimait pas qu’on le contredise, mais Yasmine voyait là plutôt l’aspect d’un caractère d’homme que rien ne faisait fléchir.
Un homme qui avait de la personnalité, pensait-elle, mais la vérité était tout autre.
Riad, qu’elle avait revu à deux ou trois reprises, l’attirait. C’est un homme qui sentait toujours bon, qui s’habillait bien et avait du savoir- vivre. Elle n’a jamais su ce qu’il faisait dans la vie, mais il n’avait pas l’air d’être dans le besoin.
Un ancien ami de la fac lui avait auparavant appris que Riad était propriétaire de plusieurs appartements en ville, et qu’il les louait à des relations bien placées.
Yasmine qui s’était amourachée d’un homme qu’elle connaissait à peine ne se sentait plus sur terre. Elle rêvait les yeux grands ouverts au bureau, si bien qu’une de ses collègues, la trouvant bizarre, a osé lui en faire la remarque :
- Tu as l’air tellement distraite Yasmine, on dirait qu’il y a un changement dans ta vie.
Yasmine revint sur terre et regarde sa collègue dans les yeux :
- Oui, il y a du changement, j’ai rompu avec Nacer.
La collègue parut étonnée, puis reprit d’une voix plus douce :
- Oh, je suis désolée pour toi.
- Non, il ne faut pas l’être, c’est ce qui me rend heureuse, tu comprends ?
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4 mai 2012 à 8:08
——————————4iéme partie———————————-
La jeune femme ouvrit des yeux hagards
- Cela te rend heureuse d’avoir rompu une relation de plusieurs années ?
- Oui, ça t’étonnes ?
- Enfin, je n’arrive pas à croire que tu as rompu comme ça avec un homme comme Nacer. Vous aviez l’air de vous entendre à merveille, et puis Nacer avait l’air très amoureux de toi.
- Mais moi pas.
- Hein ?
- Enfin, disons que je me suis rendu compte, fort heureusement à temps, que mes sentiments envers lui n’avaient rien à voir avec l’amour.
- Hum, tu penses que…
- Non, je ne le pense pas, je suis certaine.
Sa collègue se tut. Yasmine l’avait prise de cours avec des révélations qui la laissèrent perplexes. Dire qu’il n’y avait pas longtemps, elle lui parlait de Nacer avec un regard tellement enflammé, qu’elle en arrivait parfois à en être jalouse.
Riad vint la récupérer à l’heure prévue. Yasmine, qui avait changé sa coupe de cheveux, pensait récolter quelques compliments de la part de son nouveau petit ami. Hélas, cela ne parut pas du goût de Riad, qui l’accueille plutôt par des remarques biscornues :
- Qu’as-tu fais à tes cheveux Yasmine ? tu es affreuse.
- Hein ? J’ai juste coupé un peu, je voulais changer de tête.
- Mais pourquoi, il fallait tout d’abord me le demander, moi je te trouvais beaucoup mieux avec tes cheveux longs.
- Euh, eh bien je vais les laisser pousser, ils poussent vite mes cheveux, tu sais ?
- Non, je ne le sais pas, tu vas dorénavant me demander la permission de toucher à ta petite personne, c’est moi qui vais décider de ton look, c’est à moi que tu dois plaire tout d’abord !
Prenant la chose à son avantage, Yasmine sourit :
- D’accord Riad, ce n’est pas la peine de t’énerver. Dorénavant, je te demanderais conseil pour tout, même pour l’achat de mes vêtements.
- Je l’espère bien pour toi Yasmine. Je suis quelqu’un qui aime les choses bien faites, et une femme a toujours besoin du conseil d’un homme pour paraître à son avantage.
- C’est ce qu’on dit.
- Moi, je ne le dis pas seulement, je le pense aussi, dit Riad en démarrant en trombe.
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4 mai 2012 à 8:09
————————–5iéme partie—————————————
Il roulèrent un moment en silence, puis Yasmine se hasarde à demander :
- Où va-t-on comme ça, Riad ?
- Où je veux.
- Je sais. Mais dis-moi au moins où tu penses m’emmener.
- Tu verras Yasmine… C’est une surprise.
Yasmine se tut. Bien qu’elle essaye de se rassurer, cette escapade ne lui disait rien de bon. Elle eut l’impression un moment d’être une simple marionnette entre les mains de Riad.
- Tu me fais confiance ou pas ?
- Si… Oh si… Bien sûr que je te fais confiance. Mais j’aimerais…
- Tu aimerais… tu aimerais… Cesse donc de rouspéter à chaque phrase. Tu verras, nous allons dans un endroit féerique.
- Qui se trouve ?
- Quelque part, non loin d’ici.
Yasmine angoissée, pousse un soupir.
- Tu n’as pas l’air satisfaite de ma réponse Yasmine.
- Non. Enfin disons, que comme je n’ai pas l’habitude de trop tarder à l’extérieur après les heures de travail, mes parents pourraient s’inquiéter.
- Eh bien tu les appelleras et tu les préviendras que pour aujourd’hui, c’est exceptionnel.
- Non. Je préfère ne pas les appeler. Disons qu’il ne faut pas qu’on tarde, c’est tout…
- Oh, écrase ! Tu ne veux donc pas passer du bon temps avec moi, reprit-il d’une voix plus douce.
Il lui prend la main et se met à la caresser d’un doigt connaisseur.
- Hein, Yasmine, on n’est pas bien ensemble ?
- Si… si… Riad. Je me sens si bien avec toi.
Elle se love contre lui et il augmente le volume de la radio, qui diffusait une musique douce.
- Avec moi tu te sentiras toujours bien. Et ce n’est pas fini, d’autres surprises bien plus agréables t’attendent.
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4 mai 2012 à 8:10
——————————-6iéme partie————————————
Yasmine pousse un soupir de bien-être et se serre un peu plus contre lui. Il lui entoure les épaules d’un bras protecteur et tient le volant de l’autre main.
- Voilà, nous sommes presque arrivés. Tu vois l’auberge là-bas en bas de la grande route ?
Yasmine se redresse un peu.
- L’auberge au toit rouge ? On dirait un chalet.
- Oui… c’est encore plus beau à l’intérieur. Les salles sont spacieuses et meublées avec goût.
Riad se déporte sur la droite et emprunte la petite bretelle qui menait vers l’endroit indiqué. Il longe un parking puis stationne au bout de la piste où quelques véhicules étaient déjà garés.
- Allez, ma puce, on descend !
Yasmine ouvre la portière et saute sur ses deux jambes. Elle défroisse sa jupe et remet un peu d’ordre dans ses cheveux.
- C’est en pleine nature, c’est très agréable comme endroit.
- Tu vois comme je ne t’ai pas menti. Tu me crois maintenant ?
- Riad, ne prends pas les choses du mauvais côté. Comprends-moi, je suis une femme !
- Oui, je le comprends, mais toi aussi, tâche de me faire confiance, sinon, cela ne vaut vraiment pas la peine qu’on soit ensemble.
Yasmine change aussitôt de couleur.
- Mais j’ai confiance en toi Riad. Dans le cas contraire, je ne serais pas avec toi, ici, dans un tel endroit.
- Bien, ma chère, assez parler. Maintenant, allez viens…
Il lui prend le bras et ils se dirigèrent vers l’entrée de l’auberge. Riad pousse la grosse porte en verre, et Yasmine se retrouve dans un grand hall qu’une lumière tamisée éclairait d’une couleur verdâtre. Riad salue la réceptionniste. Une fausse blonde, outrageusement maquillée, et qui avait l’air de bien le connaître.
- Hé, Riad ! c’est la nouvelle ? l’interpelle-t-elle en lançant un regard en biais à Yasmine.
Riad sourit.
- Oui. Elle est belle, n’est-ce pas ?
- Hum… oui, mais Kami était plus sexy.
- Yasmine le sera aussi. Ne t’en fais pas.
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4 mai 2012 à 8:11
————————————-7iéme partie—————————-
Il éclate d’un rire bruyant et conduit Yasmine dans une salle où la fumée de cigarette se la disputait à une odeur âcre. Un brouhaha indescriptible y régnait.
Riad salue de la main quelques connaissances puis cherche des yeux une table vide.
- Viens, Yasmine, allons nous installer à la table du fond.
Yasmine le suit tel un automate. Encore une fois, elle sent son cœur se serrer. L’endroit ne lui disait rien de bon.
Elle tire une chaise et s’assoit. Riad se débarrasse de son blouson et se met en face d’elle.
- Qui est Kami ? demande-t-elle
- Une ancienne relation… une amie.
- Une amie que tu ramenais ici ?
- Oui, mais cela remonte à très loin. Si cela peut te rassurer, cette fille s’est installée en France.
- Heu… ne prend pas la chose du mauvais côté Riad, je voulais juste savoir. La réceptionniste…
- Oui, oui, j’ai compris. C’est une réaction normale de ta part.
- Je veux juste savoir pourquoi elle a dit qu’elle était plus sexy que moi.
- Tout simplement parce que Kami aimait le tape à l’œil. Elle mettait des tenues qui ne laissaient personne indifférent. Des minijupes, des pantalons en cuir, des chemises échancrées…
- Des tenues qui font plutôt penser à un style particulier pour ne pas dire tout simplement mauvais genre.
- Oh si tu veux… Mais Kami n’était qu’une gamine, elle l’est toujours et le restera. C’est une fille qui mâche du chewingum à longueur de journée, une fille très jeune, très inconsciente aussi.
- Elle n’avait pas de parents ?
- Si, mais ils étaient divorcés. L’un vivait à Alger et l’autre ailleurs. Bon, cela suffit, nous avons assez parlé de cette fille. Pensons un peu à nous maintenant. Que prends-tu Yasmine ? poursuit-il en voyant le serveur arriver pour la commande.
- Heu, une limonade.
- Tu n’y penses pas, s’écrie Riad, en faisant un grand geste de la main. Dans un endroit pareil ?
Il baisse la voix et se rapproche d’elle.
- Tu veux qu’on nous prenne pour des demeurés ?
- Quoi ? Que veux-tu dire Riad ?
- Eh bien, ma chère Yasmine, on ne prend que des boissons raffinées dans ces lieux.
- Tu veux dire alcoolisées ?
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4 mai 2012 à 8:12
———————————8iéme partie—————————–
Riad acquiesce d’un signe de tête.
- Oui, bien sûr. Deux gin tonic ! lance-t-il à l’intention du serveur qui s’éloigne aussitôt.
- Mais je ne prends jamais d’alcool ! s’exclame Yasmine
- Eh bien tu vas en goûter. Au moins pour une fois dans ta vie, tu sauras ce que c’est que trinquer, et bien trinquer !
- Non, non, Riad. Ne me force pas à faire quelque chose que je vais regretter. Je… je veux partir d’ici, il commence à se faire tard.
Elle se lève et Riad la force à se rasseoir en lui empoignant le bras.
- Assieds-toi ma chérie. Ne fais donc pas cette tête-là. Cela ne te vas pas du tout !
Yasmine se rassit, mais reste sur ses gardes. Non, elle ne prendra pas d’alcool. Non, se dit-elle. Non, ce n’est pas elle qui va se faire avoir. Elle se redresse et regarde Riad dans les yeux.
- Je ne prends pas d’alcool. Commandes-en pour toi si tu veux. Moi je ne veux rien prendre.
- Ne recommence donc pas ma minette. Tiens, voilà le serveur qui revient. Ne sois donc pas si vieux jeu. Fais au moins mine d’être plus libérale avec moi, regarde un peu donc autour de toi.
Yasmine se retourne et jette un regard circulaire à la salle enfumée. Des couples dansaient sur la piste. Quelques jeunes jouaient au billard, des jeunes filles étaient assises en tailleur sur leur chaise et fumaient ou buvaient. Quelques quinquagénaires leur tournaient autour et des éclats de rire fusaient un peu partout.
Une ambiance des plus étouffantes régnait dans cette salle. Yasmine regarde sa montre. Bientôt 19h. D’habitude à cette heure-ci elle est chez elle à préparer le dîner avec sa mère, où à regarder la télé avec ses sœurs. À cette heure-ci, aussi ce sont les épisodes du dernier feuilleton qu’elle suivait régulièrement qui passaient.
- Rentrons Riad, finit-elle par lâcher
- Quoi ? Mais tu veux rire ou quoi, on vient à peine d’arriver. Nous n’avons même pas encore eu le temps de discuter. Allez, bois ton gin, c’est glacé… C’est bon. Yasmine cesse de faire cette tête, je t’en supplie !
- Je veux rentrer Riad. Si tu ne veux pas me raccompagner je sors prendre un taxi.
- Un taxi ! Tu n’y penses pas à cette heure-ci dans un endroit aussi désert !
- Alors, raccompagne-moi.
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4 mai 2012 à 8:12
———————————-9iéme partie——————————-
Riad pousse un long soupir de déception :
- Vraiment… Si tu appelles ça une sortie.
- Je n’appelle pas ça une sortie Riad. Je pensais qu’on allait juste faire un tour pour discuter. Tu crois que j’aurais accepté de venir, si tu m’avais dit que tu allais m’offrir de l’alcool !
- Oh là là quel crime j’ai commis ! Mais je voulais juste changer un peu… surtout pour toi. Je voulais te faire découvrir la vraie vie. Je voulais que tu t’amuses. Que tu vives un peu .
- Mais je vis Riad. Je vis, à ma manière bien sûr. Mais j’apprécie cette vie.
- Vieux jeu. Tu n’es qu’un vieux jeu et moi qui pensais que la campagne de ma vie serait bien plus à la page.
- La campagne de ta vie… ?
- Oui, mais que crois-tu donc Yasmine. Mes intentions sont des plus sérieuses envers toi.
- Mais…
- Mais quoi ? Tu me prends donc pour un gamin !
- Non pas pour un gamin, mais je pensais que…
- Que quoi Yasmine, que je te mène en bateau ?
- Non pas en bateau, mais que tu te payais ma tête. Je ne vois vraiment pas pourquoi qu’il faudrait que je me mette tout d’abord à boire et à t’accompagner dans de tels endroits pour que tu consentes à m’épouser.
- Parce que tout simplement c’est le genre de vie que j’ai toujours mené. Je ne vois pas pourquoi je vais changer. Je suis un homme riche, connu, et très à la page.. je n’ai vraiment pas l’intention de cloîtrer ma femme à la cuisine. Bien au contraire, je veux qu’elle partage tout avec moi mon travail, mes loisirs, mes amis, mon milieu quoi.
- Je trouve cela plutôt étonnant pour un homme dans une société comme la nôtre.
Riad l’arrête d’un geste :
- Je ne suis pas comme la société moi. S’il te plaît ne m’assimile pas à tous ces vauriens qui ne pensent qu’à manger et à dormir. Tu appelles ça une vie ?
- C’est notre dû dans ce monde Riad. On ne peut pas changer une société du jour au lendemain.
- Mais bien sûr qu’on peut la changer. Il suffit de vouloir vivre pour soi-même et cela a été toujours ma devise. Si j’ai réussi aujourd’hui, c’est que quelque part j’ai osé… J’ai tenté le tout pour le tout. Il m’a fallu fréquenter tous les milieux… toutes les catégories, faire le tri, et choisir mon entourage. Il est vrai que j’ai côtoyé les loups et les agneaux en même temps, mais j’ai su tirer mon épingle du jeu.
- Tant mieux pour toi Riad, mais moi je veux rentrer.
- D’accord ma chère….
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4 mai 2012 à 8:13
—————————-10iéme partie———————————–
Il se lève, jette un billet sur la table et met son blouson. À ce moment précis, un homme de forte corpulence s’avance vers eux…
- Déjà tu t’en vas, Riad ?
- Oui. Mademoiselle veut rentrer.
- Ah ! Et pourquoi donc, l’endroit ne lui plaît pas ? Il n’est pas de son niveau ?
Yasmine rougit et balbutie :
- Non, Monsieur, ce n’est pas cela. Je suis juste un peu fatiguée ce soir.
- Ah ! je comprends, demain peut-être que ça ira mieux. Je me présente, Kamel G. le gérant.
Riad sourit.
- Tu ne m’as même pas laissé le temps de passer aux choses sérieuses. Tu me devances toujours, Kamel.
- Comme à chaque fois devant tout ce qui est beau. Puis, s’adressant à Yasmine :
- Et toi, tu t’appelles ?
- Elle, c’est Yasmine, le coupe Riad. Je vais la raccompagner et à mon retour, nous verrons ce qu’il y a lieu de faire pour la prochaine livraison.
- Ah ! oui, j’ai oublié de t’en parler. Au fait, Mustapha m’a contacté, il y a du nouveau.
- Parfait. Nous en rediscuterons, Kamel.
Yasmine suivit Riad et ils sortirent de l’auberge. La nuit était déjà tombée et Yasmine fut gagnée par l’inquiétude. Sa famille doit être dans tous ses états, elle aurait dû appeler chez elle pour les prévenir qu’elle va rentrer un peu en retard, mais en vérité, elle ne pensait pas tarder autant. Cela lui apprendra de ne pas être prévoyante.
À l’entrée du parking, elle rencontre des jeunes filles – des adolescentes à peine sorties de l’enfance – qui rigolaient à gorge déployée. Deux jeunes les accompagnaient et l’un d’entre eux était en train de raconter des blagues qu’elle jugeât obscènes et trop vulgaires pour être racontées à des filles de cet âge.
Riad cherche ses clefs et ouvre les portières ; elle s’engouffre dans le véhicule en frissonnant. La nuit s’annonçait fraîche.
- On est mieux à l’intérieur, n’est ce pas ? dit Riad pour rompre le silence.
- Oui, je pensais…
Elle se tût et Riad enchaîne :
- …qu’on allait rentrer plus tôt.
- Oui.
- Pour une fois, Yasmine, tu ne trouves pas ridicule qu’une fille de ton âge prenne les choses de cette manière ?
- Non, Riad… non, je crois que j’ai bien dépassé les limites aujourd’hui.
- Tu n’as rien dépassé. Mais comme tu n’es pas encore habituée aux changements…
- Mais je ne veux pas changer. je veux mener ma vie telle que je l’ai toujours menée.
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4 mai 2012 à 8:14
——————————–11 iéme partie———————————
Riad lui serre la main.
- Mais tu feras ce que tu voudras Yasmine. Je ne te force pas à changer. Calmes-toi donc, nous allons bientôt arriver, tu seras chez-toi dans une vingtaine de minutes. Tiens, ouvre la boîte à gants et choisi une cassette, cela détendra l’atmosphère.
Yasmine se radoucit. Elle met une cassette de musique classique et se laisse aller sur le repose-tête de son siège. Elle pense à ce qu’elle va raconter chez-elle pour justifier son retard. Pour une fois, elle doit inventer une histoire, et dire à sa mère qu’elle est sortie avec une amie et que cette dernière est tombée en panne. Yasmine n’aime pas le mensonge. Elle juge d’ailleurs ignoble de mentir à ses parents qu’elle a toujours aimés et respectés. Mais une fois n’est pas coutume ; sinon que pourra-t-elle raconter à sa mère ? Sûrement pas la vérité, d’autant plus que cette dernière n’a pas encore digéré le fait qu’elle ait rompu ses fiançailles avec Nacer. Comment pourra-t-elle lui parler de Riad. Que lui raconter sur lui ? Qu’il est jeune, beau, riche… et alors ? Qu’il a des intentions sérieuses, mais qu’il ne veut pas entendre parler de mariage pour l’instant ? Non, sa mère n’acceptera pas cette version réelle des faits. Elle va la sermonner et la traiter de tous les noms. Yasmine n’avait donc aucun choix devant elle que celui d’attendre le moment opportun. Au fond, elle regrettait déjà d’avoir précipité les choses, d’avoir rompu aussi rapidement et aussi sèchement avec Nacer. Quelque chose en elle lui disait que le regret sera amer et long.
- Nous voici arrivés en ville.
Riad la tire de ses méditations… Elle se redresse et remarque qu’elle était à l’est de son quartier.
- Oui… maintenant tu prends cette ruelle et tu t’arrêtes devant le troisième immeuble sur la gauche.
Riad s’arrête au bord de l’immeuble indiqué. Il serre le frein à main, mais laisse le moteur en marche.
- Te voilà arrivée chez-toi. En un seul morceau !
Yasmine baisse les yeux :
- Comprends-moi Riad… Je voulais qu’on passe de bons moments ensemble… mais tu sembles avoir oublié que je ne suis pas habituée à des lieux tels que celui où tu m’a emmenée.
- Je sais, je sais, je ne t’en veux pas Yasmine. Une autre fois, tu te sentiras plus à l’aise avec moi.
- Mais je suis à l’aise avec toi Riad… Je… Elle s’interrompe, relève la tête et le regarde… Dans la lueur de la petite lampe du véhicule, il lui parut encore plus beau… Un sourire à faire damner une sainte…
Elle hésite un moment, puis ouvrit la portière :
- On pourra se revoir Yasmine… ce n’est pas la fin du monde.
- Oui… bien sûr Riad, on pourra se revoir quand tu voudras.
- Quand tu voudras toi. Appelle-moi Yasmine.
- Sans faute; je t’appellerai.
Bonsoir.
- Bonsoir ma puce.
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4 mai 2012 à 8:15
—————————————12iéme partie——————————
Yasmine monte chez elle. Elle trouve sa mère très inquiète, et fort heureusement, son père n’est pas encore rentré. Elle raconte alors l’histoire de la panne et s’excuse auprès de ses sœurs, à qui elle demande de lui raconter le dernier épisode du feuilleton qu’elle avait raté.
Ainsi, ce soir-là, tout rentra dans l’ordre.
Quelques jours passèrent. Yasmine avait repris ses habitudes quotidiennes. Au bureau, elle essaye de se concentrer sur son travail et d’oublier sa mésaventure avec Riad. Quelque part en elle, elle ressentait déjà le regret d’avoir rompu brutalement avec Nacer, qu’elle connaissait depuis plusieurs années. Une relation aussi longue ne pouvait s’oublier facilement.
Elle décide, néanmoins, de maintenir ses distances et de rester à l’écart quelque temps. Mais, son cœur sera plus fort que la raison. Elle se surprit à maintes reprises à penser à Riad et se dit que, malgré tout, ce jeune homme ne lui a rien fait de mal. Il voulait l’initier à un certain mode de vie, c’est tout. Quoi de plus naturel ! Dans ses pensées, elle se remémorait aussi quelques dires de ses copines de promo, qui lui avaient certifié et confirmé que si elles avaient pu réussir dans leur vie, c’est parce qu’un jour, elles ont osé. Oui, osé affronter l’inconnu, découvrir des nouveautés et acquérir de l’expérience. Doit-elle donc faire comme elles, foncer et se taire ? Elle se repose maintes et maintes fois cette question et trouve en fin de compte qu’elles avaient entièrement raison, car de nos jours, une fille qui se cloître entre quatre murs ne sortira pas de si tôt de son ghetto.
Yasmine remet un peu d’ordre dans ses idées. Elle se consacre d’abord à quelques tâches urgentes dans son boulot, puis se découvre une passion pour l’informatique. De là, elle décide de s’attaquer à autre chose, entamer peut-être un cycle plus long dans ce domaine qui est le moyen le plus sûr d’assurer son avenir.
Les jours et les semaines passent et se ressemblent. Par un matin d’été, Yasmine décide de rappeler Riad. Les mains tremblantes et le cœur battant la chamade, elle forme son numéro de téléphone et attend. Une voix nasillarde lui répond :
- Allo ! oui…
- Allo ! Je veux parler à Riad, s’il vous plaît.
Elle entend un éclat de rire et la même voix lui répond :
- Ah, vous voulez parler à Riad. Il… il n’est pas là.
Le temps nerveux et la tension dans la voix n’échappèrent point à Yasmine, qui s’apprêtait à raccrocher, quand elle entendit une voix d’homme sermonner la jeune fille et lui sommer de se taire et de sortir. Elle reconnu tout de suite la voix de Riad.
- Allo ! Bonjour ! Ah, c’est toi Yasmine, quelle surprise !
- Je… je voulais juste te dire bonjour.
- Comme c’est gentil à toi ma puce. C’est tout ! Que veux-tu me dire encore ?
- Euh… euh… rien !
- Vraiment ?
- Enfin, je ne sais pas Riad, pourquoi poses-tu autant de questions ?
- Parce que je suis fâché contre toi.
- Fâché contre moi ? Mais pourquoi donc, qu’ai-je fait ?
- Tu as commis un grand crime Yasmine. Un grand crime !
- Moi ? J’ai commis un crime ?
- Oui, un crime abominable. Tu m’as largué comme un chiffon sale et puis tu as disparu.
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4 mai 2012 à 8:16
————————————-13iéme partie—————————-
Yasmine pousse un soupir.
- Tu exagères Riad, je ne t’ai pas largué, voyons…
Il faut me comprendre, je voulais juste rentrer chez moi.
- Tu n’avais donc pas confiance en moi ?
- Si, si, mais, disons que je n’ai pas l’habitude de rentrer tard, ni d’aller dans de tels endroits, tu comprends ?
- Mais non, je ne comprends pas. Une fille telle que toi, qui est universitaire et se prétend mûre et évoluée, tu t’es conduite comme une petite fille capricieuse.
- Désolée, si c’est l’impression que tu avais de moi, mais en réalité, je n’étais pas à l’aise, voilà tout.
- Tu le seras la prochaine fois, ma puce. Et pour te faire pardonner je t’invite à dîner. Tu veux bien ?
- Pourquoi pas. Oui, je veux bien.
- Quand est-ce qu’on se revoit ?
Yasmine hésite un moment, puis lance :
- Quand tu voudras.
- Non, je te laisse le choix, ma puce. À toi de décider du jour.
- Disons dans deux jours. Ça te va ?
- Très bien. Je viendrai te récupérer après les heures de travail. Mais cette fois-ci tu préviendras tes parents car nous allons passer une longue soirée ensemble.
- Bien. Je verrai…
- Non, tu vas les prévenir Yasmine. Cette fois-ci, je ne te lâcherai pas de si tôt. Nous allons passer un agréable moment ensemble.
- D’accord, Riad, répond-elle en tremblant.
- À bientôt, ma puce, je t’embrasse bien fort.
Elle s’empresse de raccrocher. Elle ne sait pourquoi, mais une angoisse se saisit d’elle. Elle a l’impression de plonger dans un gouffre sans pouvoir se retenir. Mais pourquoi veut-elle revoir donc cet homme ? La seule chose qu’elle savait c’est qu’elle était amoureuse de lui. Amoureuse au point d’oublier le monde, ses parents, son entourage et même sa propre personne.
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4 mai 2012 à 8:17
——————————14iéme partie—————————————–
Riad vint la récupérer le jour prévu. Yasmine, pour la circonstance, arborait un beau tailleur beige et une paire d’escarpins assortie à son sac. Riad conduisait une belle Golf noire. Yasmine remarque que toutes les femmes présentes la regardaient et l’enviaient, elles n’avaient d’ailleurs d’yeux que pour ce bel homme à l’allure classique et au regard ensorceleur. Elle se sentit fière un moment, avant de monter dans la rutilante voiture.
- Comme tu es belle, ma puce, s’écrie Riad, avant de l’embrasser sur les deux joues.
Yasmine s’installe sur le siège du passager et referme la portière derrière elle.
- Toi aussi, Riad, tu es beau.
- Waou ! tu me trouves donc à ton goût ?
Yasmine sourit et repense aux regards envieux de ses collègues femmes.
- Tu sais, parfois le physique n’est pas tout.
- Tu as raison, ma puce, mais enfin je suis certain que nous avons d’autres affinités.
- Peut-être…
L’autoroute s’étalait devant eux sous le soleil de l’après-midi. Une musique douce était diffusée par une cassette et Riad, qui conduisait d’une main ferme, lançait de temps à autre une boutade. Yasmine souriait, heureuse. Un parfum d’homme emplissait l’atmosphère.
- Tu sens bon, Riad.
Riad sourit :
- Tu aimes les bons parfums Yasmine ?
- Oui…, bien sûr.
- Ouvre la boîte à gants.
Yasmine s’exécute. Un joli paquet enrubanné s’y trouvait.
- C’est pour toi, Yasmine…
- Oh… il ne fallait pas…
- Ouvre donc pour voir ce que c’est.
Yasmine ouvrit le paquet et découvre, subjuguée, un parfum de grande marque.
- Oh… oh, mais c’est une folie Riad. Ce parfum coûte une fortune !
- Je t’offrirais la planète, Yasmine. Tu mérites bien plus que ça. Si seulement tu pouvais m’offrir ton cœur.
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4 mai 2012 à 12:27
15iéme partie
Yasmine se blottit contre lui, et l’embrasse sur la joue.
- Mais si je ne t’avais pas offert mon cœur, je ne serais pas avec toi en ce moment Riad.
Riad sourit :
- Voilà qui est bien raisonné. Je sens qu’on va passer une excellente soirée.
- Je l’espère moi aussi.
Comme la dernière fois, l’auberge était déjà pleine de monde. Des hommes d’affaires, des jeunes, des femmes, etc. Tout ce monde était déjà attablé dans la grande salle, qui dégageait une forte odeur de parfum et de sueur.
Riad choisi une table et tire une chaise pour Yasmine avant de s’installer à son tour. Une odeur de poisson grillé leur parvenait de l’extérieur.
- Tu aimes le poisson Yasmine, lui demande-t-il ?
- J’en raffole.
- Alors le menu de ce soir sera à base de fruits de mer, qu’en dis-tu ?
- Hum, j’ai déjà l’eau à la bouche.
Crevettes grillées, sépia en sauce, calamar farci, grillade de chien de mer. Riad ne lésine sur aucun plat pour faire plaisir à sa campagne.
Mais Yasmine remarque qu’à l’instar de la dernière fois, il avait aussi commandé des boissons alcoolisées.
Elle n’ose pas lui en faire quand même de reproches, même quand il remplit leurs deux verres.
Elle regarde autour d’elle, et remarque aussi que toutes les femmes présentes fumaient et buvaient sans gêne aucune.
- À ta santé, et à notre amour, dit Riad, en levant son verre et en l’invitant à faire de même avec le sien.
Yasmine lève son verre.
- À notre bonheur.
- Bois. C’est frais. ça fait du bien tu sais. Aller bois.
Yasmine hésite, puis porte le verre à ses lèvres, et y trempe sa langue tout doucement avant d’avaler une petite gorgée. Elle sentit aussitôt sa gorge brûlait, et se met à tousser à se crever les poumons.
- Oh… qu’es-ce que c’est que ça… c’est froid, et ça brûle !
Riad sourit :
- Petite ignorante. C’est normal que ça te fasse cet effet, c’est de l’alcool pardi… et c’est toujours comme ça au début… aller ne soit pas vieux jeu. Voyons ! Essaye donc de boire par petites gorgées.
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4 mai 2012 à 12:28
16iéme partie
Yasmine hésite encore un moment, puis entreprit de boire à petites gorgées.
Cela commençait à mieux passer, et puis il y avait tous ces plats de poisson sur la table. Elle s’en donne à cœur joie, et se sent tout d‘un coup gaie et joyeuse. Ses angoisses s’envolèrent, et elle avait l’impression de planer. À la fin du dîner, des amis à Riad se joignirent à eux, et la soirée se prolongea.
Des femmes riaient et chantaient, et applaudissaient à la vue d’une rouquine qui montait sur la table pour entamer la danse du ventre. Yasmine, gagnée par l’hilarité et l’ambiance des lieux, perdit la notion du temps, et ce n’est que vers les premières heures du matin qu’elle se rendit compte qu’on la conduisait dans une des chambres du deuxième étage, avant de sombrer dans un profond sommeil.
La chambre était plongée dans une demie obscurité. Yasmine ouvre les yeux et essaie de se rappeler où elle était. Elle soulève sa tête, puis la repose sur l’oreille. Elle avait l’impression que cette dernière pesait une tonne, et qu’elle flottait dans un nuage brumeux.
La bouche sèche et la langue pâteuse, elle se rendit compte qu’elle n’avait aucun vêtement sur elle. Dans un excès de pudeur, elle tire le drap jusqu’au menton, puis le souvenir de la veille lui revint d’un coup.
- Aïe… aïe… ma tête… gémit-elle… on m’a assommé ou quoi ?
Elle remarque, néanmoins, que ses vêtements étaient soigneusement déposés sur une chaise, et sa montre bracelet sur la table de nuit. Elle y jette un coup d’œil. Les aiguilles lumineuses lui indiquèrent 17h30.
- Quoi, s’exclame-t-elle, c’est une plaisanterie… non je n’ai pas dormi une journée entière !
Elle se lève d’un bond, ce qui lui provoque un terrible vertige. Elle titube et s’accroche au bord de son lit, puis ferme les yeux un moment.
Bien qu’elle se sentit toute étourdie, elle réussit à se tenir debout et à s’habiller. Dans la salle de bain, elle découvre une boîte d’aspirine, et en prend deux comprimés, puis se passe un peu d’eau sur le visage. La glace lui renvoie une image inconnue : cheveux en bataille, son teint avait viré, et une pâleur de mort s’était saisie de ses traits.
De profonds cernes sous les yeux achevaient un portrait méconnaissable.
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4 mai 2012 à 12:29
17iéme partie
À ce moment précis, la porte de la chambre s’ouvrit, et une vieille femme fera son apparition. À la tenue qu’elle arborait, et au seau d’eau et frottoir qu’elle portait, Yasmine reconnu une femme de ménage.
- Bonsoir ma fille… si vous permettez, c’est pour mettre un peu d’ordre dans la chambre.
Yasmine se retourne indulgente :
- Oui bien sûr… Faites… d’ailleurs je ne vais pas tarder à partir… euh.
Tout à coup ses yeux se remplissent d’un torrent de larmes. Elle se jette sur son lit, et se met à sangloter à fondre l’âme.
Une main apaisante vint lui caresser les cheveux.
- Du calme, du calme, ma fille… vous êtes si jeune… vous n’avez donc pas de parents ?
C’était la femme de ménage qui parlait. Yasmine se sentit soudain en confiance en présence de cette bonne femme. Une affection toute maternelle se dégageait d’elle. Une onde de chaleur l’envahie.
Elle s’asseoit sur son lit, et la femme lui tend un mouchoir. Yasmine s’essuie les yeux, renifle et pousse un soupir.
- Mais que faites-vous donc dans cette caverne de loups mon enfant ? Vous avez l’air si innocente et surtout une fille de bonne famille.
Yasmine eut soudain une pensée pour ses parents qui doivent se ronger les ongles à son sujet.
- Je… heu… Je sais… J’ai été invitée à dîner par un ami.
- Un ami ?
- Oui un ami… Riad N.… Vous connaissez ?
La vieille femme hausse la tête et sourit ironiquement.
- Il a de la chance celui-là, les filles le suivent comme son ombre.
- Il doit avoir beaucoup de petites amies, n’est-ce pas ?
- Riad n’a pas d’amis… ni des hommes ni des femmes… Il a des intérêts… que des intérêts… C’est un esclave de l’argent, et un jouisseur invétéré, en somme un égoïste sans pareil.
Yasmine regarde la bonne femme un moment. Et si ses propos étaient vrais ?
Elle se lève, cherche son sac à main, qu’elle découvre sur la commode, et l’ouvre. Elle y découvre le flacon de parfum offert la veille par Riad.
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4 mai 2012 à 12:29
18iéme partie
Elle sourit comme pour elle-même. S’il était égoïste, Riad ne lui aurait pas offert un parfum aussi coûteux se dit-elle. La vieille femme se trompait. Que connaissait-elle donc de lui ? Après tout elle n’est qu’une femme de ménage. Elle prit un billet de banque et le lui glisse dans la main.
- Tiens c’est pour t’acheter une bricole. La brave femme regarde le billet un moment, hésite, puis le glisse dans la poche de son tablier. Elle s’approche de Yasmine et lui dit :
- Écoute ma fille, je suis assez âgée pour être en mesure de te conseiller. Ne reste pas dans ces lieux maudits.
Elle n’eut pas le temps de terminer sa phrase.La porte s’ouvrit toute grande, et Riad fit son apparition tout de blanc vêtu, un sourire au coin des lèvres, il s’approche de Yasmine, qu’il embrasse chaleureusement sur les deux joues avant de lui tendre un beau bouquet de roses rouges.
- Ma princesse adorée. Comment te sens-tu ?
Émue tout d’un coup par tant de sollicitude, Yasmine tint le bouquet de fleurs serré contre elle sans pouvoir prononcer un mot. Elle s’asseoit sur une chaise et jette un coup d’œil à la femme de ménage qui se dirige aussitôt vers la porte et sortie.
- Je me sens toute drôle et bien sonnée. J’ai dû boire comme une gourde. À quelle heure m’as-tu mise au lit ?
- Heu, je me rappelle pas, mais on n’était pas loin du petit matin….
-Heu…est,…ce…est-ce…Heu… est-ce toi qui m’a déshabillée ?
Riad sourit amusé :
- Qui d’autre aurait eut ce privilège à ton avis ?
Yasmine rougit et se mordit les lèvres jusqu’au sang. Elle sentit une sourde colère gronder en elle.
- Évidemment, tu te permets trop de choses avec moi. Riad ne trouves-tu pas tout cela un peu indécent de ta part ?
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4 mai 2012 à 12:30
19iéme partie
Riad s’approche d’elle et lui chuchote dans l’oreille :
- Non… Non Yasmine… Je ne trouve rien d’indécent avec toi. Je t’aime trop pour m’encombrer de tous ces complexes.
Yasmine relève la tête :
- Tu m’aimes Riad ?
- Tu en doutes Yasmine ?
- Oui, j’en doute. Je suis tellement… tellement perturbée par toutes ces choses qui m’arrivent soudainement.
- N’y pense donc plus, tu t’y habitueras Yasmine.
- Non je ne veux pas m’habituer Riad. Je veux me caser, me stabiliser. Je ne veux pas d’un homme qui me mène en bateau, ni d’un homme qui me pousse à boire et à fumer.
Sans s’en rendre compte, Yasmine s’était levée et sa voix retentissait sur les murs de sa chambre. Riad se précipite pour lui mettre la main sur la bouche.
- Chut ! Chut ! Arrête ! Ne crie pas. Tu vas ameuter toute l’auberge. Aller viens, on descend.
- Non ! Non, lâche-moi. Je ne veux pas descendre. Je veux rentrer chez moi. Mes parents doivent être très inquiets. Je n’ai pas l’habitude de découcher, ni celle de fuguer. Non Riad, je veux rentrer, je veux rentrer…
De nouveau ses yeux se remplissaient de larmes et de nouveau elle se jette sur son lit pour sangloter de plus belle. Elle pleurait à fondre l’âme.
- Je suis une fille indigne, mes parents étaient si fiers de moi !
Riad la regarde un moment d’un air dégoûté. Il prend une cigarette, fait jouer son briquet pour l’allumer, puis se met à fumer en faisant les grands pas.
La crise passe. Yasmine se relève, et remet un peu d’ordre dans ses vêtements et ses cheveux.
Riad écrase le mégot de cigarette dans un cendrier et lui tend la main.
- On y va ?
Ignorant son geste, Yasmine prit son sac et le devance.
- Je rentre à la maison.
Il la suit et la retint par le bras :
- Tu rentreras chez tes parents. Cesse donc de faire cette tête-là. Je t’en prie Yasmine.
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4 mai 2012 à 12:31
20iéme partie
Ses yeux verts lançaient des éclairs, puis un regard plus doux vint remplacer le feu qui y brillait. Yasmine flanche : comme il est beau ! se dit-elle, il a un visage si angélique, il a l’air si franc, si sincère. Elle se ressaisit et revint vers lui :
- Tu me déposes chez-moi s’il te plaît Riad… ?
- Oui bien sûr ma puce.
Il lui tendit les clefs de son véhicule :
- Tiens, prends les clefs. Tu descendras directement au parking, prends la porte de service, c’est celle sous les escaliers du rez-de-chaussée. Je te rejoins dans un moment…
Yasmine ne se le fait pas dire deux fois. Elle descendit les marches quatre à quatre arrive au rez-de-chaussée, et contourne la rampe, avant de se retrouver à l’extérieur, au parking de l’auberge. Elle s’arrête un moment et aspire à pleins poumons l’air frais du soir tombant. Puis se dirige d’un pas ferme et rapide vers le véhicule de Riad, qu’elle n’eut aucun mal à reconnaître. Elle ouvrit la portière avant et s’y installe.. Riad ne tarde pas à la rejoindre, le bouquet de roses rouges dans les bras :
- Tu ne veux donc pas de mes roses Yasmine ?
- Euh… Ah, je les ai oubliés.
Riad sourit…
- Tu oublies trop de choses, apparemment tu es pressée de rentrer chez-toi.
- Plus que tu ne le penses Riad.
- Ne t’en fais donc pas. Tu seras chez toi dans moins d’une demi-heure. Nous allons prendre l’autoroute. En fin de journée, il y a moins de circulation.
Yasmine met le bouquet de roses sur ses genoux et boucle sa ceinture de sécurité.
- Dépêche-toi Riad, je dois absolument rentrer.
- Cesse donc de te conduire comme une petite fille Yasmine.
Il démarre en trombe. Ils arrivent rapidement en ville. Pour plus de précautions, Yasmine descend 500 mètres plus loin de l’immeuble où elle habite. Avant de la laisser partir, Riad l’embrasse sur les deux joues et lui chuchote à l’oreille :
- N’oublie pas que je t’aime beaucoup Yasmine. Quand est-ce qu’on se revoit ?
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4 mai 2012 à 12:31
21iéme partie
Yasmine ouvrit la portière et descendit du véhicule avant de répondre.
- Je ne sais pas… je… euh… au revoir, Riad !
Sans se retourner, elle se dirige d’un pas rapide vers le portail de son immeuble, le cœur serré à l’idée d’affronter ses parents. Elle n’avait jamais découché auparavant sans raison et sans les avertir. Et comme elle s’y attendait, elle les trouve dans tous leurs états.
- Tu aurais pu quand même nous appeler, lui reproche sa mère.
Son père ne voulait point lui adresser la parole, ce qui était la pire des humiliations pour Yasmine, qui comprit la révélation silencieuse de la colère de son paternel à son encontre.
La jeune femme se sentit coupable jusqu’au bout des ongles. Elle prit rapidement une douche, et se retira dans sa chambre. Elle avait honte. Honte d’elle-même, honte d’avoir cédé à un moment de folie et honte surtout d’avoir menti à ses parents. Sa conscience la tourmentait. Elle n’avait pas le droit de trahir leur confiance en elle. Elle repense aux propos de la femme de ménage. Elle trouve que cette dernière avait raison sur bien des points et se demande ce qu’elle voulait lui dire au moment où Riad avait interrompu leur conversation. Et Riad dans tout ça ? Après tout, c’est lui qui l’a entraîné dans ce milieu “scabreux”.
Elle sentit tout d’un coup sa tête exploser sous une brutale migraine.
Que lui arrive-t-il ? se demande-t-elle pour la énième fois.
Elle prit un somnifère et ne tarda pas à sombrer dans un sommeil peuplé de cauchemars.
Au matin, une de ses sœurs vint la réveiller pour aller au boulot. Elle s’étire et paresse un moment dans son lit avant de se décider à se lever. Elle trouve sa mère dans la
cuisine et l’embrasse sur le front.
- Tu es toujours fâchée contre moi maman ?
Sa mère la serre dans ses bras.
- Non, ma fille, je ne suis plus fâchée. Mais comprends-nous, nous étions tellement inquiets à ton sujet.
- Je comprends, maman et je m’en veux de vous avoir causé toute cette inquiétude. Où est donc papa ?
- Parti. Il a un déplacement en dehors de la ville.
- Ah bon ! Alors consentiras-tu à me servir un café, maman, comme tu le faisais quand j’étais encore une sage petite fille ?
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4 mai 2012 à 12:32
22iéme partie
Sa mère sourit :
- Bien que tu ne sois plus aussi sage, je vais te servir un café et préparer de bonnes tartines beurrées… Mon Dieu, comme tu es pâle !
- Oh ! ce n’est rien, maman, cela passera. Hum… le café sent tellement bon, et j’ai si faim.
- Cela se comprend, tu n’as même pas dîné hier soir.
- J’étais fatiguée maman mais cela à l’air d’aller mieux ce matin.
Yasmine s’attable et s’attaque sans tarder à son petit-déjeuner. Elle l’engloutit à toute vitesse avant de s’habiller et de sauter dans un taxi pour se rendre au bureau.
Habillée d’un pantalon large et d’un pull évasé, elle s’était soigneusement maquillée pour camoufler les cernes profondes sous ses yeux…
Elle arrive au bureau un peu plus à l’avance que d’habitude et s’attaque à ses dossiers sans plus tarder pour rattraper le retard de la veille.
Elle travaille d’arrache-pied et saute le déjeuner. Ce n’est que vers le milieu de l’après-midi qu’elle se permet une pause pour avaler à la hâte un bout de pizza et un café.
La journée tire à sa fin et Yasmine s’apprêtait à rentrer chez elle quand le téléphone se met à sonner. Elle hésite un moment, puis décroche le combiné.
- Allo, Yasmine ?
- Oui…
- Tu ne me reconnais donc plus, c’est Riad…
Yasmine allait raccrocher, mais Riad continue.
- Je sais que tu es encore fâchée contre moi, Yasmine, c’est pour cela d’ailleurs que j’appelle. C’est pour me faire pardonner mon comportement que tu dois trouver biscornu.
- Ah… tu te rends quand même compte de ton comportement ?
- Oui, bien sûr, et puis j’étais tellement inquiet pour toi. Comment cela s’est passé chez toi ? Tes parents…
- Ils étaient tous en colère contre moi et je trouve qu’ils avaient entièrement raison.
- Oui, je te comprends, crois-moi ma puce, je ne voulais pas que tu aies des ennuis, mais tu semblais tellement te plaire, tellement t’amuser lors de la soirée, que je n’ai pas eu le courage de t’en arracher.
- Tu m’as fait boire et tu voulais que je rentre à moitié ivre chez moi.
- Non, je voulais juste que tu prennes du bon temps. Enfin, je pensais…
- Tu pensais me faire changer de milieu, n’est-ce pas Riad ? M’introduire dans un autre milieu plus sophistiqué, comme tu le dis, mais que je trouve pourri et invivable. Crois-moi, Riad, je commence à regretter de t’avoir rencontrer.
- Vraiment, ma puce. Que puis-je donc faire pour toi pour que tu me pardonnes ?
- Rien, absolument rien. Je suis une fille de famille Riad, une fille qui aspire à vivre sa vie telle qu’elle la conçoit et qui n’a rien à voir avec ton milieu.
- Je n’en doute pas, Yasmine, crois-moi, je suis infiniment désolé si tu trouves que j’ai mal agi. Je…
- Désolé ? Comme si le mot pouvait effacer mes déboires. Désolé pourquoi ? Pour m’avoir entraînée dans un cercle qui est loin du mien ou pour m’avoir incitée à boire ? Ou pour… pour…
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4 mai 2012 à 12:32
23iéme partie
Yasmine sentit sa gorge se nouer. Elle déglutit avant de poursuivre :
- Pour avoir… pour avoir…
- Non… non… Yasmine, ne penses pas que j’ai abusé de toi. Je n’en aurai jamais eu le courage.
- Et pourtant, tu as abusé de ma confiance envers toi, le fait de m’emmener dans un tel endroit…
- Bon, si cela peut te rassurer, je ne t’y emmènerai plus.
- Tu n’en auras plus l’occasion Riad.
Elle se tut un moment, puis poursuit :
- Je ne veux plus te revoir.
Un silence s’installe, puis Riad lance doucement :
Sans blague, ma puce ?
- Ce n’est pas une blague, Riad. Je ne veux plus te revoir.
- Moi, si, Yasmine. Mais que fais-tu donc de notre amour ?
- L’amour ? Laisse-moi rire donc. Sais-tu au moins ce que veut dire ce mot ?
- Mais bien sûr, ma puce. Tu vois, je souffre déjà rien qu’à l’idée de ne plus te revoir.
- Au revoir, Riad. Je te souhaite bien du plaisir…
Sur ce, Yasmine coupe la communication, se saisit de son sac et se dirige vers la sortie, tandis que la sonnerie du téléphone se met à retentir de plus belle, mais elle n’en eut cure.
Une fois dehors, elle sympathise un moment avec quelques collègues devant le portail, puis se met à marcher d’un pas rapide. Elle fait un petit tour au marché du coin, où elle s’approvisionne en fruits et viande, puis comme pour se faire pardonner sa fugue, elle achète une belle paire de chaussures à sa mère et quelques menus cadeaux pour ses sœurs.
C’est les bras chargés qu’elle rentre chez elle et retrouve l’ambiance familiale habituelle.
Elle aide sa mère à préparer le dîner, puis discute un peu avec ses sœurs, tout en suivant son feuilleton préféré à la télé, avant de se retirer dans sa chambre.
En somme, elle avait décidé de reprendre ses habitudes,et d’oublier l’aventure de la veille. Elle repense à Nacer et eut pitié de lui. Doit-elle l’appeler pour lui demander des excuses. Elle réfléchit un moment, puis décide de laisser passer quelques jours. Le temps que Nacer oublie un peu qu’elle l’avait rabroué sans aucun scrupule, et qu’elle a été d’une cruauté qu’il ne lui connaissait pas jusque-là. Oui, elle avait été cruelle et méchante. Et pourquoi ? Pour un type qui ne méritait même pas un regard d’elle.
Bien plus tard, elle apprendra à ses dépens que Riad était un repris de justice notoire, très connu des services judiciaires. Il était revendeur de drogues et utilisait des femmes dans ses transactions commerciales. Des femmes comme celle dont il lui avait parlé. Kami… si elle se le rappelle bien. Elle apprendra aussi que cette dernière était en prison et qu’une autre avant elle s’était donnée la mort après avoir purgé une peine de plus de dix ans d’emprisonnement. Yasmine aussi aurait pu glisser et se retrouver dans une spirale sans fond. Une spirale qui lui aurait coûté non seulement sa vie, mais tout l’honneur de sa famille… À cette pensée, Yasmine sentait une sueur froide imbiber tout son corps.
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4 mai 2012 à 12:33
24iéme partie
Riad avait à maintes reprises essayé de la contacter. Il était même venu l’attendre à sa sortie de boulot, et elle avait eu le courage de le repousser à chaque fois. Un courage puisé dans sa volonté. Car, Yasmine savait au fond d’elle-même que si elle l’avait encore regardé dans les yeux, elle aurait flanché devant son regard ensorceleur. Mais enfin, elle a pu, et de justesse, sortir du gouffre.
Quelques jours passèrent, Yasmine qui désormais ne pense plus qu’à son travail et à sa famille, évitait toute sortie et s’enfermait de longues heures dans sa chambre pour étudier… Elle avait décidé de reprendre ses études et de travailler d’arracher-pied pour décrocher un DEUA. Peut-être pourra-t-elle un jour décrocher une bourse et songer à poursuivre des études à l’étranger ?
Prise dans l’engrenage de ses recherches, Yasmine s’était oubliée. Elle avait même oublié Nacer, tout le mal qu’elle lui avait fait et le chagrin qu’il avait enduré par sa faute. C’est donc avec une grande surprise qu’elle le retrouve un soir chez-elle en train de siroter un café au salon avec ses parents.
Confuse, elle vint lui souhaiter la bienvenue et interroge sa mère du regard.
Cette dernière lui fera signe de la suivre dans la cuisine. Yasmine ne se fera pas prier. Elle brûlait d’envie de connaître la cause de la présence de cet homme chez elle. Que venait-il donc faire ? Elle se rappelle qu’elle voulait à maintes reprises l’appeler et s’excuser. Mais qu’elle reportait à chaque fois. Pourquoi ? Eh bien parce qu’à chaque fois, elle se sentait coupable et sentait la honte s’emparer d’elle. Aurait-elle le courage de l’affronter, de le regarder dans les yeux ?
Yasmine était mal à l’aise.
Elle rejoint sa mère, qui préparait le café dans la cuisine, et s’attend à des explications. Sa maman lui demandera tout d’abord de prendre des tasses du placard et de les disposer sur le grand plat en argent comme pour les grandes circonstances. Yasmine ne se le fera pas répéter : elle exécute comme un automate les ordres de sa maternelle et rajoutera des serviettes en papier ainsi qu’une assiette de gâteaux secs. Ne s’y tenant plus, elle demande finalement :
- Veux-tu me dire ce qui se passe maman ? Pourquoi me fais-tu languir autant ?
- Languir ? Mais je pensais que tu avais deviné la présence de Nacer chez nous.
- Quoi ? Après tout ce que je lui ai fait. Ne me dis pas qu’il vient demander ma main.
- Eh bien, c’est le cas et tu vas accepter cette fois-ci Yasmine. On ne rencontre pas tous les jours des hommes de la trempe de Nacer. Allez, dépêche-toi, va servir le café, je vais te rejoindre dans un moment.
- Mais, mais…
- Mais quoi Yasmine ? Le café va refroidir, et tu connais ton père, il n’aime pas le café froid et Nacer non plus, je présume. Va leur servir le café.
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4 mai 2012 à 12:34
25iéme partie
Yasmine hésite, puis s’exécute. Elle aurait voulu éviter cette corvée et surtout éviter le regard de Nacer, mais quelque chose en elle la poussait encore vers lui.
Elle retourne donc au salon et sert le café aux deux hommes. Son père lui fait un sourire de connivence et lui demande de s’asseoir.
- Je veux avoir ton avis d’abord, ma fille, bien que je connaisse déjà la réponse.
Yasmine rougit et jette un coup d’œil à Nacer. Ce dernier lui fera un sourire avant de lancer :
- Comment vas-tu Yasmine ?
- Bien, et… et toi ?
- Je t’ai aperçue à la fac il y a une semaine. Tu as donc repris tes études ?
- Oui, je prépare un DEUA et puis je compte décrocher une bourse pour des études plus approfondies à l’étranger.
- Mais c’est très bien je vois que ton ambition reprend le dessus.
- Et toi, que deviens-tu ?
- Eh bien, je travaille toujours, mais je donne des cours de perfectionnement aux élèves en cycle final, et je compte me lancer moi aussi dans la recherche.
La mère de Yasmine revient au salon et le silence s’installe un moment. Les hommes sirotent leur café et Yasmine prit un gâteau qu’elle se met à effriter dans sa main sans pour autant le manger. Sa mère la pousse du coude.
- Arrête donc d’effriter ce gâteau et sers-moi un café.
Yasmine sert sa maternelle et se sert un café, comme pour ne pas être en reste. Finalement, c’est son père qui rompe le silence.
- Yasmine, ma fille tu connais Nacer depuis combien d’années ?
- Hein ? euh… depuis… depuis la fac… disons, depuis plus de sept années.
- Voilà qui est parfait puisque chacun de vous connaît l’autre, vous n’auriez donc pas besoin de prolonger les fiançailles.
- Les fiançailles ?
- Mais oui, ma fille ; tu n’as donc pas compris que Nacer vient demander ta main ?
- Demander ma main ?
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4 mai 2012 à 12:35
26iéme partie
Yasmine regarde Nacer dans les yeux. Elle lut dans son regard doux et franc un amour sincère et une prière muette à son encontre. Nacer l’a toujours aimée et l’aime encore. Elle n’en doute pas. Mais elle ? L’aimait-elle encore assez fort pour tirer un trait sur sa dernière aventure et reprendre avec lui ? Et puis, si un jour, il apprenait ce qu’elle avait fait qu’elle avait bu, découché et frôlé le gouffre profond de la débauche… L’acceptera-t-il ? L’aime-t-il assez fort pour lui faire passer ce caprice passager, qui la marquera à jamais ? Elle baisse les yeux un moment et se met à réfléchir. Son père la relance :
- Nacer compte envoyer sa famille, le week-end prochain. Qu’en dis-tu ?
- Euh… je ne sais pas.
- Comment ça tu ne sais pas Yasmine ?
Yasmine pousse un soupir et regarde Nacer en face :
- Je préfère qu’on discute d’abord entre nous n’est-ce pas Nacer ?
Son père sourit :
- Discuter ? Vous n’avez pas eu donc le temps de discuter durant tout ce temps que vous avez passé ensemble sur les bancs de la fac ?
- Si. Mais là c’est plus sérieux. Quant on se marie, on s’engage à vie. Donc…
- Oui. Je comprends. Faites comme vous voulez mes enfants. Mais d’ores et déjà, je vous donne ma bénédiction, moi je ne vois aucun inconvénient à ce mariage, si toutefois vous vous décidez.
Nacer se lève :
- Alors, je ferais mieux de partir. Yasmine me contactera pour me mettre au courant de sa décision. N’est-ce pas Yasmine ?
- Oui, Nacer. Je… heu…
- Arrête Yasmine. Ne te mets pas dans tout tes états. Ce n’est pas la fin du monde, ce n’est qu’une demande en mariage.
- Oui, je sais mais il va falloir qu’on en discute longuement Nacer. Peut-être trouveras-tu un inconvénient à ce mariage ?
- Un inconvénient ? Non Yasmine rien ne m’empêchera de demander ta main. Je sais écouter mon cœur certes, mais la raison aussi.
- Heu… Attends d’abord un peu. Attends de m’avoir écouté, Nacer.
- D’accord… D’accord… Contacte-moi quand tu voudras.
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4 mai 2012 à 12:36
27iéme partie
Sur ce, il quitte les lieux et les parents de Yasmine s’en prirent à leur fille.
- Tu commettras la plus grande erreur de ta vie si tu refuses cette demande, lui dit sa mère. N’importe quelle autre fille aurait d’emblée accepté un homme aussi brave que Nacer. Que lui reproches-tu donc ?
- Oh ! rien… absolument rien.
Exacerbé, son père lance :
- Alors, pourquoi hésites-tu ?
- Heu… heu… Je n’hésite pas, mais il va falloir que je discute avec lui de certaines choses, papa.
- De quelles choses donc veux-tu discuter ?
- De certaines choses, je ne sais pas comment t’expliquer. Je veux dire… je veux tout d’abord qu’il sache que Je tiens à mes études.
- Si ce n’est que cela, je ne vois pas pourquoi il va refuser de te voir étudier et puis, il fallait le lui demander directement devant nous. Nous aurions pu connaître immédiatement sa réaction.
Yasmine baisse la tête et sa mère vient lui entourer les épaules d’un bras protecteur.
- Ce n’est rien ma fille, fais ce qui te plaît. Bien que ce jeune homme nous plaise, je veux que tu saches que c’est bien à toi que revient le dernier mot. Yasmine se retire dans sa chambre. Elle se sent très fatiguée. Une fatigue subite s’est emparée de tout son corps jusqu’à provoquer de la fièvre. Son esprit refusait d’obéir et elle dut s’allonger un bon moment sur son lit pour faire le vide en elle. L’émotion était trop forte. Elle avait encore du mal à croire que Nacer est venu tout bonnement demander sa main. Pourquoi l’a-t-il donc fait ? Il y a quelques mois, elle l’avait rabroué, elle l’avait rejeté, elle lui avait même signifié qu’elle ne voulait plus de lui, qu’elle ne l’aimait plus et que ce qu’ils avaient pris pour de l’amour n’était que des enfantillages.
Yasmine se prend la tête entre les mains et se met à pleurer tout doucement. Cette fois-ci ce sont des larmes d’amertume qui coulaient sur ses joues. Au fond, elle reconnaissait qu’elle n’avait jamais cessé d’aimer Nacer. Pendant toutes les années passées à l’université, Nacer a été de tous les combats. Il l’avait souvent aidé à terminer ses exposés, à réviser ses modules, à préparer ses examens, et en fin de compte à rédiger son mémoire de fin de cycle. Très patient, il pouvait toutefois piquer une crise de nerfs, plutôt une crise de jalousie, lorsque quelques camarades de promo s’approchaient trop d’elle. Mais tout cela c’était du passé. Ils avaient mûri tous les deux et elle se rend compte que leurs sentiments sont restés intacts. Malgré tout Yasmine avait peur.
Peur de lever le voile sur son aventure avec Riad. Que va-t-il donc penser d’elle ? Son amour est-il assez fort, assez solide, pour lui pardonner et tirer définitivement un trait ?
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4 mai 2012 à 12:37
28iéme partie
Yasmine ne dormit point cette nuit-là. Des idées contradictoires se bousculaient dans sa tête et elle se réveilla aux aurores. Elle prit une douche, prépara le petit-déjeuner, puis s’habilla, et s’apprêta à se rendre au bureau pour entamer une autre journée routinière.
Sa mère l’accompagne jusqu’au seuil de la porte et lui recommande encore une fois de prendre une décision le plus rapidement possible.
La jeune femme, tout en marchant, se met à réfléchir à sa situation. Il va falloir qu’elle appelle Nacer ce matin même pour tirer les choses au clair le plus rapidement possible.
Vers la mi-journée donc, Yasmine prit l’initiative de contacter le jeune homme et de lui fixer rendez-vous dans un restaurant non loin de son lieu de travail. Elle prit donc son courage à deux mains et se dit que si Nacer réagit mal, ce qui est son droit le plus absolu, elle ne se le fera pas dire deux fois et coupera court à leur relation. Mais il va falloir tout lui raconter et c’est ce qu’elle appréhendait le plus. Saura-t-il au moins reconnaître son honnêteté et son courage ?
Le restaurant était au trois quart plein. Des gens pressés venaient manger sur le bout des doigts avant de reprendre leur travail. Yasmine jette un regard circulaire dans la salle.
Nacer qui était déjà attablé se lève et lui fait un signe. Elle se dirige vers lui, ignorant, le reste du monde. La jeune femme n’avait d’yeux que pour lui. Habillé d’un ensemble d’été, les cheveux très courts et gominés, Nacer avait gardé une sveltesse à toute épreuve. Yasmine reconnaît qu’en plus de son caractère et de sa personnalité, Nacer était un bel homme. Un homme charmant. Vraiment, se dit-elle, comment ai-je pu le quitter aussi
facilement ?
- Bonjour, Yasmine…
Il se lève et l’embrasse sur les deux joues, comme il le faisait dans le passé.
Elle tire une chaise et se met en face de lui.
- Bonjour, Nacer. Tu m’excuseras, je crois que je suis en retard.
- Non, c’est moi qui suis en avance. Il est à peine 12h30…
- Bien. Donc, c’est à toi de t’excuser.
- D’être en avance ?
- Oui.
- Alors, excuse-moi d’être en avance, Yasmine.
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4 mai 2012 à 12:37
29iéme partie
Elle sourit, et se détend.
- Tu es tout excusé Nacer.
- Passons tout d’abord commande puis discutons.
- C’est comme tu veux Nacer, bien que ce soit moi qui t’ai invité.
- Oh, s’il te plaît, sans formalités. Tu sais très bien que je n’aime pas les formalités. Depuis le temps qu’on se connaît tu exagères franchement !
Il interpelle un serveur et ils commandèrent leur déjeuner en échangeant des banalités.
Ils mangèrent en silence un moment, puis Yasmine se hasarde :
- Tu m’as vraiment surprise hier Nacer. Je ne m’attendais vraiment pas à te trouver chez moi.
- Oui, je sais. Je crois que j’ai choisi le chemin le plus court pour arriver à faire valoir mes droits.
- Tes droits ?
- Oui, Yasmine. N’ai-je pas le droit de demander ta main ?
- Si… mais… je croyais…
- Tu croyais quoi ? Que parce que tu m‘avais largué par un coup de tête je vais baisser les bras ?
- Hein ?
- Je n’ai pas baissé les bras, Yasmine.
Mon amour était bien plus fort que ma raison. Je n’ai pas cessé de penser à toi une seconde bien qu’il fut un temps où j’avais vraiment eu envie de t’étrangler
- Il fut un temps ?
- Oui. Quand tu sortais avec ce vaurien de Riad. Heureusement que ton bon sens l’a emporté sur le reste.
Sa surprise était telle que Yasmine lâche sa fourchette.
- Tu connaissais Riad ?
- Oh, disons, que j’ai un ami qui le connaît très bien. Un commissaire de police qui a déjà eu maille à partir avec lui.
- Et tu… tu… savais ?
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4 mai 2012 à 12:38
30iéme partie
Nacer ébauche un sourire :
- Je savais quoi ? Je suis au courant de tout Yasmine. De ton aventure avec lui, de ton escapade nocturne, des déboires que tu as subis, de ton humiliation. Mais, je savais que tu allais te ressaisir et reprendre tes esprits. Tu as toujours fait preuve de bon sens, Yasmine, et c’est ce qui me rend fier de toi.
- Tu étais donc au courant de tout ?
- Mais bien sûr et pour être plus sincère avec toi, je vais te dire encore une chose : hier quand tu m’as trouvé chez toi en train de discuter avec tes parents, j’avais remarqué ton regard hésitant, et tes propos incohérents et puis, lorsque tu m’as demandé de nous revoir pour discuter j’ai compris que tu voulais m’avouer la vérité. Je te connais trop bien, Yasmine. Ne dis rien… Ne me coupe pas, s’il te plaît. Je sais ce que je dis et ce que je fais. Je voudrais te réitérer encore ma demande : Veux-tu m’épouser, Yasmine ?
Yasmine émue se tut. Dire que depuis la veille, elle ruminait des idées noires et ne savait comment aborder le sujet avec Nacer. Finalement, le tout résidait dans la confiance que lui accordait ce dernier et dans l’amour qu’il lui vouait, et dont elle n’en doutait plus.
Elle se verse un verre d’eau, le but, puis s’essuya la bouche et repoussa son assiette. Elle n’avait plus envie de faire semblant de manger. Elle n’avait pas faim. Elle était trop rassasiée par les paroles de Nacer pour pouvoir avaler quoi que ce soit.
Nacer lui prend la main :
- Veux-tu m’épouser Yasmine ?
- Oui… mais…
- Mais quoi ? Pose toutes les questions que tu veux.
- C’est qu’il y a des choses que tu ignores encore.
- Lesquelles ?
- Heu… par exemple que j’ai fumé… j’ai bu et j’ai découché.
Nacer sourit :
- Je n’ignore rien de tout ça.
- Tu plaisantes, Nacer
- Je n’en ai aucune envie, crois-moi.
- Mais… tu m’acceptes avec toutes ces bêtises commises.
- Inconsciemment commises, Yasmine.
- Tu crois ?
- Yasmine, je te pose une question : si c’était à refaire le ferais-tu ?
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4 mai 2012 à 12:38
31iéme partie
La jeune femme secoue énergiquement la tête :
– Jamais Nacer. C’était une folie dans ma vie, un passage qui m’a ouvert les yeux sur beaucoup de choses.
- C’est pour cela, ma chère, que je persiste à dire que ce n’est qu’une erreur.
Une erreur qu’on pourra vite effacer et oublier. Si tu le veux, bien sûr.
- Si je le veux, Nacer ? Mais j’arrive à peine à croire que tu es revenu et que tes intentions sont toujours sincères envers moi.
- Tu en doutais ?
- Non… mais, il était difficile pour moi d’imaginer la chose, bien que je voulais t’appeler pour m’excuser.
- Et pourquoi ne l’as-tu pas fait ?
- Eh bien, comme tu dois le deviner, j’avais tellement honte de moi.
- Ce qui prouve que c’est toujours l’éducation d’une personne qui reprend le dessus. Yasmine, tu es une fille de bonne famille, et tu ne pourras pas changer ta conduite quelles que soient les circonstances.
Tu as été forgée dans un métal pur, alors, autant souhaiter l’écroulement d’une montagne, si tu dois changer ta façon de vivre. Les remords et ta conscience te culpabiliseront à jamais. Tu vivras éternellement avec un poids sur le cœur qui finira par t’empoisonner et t’emporter. Alors, consens-tu maintenant à répondre à ma question ?
- Tu ne le regretteras pas, Nacer ?
Le jeune homme hoche la tête :
- Non, jamais.
- Tu es sûr de ne pas reculer un de ces jours en te remémorant le passé ?
- Pas du tout. Je suis assez grand pour savoir ce que je fais. Ne me provoque pas, Yasmine, sinon je serais capable de te kidnapper et de t’emmener loin d’ici.
- Où ?
- Eh bien… très loin d’ici… dans une jungle peuplée d’animaux sauvages, mais moins dangereux que le milieu par lequel tu es passé. Et là, je vais tellement te harceler que tu finiras par accepter ma demande en mariage.
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4 mai 2012 à 12:39
32iéme partie
Yasmine sourit :
- Tu n’auras pas besoin de faire ça, Nacer.
- Je veux entendre ta réponse, Yasmine. Consens-tu à m’épouser ?
- Oui. Je ne pourrais pas trouver meilleur parti que toi, Nacer.
- M’aimes-tu encore un peu ?
Yasmine rougit :
- Je n’ai jamais cessé de t’aimer. Jamais, Nacer. Je… je suis une idiote romantique finalement. Je suis comme cette fourmi qui voulait avoir des ailes et qui ne savait pas qu’elle allait à sa perte.
- Fort heureusement tu n’as pas été dotée d’une paire d’ailes. Sinon je n’aurais jamais su où tu t’es envolée.
- Nacer, je t’aime tant… Je t’aime tant.
Yasmine verse quelques larmes et Nacer la regarde amusé, avant de lui tendre un mouchoir.
- Essuie tes yeux et ta figure, chantonne-t-il…
Yasmine sourit à travers ses larmes puis jette un coup d’œil à sa montre :
- Ah, mon Dieu ! Je suis en retard.
- Moi aussi. Ne t’inquiète donc pas tant, une fois n’est pas coutume, et puis quand c’est ton avenir qui est en jeu…
- Oui, je sais. Parlant de mon avenir, tu sais que j’ai repris mes études ?
- Oui, tu me l’as déjà dit.
- Et si jamais j’obtenais une bourse d’État pour des études à l’étranger ?
- Ce serait formidable, ma chérie, puisque moi aussi je compte l’obtenir.
- Oh ! c’est vrai, Nacer ?
- Plus vrai que ça n’existe pas. Moi aussi Yasmine j’ai repris mes études, je compte préparer un master. Apparemment nous avons eu le même réflexe.
- Qui s’assemble se ressemble.
- Tu l’as bien dit.
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4 mai 2012 à 12:40
33iéme partie
Tout est bien qui finit bien. Depuis ce jour, les choses allèrent très vite pour ce jeune couple. Les parents, les amis, au courant de leur rupture puis de leur nouvelle union, ne purent que les féliciter. Plusieurs filles de son entourage confieront à Yasmine qu’elles aimeraient rencontrer un homme de la trempe de son mari. Cette dernière, de son côté, découvrira davantage le côté humain et les nobles qualités de son compagnon. Et dire que par un coup de tête, elle a cédé à un moment de folie et avait failli le perdre.
Yasmine et Nacer se marièrent deux mois plus tard. Une année après, ils entamèrent des études à l’étranger et durent quitter le pays durant plus de cinq années. Entre-temps, ils conçurent deux enfants. À la fin de leurs études, ils rentrèrent au bled et s’installèrent dans un spacieux appartement non loin de la mer. Yasmine apprit, par le plus pur des hasards, que l’auberge au bas de l’autoroute a été fermée depuis plusieurs années. Plusieurs délits ont été reprochés à ses gérants, entre autres le trafic de drogue et l’incitation à la débauche. Elle apprendra aussi que Riad a été incarcéré dans une prison du Sud suite à une scabreuse affaire de mœurs et de commerce illicite. Il avait même été jusqu’à charger des femmes de transporter des colis suspects qui devaient atterrir aux frontières…
Le pot aux roses a donc été découvert et la police a procédé à son arrestation chez lui où, paraît-il, il avait cloîtré plusieurs filles mineures.
En repensant à son aventure, Yasmine se mordait les lèvres jusqu’au sang. Dire qu’elle aurait pu être une de ces femmes qu’il utilisait pour arriver à ses fins. Elle ne manquait d’ailleurs jamais de remercier la divinité de lui avoir évitée toutes ces humiliations et d’avoir mis sur son chemin un mari comme Nacer qui, au fond de la spirale, a su la repêcher…
Ainsi se terminera cette histoire qui nous a été inspirée de faits réels. Cependant, si Yasmine a pu être repêchée à temps, combien d’autres filles ont glissé avant-elle et après elle ? Des filles qui pensaient trouver le bonheur en cédant à des mirages pour se retrouver prises entre le marteau et l’enclume, pour virer dans la débauche. Et plus d’une n’a pu trouver son salut que dans le… suicide. L’histoire de Yasmine n’est en fait qu’une minime facette visible d’un lourd et profond iceberg.
FIN
Y. H
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6 mai 2012 à 1:12
1re partie
Le salon de thé grouillait de monde en cette fin d’après-midi. Des lycéens, des étudiants, des travailleurs, des jeunes et des vieux. Tout ce monde semble s’être donné rendez-vous pour se retrouver dans ces lieux en chaque fin de journée.
La saison printanière tirait à sa fin, l’été commençait à étaler sa chaleur, et la plupart des gens étaient habillés légèrement. Un climatiseur diffusait un semblant de fraîcheur et quelques tables étaient déjà dressées au grand air sur la terrasse mitoyenne à l’entrée.
Le serveur vint prendre la commande et Yasmine lève les yeux sur Nacer assis en face d’elle. Son regard hésitant et ses lèvres tremblantes n’auguraient rien de bon. Nacer lève à son tour un regard interrogateur et Yasmine lâche d’un seul coup :
- Je ne peux pas t’épouser Nacer. Ce n’est vraiment pas la peine d’envoyer ta famille ce week-end.
Pris de cours, le jeune homme eut le souffle coupé un bon bout de temps, et c’est d’une voix à peine audible qu’il réussit à articuler une réplique :
- Mais… mais…, je ne comprends pas… Yasmine… Pourquoi… ?
- Eh bien, parce que… parce que… Oh ! Nacer ne pose pas trop de questions s’il te plaît. J’ai tranché. C’est terminé entre nous !
- Je… mais…
- Mais quoi Nacer, tu ne vas tout de même pas me forcer à contracter un mariage avec toi. Un mariage qui ne tiendra pas une semaine !
Nacer sentit une sueur froide inonder son corps.
- J’ai pensé… Je pensais… je… Voyons Yasmine, on a déjà parlé de tout ça. Il n’y a même pas une semaine, on faisait de grands projets ensemble. Tu t’en rappelles au moins ?
- Oui, oui, je m’en rappelle, mais depuis j’ai changé d’avis.
- Aussi simple que ça Yasmine. Tu changes d’avis après toutes ces années passées ensemble à l’université.
Yasmine pousse un soupir.
- Je sais, je sais, mais nous étions encore des enfants… des adolescents avides de sensations fortes.
- Tu crois ?
- Oui. Je le pense sérieusement, et tu peux me remercier de m’en être rendu compte à temps.
- Mais aujourd’hui Yasmine, nous ne sommes plus des enfants. Nous avons la trentaine bien sonnée tous les deux !
- Raison de plus Nacer… raison de plus ! Cela veut dire que nous sommes plus consciencieux.
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