Par : Yasmine HANANE
Le jour commençait à poindre. Et malgré l’heure matinale, la journée promettait d’être radieuse. On était déjà à la fin du printemps. C’est bientôt l’été et les nuits raccourcissaient de plus en plus. Kamel s’étire paresseusement et jette un coup d’œil en biais à son réveil-matin. Il est temps pour lui de se lever s’il veut arriver à temps à son travail.
Il s’étire encore une fois et eut bien du mal à s’extraire de son lit douillet et si confortable. Il se secoue et se lève pour faire sa toilette et se préparer. Aïssa, son collègue, ne va pas tarder à se pointer. C’est que la distance n’était pas mince. Kamel et Aïssa parcourent tous les jours – sauf les week-end – environ 90 km à l’aller et au retour pour rejoindre leur poste de travail et rentrer le soir à la maison.
Heureusement que Aïssa est véhiculé, sinon, cela aurait été un véritable bras de fer entre Kamel et son employeur. D’autant plus que ce dernier ne tolérait aucun retard. Kamel a fini par s’habituer à ce régime strict et rigoureux de se lever tôt le matin, de se préparer, et de descendre attendre son ami à l’entrée de l’immeuble.
Il prit rapidement une tasse de café fumante que sa mère venait tout juste de préparer, enfile un léger blouson sur sa chemise et dégringole les escaliers. Déjà, il entendait le coup de klaxon familier.
- Bonjour Aïssa, lance-t-il en s’engouffrant dans le véhicule.
- Bonjour Kamel. Bien dormi ?
- Oui… Mais j’ai eu un mal fou à m’extirper du lit.
- C’est le printemps, et le sommeil matinal en cette période est toujours très doux.
- Tu peux le dire. Mais toi comment fais -tu pour être toujours en forme ?
- Tu connais mes habitudes : pas de cigarettes, pas de café noir, pas de veillées. Je me mets au lit à l’heure qu’il faut et je fais mon plein de sommeil… Ce n’est pas sorcier.
- Il faudrait avoir aussi ta volonté mon gars, dit Kamel
Aïssa ébauche un sourire :
- De la volonté ? Non. Dis plutôt une femme qui veille au grain. Elle est si pointilleuse sur la ponctualité qu’il faudrait être un attardé mental pour se dérober.
Kamel rit de bon cœur.
- C’est pour cela qu’on dit que le mariage est une prison dorée.
- Une prison oui. Mais dorée… Laisse-moi te dire qu’il n’y a vraiment rien de doré là dedans. Peut-être les premières années, mais après, la routine s’installe et tu deviens esclave de tes propres habitudes.
- Vive le célibat alors ! s’écrie Kamel.
Il rirent et Aïssa appuie sur l’accélérateur pour éviter d’être rattrapé par les embouteillages des heures de pointe.
4 mai 2012 à 17:13
2e partie
Ils arrivèrent à l’heure à leur lieu de travail, et chacun rejoint son bureau.
La journée se déroule sans encombres et à la sortie, Kamel invite Aïssa à prendre un pot dans un café non loin de là.
- Il est encore trop tôt pour rentrer, tu ne trouves pas… ?
- Je dois récupérer les gosses de chez leur grand-mère, mais puisque tu insistes je vais t’accompagner pour prendre une limonade.
- Juste un petit quart d’heure Aïssa, question de se dégourdir les jambes.
Il prirent leurs boissons et s’apprêtèrent à rentrer quand une jeune femme sortie on ne sait d’où les interpellent :
- Euh… s’il vous plaît…
Aïssa se retourne vers elle et l’interroge des yeux.
- Euh… Vous habitez en ville monsieur… N’est-ce pas ?
-Oui.
- Je… Je… J’aimerais vous demander un service.
Kamel s’interpose :
- Mais on ne vous connaît même pas ma petite dame, d’où sortez-vous donc ?
Aïssa lui fait signe de se taire avant de lancer :
- Madame, comment savez-vous qu’on habite en ville ?
- Euh. Eh bien, je le sais parce que je travaille dans la même entreprise que vous.
- Hein ?
- Oui. Je viens d’être recrutée il y a quelques mois.
- Comment se fait-il qu’on ne vous ait jamais vu ?
- Parce que je travaille au service technique, au sous-sol.
- Vous êtes chez-nous depuis combien de temps ?
- Environ trois mois.
- Voyons un peu. Vous vous appelez ?
- Zahira. Zahira K…
- Ah, je crois que votre nom me dit quelque chose…
- Excusez-moi si je me suis permis de vous interpeller, mais j’ai raté le transport du personnel et…
- Ne vous inquiétez donc pas madame, nous allons vous déposer moi et mon ami Kamel en ville. Juste devant l’entrée de chez-vous.
- Merci. Oh merci monsieur, je vous dois une fière chandelle. Je craignais tant de ne pas trouver un taxi dans cet endroit désert.
- C’est la zone industrielle. Il n’est pas facile de tomber sur des moyens de locomotions ici.
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4 mai 2012 à 17:14
3e partie
Aïssa précède Kamel et la jeune femme et se dirige tout droit vers son véhicule. Il ouvre les portières et invite ses collègues à monter.
Kamel sans faire montre d’aucune galanterie envers la jeune femme s’installe tout bonnement à la place du passager, tandis que cette dernière prenait place à l’arrière du véhicule.
Aïssa démarre. Le jour déclinait, et comme on était aux heures de pointe, la circulation était dense. Cependant, le trajet se faisait dans un silence des plus lourds. Aïssa jugea opportun de mettre la radio qui diffusait un morceau de musique classique.
- Oh, s’il te plaît, éteint cette radio Aïssa, s’écrie Kamel, j’ai les nerfs à fleur de peau.
- Pourtant c’est un véritable délice que ce morceau de musique classique.
- Je sais. Mais je ne suis pas du tout d’humeur à écouter quoi que ce soit.
Aïssa éteint la radio, puis tenant le volant d’une main ferme, il se tourne vers son ami :
- Qu’as-tu donc Kamel, tu sembles réellement perturbé.
- Euh… Oui, je suis un peu fatigué après cette longue journée passée au bureau.
Aïssa allait riposter que d’habitude il n’était pas d’aussi mauvaise humeur, quand Zahira de son coin lance :
- C’est vrai qu’à force de rester assis toute la journée à côtoyer les mêmes gens on fini par se lasser. C’est cela le stress.
Kamel hors de lui se retourne vers la jeune femme :
- Ecoutez-moi donc cette madame je-sais-tout ! Mais, de quoi je me mêle donc.
- Heu… Je m’excuse, Monsieur, mais je voulais juste ajouter un petit grain de sel à votre conversation, question de me sentir à l’aise avec vous. Après tout, nous sommes collègues.
Aïssa renchérit :
- Bien sûr. Nous sommes collègues et Kamel et moi sommes plutôt amis. Ne faites pas attention à ce qu’il dit, il est comme ça parfois, prêt à bondir… Mais en fait, il n’est pas méchant, il crie mais ne mord jamais.
Kamel devient cramoisi :
- Je peux mordre aussi tu sais. Surtout quand je suis devant quelqu’un qui se mêle de ce qui ne le regarde pas.
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4 mai 2012 à 17:15
4e partie
Aïssa ébauche un sourire :
- Ma parole tu es bien parti Kamel pour gâcher la soirée. Calme-toi donc, on est bientôt arrivé en ville.
Aïssa contourne un rond-point et se dirige vers le centre-ville :
- Vous habitez où exactement madame ?
La jeune femme se penche un peu en avant pour lancer :
Suivez le boulevard et tournez à gauche, à la première intersection vous prenez la ruelle de droite.
Aïssa suit les indications de la jeune femme et se retrouve bientôt devant un ancien immeuble :
- C’est là que j’habite monsieur…
Aïssa s’arrête devant l’entrée et descend pour ouvrir la portière :
- Vous êtes bien arrivée madame.
- Mais grâce à vous monsieur. Je ne sais qu’est-ce que j’aurais pu faire sans votre aide.
- Vous serez tombé sur quelqu’un d’autre qui aurait accepté de vous déposer. Ne prenez pas le monde pour une jungle ma bonne dame.
Zahira jette un coup d’œil à la dérobée à Kamel avant de répondre :
- Et pourtant parfois il l’est.
Aïssa sourit :
- Ne soyez pas aussi pessimiste.
- Merci beaucoup monsieur …
- Aïssa…
- Merci beaucoup Aïssa. Je ne vous remercierais jamais assez aujourd’hui.
- Mais de rien madame. Je ne vous ai pas porté sur mon dos. Bonne soirée.
- Bonne soirée à vous.
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4 mai 2012 à 17:16
5e partie
La jeune femme s’éloigne pour pénétrer dans l’immeuble et Aïssa reprend le volant. Il redémarre et se dirige vers le quartier de Kamel. Ce dernier s’était muré dans un silence qui en disait long sur son humeur.
– Eh bien Kamel, pourquoi fais-tu cette tête d’enterrement ?
- Je n’ai pas une tête d’enterrement. Je ne suis pas d’humeur à discuter, voilà tout.
- Hum… Je vois. Depuis que cette dame nous a accosté on dirait que tous les malheurs du monde sont tombés sur ta tête.
- Non, pas tous les malheurs du monde. Juste un malheur. C’est cette femme qui m’a mis les nerfs en boule.
- Pourquoi donc ?
- Je ne sais quoi te dire. Depuis l’instant où elle nous a accosté, je ne sais pas ce qui m’a pris. J’ai l’impression que cette femme attire la poisse.
- Tu es superstitieux à ce point Kamel. Je ne te connaissais pas sous cet aspect.
- Je ne suis pas du tout superstitieux, mais je t’assure que cette femme m’a totalement perturbé.
Aïssa sourit et le taquine :
- Parce qu’elle est jeune et belle.
- Je n’ai pas trop fait attention à son physique, mais je t’assure qu’elle m’a perturbé.
- Allons, Kamel, dis plutôt que c’est la fatigue qui te rend aussi vulnérable. Cela se comprend fort bien surtout si tu as eu une journée difficile.
Aïssa gare le long du trottoir non loin de l’immeuble de Kamel :
- Te voila arrivé, mon ami. Tâche de te reposer et de dormir un peu tôt afin d’être en forme pour demain.
- Merci. J’essayerais de suivre tes conseils, mais je t’assure que je me sens comme un poisson qu’on vient de sortir de la mer.
- Ne dramatise donc pas les choses.
- Je vais faire un tour dans le quartier cela va m’aider à retrouver mon calme. Merci mon ami, et à demain.
- Bonne soirée Kamel.
Aïssa démarre, et Kamel se met à marcher d’un pas rapide vers le centre de son quartier. Il faisait bon et un vent très léger remuait les feuilles des arbres.
Le jeune homme sentit pourtant une bouffée de chaleur l’envahir. Kamel n’était pas dans son élément. À vrai dire, depuis que son regard a croisé les yeux de Zahira, quelque chose en lui s’est brisé.
La jeune femme pourtant lui était encore une parfaite inconnue qu’il n’avait encore jamais croisé. Mais sans pouvoir se l’expliquer, il reconnaît que cette femme a ravivé en lui une flamme éteinte depuis longtemps : elle ressemblait comme deux gouttes d’eau à Chahira.
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4 mai 2012 à 17:17
6e partie
À cette pensée, son cœur s’emballe. Chahira ! Quel nom évocateur ! Il s’adosse à un mur au bas d’un immeuble et se met à repenser à cette fille qu’il avait un jour connue et aimée.
Il était encore sur les bancs de l’université quand ils se sont rencontrés.
Chahira était en première année de psychologie et, lui, faisait des études en sociologie.
Une mèche tombe sur son visage. Il la remet en place d’un geste nerveux et se remet à méditer. Cela fait combien d’année déjà…. Dix ans ? Plutôt douze ans.
Comme le temps passe vite. Cela se voit d’ailleurs, il a déjà les tempes grisonnantes. Kamel, dans un geste anodin porte la main à ses cheveux. Oh il ne se sent pas encore vieux, mais quand il repense à ses années d’études, il les voit déjà bien loin. C’était l’époque de Chahira. Voilà qu’il repense encore à cette femme.
Il est vrai que c’est un passage qui a marqué sa vie. Un passage qu’il ne regrette pas, mais qu’il évoque toujours avec un pincement au cœur.
Il avait cru en l’amour. Il avait aimé et pensait avoir été aimé. Hélas, la seule fille qui avait pu accaparer son cœur lui avait aussi joué le plus mauvais tour qu’il ait jamais connu.
Chahira était belle, intelligente et attirante. Elle avait su le subjuguer au premier regard. Et pourtant, il n’était pas un garçon facile ou celui qui mendiait les grâces d’une femme.
Loin de là. Il était plutôt réservé et presque effacé. Ses copains l’avaient surnommé “le sérieux”. Et, quelque part, ils avaient raison.
À cette époque, il ne pensait qu’a ses études. Pourtant, quand il a rencontré Chahira, tout a basculé.
Oui, il se rappelle encore de ce jour où, par mégarde, elle avait laissé tombé son classeur juste près de lui.
Sans savoir pourquoi, il s’était empressé de le ramasser et de le lui tendre.
La jeune fille l’avait regardé un moment en souriant avant de le remercier et d’aller rejoindre son groupe d’études.
Deux jours plus tard, à la sortie du restaurant universitaire, il l’avait de nouveau rencontré, et cette fois-ci, elle est venue tout bonnement vers lui pour lui demander s’il n’était pas intéressé par le théâtre, étant donné qu’elle dirigeait une troupe de comédiens qui devait monter un spectacle au profit d’une association caritative.
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4 mai 2012 à 17:17
7iéme partie
Sans trop savoir ce qu’il faisait, il avait accepté un rôle dans une pièce classique, et à son fort étonnement, il s’en est admirablement tiré.
“L’amour donne des ailes”, lui avait dit un ami pour le taquiner.
L’amour… Un mot qu’il ignorait encore à cette époque-là. Cependant, Chahira était devenue pour lui cet air qu’il respirait. Sitôt arrivé à la fac, il se mettait à sa recherche et ne trouvait le repos que quand ils étaient ensemble.
Elle, de son côté, semblait l’apprécier et ne demandait pas mieux que de passer de longs moments avec lui à discuter de tout et de rien.
Petit à petit, le temps avait fait son œuvre. Leur rapprochement semblait imminent et une fois sa dernière année d’études terminée, Kamel s’était promis de prendre les choses en main et de parler de Chahira à ses parents.
Ils étaient encore jeunes, c’est vrai, mais vu que Chahira n’était encore qu’en deuxième année, il avait peur que quelqu’un d’autre ne le devance et demande sa main. Si bien qu’il décida de lui en parler à la première occasion.
Et l’occasion se présenta le jour de sa soutenance.
À la fin de son exposé, elle est venue le féliciter. Il en profita alors pour la présenter à sa famille. Sa mère avait pleuré de joie et son père avait hoché la tête d’un air entendu. “Quand le destin s’en mêle, il faut lui faire confiance”, avait lancé le vieil homme d’un air sensé.
Kamel avait cru rencontrer le bonheur. Sans trop tarder, et de peur de la voir se volatiliser, il avait proposé le mariage à Chahira.
D’abord surprise, puis enchantée de savoir que Kamel avait des intentions sérieuses, la jeune fille lui promet de donner une réponse dans les meilleurs délais.
Tout fut donc vite réglé. Chahira accepte la proposition de mariage et la famille de Kamel se présenta sans trop tarder dans la famille de cette dernière pour officialiser la demande.
Le tout sera conclu en un laps de temps très court. Les fiançailles eurent lieu rapidement et Kamel se sentit le plus heureux des hommes sur terre.
Et pour permettre à Chahira de terminer ses études, ils décidèrent ensemble de ne fixer la date de leur mariage qu’à la fin du cycle de cette dernière, c’est-à-dire dans deux années. Entre temps Kamel effectuera son service national.
Le jeune couple contemple l’avenir avec des yeux nouveaux. Le bonheur pour lui est bien là.
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4 mai 2012 à 17:18
8eme partie
Les jours et les mois passèrent. Kamel est sous les drapeaux et Chahina a repris ses études comme prévu.
Personne n’aurait pu se douter que la vie allait leur jouer un vilain tour.
Cependant, il était écrit quelque part que les projets du jeune couple ne seront jamais réalisés.
Un jour, et lors d’une permission, Kamel qui voulait faire une belle surprise à sa dulcinée se rendit à la fac sans la prévenir. Sans trop savoir pourquoi il voulait la surprendre.
Elle ne s’attendait pas à sa venue, et le jeune homme pensait tout bonnement qu’elle serait heureuse de le revoir.
Il s’adosse à un mur en face du grand portail de la faculté, et attendit. Chahira ne va pas tarder à sortir. Kamel sentit son impatience le gagner de minute en minute. Il était déjà 12 h30, et les étudiants commençaient à quitter les lieux.
Soudain il la vit. Elle discutait avec une amie à elle et ne l’avait pas encore remarqué. Puis se retournant, elle ébauche un grand sourire.
Kamel lève le bras pour lui faire un geste et le suspendit. Il n’en croyait pas ses yeux. Le sourire n’était pas pour lui.
Chahira avait sourit à quelqu’un d’autre.
Un homme descendit d’un véhicule luxueux et s’approcha d’elle. Il s’embrassèrent puis Chahira lui prend le bras avant de s’engouffrer dans le véhicule qui démarre en trombe.
Le tout se passe en une fraction de seconde, et Kamel eut à peine le temps de réaliser ce qui s’est passé.
Il se sentit las tout d’un coup. Un courant d’air s’engouffre sous sa chemise et une désagréable transpiration lui inonde le corps.
- Qui était cet homme ?
Un grain de jalousie s’insinua en lui.
Il connaissait la famille de sa fiancée. Ses frères, ses cousins, et même ses voisins. Et cet homme ne faisait pas partie du lot.
Il était un peu plus âgé et avait un air qui renseignait sur certains individus que seul l’argent rendait importants.
Kamel se met à marcher. Il ne savait plus quoi faire ni où aller. La surprise dont il se faisait un régal, c’est bien lui qui l’a eue. Et elle était bien mauvaise…
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4 mai 2012 à 17:19
9eme partie
Qui est cet homme, se redemande-t-il pour la énième fois ? Mais il sait qu’il n’aura pas de réponse tant qu’il n’avait pas revu Chahira. Et quand la reverra-t-il ?
Il continue d’errer sans aucun but dans les rues de la ville. L’après-midi s’étendait devant lui long comme un jour sans pain. Il bouscule un passant, s’excuse puis, ne sachant plus quoi faire, il s’assoit à la terrasse d’un café et commande un thé.
Tirant nerveusement sur sa cigarette, il se met à scruter la foule qui encombrait les trottoirs. Une façon comme une autre de se dire qu’on n’est pas seul dans ce monde. Mais, en réalité, il se sentait seul et perdu. L’image de Chahira et de l’inconnu lui revenait sans cesse devant les yeux. Qui est cet homme ?
Oubliant son thé, il se lève et se remet à marcher. Va-t-il rentrer chez lui et appeler Chahira dans la soirée ? Ou bien continuera-t-il son errance sans but dans la ville ?
Il décide de rentrer à la maison, la tête pleine de cette image qui va le hanter : Chahira et cet inconnu.
À peine rentré chez lui, il se réfugie immédiatement dans sa chambre. Inquiète, sa mère vint le retrouver. Mais il la rassure en feignant la fatigue et une migraine.
Kamel s’allonge sur son lit et repense à la scène de la fac. Encore une fois, la jalousie le tenaillait. Il refuse de croire que Chahira le trompait.Prenant son album photos, il se met à le feuilleter pour retrouver les moments heureux vécus avec l’élue de son cœur. La jeune fille était radieuse à ses côtés.
Il referme d’un geste rageux l’album et se rallonge. Un regard à sa montre lui apprend que la nuit n’allait pas tarder à envahir les lieux. Il se lève alors et se dirige vers le téléphone fixe installé dans le couloir de l’appartement.
Une sonnerie, puis deux et une voix lui répondit. C’était sa future belle-mère qui semblait très heureuse de l’entendre. Il demande tout de suite après Chahira, mais on lui apprend que cette dernière préparait des examens et n’était pas encore rentrée de la fac où elle avait passé toute la journée. Kamel crispe ses poings et se retient pour ne pas donner un grand coup dans l’appareil. Le mensonge…
Rien que ce mot le faisait râler.
Qui donc mentait dans cette affaire ? La mère ou la fille ? Il laisse tout de même un message pour sa fiancée et demande qu’elle le rappelle dès son retour. Puis coupe sans tarder avant de s’emparer de sa veste et de sortir.
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4 mai 2012 à 17:20
10eme partie
Le quartier était calme et quelques voisins conversaient au bas de l’immeuble. Il se joint au groupe et échange quelques propos avec d’anciens copains. Mais le cœur n’y était pas. Son esprit était à des milliers de kilomètres de là.
Il attendit une bonne partie de la nuit que Chahira le rappelle. Mais en vain. Fatigué par sa longue journée, il finit par s’endormir. Un sommeil perturbé et peuplé de cauchemars sera son lot pour cette première nuit de sa permission. Pourtant il était au milieu des siens !
Au petit matin, il se hâte de se rendre à la fac. Il était à peine 7h30 quand il se poste en face du portail d’entrée.
Quelques minutes passent. Des étudiants discutaient et riaient avant de former des groupes pour entamer leur journée d’études.
Il attendit encore quelque temps. Peut-être que Chahira n’avait pas cours cette matinée. Mais un véhicule attire son attention. C’était le même que celui de la veille. Le cœur de Kamel s’arrête de battre. Non ! Il doit rêver… La jeune fille qui embrassait le conducteur avant de descendre de la voiture n’était autre que Chahira.
Il se pince bien fort. La voiture démarre et la jeune fille se dirige vers le portail. Kamel ne se le fait pas prier pour courir vers elle et lui saisir le bras.
Elle parut étonnée de le voir. Puis se reprenant, elle relève la tête et sourit :
- Ah ! C’est toi Kamel.
Elle se hisse sur la pointe des pieds pour l’embrasser, mais le jeune homme sentit la froideur de son geste.
- Comment vas-tu Kamel ? Quand est-ce que tu es venu ?
Kamel pousse un long soupir avant de répondre :
- Apparemment, on ne t’a rien dit à mon sujet hier.
- Hier ?
- Oui, hier. Je t’ai appelée à la maison dans la soirée.
- Ah…
- Tu n’y étais pas.
- Oui… Euh, j’ai passé la journée ici à la fac. J’ai des examens à préparer.
Kamel sentit la moutarde lui monter au nez.
- Tu mens !
- Pardons ?
- Tu mens Chahira ! Tu n’as pas passé ta journée à la fac.
- Pourquoi dis-tu cela ?
- Tout simplement parce qu’hier, à midi, j’étais en face de ce portail. Et je t’ai vue de mes propres yeux monter dans la même voiture que celle de ce matin, et avec ce même gars…
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4 mai 2012 à 17:21
11eme partie
Le visage de la jeune fille s’empourpra. Elle baisse les yeux un moment avant de le regarder en face.
- Je… J’ai oublié de te présenter mon cousin Adel.
- Ton cousin Adel ?
- Oui, mon cousin… C’est un émigré qui est revenu au bled ces derniers temps.
- Ah ! je vois. Et il estime de son devoir de te servir de chauffeur à ce que je vois.
- Euh… Si tu veux. Moi et Adel nous nous entendons si bien. Il a l’esprit très ouvert, et ne se fait pas prier pour rendre service.
- Alors tu en profites pour passer ton temps libre avec lui.
- Pourquoi pas ? Après tout, c’est mon cousin.
- Et pourquoi m’as-tu caché tout cela ? Après tout je suis ton fiancé.
Elle passe une main nerveuse dans ses cheveux avant de répondre :
- Ce n’est rien Kamel. Je te l’aurais présenté tôt ou tard.
Elle fait mine de jeter un coup d’œil à sa montre.
- Je dois te laisser maintenant j’ai cours, Kamel. On se verra plus tard.
- Quand plus tard ?
- Quand j’aurais un moment. Disons après mes examens.
- Non, je rêve ! D’habitude tu es si heureuse de me revoir que rien ne pouvait t’éloigner de moi. Ni tes examens ni ta famille, ni quoi que ce soit.
- Allons, Kamel, ne sois pas si impulsif
- Ton cousin va-t-il venir te récupérer aujourd’hui aussi ?
- Euh… Oui, pourquoi ?
- Eh bien parce que maintenant je commence à mieux comprendre. Tu me prends pour un idiot ou quoi, Chahira ?
- Mais non, Kamel, je t’assure que…
- Que quoi ?
Il lui empoigne le bras et se met à le tordre.
- Aïe ! Aïe ! Lâche-moi, Kamel ! Tu me fais mal !
- Tu me fais marcher, Chahira. Tu crois que je n’ai rien compris. Moi, qui avais une confiance aveugle en toi. Moi qui n’ai jamais cessé de t’aimer. Tu es ma fiancée. Et non ! Il faut que je sois loin un moment pour que tu te mettes à courir les gars friqués. Que t’apporte-t-il de mieux ce moins que rien ? De l’argent et une belle bagnole ? Moi je n’ai pas le sou, hein ? Je n’ai pas une belle bagnole pour venir te récupérer à ta sortie et t’emmener déjeuner dans de grands restaurants ?
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4 mai 2012 à 17:22
12eme partie
La jeune fille tente de se dégager et se met à crier :
- Lâche mon bras Kamel, tu me fais mal !
- Espèce de salope. Je te fais mal, hein ? Et toi ? Tu n’estimes pas m’avoir fait assez de mal comme ça ? M’avoir trahi à peine avais-je la tête tournée ? Quel genre de femme es-tu donc ? Une moins que rien…
Chahira se dégage dans un grand effort avant de lui lancer au visage :
- Espèce de brute ! Oui, je sors avec un autre gars. Oui, je veux cet homme parce qu’il est friqué et alors de quel droit t’estimes-tu assez doté pour venir me faire une scène devant la fac sous le regard de mes amis ?
- Tu es ma fiancée et j’ai tous les droits sur toi… Gare à toi si je te revois avec lui !
Chahira se met à rire :
- Mais tu me menaces ! Ah, la belle affaire… Tu me menaces, Kamel ?
- J’ai tous les droits sur toi. Tu es ma future femme et j’irai moi-même régler les comptes à ce vaurien.
- Non, tu ne régleras rien. Je vais tout de suite régler moi-même tes affaires.
Elle arrache sa bague de fiançailles de son doigt d’un air rageur et la jette par terre.
- Il n’y avait que cet anneau qui me liait à toi. Récupère-le et file.
Abasourdi, Kamel demeure muet un moment.
- Ce n’est pas vrai… murmure-t-il.
- Si, c’est vrai. J’aime un autre homme. Il m’aime lui aussi. Désolée, Kamel, je me suis trompée sur ton compte.
Kamel sentit une vague de détresse l’envahir puis une chaleur s’empara de son corps. Sa vue se brouilla et il se mit à transpirer.
- Aussi simple que ça, Chahira… Tu as tout oublié ? Nos serments, notre amour, notre fidélité et toutes les belles choses qu’on a vécues ensemble ?
- Il y a des erreurs dans la vie Kamel, lui répond-elle d’un air détaché. Nous nous sommes trompés sur nos sentiments. Reprends ta bague. Offre-là à une autre fille. Celle qui sera digne de toi. Je ne veux plus te revoir.
Sans savoir pourquoi, Kamel pique un fou-rire. Quelques étudiants se retournèrent pour le regarder.
Mais il n’en eut cure. Une minute passe avant qu’il s’arrête de rire à gorge déployée. Mais, c’était un excès de rage qui montait en lui. Sans pouvoir se contrôler davantage, il empoigne la jeune fille par les cheveux et se met à la frapper sans pitié.
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4 mai 2012 à 17:22
13eme partie
Chahira criait et se débattait. Elle essayait de rendre les coups, mais il était bien plus fort qu’elle.
Une foule commence à se former autour d’eux. Des étudiants tentèrent de les séparer, mais il fallut l’intervention des agents de l’ordre pour que Kamel s’arrête. Et encore, son envie de cogner n’était pas apaisée. Chahira s’affale par terre. On essaye de lui prodiguer quelques soins, et Kamel fut entraîné loin de là et embarqué dans un fourgon de police.
Les souvenirs renflouaient. Adossé au mur de son immeuble, Kamel revivait ces souvenirs d’une autre époque.
Il se revoit encore au commissariat de police retenu en garde à vue, tandis qu’on établissait un rapport sur lui.
Il sera libéré provisoirement en attendant le dépôt de plainte de Chahira. Mais cette dernière préfère s’en abstenir. Elle vint elle-même au commissariat pour demander sa libération. Elle lui pardonnait son geste. Une erreur, estime t-elle de la part d’un amoureux transi envers sa dulcinée.
Oui, il avait vécu tout ça. L’humiliation et le rejet, l’infidélité d’une fille en qui il croyait et le regret d’avoir été faible, à un moment où il devait être fort.
Chahira avait fini par se marier et s’est installé sous d’autres cieux. Mais la douleur de sa trahison était encore vive dans l’esprit de Kamel.
Et ce soir encore plus. Cette Zahira ressemblait beaucoup à Chahira, et même pour leur prénom, où le z remplaçait le ch.
Il se met à marcher. La nuit était tombée, mais il n’avait aucune envie de rentrer chez lui. La vue de Zahira avait ravivé en lui des souvenirs enfouis au fond de lui-même. Il pensait que le temps allait effacer ces images en lui. Hélas ! Il se rendit compte que la blessure était encore béante.
Loin s’en faut. Il avait fallu que le regard d‘une femme, qui ressemblait à Chahira, l’accroche pour que ses souvenirs ressurgissent.
Malade et énervé d’avoir dû revivre encore ces souvenirs, Kamel se décide enfin à rentrer chez lui.
Aïssa vint le récupérer au petit matin comme à ses habitudes. Kamel avait peu dormi et ses traits étaient tirés. Ce qui n’échappa point à son ami.
- On dirait que ce n’est pas la grande forme Kamel…
- Je n’ai pas assez dormi…
- Et pourquoi donc ? Quelque chose te préoccupait ?
- Non… Euh… disons que je ne n’arrivais pas à trouver le sommeil.
- Hum…. Je vois… Mais quand le sommeil fuit, c’est que quelque chose ne va pas.
- Oh… Tu sais très bien que je suis aussi un couche-tard.
- Mais justement tu t’es souvent couché tard, mais c’est la première fois que je te vois dans cet état. Depuis que cette jeune femme nous a abordé, hier, on dirait que quelque chose a changé en toi.
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4 mai 2012 à 17:23
14eme partie
Kamel baisse les yeux un moment, puis les relève pour fixer la route devant lui. Son air abattu faisait pitié à voir.
- Alors, mon gars, qu’est-ce qui ne va pas, lui demande Aïssa, en lui donnant un coup de coude dans les côtes… Tu es amoureux ou quoi ?
Kamel ébauche un sourire :
- J’ai été amoureux un jour.
- Ah oui ! Je ne le savais pas, répondit Aïssa d’un air taquin. Kamel amoureux… on aura tout vu.
- Cela remonte à très loin. J’étais encore sur les bancs de l’université.
- Hum, je vois… Mais tu as perdu la partie à ce que j’ai compris.
Le jeune homme pousse un soupir :
- Je ne veux pas parler d’échec dans ces cas-là. En amour, il y a toujours un perdant, c’est vrai, mais dans mon cas, j’ai plutôt été trahi. Aïssa dépasse un camion, puis se retourne vers lui :
- Je te comprends mon ami. La trahison a toujours été une vile affaire. Mais depuis, pourquoi n’as-tu pas cherché à connaître une autre femme. Aussi bien fait que tu es, je suis certain, qu’il y a des dizaines de filles qui n’attendent qu’un regard de toi.
Kamel sourit.
- Arrête de te moquer de moi Aïssa. J’aurais bientôt la quarantaine et tu crois que les filles sont aveugles au point de ne pas remarquer mes cheveux blancs.
- Tes cheveux blancs ! Mais, mon ami, cela te va fort bien. Et puis, dis-toi que les femmes mûres et cultivées préfèrent plutôt un homme de ton style.
- Hum… Tu dis cela pour me remonter le moral Aïssa.
- Mais qu’est-ce qu’il a donc ton moral ? Tu t’es levé du pied gauche, ça je le comprends, mais ce qui m’intrigue le plus, c’est que, depuis hier après-midi, on dirait que le monde s’est effondré. Tu as déjà rencontré cette Zahira Kamel ?
- Non, jamais.
- Alors, pourquoi étais-tu si désagréable avec elle ?
- Oh, je n’ai pas été désagréable, mais je t’assure qu’elle m’a mis les nerfs en boule cette madame tout le monde… Elle se prend donc pour qui pour se mêler à notre conversation alors qu’on venait à peine de la connaître.
- Eh bien, elle se prend pour une collègue, et une collègue ne doit pas trop faire la fière, tu vois. Déjà qu’elle était si contente de pouvoir rentrer chez elle avec nous…
- Mais elle nous connaissait à peine !
- Et alors, nous allons la voir plus souvent au boulot, et nous la découvrirons mieux. Et puis, tu veux que je te dise, elle a l’air plutôt d’être une fille de bonne famille.
- C’est toi qui le dis.
- Oui, je le dis parce que cette fille paraît très réservée et sympa. Je ne comprends vraiment pas ta réaction envers elle.
- Un jour tu comprendras.
- Je comprendrai quoi ?
- Tu comprendras mieux les femmes.
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4 mai 2012 à 17:24
15eme partie
Aïssa se met à rire :
- C’est à moi que tu dis cela. Mais mon cher, tu oublies que c’est toi le célibataire. Moi, les femmes, j’en connais un bout. Tu oublies donc que je suis marié depuis plusieurs années et que je vis les mêmes problèmes en ménage que tous les gens mariés.
- Oui, mais ta femme est différente.
- Ma femme est différente des autres femmes ?
- Oui. Elle est différente des autres femmes.
- Tu te trompes, Kamel. Ma femme est comme toutes les autres femmes. Elle a ses sautes d’humeur, ses crises de jalousie, ses caprices et toute la longue liste des aléas quotidiens qu’elle se crée de toutes pièces. Mais, dans la vie, il faut savoir faire des concessions. Nous nous supportons donc mutuellement.
Kamel garde le silence un moment et Aïssa lui jette un coup d’œil amusé :
- Allez, détends-toi.
- Mais, je suis détendu.
- Mais non, tu ne l’es pas Kamel. Tiens, puisque nous abordons le sujet. Pourquoi ne te maries-tu pas ? La vie ne s’arrête pas à une femme qui t’a trahi.
Kamel hausse les épaules :
- Tu parles comme ma mère.
- La pauvre femme. Elle doit être bien fatiguée à son âge et tu ne penses même pas à la soulager. Kamel, il te faut une femme pour s’occuper de toi, ainsi, ta maman pourra prétendre à un repos bien mérité.
- Quand je dénicherai la perle rare…
- La perle rare n’existe pas. Nous autres hommes avons aussi nos défauts, alors, il ne faut pas se leurrer, les femmes idéales ne peuvent exister que dans l’imaginaire. À chacun ses défauts et ses qualités.
- Bon. Assez parlé des femmes, nous sommes presque arrivés au bureau.
- Mais tu gardes toujours cet air renfrogné.
- Cela ira dans un moment. Allons chercher des cafés, ensuite, nous entamerons notre journée de travail.
Les deux amis se quittent pour rejoindre chacun son bureau et vers la mi-journée, ils se retrouvent pour aller déjeuner à la cantine.
En les voyant, Zahira qui venait de terminer son repas, s’approche d’eux.
- Eh bonjour. Je voulais juste vous remercier encore une fois pour hier.
- C’est déjà oublié, répondit Aïssa avec un sourire. Nous n’avons fait que notre devoir de collègues moi et mon ami Kamel.
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4 mai 2012 à 17:25
16eme partie
Il jette un coup d’œil à ce dernier.
- N’est-ce pas Kamel ?
- Ouais, renchérit ce dernier d’un air indifférent.
- Je reprends le travail dans un moment, dit Zahira, si vous avez besoin de mon aide pour votre comptabilité ou pour la saisie faites-le moi savoir. Je vous aiderai avec plaisir.
- Merci beaucoup, madame…
- Zahira, je vous demanderais de m’appeler Zahira.
- Merci, Zahira.
La jeune femme sortit et Kamel la suit un moment du regard.
- Elle est belle et gentille, tu ne trouves pas, lui lance Aïssa taquin. Et puis, n’as-tu pas remarqué les regards qu’elle te jetait.
Kamel devint rouge.
- Cesse de jouer à ce jeu, Aïssa. Cette femme ne m’intéresse pas.
- Et pourtant, tu l’a suivi du regard.
- Tu as des illusions.
- Pas dans ce domaine.
Kamel sourit.
- Je ne te reconnais plus Aïssa, on dirait que tu veux me pousser dans les bras de cette fille par tous les moyens.
- Pas te pousser dans ses bras, voyons… Mais je t’assure Kamel, que Zahira a l’air d’une brave fille. Crois-moi, après ton comportement d’hier envers elle, quelqu’un d’autre ne t’aurait même pas regardé.
- Elle s’est plutôt adressée à toi.
- Oui… mais elle nous propose ses services à tous les deux. Ce qui prouve qu’elle n’est pas rancunière envers toi.
Kamel lui donne une tape sur les épaules :
- Allez vas-y, donne-moi une leçon sur le civisme et le savoir-vivre. Cette femme tu ne la connais même pas et tu veux que j’aie une opinion sur elle comme ça, sans même connaître ni son nom ni sa situation de famille.
- C’est simple comme bonjour, cette femme est célibataire.
- Et alors ?
- Ben et alors, tu peux toujours essayer de la rencontrer.
- Alors là, je ne te comprends plus.
- Mais si, Kamel, tu as très bien compris. Il est vrai que je ne connais pas cette femme, mais je t’assure qu’elle n’a pas l’air d’être taillée dans une mauvaise étoffe. Et puis, j’en ai marre de te voir “grandir” sans prendre femme.
- Tu veux dire vieillir.
- Oui, un peu. Crois-moi, je ne suis pas en train de te baratiner. Celle-là ou une autre, il est grand temps pour toi de penser à ton avenir.
- Vive le célibat !
- Pas pour toujours, mon vieux.
- Oh, pense ce que tu veux Aïssa. Moi, je me sens bien dans ma peau.
- Pas pour longtemps. Tu verras, Kamel, que la solitude va te peser. Et tôt ou tard, tu regretteras de ne pas avoir pris femme quand il était encore temps.
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4 mai 2012 à 17:26
17eme partie
Kamel tire son ami par la manche.
- Allez, viens manger, assez parloter ainsi. Mais pour te rassurer, j’essayerais de prendre tes conseils en considération.
- À la bonne heure. Et n’oublie surtout pas de me tenir au courant de tes conquêtes.
- Elles ne seront pas nombreuses.
Aïssa se met à rire.
- Franchement, Kamel. Beaucoup d’hommes dans ton état n’hésiteront pas à mordre la vie à pleines dents. Sois plus gai, mon vieux, et tu verras que cela ira mieux. Je ne sais pas ce qui t’es arrivé auparavant, mais ce n’est pas une raison d’ignorer son avenir, mon ami.
Les deux hommes s’attablèrent pour le déjeuner, puis chacun reprend son travail.
Quelques jours passent. Comme il commençait à faire beau, Aïssa et Kamel se donnaient souvent rendez-vous en début de soirée pour une promenade nocturne. Aïssa aimait marcher et Kamel, qui était quelque peu angoissé ces derniers temps, appréciait ces moments en compagnie de son ami.
Un soir, alors qu’ils sortaient d’un café, les deux hommes sont abordés par une mendiante, qui se faisait passer pour une voyante et leur propose moyennant une somme symbolique, de leur dire la bonne aventure. Amusé, Aïssa désigne Kamel en remettant une pièce de monnaie à la vieille femme.
- J’aimerais connaître l’avenir de mon ami. Le mien est déjà tracé.
Kamel allait riposter quand la vieille lui prend la main d’office :
- Viens un peu par là, mon fils. Tu m’as l’air anxieux. Ton ami a raison de vouloir s’occuper de toi.
Entraîné contre son gré, Kamel tend sa main à la voyante, qui commence à suivre le tracé de sa paume :
- Hum… Je vois que vous êtes solitaire, mon fils. Je vois autour de vous une solitude indescriptible qui vous empoisonne la vie. Ah… Je vois une fille… une jolie fille qui vous a quitté… Cela remonte à bien longtemps. Oui, cette fille a traversé la mer, mais elle n’est pas heureuse. Au contraire, je vois plutôt beaucoup de malheur dans sa vie.
Kamel voulait retirait sa main… Mais la vieille la maintenait ferme :
- Laisse-moi terminer ma voyance, jeune homme. Hein ? Que vois-je ? Ah ! c’est cette fille qui revient vers vous. Elle vous tend les bras, mais vous allez la repousser puisqu’une autre femme va prendre sa place dans votre cœur. Ah ! mon fils, vous avez souffert du mal d’amour, à ce que je vois, mais je vous assure que vous allez tout retrouver. Votre entrain, votre joie de vivre et votre vie sera transformée.
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4 mai 2012 à 17:26
18eme partie
Kamel réussit enfin à se dégager et la vieille le regarde bien en face.
- Prenez-moi pour une malade ou une folle, mais l’amour vous suit… Il est collé à vos basques. Demain, une fille viendra vers vous et vous serez entraîné dans les sillages profonds de l’amour.
Prenez garde mon garçon, l’amour peut jouer parfois de mauvais tours.
La vieille mendiante s’éloigne en brandissant son index. “Vous vous rappellerez de mes paroles quand l’amour frappera à votre porte.”
Aïssa se met à rire :
- C’est une bonne chose, non ?
- Mais qu’est-ce qui t’as pris donc de me jeter ainsi dans les griffes de cette vieille folle ?
- Je voulais juste te dérider un peu. Voyons, Kamel, tu ne vas pas croire à toutes ces sornettes.
- Non, bien sûr.
- Bien que ce que prévoit cette vieille folle, comme tu l’appelles, ne sois pas mauvais.
- C’est toi qui le dis. Je ne crois pas un mot de ce qu’elle raconte.
Ils rirent, mais Kamel repense à la phrase : “Elle reviendra vers vous, mais vous allez la repousser. »
De qui parlait-elle donc ?
Kamel est intrigué. Cette voyante a soulevé un pan de la vérité qu’il voulait oublier. Elle a parlé de Chahira, c’est évident. Elle avait même précisé que cette dernière avait traversé la mer.
Kamel passe sa main dans les cheveux. Chahira reviendra-t-elle vers lui après toutes ces années ?
Il secoue la tête, ce qui n’échappa pas à son ami.
- Eh ! Kamel, ce n’était qu’une petite farce… Ne prends pas les choses au sérieux.
- Non, je ne prends rien au sérieux. Je me suis rappelé juste un souvenir.
- Une fille ?
- Oui, celle qui est partie.
- Celle qui t’a trahi ?
- Oui.
- Tu veux dire que la fille dont parlait cette vieille c’est cette fille… Tu crois à ces prédictions ?
- Je ne sais pas. Il y a une chose qui m’intrigue. Cette vieille a bien vu que cette fille a traversé la mer.
- Et alors ?
- Comment le savait-elle ?
- Une coïncidence, c’est tout.
- Si tu veux. Mais cela a ravivé en moi de douloureux souvenirs.
- Kamel, je suis désolé, mais je crois que j’ai mal fait de vouloir faire lire l’avenir. Pour moi, c’était juste un amusement.
- Oui. Oh, ne t’en fais donc pas Aïssa ! Je crois que je délire. La fille dont parlait cette vieille n’était que pure coïncidence avec ce qui m’est arrivé. Je ne crois pas aux chimères. Aller viens, rentrons.
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4 mai 2012 à 17:27
19eme partie
Les jours suivants, Aïssa et Kamel renouèrent avec leur routine quotidienne entre boulot et quelques sorties nocturnes.
Les grandes vacances approchaient et bientôt le grand rush des émigrés commencera.
Aïssa travaillait tranquillement dans son bureau quand Zahira vint le surprendre :
- Bonjour, Aïssa. Tu es seul ?
- Ah ! te voilà, Zahira. Oui, je suis seul. Que puis-je pour toi ?
- Euh… Je ne sais quoi te répondre, je suis vraiment confuse, mais j’aimerais que tu me dépose ce soir. Je dois rentrer rapidement chez moi, nous attendons des invités. Ma cousine et son mari arrivent de France pour passer quelques jours chez nous..
- Il n’y a aucun problème ma chère collègue, je te déposerai où tu voudras et avec grand plaisir.
- C’est gentil Aïssa. Mais…
- Mais ?
- Mais, ton ami…
- Kamel ?
- Oui. Je ne sais pas s’il va apprécier.
- Kamel n’est pas aussi mauvais que tu le penses. Il est juste un peu nerveux ces derniers temps. C’est un peu le stress et la routine qui le rendent comme ça.
- Tu crois qu’il ne va pas encore faire une scène en me voyant.
- Mais, non. Laisse-moi faire. Après tout c’est mon véhicule.
- D’accord Aïssa. Mais j’avoue que je suis encore un peu réticente.
- Ne t’en fais donc pas. Je t’attendrais à la sortie.
- OK ! Aïssa, et merci beaucoup.
Aïssa sourit :
- Il faudra aussi remercier Kamel.
- Et pourquoi donc ?
- Parce qu’il va devoir supporter ta présence (Il rit). Non, je plaisante Zahira.
La jeune femme, qui s’apprêtait à quitter le bureau, revient sur ses pas :
- Tu es sûr que Kamel ne va pas se fâcher en me voyant ?
- Mais non. Et même si c’est le cas, fais la sourde oreille.
Zahira sourit :
- Il est vrai que je ne connais pas bien Kamel, mais je t’assure que je n’ai pas de mauvaises idées sur lui. Il a même l’air d’être quelqu’un de bien.
- Il l’est, en effet, mais parfois dans la vie, il y a des moments qui nous rendent vulnérables à certaines situations.
- Oui, je comprends.
- Ne t’inquiète donc pas trop, Zahira. Tu arriveras chez toi à temps pour recevoir tes invités.
À la sortie, et comme prévu, Zahira monta tout bonnement dans le véhicule de Aïssa.
Kamel, qui discutait avec un collègue, la regarde un moment avant de rejoindre Aïssa qui vérifiait l’eau et l’huile.
- Que fait encore cette vipère dans ton véhicule ?
- Quelle vipère ?
- Cette Zahira.
- Ah ! Zahira ? Pourquoi la traites-tu donc de vipère ?
- Tu ne connais pas encore ce genre de femmes, toi.
- Mais, que lui reproches-tu donc ?
- Rien. Je veux juste savoir ce qu’elle fait dans ton véhicule.
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5 mai 2012 à 9:23
20eme partie
Aïssa relève la tête et s’essuie les mains avec un chiffon.
- Elle veut que je la dépose chez elle.
- Et bien sûr tu as accepté.
- Bien sûr. N’est-elle pas notre collègue ?
- Je m’en fiche de ce qu’elle est, ce que je veux, c’est qu’elle descende et tout de suite de ce véhicule.
Aïssa regarde un moment son ami :
- Je ne te reconnais plus Kamel. Avant tout ce véhicule est le mien.
- J’ai compris, Aïssa. Alors à partir d’aujourd’hui, je prendrais le bus.
- Mais c’est ridicule.
- Non, ce n’est pas ridicule. Prends qui tu veux avec toi, mais pas cette fille.
Aïssa referme le capot de sa voiture et se retourne vers Kamel.
- Je ne sais pas ce que tu as contre cette pauvre fille, mais je t’assure que tu en fais une histoire qui n’en vaut même pas la peine. Zahira est une collègue de travail, je ne vois aucun mal à la déposer devant chez elle de temps à autre.
- J’aimerais bien que ta femme le sache.
- Et alors ?
- Et alors tu auras une scène de jalousie comme tu n’en a jamais eu.
- Non, je n’aurais aucune scène de jalousie. Ma femme me fait confiance et c’est réciproque. Je sais que si elle était présente, elle m’aurait elle-même demandé de déposer Zahira. Que cherches-tu donc à insinuer, Kamel ?
- Je n’insinue rien du tout. Je ne veux pas monter dans ton véhicule tant que cette fille n’est pas descendue.
- Elle ne descendra pas.
- Tu préfères donc sa présence à la mienne.
- Non, je préfère plutôt te dire tes quatre vérités en face, Kamel. Tu es amoureux de cette fille. Elle te rappelle celle qui t’a laissé tomber, et tu n’arrives pas encore à admettre que toutes les femmes ne sont pas pareilles. À toi donc de tirer les conclusions, si tu veux tirer un trait sur ton passé et reprendre ta vie en main. Zahira est une brave personne, et je n’aimerais pas qu’il y ait un incident entre nous à cause d’elle. Nous sommes amis depuis de longues années, Kamel, ne l’oublie pas.
Confus, Kamel baisse la tête, puis répond d’une voix à peine audible :
- Je suis désolé, Aïssa. Je ne suis qu’un petit égoïste qui ne pense qu’à lui-même.
Aïssa le prend par les épaules :
- Tu n’es pas égoïste Kamel, mais plutôt inconscient. Cette fille n’a rien à voir avec ce qui t’es arrivé, et puis, dis-toi qu’un jour viendra où tu seras appelé à prendre femme. Donc ne soit pas aussi offusqué à chaque fois que tu rencontres une fille qui ressemble un peu à ta dulcinée.
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5 mai 2012 à 9:24
21eme partie
Kamel pousse un soupir :
- Tu as peut-être raison Aïssa, mais, en fait, je ne sais plus où j’en suis.
- Où tu en es ? Au point zéro. Ta vie n’a été qu’une procession d’aventures sans lendemain. Tu risques de te casser le nez un jour si cela continue ainsi.
- On dirait que j’entends ma mère.
- Eh bien, si c’est ce qu’elle te reproche la pauvre femme, je lui donne entièrement raison.
Kamel rit.
- Et si elle t’entendait, elle ne te lâcherait plus jusqu’à ce que je consentirai à prendre femme.
- Allez viens, rentrons avant que la circulation ne devienne plus dense et, s’il te plaît, essaie d’être un peu plus poli avec Zahira…
Kamel monte sur le siège passager, puis se ravise et descend avant de s’adresser à Zahira :
- Zahira, mets-toi devant, je pourrai m’installer sur le siège arrière.
La jeune femme qui ne s’attendait pas du tout à cette remarque rougit jusqu’à la racine des cheveux.
- Non. Je… je suis bien installée là sur le siège arrière, ne change surtout pas tes habitudes.
- Mais non… galanterie oblige, les femmes d’abord, les enfants ensuite.
Zahira rit.
- Les enfants ?
- Oui, je ne suis qu’un gosse stupide, tu sais.
Zahira rit encore.
Alors, nous sommes deux gosses stupides qu’Aïssa ramène dans sa voiture.
- Non, toi, tu n’es pas stupide, c’est plutôt moi qui le suis, je me suis conduit comme un imbécile avec toi.
- Ce n’est rien Kamel. À chacun son humeur, et parfois on est dépassé par les évènements.
- Je tiens quand même à ce que tu t’installes sur le siège passager.
- Ma foi, si tu y tiens tellement, je vais le faire tout de suite.
Zahira s’exécute et s’installe aux côtés d’Aïssa qui, amusé, avait suivi toute la scène. Kamel a su ranger son frein à main à temps, sinon que seraient-ils devenus tous les deux, eux les amis de longues date.
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5 mai 2012 à 9:24
22eme partie
C’est donc dans une ambiance bon enfant que tous les trois rentrèrent chez eux, et cette fois-ci, Kamel tint lui-même à descendre ouvrir la porte à Zahira.
- Merci Kamel. Merci Aïssa ! lance cette dernière, vous êtes adorables tous les deux.
- À demain, chère amie, répond Kamel en souriant.
Aïssa redémarre et lance un regard en biais à son ami.
- Que t’a-t-il donc coûté d’être gentil et galant avec cette jeune femme ?
Kamel Sourit.
- Une dose d’amitié.
- Tu vois que ce n’est pas aussi difficile que cela d’être bon joueur.
- Oui, mais je t’assure, Aïssa, que ma blessure saigne encore, d’autant plus que Zahira ressemble beaucoup à…
Il ne termine pas sa phrase, mais Aïssa avait compris.
- Mais ce n’est pas une raison pour la détester ou être désagréable avec elle.
- J’avoue que j’ai vraiment honte de ma conduite la dernière fois avec elle.
- Oublions donc le passé, et dorénavant tâche d’être plus ouvert et plus spontané. C’est une brave fille et elle est si serviable. La dernière fois c’est elle qui m’a aidé à liquider mes inventaires.
- C’est bon, j’ai compris.
- Qu’as-tu donc compris ?
- Que moi je ne suis pas serviable.
- Pas pour un sou, répondit Aïssa en accélérant.
- Ah bon ?
- Mais bien sûr, mon ami, sinon tu aurais au moins eu le réflexe de me demander si j’ai besoin d’aide.
- Hum… Je vois que Zahira commence à donner l’exemple du parfait agent administratif qui ne lésine sur aucun effort pour aider ses collègues.
Aïssa esquisse un sourire :
- Mais je suis certain que si elle t’avait proposé son aide, tu l’aurais refusée.
- Plus maintenant, Aïssa, répondit Kamel, d’un air grave. J’ai vraiment été lâche la dernière fois avec elle.
- N’en parlons plus, dorénavant, tâche d’être plus correct, qui sait ce que le destin te réserve !
- Kamel sourit :
- Voilà que tu me taquines encore.
- Mais pas du tout. Dans ce monde toutes les opportunités sont possibles, et le destin fait son œuvre sans qu’on s’en rende compte.
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5 mai 2012 à 9:24
23eme partie
Kamel garde le silence. Une idée venait de traverser son esprit. Après tout, il n’est plus tout jeune, et le besoin de fonder une famille commence sérieusement à le tarauder.
Aïssa le dépose comme d’habitude devant chez lui.
- Te voilà arrivé, mon ami.
- Merci Aïssa.
- Tâche de penser un peu à ce que je t’ai dit, et surtout sache que la solitude n’a jamais été une bonne compagne.
- Je tâcherai d’y penser.
Les deux amis se séparèrent et Aïssa redémarre pour rentrer chez lui. La chaleur devenait suffocante, et il décida de faire un tour avec sa famille à la plage.
Il récupère donc sa femme et ses enfants et se dirige vers la côte ouest de la ville, où il eut beaucoup de mal à trouver où garer son véhicule et installer son parasol. Cependant, la soirée s’avéra assez agréable et les enfants s’amusèrent comme des fous. La soirée était bien avancée quand ils décidèrent de rentrer. Le retour est moins pénible puisque la circulation sur l’autoroute était moins dense. Aïssa et sa femme discutaient tranquillement, quand un barrage de gendarmerie les oblige à s’arrêter.
- Vos papiers, demande le gendarme.
Aïssa s’exécute et le gendarme passe aux vérifications d’usage.
- C’est bon, Monsieur, vous pouvez disposer.
Aïssa redémarre et sa femme lui demande :
- C’est un contrôle d’usage ou on cherche quelqu’un ?
- Je n’en sais rien… C’est peut-être juste un contrôle routinier.
- Moi, je pense qu’on cherche quelqu’un.
- Pourquoi le penses-tu ?
- Parce que l’agent a bien regardé à l’intérieur du véhicule. Il nous a bien dévisagé moi et les enfants.
- Oh ! ce doit être juste un geste de routine. Sincèrement, moi, je les plains ces pauvres gendarmes. Les barrages ne sont pas toujours de tout repos tu sais.
- Oui, mais enfin, nous n’avons rien à nous reprocher Aïssa, nous rentrons à la maison comme tout le monde qu’il y a sur la route.
Ils roulèrent un moment puis un des enfants manifeste un besoin naturel.
Aïssa prend un raccourci et s’arrête à l’orée d’un bois et fait descendre son fils.
Soudain, surgit du noir de la nuit, un individu masqué brandissant un couteau.
- Si vous bougez, je vous égorge tous.
Figé par la surprise, Aïssa ne fait aucun geste, mais prit peur pour sa femme et ses enfants.
- Que nous voulez-vous donc, nous sommes en famille, et nous rentrons tranquillement chez nous.
Le bandit ricane et bouscule Aïssa.
- Votre porte-feuille, vite !
Aïssa tremblant s’exécute.
Le bandit le lui prend brutalement et vérifie d’un geste machinal le contenu.
- Il y a là à peine de quoi se payer quelques bières, dit-il en souriant d’un air mauvais.
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5 mai 2012 à 9:25
24eme partie
Aïssa, les yeux exorbités de stupeur et de peur, répondit :
- C’est tout ce que je possède.
- Mais non, vous possédez bien plus que ça.
- Mais non, je vous assure que c’est tout ce que j’ai comme argent sur moi.
- Comme argent, d’accord, mais vous avez le véhicule.
- Non, non, pas ça… pas mon véhicule, je vous en supplie ! D’ailleurs, il n’est plus tout neuf, et puis j’ai ma famille avec moi.
- Eh bien, pour moi, le problème ne se pose pas du tout. Faites-moi descendre tout ce beau monde monsieur…
Aïssa allait riposter, quand un autre jeune délinquant également masqué sortit du bois en jouant avec un long poignard.
- Bonne chasse ? demande-t-il à son acolyte.
- Très bonne, nous aurons de quoi rouler.
Aïssa tout tremblant fait descendre sa femme et ses enfants, en priant Dieu de les garder sains et saufs.
- Voilà qui est bien, dit l’agresseur en s’approchant du véhicule. Nous pourrions aussi garder la femme, vous savez cela ne nous dérange pas, bien au contraire.
- Non, Non, s’écrie Aïssa affolé, tandis que sa femme s’affalait sur le sol, non, je vous en prie, prenez ce que vous voulez, mais ne touchez pas à ma femme et à mes enfants….
Les deux voyous riaient :
- Voilà qui est sage de la part d’un bon père de famille…..
Ils montèrent dans le véhicule et filèrent dans la nuit, laissant Aïssa et sa famille plus morts que vifs au bord de la route.
Les enfants étaient terrorisés et tremblaient de tous leurs membres, tandis qu’Aïssa tentait tant bien que mal de réanimer sa femme. Cette dernière reprend connaissance, mais paniquée se met à crier :
- Au secours, Aïssa sauve-nous de ces voyous, au secours !
Aïssa, accablé, tente tout de même de la calmer :
- Ne sois pas ridicule, nous sommes tous vivants, c’est l’essentiel.
- Mais les agresseurs…
- Ils sont partis avec le véhicule…
La jeune femme s’effondre :
- J’ai eu si peur qu’ils m’entraînent avec eux, moi ou les enfants.
Elle s’approche des deux gosses et les serre très fort dans ses bras en sanglotant :
- Mes pauvres petits, nous avons eu la peur de notre vie.
Aïssa, ne sachant que faire avec sa famille au milieu de la nature et en pleine nuit, se met à arpenter les alentours. L’autoroute s’étendait devant lui interminable, et derrière eux c’est la forêt noire. Il décide alors de tenter son coup et de faire de l’autostop.
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5 mai 2012 à 9:26
25eme partie
Un camion passe, mais ne s’arrête pas, puis ce fut un cortège joyeux de jeunes qui revenaient à n’en pas douter d’une fête. La plupart d’entre eux étaient dans un état d’ébriété avancé.
Ils sautèrent à terre et se mirent à chanter et à danser devant Aïssa et sa famille.
Les gosses se collèrent à leurs parents et Aïssa jugea opportun de tenter de calmer les esprits en priant les jeunes fêtards de cesser leur jeu.
Ils rirent et chantèrent encore un moment puis remontèrent dans leurs véhicules avant de démarrer en trombe.
La nuit était bien avancée. Il faisait humide et frais, et Aïssa ne savait ni quoi faire ni comment rentrer.
Faudra-t-il attendre le matin avant que quelqu’un daigne les prendre en pitié et s’arrêter pour les déposer chez eux ?
Il se prit la tête entre les mains et réprime son envie de pleurer. Mais pourquoi a-t-il fallu qu’il prenne le risque de faire sortir sa famille ce soir et s’arrêter en pleine nature avec tous les risques encourus ?
Il s’assit par terre, imité par les siens, et attendit. Que pouvait-il bien faire d’autre ?
Les phares d’un véhicule le tirèrent de sa torpeur. Une 205 bleue s’arrête à son niveau et une femme se penche par la fenêtre :
- Besoin d’aide ? lance t-elle en guise de curiosité.
Aïssa se lève promptement et s’approche de la conductrice. Elle empestait l’alcool et la cigarette, et portait une robe à paillettes. Son maquillage extravagant dégoulinait aux encoignures de ses yeux.
Aïssa hésite une seconde avant de lancer :
- S’il vous plaît madame, vous pouvez nous déposer en ville ?
- Bien sûr, montez.
Aïssa ne se le fait pas répéter. Il fait monter sa femme et ses enfants sur le siège arrière du véhicule et s’installe lui-même à l’avant.
La jeune femme redémarre et roule un moment en silence avant de mettre de la musique pour détendre l’atmosphère.
- Cela ne vous gêne pas j’espère ? demande-t-elle à Aïssa.
- Qu’est-ce qui pourrait bien me gêner madame, vous êtes dans votre propre véhicule.
- Heu… je parle de la musique. Elle n’est pas un peu forte pour les gosses ?
- Non, faites comme il vous plaît, l’essentiel pour nous est d’arriver à la maison sains et saufs.
La femme le regarde un moment puis demande d’une voix douce :
- Que vous est-il donc arrivé ?
Aïssa pousse un soupir :
- Ah madame, si je vous racontais ce qui vient de nous arriver, vous n’allez pas le croire.
- Mais voyons, pourquoi je ne vous croirais pas. À ce que je comprends en perspective, vous venez de vivre une aventure bien fâcheuse.
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5 mai 2012 à 9:26
26eme partie
Aïssa sentit ses yeux se mouiller. Il repense aux deux agresseurs et aux risques qu’il avait fait encourir à sa famille.
Et c’est d’une voix étouffée qu’il se met à raconter l’incident de cette maudite soirée.
À la fin du récit, la jeune femme ne parut pas du tout surprise. Elle allume une cigarette et lui lance :
- Cela ne m’étonne pas du tout.
- Qu’est-ce qui ne vous étonne pas ?
- Eh bien, toute cette histoire que vous venez de raconter. Vous n’auriez pas dû prendre ce raccourci ou, à la rigueur, vous n’auriez pas dû vous arrêter. Cet endroit est fréquenté par des voyous et des délinquants. C’est pour cela qu’il y a souvent des barrages de la gendarmerie dans le coin.
- Je ne le savais pas. Mon fils a été pris d’un besoin naturel.
Aïssa se tait, la gorge nouée. Grâce à Dieu, ses enfants et sa femme s’en sont sortis sans trop de dégâts. Enfin, du moins physiques. Sa femme est tellement traumatisée par ce qui venait de leur arriver qu’elle n’a plus prononcé un mot depuis plus d’une heure
La jeune conductrice jette un regard attendri au rétroviseur central aux deux gosses tremblants de peur collés contre leur mère, livide et recroquevillée sur elle-même.
- Je suis désolée pour vous et votre famille, lance-t-elle à Aïssa, mais cela vous servira de leçon pour la prochaine fois. Évitez les raccourcis de ce côté-là de la région.
Curieux de la voir si sûre d’elle, Aïssa ose l’interroger :
- Et vous, comment se fait-il que vous passiez par là ?
- Eh bien, j’emprunte rarement cet itinéraire, mais, aujourd’hui, j’ai fait une exception pour déposer un ami qui habite non loin d’ici.
- Je comprends, répond Aïssa plus par politesse que par conviction.
La jeune femme tire sur sa cigarette et reprend :
- Je dois vous paraître curieuse dans ma tenue de soirée. C’est que je reviens d’une fête.
- Oui, cela se voit bien, répond Aïssa, en pensant que cette pauvre fille ne disait pas du tout la vérité. Il la soupçonnait plutôt de travailler dans l’une des boîtes de nuit de la côte. Mais, peu importe. En fin de cause, c’est cette femme qui s’est arrêtée à leur niveau pour leur porter secours, avec tous les dangers que cela supposait, et non quelqu’un d’autre. Même pas un homme !
Aïssa se disait que lui n’aurait pas hésité une seconde à s’arrêter devant une famille au bord de la grande route en pleine nuit.
Les lumières de la ville attirèrent son attention. Ils seront bientôt chez eux, et il reconnaît qu’ils doivent une fière chandelle à cette femme qui les a récupérés. Sinon que seraient-ils devenus en attendant le lever du jour ? Dieu seul le sait.
Et avec tous les agresseurs qui rôdaient aux alentours, il n’aurait pas payé cher de leur sécurité à tous.
- Où dois-je vous déposer ?
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5 mai 2012 à 9:27
27eme partie
La question de la femme le tire de ses rêveries.
- Au quartier D…, s’il vous plaît.
- OK. Je vais donc prendre la bretelle de gauche.
Quelques instants plus tard, Aïssa et sa famille sont déposés devant chez eux. Aïssa remercia chaleureusement la jeune femme :
- Je ne sais pas ce qu’on serait devenus moi et ma famille sans vous…
- Oh ! ce n’est rien, quelqu’un d’autre que moi vous aurait dépanné. Tous les humains ne sont pas aussi mauvais qu’on le pense.
- Avec ce qui vient de nous arriver, j’ai plutôt tendance à penser le contraire.
- Allez, oubliez tout ça. Ce n’est rien, les assurances sont là pour votre véhicule, et puis même si vous ne récupérez pas grand chose, remerciez Dieu que votre famille soit saine et sauve.
- Ah ! vous pouvez le dire. Merci encore, Madame…
- Au revoir et faites plus attention à vous la prochaine fois.
La jeune femme démarre en laissant sur le trottoir Aïssa et sa famille. Ces derniers s’empressent de monter chez eux et, enfin, donnant libre cours à sa crise, sa femme se met à sangloter à fendre l’âme.
- Oh Aïssa, tu imagines si ces voyous m’avaient enlevée. Et nos enfants… Oh ! mes pauvres petits, je ne me le serais jamais pardonné s’il vous était arrivé quoi que ce soit.
Aïssa s’approche de sa femme et la prend par les épaules :
- Calme-toi donc, le cauchemar a pris fin grâce à Dieu. La providence nous a envoyé tout de même cette dame pour nous déposer chez nous. Nous sommes tous sains et saufs. Ressaisis-toi.
- Je n’arrive pas encore à croire ce qui nous arrive.
- Et moi donc, crois-tu que je suis insensible. J’ai eu la peur de ma vie si tu veux le savoir. J’avais peur surtout pour toi et les enfants.
Aïssa entraîne tout son monde dans la cuisine et leur sert de grands verres d’eau glacée. Une fois calmés, les enfants furent envoyé au lit, tandis que lui et sa femme, se retrouvèrent assis l’un en face de l’autre à se remémorer silencieusement ce qui leur était arrivé.Finalement, rompus de fatigue et d’émotion, ils décidèrent d’aller se coucher et Aïssa se promet d’aller déposer plainte pour agression et vol de véhicule dès le lendemain au commissariat du quartier.
Au petit matin, il appelle son ami Kamel pour lui narrer ce qui s’était passé et lui demander de ne pas l’attendre pour le déposer au bureau. Sidéré, Kamel refuse de se rendre au travail afin d’accompagner son ami au commissariat et se rendre utile en cas de nécessité auprès de la famille de ce dernier.
Ils se retrouvèrent donc au commissariat et après le dépôt de plainte, ils se rendirent aux assurances. La journée sera chargée et ils n’eurent pas le temps de se rendre au travail ce jour-là.Une enquête est vite enclenchée. Des recherches s’effectuèrent en un laps de temps très court pour retrouver les agresseurs, et pourquoi pas le véhicule de Aïssa.
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5 mai 2012 à 9:27
28eme partie
Kamel est tout aussi étonné que Aïssa ait pu s’aventurer en pleine nuit par de tels circuits et le fut encore davantage quand Aïssa lui apprit que c’est une femme qui les avait récupérés au bord de la route.
- Elle était seule ?
- Oui.
- N’avait-elle pas peur d’être agressée ?
- Je ne sais pas. En tout cas, cette femme paraissait bien connaître l’endroit. Je ne veux pas être méchant, mais je crois qu’elle travaille dans une des boîtes de nuit des alentours.
- Comment le sais-tu ?
- Sa tenue, son maquillage trop voyant, et puis, elle sentait l’alcool et la cigarette.
- Je comprends.
- N’empêche qu’elle a été brave.
Kamel, personne n’a osé s’arrêter pour nous porter secours sauf cette femme. Quelle qu’elle soit, elle nous a tout de même sauvé la vie. Qui sait ce qui aurait pu nous arriver si on avait tardé un peu plus dans ces lieux où la sécurité laisse à désirer.
- Oui, j’imagine un peu la situation.
- Je t’assure, Kamel, que j’ai cru notre dernière heure arrivée, et ces voyous avaient même tenté d’enlever ma femme.
- Les salauds ! Et comment se fait-il qu’ils se soient rétractés.
- Eh bien, je crois qu’ils étaient pris par le temps et comme ma femme avait perdu connaissance, ils ont préféré filer.
- Ouf ! Quelle aventure tu as vécue, mon vieux, je n’aurais pas aimé être à ta place.
- À qui tu le dis ! Si je savais ce qui m’attendait, je n’aurais pas non plus tenter l’aventure. Disons que je serais rentré plus tôt et par la grande route pas par ces raccourcis de malheur.
- C’est fini Aïssa. Oublie tout ça, mon cher ami. La police a entamé une enquête et les assurances s’acquitteront des frais de dédommagement pour le vol de ton véhicule.
- Dire qu’on a tous failli périr cette nuit-là et par ma faute !
- Ne sois pas aussi désolé, rends plutôt grâce à Dieu de vous avoir tous tirés d’affaire.
- Oui, je lui rends grâce, Kamel. J’ai cru que ma femme allait faire un arrêt cardiaque sur-le-champ.
- Tout est bien qui fini bien.Oublie un peu tout ça et allons louer un véhicule pour nous rendre demain au boulot.
- Nous prendrons le bus comme tout le monde.
- Non, Aïssa… Je vais louer un véhicule. Nous serions plus à l’aise, tu sais bien que j’ai horreur des bus.
- Comme tu veux, Kamel. Mais cette fois c’est toi qui viens me récupérer.
- Aucun problème, mon vieux. Ne t’inquiète donc pas, et même au cas où tu aurais besoin du véhicule pour un déplacement familial ou quelque chose de la sorte n’hésite pas à me le demander.
- Merci, Kamel.
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5 mai 2012 à 9:28
29eme partie
Les deux amis se quittèrent et le lendemain comme prévu, Kamel vint récupérer Aïssa pour se rendre au travail. Il avait loué un véhicule pour quelques jours et comptait en acheter un dans les meilleurs délais.
Aïssa, encore sous le choc, avait à peine le moral pour travailler. Si bien que Zahira remarquant son peu d’enthousiasme vint lui demander ce qui n’allait pas.
Aïssa raconte pour la énième fois son histoire, et la jeune femme en fut navrée pour lui.
- Oh non, ne me dis pas que c’est à toi que tout cela arrive.
- Si si, Zahira. Je te jure que je te raconte la vérité.
- Oh Aïssa, je suis vraiment désolée pour toi et ta famille, heureusement que vous en êtes tous sortis sains et saufs.
- C’est ce que je me dis pour me rassurer, mais je t’assure que ma femme et mes gosses sont encore sous le choc.
- Cela se comprend fort bien.
Zahira en fut si touchée qu’elle en eut les larmes aux yeux.
- Pourquoi fallait-il que cela t’arrive à toi Aïssa. Toi si bon et si serviable.
- Oh, il faut dire aussi que c’est une négligence de ma part, je n’aurais pas dû prendre ce raccourci.
- Oui, mais franchement, par les temps qui courent nul n’est à l’abri même sur les routes à grande circulation. C’est pour cela que quand je rate le transport, je suis désemparée.
Aïssa pousse un long soupir :
- Les hommes ont peur, alors les femmes, qu’allons nous en dire ?
- Et pourtant, c’est une femme qui t’a secouru.
- Oui, mais ce n’est pas n’importe qui. Elle semble bien connaître l’endroit.
- Hum… C’est un coup de chance tout de même pour toi et ta petite famille.
- Oui,un grand coup de chance.
- Et comment as-tu fait pour venir ce matin au boulot.
- Eh bien, notre ami Kamel a loué un véhicule.
- Ah Parfait. Du moins pour le moment c’est un problème en moins pour toi.
- Eh bien sinon j’aurais eu recours aux bus.
- Par ces chaleurs, ce n’est vraiment pas gai.
Aïssa hausse les épaules :
- Ai-je le choix ?
- Oh mais je suis certaine qu’une fois l’enquête terminée, les assurances vont te dédommager. Ainsi tu pourras peut-être te permettre un autre véhicule.
- Oui. Je peux dire que j’ai été bien inspiré d’opter pour une assurance tous risques, sinon j’aurais tout perdu.
- On dit qu’à quelque chose malheur est bon. Peut-être est-ce écrit quelque part que tu devais passer par cette aventure pour te décider à changer tes quatre roues ?
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5 mai 2012 à 9:29
30eme partie
Aïssa sourit :
- J’aurais préféré m’en passer, tu sais.
Zahir ébauche un sourire.
- Je plaisantais Aïssa.
À ce moment, Kamel fit irruption dans le bureau.
- Ah, je vois que tu es en bonne compagnie Aïssa. Comment vas-tu Zahira ?
- Bien et toi ?
- Ça va mieux depuis que je sais que notre ami a eu la vie sauve.
- Oui, je viens d’apprendre toute l’histoire. C’est vraiment malheureux.
- Euh, Zahira, si tu veux que je te dépose ce soir devant chez toi. Il n’y a aucun problème, j’ai loué un véhicule pour quelques jours.
Aïssa sourit.
- Tiens, tu deviens vraiment galant, mon gars.
- Non, Je t’assure que je parle sérieusement, puisque nous faisons le même itinéraire tous les jours.
- Je te remercie infiniment Kamel. Mais je préfère prendre le transport. En cas d’urgence ou de besoin, je te le dirais. Je n’aimerais pas m’imposer, tu sais.
- Mais tu ne t’imposes pas puisque c’est moi-même qui te le propose.
- Je sais. Mais pas pour cette fois-ci. Merci infiniment.
- Je t’en prie Zahira. Mais sache que dorénavant, il ne faut pas trop s’aventurer seule sur les routes.
- Mais ça, je le savais déjà. N’est-ce pas pour cela que j’ai demandé à Aïssa à maintes reprises de me déposer chez moi.
- Tu as raison. La sécurité laisse à désirer de nos jours.
Quelques jours passent. Aïssa oublie son incident et continue à faire la navette tous les jours avec son ami Kamel. Parfois, Zahira les accompagne.
Un jour, Kamel s’ouvre à Aïssa :
- Tu sais, Aïssa, j’apprécie de plus en plus notre amie Zahira, et je crois que je vais demander sa main.
Aïssa s’écrie :
- À la bonne heure. Depuis le temps que tu t’endurcis, j’ai fini par croire que tu n’allais jamais prendre femme.
- Oh, je n’ai pas encore dis mon dernier mot Aïssa. C’était juste une suggestion.
- Et quelle suggestion ! Pour moi, tu ne pourras pas faire meilleur choix. Zahira est une fille de bonne famille, elle est belle et très sérieuse dans son travail. Que veux-tu de plus mon vieux ?
- Je veux d’abord prendre son avis.
- Mais, bien sûr. C’est la première chose à faire Kamel.
- Crois-tu qu’elle va accepter ?
- Qui ne tente rien n’a rien. Il n’y a rien de mal à demander la main d’une fille. L’homme propose et la femme dispose.
- Je sais. Mais je ne connais pas encore assez cette femme et je ne sais pas si elle m’apprécie. J’ai été grossier envers elle un certain temps. Te rappelles-tu ?
- Parfaitement…
- Alors, tu crois qu’elle ne m’en tiendra pas rancune ?
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5 mai 2012 à 9:29
31eme partie
Aïssa sourit et hoche la tête d’un air qui en disait long sur ses pensées.
- Tu ne connais pas encore bien les femmes, mon ami.
- Et pourtant.
- Et pourtant quoi ? Tu t’es fiancé il y a un siècle à une fille qui t’a laissé tombé et tu prétends connaître les nanas. Non, Kamel, les femmes ont leurs secrets et leur caractère. Chacune d’elle est particulière, tu comprends ? Par exemple, la mienne, il y a des moments où elle me fait la tête sans raison aucune.
- Hein ? Et pourquoi ne lui demandes-tu pas les raisons ?
- Je le fais, mais elle s’entête à me faire la tête jusqu’à ce que l’orage qui avait éclaté dans sa tête prenne fin. Et puis, tout rentre dans l’ordre.
- Quelle calamité si toutes les femmes sont comme ça !
- Il y en a pire encore. Ne t’en fais pas, tu en connaîtras un bout une fois enchaîné par le cou à l’une d’elles.
- Hum, cela veut dire que tu m’encourages plutôt à garder mon célibat.
- Mais non, mais non, tu dois bien te marier un jour, je te l’ai déjà proposé à maintes reprises. Moi je trouve que Zahira est plutôt la femme idéale.
- Donc je peux toujours faire ma proposition ?
- Bien sûr. C’est une femme qui saura te donner une réponse juste. Elle n’est pas du genre à tourner autour du pot.
- Bien, alors je vais tenter ma chance dès demain en lui proposant d’aller un thé quelque part ?
- C’est ça. Il ne faut pas trop traîner, tu risques de revenir sur ta décision.
Le lendemain et sans trop se faire prier, Kamel propose à Zahira un thé quelque part.
Prise de court, cette dernière rougit tout d’abord jusqu’à la racine des cheveux, puis se reprenant, elle ébauche un sourire timide et accepte.
- D’accord Kamel. C’est gentil de m’inviter, mais je ne dois pas trop tarder dehors, nous avons des invités chez moi et je dois aider ma mère à préparer le dîner.
- Aucun problème, Zahira. Le fait que tu aies accepté mon invitation est un honneur pour moi.
- C’est que je ne m’attendais pas du tout à cette invitation.
- Eh bien disons que tout a un début Zahira.
- Ça je le sais. Mais, je pensais que… que…
- Que je suis indifférent envers toi, parce que je t’ai manqué de respect à maintes reprises.
- Eh… oui… peut-être, mais ne dit-on pas que les apparences sont trompeuses ?
- C’est vrai. La preuve est là, je t‘invite à un thé au moment où tu t’attendais le moins.
- Merci Kamel. Je vais terminer rapidement mon travail pour me libérer plus tôt.
- Fais-moi signe dès que tu es prête, comme cela nous nous retrouverons au parking en même temps.
- Et Aïssa ?
- Pour une fois, il ne veut pas que je le dépose. Il dit avoir une affaire urgente à conclure et doit partir plus tôt que d’habitude.
- Bien. Alors à tout à l’heure.
- C’est ça, Zahira. À toute à l’heure.
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5 mai 2012 à 9:30
32eme partie
Les deux jeunes gens se retrouvèrent comme prévu et Zahira fut heureuse de constater que Kamel était aux petits soins avec elle.
Ce dernier prit le chemin de la côte et propose à Zahira de faire un grand tour par la mer afin de humer l’air marin qui va les aider à se détendre.
- Tiens, je connais même un petit coin tranquille qui propose non seulement des boissons, mais de succulentes glaces…
- Je te fais confiance Kamel pour nous emmener dans un coin calme et serein.
- Tu ne seras pas déçue ma chère amie.
Ils arrivèrent bientôt à un endroit féerique qui dominait la mer et s’installèrent à une table protégée par un parasol. Ils commandèrent des glaces et en attendant d’être servis, ils se mirent à contempler la grande bleue où des bateaux de plaisance voguaient au gré du vent.
- C’est vraiment beau, dit Zahira… Je ne connais pas cet endroit.
- Je t’avais promis de t’emmener dans un endroit calme et serein.
- Je suis bien servie. Mais, Kamel, que me vaut donc cette sortie avec toi ?
Le jeune homme prit une gorgée d’eau et lance tout de go :
- Je vais peut-être te surprendre Zahira, mais je crois qu’à mon âge, il est grand temps pour moi de penser à fonder une famille.
- Oui, cela se comprend formellement.
- Alors j’ai bien réfléchi… et…
- Oui… ?
- Et… Euh… Et que penses-tu de moi, Zahira ?
La jeune femme rougit et baisse les yeux, avant de répondre :
- Ce que je pense de toi ? Tu veux dire comment je te trouve ?
- Oui, comment me trouves-tu ?
- Eh bien, physiquement, tu n’es pas mal du tout, surtout avec ta grande taille et ta belle carrure, mais tu possèdes un caractère tout de même agressif qui souvent te joue de mauvais tours.
- Ça, tu peux le dire. Mais, en fin de compte, je sais toujours reconnaître mes torts.
- Tu ne m’apprends rien là-dessus. La preuve, tu as oublié ta rancune envers moi pour m’inviter à cette sortie…
- Zahira, je veux… je veux demander ta main.
De surprise, la jeune femme lâche sa petite cuillère.
- Je… je ne te demande pas de me répondre tout de suite Zahira… Je t’en fais juste la proposition…. Prends ton temps et réfléchit à ta guise avant de donner ta réponse.
Zahira le regarde un moment puis lance :
- Si je m’attendais à ça !
- Je sais… je crois que je suis trop impulsif aussi… Mais, sincèrement, je ne sais plus comment on s’y prend pour ce genre de choses… je me fais vieux, tu sais.
La jeune femme sourit :
- C’est vrai que tu es impulsif, mais je crois que tu as été tout droit au but. Je n’aime pas les gens qui tournent trop autour du pot.
- Alors qu’en dis-tu ?
- Moi… ? Mais rien pour le moment…. je dois d’abord réfléchir comme tu me le proposes, et puis mettre ma famille au courant.
- Mais… enfin… je ne sais pas comment t’expliquer… Me voudrais-tu comme mari ?
- Pourquoi pas Kamel… je ne trouverai pas mieux que toi…
- Alors tu ne refuses pas… C’est déjà un bon début de réponse.
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5 mai 2012 à 9:31
33epartie
Zahira sourit.
- Ne te méprends pas donc. Je n’ai pas dit mon dernier mot.
- J’attendrai le temps qu’il faut. Je ne vais ni te bousculer ni t’embêter. Le jour où tu seras sûre de ton choix, donne-moi ta réponse.
- Je n’y manquerai pas Kamel.
Elle jette un coup d’œil à sa montre et lance :
- Je crois qu’il est grand temps pour moi de rentrer.
- Je vais te déposer. Ne t’inquiète donc pas, tu seras à l’heure chez toi.
Ils reprirent la route du retour et, en un laps de temps très court, Zahira est déposée chez elle.
- Merci Kamel, la sortie était très agréable.
- Et ma proposition ?
Zahira sourit.
- Quoi ta proposition ?
- Eh bien, ma proposition de mariage n’est-elle pas agréable ?
- Je te donnerai ma réponse dans quelques jours.
- Ne tarde pas trop petite chipie, sinon je vais changer d’avis.
- Ah oui ! Mais monsieur se prend pour l’unique homme au monde.
Kamel rit.
- Si Aïssa t’entendait, il te donnerait raison. Depuis le temps qu’il me harcèle pour me marier.
- Ah donc, c’est lui qui !
- Non ! Non ! Ce n’est pas lui qui m’a poussé à te demander toi précisément mais, disons que cela fait des années qu’il veut me voir avec une corde au cou.
- C’est un drôle de langage ça la corde au cou. Je suis donc une corde moi ?
- Qu’est-ce que j’en sais, répondit Kamel taquin. Je vais tenter l’aventure et on verra bien.
- Bon. Je te remercie quand même pour cette agréable sortie.
- Tout le plaisir est pour moi Zahira. C’est plutôt moi qui te remercie d’avoir accepter mon invitation. Passe une bonne soirée et à demain.
- Bonne soirée à toi aussi Kamel.
En rentrant chez lui, Kamel pense à appeler son ami Aïssa pour le mettre au courant de son entrevue avec Zahira. Aïssa fut content que son ami n’ait pas essuyé un refus catégorique, et avait confiance en Zahira pour une réponse positive de sa part.
- Je te présente d’ores et déjà tous mes vœux Kamel.
- Hein ? Zahira ne s’est pas encore prononcée.
- Elle se prononcera bientôt et dans le bon sens. Crois-tu que je ne sais pas reconnaître une relation entre un homme et une femme. Tu plaisais à Zahira dès le début, mais comme tu as été arrogant avec elle, elle a préféré garder ses distances.
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5 mai 2012 à 9:31
34epartie
Kamel sourit à ce souvenir et se mord la langue.
- Ah Aïssa, si tu savais comme je le regrette, cette femme est franche, gentille et sincère.
- Et même très charmante.
- Ah petit coquin, tu l’as donc remarqué ?
- Je remarque tout, moi. Je n’ai pas les yeux dans la poche.
- Aïssa, le week-end prochain je t’inviterai à une ballade sur la côte. Que dirais-tu d’une partie de pêche ?
- Volontiers. Je n’ai rien prévu pour le week-end justement, et comme je n’ai pas encore de véhicule, je me demandais que faire.
- Bien. Donc prépare tes hameçons et tes lignes, peut-être irions-nous même dîner dans uns des restaurants des environs.
- Ah oui ! Ce sera un plaisir de déguster du poisson frais et grillé sur braise, pour ça mon ami, je ne me ferais pas prier.
- OK donc pour ce rendez-vous.
Le week-end arrive et comme prévu Kamel et Aïssa se rendirent à la pêche.
Ils passèrent une longue et agréable journée à taquiner le poisson, mais en fin de compte, la pêche ne fut pas miraculeuse. Ils battirent donc en retraite, piquèrent une tête dans l’eau, puis s’habillèrent avant de se diriger vers un restaurant réputé pour sa gastronomie aux fruits de mer.
Aïssa consulte le menu et opte pour un plat de crevettes, tandis que Kamel préféra du chien de mer grillé. En attendant d’être servis, ils contemplèrent la baie qui s’étendait devant eux à perte de vue. Sur la terrasse où ils avaient pris place, quelques couples dînaient tranquillement en savourant la fraîcheur du soir venu.
Kamel se détend et Aïssa lui verse un grand verre d’eau.
- Cela fait bon de se retrouver comme ça une fois par hasard sous le clair de lune à déguster des plats succulents et à savourer cette brise nocturne qui n’a pas son pareil dans un autre pays.
- Oui Aïssa. J’aime bien m’évader de temps à autre, mais par manque de temps, ces derniers temps je ne sors plus aussi souvent. Cela fait bien longtemps que je n’ai pas pris mes aises comme aujourd’hui.
- Eh bien dorénavant pensons à nous évader à chaque fois que l’occasion se présente.
- Je ne demande pas mieux mon ami. Mais si je dois me marier, je pense que je ferais mieux de regarder un peu du côté de mes économies.
Aïssa rit :
- Oui, mais Kamel, une fois marié, vous serez deux à travailler, qui pourra t’empêcher de sortir de temps à autre avec ta femme ou avec tes amis ?
- On dit qu’une fois marié, un homme n’a plus la latitude de faire ce qu’il veut.
- Cela dépend. Moi, par exemple, quand je vois que je commence à étouffer à la maison, je m’évade.
- Tu ne m’as jamais rien avoué de tout ça, Aïssa. Où t’évades-tu donc ?
- Oh pas trop loin de la maison. Au café ou au cinéma…
- Tu appelles ça s’évader ?
- Une façon comme une autre de fuir la routine.
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5 mai 2012 à 9:31
35eme partie
On vint les servir et les deux hommes humèrent avec délice les relents du poisson frais et tout chaud.
Ils mangèrent avec appétit et s’apprêtèrent à demander le dessert quand Kamel relève la tête et pâlit.
Aïssa le pousse du coude :
- Qu’as-tu donc Kamel, on dirait que tu as vu un fantôme ?
Kamel avait le regard fixe et Aïssa le suivit. Il remarque tout d’abord une femme au corps tout en formes qui discutait avec un client assis non loin de là. Puis faisant un demi-tour, la femme jette un regard circulaire, elle semblait chercher quelqu’un. Sa tenue et son maquillage ne trompaient pas sur le métier qu’elle devait exercer dans cette boîte.
Aïssa la reconnut aussitôt :
- Mais c’est cette femme qui nous a récupérés ma famille et moi la dernière fois quand nous avons été agressés.
Kamel semblait muet de surprise. Il ne quittait pas des yeux la jeune femme et son visage devenait de plus en plus pâle. Aïssa le secoue :
- Qu’as-tu donc ? Tu as perdu ta langue ou cette femme t’a ensorcelé ? Je comprends maintenant pourquoi elle se trouvait sur la route à une heure aussi tardive, c’est une femme de nuit qui travaille dans cette boîte. Mais nous lui devons une fière chandelle tout de même moi et ma famille. Je ne sais pas si elle va me reconnaître, mais si c’est le cas, je ne vais pas rater l’occasion pour la remercier encore une fois.
Kamel se taisait toujours. Il semblait avoir avalé sa langue, et ses yeux fixaient intensément la femme dont la robe pailletée jetait des lueurs arc-en-ciel à chacun de ses gestes.
Intrigué, Aïssa tire Kamel par le bras :
- Secoue-toi donc. Que t’arrive-t-il ? Depuis l’apparition de cette femme, tu sembles sur une autre planète.
Kamel transpirait à grosses gouttes et son visage pâle accentuait la raideur de ses traits figés.
Aïssa prit peur. Son ami ne semblait pas du tout bien :
- Tu ne te sens pas bien ? Tu veux qu’on rentre Kamel ?
Kamel le regarde enfin. Il prit une serviette et essuie son visage dégoulinant de sueur. Puis il se verse un verre d’eau et le but d’une seule traite sans quitter des yeux la femme qui passait de table en table.
- Elle te plaît ? le taquine Aïssa pour détendre l’atmosphère. Tu veux que je l’appelle ?
Kamel fait un geste brusque et renverse la carafe d’eau. Un serveur accourut pour essuyer la table.
- Nos excuses, lui dit Aïssa, mon ami est un petit maladroit.
- Ce n’est rien. Vous voulez un dessert ?
- Oui, mais pas tout de suite.
- Parfait ? Je reviendrai dans un instant.
Kamel prend une cigarette, l’allume et se retourne enfin vers Aïssa :
- Tu veux un dessert Aïssa ? Eh bien commande pour toi seul. Moi je ne pourrais plus avaler quoi que ce soit.
- Je le vois bien. Mais je n’arrive plus à te suivre Kamel. Que se passe-t-il donc ? Il y a à peine quelques instants, tu étais gai et tu parlais d’évasions et de sorties et puis il t’a suffi de voir cette fille pour qu’une métamorphose totale s’opère en toi.
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5 mai 2012 à 9:32
36eme partie
Kamel tire nerveusement sur sa cigarette.
- Tu sais qui est cette fille ?
- Non. Mais je te disais tout à l’heure que c’est elle qui nous a sauvé la vie à…
- Cette fille n’est autre que Chahira.
- Chahira ?
- Oui. Chahira, mon ex-fiancée. Celle qui m’a laissé tomber pour s’envoler avec quelqu’un d’autre ailleurs, sous d’autres cieux.
Aïssa demeure bouche bée un moment.
- Tu plaisantes Kamel ?
- Je n’en ai nullement envie, crois-moi.
- Peut-être est-ce une simple coïncidence physique… une simple ressemblance ?
- Je reconnaîtrais Chahira parmi des milliers de femmes Aïssa. Je ne pourrais donc me tromper. Mais ce que je ne comprends pas, c’est ce qu’elle est devenue : une prostituée.
Aïssa secoue la tête.
- Ah ça mon vieux… Le monde est tellement plein de surprises qu’on ne sait plus à qui on a affaire de nos jours, ni qu’est-ce qu’on pourrait devenir dans un futur proche.
- Je n’arrive vraiment pas à le croire.
- Mais enfin Kamel, le mal est fait. Que comptes-tu faire maintenant ? L’interpeller ?
- Non. Oh… Je ne sais pas. D’un côté, j’aimerais bien savoir ce qui l’a amenée à pratiquer ce métier pourri. Elle, l’universitaire et la fille de bonne famille. Et d’un autre, je ne veux pas raviver en mois la flamme d’un amour perdu à jamais, alors que je viens de demander une fille en mariage.
Aïssa ne sait pas quoi répondre à son ami. Il demande l’addition et deux cafés. Kamel n’avait plus envie de discuter. Il se mua dans un silence qui n’augurait rien de bon. La jeune femme avait prit place non loin d’eux avec deux hommes d’un certain âge et discutait sans contrainte en tirant sur un long fume cigare. Sa bouche, outrageusement maquillée en rouge sang, laissait entrevoir des dents en moins.
- Alors que décides-tu Kamel ? Nous rentrons tout de suite ou tu préfères rester pour discuter avec elle ?
Kamel se prit le visage entre les mains avant de relever la tête.
- Je ne sais pas Aïssa, le choc est trop dur pour moi.
- S’il te plaît Kamel, ne sois pas ridicule. Oublie cette femme et tout ce passé qui te hante. Lève-toi et allons prendre un peu d’air. Tu sembles tout à coup transformé en statue de bronze.
- Si tu savais ce que mon cœur comporte comme haine et tendresse. Un véritable combat est en train de se livrer en moi. Je ne sais plus où j’en suis Aïssa.
- Ce n’est rien. Cette femme a été ton premier amour, mais elle t’a trahi. Elle t’a préféré un autre. Ne l’oublie pas.
- Je sais. Mais que peux-tu devant les sentiments ? Et puis, ce qui me fait plus de peine, c’est de la savoir exerçant un métier pour lequel je ne l’aurais jamais cru capable.
- Que comptes-tu faire ? Aller lui parler ?
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5 mai 2012 à 9:32
37eme partie
Kamel garde le silence. Va-t-il tenter l’aventure et appeler son ex-fiancée pour discuter avec elle et l’aider à sortir de ce cercle vicieux dans lequel elle s’est engouffrée, ou bien va-t-il écouter la raison et partir sans un regard pour elle ?
Aïssa le pousse devant lui.
- Allons-nous-en Kamel. Si tu continues tes hésitations, tu finiras par passer la nuit ici. Partons tout de suite, avant qu’il ne soit trop tard. Kamel suit son ami, mais se retourne sur seuil de la porte pour jeter un dernier regard sur Chahira. Cette dernière riait de manière assez grossière avec les deux hommes, tout en ingurgitant d’énormes quantités d’alcool.
Kamel avait les larmes aux yeux. Ce n’est pas possible. Ce n’est pas Chahira qui est tombée aussi bas. Aïssa le tire par le bras et le traîne dehors. Il le pousse dans la voiture garée non loin de là et démarre en trombe. La nuit était fraîche, mais il préféra garder les fenêtres ouvertes pour revigorer son ami qui semblait malade et épuisé.
Ils arrivèrent en ville et Aïssa gara devant l’immeuble de son ami, puis l’aida à descendre.
- Tu veux que je monte avec toi ?
- Non. Mais tu gardes le véhicule Aïssa. Je préfère que ce soit toi qui t’en occupes, moi, je suis incapable de conduire.
- D’accord, mon ami. Je reviendrais demain après-midi te remettre les clefs.
- Fais comme tu veux, mon cerveau refuse de fonctionner pour le moment.
Aïssa s’attarde un moment devant l’immeuble de son ami et se demande s’il ne devrait pas monter vérifier qu’il était bien rentré. Kamel lui inspirait de l’inquiétude et cette drôle d’histoire avec cette femme, qui, par le plus grand des hasards, lui avait sauvé la vie ainsi qu’aux siens, ne lui disait rien de bon. Chahira n’est pas devenue prostituée du jour au lendemain. Quelque chose avait dû se passer depuis son départ avec l’autre homme, et sa famille a dû la renier. Le seul qui lui faisait pitié dans cette affaire est bien Kamel. Et puis entre temps, il y a aussi Zahira qui rentre en jeu, puisque tout se présentait en sa faveur jusqu’à ce soir.
Aïssa soupirs : “Quelle drôle d’histoire ! J’espère seulement que Kamel ne fera aucune bêtise. Le mieux serait d’oublier cette femme.”
Le lendemain après midi, comme convenu, Aïssa revient au quartier de Kamel et appelle ce dernier sur son portable pour lui remettre les clefs de son véhicule.
Kamel avait une mine effroyable. Il était tout pâle et il ne s’était pas rasé. Chose inhabituelle chez lui.
- Tu n’es pas beau à voir mon vieux, lui lance Aïssa en le voyant arriver en traînant le pas.
- Je sais me regarder dans un miroir Aïssa.
- Mais je ne pense pas que tu t’aies regardé ces dernières heures.
- Que veux-tu donc insinuer ?
- Rien, si ce n’est de te demander d’aller prendre un bain et te raser. Tu as une mine qui ne me dit rien qui vaille.
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5 mai 2012 à 9:33
38eme partie
Kamel secoue la tête.
- Je vais bien Aïssa. Merci pour le véhicule. Je passerai te récupérer demain matin pour aller au boulot.
- D’accord mon vieux. Mais tâche de te reposer et de tout oublier si tu veux être en forme.
- Je prendrai ton conseil en considération. Merci beaucoup mon ami.
- Tu es sûr que ça va aller ?
- Mais oui te dis-je. Je vais bien, juste un peu de fatigue.
- Repose-toi bien Kamel.
- À demain Aïssa.
Aïssa s’en va le cœur gros de voir son ami dans cette situation. Mais que pourra-t-il faire ? Apparemment, Kamel est bel et bien ébranlé. La vue de Chahira a secoué ses sens et il n’aimerait pas que les démons des temps anciens reprennent possession de sa raison. Il sent bien que Kamel est toujours amoureux de cette femme. Mais, ce n’est plus la même femme qu’autrefois, et puis dans sa situation, il faut regarder les choses en face, une fois pour toutes. Cette femme l’a déjà trahi. Elle est parti avec un autre homme sans aucun scrupule, alors qu’elle était officiellement fiancée à Kamel. Pauvre garçon, se dit Aïssa, il ne mérite pas ce qui lui arrive. Mais ce que Aïssa ne savait pas encore, c’est que Kamel avait décidé de passer à l’action.
Dès le départ de son ami, Kamel avait pris un bain, s’était rasé de près et habillé, avant de se décider à prendre le chemin de la côte et de se rendre au restaurant où ils avaient dîné la veille.
Non qu’il voulait revoir Chahira, mais quelque chose en lui l’avait poussé à revenir sur les lieux. Il voulait tout connaître, tout apprendre sur ce qui est arrivé à cette jeune femme qu’il avait autre fois aimé, et… qu’il aime peut-être encore.
Il porte la main à sa poitrine et sent son cœur battre la chamade. Chahira… Un premier amour… la jeunesse, l’avenir… Tout était pour eux à cette époque. Il avait fallu d’un coup de tête de cette fille pour tout balancer. Non ! Il n’ avait rien oublié. Ni le regret, ni l’humiliation, ni la honte qui l’avait envahi quand il s’était retrouvé au commissariat pour agression. Mais il n’avait pas non plus oublié l’amour qui le liait à elle.
La route serpentait entre les falaises. Le bleu scintillant de la mer l’aveuglait, tandis que son esprit voguait. Le passé refaisait surface et son âme criait grâce. Des années sont passées.
La vie n’avait jamais été tendre avec lui. Il manquait d’affection, de tendresse et d’amour, mais refusait de se laisser aller.
Aucune aventure féminine ne l’avait tenté jusque-là. Il était devenu quelqu’un d’indifférent à tous les plaisirs que pouvait procurer un rendez-vous galant. La seule rencontre l’avant-veille avec Zahira avait fait renaître en lui un sentiment de cordialité. Mais il avait fallu qu’au moment où il avait enfin décidé de prendre son destin en main, ressurgisse ce passé qui l’avait déjà tant fait souffrir.
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5 mai 2012 à 9:34
39eme partie
Il arrive au restaurant et gare son véhicule sous un arbre avant de se rendre sur la terrasse et de s’attabler. Il était encore trop tôt pour dîner, alors il préféra commander une boisson, et se met à contempler les rosiers qui lui faisaient face.
Le serveur vint déposer la commande devant lui et il en profita pour lui demander après Chahira.
- Chahira ? Mais Monsieur, nous n’avons aucune femme qui porte ce nom chez nous.
- Mais si, puisque hier soir je l’ai vue moi-même. Elle était attablée avec deux gars. Elle portait une robe à paillettes…
- Attendez. Nous avons en fait plusieurs filles qui travaillent le soir chez nous. Le planning dépend des jours de semaine. On était jeudi, hier. Attendez, je vais consulter le programme et je vous dirais quelles sont les filles qui étaient là hier soir.
La serveur s’éloigne un moment, puis revient.
- Eh bien, Monsieur, nous avions pour la soirée d’hier Nicette, Lucie et Myriam.
- C’est des noms d’emprunt alors ?
- Parfaitement. Mais, en général, nous connaissons leurs vrais noms.
- Je ne le pense pas, puisque j’ai reconnu Chahira et vous me dites que vous ne la connaissez pas…
- Tout à fait, Monsieur. Nous n’avons pas de Chahira parmi nos femmes.
- Attendez un peu, la fille dont je vous parle est grande de taille, brune, elle est un peu rondelette et a des dents en moins.
Le serveur se met à réfléchir.
- C’est simple, Monsieur, je vais vous montrer quelques photos, vous pourrez peut-être reconnaître cette femme que vous cherchez.
Kamel attendit une quinzaine de minutes avant que le serveur ne revienne avec un album qui comportait des dizaines de photos de soirées, où l’alcool semblait couler à flot, et où des filles bien jeunes faisaient la fiesta avec des hommes de l’âge de leur père. Il se met à feuilleter longuement l’album avant de tomber sur une photo de Chahira en grand décolleté et dont les cheveux teint en roux lançaient des reflets dorés.
- Cette femme ? Vous la reconnaissez ?
Le serveur s’approche.
- Oui, bien sûr, C’est Myriam.
- Elle s’appelle Myriam ?
- C’est son pseudonyme. Mais son véritable nom est Houria D.
- Houria D., répète Kamel.
Ainsi donc, elle a préféré changer d’identité. Pourquoi ? Comment en est-elle arrivée là ?
- Travaille-t-elle ce soir ?
- Non.Elle travaillera dans deux jours. Mais si vous voulez la voir, nous pouvons toujours l’appeler.
Le serveur se rapproche d’avantage de Kamel :
- Mais le prix est bien plus élevé quand c’est une commande. Vous comprenez ?
Kamel hoche la tête :
- Tout à fait. Cependant, pour moi, ce ne sera pas une commande. Cette femme je veux lui parler. C’est simple, c’est une ancienne camarade de classe et j’aimerais bien savoir ce qu’elle fait dans ce milieu pourri.
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5 mai 2012 à 11:38
40eme partie
Le serveur ne sachant quoi répondre préfère se taire, et Kamel reprend :
- Où habite-t-elle ?
- Je ne sais pas, Monsieur.
- Vous ne pouvez pas vous renseigner ?
- Non. Le patron n’aime pas trop qu’on se lance dans les détails. Il ne veut pas de problèmes chez lui.
Kamel pousse un soupir :
- Bien, j’ai compris. Quand doit-elle travailler pour cette semaine ?
- Lundi en soirée. Nous commençons à 18h et les filles arrivent vers 20h.
- OK. Merci, mon gars.
Kamel glisse un généreux pourboire dans la main du serveur et se dernier ne se fait pas prier pour lui dire :
- Lundi, moi aussi je serais de service. Dès que Myriam sera là je viendrais vous prévenir.
- J’y compte bien et encore merci.
Kamel sort du restaurant et reprend la route du retour. Ainsi donc, Chahira n’est plus elle-même.
Elle a plusieurs pseudos et travaille dans cette boîte trois fois par semaine comme fille de joie.
Ah ! la vie ce qu’elle peut réserver aux humains !
Une tristesse l’envahit. Cette fille était tout de même son premier amour. Il l’avait aimé sans barrière, sans tabous, et surtout avec toute la sincérité dont est capable un homme.
On dit que le destin de chaque être sur cette terre est tracé avant sa naissance. Si c’est ainsi, le destin de Chahira semble bien loin de celui qu’ils avaient élaboré ensemble.
Il roulait lentement sur la grande route et revoyait encore l’image de Chahira en robe de bal, avec son maquillage outrageux.
Elle buvait, fumait et riait de cette manière qui ne trompait pas sur le métier qu’elle exerçait.
Mais ce qu’il n’arrive toujours pas à assimiler, ce sont les raisons qui ont mené cette fille à une telle situation.
Pourtant, ses parents auraient pu l’aider, même si elle était revenue après un divorce ou une séparation avec son mari.
Enfin, se dit Kamel, je saurais tout au moment opportun. Je finirais bien par la revoir et lui tirer les vers du nez, même si pour cela je dois utiliser mille et un subterfuges.
Je sais qu’elle sera surprise de me revoir, mais elle ne pourra pas se dérober. Je saurais comment la coincer.
Sur ce, il décide de rentrer directement chez lui et de n’en ressortit que le lendemain pour aller travailler.
Deux jours passèrent et le lundi arriva bien vite. Sans souffler un seul mot à Aïssa, il reprend le chemin de la côte et arrive en un laps de temps bien court au restaurant. L’odeur de poisson grillé emplissait l’air et une ambiance bon enfant finit par le mettre à l’aise.
Il s’installe sous une ombrelle et demande une boisson en attendant le dîner.
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5 mai 2012 à 11:38
41eme partie
Le serveur le reconnut et courut à sa rencontre.
- Bonsoir, Monsieur. Vous voilà de retour chez nous.
- Oui. Je crois que c’était prévu que je revienne le lundi pour cette fille.
- Ah ! Oui. Vous voulez parler de Myriam ?
- Oui, elle est là ?
- Oui, mais comme ce n’est pas l’heure, elle ne descendra de sa chambre que dans deux heures, disons vers 21h.
- Je ne pourrais pas la voir avant ?
Le serveur se met à réfléchir un moment puis lance :
- Je vais voir ce que je pourrais faire pour vous. Je dois d’abord la prévenir qu’un client veut la rencontrer tout de suite. Parfois, quand elle est de bonne humeur, elle ne refuse pas.
- Allez donc lui demander tout de suite, répondit Kamel, en glissant un généreux billet dans la main du garçon.
Ce dernier ne se le fait pas répéter et revint au bout de quelques minutes pour dire à Kamel que Myriam acceptait de le recevoir dans sa chambre.
- Dans sa chambre ?
- Oui, elle ne doit pas la quitter avant l’heure. Et quand un client manifeste le désir de la rencontrer elle le reçoit dans sa chambre. Le fait n’est pas nouveau.
Kamel hésite une seconde puis se décide :
- Vous me conduisez vers elle alors ?
- Bien sûr. Suivez-moi, Monsieur.
Ils repassèrent par la grande salle et suivirent un long corridor tapissé avant de monter un escalier en bois luisant et d’atterrir sur le deuxième palier. Le serveur se dirige alors tout droit vers une pièce du fond et donne un coup discret à la porte qui s’ouvre immédiatement.
Le serveur s’efface alors pour laisser passer Kamel. Ce dernier sentit son cœur se pincer. Il avait tout à coup réalisé qu’il ne s’était pas du tout préparé à cette rencontre. Va-t-elle le reconnaître ? Va-t-elle accepter de le recevoir et discuter avec lui ?
Le serveur se détourne et pousse Kamel vers la porte de la chambre. Ce dernier tente un premier pas, puis un deuxième et s’arrête. La pénombre qui régnait l’empêchait de distinguer quoi que ce soit. Puis ses yeux s’habituèrent à la demi-obscurité et il remarque une grande chambre assez bien décorée avec un grand lit à baldaquins.
Il s’approche davantage de la femme qui y était assise et lui tournait le dos. Elle portait un kimono et ses cheveux flottaient sur ses épaules.
Elle se retourne vers lui et ébauche un sourire.
- Vous vouliez me voir ?
Kamel ému et surpris tente de prononcer quelque chose, mais sa gorge était nouée par l’émotion. Chahira ! Mon Dieu comme elle avait vieillie ! L’a-t-elle reconnu ?
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5 mai 2012 à 11:40
42eme partie
Il s’approche un peu plus d’elle et se met en face.
- Je voulais vous voir Chahira.
À ce prénom, la jeune femme relève brusquement la tête.
- Vous connaissez mon nom ?
- Bien sûr. Tu ne te rappelles plus de moi ?
La jeune femme semblait comme assommée. Kamel remarque une boisson alcoolisée auprès de son lit. Elle sentait déjà les relents de l’alcool et de la cigarette.
Plissant les yeux, elle le regarde bien en face. Tout à coup, elle se lève et se plante devant lui.
- Mais, je te connais toi.
- Parfaitement, Chahira.
- Je te connais. Tu es… comment tu t’appelles déjà ? Attends un peu que je réfléchisse.
- Chahira, tu ne te rappelles donc plus même de mon nom ?
- Cela fait longtemps que personne ne m’a appelé ainsi. Si tu te rappelles de mon vrai prénom c’est que tu étais avec moi soit à l’école soit à la fac.
- C’est ça, mais encore ?
- Encore quoi ?
- Tu te rappelles de ton premier amour, Chahira ?
La jeune femme éclate d’un rire vulgaire, dévoilant une dentition gâtée.
- L’amour ! Ah ! Ah ! Ah ! Quel absurdité ! Mon Dieu, il parle d’amour. Le seul amour que j’ai connu, c’était un jeune homme de la fac… et…
Elle éclate soudain en sanglots et retombe de tout son long sur son lit. Kamel la regarde un moment. Ne l’a-t-elle réellement pas reconnu ?
La jeune femme pleurait à fendre l’âme. Puis se relevant d’un coup, le visage complètement noirci par son maquillage qui avait coulé, elle se dirige vers la coiffeuse et s’essuie avec un morceau de coton.
- Assieds-toi, Kamel !
Kamel sursaute :
- Comment ? Tu…
- Assieds-toi, Kamel. Tu crois que je ne t’avais pas reconnu ? Je t’ai reconnu la dernière fois où tu as dîné ici avec ton ami. Mais je ne voulais pas te déranger. Je suis devenu une moins que rien.
Elle se mouche et essuie ses yeux rougis par les larmes. Puis elle prend une cigarette et l’allume avant de revenir s’asseoir sur son lit.
- Ah ! si je savais qu’un jour j’allais devenir ce que je suis aujourd’hui, je n’aurais jamais renoncer ni à notre amour ni à toi Kamel. Crois-moi, je regrette infiniment ce qui s’est passé, et je crois que Dieu m’a bien puni pour tout le mal que je t’ai causé.
- Mais… mais moi je ne comprends pas ce qui t’est arrivé Chahira. Commet es-tu tombée si bas ?
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5 mai 2012 à 11:42
43eme partie
Elle pousse un long soupir.
- Tu sauras tout Kamel. Je vais tout te raconter. Mon histoire est longue et malheureuse, et si jamais c’était à refaire, je préférerais plutôt mourir.
- Tu étais partie sous d’autres cieux, non ?
- Oui. Je m’étais mariée avec cet homme que tu avais vu avec moi à la fac…
- Ton cousin ?
- Ah ! Ah ! Ah ! Il n’était ni un cousin ni un parent. C’était un fanfaron qui m’avait aveuglé par ses promesses. Ma famille était contre ce mariage, mais moi J’y tenais parce que je voulais changer. Devenir quelqu’un d’autre et frimer devant les filles de mon âge. Je voulais habiter sous d’autres cieux et revenir à chaque occasion pour me vanter de ma réussite devant la famille et le voisinage. Ah la jeunesse et son inconscience !
- Que s’est-il passé ensuite ?
- Que s’est-il passé ? Eh bien, cet homme s’est avéré un véritable chasseur de femmes. C’est quelqu’un qui promettait le mariage ou se mariait carrément avec une femme pour la faire ensuite travailler dans des établissements privés. Tant pis pour la République !
- Quoi ? Il t’a épousée pour te faire prostituer !
- Que crois-tu ? J’étais une proie facile. J’étais folle amoureuse de lui. Ou plutôt j’étais naïve au point de croire à ses promesses. Il semblait bien élevé et faisait tout pour plaire à ma famille. Ce n’est qu’une fois partie ailleurs que j’ai découvert le vrai visage de cet homme. J’ai même rencontré plein de femmes qui, comme moi, sont tombées dans son piège.
- Mais pourquoi es-tu restée ? Pourquoi n’es-tu par rentrée tout de suite chez toi ?
- Hum… Kamel, tu es bien naïf. Cet homme avant tout avait confisqué mes papiers.
- Mais tu pouvais tout de même déposer plainte contre lui, te rendre à notre ambassade et poser ton problème…
- Tu oublies mon cher que j’étais sa femme légitime. Mais même si ce n’était pas le cas, cet homme me surveillait de près. Je n’avais ni le droit de sortir seule ni celui d’appeler mes parents sans sa présence. Et puis, comme c’est quelqu’un qui connaissait des gens haut placés à qui il procurait de très jeunes et très belles femmes, il n’avait peur de rien.
- À ce point tu étais malheureuse ?
- Et bien plus. Monsieur me battait à chaque fois que je refusais de sortir avec un client “particulier”. J’ai perdu la moitié de mes dents et j’ai une mâchoire cassée sur deux longueurs. Il fallait passer sur le billard deux ou trois fois pour me réparer ça, alors que mes dents tombaient l’une après l ‘autre. Tu vois bien qu’il ne me reste presque plus rien dans la bouche, à part ces chicots que tu vois et qui ne sont plus que des pivots pourris. J’ai mis des jaquettes sur les dents de devant, mais cela ne m’empêche pas d’avoir une bouche complètement gâtée.
- Et après ?
- Et après quoi ?
- Comment as-tu fait pour rentrer, pour quitter cet homme ?
Chahira garde le silence un moment, puis regarde l’heure.
- Tu m’excuseras Kamel, mais je crois qu’il est temps pour moi de m’habiller et de me remaquiller. Je dois descendre dans un quart d’heure.
- Tu ne descendras pas !
- Comment ?
- Tu ne descendras pas…
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5 mai 2012 à 11:43
44eme partie
Chahira s’exclame :
- Mais je dois travailler… Sinon le patron va me virer.
- C’est la meilleure chose qui pourrait t’arriver, Chahira.
- Mais tu n’y penses pas, Kamel… Que vais-je devenir ? Tu veux me voir mendier sur le trottoir.
- Cela aurait été préférable à ce sale métier que tu fais. En tous les cas, pour ce soir, tu ne descendras pas. Habille-toi décemment et sortons.
- Mais que vais- je leur dire ?
- Ne t’en fais pas. Je vais aller tout de suite régler ce problème. Je n’aurais qu’à payer tes heures de travail.
- Tu ferais ça, Kamel ?
Kamel soupire :
- Oui. Et même plus si je le pouvais.
- Après tout ce que je t’ai fait ?
- Ne parle plus du passé. Enterrons- le et tâchons de trouver une solution à ta situation. Je ne veux pas te voir traîner dans les boîtes de nuit et encore moins livrer ton corps au premier venu.
- Heu… oui, mais j’ai signé un contrat avec cette boîte. Je ne pourrais pas me libérer de si tôt.
- Tout va s’arranger. Ne t’en fais donc pas. Je vais descendre rencontrer le patron, entre-temps habille-toi.
Kamel sortit et Chahira demeura un moment perplexe. Elle se met à pleurer puis essuyant ses yeux d’un geste rageur, elle se lève, met un pantalon et un chemisier et se débarrasse de toute trace de maquillage avant de relever ses cheveux et de les retenir en queue de cheval avec un nœud. N’importe qui l’aurait vue en ce moment n’aurait pas reconnu en elle Myriam, la fille de joie, qui, chaque soir, descendait avec un maquillage outrageux et une robe pailletée pour donner du bon temps à des hommes qu’elle rencontre au gré des soirées et qui payent pour passer un moment avec elle.
Kamel avait réglé le problème pour ce soir.
Il avait payé largement sa libération pour toute la nuit, et le patron ne s’était pas fait trop prier pour cela, habitué aux caprices des clients.
Kamel revint dans la chambre et fut content de constater que Chahira avait opté pour une tenue décente. Il reconnut son air innocent qu’elle camouflait d’habitude sous un maquillage outrageux.
- Tu es belle ainsi, Chahira. Et tu as bien fait de relever tes cheveux.
- Euh… oui… Leur couleur est trop tapageuse.
- Je sais. Tu devrais penser à la changer.
- Mais, oui.
- Ton métier exige tous ces artifices et ces tape-à- l’œil. Regarde-toi un peu dans le miroir, n’es-tu pas belle ainsi ?
Chahira sourit :
- Si tu le trouves.
- Tu es bien plus “sage” avec cette tenue. Allez, viens, allons dîner quelque part et raconte-moi la suite de ton récit. Je suis curieux de savoir comment tu as fait pur rentrer alors qu’on t’avait confisqué tes papiers.
Y. H.
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5 mai 2012 à 11:43
45eme partie
Chahira prend son sac et suit Kamel. Ils sortirent de la boîte et se dirigèrent vers le véhicule. Kamel la fait monter avant de prendre le volant et de quitter les lieux.
Chahira respire d’aise. Enfin, elle échappe à une nuit “houleuse” cette fois-ci. Elle n’avait pas du tout envie d’être malmenée par des “inconnus” qui se collaient à elle et quémandaient ses charmes. Que n’aurait-elle pas fait pour échapper à cet enfer !
Kamel conduisait vite, et en un laps de temps, ils arrivèrent à un restaurant situé au milieu d’une plage de sable et de palmiers. L’endroit semblait calme et serein. Des familles, fuyant la chaleur, dînaient tranquillement à l’ombre des tonnelles sur lesquelles grimpaient des plantes odorantes. Chahira est charmée par l’endroit. Elle descend du véhicule et aspire une grande bouffée d’air.
- Je me sens libre, libre comme le vent ce soir.
- Cela te changera de tes soirées tapageuses. Viens, allons nous installer à une table.
Kamel lui prend le bras et ils se dirigèrent vers le fond de la terrasse pour s’asseoir à une table qui faisait face à la mer.
- Tu es contente, Chahira.
- Bien plus que tu ne le penses.
Soudain, des larmes imbibèrent ses joues.
- Mais, pourquoi pleures-tu ?
- Oh, Kamel, je t’ai fait tant de mal. Et J’ai payé lourdement la facture. Je suis partie avec un vaurien qui ne connaît rien à la tendresse ni à l’amour. Vois-tu, je rêvais de partir sous d’autres cieux et de vivre la grande aventure de ma vie avec un homme qui m’aimerait autant que tu m’as aimée.
Et je me suis leurrée. J’ai cru au bonheur éphémère et j’ai laissé tomber le grand bonheur. L’amour que tu me portais était pur et sincère. Et si je n’avais pas été idiote, j’aurais écouté au moins mes parents et je ne me serais pas liée à un homme qui ne pense qu’à son tiroir-caisse, quitte à piétiner son honneur.
Kamel écoutait en silence. Il tendit un mouchoir en papier à la jeune femme qui se mouche et s’essuie les yeux avant de relever la tête et de poursuivre :
- Et toi, Kamel, que deviens-tu ?
- Moi ? Rien. Je travaille. Je passe mon temps libre avec mon ami Aïssa. Nous faisons parfois des parties de pêche et puis, quand je vois que je commence à trop m’ennuyer, je voyage. J’ai déjà visité plusieurs pays.
- Et… et tu ne t’es pas marié ?
- Non, pas encore.
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5 mai 2012 à 11:44
46eme partie
Chahira avale sa salive :
- Euh… à ton âge tu es encore célibataire ?
- Oui, tu y vois une anomalie ?
- Non, mais, je pensais que tu avais fini par te lier avec quelqu’un et que tu avais des enfants…
- Non. J’avais peur d’être encore déçu et humilié.
La jeune femme baisse la tête :
- Je t’ai fait beaucoup de mal, Kamel. Et crois-moi, Dieu me l’a fait chèrement payer. Je ne te méritais pas. J’étais une jeune folle qui pensait que la jeunesse est éternelle. Je ne méritais ni ton amour ni ton affection ni ta sincérité Et voilà le résultat : je suis devenue une prostituée.
Kamel frémit :
- Je ne veux pas entendre ce mot.
- Mais c’est la réalité, mon cher. Je vends mon corps au premier venu. Et je touche un salaire pour ça. Voilà ce que je suis devenue.
Kamel se gratte un moment la tête :
- Je ne comprends pas une chose. Pourquoi n’es-tu pas retourné dans ta famille, ou à la rigueur pourquoi n’as-tu pas cherché un travail plus honnête. Avec ton niveau universitaire, je pense que les choses auraient dû mieux se passer.
Chahira pousse un soupir :
- Attends d’avoir entendu la suite de mon récit pour en tirer des conclusions.
Un serveur s’approche d’eux avec la carte du menu :
- Bonsoir, Messieurs dames. Voici la carte, choisissez tranquillement vos plats, je reviendrai dans un quart d’heure pour la commande.
Kamel jette la carte sur la table d’un geste anodin, puis reprend :
- Justement, je suis curieux de connaître la suite de ton récit
Chahira étire ses jambes et rajuste une mèche de cheveu tombée sur son front. Elle regarde un moment la mer, puis regarde Kamel au fond des yeux avant de lancer :
- C’est une histoire tirée par les cheveux.
- Comment ?
- Tu ne pourras jamais t’imaginer ce que j’ai subi comme humiliation et coup de “crosse” pour finir par atterrir dans une prison.
- Quoi ? Tu as fait aussi de la prison ?
- Oui. C’est ce qui a permis mon expulsion de l’étranger.
- Mais qu’as-tu donc fait pour te retrouver derrière les barreaux ?
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5 mai 2012 à 11:44
47eme partie
Chahira se tut un moment et semble pensive.
- Qu’est-ce que j’ai fait ? Mais je n’ai rien fait, s’écrie-t-elle, soudain prise d’une crise nerveuse.
Kamel met sa main sur la sienne :
- Calme-toi. Je suis là. Ne crains rien, tu n’es plus parmi ces loups.
Elle regarde la main de Kamel posée sur la sienne un moment, puis prenant ses doigts entre les siens elle les serre bien fort
- Oh ! Kamel, c’est affreux, la prison. Le froid du parquet, l’humidité des cellules et toutes ces prisonnières avec qui j’ai partagé la cellule et qui étaient de vraies criminelles. Elles me tabassaient et me jetaient leurs ordures au visage. J’avais les joues constamment contusionnées. Les gardiennes étaient d’une méchanceté incroyable et nous vidaient des seaux d’eau glacée sur la tête quand les autres faisaient du tapage. Tu ne peux pas savoir quel enfer j’ai pu fuir.
- Mais je ne connais toujours pas la cause de ton incarcération.
- La drogue.
- Quoi ? Tu étais aussi dans un réseau de drogués ?
- Non, je te jure devant Dieu que je n’y ai jamais touché. Mais lors d’une descente de police quelqu’un a dissimulé un paquet de cocaïne dans mon sac. Et me voici embarquée dans un panier à salade et accusée de tous les maux. Les policiers n’ont pas été de main morte, d’autant plus que j’étais une émigrée.
- Et ton fameux mari dans tout ça ?
- Je n’ai plus jamais entendu parler de lui, depuis que la sentence de mon incarcération est tombée.
- Tu en as pris combien ?
- Cinq ans. Cinq années de souffrance et d’humiliation, où j’ai fait tous les travaux forcés désignés aux bagnards. Je suis devenue squelettique. Je n’avais plus que la peau sur les os. J’ai essayé de contacter mes parents, mais ces derniers ayant eu écho de ce que je faisais, et surtout de mon emprisonnement pour trafic de drogue, m’ont totalement reniée. Mon père a été jusqu’à déchirer la feuille comportant mon nom sur son livret de famille. On ne voulait plus de moi. Et je comprends fort bien les raisons. Je les ai tous déshonorés. Ma famille a dû déménager du quartier où nous habitions. Je n’ai plus des nouvelles de quiconque.
- Et à ta sortie de prison ?
- Eh bien, à ma sortie de prison, un passeport et une pièce d’identité provisoire m’ont été établis par notre ambassade et à la demande des autorités habilitées je fus expulsée et renvoyée tel un paquet de linge sale dans un avion cargo à destination d’Alger.
Chahira avait des cernes sous les yeux et ses mains tremblaient. À ce moment le serveur revient pour prendre la commande.
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5 mai 2012 à 11:45
48eme partie
Kamel se hâte de demander deux plats pris au hasard sur le menu et des boissons fraîches.
- Et ensuite Chahira, qu’as-tu fait ?
- Eh bien sans argent, ni bagages, j’ai erré dans les rues. J’ai longtemps erré dans les rues. J’ai passé une première nuit dans une cage d’escalier à l’intérieur d’un immeuble. Au petit matin, je me suis mise à chercher un boulot. N’importe quoi… Faire des ménages, garder des gosses, vendre des bricoles… Mais, je n’ai rien pu dénicher.
Je n’avais aucun diplôme sur moi, et même avec ça, mon casier judiciaire et mon passeport auraient joué en ma défaveur. Je suis une repris de justice et j’ai été expulsée pour trafic de drogue. Cela me collera à la peau pour le restant de mes jours. Une vieille femme qui vivait seule m’avait proposé de passer quelques jours chez elle. Elle m’a demandé de faire le ménage et la cuisine, en attendant que son fils et sa belle-fille rentrent d’un voyage. Moyennant cela, je pouvais dormir sous son toit et manger à ma faim. Cela dura une vingtaine de jours, mais au retour des siens, je fus priée gentiment de quitter les lieux. L’homme avait même sermonné sa mère d’avoir fait entrer “n’importe qui” à la maison. Chahira se tait et regarde son assiette.
Elle avait tout à coup faim devant le succulent ragoût tout fumant et les tranches de rôti de bœuf. Elle prend sa fourchette et se met à manger. Kamel la regarde faire sans rien dire. Il avait compris qu’elle n’avait pas dû manger depuis plusieurs jours. Son menu quotidien était l’alcool et la cigarette.
Elle relève la tête, la bouche encore pleine, et murmure :
- J’ai faim.
- Alors mange.
- Et toi ?
- Je vais manger moi aussi, j’ai tout mon temps pour cela, je n’ai pas aussi faim que toi.
- Je vais te raconter la suite de mon récit.
- Termine d’abord d’avaler ce qu’il y a dans ton assiette. Rien ne presse.
Chahira sourit.
- Tu es un ange Kamel. Et je suis la maudite…
- Ne dis plus rien. Les regrets font plus de mal que les actes.
- Oui. Et je regrette amèrement ce que j’ai fait. J’ai des remords, et cela me pousse à boire pour oublier. Tu vois bien que ma voix est devenue rauque avec la cigarette et l’alcool. Je me sens coupable envers tous les gens qui m’ont aimée et que j’ai aimés.
Toi, mes parents, ma famille. J’ai tout gâché dans ma vie. Il ne reste que des débris de mon existence qui vont finir par s’éparpiller. J’ai même tenté de me suicider, mais le courage m’a manqué à la dernière minute.
Kamel se met à manger et regarde un moment cette femme qu’il avait aimée et pour laquelle il ressent encore un petit sentiment.
Cette femme autrefois belle comme le jour et qui a perdu jusqu’à son sourire. Des rides avaient creusé son visage. Des rides dus plus aux aléas de la vie qu’à la vieillesse. Il pousse un soupir et prend un verre d’eau. Il n’avait plus envie de manger. Sa gorge s’est nouée tout à coup, et il avait envie de crier son désarroi devant cette femme qui l’avait fait souffrir autrefois mais qui, à son tour, a souffert le martyre.
Et encore, l’histoire n’est pas finie. Cette femme doit retourner dans cette boîte et reprendre son travail. Non ! ça, il ne va pas le permettre. Non ! Elle n’ira plus dans cette boîte. Il ne sait pas encore comment faire, mais il est décidé à tout tenter pour la tirer de ce pétrin.
- Tu veux connaître la suite de l’histoire ?
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5 mai 2012 à 11:46
49eme partie
La remarque de Chahira le tire de ses réflexions. Kamel sursaute, puis sourit :
- Excuse-moi, je réfléchissais. Mais, bien sûr que je voudrais connaître la suite de ton récit.
Chahira pousse un soupir. Elle avait avalé tout ce qui se trouvait dans son assiette jusqu’à la dernière miette.
- Tu as encore faim ?
- Non. Euh… mais, c’est si bon. Je n’ai pas mangé depuis…
- Je l’ai compris, Chahira. Tiens, termine donc ce qu’il y a dans mon assiette, moi je n’ai plus faim.
- Mais tu n’as presque rien pris.
- Je n’ai pas l’habitude de manger le soir. Je me contente souvent de fruits. Je vais demander un dessert, ne t’inquiète pas pour ça. Allez, mange encore un peu de ce rôti de bœuf, il est bon, n’est-ce pas ?
- Succulent.
Elle s’attaque au morceau de viande d’une main tremblante et se met à mâcher nerveusement. Elle n’avait plus toutes ses molaires, et les quelques dents qui lui restaient ne suffisaient pas à broyer la viande. Kamel la regarde. Elle lui faisait de la peine. L’aime-t-il encore ? Il sait que son sentiment envers elle ne pourra jamais s’éteindre. Bien qu’il soit moins fort qu’autrefois, un premier amour ne s’oublie jamais !
Rassasiée enfin, Chahira repousse son assiette.
- J’ai mangé comme une ogresse.
- C’est bien. Tu veux un dessert ?
- Je ne sais pas si je pourrais encore avaler quelque chose. Mais demande des fruits, c’est léger.
Kamel commande une corbeille de fruits et des coupes de glace.
- Hum… J’adore les glaces. Tu permets que je prenne celle au chocolat.
Kamel lui tendit la coupe de glace au chocolat et prit lui-même une autre coupe de glace à la vanille.
- Tu n’as pas changé tes goût envers les glaces, Chahira. Avant aussi tu préférais les glaces au chocolat.
- Tu t’en rappelles ?
- Mais bien sûr. Je me rappelle des moindres détails de notre jeunesse.
Elle le regarde et ses yeux s’emplissent de nouveau de larmes.
- Oh, Kamel ! Que ne ferais-je pas pour retourner à cette époque et corriger mes erreurs !
- Fini ! le temps s’est chargé de tout ça, ma chère.
Elle pousse un soupir.
- Oui, le temps m’a tout pris. Ma jeunesse, mon avenir. Seuls quelques souvenirs émergent encore de ce passé qui ne repassera jamais, mais qui ne s’effacera jamais non plus de mon esprit.
- C’est certain, Chahira. Mais je pense que tu n’aurais pas dû tomber si bas et accepter ce métier de…
- Dis-le, Kamel. Dis-le. Ne crains pas les mots.
- Non, je préfère ne plus y penser, d’autant plus que je ne veux plus que tu retournes dans cette boîte.
- J’aimerais bien, mais comment ‡?
Y. H.
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5 mai 2012 à 11:48
51eme partie
Peut-être est-ce mon air craintif qui me faisait sortir du lot… Il est vrai qu’ailleurs je faisais ce métier. Mais c’était plutôt dans des boîtes de luxe, où on devait porter des tenues taillées sur mesure et être coiffées et maquillées comme des poupées. Mais dans ce jardin, seules quelques femmes avaient les lèvres colorées et les cheveux teints et retenues. D’autres n’avait presque rien sur leur corps qu’une djellaba et un foulard sur la tête. Celles-là étaient les plus malheureuses. La plupart d’entre elles étaient vieilles, mais tentaient de vendre encore du charme pour nourrir leur famille. Tu ne peux pas savoir à quel point elles m’avaient fait de la peine à moi qui déjà faisais peine à voir. L’une d’elles vint s’asseoir à côté de moi et prenant sa tête entre ses mains, elle se mit à pleurer. Je la regardais un moment, comprenant sa peine. Elle n’était plus toute jeune, et les hommes rodaient plutôt vers celles qui sont encore potables. Mon cœur ne résista pas au spectacle de cette femme effondrée. Je m’approchais d’elle et lui tendit les quelques pièces de monnaie qui me restaient.
Elle relève sa tête et me regarde avec des yeux étonnés.
- Tu devrais rentrer chez toi, lui dis-je… Il n’y a rien d’intéressant pour ce soir. Mais avec ces quelques pièces tu pourras t’acheter du pain et un sachet de lait pour tes enfants.
Elle se lève et m’embrasse. Puis prenant l’argent, elle s’éloigne en traînant le pas, le fardeau de toute la misère du monde sur le dos.
Je demeurais un moment interdite. Ah ! comme la vie est cruelle avec certains, alors que les autres se la coulent douce.
Un homme s’approche de moi. Il me toise un moment puis remarquant que je n’étais ni maquillée, ni habillée comme les autres, il me propose :
- Veux-tu travailler pour moi ?
Le mot travail résonne un moment à mes oreilles. Je lui jette un coup d’œil et remarque ses dents en or et le gros cigare qu’il avait entre les doigts. Cet homme doit être le patron d’une boîte. Il est là sûrement pour récolter du gibier bon marché pour son établissement.
Dans l’état où j’étais, et n’ayant ni gîte ni couvert, ni personne vers qui me tourner, je regardais l’homme en silence un moment avant de lancer :
- Quel genre de travail…. ?
- Ah ! madame me demande quel genre de travail je lui propose, me dit-il ironiquement. Mais ma foi, vous ne croyez tout de même pas que je vais vous donner un travail que vous ne saurez pas maîtriser.
- Pourquoi donc. Je sais lire, écrire, j’ai un diplôme universitaire et je sais faire le ménage et la cuisine.
- Aussi jeune et jolie que vous êtes, vous serez mieux dans les salons. Je ne vois pas d’autres initiatives…
- Bien, dis-je. Vous avez donc un salon ?
- J’en ai plusieurs. Mais je vous emmènerais d’abord sur la côte. Il est mieux situé et vous serez plus à l’aise avec de bons clients. Bien sûr, vous serez prise en charge au début, mais après il faudra vous débrouiller.
- Je serais bien payée… ?
- Tout dépendra de votre rendement. Si vous vous conduisez bien, il n’y aura aucun problème. Nous irons jusqu’à signer un contrat d’engagement.
- Un contrat ?
- Oui, vous signerez un contrat d’engagement avec l’établissement, comme ça vous serez assurée et engagée en bonne et due forme. Je n’ai pas envie d’avoir des problèmes avec la loi.
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5 mai 2012 à 11:48
52eme partie
Craignant de dévoiler mon identité, et comme je n’avais plus aucun papier sur moi, j’ai dit à l’homme, que je venais de me faire voler mon sac avec toute ma paperasse. Il hausse les épaules, et se contente de dire :
- Nous allons arranger ça aussi.
- Comment donc ?
- Laissez-moi m’en occuper et acceptez de me suivre, vous ne le regretterez pas.
J’hésitais encore un peu et l’homme commence à s’énerver.
- Vous préférez rester sur ce banc à attendre qu’une âme charitable daigne vous donner un bout de pain ?
- Non. Mais c’est que je ne vous connais même pas.
- Les autres me connaissent. Toutes ces femmes que vous voyez ici rêvent de travailler chez moi. Pour la simple raison qu’elles seront en sécurité, et en plus d’autres avantages matériels, bien payées et prises en charge totale.
Je regardais encore l’homme. Il ne paraissait pas plaisanter. Au contraire, on devinait aisément qu’il avait l’habitude de se faire obéir au doigt et à l’œil.
- Allez, décidez-vous, jeune dame, sinon, je serais forcé de vous laisser là au gré du hasard.
La nuit était fraîche et mon corps endolori me faisait souffrir. Mon estomac était noué et le bout de pain que je venais d’avaler n’était pas du tout suffisant pour un organisme aussi affamé que le mien. Je n’avais pratiquement rien avalé depuis deux jours.
Je me levais et suivis l’homme qui, tout content, me prit par la main et me montra un véhicule garé non loin de là.
- Mon chauffeur m’attend là. Nous allons partir tout de suite. Vous allez apprécier mon hôtel-restaurant sur la côte.
Il me fit monter dans le véhicule flambant neuf. Je fus tout de même heureuse de me sentir au chaud et à l’abri des agressions. L’homme s’installe sur le siège avant et donne des instructions au chauffeur qui démarre sans plus attendre.
Une petite heure plus tard, nous arrivâmes à l’hôtel. Le patron m’introduit par la porte de service, et des échos de voix et de musique me parvinrent du grand salon.
- Voilà, jeune dame. Vous allez commencer à travailler avec nous dès demain. Pour ce soir, c’est relax. Je vais vous montrer votre chambre et vous faire monter un plateau pour le dîner.
Puis jetant un coup d’œil à me tenue toute fripée, il me toise un moment avant de rajouter :
- Il vous faut des tenues, ma petite. Dès demain matin, je vais charger quelqu’un de vous ramener quelques-unes de nos robes de soirée que vous allez essayer. Oh ! ne vous en faites pas, nous en avons pour toutes les tailles et pour tous les goûts. Même chose pour les chaussures. Et puis, je vais vous demander aussi d’apprendre à vous maquiller comme les autres. Un maquillage spécial, vous comprenez ?
Si je comprenais, moi, qui avais déjà vécu toute cette misère ailleurs ! Je hochais la tête d’un signe affirmatif.
- Bien. Alors, nous voici arrivée devant votre chambre.
Il ouvrit une chambre avec une clef et donna la lumière :
- Vous avez tout ce qu’il faut là-dedans. Une salle de bain, un grand lit, une coiffeuse, une armoire, et même une table de nuit. On est gâté, hein, ma petite ?
Il me donne une tape dans le dos :
- S’il vous manque quelque chose, vous n’aurez qu’à le signaler. Dès demain je m’occuperais de toute la paperasse requise. Au fait, vous vous appelez ?
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5 mai 2012 à 11:49
53eme partie
Je ne voulais donner ni mon vrai prénom ni mon vrai nom, déjà que ma famille avait eu honte de ma conduite. Alors, sans savoir pourquoi je lançais Houria, Houria D.
- Bon, je vais noter ça tout de suite. Mais pour le travail, il vous faut un autre nom. Un nom plus romantique. Que dites-vous de Myriam ?
Je haussais les épaules :
- Peu importe, monsieur.
- Alors vous travaillerez désormais sous le pseudonyme de Myriam. Mais sur les papiers vous serez, bien entendu, Houria D. Je vais m’occuper de vous établir une carte d’identité.
L’homme sortit en me laissant seule dans cette grande pièce qui me parut assez confortable. Je compris tout de suite que c’était là que je devais aussi recevoir certains clients “particuliers” et surtout des personnes “respectables” qui n’aimaient pas trop la foule.
Ce soir-là j’étais déjà trop fatiguée pour penser à quoi que ce soit. On me fait monter mon dîner et je fus contente de pouvoir avaler quelque chose de chaud et de consistant.
Je m’affalais ensuite toute habillée sur mon lit et ne me réveillais qu’au petit matin. Une femme vint frapper à ma porte et me remit un plein sac de vêtement de toutes les tailles.
- Vous prenez ce qui vous va et le reste vous le remettez dans le sac, me dit-elle avant de s’en aller.
Je vidais le contenu sur le grand lit et découvrais des robes de soirée et des chaussures.
J’essayais une ou deux robes au décolleté profond et aux paillettes brillantes, puis deux ou trois paires de chaussures. Les robes m’allaient bien. J’avais perdu un peu de poids et ma silhouette élancée me permettait de porter n’importe quelle tenue.
Je me contemplais un moment dans la glace et fut contente de mon reflet. Me voici donc dotée de deux robes de “travail” et de trois paires de chaussures.
La dame revint récupérer le sac et je descendis au rez-de-chaussée pour le petit-déjeuner. Là je rencontrais d’autres femmes qui, tout comme moi, venaient d’être recrutées. Quelques-unes étaient là depuis plusieurs jours déjà et se permettaient quelques commentaires sur les soirées. Les unes trouvaient les clients trop entreprenants, les autres plutôt gentils et généreux. À chacune sa chance. Et moi, que vais-je devenir dans ces lieux où l’alcool et l’argent coulaient à flot chaque soir ? Une des filles me regarde un moment, puis me lance :
- Tu es belle, toi. D’où sors-tu donc ?
Je répondis sans trop réfléchir :
- De nulle part.
Les filles se mettent à rire :
- Laisse-là donc tranquille Nicette, lance une femme un peu plus âgée, ne vois-tu pas donc que c’est une bleue.
On rit encore et on me lance des boutades du genre : – Tu feras fureur. Les vieux messieurs aiment la chair fraîche !
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5 mai 2012 à 11:49
54eme partie
Je tressaillis, me rappelant tout d’un coup, que j’étais là pour un travail. Un travail qui n’avait rien de reposant. Nous étions à la merci de n’importe qui, n’importe quand.
La femme reprend :
- Il ne faut pas avoir peur. Tu t’appelles comment ma petite ?
J’hésitais, puis lançais :
- Le patron m’appelle Myriam.
- Joli prénom. Cela te va bien.
- Je…. je ne sais pas comment vous travaillez. Est-ce que tous les soirs vous descendez au salon ?
Elles se regardèrent, puis la même femme me répond :
- On t’a rien dit, hein ?
- Non. Pas encore. Je dois voir le patron aujourd’hui.
- Eh, bien ma petite, c’est à lui de décider pour toi. Tu vas avoir ton emploi du temps comme nous toutes.
- Cela veut dire ?
- Cela veut dire que tu travailleras les jours de semaine qu’il jugera nécessaire de t’affecter. Sinon, quand tu seras plus ancienne, il te réservera pour les week-ends spéciaux et certaines occasions officielles.
Je ne comprenais pas grand-chose à ce qu’elle racontait, mais une chose était certaine, je ne pouvais plus faire marche arrière. J’étais coincée dans cette boîte désormais, et même sans cela, je n’avais pas le choix. Je n’avais aucun papier sur moi, ni personne chez qui me rendre. Alors je n’avais qu’à me tenir tranquille et à recevoir docilement les ordres du “colosse”, comme on l’appelait dans ce milieu. Et c’est comme ça, Kamel, que je devins Myriam. Avec une fausse carte d’identité où est mentionné le nom de Houria D. J’ai, bien entendu, signé un contrat d’engagement, et je me suis soumise à tous les ordres reçus. Comme je ne suis plus une bleue, nous avons décidé moi et deux autres filles de louer un appartement loin de hôtel et de cohabiter. Cela nous permettait de ne pas être dérangées à tout moment. Quand nous avons des journées libres, nous profitons pour nous reposer, nous laver et faire le ménage. Mais je pense qu’avec un peu de chance, et les quelques économies que j’ai pu mettre de côté, je vais partir loin d’ici.
- Où ça ? demande Kamel.
- Je ne sais pas encore. Peut-être dans l’Ouest.
- Pourquoi ne tentes-tu pas de renouer avec ta famille ? Après tout, ton père et ta mère ne vont pas te renier, tu es leur fille.
Chahira pousse un long soupir :
- Mon père et ma mère… Ah ! Kamel, je leur ai fait tant de mal que j’ai honte de me rappeler leur existence. Mes pauvres parents ont trimé dur pour me donner une bonne éducation et m’instruire, et voilà que je deviens la fille indigne et ingrate, qui est partie sans prévenir et qui a fini en tôle.
- Savent-ils que tu es rentrée ?
- Non, je ne le pense pas. Je n’ai pas eu de leurs nouvelles depuis des années. Je crois qu’ils se sont installés à Blida.
- Pourquoi ne cherches-tu pas après eux. Eux seuls peuvent t’aider à sortir de ce gouffre où tu t’ai enroulée.
- Voudront-ils encore de moi ?
- Essaye. Tu n’as rien à perdre en les contactant.
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5 mai 2012 à 11:50
55eme partie
Chahira s’étire. La nuit était très avancée, et il ne restait plus sur la terrasse qu’un couple et deux ou trois clients.
- Tu ne peux pas comprendre, Kamel. Je ne pourrais plus jamais me montrer devant mes parents. J’ai honte de moi-même. Je suis une moins que rien.
Kamel baisse la tête. Il comprenait la situation mais ne pouvait rien faire. Pour cette soirée, Chahira avait pu fuir le salon et les clients. Mais pour le lendemain, et les autres jours, elle sera obligée de se retrouver encore une fois devant la réalité des choses.
Kamel sent un pincement au cœur. Non, il refuse de la laisser mourir comme ça à petit feu. L’alcool, le tabac et tout le reste finiront par avoir raison d’elle. Dans une année ou deux elle ne sera plus qu’une loque à jeter aux chiens.
- Tu veux rentrer Chahira ?
- Oui, si tu ne vois pas d’inconvénient.
- Je ne veux pas que tu retournes au salon. Je préfère que tu rentres directement chez toi.
- Mais…
- J’ai payé le patron pour toute la nuit. C’est clair, non ?
- Ah, j’avais oublié.
Elle prend une cigarette dans son sac et s’apprête à l’allumer. Kamel la lui retire des mains.
- Pourquoi me prends-tu la cigarette ? Tu veux fumer ?
- Non. Je ne veux plus que tu fumes, ni que tu boives non plus. Te rends-tu compte, Chahira, que tu es en train d’user ta santé ?
Elle hausse les épaules :
- Au point où j’en suis, je n’ai plus rien à perdre.
- Si, tu as à perdre. Et beaucoup même. Regarde-toi un peu dans le miroir, pour voir à quoi tu ressembles. Tu as vieilli avant l’âge. Et tes dents, pourquoi les laisse-tu comme ça ?
- Je n’ai pas les moyens de payer un dentiste.
- Et ton patron ? Tu lui rapportes bien, non ? Pourquoi ne fait-il rien pour t’aider ?
- Le patron ne regarde que l’argent. Tant que les clients ne me repoussent pas encore, je peux toujours servir. Tu comprends ? Le reste lui importe peu.
- Alors, débrouille-toi pour résilier ton contrat, et retire-toi complètement de ce milieu pourri.
- Pour aller où ?
- N’importe où. Mais je t’en supplie ne reste pas dans ce milieu, Chahira.
La jeune femme est désemparée.
- Il ne voudra jamais résilier le contrat.
- Il le fera, si tu sais te montrer ferme. Menace-le de déposer plainte pour avoir fait venir des filles mineures dans cet établissement.
- C’est une bonne idée, mais il connaît des gens haut placés et pourrait toujours s’en sortir.
- On s’en fout, s’il s’en sort ou pas, mais toi, tu dois quitter ce milieu.
- Mais que veux-tu que je fasse si je quitte ce travail, Kamel ?
- Tu appelles ça un travail ?
- Mais je vais crever de faim et mourir de froid dans la rue.
- Je préfère plutôt ça que ce que tu qualifies de “travail”. Ecoute, Chahira, je ne te promets rien, mais je vais faire tout mon possible pour te faire sortir de là et te dénicher un boulot honnête.
- Tu feras ça pour moi, Kamel ?
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5 mai 2012 à 11:50
56eme partie
Le jeune homme hoche la tête :
- Je vais tenter de faire mon possible pour ne plus te voir dans ce milieu.
- Mais j’ai une fausse carte d’identité et un casier judiciaire…
- Je sais, mais là n’est pas la priorité. Il faut tout d’abord trouver le moyen de te faire quitter la boîte. J’ai une idée.
- Je t’écoute…
- As-tu des affaires personnelles à récupérer ?
- Oui, des vêtements et un peu d’argent.
- Alors, nous allons récupérer tout ça et tout de suite.
- Mais, comment…
- Je t’ai bien prévenu que j’ai payée pour te garder avec moi toute la nuit. Alors passe par la porte de service et récupère tes affaires sans trop te faire remarquer.
- Ensuite ?
- Fais ce que je te dis. Ensuite, on verra bien.
- Mais où veux-tu m’emmener, Kamel ?
- N’importe où. Mais loin de tout ça.
La jeune femme se lève. Elle avait meilleure mine qu’à son arrivée et semble avoir quelque peu repris confiance en elle.
- D’accord, Kamel. Je suivrai tes suggestions.
Ils sortent du restaurant et Kamel roule un moment sur la route avant de s’arrêter.
- Pourquoi t’arrêtes-tu ?
- Il m’a semblé avoir vu un homme allongé en bordure de route.
- Où ça ?
- Nous l’avons dépassé, mais avec une petite marche arrière je pense pouvoir le repérer. Peut-être a-t-il besoin d’aide ?
Kamel recule de quelques mètres et remarque une forme recroquevillée au bord de la route.
Il descend du véhicule et s’approche de l’homme qui semblait inconscient, mais à son approche Kamel entend des gémissements.
Il s’agenouille devant le corps et n’eut aucun mal à reconnaître le patron de l’établissement pour lequel travaille Chahira.
L’homme semble avoir été agressé et un filet de sang sortait de sa bouche.
Kamel s’empresse de prendre son portable pour appeler les secours et la police.
Il revint vers Chahira et lui rapporte les faits :
- Mon Dieu ! s’écrie cette dernière, c’est sûrement un règlement de compte. Cela arrive souvent dans ce milieu.
- Mais que faisait-il donc à cette heure-ci sur la route ?
- Tu n’as rien compris, Kamel. Souvent, des parties de jeux de hasard sont organisées au niveau de l’établissement, et les joueurs veillent très tard, parfois jusqu’au matin. Le patron prend un large pourcentage avec les gagnants et provoque ainsi souvent des rixes entre eux. Cette fois-ci l’un de ces joueurs a dû mal digérer la chose, et l’a entraîné avec lui pour lui remettre son argent, mais au lieu de cela, il l’a agressé, le laissant pour mort au bord de la route.
Kamel secoue la tête
- À ce point ?
- Oh ! tu ne connais rien à cette situation, Kamel. Ces joueurs sont capables de tout. Pour eux, seul le gros gain compte. Et le patron n’a d’yeux que pour ça !
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5 mai 2012 à 11:51
57eme partie
On entendait la sirène d’une ambulance au loin, et en quelques minutes le véhicule sanitaire est là. Un autre véhicule, de police, cette fois-ci, arrive à son tour. Kamel est interrogé alors qu’on évacuait le blessé.
Il était déjà 4h00 du matin, quand tout fut réglé. Kamel remonte dans le véhicule et Chahira lui demande :
- Que compte faire la police ?
- Une enquête sera ouverte pour déterminer les causes de l’agression et arrêter les auteurs. D’ailleurs ton patron ne semble pas trop mal au point. Mais on doit l’opérer dans l’immédiat pour arrêter une hémorragie interne due aux multiples coups de couteau reçus.
- Il va s’en sortir alors ?
- Oui, d’après le médecin, et cela va faciliter les choses, puisque il est seul à connaître ses agresseurs.
- Quelle tragédie, mon Dieu !
- Eh bien, cela te permet de découvrir davantage les aléas de ce “métier pourri” que tu exerces.
Chahira baisse les yeux et Kamel reprend :
- Je n’ai pas changé mes plans. Tu vas récupérer illico presto tes affaires et quitter définitivement cette boîte. Je me chargerais du reste.
- Oui, bien sûr Kamel. Mais mes papiers sont toujours chez le patron.
- Quels papiers ? Une carte d’identité falsifiée et un contrat qui t’engage à travailler pour lui moyennant un pourcentage sur tout ce que tu gagnes. De ça aussi je vais m’en charger. J’ai un ami avocat qui va trouver une solution à toute cette comédie.
Chahira acquiesce de la tête et comme Kamel contournait le parking devant l’hôtel pour trouver où garer, un colosse sorti on ne sait d’où s’approche d’eux.
- L’établissement est fermé. La police est venue et a fait évacuer tous les clients. Vous ne pourrez pas entrer.
Chahira se penche par la fenêtre et lance :
- Moi je travaille ici, je dois monter dans ma chambre récupérer mon porte-feuille.
L’homme la dévisage un instant, ne comprenant rien à la situation. D’autant plus que Chahira sans maquillage, ni tenue extravagante, passerait plutôt pour une femme respectable.
Kamel descendit du véhicule et s’approche de l’homme :
- Nous sommes partis d’ici en début de soirée. J’ai payé pour garder cette femme auprès de moi toute la nuit. Elle n’est revenue que pour récupérer des affaires dans sa chambre.
Le colosse hésitait encore, mais finit par accepter à condition d’accompagner lui-même la jeune femme.
- Je dois vous accompagner. Toutes les filles sont parties. Il ne reste que la femme de ménage et le réceptionniste, qui de leur côté ne tarderont pas à partir. Il paraît qu’il y a eu une sale affaire durant la soirée. Je ne sais pas de quoi il s’agit, mais le patron a été agressé, et avant cela, une rixe avait éclaté entre les joueurs dans le grand salon.
- Je ne vais pas tarder, répondit Chahira. Vous pouvez m’accompagner et mon ami m’attendra ici même.
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5 mai 2012 à 11:51
58eme partie
Quelques instants plus tard, Chahira revint avec un petit sac contenant ses affaires personnelles.
- Voilà. Lance-t-elle à l’intention de Kamel, c’est tout ce que j’ai gardé dans cette chambre. Quelques tenues et des photos personnelles.
- Bien… Alors, ne tardons plus sur ces lieux de malheur. Allez monte et allons-nous-en.
La jeune femme ne se le fait pas répéter. Elle avait hâte de quitter définitivement et l’établissement et son milieu pourri. Son patron, va peut-être lui pardonner sa fugue après son rétablissement, en apprenant que c’est grâce à Kamel qu’il a été sauvé. Elle n’en doute pas. Et Kamel va sûrement faire jouer cet atout de taille pour lui faciliter les choses et la libérer complètement de son emprise.
Le jour se levait. Kamel conduisait sur une route déserte. Ils ne tardèrent pas à arriver en ville.
- Où m’emmènes-tu , Kamel ?
- Pour le moment je vais te louer une chambre dans un hôtel respectable tenu par un ancien ami d’enfance. Après, nous verrons comment les choses vont évoluer.
Chahira avait honte d’elle-même :
- Je suis désolée de te causer autant de tracas, Kamel. Moi l’ingrate, qui t’ai fait souffrir et qui t’ai laissé tomber pour un vaurien.
- On ne parle plus du passé, Chahira. Fais-moi plaisir et oublie tout ça.
- Je ne sais comment te remercier.
- En m’écoutant et en exécutant mes ordres, lui répondit-il d’un ton ferme.
- Oui, bien sûr.
- Alors, toi, tu vas te reposer. Plus d’alcool, ni de cigarettes pour commencer.
Chahira rougit. Elle avait honte d’elle-même maintenant :
- C’est promis, Kamel, je ne toucherais plus ni à l’un, ni à l’autre.
- Bien. Après les heures de travail, je viendrais te récupérer pour que nous nous rendions chez mon ami l’avocat à qui tu vas tout raconter.
- Aucune objection, je ferais ce que tu m’ordonneras de faire.
- Bien. Plus tard, tu iras récupérer aussi tes affaires dans cet appartement où tu loges.
- Et ma voiture ? Elle est toujours au niveau de cet hôtel. Je l’ai complètement oubliée.
- Ne crains rien. La police va venir interroger tout le personnel. Tu appelleras tes “collègues” pour leur dire que tu ne t’es pas enfuie. Alors si la police cherche après toi, elle saura où tu es.
- Oh ! là ! là ! Quelle sale affaire !
- Tu peux le dire, mais enfin, je pense que tu vas réussir à relever le défi.
- Je le relèverais, Kamel. Ça aussi je te le promets.
- Alors tu t’en sortiras une fois pour toute.
- Mais que vais-je devenir, Kamel. Je n’ai rien qui me permettrait de trouver un travail honnête.
- Tu oublies tes diplômes et ton instruction.
- Mais je n’ai plus aucun papier sur moi.
- L’avocat se chargera de tout.
Ils arrivèrent devant un petit hôtel du centre-ville, et Kamel précède Chahira à l’intérieur.
- Je connais le patron de cet hôtel, c’est un ami d’enfance. Je sais qu’il ne fera aucune objection pour te loger pendant quelques jours. Dès ce soir, nous verrons avec l’avocat ce qu’il y a lieu de faire pour régulariser ta situation.
Chahira suivit Kamel à l’intérieur de l’hôtel qui sentait la peinture fraîche et dont le décor sérieux plut tout de suite à la jeune femme.
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5 mai 2012 à 11:53
59eme partie
Pendant que Chahira prenait place dans l’un des fauteuils du salon, Kamel se dirige vers la réception pour demander après son ami. Ce dernier, qui n’était pas loin de là, ne tarde pas à faire son apparition, et les deux amis tombèrent dans les bras l’un de l’autre sous le regard attendri de Chahira.
Le premier moment d’émotion passé, Kamel raconte à son ami l’histoire de Chahira et en quelques bribes, il plaide sa cause et son manque de chance. Il lui demande en fin de compte s’il ne pourrait pas la loger pour quelques jours.
Malek, le patron de l’hôtel, est présenté à la jeune femme. Il lut la détresse au fond de ses yeux, et comprit tout de suite que Kamel avait raison sur tous les points.
- Il n’y aura aucun problème à la loger pour quelques jours chez nous, dit-il, mais faute de papiers, il faut qu’on trouve vite une solution à sa situation. Mieux encore, je peux lui proposer un travail honnête au sein de mon établissement. Comme j’ai besoin d’une secrétaire et d’une réceptionniste, elle n’aura qu’à choisir entre les deux postes.
Chahira fondit en larmes. Elle ne croyait pas encore à sa chance d’avoir rencontré Kamel, qui en une seule nuit avait su bouleverser son existence.
- Je ferais tout ce qui est en mon pouvoir pour me ranger et devenir une femme respectable. Je ne lésinerais sur aucun effort pour me lancer dans un travail honnête et loin de ce milieu pourri dans lequel j’ai évolué jusqu’à ce jour.
- Très bien, répondit Malek. Pour le moment, je vais vous donner une chambre au premier étage et vous allez tout d’abord vous reposer. Nous reprendrons notre conversation ce soir, quand Kamel rentrera de son travail.
- Oui, mais avant cela, nous irons tout d’abord chez son avocat. Il faut que Chahira régularise sa situation administrative, lance Kamel
- Bien. Donc je n’ai qu’à patienter. En tout les cas, Kamel, tu peux compter sur ma discrétion.
- J’y compte bien Malek sinon à quoi servent les amis ?
- Les amis ? Mais mon cher, nous sommes plus frères qu’amis, tu oublies donc notre quartier et les jeux qu’on partageait ?
- Oh non, je n’ai rien oublié de tout cela. Et je crois que j’ai été bien inspiré de venir te retrouver.
- Je t’en aurais voulu à mort, si tu n’étais pas venu demander l’aide de ton ami d’enfance. Chahira sera en sécurité chez moi.
- Je te remercie infiniment. À ce soir donc.
- C’est ça. Et vous, jeune dame, montez vite au premier étage. La femme de ménage va vous conduire à votre chambre. Vous aurez tout le loisir de prendre un bain et de vous reposer. Je vous ferais monter votre petit-déjeuner dans un moment.
- Merci… merci.
Chahira avait le visage baigné de larmes.
- Je crois que Dieu a entendu mes prières. Je voulais tant changer de milieu et même changer de vie.
- Nous nous chargerons de cela ma petite. Pour le moment montez vous reposer.
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5 mai 2012 à 11:54
60eme partie
Chahira prend ses affaires et monte au premier étage, où une femme de ménage l’oriente vers une chambre déjà prête à l’accueillir. Chahira s’assoit sur son lit et se remet à pleurer. Elle avait eu beaucoup de chance de rencontrer Kamel. On dirait que le destin s’est amusé à les séparer, puis à les faire se rencontrer de nouveau. Entre temps, beaucoup d’eau avait coulé sous les ponts. Elle repense à ses parents, qui doivent être bien vieux maintenant. À ses frères et sœurs, qui doivent être mariés et casés chacun à sa manière. Et elle ? Qu’est-elle devenue ? Elle se remet à pleurer. Puis elle se lève et se dirige vers la salle de bain pour contempler son visage dans la glace au-dessus du lavabo.Elle remarque les profondes cernes sous ses yeux, et les marques du temps sur son visage. L’alcool, la cigarette, les longues soirées qui n’en finissaient pas, et toutes les humiliations qu’elle avait subies ont fait leur œuvre et elle se retrouve à même pas 40 ans, déjà vieille et prête à être jetée dans une auberge.Elle défait ses cheveux dont la couleur rouge passion faisait plutôt vulgaire.
“Je devrais les couper plus courts et effacer définitivement cette couleur qui me donne un air sévère et me vieillit.”
Pour se donner plus de contenance, elle se décide à prendre un bain, puis enfile une robe d’intérieur et se met au lit. Une femme vient déposer le plateau du petit-déjeuner sur sa table de nuit.
Elle se verse une tasse de café et se met à beurrer une tartine.
Puis une fois son appétit rassasié, elle eu envie d’une cigarette, mais se rappelle tout d’un coup sa promesse.
Plus jamais… Fini tout ça. Plus de cigarette, ni d’alcool. Ces deux poisons, ont fait d’elle une loque ambulante et ont englouti sa jeunesse.
Fatiguée par les derniers évènements, elle ne tarde pas à plonger dans un long et profond sommeil.
La journée passe très vite, et quand elle se réveille, Chahira sera tout d’abord surprise de se retrouver dans des lieux encore inconnus. Puis la mémoire lui revient, et elle se rappelle les évènements de la veille. Elle se lève, fait sa toilette et se change avant de se demander si elle devrait descendre au salon pour attendre Kamel, ou bien rester dans sa chambre jusqu’à la venue de ce dernier.La sonnerie du téléphone la tire de ses réflexions, et au bout du fil Kamel lui apprend qu’il avait pris les devants et qu’il avait déjà réglé certains problèmes avec son avocat.Chahira est émue. Elle ne savait pas quoi répondre, mais demande à Kamel de passer la récupérer afin de discuter de tout ce qui pourrait concerner sa situation.
En fin de journée, Kamel vient la chercher. Il déambulèrent un moment en ville, puis se rendirent chez l’avocat en question afin d’éclaircir certaines affaires.
Chahira subira un véritable questionnaire de circonstance. Elle dû répondre à des questions d’ordre personnel et avouer avoir été victime d’une machination machiavélique et accusée de trafic de drogue. S’ensuivra son séjour en prison, et son expulsion.
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5 mai 2012 à 11:57
61eme partie
L’avocat prenait inlassablement des notes. Et en fin de parcours, il estime avoir eu tous les renseignements nécessaires pour régulariser la situation de Chahira et lui permettre de trouver un travail honnête.La jeune femme sera reconduite par Kamel à l’hôtel, où ils dînèrent ensemble, et ce denier lui promettra de venir la chercher le lendemain pour la présenter à sa future femme.
Chahira se mordit les lèvres jusqu’au sang.
- Tu vas te marier Kamel… ?
- Oui.
- Qui est l’heureuse élue ?
- Une collègue de travail.
- On peut dire qu’elle a de la chance celle- là.
Kamel hoche la tête d’un air indifférent :
- Si tu veux. Mais Zahira est une fille que je connais depuis à peine une année. C’est une fille de bonne famille, qui n’a consenti à donner une réponse définitive à ma proposition de mariage qu’aujourd’hui même.
Chahira sentit les larmes ruisselaient sur ses joues et Kamel lui tendit un mouchoir :
- Cesse de pleurer Chahira… Je crois que tu es déjà loin de la misère dans laquelle tu as vécue jusque-là.
- Grâce à toi Kamel. Après toutes ces misères…
- Oublions le passé. Une fois tes papiers d’identité en poche tu pourras commencer à travailler dans cet hôtel. Tu auras en plus de ton salaire, le gîte et le couvert. Qui dit mieux pour une femme qui jusque-là n’a connu que l’humiliation ?
- Je ne pourrais espérer mieux Kamel. Et je ne sais comment te remercier.
- En assistant à mon mariage.
- Qui aura lieu quand… ?
- Dans deux mois au plus tard. Je ne suis plus aussi jeune, tu sais…
Ils rirent :
- Et moi donc ?
- Eh bien tu pourrais encore passer pour une jeunette, si u t’occupais un peu de tes dents, et de ton apparence.
Chahira passe la main dans ses cheveux avant de répondre :
- Dès demain j’irai me coiffer, et changer la couleur de mes cheveux. Je vais aussi prendre rendez-vous chez un bon dentiste pour réparer les dégâts de ma dentition, et puis je te promets de me tenir loin de toute fréquentation douteuse.
- Je crois en ta promesse. Je pense que tu as bien assimilé la leçon.
- Oh ! Que de leçons m’a-t-on servies depuis notre rupture ! Oh ! Kamel. J’ai brisé ma vie.
- Peut-être qu’il n’est pas trop tard pour tout reprendre à zéro. Tu devrais en premier lieu essayer de reprendre contact avec tes parents et ta famille. Je t’aiderai à les retrouver. Et quand ils sauront que tu travailles dans un établissement sérieux, et que tu as repris une vie normale, je suis certain qu’ils n’hésiteront pas à renouer avec toi. Après tout tu es leur fille.
- Tu crois Kamel ? Tu crois que mes parents accepteront de me recevoir et de renouer avec moi ?
- J’en suis même certain.
- Oh Kamel, tu m’encourages à faire le pas vers une nouvelle vie.
- Oui. Et je t’y contraindrais même… Chahira, tu as payé et chèrement payé tes caprices de jeune écervelée. Tu as vu où t’a menée ton entêtement… Alors maintenant, je crois que tu as déjà bu la coupe jusqu’à la lie, et que désormais tu sauras réfléchir à deux fois plutôt qu’une avant d’en tamer quoi que ce soit.
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5 mai 2012 à 11:57
62eme partie
Chahira pousse un long soupir :- Oui, je pense que j’ai assimilé mes erreurs passées et dorénavant je saurais à quoi m’en tenir. Je te promets, Kamel, de mener une vie honnête et paisible. Les démons du passé ne seront plus qu’un mauvais souvenir.
- Très bien. Je crois que je n’ai plus rien à t’apprendre. Tu commenceras à travailler comme secrétaire dès cette semaine. Malek me l’a confirmé. Il a besoin d’une secrétaire et surtout d’une secrétaire d’un certain niveau d’instruction, ce qui ne posera aucun problème pour toi.
- Je suis à sa disposition. Je ne sais vraiment pas comment…
- Ne dit plus rien, Chahira. Oublions le passé et ouvrons une nouvelle page. Ta vie changera j’en suis certain. Qui sait, peut-être rencontreras-tu un jour l’âme sœur ?
Chahira baisse les yeux avant de répondre :
- Après toutes les bêtises que j’ai faites, tu crois que je vais pouvoir me caser un jour ? Me marier et avoir des enfants comme je l’ai toujours souhaité ?
- Et pourquoi pas ?
Elle se remet à pleurer puis se mouche avant de lancer :
- Je ne veux plus rêver, mais je te fais le serment devant Dieu que, désormais, ma vie va changer. Tu n’auras plus à avoir honte de moi, Kamel. Je sais que je t’ai blessé et profondément blessé, mais j’ai chèrement payé mon inconscience.
- Très bien. Cesse de pleurer maintenant et monte te reposer. Demain, je te présenterai Zahira.
- Zahira ?
- Oui, ma fiancée.
- Ah ! Elle s’appelle Zahira. Est-elle aussi belle que son prénom ?
- Oui, elle est très mignonne.
- Et tu l’aimes, Kamel ?
Le jeune homme hésite avant de répondre :
- Oui. Enfin, disons qu’elle me plaît beaucoup. Et je commence à ressentir de profonds sentiments envers elle.
- Je te souhaite tout le bonheur du monde, mon cher ami. Et sois certain que si jamais un jour tu as besoin de quoi que ce soit que je pourrais entreprendre pour toi ou pour ta famille, je serai prête à traverser les océans pour te satisfaire.
- Je n’en doute pas. Mais, en attendant, contente-toi de t’occuper utilement et de te ranger définitivement. Dans la vie, il faut savoir faire un choix et au bon moment.
- Oui. Je l’ai très bien compris. Pour cela Kamel, je n’ai plus aucun doute.
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5 mai 2012 à 11:59
63eme partie
Quelques jours plus tard, Chahira se métamorphose. Elle s’était fait couper les cheveux très courts et avait opté pour une teinte plus douce qui la rajeunissait. Elle avait troqué ses tenues de soirée contre des tenues plus simples et plus décentes et renoncé au maquillage extravagant qui la vieillissait. Elle avait aussi suivi les conseils de Kamel pour se rendre chez un dentiste et retaper ses dents, et en un laps de temps très court, n’importe qui l’aurait vue n’aurait jamais reconnu en elle Myriam. Cette femme qui faisait partie d’un douloureux passé. Un passé sur lequel Chahira avait tiré un trait.
Son travail à plein temps dans cet hôtel respectable finira par faire d’elle une femme sérieuse et très respectée par le personnel et les clients. Mieux encore, un jour, elle rencontre un homme qui fondit en larmes en la voyant. Elle n’en avait pas cru ses yeux en reconnaissant son frère Fatseh. Ce dernier, qui était de passage dans la ville pour un travail, est tout remué. Chahira est totalement bouleversée. Elle pleure et rit en même temps et pose question sur question sans laisser le temps à son frère de répondre. En fin de compte, elle apprendra que sa famille avait cherché après elle durant de longues années. Son père et ses frères avaient appris par un voisin qui faisait souvent des déplacements en Europe que leur fille avait disparu sans laisser de traces. C’est ce même voisin qui leur avait aussi appris qu’elle avait travaillé dans des boîtes de nuit et c’est ainsi que ses parents avaient préféré quitté la ville afin de ne pas subir l’humiliation de leur entourage.
Chahira pleura toutes les larmes de son corps. Fatseh son frère lui promet de venir la chercher pour l’emmener chez ses parents. Il lui apprendra que son père était mort, mais que sa mère est encore de ce monde et vivait avec lui depuis le mariage de ses frères et sœurs.
Chahira est triste. Elle ne reverra plus son cher père. Ce père qui l’avait tant aimée et admirée alors qu’elle décrochait les meilleurs notes de l’école. Elle le pleura amèrement, avant de se rendre à l’évidence : la vie n’est qu’un passage. Un court passage pour tous les êtres humains. Elle fut tout de même heureuse d’avoir retrouvé la trace de sa propre famille, et s’y rendit avec son frère pour serrer sa mère sur son cœur et rendre visite à tous les siens. Si les retrouvailles furent douloureuses, la joie prend vite le dessus, et Chahira redevint la jeune femme heureuse qui réapprenait à rire et à plaisanter avec sa famille. Une petite fête sera même donnée en son honneur, et comme un bonheur ne vient jamais seul, un voisin qui avait assisté à la fête la demande en mariage. C’est un jeune veuf, père de deux adorables enfants, qui n’eut d’yeux que pour elle durant toute la fête.
Que demander de plus ? Chahira est si heureuse qu’elle n’eut qu’une seule pensée : Kamel.
Dans l’ivresse de sa joie, elle l’appelle pour lui apprendre la bonne nouvelle.
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5 mai 2012 à 12:00
64eme partie
Ce dernier fut très heureux d’apprendre qu’en fin de compte, la vie a commencé à sourire à cette femme qui a su reconnaître ses torts à temps pour se repêcher. Et c’est avec un cœur léger qu’il l’invita à assister à son mariage qui devrait avoir lieu dans deux semaines.
Chahira se met à rire.
- Je crois que je vais te surprendre, Moi je vais me marier le week-end prochain.
- Mais c’est dans trois jours…
- Oui. Mais de l’avis de tous, je ne devrais pas attendre une minute de plus pour embarquer dans la famille de ce brave homme qui est pratiquement fou de moi.
Kamel hésite un moment puis lance :
- Sait-il ?
- Mon histoire ? Oui, bien sûr, nous avons pris le temps de discuter et je lui ai tout avoué.
- Qu’en a-t-il, pensé ?
- Il a tout simplement répondu qu’une faute avouée est à moitié pardonnée. Et que puisque j’ai su me reprendre à temps, il ne voit aucun inconvénient à notre union.
- Oh comme je suis content pour toi Chahira !
- Moi aussi.
- Tu sais, on dit que la bonne graine reprend toujours le dessus. Tu es une bonne fille de famille Chahira. Seules les circonstances t’avaient obligée à emprunter le mauvais chemin. Grâce à Dieu, tout est bien qui finit bien. Je te souhaite bien du bonheur et te présente mes meilleurs vœux.
- À toi aussi Kamel. Euh… je crois que je vais tout de même accepter ton invitation. Je pourrais te présenter ainsi mon mari et je verrais la mariée dans toute sa splendeur.
- Bien sûr. Je compte sur ta présence et celle de ton mari. Je suis vraiment pressé de faire sa connaissance.
- Tu verras. C’est un type formidable.
- Toi aussi tu l’es…
- Hein ? Moi, je ne suis rien d’autre qu’une femme qui ne t’a jamais mérité. La preuve est là. Je t’ai raté et j’ai raté une heureuse vie avec toi.
- Je t’avais déjà demandé d’oublier le passé. N’y pense donc plus, et regarde l’avenir avec plus d’optimisme. La vie finit toujours par sourire à ceux qui savent attendre.
- Merci, mon ami. Je n’oublierai jamais tout ce que tu as entrepris pour mon bonheur.
- Sois heureuse, Chahira. C’est tout ce que je te demande.
- Toi aussi sois heureux avec Zahira. Et dis-lui qu’elle a une chance inouïe de t’avoir comme mari.
- Ah ! Ah ! Dis-le lui toi-même. Moi je n’oserais pas. Elle va me prendre pour un orgueilleux.
Chahira rit. Et pour une fois, depuis bien des années, elle se sentit légère et heureuse.Trois jours plus tard, elle rejoint son nouveau domicile et prend en charge les deux petits orphelins, qu’elle aima tout de suite comme ses propres enfants.
Bien sûr, elle assistera aussi au mariage de Kamel avec Zahira et fut un peu jalouse de cette dernière qui n’avait d’yeux que pour son mari.
Elle a raison, se dit Chahira. Elle est amoureuse d’un homme extraordinaire qui saura sûrement la combler.
La jeune femme repense à son passé et s’estime heureuse de s’en être tirée tout de même à bon compte. Elle aussi avait un mari et même des enfants. De temps à autre, l’écho du passé venait la tarauder et des remords rongeaient son cœur. Mais elle se reprenait vite, en repensant à Kamel et à tout ce qu’il avait fait pour elle. C’est grâce à son aide qu’elle se retrouve aujourd’hui loin de tout aléa et à l’abri de toute insécurité. Son mari était un brave homme qui l’aimait sans limite, et elle ne pouvait demander ni espérer plus que ce petit et paisible bonheur qu’elle partageait avec lui.Kamel et Zahira, et même Aïssa et sa femme, venaient leur rendre visite de temps à autre, et Chahira est toujours heureuse de les accueillir.
On dirait que la providence voulait effacer à tout jamais les traces de son passé et lui montrer un visage plus serein. Aujourd’hui, Chahira vit dans une ville de l’Est et personne ne pourrait reconnaître en elle la femme qu’elle avait été autrefois. Bien au contraire, ses voisins la cite en exemple pour sa conduite et son éducation. Comme quoi, parfois, il suffit de peu…
Fin
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