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La nouvelle de Adila Katia “L’inconnu…”

6 mai 2012

Adila Katia, EXTRAITS

 

Par : Adila KATIALa nouvelle de Adila Katia     “L’inconnu…” dans Adila Katia 1218_135_180

1ere partie

-Et si on allait faire les boutiques ? Peut-être trouveras-tu une robe ou un joli ensemble pour la réception que donne Hakima ?
?va regarde sa montre et secoue la tête. Elle n’a pas le temps. Elle a encore du travail.
- Désolée Feriel… Je dois trier les dossiers, les affaires non conclues, réplique-t-elle. ? la demande du grand patron !
- Si tu veux, propose son amie, je reste te tenir compagnie et on fera les boutiques après… J’appellerais ma mère pour la prévenir…
Mais ?va refuse.
- J’ignore combien de temps, je vais rester… Mais une autre fois, propose-t-elle.
- Appelle-moi quand tu seras prête !
?va lève la tête et lui lance un regard interrogateur. Elle a senti que la phrase est à double sens. Mais déjà Feriel se détourne, prête à partir.
- Quand j’aurais un moment !
- C’est ça, comme si le travail est tout dans la vie !
- Feriel, reviens !
Mais cette dernière a tiré la porte, derrière elle. ?va repousse les dossiers et s’accorde un moment de répit. Il lui arrive rarement de souffler un peu. Toute la journée, elle est là, au bureau de l’agence immobilière de son frère. Ali en possède trois. Installé depuis une dizaine d’années, à Alger, avec l’aide d’un ami, il s’est mis dans les affaires et il a un bon flair. Si bien qu’en l’espace de si peu de temps, il en ouvert deux autres. L’une à Constantine et une autre à Béjaïa. C’est elle qui assure celle-ci. Elle a deux employés, des proches de son mari.
De son défunt mari.
Elle pense à ce que lui a dit son amie Feriel. Elle faisait certainement allusion, à son veuvage. Cinq années ont passé depuis ce terrible jour où il a trouvé la mort, dans un accident de la circulation. Un camion lui est entré dedans. Le chauffeur était ivre.
Celui-ci s’en est tiré avec des fractures aux jambes mais son mari est mort, sur le coup. Il n’a pas eu le temps de réaliser. Ni même de souffrir.
- Tant mieux, dit-elle à voix haute, en regardant son portrait fait à la main, posé dans le meuble en face d’elle. Je ne l’aurais pas supporté…
Elle se rappelle de la venue des gendarmes, chez elle, en fin de journée. Ses beaux-parents et sa belle-sœur, alertés par l’affreuse nouvelle, l’avaient vite rejointe. Sans leur soutien, elle se demande ce qu’elle serait devenue.
Nadhir, avocat, était allé plaider la cause d’une victime d’un malheureux mariage. Il n’aura pas eu l’occasion de défendre ces intérêts jusqu’au bout.
- Tu me manques…
“Quand tu seras prête…”, résonne encore en elle. Son amie Feriel a l’habitude de lui envoyer des piques mais celle-là, elle l’a atteint au plus profond de son cœur.
Car même si des années ont passé depuis, elle ne s’est jamais faite à la mort de son mari. Elle a été si heureuse, avec lui qu’elle ne peut pas s’imaginer avec un autre. L’idée de refaire sa vie ne l’a jamais effleurée.
Mais maintenant qu’elle y pense, elle se rappelle que sa famille et ses amies passent leur temps à l’inviter. Soit à des fêtes, des réceptions, des sorties…
- Non, ils n’avaient pas d’autres idées, derrière la tête !
Même si c’est clair comme l’eau de roche, que leur but caché est de lui trouver un mari, elle se refuse à le concevoir.
- Ils ne peuvent pas me forcer la main…
Si tous croient qu’il est possible de tourner la page, d’oublier le bonheur perdu et de refaire sa vie, comme ça, en un claquement des doigts, ils se trompent. Car depuis un moment, elle ne vit que pour les souvenirs…

À propos de Artisan de l'ombre

Natif de Sougueur ex Trézel ,du département de Tiaret Algérie Il a suivi ses études dans la même ville et devint instit par contrainte .C’est en voyant des candides dans des classes trop exiguës que sa vocation est née en se vouant pleinement à cette noble fonction corps et âme . Très reconnaissant à ceux qui ont contribué à son épanouissement et qui ne cessera jamais de remémorer :ses parents ,Chikhaoui Fatima Zohra Belasgaa Lakhdar,Benmokhtar Aomar ,Ait Said Yahia ,Ait Mouloud Mouloud ,Ait Rached Larbi ,Mokhtari Aoued Bouasba Djilali … Créa blog sur blog afin de s’échapper à un monde qui désormais ne lui appartient pas où il ne se retrouve guère . Il retrouva vite sa passion dans son monde en miniature apportant tout son savoir pour en faire profiter ses prochains. Tenace ,il continuera à honorer ses amis ,sa ville et toutes les personnes qui ont agi positivement sur lui

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77 Réponses à “La nouvelle de Adila Katia “L’inconnu…””

  1. Artisans de l'ombre Dit :

    2iéme partie

    Comment oublier Nadhir? Tout la ramène à lui. Elle a été si heureuse, dans son mariage qu’en voyant les autres convolés, elle est sûre qu’ils connaîtront le bonheur, mais comme celui qu’elle a vécu, elle n’y croit pas. Tout en rangeant les affaires non conclues, elle se rappelle que leur première rencontre a eu lieu dans l’agence immobilière de son frère. Ce dernier venait à peine d’ouvrir et Nadhir était entré pour se renseigner. Il recherchait un petit appartement, bien situé afin d’ouvrir un cabinet. Il voulait une bonne affaire. Il était nouveau dans le métier et il était persuadé en s’associant avec un confrère, il pourrait percer et se faire connaître.Ce jour-là, ?va était là. Elle avait préparé du café et lui en avait proposé. Elle se rappelle son sourire, son doux sourire. Nadhir était brun et de taille moyenne. Il avait un charme particulier. Surtout lorsqu’il souriait…
    Il avait gagné son cœur lorsqu’il l’avait regardée.
    - Avec deux sucres ?
    - Oui…
    Elle avait mis les morceaux de sucre et lui avait remis la tasse de café. Plongé dans ses yeux, il l’avait mal saisi et l’avait renversée. Sur son pantalon et la moquette…
    - Je m’excuse ! Que je suis maladroit !
    - Oui, comment vais-je la nettoyer?
    - Ne vous en faites pas, je connais nettoyant rapide et efficace, l’avait il rassurée. Je cours vous l’acheter…
    - Non, non ! Revenez…
    - ? mon retour, je veux mon appartement !
    ?va a les larmes aux yeux, en se rappelant qu’il était vite revenu, avec le produit miracle.
    Ce jour-là, même s’ils s’étaient à peine échangés quelques mots, leurs yeux avaient parlé et révélé l’attirance réciproque. Comme il n’y avait pas de petits appartements, bien situés, au premier étage comme il le souhaitait, il était forcé de revenir. ? leur joie cachée…
    Des appartements, ils lui en avaient trouvé. Fussent-ils seulement à son goût? Ou à celui de son associé qui était toujours retenu ailleurs. Si bien que c’était Nadhir qui devait les visiter. Et ?va qui lui servait de guide. Une occasion d’être ensemble, de mieux se connaître. Le contact était si bien passé entre eux que lorsqu’ils avaient conclu l’affaire, ils étaient allés déjeuner pour fêter l’évènement.
    - Tu n’as qu’un frère ?
    - Oui. Et une sœur mariée, en France. Et toi?
    - J’ai une sœur, une vraie peste, avait-il dit en riant. Je ne crois pas qu’elle puisse se marier un jour… Il faudra la supporter.
    - Comment ça?
    - Si on se marie, on l’aura toujours derrière le dos, avait-il ajouté. Mais elle peut se montrer adorable quand elle le veut !
    - Tu es en train de parler mariage?
    - Es-tu d’accord ? Veux-tu de moi, pour la vie ?
    Comment aurait-elle pu refuser ? Elle l’avait tout de suite aimé. Ils avaient convolé en justes noces quelques mois après.
    Nadhir avait tenu ses promesses de bonheur. ?va aurait voulu avoir des enfants. Au début, ils n’en avaient pas vu l’urgence. Ils avaient acheté une carcasse de villa et s’étaient mis en tête d’en faire leur maison de rêve. Elle l’est devenue. Et tout le temps occupés, ils n’avaient pas vu deux années passer. Ce n’était qu’après qu’ils avaient décidé de consulter un spécialiste. Les nouvelles qu’il leur avait données, après quelques examens approfondis, étaient sans appel.
    Ce souvenir en particulier lui donne la chaire de poule…

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  2. Artisans de l'ombre Dit :

    3iéme partie

    La nouvelle était tombée aussi vive qu’un couperet. Éva et Nadhir s’étaient regardés, se demandant s’ils avaient bien entendu.
    Le spécialiste semblait gêné. En plus de leur annoncer cette mauvaise nouvelle, il devait aussi leur dire qui des deux était stérile.
    - Non, ce n’est pas possible…
    - Les résultats prouvent que vous n’aurez jamais d’enfant, leur avait-il dit, sans joie. Les résultats le prouvent. Même en voyant un autre spécialiste, même avec d’autres examens, les résultats seront les mêmes. Hélas ! Je suis peiné pour vous… car dans votre cas de figure, c’est sans espoir !
    - Vraiment ? avait-elle demandé.
    - Oui.
    - Pourquoi on ne peut pas avoir d’enfant ?
    Éva avait attendu que son mari posa la question mais comme elle tardait à sortir de sa bouche, elle n’avait pas pu s’empêcher. Elle refusait de partir du cabinet, sans savoir qui était stérile.
    - Le dernier examen de monsieur votre mari a révélé une anospermie…
    - Ça veut dire quoi ?
    - Les spermatozoïdes sont inexistants…
    - À quoi c’est dû ? Cela peut se soigner ? Ne me dItes pas que la science ne peut pas y remédier ? avait-elle crié, prise de panique.
    - Hélas, même la science a ses limites.
    - Non, ce n’est pas possible !
    - Écoutez, je sais que cette réalité sera difficile à accepter au début. Mais c’est ainsi… On n’y peut rien.
    - Qu’est ce qu’on va faire alors ? avait-elle demandé alors que Nadhir n’avait pas ouvert la bouche une seule fois.
    - Il y a d’autres solutions.
    L’adoption ?
    Éva n’avait jamais pu imaginer qu’ils auraient tout sauf l’essentiel. Car elle avait toujours rêvé d’avoir des enfants. Leur grande villa comptait plusieurs chambres et un jardin où elle les avait souvent imaginé jouer et courir.
    Nadhir avait vite accepté la sentence du spécialiste qu’elle. Il s’y était fait. Il refusa de consulter ailleurs et d’effectuer d’autres examens. Pour lui, c’était sans appel. À quoi bon se torturer davantage ?
    Il refusait même d’en parler. Éva avait mal. Le fait de voir les voisines sortir leurs enfants, les entendre rire, pleurer ravivait sa douleur intérieur. En abordant le sujet avec sa belle-mère, elle avait espéré que celle-ci l’aiderait à convaincre Nadhir, de reprendre les examens depuis le début. Mais elle s’était mise à pleurer de chagrin. Si bien que pendant des jours et des jours, elle n’avait pas quitté le lit. Sans son soutien, elle le savait, Nadhir refuserait de l’écouter.
    - Omri, lui avait-il dit. Le jour où la solitude te pèsera, on adoptera !
    Mais ce jour ne viendra jamais. La mort l’a emporté beaucoup trop tôt. Elle ne leur a pas laissé le temps de concrétiser leurs rêves, de se rassasier l’un de l’autre. Éva est devenue amère. Ces projets sont restés inachevés. Cinq années ont passé depuis. Le temps a suspendu son cours. Même si plus rien n’est comme avant…

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  3. Artisans de l'ombre Dit :

    4iéme partie

    Éva a toujours cru que sa vie aurait été différente s’ils avaient eu la chance, d’avoir un enfant. Il aurait été le fruit de leur amour. Elle aurait eu ainsi, le souvenir en chair et en os, de son mari.
    Elle ne serait pas seule, dans la grande villa. Sa vie n’aurait pas été aussi vide.
    - C’est injuste.
    Elle sursaute lorsque le téléphone sonne. Le temps de reprendre son souffle, elle décroche.
    - Agence immobilière Étoile, bonsoir !
    - Qu’est-ce que tu fais encore là ? lui reproche son frère Ali. Tu devrais être rentrée !
    - Bonsoir toi ! Mais il me semble que tu avais demandé l’inventaire, lui rappelle-t-elle en souriant. Comment vas-tu?
    - J’irais beaucoup mieux quand tu te mettras à écouter, réplique ce dernier. Il est plus de dix-huit heures… Allez, ramasses tes affaires et rentres chez toi !
    - Bien sûr que je vais rentrer, tout de suite, dès qu’on aura raccroché, promet-elle. Comment vont papa et maman ?
    - Ça va, répond Ali. Mais si tu veux vraiment savoir comment ils vont et s’il ne leur manque rien, pourquoi ne viens-tu pas les voir ?
    - Je suis occupée, prétexte-t-elle. Et, je ne peux pas laisser la maison, sans surveillance… Une maison inoccupée tente toujours les voleurs !
    - Je suis sûr que si tu le voulais, tu trouverais quelqu’un, pour la garder, le temps d’une semaine ! Prends une semaine de congé !
    - Non, pas maintenant…
    - C’est un ordre ! Dans deux jours, je t’attends à la maison ! dit son frère.
    - Non… dans une semaine ! Je te promets d’être chez toi et de vous casser les pieds ! Comme ça, vous ne voudrez plus de moi…
    - Tu pourrais vivre avec nous que ce ne serait pas le cas.
    Le “vivre avec nous” la fait ciller des sourcils. Voyant que la conversation prenait un tournant auquel elle ne veut pas, elle lui reproche de la retenir.
    - Je croyais que je devais rentrer à la maison et maintenant tu me retiens au téléphone !
    - On se parle plus tard ! Prends bien soin de toi et rentre bien!
    Elle remercie son frère et raccroche. Elle ne rentre pas tout de suite et cette fois, elle se remet sérieusement au travail. Elle fait l’inventaire et une fois, les biens, à louer et à vendre, dans leurs chemises respectives, elle décide de fermer.
    Il est près de dix-neuf heures trente. Mais l’heure avancée l’importe peu.
    Pourquoi se presserait-elle de rentrer ? Personne ne l’attend.
    La maison de ses rêves est uniquement emplie de souvenirs.
    En ouvrant le portail, du jardin, elle ne peut s’empêcher de regarder vers la terrasse où ils avaient si souvent discuté, ri et reçu leurs familles et leurs amis.
    Le temps d’une seconde, il lui semble avoir vu une ombre. La nuit tombant ne lui facilite pas la tâche. Le temps de se retourner, il n’y a rien.
    - Je deviens folle… À force de ne penser qu’aux moments passés ensemble, je vais finir par croire qu’il est là…
    Elle se remet au volant de sa voiture et une fois à l’intérieur du garage, elle retourne fermer le portail. Elle regarde bien autour d’elle, se demandant si elle n’a pas vu une ombre ou si c’était seulement le fruit de son imagination?

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  4. Artisans de l'ombre Dit :

    5iéme partie

    De nature craintive, elle ne peut se résoudre à entrer chez elle sans avoir inspecté sa propriété. Elle ouvre et allume les lampes des balcons. La maison ainsi éclairée, elle peut faire le tour et s’assurer que personne n’est là. La main sur sa petite bombe lacrymogène, prête à asperger l’intrus, elle regarde dans les moindres recoins du jardin. Rien ne bouge et il n’y a aucune trace de passage récent. Les feuilles mortes des arbres fruitiers sont intactes. Un coup de vent les soulève et les traîne plus loin.
    Elle retourne à la maison et vérifie que les fenêtres sont toujours fermées. La porte-fenêtre du salon donnant sur la terrasse est aussi fermée. Personne n’a cherché à s’introduire chez elle. Ses peurs cachées la font toujours paniquer.
    Elle soupire de soulagement. Elle remet sa bombe lacrymogène dans son sac. Elle est heureuse de ne pas avoir eu à s’en servir. Dans le fond, elle ignore comment elle aurait régi si elle était tombée sur un voleur. Elle a toujours eu peur de se faire agresser chez elle. Dans le quartier tous savent qu’elle vit seule.
    Un autre point important, tous savent qu’elle est riche. N’importe quelle bande de voyous pourraient se faire de l’argent, rien qu’en rendant visite à sa cuisine qui compte plusieurs appareils électriques, de qualité.
    - J’espère qu’ils n’auront jamais idée de venir ici !
    Elle rit en constatant qu’elle ne vient pas de le penser mais de parler tout haut.
    - Je vais finir comme les vieilles folles qui se parlent à elles-mêmes !
    Elle va à sa chambre et retire ses chaussures avant de s’asseoir devant la coiffeuse où elle pose les bijoux qu’elle enlève un à un, les yeux rivés sur la photo de mariage où elle et Nadhir se sourient.
    - Tu n’es plus là pour prendre soin de moi, dit-elle en caressant son visage du bout du doigt. Pour me protéger… Sais-tu que tout à l’heure, j’ai cru voir quelqu’un ? Mais, rassures-toi, j’ai vérifié… Il n’y a personne…
    Eva se lève et prend sa sortie de bain. Une bonne douche pour se détendre et chasser les idées noires. Elle ne tardera pas sous l’eau. Il n’y avait pas assez d’eau chaude. Elle avait oublié de brancher le cumulus ce matin. Elle n’a pas souvenir de l’avoir débranché. Peut-être sa femme de ménage ? Elle se demande si elle est passée aujourd’hui. Elle ne sait plus quand elle vient, quand elle ne vient pas. En passant la majeure partie de son temps, à l’agence, elle n’y pense plus.
    Mais en se rendant à la cuisine, elle réalise que Zohra est effectivement venue. Elle a préparé à dîner et le frigo est plein.
    Eva a l’habitude de lui laisser une somme d’argent dans un tiroir du bahut. De l’argent pour régler les factures, à sa place. Elle constate qu’elle s’en est servie pour la bonne cause. Zohra a appris à la connaître. Elle sait qu’elle fera tout sauf se préparer à dîner.
    Après la mort de son mari, il fut un temps où elle refusait de se nourrir. Au point de tomber malade et de se retrouver hospitalisée.
    - Personne pour en profiter avec moi, dit-elle en se servant une part du gratin de choux farci.
    - Si vous voulez bien de moi, j’accepterais volontiers !
    Eva sursaute et se tourne. Il y a un homme dans sa cuisine. Il n’a pas d’armes mais c’est tout comme. Elle panique, pensant à sa bombe lacrymogène, dans sa chambre. Il y a bien un couteau à portée de main mais il ne sert qu’à couper le pain. Elle ne pourra pas l’effrayer avec et encore moins le repousser…

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  5. Artisans de l'ombre Dit :

    6iéme partie

    -Qu’est-ce que vous voulez ? De l’argent ?
    éva pense qu’en lui en donnant tout de suite, il repartira aussi vite qu’il est apparu. Elle a peur bien plus qu’elle ne le laisse paraître.
    - Que faites-vous ici ?
    L’homme la dévisage et sourit.
    - La porte d’entrée était ouverte, répond-il. Alors je suis entré…
    - Je l’ai fermée. Comment avez-vous fait pour entrer ? Et puis que voulez-vous ?
    Eva saisit le couteau même si elle sait qu’il ne sera pas d’une grande utilité. S’il décide de s’en prendre à elle, elle se défendra. Pas évident avec sa sortie de bain. Elle regrette de ne pas avoir mis son pyjama. Elle pense aussi à s’enfuir mais il est du côté de la porte.
    - Je ne voulais pas vous effrayer, lui dit-il, très calme. Je passais pour parler à éva F. ? C’est bien vous ?
    - Oui, c’est bien moi, mais je ne comprends pas comment vous avez fait pour entrer ? Le portail est fermé… La porte d’entrée aussi.
    - Le portail ? J’ai escaladé le mur, avoue-t-il. Il fallait que je vous parle.
    - Vous auriez pu passer à l’agence, réplique-t-elle.
    - Non, on n’aurait pas été à l’aise pour discuter.
    - Et de quoi voulez-vous discuter ? Si vous voulez de l’argent, je vais vous dire où en trouver, dit Eva en reculant, s’appuyant au plan de travail. Elle allume la cafetière électrique. Vous êtes là, pour ça ?
    - On peut dire oui… Mais je veux beaucoup d’argent, beaucoup, répète-t-il.
    - Je n’ai qu’une petite…
    Elle ouvre le tiroir et sort ce qui reste dans le tiroir. Elle les pose sur le plan de travail et attend sa réaction. Il ne tarde pas à éclater de rire.
    - Non, il faut être généreux dans la vie. Vous avez des bijoux ?
    Alors qu’il regarde en arrière, elle en profite pour prendre la cafetière électrique et lui jeter son contenu, à la figure. Le café brûlant l’aveugle. Elle en profite pour le frapper avec la cafetière et il tombe en portant ses mains à son visage.
    - Vous allez le payer…
    éva s’enfuie. Elle sort de chez elle et déclenche la sirène d’alarme. Les voisins ne tardent pas à sortir de chez eux.
    - Qu’est-ce qui se passe?
    - Il y a un voleur dans la maison, crie-t-elle. Appelez la police !
    - Est-il armé ?
    - Non, je ne crois pas.
    Les voisins n’attendent pas l’arrivée de la police pour entrer. Ils le trouvent au même endroit où elle l’a laissé. Le coup porté à la tête l’a assommé. La police ne tarde pas à arriver. éva répond à leurs questions. Les émotions l’ont comme vidée. Elle est à bout.
    Non, elle ne l’a jamais vu. Non, elle n’a jamais reçu d’appel anonyme. Non, elle n’a jamais eu la sensation d’être suivie. Oui, c’est la première fois que cela lui arrive. Oui, elle fera plus attention dorénavant. Au fond d’elle-même, elle jure de se fier à son instinct. Tout à l’heure, il ne l’avait pas trompée. Elle a été aveugle, c’est tout.
    Le temps qu’ils partent après lui avoir demandé de passer le lendemain, pour faire sa déposition, il est près de dix heures.
    - Vous ne devriez pas passer la nuit seule, lui dit un voisin. Venez chez nous.
    - Non, je ne peux pas…
    - Et s’il a un complice ?
    éva trouve la force de sourire.
    - Après ce qui vient d’arriver à ce voleur, il doit remercier Dieu de ne pas être tombé sur moi ! Bonne nuit et merci pour tout.

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  6. Artisans de l'ombre Dit :

    7iéme partie

    -Qu’est-ce que je vais leur dire ? Dois-je leur dire ce qui s’est passé ?
    Maintenant qu’elle est seule et qu’elle pense à ce qui lui est arrivé, elle sait que sa famille va revenir à la charge. Depuis qu’elle est veuve, ils lui demandent de fermer et de venir vivre avec eux. Une femme seule, riche, en ville, peut être la proie des voleurs. L’incident de la soirée allait leur donner raison. Sa famille a toujours craint qu’elle soit agressée. Vivre dans un climat d’insécurité n’est pas ce qu’il lui faut.
    Sa famille allait trouver dans cet incident, l’occasion idéale, pour lui forcer la main.Et Éva n’a aucune envie de quitter sa maison. Elle est pleine de souvenirs de bonheur. À part cet incident, elle n’y a connu que des jours heureux. Comment la quitter sans avoir le cœur brisé après ?Même si cinq années se sont écoulées depuis la mort accidentelle de son mari, elle n’a pas touché au décor du salon, des chambres. Elle tient à ce que tout reste comme avant sa disparition. Ainsi, il ne manque que lui. Mais parfois, elle l’imagine aller et venir.
    Lorsque sa femme de ménage déplace un meuble, un bibelot acheté par le défunt ou un de leurs cadres, elle se presse de le remettre, là où il était avant. Et comme avant, elle ne fréquente que leurs amis communs. Ils parlent souvent de lui, de ce qu’il avait fait de sa vie. Elle ne s’en rend pas compte mais elle pleure. Il lui manque et l’incident de cette soirée lui révèle à quel point elle peut être vulnérable. Il aurait pu l’agresser, la violer. Elle aurait pu mal finir.
    - Ne te tortures pas… Tout s’est bien passé, se dit-elle. Tu t’es défendue comme une grande… Aurais-tu été fier de moi Nadhir?
    Son sourire figé sur la photo lui semble presque réel. Éva s’endort sur le canapé du salon, épuisée par la longue journée de travail et par les émotions.L’alarme du radio-réveil la surprend le matin. Elle a des courbatures au dos et un cri de douleur lui échappe en bougeant la tête. Elle a un torticolis. Elle prend deux calmants et se prépare à partir au travail. Elle aurait bien pris du café mais la cafetière électrique est cassée. Elle pense à en acheter une. Il est un peu plus de huit heures. Les magasins d’électoménager ne doivent pas avoir levé les rideaux, de si bon matin. Elle se rend à l’agence immobilière. Elle attend que ces agents commerciaux soient là, pour sortir, prendre son café, dans un salon. Mais la présence uniquement masculine la met mal à l’aise. L’un des clients n’hésite pas à l’approcher.
    - Je peux m’asseoir à votre table ?
    - Non… Je vais faire mieux, dit-elle en se levant. Je vous la laisse…
    Elle décide de prendre son petit-déjeuner, ailleurs. Elle se rappelle devoir acheter une cafetière et elle décide de faire la tournée des magasins. L’un d’entre eux est bien fourni. Il y a toutes les marques et tous les articles exposés sont de qualité. Elle ne perd pas son temps et décide d’acheter la même qu’elle possédait avant de la casser sur la tête du voleur.
    Le vendeur, un nouveau, grimace, gêné.
    - Je ne connais pas son prix… Pouvez-vous attendre que le patron arrive ?
    - Combien de temps ?
    - Cinq minutes, dix minutes au plus tard…Éva veut bien attendre. Elle décide de faire du lèche-vitrine en attendant l’arrivée du patron. Mais elle ne tarde pas. Un quart d’heure après, elle retourne au magasin d’électroménager et dès qu’elle entre, elle entend le jeune vendeur appeler son patron.
    - Norredine ! La cliente est de retour!
    Lorsque le patron sort de l’arrière-boutique, Éva fronce les sourcils en voyant son sourire, sur son visage surpris…

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  7. Artisans de l'ombre Dit :

    8iéme partie

    Eva le regarde avancer lentement vers elle, les yeux accrochés aux siens. Comme si le propriétaire du magasin la revoyait après une longue absence.
    - Bonjour ! dit-il.
    - Bonjour…
    Il la surprend en tendant la main. Elle hésite quelques secondes avant de la serrer. Ils ne se connaissent pas mais il se comporte comme s’ils avaient rendez-vous.
    - Que puis-je faire pour vous ?
    - Je voudrais acheter la cafetière électrique. Votre vendeur ne connaÎt pas son prix, répond-elle. J’ai dû attendre.
    - Ah, c’est dû au fait que c’est un nouvel article, excuse Mourad en sortant le catalogue. Vous avez fait un excellent choix.
    Il lui révèle le prix.
    - C’est bon, je l’achète !
    Éva ne cherche pas à négocier le prix, elle sort un chéquier de son sac à main et établie un chèque à son nom.
    - Noreddine Tili…
    - C’est la première fois que j’entends ce nom, fait-elle remarquer.
    - Pourtant on est bien d’ici et mes grands-parents et arrière-grands-parents aussi, affirme-t-il en souriant. Mais vous, c’est la première fois que je vous voie… Vous n’êtes pas du quartier ?
    - Je travaille un peu plus loin… Si vous avez besoin d’un nouveau local, je pourrais vous résoudre le problème, répond Éva en sortant sa carte de visite de son sac. Vous pourrez me joindre à l’agence.
    Noreddine la saisit comme un enfant, heureux de recevoir un cadeau.
    - Merci.
    La jeune femme signe le chèque et le lui remet. Il le range dans le tiroir de la caissière et il prend tout son temps, pour mettre emballer la cafetière comme si elle allait l’offrir à quelqu’un.
    Il profite de ce moment, pour continuer à discuter avec elle.
    - Vous ne m’avez pas dit… célibataire, fiancée ou mariée ? l’interroge-t-il sans la regarder.
    - En voilà des manières, réplique-t-elle en rougissant. C’est une question que vous posez à toutes vos clientes ?
    - Non, non… Je m’excuse.
    Éva ne répond pas tout de suite à la question. Elle lui rappelle qu’elle est libre et au regard admirateur de cet inconnu qu’elle plaÎt encore.
    - La cafetière est garantie une année.
    - Bien…Au revoir !
    Éva se dirige vers la sortie lorsqu’il la rappelle.
    - Vous ne m’avez pas dit…
    - Veuve, répond-elle, se retournant le temps de quelques secondes, pour le regarder. Et je n’ai pas l’intention de refaire ma vie…
    - Dommage !
    Éva sort du magasin, les joues en feu. Elle ne se comprend pas. Pourquoi ces remarques la touchent ? Elle est habituée aux flatteries et aux compliments mais toujours, elle y est indifférente. Surtout depuis la mort de son mari, elle s’est murée dans une solitude où il lui plaÎt de ne retrouver que les souvenirs heureux. Elle ne pense plus à l’avenir. Depuis que Nadhir l’a quittée, il lui semble ne plus en avoir. Même si sa famille et ses amis se plaisent à lui répéter le contraire…

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  8. Artisans de l'ombre Dit :

    9iéme partie

    Dès qu’elle pousse la porte de l’agence, les têtes se tournent vers elle.
    - Qu’est ce qui se passe ?
    - Rien.
    Mais comme ils continuent à la regarder, elle finit par deviner qu’ils ont appris la nouvelle qui allait vite faire le tour de la ville. Elle se demande si son frère n’est pas au courant.
    - Quoi ? Vous n’avez rien à faire ? Aucun appartement à visiter ?
    - On a des rendez-vous pour plus tard, dit l’un des agents commerciaux qui répond au prénom Aïssa. Mais vous, vous avez oublié le rendez-vous chez le notaire…
    Eva porte la main à la tête.
    - Oh non… Mais j’ai encore, dit-elle en consultant sa montre, un quart d’heure. Les papiers, vite !
    Le temps de glisser la chemise dans son cartable et de prendre les clefs de sa voiture, elle tourne les talons. Heureusement, la circulation est fluide. Elle arrive à son rendez-vous à l’heure. Son client est déjà là.
    - Je m’excuse, dit-elle. Vous m’attendez depuis longtemps ?
    - Oui…
    Le notaire les reçoit dans son bureau. Ils s’entendent sur la somme à verser, ils signent les papiers. Eva et son client ressortent tous deux satisfaits du bureau. Ils échangent une poignée de mains avant de se séparer.
    Eva retourne à l’agence. Il y a des clients venus se renseigner. Elle s’enferme dans son bureau. Elle a à peine le temps de souffler quand le téléphone sonne.
    La voix de son frère Ali résonne dans son oreille, pleine de colère.
    - Où étais-tu passée ?
    - Un rendez-vous de travail, répond-elle. Mais bonjour! Comment vas-tu ?
    - Comment veux-tu que ce soit un bon jour lorsque j’apprends qu’un homme s’est introduit chez toi ? réplique-t-il. Comment voudrais-tu que j’aille dans ce cas-là ?
    - Je me suis bien défendue, répond Eva. Ma cafetière est une arme redoutable, elle l’a mis hors état de nuire !
    Ali ne rit pas. Il est furieux après elle. Si elle l’avait écouté, il ne serait rien arrivé. Elle vivrait avec eux et serait à l’abri du danger. À l’idée qu’elle puisse se faire agresser ou violer, il a envie de ne pas respecter sa décision.
    - Tu peux être fier de moi.
    - Nous, on n’est pas fiers de nous, rétorque-t-il. Si on avait été là, personne ne se serait introduit chez toi et tu n’aurais pas eu à te défendre ! À risquer ta vie…
    - Ecoute, si vous voulez venir vivre ici, vous êtes les bienvenus, dit Eva. Je serais heureuse…
    - Comment peux-tu nous demander de venir alors que c’est à toi de rentrer ! s’écrie-t-il. Tu n’as plus rien à faire là-bas !
    - Si, j’y ai mon travail et ma maison, réplique-t-elle, le cœur serré. Ce n’est pas pour cette raison que je quitterais ma maison. Qu’un autre ose s’aventurer chez moi, il sait déjà ce qui l’attend !
    Elle aussi est en colère et pour ne pas dire des mots qu’elle regretterait, elle coupe et décroche, refusant de lui parler de nouveau. Elle savait que son frère et ses parents allaient sauter sur l’occasion pour lui demander, si ce n’est pas “ordonner” de tout fermer pour vivre avec eux. Si elle retourne à Alger, cela voudrait dire qu’elle accepte de tourner la page. Mais elle n’en a pas le cœur…

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  9. Artisans de l'ombre Dit :

    10iéme partie

    C’est sa vie. Elle la vivra ici qu’ils le veuillent ou non. Danger ou pas, s’il lui est écrit qu’elle se fera agresser, cela pourra arriver même en leur présence. Cet argument n’est pas de taille face à sa volonté de finir sa vie à Béjaïa.
    Elle se sent capable de se défendre. La preuve, il a passé la nuit au poste de police. Elle se rappelle qu’elle doit se rendre au commissariat afin de signer sa déposition.
    Elle décide d’y aller à la pause déjeuner. Elle garde un œil sur le travail effectué par les agents. Ils connaissent bien leur travail et ils sont motivés. Elle peut compter sur eux. Même pendant ses absences, bien qu’elles soient rares depuis la mort de son mari, ils faisaient du bon travail.
    Un coup donné à la porte vitrée du bureau la ramène à la réalité. Aïssa glisse la tête.
    - Madame, votre téléphone est décroché, lui dit-il. Votre père essaie de vous joindre.
    - Dites-lui que je suis en ligne avec un client important, lui demande-t-elle. Je le rappellerai plus tard.
    - Bien.
    Elle ne remet pas le combiné à sa place. Elle ne veut pas lui parler. Elle sait déjà ce qu’il lui dira. Que ne ferait-elle pas pour les éviter aujourd’hui et les prochains jours ?
    À moins de partir en voyage, sans leur donner le numéro de l’hôtel où elle descendra, elle ne voit pas d’autres solutions.
    Elle se rend au commissariat où un agent prend sa déposition. Lorsqu’il lui est demandé si elle voulait porter plainte, elle refuse. Elle laisse à la justice le soin de décider s’il mérite d’être libéré ou pas. Elle ne veut plus retourner au tribunal.
    Sans s’y être attendue, cette visite au commissariat la ramène en arrière. Elle se rappelle que les gendarmes venus chez elle et quelques mois après, accompagnée de ses beaux-parents et de son frère, elle était allée au procès.
    Le coupable s’en était sorti avec quatre années de prison et une amende. Mais que représentait cela devant la perte d’une vie et la sienne brisée à jamais ?
    - Madame, vous vous sentez bien ?
    Elle regarde l’agent sans répondre.
    - Apportez-lui un verre d’eau ! Elle est si pâle.
    - Non, c’est bon, murmure-t-elle. Juste de mauvais souvenirs.
    - Écoutez, prenez votre temps pour réfléchir !
    - Était-il armé ? demande-t-elle.
    - Non.
    - S’il avait eu une arme, peut-être que je serais revenue sur ma décision, dit-elle. Mais puisqu’il était là juste pour voler…
    Éva ne se sent pas bien. Elle ne tarde pas au commissariat et elle rentre directement chez elle. Sa femme de ménage Zohra est surprise de la voir rentrer à l’heure du déjeuner. Ce n’est pas dans ses habitudes.
    - Ghir el khir ? Que s’est-il passé dans la cuisine ? Est-ce vrai ce que racontent les voisins ?
    - Hélas oui. Mais il y a eu plus de peur que de mal.
    Éva est proie à une migraine. Elle cherche dans la boîte à pharmacie du paracétamol et prend deux comprimés à la fois. Elle n’avait plus mal au cou, juste cette migraine qui lui donne envie de rester dans le noir et seule.
    - Appelle l’agence, dis-leur que je viendrai en fin d’après-midi. Je vais me coucher.
    - Oui madame.
    Zohra tire la porte derrière elle. Éva, en posant la tête sur son oreiller, ferme les yeux et s’endort vite. Pour plonger dans un rêve étrange.

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  10. Artisans de l'ombre Dit :

    11iéme partie

    Les années de prison et l’argent versé par le coupable ne peuvent en rien ramener à la vie l’être chéri, parti trop vite, sans le vouloir. Eva, en se rendant au commissariat, ne s’attendait pas à être troublée jusque dans son sommeil. Des souvenirs lui reviennent. Elle a l’impression de faire un cauchemar. L’accusé, coupable de conduite en état d’ivresse et d’homicide involontaire, avait demandé à lui parler. Elle avait accepté, curieuse de savoir ce qu’il voulait lui dire.
    - Je voulais vous demander pardon.
    - Pour avoir tué mon mari ?
    - C’était un accident, lui avait-il dit. Ce n’est pas comme quand on tue quelqu’un de sang froid !
    - Conduire dans votre état…
    - Accordez-moi votre pardon !
    - Pour avoir brisé ma vie et mes rêves ?
    L’homme avait baissé les yeux. Il en avait conscience.
    - Je regrette d’avoir pris le volant alors que j’étais ivre ! Ma condamnation ne peut rien changer à votre situation mais, moi, j’ai besoin de votre pardon… J’espère me sentir mieux…
    - Si Dieu vous pardonne, moi aussi je vous pardonne !
    Elle le rêve encore en train de pleurer. Mais il avait changé d’apparence. Lorsqu’il lève la tête vers elle, elle reconnaît le vendeur vu ce matin. Norredine…
    Elle pleure dans son sommeil.
    - Madame ! Madame !
    Zohra l’a entendu gémir et elle est entrée la voir. Elle n’a pas pu supporter de la voir pleurer dans son sommeil. Ce n’est pas la première fois qu’elle la réveille dans cet état.
    - Ce n’est rien. Ce n’était qu’un mauvais rêve…
    - Oui. Mais c’était si vrai… Je me voyais encore avec lui quand il me demandait pardon, lui raconte-
    t-elle. À la fin quand j’ai refusé, c’était un autre qui me regardait…
    - N’y pensez plus ! Voulez-vous de la tisane ?
    Eva sourit à travers ses larmes. Elle saisit le mouchoir en papier que lui tend Zohra.
    - On n’a pas le choix, répond-elle. La cafetière est restée à l’agence… Je me demande pourquoi je ne l’ai pas mise dans le coffre de la voiture !
    - Une tisane vous fera du bien, affirme Zohra. Je vous l’apporte tout de suite…
    Eva se lève et va se rafraîchir le visage. Elle se sent mieux. Elle prend la tasse de tisane encore brûlante et va la boire, dans le salon. Zohra l’y rejoint avec une assiette de gâteaux faits à la maison.
    - Vous devriez y goûter, lui dit-elle.
    Eva ne refuse pas. Elle en mange deux et s’apprête à en prendre un autre lorsqu’on sonne au portail.
    - Va voir qui c’est ! demande-t-elle à Zohra.
    Cette dernière va à la fenêtre et reconnaît la voix des parents d’Eva.
    - Ce sont vos parents, lui dit-elle en allant leur ouvrir.
    Eva soupire. Cela aurait été d’autres visiteurs qu’elle aurait refusé de les recevoir. Mais ses parents venus d’Alger, inquiets pour elle, même s’ils allaient lui tenir des propos qui la mettront hors d’elle, elle ne peut pas les renvoyer. El hadj Mohamed et el hadja Halima entrent, le visage pâle. Eva se précipite dans les bras de sa mère et fond en larmes…

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  11. Artisans de l'ombre Dit :

    12iéme partie

    -Ma fille chérie… Calme-toi ! Pourquoi cette crise de larmes ?
    El hadj Mohamed secoue la tête.
    - Après ce qu’elle vient de vivre, c’est normal qu’elle pleure comme une petite fille !
    Éva essuie ses larmes et les prenant par les bras, elle les mène au salon. Zohra vient les saluer puis s’en va préparer des boissons rafraÎchissantes. Éva la remercie d’un sourire. Elle n’est pas payée pour servir ses invités. Ses petits gestes pleins d’attention la touchent beaucoup.
    - Comment allez-vous ? demande-t-elle à ses parents tout en les dévisageant. Vous avez bonne mine… Yemma, ton diabète, tu arrives à respecter ton régime ? Les glycémies du matin, elles sont normales ?
    - Oui, oui… Mais tu sais, quand je suis inquiète, stressée, j’ai une hyperglycémie, lui rappelle sa mère. Je ne peux pas tout contrôler, dans la vie…
    - Personne n’a le contrôle, réplique Éva. Mais toi, baba, comment vas-tu?
    - Bien, en fait, on irait mieux si tu acceptais de venir vivre avec nous ! répond-il. Tout à l’heure, tu n’as pas voulu me parler… Je sais que tu avais deviné ce que je voulais te dire… On est tes parents, on ne veut que ton bien… Qu’en accepteras-tu de nous écouter ?
    - Je n’ai jamais pensé que vous me vouliez du mal, les rassure-t-elle. Seulement l’idée même de partir d’ici m’est insupportable… Je suis très attachée à ma maison et vous le savez !
    - Oui, on le sait ! Mais toi, sais-tu combien on s’inquiète pour toi ? Ce qui t’est arrivé hier soir, on le craint depuis toujours ! Il aurait pu t’agresser, de défigurer ou même te tuer ! dit son père en s’emportant, l’émotion étant très forte. Pense à la peine qu’on aurait eu si c’était arrivé !
    - Hamdoulillah, rien de tout cela n’est arrivé, réplique Éva. Je me suis défendue… Et puis, il n’avait aucunement l’intention de s’en prendre à moi ! Il n’avait pas d’arme…
    - Avec la force de ces mains, il aurait pu t’étrangler ! insiste el hadj Mohamed. Quand acceptes-tu enfin de nous écouter ?
    - Lorsque vous-même vous le ferez, ose-t-elle répondre. Je vous dis que je suis bien ici… Ailleurs, je serais malheureuse. Quand le comprendrez-vous?
    Les parents échangent un regard.
    - Pourquoi tant d’égoïsme ? Nous, nos jours sont comptés et on voudrait t’avoir à nos côtés, dit el hadja Halima. Tu ne pourrais pas te forcer un peu, juste pour quelque temps !
    - Mazel el baraka ! rétorque Éva. Si vous voulez chaque deux semaines, je viens passer le week-end à la maison ?
    - Nous, on voudrait que ce soit tous les jours ! Que tu n’aies pas à prendre la voiture… non, non…
    Sa mère ferme les yeux. Éva devine qu’elle pense aux accidents de la circulation.
    - Quoi que je fasse ou décide, vous ne serez jamais satisfaits, leur dit-elle. Si je décide de m’installer à la maison, d’ici quelques semaines, vous me forcerez la main pour me marier…
    - Il faudra bien qu’un jour, tu tournes la page, intervient son père. Tu es jeune et belle, instruite… La vie ne s’est pas arrêtée le jour de la mort de Nadhir, Allah rahmou… Même lui, s’il pouvait te parler, te dirait de refaire ta vie !
    Éva regarde son père et s’efforce à sourire. Elle se lève et répond tout doucement, refusant de laisser sa colère, déborder de son cœur encore meurtri.
    - Lorsqu’il me le dira, j’y réfléchirais…

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  12. Artisans de l'ombre Dit :

    13iéme partie

    Tu te plais dans ton malheur !
    - Peut-être, émet-elle. Mais c’est plus fort que moi…Je ne quitterai pas ma maison ! J’ignore quand je le pourrais. Je sais que vous devez avoir raison mais moi aussi, j’ai mon mot à dire ! Est-ce trop demander qu’on respecte mon choix ?
    De nouveau, ses parents échangent un regard. Elle ne peut plus le supporter.
    - Vous m’excusez un moment…
    - Je viens avec toi !
    Elle ne peut pas refuser à sa mère de la suivre à la cuisine. Il y a de quoi dîner mais elle décide de préparer un autre plat.
    Zohra propose de rester le lui préparer.
    - Ma famille ne m’attend pas…
    Je peux rester m’en occuper…
    - Non, je veux m’occuper, répond-elle tout doucement afin de ne pas être entendue par sa mère. Je sors acheter ce qu’il faut… Je ne tarderai pas, promet-elle à sa mère. J’ai oublié de donner des consignes à
    l’agence…
    - Tu ne peux pas nous laisser seuls, s’écrie el hadja Halima.
    - Faites comme à la maison, mettez-vous à l’aise ! Je reviendrai vite…
    Eva a tellement peur de les froisser qu’elle préfère ne pas tarder. Sans donner d’explications à son père, elle prend son sac et les clefs de sa voiture. Elle part sans se retourner. Elle ne veut pas voir leurs regards interrogateurs. Elle se rend au marché encore ouvert et achète de tout alors que son frigo est encore plein.
    Elle traîne les pieds pour rentrer. Sa mère l’attend sur le perron. Elle voit bien qu’elle est contrariée.
    - Si tu ne veux pas de nous, on repart !
    - Non, non… Il fallait que je fasse des achats, répond Eva. Je ne veux pas que vous repartiez !
    - Ton frigo est plein, réplique el hadja Halima.
    - Je voulais du frais, pour vous ! Yemma, tu te fais des idées, lui reproche-t-elle. Qui ne voudrait pas de ses parents ?
    - Juste pour quelques heures ou quelques jours.
    Eva se contente de sourire et évite de répondre. Elle ne veut pas lui donner l’occasion d’aborder le sujet une nouvelle fois. Elle est aussi butée qu’eux.
    Zohra a attendu son retour pour se préparer à rentrer chez elle.
    - Demain, je viens à quelle heure ?
    - Quand tu veux, répond Eva. Rentre bien !
    Zohra dit au revoir à ses parents avant de prendre congé. Eva retrousse les manches de sa chemise, décidée à cuisiner alors qu’il y a les plats préparés par Zohra. Sa mère n’apprécie pas.
    - Pourquoi gaspiller autant de nourriture ? Je te prie d’abandonner… Enfin, ajoute juste une salade ! Avec ce qu’il y a dans le frigo, on peut donner à manger à un régiment !
    - Tu exagères !
    Mais el hadja Halima jure.
    - Va pour une salade et ce qu’il y a de déjà prêt, soupire Eva.
    Elle s’efforce à paraître enjouée durant toute la soirée. Elle évite tout sujet d’ordre privé. Elle voit bien que cela agace son père. Il voudrait la forcer mais il ne le peut pas. Elle n’a pas dix ans ou vingt ans. C’est une femme qui sait ce qu’elle veut et qui n’en démordra pas.
    Lorsque le téléphone sonne, étant proche, elle décroche à la première sonnerie. Elle n’est pas surprise de reconnaître la voix de son frère. Il en a pris du temps pour appeler…

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  13. Artisans de l'ombre Dit :

    14iéme partie

    Ali ne lui dit pas bonsoir. Il est encore fâché. Le fait qu’elle lui ait raccroché au nez, il ne l’a pas digéré. Il n’est pas près de lui pardonner.
    - Passe-moi papa !
    Éva tend l’appareil à leur père.
    - Ali mon fils… Oui, on est bien arrivés… Ne t’inquiète pas, elle va bien ! Mieux qu’on ne le pensait…
    Elle le regarde hocher la tête. Elle détourne le regard. Elle espère qu’ils ne vont pas encore reparler de sa situation. Elle risque de devenir folle.
    Elle se lève et va à la cuisine afin de préparer du thé. Sa mère l’y rejoint.
    - Tu es fâchée avec ton frère ?
    - Non.
    - Alors pourquoi ?
    - Yemma, l’interrompt Éva. On n’avait rien à se dire… On a discuté tout à l’heure.
    - Tu me rassures, soupire la mère loin de se douter qu’ils ont failli se disputer.
    Tout cela parce qu’elle refuse de refaire sa vie. Tard, dans la nuit, alors que ses parents dorment dans la chambre d’amis, Éva ne parvient pas à fermer l’œil.
    Lorsque sa mère vient, elles ont l’habitude de dormir dans la même chambre mais elle craignait de se retrouver seule avec elle. Elle ne voulait pas l’entendre ressasser les mêmes questions.
    L’inquiétude de sa famille la tourmente. Elle les comprend. Cependant, elle ne peut pas se résoudre à quitter sa maison, uniquement pour leur faire plaisir.
    Elle y laisserait son cœur. Mais personne ne semble vouloir le comprendre. Au fond d’elle-même, elle n’est pas remise de la disparition de son mari.
    Quand elle regarde sa photo, il lui semble que ses yeux regardent jusqu’au plus profond de son cœur et que son sourire veut la réconforter. Ils ont été si heureux, dans leur maison. Comment pourrait-elle la quitter ? Emporter ses affaires dans des cartons, c’est possible mais les moments heureux qu’elle ressent encore, ici, elle ne le pourra pas. Ce sont leurs souvenirs qui lui donnent la force de se lever le matin. Lorsqu’elle rentre en fin de journée, il lui semble que Nadhir est là, à attendre son retour.
    - Je sais que tu m’attendras encore longtemps ! Mon heure n’est pas encore arrivée, dit-elle en dessinant les traits de son visage du bout du doigt. Mais lorsqu’elle viendra, je serais heureuse, de te retrouver Omri !
    La jeune femme finit par s’endormir. Ce sont les rayons de soleil qui la réveillent. La maison est silencieuse. Lorsqu’elle sort de sa chambre, elle sent l’odeur du café. Tout en s’étirant, elle va à la cuisine où Zohra s’affaire déjà.
    - Sbah el-kheïr !
    Elles se font la bise.
    - Bien dormie?
    - Oui.
    - Ça s’est bien passé ?
    Éva devine qu’elle fait allusion à ses parents.
    - On peut dire que oui… Je prends une douche et je reviens…
    Elle s’y rend et constate que quelqu’un est déjà passé par la salle de bain. Sa mère est sûrement réveillée. Elle a l’habitude de se lever à l’aube.
    Éva ne tarde pas sous l’eau, tenant à prendre son petit-déjeuner, avec ses parents. Elle porte une jolie robe d’intérieur, décidée à rester, à la maison. Lorsqu’elle sort de la chambre, elle les trouve au salon. Le sac de voyage près de la porte. Zohra ne l’a pas attendu, pour servir le petit-déjeuner. Elle a même grillé du pain, pour sa mère. Mais tous deux n’ont pris que du café.
    - Ne me dites pas que vous partez aujourd’hui ! s’écrie Éva. Je vais prendre une semaine de congé et je vais m’occuper de vous… Vous ne pouvez pas partir maintenant !
    - Si, réplique sa mère. On était venus te raisonner mais tu ne veux pas nous écouter… On ne veut pas que tu gâches le reste de ta vie ou qu’il t’arrive malheur.
    - Yemma…
    - Lorsque tu décideras de nous écouter, poursuit son père, on reviendra ! On ne veut pas te déranger.
    - Mais vous ne me dérangez pas ! affirme-t-elle.
    - Nos propos te mettent mal à l’aise et on ne peut pas fermer les yeux… On part maintenant et lorsqu’on reviendra ici, uniquement pour t’aider à emménager chez nous !
    - Oh non ! Papa.
    Mais ce dernier est décidé et ils ne reviendront pas sur leur décision. Éva, impuissante et chagrinée, les regarde partir. Elle comprend qu’ils veulent lui faire un chantage affectif. Elle ne cédera pas…

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  14. Artisans de l'ombre Dit :

    15iéme partie

    Eva est si peinée qu’elle n’a plus aucune envie. Elle ne prend pas son petit déjeuner et elle va s’enfermer dans la chambre. Elle a mal au cœur, mal aux tripes. Elle ne comprend pas pourquoi ils lui ont imposé d’effectuer ce choix. Ses parents n’auraient pu trouver meilleur moyen pour la torturer.
    Zohra la laisse tranquille pendant près d’une heure. Une fois la maison en ordre, elle va la voir.
    - Ça va mieux?
    - Oui.
    - Si vous n’avez pas besoin de moi, je pars.
    - Tu as fait plus que de raison. Merci Zohra… Rentre bien !
    - Si vous avez besoin de quoi que ce soit, appelez-moi, à la maison.
    Eva promet de le faire. Zohra ferme à clef en partant. Eva voudrait pleurer tant elle souffre au plus profond de son cœur mais les larmes ne coulent pas. Elle a tant pleuré son mari que maintenant, même chagrinée ou peinée, elle n’a plus de larmes.
    Elle sursaute lorsqu’on sonne avec insistance à l’entrée. Elle est forcée de quitter son lit. De la fenêtre du salon, elle peut voir son amie Feriel.
    - Qu’est-ce qui t’amène ?
    Même si elle éprouve le besoin de rester seule, elle ne peut pas laisser son amie repartir. Elle va lui ouvrir. Feriel s’apprêtait à repartir.
    - Tu en as pris du temps !
    - Je n’avais pas réalisé qu’on sonnait chez moi, répond-elle. Kheir madjabek !
    - Kheir ! J’ai appris que tu as failli être agressée chez toi ! réplique Feriel. Est-ce vrai ?
    - Oui.
    - Ma pauvre amie… Heureusement que tu as su te défendre ! Dans le quartier, on parle de ta bravoure. La peur ne t’a pas fait perdre ton sang-froid, c’est bien !
    - Oui.
    Eva la précède à la cuisine. En ouvrant le réfrigérateur, Feriel remarque la nourriture prête.
    - Tu attends des invités ?
    - Non, ils sont partis tôt ! Mes parents étaient venus me raisonner. Ils devaient espérer que cet incident m’ouvrirait les yeux, lui confie Eva. Ils sont repartis fâchés…
    - Ils ont raison. Tu ne peux pas continuer à vivre comme ça, rétorque Feriel. Soit tu pars vivre en famille, soit tu refais ta vie… Il y a cinq ans que tu es veuve. Tu n’as pas d’enfant à qui te consacrer ! Penses-tu que ton mari serait resté aussi longtemps sans refaire sa vie ?
    - Nadhir, qu’il repose en paix, aurait chéri mon souvenir ! Jamais il ne m’aurait remplacée par une autre.
    - Va raconter ça à d’autres ! rétorque son amie. Il ne serait jamais resté veuf longtemps. Alors que toi, tu passes à côté de la vie. Pourquoi ? Pour rien !
    - Mais qu’est-ce qui t’arrive ? Pourquoi me parles-tu sur ce ton ?
    Feriel secoue la tête. Elle n’a pas le choix.
    - C’est au nom de notre amitié que je me permets d’être aussi dure ! Et puis, je dois de te dire ce que je pense réellement de ta situation.
    - Alors comme ça, toi aussi, t’es de leur parti ?
    - Eva, je suis ton amie, pas la leur, lui rappelle Feriel. Alors, si je te dis que tu fais fausse route, je n’exagère pas ! Tes parents ont raison ! C’est toi qui as tort de ne pas les écouter, dit elle, avant de rectifier. De nous écouter ! Si on insiste tant, c’est parce qu’on t’aime !
    - Tu ne crains pas que je te mette dehors ?
    Feriel prend une assiette pleine de gâteaux.
    - Pas avant d’avoir goûté à tous ses plats et mis ses gâteaux dans une boîte.

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  15. Artisans de l'ombre Dit :

    16iéme partie

    Feriel ne part pas sans lui proposer une nouvelle fois de venir à la réception de leur amie commune.
    - Cela fera plaisir à Hakima de te revoir. Allez, dis oui !
    - Je n’ai pas le cœur à me rendre à une réception !
    - Au contraire, ce qu’il te faut, c’est de sortir un peu, de voir tes amies et de rencontrer de nouvelles têtes, insiste Feriel. Je t’en prie, accepte de m’accompagner !
    - Mais tu ne seras pas seule ! Et ton mari ?
    - Il travaillera de nuit, soupire Feriel. Maman m’aurait bien accompagné mais elle a l’habitude de dormir tôt.
    - OK ! C’est bon, je viendrai avec toi !
    - Oh, merci Eva ! s’écrie son amie en l’embrassant sur la joue. Tu verras, on s’amurera bien. Cela te fera un bien fou !
    - Je l’espère pour toi ! Avec ta voiture ou ma voiture ?
    - La tienne !
    - Tout ça pour ne pas passer à la station d’essence, dit Eva en la poussant dehors. Au fait, à quelle heure ?
    - Dix-huit heures trente.
    Feriel part avec la sensation d’avoir fait une bonne action. Eva, à peine a-t-elle refermé la porte qu’elle se demande si elle a bien fait en acceptant de se rendre à cette réception.
    Elle n’allait pas s’amuser. Il y a bien longtemps qu’elle ne se rendait plus aux fêtes. Pourquoi irait-elle à cette réception ? Pourquoi changerait-elle ses habitudes ? Elle commence à regretter d’avoir cédé à son amie…
    La sonnerie du téléphone l’empêche de rattraper celle-ci pour lui dire qu’elle avait changé d’avis. Elle va répondre. C’est Aïssa.
    - Un client a appelé plusieurs fois. Il tient à s’entretenir avec vous.
    - Pourquoi moi ? Vous pouvez vous occuper de lui !
    - Il tient à ce que ce soit vous, insiste Aïssa. Que dois-je lui dire s’il rappelle ?
    - Il veut louer, acheter ou vendre ?
    - Si j’ai bien compris, il veut faire les trois ! C’est un client sérieux… C’est pourquoi je me suis permis de vous appeler chez vous.
    - Vous êtes excusé, réplique-t-elle. S’il rappelle, dites-lui que je serais là à partir de quatorze heures.
    - Bien. Merci, madame !
    Eva prend le temps de grignoter un peu avant de se préparer à partir. Pour la deuxième fois de la journée, le téléphone sonne. Elle pense qu’on l’appelle de l’agence.
    - Aïssa, j’ai dit que je serais là en début d’après-midi !
    - C’est moi, Ali.
    - Ah ! Bonjour… Excuse-moi, je croyais que c’était Aïssa.
    - Je l’avais compris, réplique Ali. Je voudrais parler avec papa…
    - Ils sont repartis.
    - Comment ça repartis ?
    - Ils rentrent à la maison, précise-t-elle. Tu leur manquais… Satisfait ?
    -Ils doivent être déçus ! Pourquoi leur fais-tu de la peine ? Comment peux-tu être indifférente ?
    - Je ne le suis pas. Si tu veux, on en discutera une autre fois, dit-elle. J’ai un rendez-vous important…
    - C’est ça !
    Elle lui souhaite bonne journée et raccroche avant de se rendre à l’agence immobilière. Là, elle a la surprise de voir que le client l’attend déjà. Elle sourit en le reconnaissant.

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  16. Artisans de l'ombre Dit :

    17iéme partie

    Ne me dites pas que c’est vous le client ! s’écrie-t-elle.
    Norredine sourit alors qu’ils échangent une poignée de mains.
    - Oui. C’est bien moi.
    - Vous attendez depuis longtemps ?
    - Non, j’ai à peine eu le temps de chauffer mon fauteuil, réplique-t-il alors qu’elle le précède à son bureau. Elle salue au passage ses employés tout en remarquant leurs regards interrogateurs.
    - Soyez le bienvenu ! dit-elle à Norredine une fois dans le bureau. Je vous en prie, asseyez-vous !
    - Merci.
    Elle le regarde s’asseoir. Elle prend son temps, pour retirer sa veste, l’accrocher au porte-manteau et lorsqu’elle s’assoie en face de lui, elle se rend compte qu’il la regarde depuis un moment.
    - Que puis-je pour vous ?
    - Voilà j’ai besoin de vendre mon magasin, commence-t-il. En parallèle, je voudrais acheter deux boutiques, au centre-ville… Deux locaux pourraient aussi faire l’affaire, ajoute-t-il. Je les décorerai selon mes goûts et mes besoins.
    Eva prend note.
    - Je pense que nous avons des locaux libres de suite, réplique-t-elle. Mais êtes-vous pressé ?
    - J’ai des projets, dit-il. Si les locaux sont bien finis et que leurs emplacements me conviennent, pourquoi pas ?
    - Je demanderai à Aïssa de vous emmener les visiter. Quel jour serez-vous libre ?
    - Je veux bien visiter et n’importe quand mais à une condition que ce soit vous et pas votre collègue !
    - Je ne vois pas d’inconvénient, répond-elle. Après-demain, à dix heures ?
    - Va pour dix heures !
    - Je vais annoncer dans deux quotidiens, chez qui j’ai l’habitude de publier, la vente de votre magasin… Je vous ferai visiter les locaux en notre possession, et s’ils ne vous plaisent pas, on cherchera ailleurs ! Vous ne m’avez pas dit combien vous comptez mettre ? Vous avez une fourchette ? Combien d’unités ?
    - Si je suis intéressé, je mettrai le prix qu’il faut, affirme-t-il. L’argent n’est pas un problème…
    - Bien. Pour le magasin, vous demandez combien ?
    - Lorsqu’il y aura un client intéressé, on en parlera !
    Le téléphone sonne et Eva décroche. C’est sa mère.
    - On est bien arrivés ma fille…
    - Vous en avez mis du temps, remarque-t-elle.
    - On a déjeuné au restaurant et acheté des choses, en route, répond el hadja Halima. Je voulais te rassurer qu’on était bien rentrés !
    - Merci yemma ! Je t’embrasse… Je t’aime yemma… Je te rappellerai plus tard !
    Tout en raccrochant, elle remarque que Norredine a rougi et que ses yeux sont devenus larmoyants.
    - Quelque chose ne va pas ? Vous vous sentez ma l?
    Norredine secoue la tête tout en passant une main sur son visage.
    - Rien…
    Il se lève et la regarde avec une drôle de lueur dans le regard.
    - Vous avez encore votre mère ! Que Dieu la garde ! Prenez bien soin d’elle !
    - Pourquoi ? Vous avez perdu la vôtre ? lui demande-t-elle, touchée par ces mots. Si c’est le cas, je suis désolée pour vous !
    - Je n’ai pas eu la chance de connaître mes parents, lui confie-t-il en regardant un tableau accroché au mur. Ils sont morts dans un accident alors que je n’étais qu’un bébé.
    Eva est bouleversée. Elle lit toute son émotion, sur son visage. Elle le comprend. Car, elle-même, lorsqu’elle croise un couple heureux, elle repense alors à son défunt mari. Aussi, lorsqu’elle entend une femme parler au téléphone à son amoureux, la plaie se remet à saigner. Norredine ne peut pas savoir mais elle ne peut que le comprendre et compatir…

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  17. Artisans de l'ombre Dit :

    18iéme partie

    -Je sais ce que c’est que de voir les autres entourés des leurs et des gens qu’ils aiment, lui confie-t-elle. J’ai aussi perdu un être cher.
    - Votre mari, vous m’aviez dit, se rappelle Norredine. Il y a longtemps ?
    - Non, juste cinq ans. J’ai l’impression que c’est hier. La douleur est toujours aussi vive. J’ai le sentiment que la plaie ne guérira jamais !
    - Oui, j’ai aussi le même sentiment, dit Norredine en secouant la tête. Lorsque je vois une famille réunie dans les moments heureux ou dans les coups durs, je ne peux m’empêcher de les envier. Ils me manquent. J’ai quarante ans et, dans mon cœur, je suis pareil à un enfant. L’amour maternel m’a terriblement manqué.
    Il passe une main dans les cheveux et soupire.
    - Je m’excuse. Je ne voulais pas…
    - Ce n’est rien, le rassure Éva, très touchée par sa peine. Moi aussi je n’ai pas l’habitude de raconter.
    En général, ils ne comprennent pas. Ma famille ne comprend pas pourquoi je ne veux pas refaire ma vie.
    - Il fait partie de vous, émet-il. Dans votre cœur, il n’est pas mort. Si vous refaites votre vie, vous aurez l’impression de l’enterrer… ou de le trahir !
    - Je suis heureuse avec mes souvenirs.
    Elle le voit regarder sa montre.
    - Je m’excuse, dit-elle. Je ne voulais pas vous ennuyer.
    - Acceptez-vous de sortir avec moi ? lui demande-t-il.
    Sa proposition la laisse sans voix.
    - Pour prendre un café…
    - Ah, d’accord, murmure Éva, soulagée.
    - Vous êtes d’accord ?
    - Non, une autre fois, répond-elle en voyant combien il est déçu. Je n’ai pas l’habitude de sortir avec les clients.
    - Après-demain, on déjeunera ensemble, la prévient Norredine. Déjeuner d’affaires !
    - Va pour le déjeuner d’affaires !
    Éva a l’impression d’avoir entendu une autre répondre à sa place. Pourquoi a-t-elle accepté ? Ce n’est pas dans ses habitudes de déjeuner avec les clients, même lorsqu’une grande affaire est conclue.
    Ou est-elle sensible… à son charme ? “Non, pense-t-elle. Je compatis seulement à la douleur qu’il porte au fond de lui. Il est comme moi, blessé à jamais. En plus, il est sympathique…”
    Norredine est un grand brun aux yeux noirs. On peut dire qu’il est bel homme.
    - Je vais vous laissez travailler.
    Éva bat des paupières, rougissant d’être surprise en train de le scruter. Elle détourne la tête, feignant de chercher quelque chose dans le tiroir de son bureau. Elle en tire une chemise.
    - Je vous raccompagne, dit-elle.
    En ouvrant la porte de son bureau, elle remarque qu’Aïssa et Rahim sont en train de regarder vers eux. Elle jurerait aussi qu’ils parlaient d’eux.
    - Au plaisir !
    - Bon courage Madame !
    Elle lui sourit en guise d’au revoir et tire la porte alors qu’il a à peine mis les pieds dehors. Elle se tourne vers ses employés. Ils sont encore en train de les regarder.
    - Vous n’avez rien à faire ? les interroge-t-elle. C’est quoi ces manières de dévisager les clients ?
    - Pardon Madame. Mais on est curieux. Pourquoi tenait-il tant à ce que ce soit vous ? demande Aïssa.
    - Parce que c’est une connaissance…

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  18. Artisans de l'ombre Dit :

    19iéme partie

    -Comme tu es belle ! Le compliment de Hakima arrache un sourire à Eva. Celle-ci porte une robe noire qui lui va à ravir. Elle a mis des sandales à talons afin de paraître grande. Elle s’est légèrement maquillée. Feriel en est à l’origine. Si celle-ci l’avait écoutée, elle ne se serait pas maquillée. Juste un nuage de parfum coûteux.
    - Feriel a dû te torturer afin d’y parvenir !
    - J’avoue que j’ai failli abandonner, confie l’amie. Ce qu’elle peut être têtue !
    - Oh, laisse-moi tranquille ! Tu es parvenue à tes fins, alors, de quoi tu te plains ?
    - Souris au lieu de grimacer !
    Eva la regarde tout en souriant. En entrant dans le salon, elle découvre qu’il n’y a pas que des femmes. Certaines sont accompagnées de leur mari.
    Hakima les rejoint vite, tenant à discuter un peu avec elles. Elles ne se sont pas vues depuis quelques semaines.
    - Du nouveau dans votre vie ?
    - La routine, répond Eva. Ma vie est réglée comme une horloge suisse… Aucune surprise, rien de nouveau.
    - Moi, je pense à acheter.
    Eva et Hakima rient avant qu’elle n’ait fini sa phrase. Feriel adore faire le lèche-vitrine. Parfois, ce qu’elle achète sur des coups de tête, elle est contrainte de les offrir parce qu’une fois rentrée chez elle, ils ne lui plaisent pas.
    - Tu devrais voir un psy, lui conseille Hakima. Tu ruines ton mari !
    - Je me demande comment il fait pour te supporter ? dit Eva. Tu dois penser à te corriger.
    - Oui, oui, promet-elle tout en regardant quelqu’un au-dessus de son épaule. Ne te tournes pas, il y a un bel homme qui te dévore du regard !
    - Arrête ! Tu dis n’importe quoi !
    - Alors, regarde toi-même !
    - Je ne suis pas venue pour faire connaissance, rétorque Eva, refusant de se retourner. Uniquement pour féliciter notre chère amie Hakima, pour la réussite de son fils au brevet. Alors, cesses de regarder ceux qui…
    - Je te jure qu’il te regarde toi ! affirme Feriel. En plus, il est charmant… Oh Hakima, peux-tu me dire qui es-ce ?
    - Un ami de mon mari. Il est venu seul. Je crois qu’il n’est pas marié.
    La réponse de Hakima ne calme pas Feriel qui veut à tout prix caser son amie. En plus d’être bel homme, il est libre. Et comme il ne cesse de regarder Eva, elle la pince pour la faire réagir.
    - Je t’en prie, s’il vient à toi, donnes-toi l’occasion d’être heureuse ! C’est une seconde chance qui se dirige vers toi, lui dit-elle avec conviction et désespoir. Souris, il se dirige vers nous, pour toi !
    Eva voudrait partir avant qu’il n’arrive à elles. Elle tourne les talons, et là, elle heurte Norredine !
    - Mais qu’est-ce que vous faites là ?
    - Je suis là pour passer un bon moment, réplique-t-il. J’ignorais que vous les connaissez !
    - Ce sont mes amis, dit-elle, n’en revenant pas de sa surprise alors que Feriel, souriante, attend d’être présentée. Mon amie Feriel, Norredine !
    Ces deux derniers échangent une poignée de mains et Feriel et leur hôtesse trouvent un bon prétexte pour les laisser. Eva rougit. De colère.
    - Vous êtes très belle, ce soir !
    - On me l’a déjà dit ! marmonne-t-elle entre les dents alors que ses yeux brillent de colère lorsque Feriel lui fait un signe de la main pour lui demander qui est-ce ?
    - Vos amies tentent de forcer votre destin ?
    - C’est si évident que ça ? soupire-t-elle. Elles me cassent les pieds, alors vous passez un bon moment ?
    - Depuis trois minutes, répond Norredine. Oui, un très bon moment…

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  19. Artisans de l'ombre Dit :

    20iéme partie

    - Alors, comme ça, vous vous connaissez ? Pourquoi ne m’as-tu pas parlé de votre rencontre ? J’ai vu que tu lui plaisais beaucoup. T’a-t-il proposé un rendez-vous ?
    Eva s’attendait au déluge de questions de Feriel. Le fait d’avoir discuté pendant un quart d’heure avec Norredine avait intrigué tous les invités. Tous avaient remarqué que le courant passait bien entre eux.
    Même lors du dîner, il n’avait pas cessé de jeter des coups d’œil dans sa direction. Si bien qu’ils étaient devenus le sujet principal de la réception.
    S’il y avait eu des taxis, à cette heure avancée de la nuit, Eva aurait trouvé un prétexte pour partir seule. Mais il fait nuit et elle doit la raccompagner chez elle et subir son interrogatoire.
    - Mais dis, il te plaît ?
    - C’est un client. Je dois lui trouver des locaux, répond Eva.
    - Ah ! vous allez vous revoir ?
    - Oui, dans le cadre du travail, précise Eva.
    - On peut joindre l’utile à l’agréable, réplique Feriel. Je vous vois bien ensemble !
    - Et puis quoi encore ?
    - Un mariage, des enfants… Une seconde chance d’être heureuse dans ce bas monde, émet l’amie. Moi, si j’étais toi, je ne la laisserais pas passer !
    - Mais tu n’es pas moi, lui rappelle Eva. Je n’ai pas l’intention de me marier avec lui ni même de refaire ma vie avec qui que ce soit !
    - C’est dommage ! Il a l’air bien en plus d’être charmant !
    - Qu’il le soit ou pas, tu sais que je ne suis pas intéressée et le fait que tu remettes le sujet sur le tapis m’agace. Il y a des fois où j’ai envie de t’arracher la langue !
    - J’apprendrais le langage des sourds-muets, réplique Feriel. Je trouverais toujours le moyen de t’exprimer mes pensées!
    - Tu es insupportable ! Mais comme tu es mon amie, je n’ai pas le choix… Ouf, on est arrivées ! Allez, bonne nuit !
    Feriel ne descend pas tout de suite.
    - Pense à tout ce que je t’ai dit. Comme tu viens de te le rappeler, je suis ton amie, dit-elle. Sinon je ne tenterais pas de t’ouvrir les yeux. Je voudrais te voir heureuse… comme avant.
    - Je sais, je sais… Bonne nuit, Feriel !
    - Tu promets d’y réfléchir ?
    - Sinon tu ne descends pas ?
    - Non, juste pour me rassurer. Tu m’as bien entendu ?
    - Oui, promis !
    Feriel la remercie et descend de voiture. Elle lui souhaite bonne nuit et rentre chez elle dès qu’Eva a redémarré.
    Il est près de minuit lorsqu’elle arrive chez elle. En ouvrant le portail, elle regarde les alentours. Elle a pris le soin de laisser les lanternes des balcons allumées. Aucune ombre, pas un bruit. Même le vent ne souffle pas. Les feuilles des arbres fruitiers ne bougent pas.
    - Je ne vais pas être agressée deux fois dans la même semaine, se dit-elle. Ce serait insensé…
    Elle gare sa voiture dans le garage puis ferme tout derrière elle. Rien n’a été touché dans la maison. Elle est vite rassurée après un tour dans chaque pièce. Heureuse et soulagée, elle va au salon et allume la télévision. Bien que l’heure soit avancée, elle n’a aucune envie de dormir. Elle pense à Feriel et à son envie à tout prix de la caser. C’est la troisième fois qu’elle voie Norredine. Elle reconnaît qu’il est très sympathique et qu’il a un charme fou.
    Elle sait qu’elle lui plaît. Feriel lui a parlé d’une seconde chance. Elle ne croit pas que cela puisse exister. La chance ne sourit qu’une fois et le bonheur qu’elle a connu avec son défunt mari l’a comme rassasié. Elle n’a plus envie. Mais personne ne semble vouloir le comprendre…

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  20. Artisans de l'ombre Dit :

    21iéme partie

    Quelque chose vous chiffonne ?
    Norredine a remarqué qu’elle est moins bavarde que la veille. Elle le laisse visiter les locaux, sans faire de commentaires. Elle ne tente pas de les lui vendre à tout prix. Elle se contente de le regarder aller et venir. Les locaux finis sont à son goût. Ils sont bien situés, dans la rue. Il y a même un parking, non loin de là.
    - J’achète ! décide-t-il.
    - Vous n’avez pas demandé le prix? Peut-être qu’il n’est pas à la portée de votre bourse?
    Norredine secoue la tête.
    - L’argent n’est pas un problème, répond-il. J’achète !
    - Félicitations!
    - Merci… On déjeune maintenant ou après ?
    - Les affaires d’abord, réplique-t-elle sans sourire.
    - En vous regardant, j’ai l’impression que cela ne vous fait pas plaisir que je devienne le propriétaire de ces locaux!
    - Vous vous trompez !
    - Vous vous êtes levés du pied gauche ?
    - On peut dire, répond-elle. On se retrouve au bureau dans une heure ?
    - À tout à l’heure !
    Éva part la première au bureau. Elle prépare les papiers et appelle le notaire avec qui elle travaille depuis des années. D’habitude, elle prend rendez-vous mais aujourd’hui, elle est pressée d’en finir avec Norredine.
    Ce dernier ne tarde pas à arriver après elle. Ils signent les actes de vente et il remet un chèque.
    - On peut passer à la banque pour m’assurer qu’il n’y aura aucun problème ? demande-t-elle car c’est une somme importante et elle ne veut pas le revoir.
    - Bien sûr ! Elle n’est pas loin d’ici…
    Ils s’y rendent à pied. Éva avait trouvé un prétexte pour le rejoindre mais il avait décidé de l’attendre. Faire ce bout de chemin avec lui, n’est pas à son goût.
    La transaction se fait rapidement. Le compte de l’agence et celui de Norredine sont à une même banque.
    - Le notaire nous attend, lui dit-elle.
    - On va déjeuner avant, propose-t-il.
    - Non, après…
    Chacun part dans son propre véhicule. Éva est soulagée en apprenant par la secrétaire qu’il va les recevoir de suite. Il les prend entre deux autres rendez-vous. Le temps de signer, ils peuvent repartir.
    - C’est bon, dit-elle en tendant la main, heureuse qu’il n’y ait plus nécessité de le revoir. Je vous souhaite bonne chance.
    - Et notre déjeuner ?
    - Je m’excuse mais je ne pourrais pas, répond-elle. Je dois retourner au bureau.
    - Après le déjeuner, dit-il. Je refuse de vous laisser partir. Que vous est-il arrivé ? Hier soir, on était en parfait accord. Nous avons discuté, ri… Qu’est-ce qui vous ennuie ? Pourquoi faites vous tout pour que je sorte de votre vie ?
    Éva hausse les sourcils. Elle n’en revient pas qu’il ait vu si clair en elle. Elle a beau prétexté avoir du travail et d’autres rendez-vous, il ne la croit pas.
    - Je veux savoir pourquoi vous ne voulez pas de mon amitié !
    Éva s’efforce à sourire. Si seulement il ne peut être question que d’amitié.
    - Uniquement de l’amitié ?
    - Je m’en contenterais, répond-il. Puisque je n’ai pas le choix.

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  21. Artisans de l'ombre Dit :

    22iéme partie

    -Mais tu es folle ! Complètement folle ! s’écrie Feriel lorsqu’elle la met au courant de sa mise au point avec Norredine. Il n’y a pas deux comme lui. Tu es en train de passer à côté de l’amour. Bêtement…
    Éva ne partage pas son opinion mais pour ne pas mettre son amie en hargne, elle prétexte avoir de la
    visite.
    - Je te rappelle plus tard, lui promet-elle avant de raccrocher. Quand tu te seras calmée.
    Un coup à la porte attire son attention.
    - Oui, entrez !
    Une jeune fille entre, un grand bouquet de fleurs entre les mains.
    - Bonjour madame ! Je vous le dépose où ?
    - Elles sont pour moi ?
    - Un client m’a priée de vous les apporter, répond la jeune fille, attendant toujours de savoir où les poser. Vous avez un bocal ?
    - Qui est-ce ?
    - Je l’ignore mais il y a une carte…
    Éva quitte son fauteuil et retire l’enveloppe accroché à une rose. Leur parfum lui monte à la tête. Elle l’ouvre et elle n’est pas surprise en reconnaissant l’écriture de Norredine.
    “Bonjour ! Les fleurs de l’amitié vous prient d’accepter de déjeuner. Une table est réservée à treize heures au restaurant “x”. Je vous en prie, venez. Norredine.”
    - Il est fou de penser que je vais accepter ! Ramenez-lui son bouquet de fleurs et dites-lui de ne pas m’attendre.
    Son visage s’est fermé. Le bouquet lui plaît beaucoup. Le geste lui a fait plaisir, mais elle refuse de rester plus de cinq minutes avec lui. Elle sent qu’il pourrait y avoir plus que de l’amitié entre eux.
    Elle voit bien, dans son regard, de la tendresse. Lorsqu’elle parle, même du temps qu’il fait, il boit ses paroles. Il est suspendu à ses lèvres.
    - Je ne tomberais pas dans le piège…
    Bien des fois, il l’a appelée au bureau et pour écourter la conversation, elle s’empresse de sortir la même excuse qu’elle a dite à Feriel. Elle a de la visite. Elle espère qu’avec le temps, il finira par se lasser. Mais le fait de lui envoyer ce magnifique bouquet de fleurs lui révèle qu’il peut être tenace. Elle a conscience qu’il n’abandonnera pas de si tôt.
    La sonnerie du téléphone interrompt le cours de ses pensées.
    - Agence imm…
    - C’est comme ça qu’on traite ses amis ? l’interrompt Norredine, fâché. Je t’envoie un bouquet de fleurs que j’ai moi-même choisi en guise d’amitié et vous me le renvoyez ! Pourquoi ? Il n’est pas assez beau ?
    - Si, il l’est trop !
    - Fais-moi plaisir, rejoins-moi… Je voudrais déjeuner avec toi,
    insiste-t-il.
    - Une autre fois, murmure-t-elle.
    - Que dois-je faire pour que vous acceptiez de me revoir ?
    - Je ne sais pas, avoue-t-elle.
    - Je ne veux pas prendre la place de votre défunt mari, la rassure-t-il. Je veux seulement devenir votre ami. Je vous en prie !
    Il insiste tant qu’elle finit par accepter. Le temps de ranger son bureau, de donner quelques consignes à Aïssa, elle va le rejoindre au restaurant. Norredine a un grand sourire. Il est fou de joie. La crainte de recevoir une gifle le dissuade de la prendre dans ses bras…

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  22. Artisans de l'ombre Dit :

    23iéme partie

    L’accueil de ce dernier lui rappelle celui de son défunt mari, les jours où ils avaient le temps de déjeuner ensemble. Il y a tant de chaleur, dans son sourire et de joie, dans son regard, qu’elle éprouve du bonheur, à être ici.
    Elle ne regrette pas d’être venue. Il la surprend, discutant de la vie de tous les jours, de ses projets d’avenir. Il demande son avis. Il l’écoute si attentivement qu’elle a l’impression qu’il compte beaucoup. Il la regarde avec tendresse.
    Elle passe un si bon moment qu’elle n’en revient pas. Il est si attentionné que lorsqu’il propose une promenade, elle ne refuse pas.
    - Super ! s’écrie-t-il. Quand voudrais-tu ?
    - Jeudi… Oh non, ce ne sera pas possible, se rappelle-t-elle. Je vais voir ma famille, à Alger…
    - À ton retour !
    - Bien sûr! On ira où ?
    Norredine feint de réfléchir.
    - Je préfère te surprendre, dit-il. Si tu permets ?
    - Une surprise, pourquoi pas?
    Eva est sous le charme. Quand il propose de prendre le café, elle accepte avec joie. Uniquement pour rester encore un peu avec lui.
    “Qu’est ce qui m’arrive ?”se demande-t-elle.
    - J’ai vu une ombre passée sur ton visage, à quoi penses-tu?
    - Rien, répond-elle en rougissant.
    - Je voiS bien qu’une pensée te tourmente. Je t’en prie, dis la moi !
    Eva s’efforce à être sincère, avec lui.
    - Il y a longtemps que je ne me suis pas sentie aussi bien, lui confie-t-elle. Depuis longtemps…
    - Tu culpabilises ?
    - Non.
    - Le fait de te détendre alors qu’il n’est plus là, te tourmente, dit Norredine. Ce n’est pas parce qu’il est mort que ta vie s’est arrêtée ! Ta vie continue sans lui… Tu peux penser à lui, chérir ses souvenirs tout en étant heureuse !
    - C’est que ce me disent ma famille et mes amis, répond-elle. Mais c’est difficile !
    - Je sais que tu es dure à la détente, dit-il en riant. Heureusement que j’ai insisté… J’aurais réussi à te ramener à la vie ! Un vraai défi !
    Eva reconnaît au fond d’elle-même que c’est en effet le cas. Depuis qu’elle est arrivée, elle a l’impression que la vie souffle en elle. Jamais elle n’aurait cru cela possible. Si Feriel la voyait, elle n’en croirait pas ses yeux !
    Dire qu’il y a à peine trois heures, elle lui criait qu’elle refusait de le revoir.
    - Je dois être folle, pense-t-elle tout haut.
    - Non !
    La jeune femme éclate de rire et des larmes perlent à ses paupières. Elle ne peut s’empêcher de penser à Nadhir. Cet instant de bonheur lui rappelle ceux passés en sa compagnie. Encore une fois, elle en veut au destin, de le lui avoir arraché si tôt. Elle ne serait pas en train de culpabiliser en cet instant. Comment peut-elle apprécier le bonheur, à sa juste valeur sans lui ? Comment peut-elle rire sans lui ?

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  23. Artisans de l'ombre Dit :

    24iéme partie

    -Je vois bien que tu penses encore à lui, murmure Norredine, très perspicace. Il n’y a rien de mal dans ce que tu fais !
    - Pour toi… Je ne comprends pas…
    - Je ne suis pas de ton avis, insiste-t-il. Tu peux rire et être heureuse sans être mal. Tu ne le trahis pas… Tu continues à vivre !
    - Je sais. Mais je l’aime encore, répond Eva. Il me manque !
    - Personne ne te demande de l’oublier ou de ne plus chérir son souvenir, dit-il, très sérieux. Je ne cherche pas à le remplacer. Lui a sa place dans ton cœur, et toi, tu en as une dans le mien !
    Eva rougit.
    - Je veux te voir sourire plus souvent. Entendre ton rire, poursuit-il. Comprends-moi !
    Elle sourit à travers ses larmes. Elle comprend, elle l’a compris dès leur première rencontre. Pourquoi faut-il que cela lui arrive maintenant ?
    - Il faut que j’y aille, dit-elle, subitement mal.
    - Non, n’aie pas peur, je ne veux pas te brusquer, murmure-t-il. On a tout le temps.
    - On verra !
    - Tout sera comme tu veux ! J’attendrais le temps qu’il faut. Quand tu seras prête, je serais là pour toi !
    Elle sait qu’il est sincère. Elle en est bouleversée. Elle se sent étouffée, proie à des sentiments contradictoires. Elle est partagée entre le sentiment de trahir son défunt mari et celui d’une possible relation amicale avec Norredine. Elle a encore envie de rester un peu. Mais elle cède à l’envie de prendre la fuite. Elle ne supporte pas son regard. Si ce n’est pas un tour de son imagination, c’est de l’amour. Est-ce possible ? Ils ne se connaissent presque pas.
    - Adieu !
    - Au revoir !
    Eva part sans se retourner. Même ainsi, elle sent son regard la transpercer. Elle retourne à l’agence dans un état second.
    - Quelque chose ne va pas ? demande Aïssa.
    - Tout va bien. Des clients ?
    - Oui, on a conclu deux bonnes affaires ! On a vendu deux appartements. Ils passeront demain, précise-t-il. Vous serez là, n’est-ce pas ?
    - Comment ?
    - Pour régler les derniers détails !
    - Non, je pars à Alger, décide-t-elle sur un coup de tête, éprouvant l’impératif besoin de s’éloigner de Béjaïa et de Norredine. Je serai absente quelques jours.
    - Mais si l’on a besoin de vous ?
    - Je laisse mon bureau ouvert. Servez-vous de ce dont vous aurez besoin, répond-elle. Et ne cherchez pas à me joindre !
    - Bien madame ! Bon séjour !
    Eva le remercie et après avoir rangé ses affaires, elle rentre chez elle. La tentation de prendre la route maintenant est si forte qu’elle ouvre sa garde-robe et en sort quelques ensembles qu’elle jette dans une valise. Elle ferme les volets. Elle ferme les robinets d’arrêt du gaz et de l’eau. Avant de partir, elle appelle Zohra et lui demande de garder la maison en son absence. Elle prend la route, sans prévenir sa famille qu’elle arrive dans la soirée. Si tout se passe bien…

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  24. Artisans de l'ombre Dit :

    25iéme partie

    Elle a besoin de recul. Elle a l’impression que tout va trop vite. Durant tout le voyage jusqu’à Alger, elle ne cesse de repenser au moment passé avec lui. Elle ne comprend pas pourquoi le courant passe si bien entre eux. C’est comme s’ils se connaissent depuis toujours.
    Et surtout, fait qui l’a déroutée, elle se sent bien avec lui. Même si elle refuse de l’admettre.
    - Qu’est-ce qui m’est arrivée ?
    ça ne peut pas être le charme de Norredine qui a opéré si vite sur elle. Elle est habituée à rencontrer des hommes dans le cadre du travail. Certains ont tenté leur chance, mais elle les a vite remis à leur place. Pourquoi a-t-elle accepté de le revoir alors ? De déjeuner avec lui ? Pourquoi tout semble si simple avec lui ?
    Lorsqu’elle arrive chez ses parents, il est près de dix heures. Ils ne sont pas encore couchés. Sa visite nocturne les surprend. Son frère Ali se fâche.
    - Pourquoi as-tu pris le volant si tard ?
    - J’avais envie de vous voir, répond-elle en souriant. Mais ce n’est pas ton cas.
    - La nuit, c’est risqué, réplique-t-il. Je ne t’apprends rien !
    - Mais je suis bien arrivée !
    - Tu aurais pu nous prévenir. S’il était arrivé quoi que ce soit, on aurait su où te trouver !
    - C’est bon, intervient leur mère, en la prenant par le bras. Elle est bien arrivée. Mais ne recommence plus !
    Eva le lui promet. Sa belle-sœur Souad et ses neveux sortent du salon l’accueillant à bras ouverts.
    - Enfin, on n’y croyait plus, dit Souad avant d’émettre les mêmes reproches que son mari.
    _ C’est bon ! Où est papa ?
    _ Il doit être en train de prier.
    el-hadj Mohamed sort de sa chambre, le tapis de prière entre les mains.
    - C’est toi ! Sois la bienvenue, dit-il, avec tant de chaleur qu’elle n’hésite pas à se réfugier dans ses bras. La famille est enfin réunie ! Allons au salon.
    Mais el-hadja refuse.
    - Elle est épuisée. Elle a besoin de se changer, de se rafraîchir. As-tu dîné en route ?
    Eva secoue la tête.
    - Non, je ne voulais pas perdre de temps, dit-elle en suivant sa mère à son ancienne chambre.
    _ Mets-toi à l’aise, je vais demander à Souad de te chauffer le dîner, réplique el-hadja avant de tirer la porte derrière elle.
    Eva se met à l’aise puis va les rejoindre dans la cuisine. Souad a vite chauffé le dîner. Eva mange avec appétit, entourée de toute la famille. Ses neveux voudraient encore veiller, mais comme ils ont école, leur père leur ordonne d’aller se coucher.
    - Qui va nous raconter une histoire ? Notre tante ?
    - Non, demain, ce soir elle est épuisée, dit Ali en les prenant par la main. Dites-lui bonne nuit et je vous raconterai une histoire !
    Après avoir embrassé leur tante et leurs grands-parents, ils vont dans leur chambre. La cuisine devient silencieuse. Eva tout en mangeant garde un œil sur ce qui se passe autour d’elle. Le regard qu’échangent ses parents ne lui échappe pas. Elle devine leur question. Pourquoi est-elle venue maintenant et sans ses affaires ? Est-elle revenue définitivement ?
    Eva baisse les yeux, imaginant leur déception quand ils sauront…

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  25. Artisans de l'ombre Dit :

    26iéme partie

    Tu es venue pour quelques jours ou pour toujours ? demande el-hadj Mohamed ?
    - Dis-nous !
    - Je suis là, répond-elle en repoussant son assiette. Je n’y ai pas réfléchi.
    - Alors, pourquoi venir en pleine nuit ? Qu’est-ce qui t’a poussée à venir ?
    Eva hausse l’épaule.
    - J’avais envie d’être là.
    El-hadja Halima pose la main sur le bras de son mari.
    - L’essentiel, c’est qu’elle est là, dit-elle. Elle a encore le temps pour réfléchir, pour se décider. Bien sûr, on sera heureux si tu décides de rester définitivement !
    - Et si je suis là, c’est pour quelques jours seulement ?
    - On s’y fera.
    - Pourquoi je te laisserai repartir ? s’emporte son père, l’effrayant presque. Tu n’as plus de vie là-bas ! Rien ne te retient là-bas, ta famille est ici!
    - Je sais. Mais ma vie est là-bas, répond-elle tout doucement.
    Elle voit la déception de sa mère. Son père s’est levé et semble ne pas vouloir dire quelque chose qui pourrait la peiner. Il quitte la cuisine alors que son frère entre. Il a bien vu que leur père était fâché.
    - Qu’est-ce que tu lui as dit, pour le mettre dans cet état ?
    - Rien.
    Mais Ali sait que leurs parents attendent beaucoup de cette visite.
    - Tu n’es pas venue pour rester, conclut-il. Ils vont mourir d’inquiétude et de chagrin !
    - Tu exagères. N’est-ce pas yemma ?
    - On n’en mourra pas, la rassure cette dernière avant de sortir de la cuisine.
    - Je suis tenté de te renvoyer de l’agence, dit Ali.
    - Je ne mourrai pas de faim.
    -Pourquoi ne penses-tu pas à eux ? Ils sont vieux et passent leur temps à penser à toi.
    -Ils ne devraient pas, réplique-t-elle en se levant pour débarrasser la table. Je n’ai pas vingt ans.
    -Raison de plus !
    -Tu commences à m’ennuyer ! Je préfère qu’on arrête d’en discuter ! Je suis fatiguée, je vais me coucher !
    -C’est ça !
    - Bonne nuit ! lui dit-elle avant de quitter la cuisine pour se rendre dans sa chambre.
    Elle est en train d’allumer la télé quand sa mère la rejoint. Elle lui sourit. Si elle a de la peine, elle le cache bien. Ou peut-être a-t-elle compris qu’il ne sert à rien de la forcer ? Elle est si têtue.
    Elle s’assoit sur le lit. Eva est heureuse de pouvoir discuter avec elle, de ses neveux qui grandissent vite, de Souad qui reste une belle-fille exemplaire, des choses de la vie sans avoir à se disputer.
    - Tu n’as rien à me dire ?
    - Comme quoi, demande Eva ?
    - J’ai rêvé que tu avais des choses à me raconter !
    -Ah !
    Eva se met à rire, prise au dépourvu. Et comme elle n’a jamais su mentir à sa mère, elle se tait un moment, hésitante.
    - Je sais qu’un homme est entré dans ta vie, poursuit el-hadja Halima. Mes rêves ne me trompent jamais.
    - Qu’as-tu encore vu dans tes rêves ?
    - Que ton cœur est pris entre deux feux, répond la mère, attendant qu’elle s’ouvre à elle. – Figure-toi que je savais que tu viendrais. Tu ne veux pas prendre de décision
    hâtive. Dis-moi tout, Il te plaît ?
    - Eva rougit. Si elle a décidé de s’éloigner de Béjaïa, c’est pour ne pas penser à lui. Et la voilà contrainte de parler de Norredine à sa mère…

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  26. Artisans de l'ombre Dit :

    27iéme partie

    Oui, il a un charme fou ! Yemma, il a quelque chose de craquant, d’attirant !
    El-hadja Halima fronce les sourcils. Elle a beau être heureuse pour sa fille, mais elle ressent du soulagement, à l’idée qu’elle est en train de tourner la page sans s’en rendre compte. En parlant du charme fou, elle révèle qu’elle s’intéresse à autre chose qu’à son travail. C’est positif.
    - Mais lui que fait-il dans la vie ? Et s’il avait des vues sur tes biens ?
    Eva s’empresse de la rassurer.
    - Absolument pas, réplique-t-elle, avant de lui confier qu’il est loin d’être dans le besoin. Il a des boutiques, des employés aussi.
    - Bien. Mais qu’en est-il de sa situation ?
    - Je sais qu’il est libre. Divorcé ou veuf, je l’ignore, mais je sais qu’il n’est pas engagé ailleurs et qu’il n’a pas d’enfants, ajoute Eva. En plus, il n’a pas de parents !
    - Avec ton caractère insupportable, il y a du bon à ce qu’il n’ait personne dans sa vie, réplique sa mère au risque de la fâcher. Tu lui plais beaucoup ?
    - Oui. Dès notre première rencontre, j’ai su que je lui plaisais !
    - Crois-tu qu’il songe au mariage ? À vouloir une vie familiale, lui qui n’en a jamais eue ? l’interroge sa mère.
    Eva hausse les sourcils. Comment pourrait-elle savoir ?
    - S’il a juste besoin d’une amie ?
    - Yemma, je n’en sais rien, répond-elle. Mais toi, pourquoi ne rêverais-tu pas de la suite ?
    - C’est une bonne idée, et pour cela, il faut que je dorme. Bonne nuit !
    - Bonne nuit ! Moi aussi j’ai besoin de sommeil.
    La jeune femme ne tarde pas à s’endormir. Le matin, ce sont les cris de joie de ses neveux qui la réveillent. Ils entrent dans la chambre pour lui dire bonjour et s’assurer qu’elle ne partira pas dans la journée.
    - Je serai là à votre retour ! promet-elle. Allez-y, sinon vous serez en retard !
    Après leur départ, elle ne tarde pas au lit. Elle se prépare pour la journée, comme si elle doit se rendre au bureau. Ses parents échangent un regard en la voyant ainsi prête.
    - Tu peux nous dire où tu as l’intention de te rendre ? On pourrait t’accompagner, propose el-hadj Mohamed.
    - Je n’ai pas l’intention de sortir. Et si j’en ai envie, je vous le dirai, promet-elle avant de goûter au petit déjeuner préparé par sa belle-sœur.
    Les parents n’insistent pas. À sa grande surprise, son père et son frère ne lui parlent plus de revenir vivre ici ou de refaire sa vie. Elle se doute bien que sa mère est à l’origine de leur silence.
    Elle se demande si elle ne leur a rien raconté.
    - Comment peux-tu penser une chose pareille ? s’écrie el-hadja Halima. Je ne peux pas les mettre dans la confidence alors qu’il n’y a rien de concret entre vous.
    - C’est vrai ! Et tu as bien fait !
    Eva, après une semaine de repos et d’interminables discussions avec sa famille, finit par s’ennuyer. Elle prépare ses affaires et décide de rentrer le lendemain. Elle a envie de reprendre le travail. Sa mère secoue la tête en la voyant prête à partir.
    - Il faut que j’y aille yemma, dit-elle. La maison, le travail m’attendent…
    - Et l’autre là, comment s’appelle-t-il déjà ? demande sa mère. Norredine ?
    - Oui. Mais je ne rentre pas pour lui !
    - À d’autres ! Moi, je sais qu’il te manque !
    Eva lève les yeux au ciel. Et elle l’admet.
    - Oui, mais juste un peu !
    - Va ma fille ! Je te souhaite de réaliser tes rêves si tu en as encore, dit el-hadja en la serrant dans ses bras.
    - Il y a longtemps que mes rêves ne se réalisent pas… Mais dis, tu n’as rien rêvé d’autres ?
    El-hadja sourit.
    - Va. Si mes rêves se réalisent, tu seras bientôt la femme la plus heureuse sur terre !
    Ces dernières paroles ont le don de mettre du baume à son cœur. Après avoir dit au revoir à sa famille, elle prend le volant, heureuse comme jamais de rentrer chez elle…

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  27. Artisans de l'ombre Dit :

    28iéme partie

    Vous voilà enfin ! Les sourires de ses employés lui mettent du baume au cœur. Elle est aussi heureuse de les retrouver. Une semaine sans les appeler. Cela ne leur est jamais arrivé. Elle leur a apporté du café et des gâteaux.
    - Comment s’est passé la semaine ? Des clients ? Une affaire conclue ?
    - Il y a votre client, Norredine… Il veut acheter deux appartements, dit Aïssa. Et il tenait à ce que ce soit vous qui vous en occupiez… comme l’autre fois !
    Eva hausse les sourcils, surprise. Elle se sent rougir lorsqu’ils la regardent comme s’ils attendaient de voir sa réaction.
    - Il tient à discuter, poursuit Aïssa. Il a laissé sa carte…
    Il fouille dans son tiroir, et la lui remet avant de poser le téléphone devant elle.
    - Il a dit que c’est urgent !
    Eva ignore le téléphone. Elle ne va pas l’appeler maintenant.
    - Je l’appellerai plus tard, dit-elle. Alors, la semaine s’est bien passée ? Dans l’ensemble oui… On a deux affaires en cours !
    - Alors, qu’attendez-vous pour travailler ?
    Elle va à son bureau et s’y enferme un moment. Le temps de réfléchir. Elle décide de ne pas l’appeler tout de suite même si elle est tentée.
    Sa mère l’avait surprise en lui parlant de Norredine. Ce rêve prémonitoire semble la conforter dans l’idée qu’il fera bel et bien partie de sa vie. Sa mère ne lui a-t-elle pas dit si mes rêves se réalisent, tu seras la femme la plus heureuse sur terre !
    Est-ce réellement possible ? Elle a été si heureuse avec Nadhir. Elle soupire en regardant son portrait. Ses yeux si doux semblent l’encourager.
    - Et puis quoi encore ?
    Si Nadhir était encore là, sa vie serait simple et tranquille. Elle aurait été comme une ligne droite. Elle n’aurait pas à se poser de questions. Elle sait que Norredine attend beaucoup d’elle, et si elle décide de lui donner une chance, c’est comme partir à l’aventure. Elle ignore de quoi sera faite sa vie. Elle ne le connaît pas. Elle a conscience qu’elle devra s’attendre à tout, auprès de lui. Du bien comme du mal.
    - Pourquoi est-ce si difficile de passer à autre chose ? Me le pardonneras-tu un jour ?
    Elle tourne la tête comme pour qu’il ne voie pas ses larmes. Comme s’il pouvait l’entendre et voir ce qui se passe en elle et dans sa vie. Il n’y a encore rien de concret entre elle et Norredine, et pourtant c’est tout comme.
    Le fait que sa mère a rêvé d’elle lui prouve qu’il fera partie de sa vie. Ses rêves prémonitoires se sont toujours révélés exacts.
    La sonnerie du téléphone interrompt le cours de ses pensées.
    - Tu es bien arrivée ma fille ?
    Eva sourit en reconnaissant la voix de sa mère.
    - As-tu fait un bon voyage ?
    - Oui, oui… Je m’excuse, j’aurais dû vous appeler dès mon arrivée, dit-elle.
    - Tu nous manques déjà, réplique el-hadja Halima. Dis… Il ne s’est pas encore manifesté ?
    Eva voit très bien à qui elle fait allusion.
    - Si, mais dans le cadre du travail, répond-elle en souriant. Il a besoin d’un appartement…
    - La bonne excuse, dit en riant sa mère. Je te prie de me tenir au courant…
    - S’il y a quoi que ce soit, promet la jeune femme, tu seras la première informée. Si ce ne sont pas tes rêves qui le feront avant moi…

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  28. Artisans de l'ombre Dit :

    29iéme partie

    Eva s’occupe d’autres affaires, en cours, depuis chez elle. Aïssa l’a informé des fréquentes visites de Norredine, et elle ne veut pas le voir tout de suite. Elle sait qu’elle devra se décider. Elle ne veut pas se presser.
    Zohra, sa bonne à tout faire, est surprise. Eva n’a pas l’habitude de travailler à la maison. Même Feriel ne comprend pas pourquoi elle ne sort pas.
    – Je risque de tomber sur lui, lui confie-t-elle.
    – Et alors ? Il ne menace pas de te tuer que je sache, rétorque l’amie. Il voudra juste un rendez-vous… Pourquoi le faire languir ?
    _ Ce n’est pas ça…Je voudrais prendre mon temps, murmure Eva. Je n’ai pas vingt ans. Une relation sans lendemain, ça ne m’intéresse pas!
    - Je ne crois pas qu’il veuille perdre son temps, lui aussi n’a plus vingt ans lui rappelle Feriel. Acceptes de le revoir et tu seras fixée sur ces intentions.
    - Je suis tentée mais j’ai peur. Imagine qu’il ne soit que question d’attirance, et qu’au bout du compte, il ne soit à la recherche que d’une amie avec qui passer du bon temps.
    - Et s’il a des intentions honorables? Moi, je pense que tu as une chance et que tu ne devrais pas la laisser passer, conseille Feriel. Et puis, tu ne peux passer ton temps à te cacher de lui.
    - Il me croit encore à Alger. Chaque jour, il spasse à l’agence. Aïssa m’a dit qu’il ne cesse de demander après moi. Il a aussi besoin de mon aide pour se trouver deux appartements.
    - Tu vas perdre un client et un mari à ce rythme. Allez, jette-toi à l’eau. Sors de ton trou.
    Eva hésite encore un peu. Feriel a senti son hésitation et elle a la bonne idée de ne pas la quitter sans l’avoir accompagnée au bureau. Eva a téléphoné devant elle, à Norredine. Ce dernier viendrait dès qu’il aura trouvé quelqu’un à qui confier les boutiques.
    - Il s’agit de ton avenir. Donne-toi une chance, d’être heureuse la prie Feriel, avant de se décider à rentrer chez elle. Tu me tiens au courant ?
    Eva le lui promet. Elle tente de s’occuper en attendant l’arrivée de son rendez-vous. Elle est excitée comme une adolescente. Elle ne peut pas s’empêcher de se regarder dans le petit miroir qu’elle garde dans un des tiroirs, de son bureau.
    En croisant le portrait de son défunt mari, elle rougit comme prise en faute. Elle le range aussitôt.
    Un coup à la porte attire son attention. Aïssa entre à pas feutrés. À sa façon de parler, elle devine qu’il sait qu’il se passe quelque chose.
    - Il est arrivé, dit-il, Je le laisse entrer ?
    - Oui. Apportez du café!
    Eva s’efforce de ne rien laisser paraitre de son émotion lorsqu’il entre dans le bureau. Il lui paraît plus grand et son regard est si heureux. Son visage rayonne de bonheur. Il ne le cache pas.
    - Enfin, je te retrouve, lâche-t-il en guise de bonjour. Mais où étais tu partie? Pourquoi es tu restée si longtemps absente ?
    Eva, trop émue pour répondre tout de suite, hausse une épaule. Elle, aussi, est heureuse. Elle ne s’attendait pas à ce que son cœur batte aussi fort.
    - Ils auraient pu te trouver des appartements, dit-elle. C’est leur travail!
    - Oui, je sais, répond-il. Je n’ai pas seulement besoin d’appartements, mais aussi de tes conseils…
    - Ils sont aussi bons conseillers, les défend elle.
    - Je voulais ton avis, savoir s’ils seraient à ton gouts, dit-il. Comme j’espère y vivre avec toi, on doit les choisir ensemble.
    Eva rit doucement. Elle est agréablement surprise. Son regard chaleureux et ses propos rassurants, quant à leur avenir, la bouleversent jusqu’au plus profond d’elle-même. Pour qu’il ne voit pas ses larmes, elle tourne la tête et croise le portrait de son défunt mari. Est-ce possible de connaitre le bonheur, une nouvelle fois ?

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  29. Artisans de l'ombre Dit :

    30iéme partie

    Norredine ne plaisantait pas en disant qu’il tenait à ce qu’elle choisisse pour lui, pour eux. Lorsqu’ils vont visiter des appartements, il se met à lui poser des questions.
    - Est-ce qu’il te plaît ? Est-il spacieux ? Est-il à ton goût ?
    - Tu ne peux pas acheter selon mes goûts, réplique-t-elle. Ils sont pour toi… C’est à toi, de voir s’ils correspondent à ton attente !
    - Non, insiste Norredine. J’ai besoin de ton accord, pour acheter… Imagine-toi mariée, est-ce que cet endroit te plairait pour y vivre ?
    - Mais je ne suis pas mariée à toi !
    - C’est mon rêve, confie-t-il gravement. Alors je veux ce qu’il y a de mieux pour toi ! Et je tiens à ce que tout soit comme tu le veux… Dis-moi, s’il te plaît !
    Eva secoue la tête, n’en revenant pas de son obstination.
    - Sois raisonnable, lui dit-elle. Tu n’as pas besoin de mon avis pour savoir s’ils feront l’affaire ! Tu as besoin d’appartements ou pas ?
    - Oui, mais de toi en particulier !
    - Il n’y a rien entre nous, murmure-t-elle. Remets les pieds sur terre ! le prie-t-elle presque.
    - Même les pieds sur terre, tu ne m’empêcheras pas de rêver ! Crois-moi, tu es la femme dont j’ai toujours rêvée !
    Quelle femme ne voudrait pas entendre cette phrase ? Quelle femme ne voudrait pas voir ce regard brûlant ? Qui ne voudrait pas d’un amour passionné ?
    - Norredine ! s’écrie-t-elle avec une pointe d’agacement, dans la voix. Tais-toi !
    - Tant que tu ne m’auras pas dit s’il te plaît ? Et l’autre ?
    - Pourquoi vouloir deux appartements dans le même palier ?
    Norredine lui explique qu’il brisera le mur qui les sépare.
    - Comme ça, il y aura de l’espace… J’aurai l’impression de vivre dans une grande maison ! En plus, les boutiques ne sont pas loin, ajoute-t-il. Mais est-ce qu’il te plaît ?
    - S’ils répondent à ton attente, achète-les !
    - Tant que tu ne m’auras pas dit de les acheter parce qu’ils sont à ton goût, je n’achèterais pas ! Mon bonheur, c’est toi…
    Eva soupire tout en jetant un coup d’œil autour d’elle. L’appartement a été bien entretenu. Le nouveau propriétaire n’aura qu’à changer le papier peint.
    - C’est un bel appartement, lui dit-elle. Il suffira d’apporter sa touche personnelle… Il fera le bonheur de n’importe qui… Il est neuf, spacieux et surtout bien situé !
    - Je ne veux pas le bonheur de n’importe qui mais le tien !
    Eva sourit.
    - Oui, il est bien… Mais tu sembles oublier que j’ai une villa, murmure-t-elle. Je ne compte pas la quitter…
    - Même pas pour moi ?
    Norredine est inquiet.
    - Non, tu dis ça pour plaisanter ? Rassure-moi ! Je compte pour toi, dis-moi !
    Eva sourit en le voyant paniquer. Il est mort d’inquiétude. Rien qu’à le voir suspendu à ses lèvres, à tenter de lire en elle, lui donne envie de rire.
    - Je trouve qu’on va trop vite, dit-elle sérieusement. Tu comprends que je ne veuille pas te donner de faux espoirs ?
    Norredine se tape le front, en fermant les yeux.
    - Non, je ne comprends pas… Je suis obsédé par toi… Et ce ne sont pas tes réticences qui vont me refroidir ! Il en faudra plus pour me convaincre du contraire !

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  30. Artisans de l'ombre Dit :

    31iéme partie

    Même si Eva ne lui donne pas son avis personnel, il décide de les acheter. Il apportera des modifications. Le mur séparant les deux appartements, détruit, il crée ainsi un immense salon et une salle à manger. Une des chambres lui paraissant exigüe, il décide d’ajouter cet espace, à la cuisine, en ouvrant dans le mur.
    Le cœur du foyer étant la cuisine, il choisit une belle faïence et pose une nouvelle dalle de sol, dans tout l’appartement. Le résultat après plusieurs semaines de travaux, est satisfaisant. Norredine ne regrette pas. La cuisine fera le bonheur de n’importe quelle femme. Mais qu’en sera-t-il d’Eva?
    Il a eu l’occasion de passer, devant sa villa et il sait qu’il faudra bien plus qu’un bel appartement, bien situé, pour qu’elle l’abandonne. D’où il s’est tenu, il a pu voir les arbres fruitiers.
    _ Le paradis, sur terre !s’est il dit. Il faudrait être fou, pour le quitter, pour vivre dans un appartement! Aussi beau soit il!
    Eva et lui n’ont pas eu le temps, de se revoir après l’achat des appartements. Elle lui a demandé du temps, pour réfléchir. Aussi qu’il ne l’harcèle pas au téléphone.
    Il aurait mis la pression afin d’avoir rapidement une réponse mais la crainte de l’entendre dire « non », l’a calmé. Il s’est fait une raison. Il doit patienter même si ce n’est pas dans sa nature. Il a horreur d’attendre.
    Si elle a obtenu la paix, de son côté, sa mère et ses amies ne la lâchent pas. Elles la pressent d’accepter, ne comprenant pas son hésitation.
    Même si elle est tentée d’accepter la demande de Norredine, elle a envie de prendre son temps. Rien ne presse. Elle l’a souvent vu passer devant l’agence et se retenir d’entrer. Elle aurait qu’il le fasse mais le fait qu’il respecte ses volontés, lui prouve combien il tient à elle.
    Elle sait qu’elle sera contrainte, à donner une réponse parce qu’elle ne peut pas le laisser dans l’incertitude. Il mérite une réponse.
    _ Tu vas encore le faire patienter combien de temps ?lui demande sa mère, à bout. Tu n’es pas la seule femme sur terre !lui rappelle-t-elle.
    _ Il n’est pas le dernier homme sur terre, rétorque Eva. Mais s’il pense à se manifester…
    Dès que hadja Halima rapporte la discussion, à Feriel, celle-ci se rend à la boutique de Norredine et elle craque pour un ensemble. Tout en marchandant avec lui, pour une remise, elle feint de se rappeler où elle l’a déjà vu.
    _ Il y a longtemps, remarque-t-il. Près de trois mois…
    _ J’ai la mémoire des visages, ment-elle. Vous connaissez mon amie Eva…elle a une agence immobilière!
    _ Ah…
    Il soupire profondément tout en secouant la tête.
    _ Comment va-t-elle?
    _ Elle irait mieux si elle avait de vos nouvelles, dit Feriel. Vous lui manquez…
    _ Je ne crois pas.
    _ Si, si, affirme-t-elle. Elle m’a parlé de vous, de votre demande en mariage. Vous l’avez bien demandé en mariage, n’est ce pas?
    _ Oui. Mais elle tarde à m’appeler…Je crois que je ne lui plais pas!
    _ Si, si…Allez la voir, lui conseille-t-elle. Vous aurez la surprise de votre vie! Elle n’en peut plus d’attendre, lui confie-t-elle. Vous irez la voir?
    _ Si vous me jurez que…
    _ Sur ma vie que je suis sérieuse! Allez-y et rendez vous bientôt!
    Après avoir payé, elle part, presque soulagée d’avoir œuvré pour le bonheur de son amie. Elle espère que Norredine ne perdra pas une journée de plus. Tout ce temps perdu, pour rien…

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  31. Artisans de l'ombre Dit :

    32iéme partie

    -Tu as besoin d’acheter quoi, cette fois?
    La question d’Eva lui arrache un sourire. Norredine la regarde dans les yeux. Lorsqu’il voie sa joie, il ne regrette pas d’être venu. En fait, il regrette de ne pas avoir cédé à son envie. Il a respecté sa volonté. Pour ne pas la brusquer…
    - Si ce que je veux, a un prix, je payerai le prix fort, pour l’obtenir !affirme-t-il. Mais toi, tu n’as pas de prix que je sache!
    Eva feint d’ignorer la vraie raison, de sa visite.
    - Tu es venu pour ?
    - Je t’ai demandé si tu voulais de moi, dans ta vie et cela fait des semaines que j’attends un signe de toi !dit-il. J’espérais un appel…une visite dans mes boutiques!
    - Je t’avais d’attendre. Pourquoi venir maintenant?
    - Je n’en pouvais plus d’attendre. Tout n’a pas de sens, sans toi…J’ai le sentiment de passer, à côté de l’essentiel !soupire-t-il. Tu ne vas pas me demander de retourner d’où je viens, sous prétexte que c’était à toi d’appeler?
    Eva hausse l’épaule.
    - Je pourrais…
    - Il faudrait que tu aies une pierre, à la place du cœur, pour me renvoyer maintenant !l’interrompt-il. Si tu n’as plus de travail, on pourrait sortir se promener?
    Eva secoue la tête tout en lui désignant le tas de papiers, à ranger.
    - J’en ai encore pour deux ou trois heures, répond-elle. Mais si tu veux, demain, on déjeune ensemble?
    Norredine sourit, aux anges.
    - Un déjeuner…Pourquoi attendre demain? On pourrait diner ?propose-t-il.
    - Non, demain.
    - Je vais faire une attaque, dit-il. Tu comprends que je ne peux pas attendre…J’ai besoin de savoir…
    - Je comprends…
    - Alors? Ai-je espoir?
    Eva rougit et tout en regardant le portrait de son défunt mari, elle se décide à lui répondre.
    - Oui.
    - Oui, quoi ?demande-t-il. J’ai espoir de mieux te connaitre? Ou oui, je veux bien me marier avec toi?
    - Oui, je veux bien te connaitre et même plus…Si tu me laisses tranquille, jusqu’à demain!
    Norredine est fou de joie. Il prend ces mains qu’il sent tremblantes.
    - Je jure de faire ton bonheur, lui dit-il.
    - Gare à toi si tu ne le fais pas !le menace-t-elle doucement. Ma famille t’aura à l’œil!
    - Penses-tu qu’ils m’accepteront ?s’inquiète-t-il.
    - Ils t’adopteront, le rassure-t-elle. Ma famille deviendra la tienne…
    - Avec plaisir!
    - Je peux te jurer que parfois, ce n’est pas une partie de plaisir que de les avoir derrière le dos !affirme-t-elle.
    - S’ils m’acceptent tel que je suis, je ne ferais pas le difficile!
    Un coup de fil les interrompt. Il voie Eva devenir pâle, à l’annonce, d’une mauvaise nouvelle.
    - Oh non !s’écrie-t-elle. Est-ce grave?…Ali, j’arrive tout de suite!
    Sans lui donner des explications, elle prend son sac et les clefs de sa voiture et part…

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  32. Artisans de l'ombre Dit :

    33iéme partie

    Attends ! Dis-moi ce qui se passe… Norredine a dû courir, pour la rattraper dans le parking. Même les employés les suivent. Ils la trouvent en larmes. Elle doit s’y prendre deux ou trois fois, pour parvenir à ouvrir la portière de sa voiture.
    - Ma mère a eu une hypertension…Elle est dans le coma…
    Aissa décide de venir avec elle. Il veut conduire à sa place. Elle n’est pas en état de conduire.
    - Non, restez à l’agence! Je me débrouillerais…
    Norredine propose de l’accompagner.
    - Je vais conduire…
    - Non, laissez moi!
    Mais il insiste. C’est peut-être l’unique occasion qu’il aura de connaitre sa mère.
    - J’y tiens…Allez, fermes ta voiture. Je t’emmène dans la mienne!
    - Et tes boutiques ? lui rappelle-t-elle.
    - Elles sont entre de bonnes mains, dit-il. Je les appellerais pour leur demander de fermer sans moi!
    Eva lui remet les clefs. Il ferme à sa place. Ils vont à sa voiture. Eva peut entendre ses employés, s’exclamer.
    - Elle fait confiance, à cet individu qu’elle connait à peine! Qu’est ce qu’il y a entre eux?
    - Tu ne le voies pas? Il essaie de mettre la main, sur ses biens!
    Même Norredine les a entendus. S’ils ne devaient pas prendre la route, il serait retourné sur ses pas, pour leur répondre qu’il n’est pas dans le besoin.
    - Qu’est ce qui leur prend?
    - Ils doivent être jaloux, répond elle. Ils sont à mon service, depuis des années! Je peux comprendre…
    Norredine démarre sans perdre de temps. Eva ne souffle mot. Elle pleure silencieusement. Deux fois, il lui prendra la main. Il voudrait la réconforter, la rassurer. Il espère que sa mère sera sortie de coma, à leur arrivée. Il voudrait revoir Eva sourire et sécher ses larmes.
    - Je ne voudrais pas la perdre !murmure-t-elle. Elle voulait te connaitre…Elle était même impatiente…Depuis qu’elle t’a rêvé…
    - J’ai bien entendu? Elle m’a rêvé?
    - Oui. On venait à peine de se connaitre, lui confie-t-elle. Mais elle savait tout…Elle m’avait surprise en me parlant de toi! Hier encore, elle me pressait d’accepter ta demande!
    - Je l’adore déjà! Rassures-toi! On ne va pas la perdre, dit-il. à notre arrivée, elle sera sortie du coma! Elle assistera à notre mariage…
    - Je ne veux pas qu’elle parte comme ça! Elle a tant de choses à partager avec nous!
    Eva s’enferme dans le silence, priant pour qu’elle soit revenue à elle, pour qu’elle ne décède pas. Elle ne le supportera pas.
    Il fait nuit lorsqu’ils arrivent au CHU Mustapha Bacha. L’infirmier accepte de les laisser entrer dans le service de médecine interne. Sa mère a été installée dans une chambre. Eva trouve toute la famille, à son chevet.
    - Comment va-t-elle ?
    - Elle dort, répond el hadj Mohamed. Elle est sortie du coma, tout à l’heure…Les médecins disent qu’elle a beaucoup de chance!
    - Oui.
    - Tu es venue seule ? demande Ali.
    En regardant derrière elle, elle remarque que Norredine est resté dans le couloir, pour ne pas la mettre dans la gêne.
    - Oui.
    Elle s’assoie sur le bord du lit et prend la main, de sa mère, qu’elle embrasse puis garde contre sa joue. Ses larmes la mouillent. Ce sont elles qui la réveillent doucement…

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  33. Artisans de l'ombre Dit :

    35iéme partie

    Je savais que je te trouverais là, dit Eva. Bonjour!
    -Bonjour. Tu as passé une bonne nuit?
    -Je n’ai pas dormi, répond elle en le rejoignant à l’intérieur de sa voiture. Ne me dis pas que tu as passé la nuit, ici?
    -Non, je suis allé à l’hôtel. Tu t’es levée tôt, lui fait remarquer Norredine. J’ai été voir ta mère. Elle était endormie…Je suis revenu t’attendre ici!
    -Je voulais te voir.
    -Moi aussi, dit Norredine. J’ai une autre proposition à te faire…
    -Ah oui?
    -Dès que ta mère ira mieux, je te propose qu’on se marie! On ne doit plus perdre de temps…Moi, je n’ai jamais eu de mère. Mais j’aimerais bien avoir une belle-mère, ajoute-t-il en prenant sa main. Es-tu d’accord?
    -Oui, bien sûr! Elle voudrait tant partager notre bonheur!
    -Si tu es d’accord dès qu’elle ira mieux, on se marie! On ne se fiance pas…
    -Je suis sûre que ma mère voudra convier notre famille, nos amis, les voisins…Tel que je la connais, elle voudra le fêter de façon grandiose !lui dit Eva. Mais tout ce qui compte, pour moi, c’est qu’elle aille mieux…Je vais de ce pas, la voir!
    -Je rentre à Béjaïa et je reviens vite! à mon retour, j’espère voir ta famille, insiste-t-il. Je ne veux plus perdre de temps. J’ai plus de quarante ans…
    -Je comprends. Je te promets de lui en parler…Il faut que j’y aille maintenant! Bonne route!
    -Je souhaite de tout cœur la guérison de ta mère. Tu m’appelles pour me donner des nouvelles, la prie-t-il.
    Eva le lui promet. Elle descend vite de voiture et se rend au chevet de sa mère qu’elle trouve réveillée. El hadja Halima sourit en la voyant.
    -Ma petite…
    -Comment te sens-tu?
    -J’ai encore l’impression d’être sur un nuage, répond la mère. Ce doit être l’effet du médicament…Tout à l’heure, il m’a semblé avoir vu un homme entrer!
    Eva sourit.
    -Tu ne l’as pas reconnu?
    -Il semblait peiné pour moi, lui dit elle. Comme s’il me connaissait…
    -Norredine te croyait endormie, lui confie Eva. Il espère vous rendre visite, bientôt! Il tient à ce qu’on se marie dès que tu iras mieux!
    -Inch Allah bientôt…
    En fait, après trois jours d’observation, elle peut retourner à la maison. Les examens n’ont rien révélé d’anormal. Elle a eu de la chance.
    Tous sont soulagés et heureux. Ils auraient fêté son retour si la famille voisine n’était pas en deuil. Eva reste auprès de sa mère, quelques jours. Elle et Norredine se sont parlés chaque jour. Lorsqu’il décide de leur rendre visite, Eva se voie contrainte de mettre au courant son frère. Ali se met à poser des questions auxquelles elle n’a pas de réponse.
    -Il ne va pas venir seul? Il a bien un parent…un vieil ami?
    - Je n’en sais rien. Il m’a dit ne pas avoir de famille, lui confie-t-elle. Il est seul au monde…
    -Il doit bien avoir un oncle quelque part! Une tante éloignée? Un cousin…Il ne peut pas être seul, au monde, comme tu dis! Sauf si c’est un pupille de l’état!
    Eva s’emporte presque après son frère.
    -Mais qu’est ce qui t’arrive? Pourquoi es-tu suspicieux?
    -J’ai le droit de savoir!
    -Quand il viendra, interroge-le au point de le mettre mal à l’aise!
    Ali la regarde en fronçant les sourcils.
    -Tu tiens à lui? Il y a longtemps que tu le fréquentes?
    -Non. C’est seulement que je ne te comprends pas! C’est un prétendant, pas un ex tolard!

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  34. Artisans de l'ombre Dit :

    37iéme partie

    El hadj Mohamed arrache presque le téléphone à Ali. Il le regarde durement, lui reprochant sa façon de se comporter avec leur invité.
    - On n’a pas besoin de lui parler pour savoir que c’est la vérité, dit-il. Je te crois sur parole… Ali est de nature suspicieuse. Il faut le comprendre, c’est sa sœur unique qui se marie tout de même !
    - Oui, je comprends. Si j’avais eu une sœur, je crois que j’aurais eu le même comportement !
    Souad et Eva entrent, apportant du thé et des gâteaux au miel. Elles le saluent. Eva rougit en croisant son regard. Elle s’assoie entre sa mère et son frère. Ce dernier craque ses doigts, très énervé même s’il n’ose pas tenir tête à leur père.
    - Je n’ai pas à te présenter notre fille puisque vous vous connaissez, dit el hadja.
    Norredine hoche la tête tout en gardant les yeux légèrement baissés.
    - Elle est la prunelle de nos yeux… Si l’on t’accorde sa main, dit el hadj Mohamed, tu nous auras derrière le dos, jusqu’à ton dernier souffle !
    - J’en prendrais soin, je vous le jure ! Elle sera choyée, respectée, tout ce que vous voulez…
    - Dans ce cas, je n’ai rien à redire sur son choix ! Si tu as des conditions, Eva ?
    _ Non, aucune.
    Ali quitte la pièce, en soupirant.
    - Si vous faites le bonheur de sa sœur, dit el hadja Halima, il changera d’opinion et deviendra votre meilleur ami !
    - Je voudrais gagner son respect et son amitié…
    Eva ne tarde pas dans la pièce. Elle rejoint son frère, dans la cuisine, en train de jeter un œil par la fenêtre.
    - Il possède une voiture hors de prix, des commerces bien à lui comme s’il était né avec une cuillère en argent dans la bouche, lui dit-il. Je ne crois pas à son histoire… Il a dû trafiquer, vendre de la drogue ou même dépouiller des gens bien pour se retrouver à la tête de cette fortune…
    Pendant ce temps, leur père et Norredine arrêtent une date pour le mariage religieux.
    - Pour celui qu’on fêtera en présence de la famille et des amis, on attendra de voir la disponibilité de la plus belle salle en ville !
    Mais Norredine ne veut pas d’une grande fête, dans une salle.
    - Pourquoi ?
    - Si vous, vous avez qui inviter, moi, je n’ai personne, répond-il.
    - Notre famille et nos amis deviendront les tiens, affirme el hadj Mohamed. Ils t’accepteront vite… Il suffit que tu sois ouvert…
    - Mais tu as bien des amis ? demande el hadja Halima. Ce sera l’occasion pour nous de les connaître…
    - J’ai juste des employés, des gens avec qui je suis en affaire… Pas d’ami intime…
    Ali, de retour, sourit en l’écoutant.
    - Sûrement que les rares amis que tu fréquentes ne sont pas de notre milieu. Juste des repris de justice, quelques criminels qui sont à l’ombre, pour longtemps… Vraiment pas des gens à présenter lors de son mariage !
    - Non, vous vous trompez !
    Mais quelle que soit l’explication, il ne le croira jamais. Plus que jamais, il en est convaincu…

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  35. Artisans de l'ombre Dit :

    38iéme partie

    Tu y as été fort, tout à l’heure, lui reprochent ses parents. Tu as été insultant!
    Ali hausse une épaule, insensible à leur colère. Car Norredine n’avait pas tardé à repartir sur Béjaïa. Il avait refusé de rester dîner.
    Ali n’aurait pas pu le supporter, une heure de plus. Il se demande comment ses parents peuvent le trouver adorable et bien sous tout rapport. Alors que lui jurerait du contraire. Il n’en a pas la preuve mais son sixième sens ne le trompe jamais.
    Eva semble subjuguer par son charme et ses qualités humaines qu’il ne voie pas.
    - Non, je ne lui ai pas manqué de respect !affirme-t-il. Je ne suis pas né de la dernière pluie…Il peut vous berner mais pas moi!
    - Tu exagères!
    - Non!
    - Si tu crois parvenir à me convaincre, de refuser, c’est peine perdue d’avance, dit Eva qui les rejoint au salon. J’ai accepté et dans moins d’un mois, je serais sa femme. Tu as ce temps, pour t’habituer à cette idée!
    - Ma parole, il t’a aveuglée! Vous êtes sous son charme! Le jour où il se dissipera, tu auras tes vieux jours, pour regretter de ne pas m’avoir écouté!
    Eva tourne la tête, refusant d’en entendre davantage. Elle est peinée. Elle aurait voulu qu’ils deviennent des frères et surtout pas que son frère se comporte avec lui, en ennemi.
    - Je t’en prie, fais un effort! Je ne veux ni me quereller avec toi ni que toi et Norredine soyez fâchés bêtement!
    - Ce n’est pas sans raison petite sœur! Je ne veux pas te voir souffrir…Prends tes distances! Ce n’est pas trop tard…
    - Tu ne comprends pas, je tiens à lui, réplique-t-elle, lasse. à toi de l’accepter et de le respecter…
    Pour ne pas être désagréable avec lui, elle ressort du salon où elle est restée qu’un moment. Elle va à la chambre de ses neveux où ces derniers sont en train de réviser. Elle les aide dans leurs devoirs, tentant d’oublier le début d’un conflit dont elle ignore l’issue. Elle connait son frère et il lui en voudra longtemps, de ne pas avoir renoncé à Norredine.
    Souad ne tarde pas à les rejoindre. Elle leur donne une récitation, à apprendre. Le temps de discuter.
    - Tu es sûre d’avoir bien réfléchi?
    - Oui.
    - Il y a longtemps que tu le connais?
    - Assez longtemps pour savoir qu’il est vraiment celui avec qui je compte refaire ma vie, répond Eva. Notre mariage aura lieu, avec ou sans le consentement de mon frère. Essaie de le raisonner. Je ne voudrais pas me fâcher avec lui.
    - Je ne te promets rien, dit Souad. Il a une dent, contre lui! C’est incroyable, c’est comme s’il voyait un autre que ton prétendant…Tes parents auraient été contre que j’aurais remis ton jugement en cause…
    - Remis en question ou pas, par lui ou par mes parents, je n’en ai cure! Moi, je suis convaincue…Alors qu’il ne mette pas d’ombre, sur mon bonheur!
    L’intervention de sa belle-sœur sera sans effet. Alors que les préparatifs vont bon train, il ne perd pas une occasion, pour tenter de la convaincre d’annuler.
    - Tu es sourd, ma parole!
    - Avez-vous discuté travail ? veut-il savoir. Où vivrez-vous.
    - Tu travailleras même après…?
    - Oui.
    - Tu ne m’as pas dit où vous comptiez vivre? Chez lui ou chez toi?
    - Là où on se sentira bien, répond elle évasivement. Mais pourquoi ces questions?
    - Pour savoir. T’a-t-il présenté des amis? à-t-il parlé d’en inviter quelques uns?
    - Il ne va pas venir seul, réplique-t-elle. Même s’il n’a pas de famille, il viendra avec des amis.
    - J’ai hâte de les rencontrer. Ceci dit, s’il en a…
    - Tu m’exaspères. Oublie que c’est lui! Imagine un autre! Tu parviendras à te détendre et à sourire, lui suggère-t-elle. Il me manque ton sourire!
    Il y a tant de tristesse, dans sa voix qu’il en a mal. Il réalise qu’à cet instant, toute la peine qu’il lui a infligée. Il passe un bras, sur ses épaules et la réconforte. Si seulement elle acceptait de l’écouter!

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  36. Artisans de l'ombre Dit :

    39iéme partie

    Le mariage a lieu à Alger. Ils n’ont pas loué de salle. Seuls la famille et les proches voisins ont été invités. Ils ont dîné la veille. Comme il n’y avait pas d’ambiance, les voisins n’ont pas tardé à rentrer chez eux. Les oncles et les tantes ont passé la nuit.
    L’occasion de revoir Eva après tant d’années et de retrouver la famille. Ali en profite, cherchant le soutien d’un oncle ou d’une tante, mais ces derniers ne veulent pas créer de problème. Puisqu’elle est consentante et que ses parents lui ont donné leur bénédiction, ils ne comprennent pas pourquoi il tient à gâcher le mariage. Ils sont là pour partager la joie d’Eva. Ali ne doit rien attendre d’eux.
    Mais il ne perd pas espoir. Il retourne auprès de sa sœur. Elle est habillée d’un beau tailleur blanc, coiffée simplement. L’esthéticienne la maquille légèrement, à la demande d’Eva. Il attend qu’elle ait fini avec elle pour lui demander de les laisser.
    - Tu es si belle !
    - Merci.
    - Mais j’aurais voulu que tu te maries avec un autre que lui, insiste-t-il. Je ne veux que ton bonheur… Tu me crois ?
    - Oui, bien sûr ! Tu comptes tellement pour moi !
    Il aurait voulu qu’elle l’écoute et renonce à ce mariage, car ce n’est pas trop tard. Mais sa sœur est vraiment amoureuse de lui. Bien des fois, il a souhaité à Norredine maladie et malheur. Même maintenant, lorsqu’il le voit arriver avec un petit cortège de trois voitures. Il demande à Eva de le rejoindre à la fenêtre.
    - Trois voitures, pas plus ! Je suis sûr que ce sont ses employés.
    - Je t’en prie, dit Eva, tout en ajustant son voile. Je ne veux pas de scandale… Peux-tu faire un effort ?
    - J’ai envie de le renvoyer !
    - Ne le fais surtout pas ! Je risque d’être ridicule, en courant derrière sa voiture, dit la mariée. Donne-lui une chance !
    - S’il n’était pas question de ton bonheur…
    - Promets-moi de ne pas faire de scandale !
    - Promis.
    Norredine qui devait craindre la réaction d’Ali, une fois arrivé, demande à repartir dans le quart d’heure suivant. Il n’a pas fini de saluer la famille. El hadja Halima le lui fait remarquer.
    - Tu essaies de fuir qui ?
    - Personne… Mais il y a une circulation monstre… Même en reprenant la route tout de suite, on n’arrivera qu’en fin de journée, dit-il. C’est pourquoi on doit éviter de perdre du temps !
    - Les invités vont déjeuner et après on prendra la route ! Circulation ou pas, on arrivera à destination ! C’est le plus important, n’est-ce pas ?
    - Oui.
    Lors du déjeuner, Ali approche les gens qui ont accompagné Norredine. Comme il s’en est douté depuis le début, ce sont ses employés. Il n’apprend rien de nouveau sur lui. Ils ne savent rien sur lui. Ils ne le voient qu’au travail. Il les paye bien, il est respectueux et généreux avec leurs familles.
    - C’est un fils de bonne famille, dit l’un d’eux comme pour le rassurer quant au choix de la mariée.
    - Si seulement il en avait une ! Cette mascarade n’aurait pas eu lieu !

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  37. Artisans de l'ombre Dit :

    40iéme partie

    Eva a l’impression d’être une spectatrice du mariage. Tout se passe rapidement. Elle se voie au bras de Norredine, sortant de la maison, accompagné de sa famille. Dans la voiture, sa mère a tenu à être avec elle, durant tout le voyage.
    Elle se voie arrivée dans sa nouvelle demeure, joliment décorée. Il y a juste une vieille femme qui les a accueillis chaleureusement.
    Après avoir proposé des rafraîchissements, les invités ont été emmenés au restaurant réservé pour l’évènement. Sa maison confiée à Zohra a été préparée pour recevoir sa famille, pour la nuit.
    Le lendemain, ils ont repris la route, vers dix heures. Elle a l’impression de les avoir à peine vus. Ses parents lui manquent. Même Ali. Ils sont repartis en même temps que les invités.
    Même si elle les a eu au téléphone, chaque jour, ils lui manquent. Les dernières semaines précédant le mariage, elle est restée avec eux et se retrouver séparée d’eux lui fait mal. Surtout lorsqu’elle songe aux sombres pensées qui rongent son frère.
    Si seulement le courant passait mieux entre lui et Norredine. Lors du dîner, c’est à peine s’ils se sont adressés la parole. Juste une poignée de mains, puis Ali a levé un doigt menaçant vers lui avant de tourner les talons. Comme pour lui dire » garde à toi si tu ne prends pas soin d’elle! »
    -Il faut le comprendre, je suis son unique sœur…
    Lorsqu’elle repense à son mariage, elle soupire .Tout s’est si vite qu’elle doit s’efforcer pour se rappeler cette soirée où sa vie a pris un nouveau départ.
    -Il y a combien de jours qu’on est mariés? Trois jours? Quatre jours ? demande-t-elle à Norredine.
    -Une semaine, répond-il.
    -Déjà…
    -Ne me dis pas que tu t’ennuies?
    -Non mais le temps file…C’est incroyable, je ne le sens pas passer!
    Norredine prend sa main et la serre fort.
    -Ça prouve que tu es bien avec moi, dit il en souriant. Si tu es d’accord, on part en voyage, propose-t-il. Dans un mois, le temps que j’ai un passeport…
    -Je n’aurais pas pu ces jours-ci, répond-elle. Le devoir m’appelle…Je dois voir ce qui se passe à l’agence.
    -Moi aussi, je dois reprendre mes affaires. On a ainsi le temps de vérifier que tous travaillent sérieusement. Après, on partira!
    La sonnerie du téléphone les interrompt. C’est Zohra. Elle a besoin d’elle.
    -Qu’y a-t-il de si urgent?
    -La facture d’électricité n’a pas été réglée à temps. Ils ont coupé le courant…Vous pouvez faire quelque chose?
    -Bien sûr. Je m’y rends tout de suite…
    Après avoir raccroché, elle propose à son mari, de l’accompagner.
    -Je dois régler la facture…Ensuite, je passerais à la maison…
    Norredine ne refuse pas. Ils vont sur le champ, régler la facture. Puis ils se rendent chez elle. Il y entre pour la première fois. Bouche bée, il regarde les photos portraits du défunt Nadhir. Il est jaloux de leur bonheur figé, sur les papiers glacés…

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  38. Artisans de l'ombre Dit :

    41iéme partie

    Zohra s’empresse de les soulager de leurs vestes qu’elle va vite accrocher au portemanteau. Norredine a retiré sa veste sans se détourner des photos. Eva qui n’a pas suivi son regard l’invite à entrer dans le salon.
    - Allez, viens t’asseoir ! Ou si tu veux, je te fais visiter avant ?
    - Non, non. Pas besoin.
    Il y a quelques semaines, il était passé devant la villa dont il avait pu voir les arbres fruitiers. Il a toujours imaginé sa beauté.
    Il a pensé à tout sauf à lui. Lui qu’il voit pour la première fois. Il le trouve beau. Il y a tant d’amour, tant de joie dans ses yeux qu’il a le cœur serré.
    Il voit sa femme dans ses bras. Elle rayonne de bonheur. Il jurerait que ce n’est pas la même femme. Elle lui ressemble seulement. Il lui manque cette lueur dans le regard.
    - D’accord, on visitera plus tard, dit-elle. Viens t’asseoir ! Zohra, du café, s’il te plaît !
    Celle-ci est revenue avec des rafraîchissements. Elle a servi des jus.
    - Je vois que tu t’occupes bien de la maison, lui dit Eva.
    - Je n’ai pas cœur à laisser la poussière s’installer dans votre demeure, répond Zohra avant d’ajouter d’une voix pleine d’émotion : vous m’avez manqués.
    - Toi aussi.
    - Si j’avais su où vous habitiez, je vous aurais rendu visite, poursuit-elle.
    - On habite au centre-ville, pas très loin de ses boutiques, précise Eva. Tu seras la bienvenue…
    - Si vous avez besoin de mes services, propose Zohra. N’hésitez pas à m’appeler !
    - Tu en fais assez ici… Mais si je dois appeler quelqu’un, ce sera toi !
    Elle se retire à la cuisine. Eva a remarqué que Norredine a les lèvres pincées. Son regard circule à travers le salon, s’arrêtant sur les portraits. Elle lit des questions au fond de ses yeux.
    - Quelque chose te tracasse ?
    - Non.
    Il prend son temps, pour boire son jus, évitant son regard, pendant un moment.
    - Si tu as fini, lui dit-elle, je te fais visiter…
    Norredine ne peut pas refuser. Il la suit à travers la maison. Une maison magnifique qui laisse admiratif et qui peut susciter l’envie.
    Même si leur appartement est beau, bien meublé, bien décoré lorsqu’ils sortent sur la terrasse, il se demande comment elle a pu accepter de vivre dans son appartement et laisser cette demeure de rêve.
    - Tu peux me cueillir des pommes ? Et des figues ?
    - Oui, mais j’ai besoin de corbeilles.
    - Je vais les chercher, dit Eva.
    Elle se rend à la cuisine où elle trouve Zohra en train de faire du rangement.
    - Je voudrais vous parler, lui dit cette dernière.
    - Ça ne peut pas attendre ?
    - Non, c’est à propos de la maison… Pourquoi ne pas vivre ici ?
    Eva sourit. Elle a eu la même pensée qu’elle…

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  39. Artisans de l'ombre Dit :

    42iéme partie

    C’est vrai ? Vous y avez vraiment pensé ?
    Eva sourit, la rassurant.
    _ Oui, bien sûr ! Je ne me sens vivre qu’ici, dit-elle en regardant autour d’elle. C’est étrange comme je me sens bien depuis que je suis là !
    - Je serai heureuse de pouvoir m’occuper de vous, comme avant, murmure Zohra. Même de votre mari, s’il veut bien !
    - Pourquoi ne voudrait-il pas ? réplique la jeune femme. Qui ne voudrait pas être choyé, gâté ?
    - Ça se passe bien entre vous ?
    - Oui. Pourquoi ?
    - Il est renfermé… Tout à l’heure, il n’a pas dit un mot, lui fait remarquer Zohra. Il ne semblait pas à l’aise…
    - Non, c’est juste une impression… Ton imagination te joue des tours !
    - Si vous voulez rester, je pourrai préparer à dîner ?
    La proposition de Zohra l’enchante.
    - C’est une bonne idée, dit Eva. Mais je vais demander à Norredine.
    Ce dernier a cueilli des fruits. Ils les met dans les corbeilles. Quand elle lui demande s’il est d’accord, elle surveille son regard et l’expression de son visage.
    - Quoi ?
    - Si tu es d’accord, répète-t-elle, on dîne ici et on peut même dormir ici, ce soir ?
    - Pourquoi ?
    - Pour le plaisir de retrouver la chaleur de mon foyer, dit-elle. Ma maison me manque.
    - Écoute, si tu veux, reste passer la nuit, répond Norredine en détournant le regard. Demain, je viens te chercher !
    - Non, je ne veux pas qu’on se sépare, rétorque-t-elle. Je veux rester ici, avec toi ! Je t’en prie, ne refuse pas !
    Il ne peut pas le lui refuser même s’il ne se sent pas à sa place, dans cette maison appartenant à un autre. Son âme est là. Il la sent. Il peut même la voir, à travers ces arbres fruitiers, plantés avec amour, à travers la beauté de la maison et surtout dans ces photos. Dans toutes les pièces, sur tous les meubles, sur les murs, il y a ce sourire et ces yeux qui le fixent au point d’avoir envie d’être ailleurs.
    - Je t’en prie Norredine… Pourquoi se séparer, c’est juste pour une nuit !
    - On n’a rien pris avec nous, dit-il.
    - On a tout ce qu’il faut ! Dis oui !
    Elle le lui arrache. Elle est si heureuse qu’elle l’embrasse sous le pommier avant de rentrer à l’intérieur de la villa. Elle remet sa corbeille de fruits à Zohra.
    - C’est bon, on reste ! Prépare-nous un bon dîner ! la prie-t-elle.
    - Bien, mais il me faut de l’argent, dit la bonne.
    Eva va prendre quelques billets de son sac et les lui remet.
    - Je sors acheter ce qu’il faut. Je reviens tout de suite…
    Zohra met un foulard puis prend un panier. Elle est déjà partie lorsque Norredine rentre du jardin. Il pose sa corbeille de fruits et lui dit :
    - On en a pour plusieurs jours !
    - Oui…
    Elle n’a pas le temps d’en dire plus qu’ils entendent la porte s’ouvrir.
    - Tu as oublié quelque chose ? demande Eva, croyant que Zohra est de retour.
    Celle-ci ne répond pas mais le bruit de pas se rapproche. Eva bouche bée, n’en revient pas. Son frère est venu. Il est tout aussi surpris qu’eux de les voir ici…

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  40. Artisans de l'ombre Dit :

    43iéme partie

    Qu’est-ce que tu fais là ? l’interroge Ali tout aussi surpris qu’elle.
    - Je te rappelle que je suis chez-moi, réplique-t-elle en riant, la surprise passée. Je suis heureuse de te revoir ! Mais toi, qu’est-ce qui t’amène ?
    -On devrait reprendre depuis le début, plaisante-t-il. Bonjour vous deux !
    -Bonjour ! Sois le bienvenu !
    Elle le serre dans ses bras, émue jusqu’aux larmes. Il lui a manqué. Sa famille lui a manqué.
    - Je suis passé chez vous, leur dit-il. Comme il n’y avait personne, je suis venu ici ! J’avais bien pensé…
    - On aurait pu être en promenade.
    - Mon instinct me disait que je vous trouverais ici, insiste-t-il. Tu as du café ?
    - Avec un peu de chance.
    Eva met du café dans la cafetière électrique et l’allume.
    - Mais asseyez-vous !
    Elle remarque qu’ils n’ont pas échangé un seul mot.
    -Tu as fait bonne route, au moins ?
    -Oui. Alors, ça se passe bien ? Tu ne t’ennuies pas ?
    -Non, répond-elle doucement. On vient à peine de se marier, on ne peut pas s’ennuyer ! Mais tu ne m’as pas dit ce qui t’amenait à Béjaïa ?
    -Toi, je voulais voir comment tu allais, et puis, j’avais besoin de voir ce qui se passe à l’agence, répond Ali. Je voudrais effectuer un bilan… J’ai appelé le comptable, il passera demain matin.
    -Bien. Mais tu as l’habitude de le faire chaque fin de semestre. Pourquoi ce changement ?
    -Je suis le patron, lui rappelle-t-il. D’ailleurs, je voulais te demander. As-tu l’intention de reprendre ou tu te plais dans tes pantoufles ?
    Le café étant prêt, elle les sert. Norredine est resté appuyé au plan de travail. Il ne veut pas s’asseoir à la table.
    -Figure-toi qu’on en a parlé tout à l’heure, lui confie-t-elle. J’ai décidé de reprendre demain !
    -Bonne nouvelle !
    - Je te rejoindrais vers dix ou onze heures…
    - Oui.
    Zohra revient, elle n’a pas traîné en route. Elle salue Ali, prend des nouvelles de la famille avant de se retrousser les manches. Elle retire les légumes frais, la viande du panier et prie Eva d’un regard.
    -Ok, pas de problème, dit celle-ci. On passe au salon… On te laisse préparer le dîner…
    Dans le salon où ils se mettent à l’aise, le silence s’installe et devient pesant au bout d’un moment. Eva ne supporte pas qu’ils se fixent du coin de l’œil.
    Norredine finit par se lever. Il veut faire un tour, à la maison, s’assurer que tout est bien fermé.
    -Non, Zohra aura bientôt fini de préparer le couscous, tu restes ici !
    -Je te promets de revenir…
    -Non, tu restes !
    -On risque de recevoir de la visite, la prévient-il. Ils ne vont pas se gêner pour prendre tout ce qui a de la valeur !
    -Jure-moi que tu vas revenir !
    Norredine le lui jure. Ali paraît soulagé en le voyant partir. Elle ne peut s’empêcher de lui reprocher son attitude. Elle a cru qu’il ferait un effort maintenant qu’ils sont mariés. Elle était si heureuse à son arrivée qu’elle en est à s’interroger si elle le sera encore, à son départ. Ils risquent de trouver le temps long…

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  41. Artisans de l'ombre Dit :

    44iéme partie

    Il est venu voir la villa… Il ne doit pas être déçu, poursuit Ali, une fois seul avec sa sœur. Quelle a été sa réaction lorsqu’il l’a visitée ?
    - Il était sans voix, répond Eva franchement avant de rectifier. Ce n’était pas son idée de venir ici ! Tu n’as qu’à demander à Zohra si tu ne me crois pas !
    - J’en déduis qu’elle t’a appelée ?
    - Oui, ils avaient coupé l’électricité, répond-elle. On est allé régler la facture et je lui ai proposé de passer par ici… Dîner et passer la nuit, ici, c’est sur mon insistance ! Il n’a aucune envie de rester !
    - Il a fallu que tu le pries ?
    - Oui.
    - Il joue la comédie et tu le crois ! s’étonne-t-il. C’est incroyable comme tu peux être naïve ! Il n’en veut qu’après tes biens…
    - Sa situation aurait été modeste que j’aurais douté mais sa situation est meilleure que la mienne, réplique-t-elle. Tu as vu ses commerces et ses appartements… Il n’a besoin de rien… Quand l’accepteras-tu ? Tu te trompes sur son compte !
    - Crois-moi, je voudrais avoir tort !
    - Donne-lui le temps de te prouver qu’il est quelqu’un de bien, de fiable, lui demande-t-elle. Je ne veux pas être partagée… Tu comprends ? Je veux ma famille et mon mari…
    - Qu’il me prouve que j’ai tort ! Je voudrais retrouver ma tranquillité d’esprit, lui confie Ali. Car j’ai vraiment peur pour toi !
    Eva le rassure. Elle est bien avec son mari. Il l’aime et la respecte. Elle n’en attend pas plus de lui. Elle ne peut pas être en danger auprès de lui qui n’aspire qu’à avoir une famille. À connaître la chaleur d’un foyer lui qui n’en a jamais connu. Il n’espère pas le matériel puisqu’il n’est pas dans le besoin. Juste une belle-famille qui pourrait devenir sa famille. Son frère n’a jamais connu le besoin, affectif ou matériel. Son incompréhension peut venir de là. C’est la seule explication qui lui vient à l’esprit, sur-le- champ.
    Lorsque Norredine revient, le dîner est prêt. Ils ne tardent pas à passer à table. Eva a allumé la télé. C’est l’heure des informations. Ils les commentent. L’ambiance est moins tendue. La jeune femme se sent mieux. L’effort est réciproque. Son mari l’aide à débarrasser la table.
    - Merci chéri…
    - J’ai juste porté des assiettes, réplique-t-il en souriant.
    - Non, pour mon frère…
    - Oui mais que me reproche-t-il au fond ?
    - Il est seulement comme ça, répond Eva à son mari. Depuis toujours !
    - Oui, mais il pourrait…
    - Chut. C’est sa nature, inutile de creuser davantage, réplique-t-elle à Norredine. À toi de lui prouver que j’ai fait le bon choix !
    - C’est ce que je fais depuis tout à l’heure !
    -Continue, tu es sur la bonne voie !
    Le reste de la soirée se passe bien, à son grand soulagement. La chambre d’ami étant prête, Ali se retire en premier, épuisé par la route. Eva et Norredine ne tardent pas. Elle est en train de se brosser les cheveux quand elle remarque qu’il manque des photos, sur la coiffeuse et sur le meuble télé. Norredine est au lit. Il feuillette une revue. Elle jette un regard circulaire dans la chambre et elle se sent mal. Toutes les photos de Nadhir, elles ne sont plus à leur place. Zohra les a quittés tôt, bien avant qu’ils ne dînent. Demain, elle lui demandera de les remettre à leur place…

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  42. Artisans de l'ombre Dit :

    45iéme partie

    Eva passe une nuit affreuse. Elle est si énervée qu’elle s’est tournée et retournée, dans le lit, jusqu’au matin. Au point de déranger son mari. Ce dernier s’est réveillé plusieurs fois. À chaque fois, elle a feint de dormir.
    Pendant des heures, elle n’a cessé de penser à Zohra. Celle-ci sait qu’elle a horreur qu’on déplace ses affaires, alors pourquoi maintenant ?
    - Qu’est-ce qui ne va pas ?
    - Rien.
    - Qu’est-ce qui t’a empêchée de dormir ?
    - Rien, répond-elle, agacée en se levant. C’est une mauvaise nuit, c’est tout !
    Elle passe par la salle de bains, fait un brin de toilette avant de se rendre à la cuisine. Zohra est déjà là à rincer la vaisselle de la veille.
    - Bonjour madame !
    - Bonjour…
    - Le petit déjeuner est prêt, sur la table de la salle à manger, dit Zohra. J’ai apporté des petits pains encorechauds ! Au fait, votre frère vient de partir à l’agence !
    - Bien…
    Eva se verse une tasse de café directement de la cafetière électrique.
    - Dis, où as-tu rangé les portraits de Nadhir et moi ? lui demande-t-elle.
    Zohra ferme l’eau du robinet, pose l’assiette et se tourne lentement vers elle, les sourcils froncés. La question semble la surprendre.
    - À leur place !
    - Tu n’y as pas touché ?
    - Si, pour les dépoussiérer, mais je les ai remis à leur place, dit Zohra. Habituelles…
    - C’est bizarre, hier soir, ils n’y étaient pas.
    La bonne hausse une épaule.
    - Vous avez interrogé la mauvaise personne.
    Eva soupire en fermant les yeux. Elle ne finit pas son café. Norredine vient de les rejoindre. Elle lui sert son petit déjeuner au salon.
    - Et toi, tu ne prends rien ?
    - J’ai déjà pris, répond-elle. Je vais aérer notre chambre.
    Eva ne se contente pas d’aérer la pièce, elle cherche les photos. Elle retire les tiroirs, ouvre la garde-robe et tombe sur eux, dans un coin. Elle les prend et les porte contre son cœur, très émue. Elle est heureuse de les retrouver. Elle a la preuve que ce n’est pas Zohra mais son mari. Elle se demande pourquoi tout en les remettant un à un à leur place.
    Elle refait leur lit, accroche les pyjamas derrière la porte de la salle de bains, puis se prépare. Elle doit se rendre à l’agence immobilière.
    Norredine la trouve en train de se maquiller.
    - Tu n’as pas besoin d’artifice, tu es très belle !
    - Merci, répond-elle en suivant son regard surpris allant d’une photo à une autre. Pourquoi les as-tu mis dans la garde-robe alors que ce n’était pas leur place ?
    - J’ai l’impression d’être épié, dit Norredine, simplement. C’est comme s’il était là, à nous regarder…
    - Ce ne sont que des photos !
    - Mais je ne suis pas à l’aise, avec ce regard, sur moi !
    - Tu n’es à l’aise avec personne… Mon frère, puis Nadhir… Vraiment, je ne te comprends pas ! Où dois-je comprendre que tu es jaloux de Nadhir qui est mort et enterré depuis des années ?

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  43. Artisans de l'ombre Dit :

    46iéme partie

    Appelle ça comme tu veux! Mais ces yeux, je ne veux plus les voir!
    -Tu es malade, s’écrie Eva. Tu seras bel et bien obligé de les voir…Nadhir est…était quelqu’un de formidable. Il était mon mari et j’étais heureuse avec lui. Pas une seule fois il ne m’a contrarié. Pas une seule fois il ne m’a manqué de respect.
    Norredine lève la main, agacé.
    -On n’est ensemble que depuis une semaine. Et on vient ici où le seul endroit où il n’y ait pas son portrait, c’est au WC! Laisse-nous respirer. Il est mort, qu’il repose en paix. On peut vivre notre vie, sans l’avoir sur le dos.
    - Tu exagères. Le portrait, tu ne le portes pas.
    -C’est pire que si je les portais, réplique-t-il avec insistance.
    - Incroyable…
    Eva ferme les yeux, un court instant, en sentant sa tête tourner. Ses mains tremblent. Elle se ressaisit. Elle prend son sac à main.
    -Je rejoins Ali, à l’agence, dit-elle.
    Elle ne lui propose pas de l’accompagner. Elle ne lui demande pas ce qu’il fera de sa journée, si elle le trouvera ici, à son retour ou s’il rentrera à la maison.
    -Bye!
    Elle se tourne et lui fait signe de la main avant de partir. Elle sort sa voiture du garage. Norredine l’y a rejoint.
    -Vérifie l’huile…
    Elle secoue la tête en claquant la portière. Elle démarre en soupirant. Elle est soulagée de ne pas avoir à rester plus longtemps. Tout en se rendant à l’agence, elle se demande s’il s’est rendu compte de la peine qu’il lui a faite. Elle espère qu’il comprendra car elle ne peut même pas s’imaginer une seconde, retirer tous les portraits de son mari et tout ce qui lui appartient sous prétexte qu’il ne supporte pas de les voir.
    En entrant dans l’agence, elle s’efforce à sourire. Elle ne veut pas inquiéter son frère. S’il voie une ombre, dans son regard, il allait deviner. Et comme il ne porte pas son mari, dans son cœur, il allait en profiter.
    -Bonjour!
    Ils se font la bise et elle s’assoie dans son fauteuil. Aïssa a apporté les livres de comptes, au comptable. Ce dernier commence à travailler dessus. Ali en profite pour discuter avec elle.
    C’est bien que tu m’aies rejoint…ça va?
    Oui.
    Je voudrais te donner quelques conseils, dit Ali. N’ayez pas de compte commun…Ne quitte pas ton travail! Ne vends jamais ta maison!
    -Pourquoi la vendrais-je?
    -Sous l’influence de ton cher mari, répond Ali. Je suis sûr qu’il voudra se débarrasser de tout ce qui rappelle le défunt Nadhir!
    -Tu penses vraiment que je suis influençable?
    Ali secoue la tête.
    -Peut-être de guerre lasse, tu rendras les armes ? émet-il. N’oublie jamais mes conseils. Moi, je ne serais pas toujours là…
    -Si, tu seras toujours présent, dans ma vie, dit elle. Et je te promets de suivre tes conseils, à la lettre.

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  44. Artisans de l'ombre Dit :

    47iéme partie

    À la pause déjeuner, ils appellent leurs parents. Eva discute longtemps avec eux. Ils sont heureux pour elle. La jeune femme, même si elle en meurt d’envie, ne lui raconte pas ce qui est arrivé la veille. Elle ne veut pas inquiéter sa mère.
    Elle sort du restaurant, avec son frère quand elle tombe sur son amie Feriel.
    - Te voilà enfin! J’avais cru que tu avais été séquestrée, ma chère!
    -Non, répond-elle.
    -Pourquoi as-tu disparu ces dernières semaines, l’interroge Feriel? Je suis passée chez toi, à l’agence, tu n’y étais pas…Pourrais-tu m’expliquer?
    Eva lui montre la bague qu’elle porte au doigt.
    -Je me suis mariée…
    Feriel n’en revient pas.
    -C’est vrai? Mais avec qui?
    -Norredine…
    L’amie la prend dans ses bras, de joie. Elle est heureuse pour elle, pour eux. Elle lui avoue l’avoir poussé à la voir.
    -C’est toi! Il a fallu que tu l’encourages!
    -Tu lui interdisais de t’approcher! J’ai finalement bien fait…Mais pourquoi ne m’avez-vous pas invitée au mariage?
    -Il a eu lieu à Alger et je peux te jurer que seule la famille était présente, dit Eva. Norredine ne voulait rien de grandiose…Parce qu’il était seul…
    -Ah! Et si on allait au salon de thé, tu pourrais tout me raconter autour d’un café!
    -Tu viens avec nous Ali?
    Mais ce dernier refuse l’invitation.
    -Merci mais j’ai à faire, répond-il. Tu me rejoins à l’agence, après?
    -À tout à l’heure.
    Elles se rendent dans le salon de thé le plus proche. Une fois bien installée, leurs cafés servis, Eva répond aux questions de son amie.
    -Il n’a personne, pas de famille, pas d’ami…
    -Ce n’est pas une raison, pour te couper de tes amis et de ta famille, réplique Feriel. Ça se passe bien entre vous?
    -Oui…Enfin, hier soir, il s’est permis de retirer toutes les photos de Nadhir, sans même me consulter ! confie Eva. Il ne supporte pas son regard.
    Feriel semble la comprendre.
    -Mets toi à sa place. Toi-même tu te débarrasserais des photos de son ex ou de sa veuve s’il n’y avait que ça, dans la maison. Une, deux ou trois photos, ça passe mais plus, c’est étouffant poursuit l’amie. Il doit avoir l’impression d’être en concurrence avec Nadhir, le pauvre.
    -Tu me conseilles de les ramasser et de les jeter?
    -Non, je n’irais pas jusqu’à là, la rassure Feriel. D’ailleurs, vous ne vivez pas dans ta villa, n’est ce pas?
    -On y a passé la nuit, c’est tout!
    -Le problème ne se posera plus alors! Mais essaie de le comprendre! Il ne faut pas que les faux problèmes gâchent votre quotidien, conseille l’amie. Il n’a que toi…Il faudra comprendre qu’il veuille t’éloigner des autres, pour être sûr de ne pas te perdre!
    -En voilà une façon de voir les choses à laquelle je n’ai pas songé!
    Oui…Tu m’invites quand chez toi?
    Eva lui promet de l’appeler, dans le courant de la semaine.
    Tu amèneras ton mari…Peut-être qu’ils deviendront amis?
    Feriel l’espère. Eva ne tarde pas. Elles se séparent dans la rue. Eva retourne à l’agence où elle ne reste qu’un moment. Elle espérait qu’Aïssa lui dirait que son mari l’a appelé mais il ne s’est pas manifesté. Elle se demande si elle doit rentrer maintenant ou attendre qu’il daigne le faire ?

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  45. Artisans de l'ombre Dit :

    48iéme partie

    Eva décide de rentrer à la maison. Ali n’en a pas encore fini avec la vérification des comptes. Il la rejoindra dès qu’il en aura fini.
    Elle appelle Zohra et lui demande de bien fermer avant de partir. Elle n’est pas surprise de trouver l’appartement vide. Il est tel qu’ils l’ont laissé la veille. S’il est venu ici, il n’y a aucune trace, de son passage.
    Elle traîne d’une pièce à une autre. Elle soupire, regrettant de ne pas être retournée chez elle. Elle a envie de retrouver sa chaleur, les portraits de Nadhir, toutes ces choses qui lui sont chers. En s’y rendant la veille, elle avait si heureuse.
    Même si elle était restée éveillée, toute la nuit parce qu’elle avait cru que Zohra avait ramassé les photos de son défunt mari, le fait d’avoir pu les remettre à leurs places, avait chassé la fatigue.
    La discussion qu’elle avait eu avec son mari ne lui avait pas fait plaisir. Mais Feriel a su lui ouvrir les yeux. Tout comme elle, il doit se sentir bien, chez lui. Elle a la chance d’être l’unique femme qu’il ait eu dans sa vie. Elle se demande si elle aurait toléré la présence de photos d’une autre. Qu’elle soit morte ou encore de ce monde ! Le fait de rappeler qu’il y a eu une partie de sa vie, heureuse, dans les bras d’un autre, a dû éveiller sa jalousie.
    Mais il n’est pas de taille. Il ne pourra pas chasser ses souvenirs de bonheur connu en compagnie de son défunt mari, ni même sa présence en son cœur. Cependant, il peut s’efforcer à être aussi doux et aussi prévenant que Nadhir l’avait été. Même plus. Il n’y a qu’ainsi qu’il pourra lui faire de l’ombre. Le lui faire oublier…
    Elle doute qu’il puisse y parvenir.
    Elle sursaute lorsque la porte d’entrée s’ouvre. Norredine entre. Il a un petit sourire.
    -Bonjour, dit-il.
    -Bonjour. Tu m’as vue arriver ?
    -Oui, j’étais dans la boutique, répond son mari, en l’embrassant, sur la joue. Ta journée s’est bien passée ?
    -On peut dire, dit-elle. Et toi ? Qu’as-tu fait ?
    -Juste des commandes…
    -Tu veux que je te prépare quelque chose ? lui propose-t-elle.
    -J’ai déjeuné dehors… Aussi, si tu veux, on dîne dehors?
    -Tu m’invites au restaurant ?
    -Oui, toi et ton frère…
    Eva sourit. Le temps de quelques secondes, elle a cru qu’elle seule l’était.
    -Je l’appelle à l’agence, dit-il. Pour qu’il ne prévoie pas autre chose !
    -Oui, tu ferais bien. Tu as réservé une table ?
    -Oui.
    Il ne lui dit pas où. À sa demande, elle se prépare avant dix neuf heures. Ali les rejoint chez eux. Norredine le reçoit bien. Eva est heureuse. Le nuage du matin s’est dissipé et elle sent que son mari met tout en œuvre, pour gagner sa sympathie. Tout comme la veille, le dîner, dans un restaurant chic, se passe bien. Tous ont évité les sujets fâcheux. Et c’est mieux ainsi.
    Elle décide d’attendre le départ de son frère, pour discuter avec lui, sur Nadhir. En fait, il va la surprendre. Il abordera le sujet, à un moment inattendu…

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  46. Artisans de l'ombre Dit :

    49iéme partie

    Je ne pourrais jamais supporter l’idée de te partager avec un autre… Il parait si bon. Si généreux… La façon dont il te regarde dans les photos, m’a rendu malade de jalousie ! dit Norredine. Je ne devrais pas, je sais! C’est bête d’être jaloux d’un homme mort… Mais je voudrais que tu l’oublies! Je voudrais te rendre heureuse, plus que tu ne l’as été avec lui !
    Eva soupire tout en secouant la tête.
    - Je ne demande que ça, répond-elle. Même si je sais que ce sera difficile ! Il était merveilleux…
    - Je veux bien te croire. Je ferais tout pour te rendre heureuse, insiste-t-il avant de lui demander. Je voudrais savoir pourquoi vous n’avez pas eu d’enfant ?
    - On ne pouvait pas, réplique-t-elle très amère. Nadhir était stérile…
    - Je comprends. J’espère en avoir plusieurs avec toi, dit Norredine. Je voudrais des garçons et des filles… Et toi ?
    -J’ai plus de trente cinq ans, lui rappelle-t-elle. Si je fais plusieurs grossesses, je risque d’avoir un enfant trisomique… Et puis, tout ne dépend pas que de moi mais de Dieu !
    -Oui, on aura que ce que Dieu voudra bien nous donner ! Dis-moi, toi et ta belle-famille vous n’avez plus de contact?
    La jeune femme est surprise par ces questions. Elle se demande pourquoi il veut tout savoir.
    - Non.
    - Pourquoi ?
    - J’étais très prise par mon travail.
    - Ce n’est pas une excuse, fait remarquer Norredine, pour couper les ponts. Il doit y avoir autre chose…
    - Oui. Nadhir a quitté Alger, pour s’installer ici et sa famille n’avait pas apprécié…A sa mort, ils voulaient la villa.
    - Tu ne t’es pas laissée faire!
    - Nadhir avait laissé un testament…Il ne voulait pas que je partage mon héritage, répond Eva. Je leur avais donné de l’argent qu’ils avaient refusé…Après, plus aucun contact…
    - Les questions d’argent fâchent toujours, dit-il. Ali rentre quand à Alger ?
    - Demain… Je reprends mon travail, à l’agence, dans le courant de la semaine, dit la jeune femme. Mes horaires seront souples… je commencerais à dix heures et finirais à seize heures sauf les jours de visite ou de signature chez le notaire !
    - Tout comme toi, je peux commencer quand je veux, réplique le mari. Ça ne me gêne pas que tu partes avant moi ou rentres après ! L’agence n’est pas très loin…
    Le lendemain, Ali passe les voir avant de rentrer à Alger. Encore une fois, il lui demande d’être prudente.
    - Tu t’inquiètes pour rien ! Tu vois, je vais reprendre mon travail ! Je croyais que tu commençais à l’apprécier ?
    - Je m’efforce, répond il franchement. Mais j’ai encore des doutes… Alors, promets moi de l’avoir à l’œil
    - C’est sûr !
    Ali rentre à Alger, rassuré. Eva reprend son fauteuil, dans l’agence. Elle n’est pas surprise de recevoir un appel de Feriel. Elle veut la voir, chez elle, dans sa nouvelle demeure. Eva lui donne quelques repères, pour la trouver. Elles se fixent rendez-vous, dans une heure.
    Elle a ainsi le temps, d’acheter un grand gâteau. Elles arrivent en même temps, devant la cage d’escalier. Feriel a apporté un cadeau. Aussi, elle est impressionnée lorsqu’elle entre et visite le grand appartement.
    -Waouh ! T’en as de la chance !
    -Toi aussi, lui rappelle Eva. Thé ou café ?
    - Café au lait, répond l’amie en la suivant à la cuisine. Je vous en veux de ne pas m’avoir invitée ! J’aimerais bien voir comment il s’est passé! Vous avez un film du mariage ?
    Eva secoue la tête.
    -Non.
    - Et des photos ?
    - Aussi, répond la jeune femme, déçue comme son amie. Norredine n’aime pas être filmé. Et photographié…
    - Oh non ! Donc, il n’y a pas un seul souvenir du mariage ?s’écrie Feriel.
    - Si, des photos, mais sans lui, précise Eva. C’est étrange ! Qui n’aimerait pas avoir de photos ou de films de son mariage ? Surtout que c’est son premier mariage, remarque l’amie, très surprise. N’est-ce pas ?
    -Oui. Enfin, je crois…

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  47. Artisans de l'ombre Dit :

    50iéme partie

    Il n’a jamais parlé d’une autre femme… Je ne crois pas qu’il se soit déjà marié…
    Elles s’installent dans la cuisine et elles continuent de discuter de Norredine.
    -Peut-être, mais pourquoi hait-il être pris en photo ?
    Eva hausse l’épaule.
    -Je ne sais pas… Le fait de ne pas avoir connu sa famille, de ne pas avoir eu de souvenirs d’eux, doit y être pour quelque chose, dit-elle. Je le voyais regarder mes parents, il était triste et heureux de les compter dans sa famille ! Mes parents l’adorent. Tu ne me croiras pas si je te disais qu’il est un second fils, pour eux!
    - Oh que si !réplique Feriel. Tes parents sont très sensibles et ton mari est adorable!
    - Mon frère ne s’en est pas rendu compte, lui confie Eva. Il doute de lui, de ses réelles intentions. Il m’a demandé de toujours me méfier de lui !
    - Ali exagère!
    - Je trouve aussi. Mais j’ai décidé de les suivre, confie la mariée. Je l’aurais à l’œil ! Juste pour le plaisir de le surveiller…
    -Tu me faisais peur! Je croyais que toi aussi, tu t’étais mise à douter de lui!
    -Non. Même si parfois il me déroute un peu… Avant, il affirmait me comprendre, ne pas vouloir prendre la place de Nadhir…Maintenant, il veut tout mettre en œuvre, pour que je l’oublie ! Il veut se surpasser…
    - Ça prouve qu’il tient à toi !
    - Il veut des enfants!
    - Malgré ça, Ali doute de lui. Je ne le comprends pas, soupire Feriel. Norredine veut être l’unique homme, dans ta vie et même dans ta tête ! Et le père de tes enfants…Il voudra des garçons ?
    - Des garçons et des filles… Comme si j’aurais la force d’en avoir plus de deux, dit Eva. J’ai toujours voulu en avoir… Je regrette de ne pas en avoir eu avec Nadhir. Je n’aurais pas eu à refaire ma vie…
    - Tourne la page définitivement! Oublie le passé et pense à l’avenir! Aux bonnes choses…
    Eva a déjà tourné la page, le jour où elle a accepté sa demande en mariage. Même si elle est mariée à Norredine, certains soirs, elle ne peut pas s’empêcher de penser à Nadhir, aux choses qu’ils auraient pu faire ensemble si la mort ne l’avait pas emporté.
    Mais Norredine semble défier son souvenir. Il s’efforce toujours de la surprendre, agréablement. Il ne la laisse jamais longtemps seule. Parfois, ils ferment tout et partent en week-end. Parfois pour plus d’une semaine.
    Une année a passé et ils décident de le fêter à Oran. Mais Eva n’est pas vraiment en forme. En route alors qu’ils sont bientôt arrivés, elle est prise d’un malaise. Norredine se renseigne auprès de passants, pour trouver un cabinet médical.
    Le médecin, une femme d’âge mûre, l’examine tout en l’interrogeant. Norredine est mort d’inquiétude. Il a tenu à assister à l’examen. Il reste près d’elle.
    - Le petit déjeuner, je ne voulais pas le prendre.
    - Vous ne supportez pas les longs trajets, par route ?
    - Si… Mais depuis quelques jours, le café noir me donne envie de vomir, se rappelle Eva avec une moue de dégout.
    - D’accord…
    La médecin effectue une échographie.
    - Le café n’y est pour rien et les voyages aussi, leur dit elle en souriant. Vous avez des enfants ?
    - Non, répondent-ils en même temps.
    - Alors, vous voilà comblés… Félicitations, vous attendez des jumeaux ou des jumelles, dit la médecin. Eva et Norredine se regardent. Ils doutent. Ils ont bien entendu ou l’ont-ils imaginé ?
    - Si, vous allez bientôt devenir parents, insiste la médecin. Regardez l’écran… aucun doute, ils sont bien là. Félicitations !
    Eva ferme les yeux. Si elle est en train de rêver, elle ne veut pas se réveiller. Elle est comblée. Elle n’attend pas un bébé mais deux…

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  48. Artisans de l'ombre Dit :

    51iéme partie

    Le médecin les conseille de prendre rendez-vous chez un gynécologue dès leur retour pour le suivi de la grossesse. Norredine écourte leur séjour à Oran. Il la met dans un avion et lui rentre en voiture. Dès le lendemain, ils se rendent dans une clinique privée où il a pris rendez-vous. La gynécologue qui la reçoit lui demande un bilan sanguin.
    L’échographie cette fois leur révèle le sexe des bébés.
    - Des garçons ? reprend Norredine, fou de bonheur.
    - Oui, ils sont à leur quatrième mois…
    - Ils sont normaux ? Leur taille ? Leur développement ? demande-t-il, subitement inquiet. Est-ce de vrais jumeaux ?
    - Non, répond la spécialiste. Et soyez rassurés, ils vont très bien.
    Le couple est soulagé.
    - Je vous verrai dans une semaine, poursuit-elle. Avec toutes les analyses, le bilan sanguin et la chimie des urines…
    - Ensuite ? demande Eva.
    - Je vous donnerai un régime et un traitement en cas de nécessité… On se verra tous les deux mois, à compter du prochain rendez-vous.
    Eva effectue les analyses demandées par le gynécologue dès le lendemain. Norredine ne veut pas attendre la semaine suivante.
    Il appelle sa belle-famille pour la mettre au courant. Toute la famille vient les féliciter. Eva est heureuse comme jamais. Sa mère voudrait offrir un dîner et inviter la famille et les amis.
    Mais Norredine refuse.
    - Après leur naissance, oui ! Je ne veux pas de monde maintenant ! dit-il. Elle doit se reposer, éviter tout stress. La gynécologue a dit que c’est une grossesse à risque. Eva a trente-sept ans…
    - Elle est en bonne santé et ce n’est pas du stress que de réunir la famille pour cet heureux évènement ! Mon fils ne refuse pas ! Je m’occuperai de tout !
    Norredine secoue la tête.
    - Rien… D’ailleurs, Ali, je voudrais te parler… Allons dehors !
    Ali le suit.
    - Qu’y a-t-il que tu ne puisses me dire devant elles ?
    - Ta sœur doit arrêter de travailler, dit Norredine. Elle a besoin de souffler… Elle n’a pas vingt-cinq ans ! Je te demande de lui dire d’arrêter quelque temps !
    - Combien de temps ?
    - Temps qu’elle ne pourra pas supporter le stress, insiste le mari en soupirant. Elle attend deux bébés et les derniers mois sont difficiles à vivre… On ignore si elle pourra accoucher ou subir une césarienne !
    - Je comprends que tu veuilles prendre soin d’elle, et j’apprécie, réplique Ali. Mais on doit en parler avec elle ! On la consulte…
    Ils retournent à l’intérieur. El hadja Halima et Eva les regardent entrer.
    - Vous ne vous êtes pas battus ! s’étonne Eva.
    - Non, pour une fois, on est même d’accord ! répond Ali. Ton mari veut prendre soin de toi et des bébés… Si tu veux, tu peux prendre ton congé dès demain, propose-t-il. Quelqu’un de ton choix te remplacera… Le temps qu’il faudra…
    Sa proposition tombe à point. Eva voulait lui en parler. Elle veut se reposer, avoir le temps de se préparer. Elle doit suivre les conseils de la gynécologue. Le travail peut attendre…

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  49. Artisans de l'ombre Dit :

    52iéme partie

    Qui l’aurait cru ? Tu t’entends avec lui !
    Ali lève les mains d’impuissance. Il le reconnaît. Norredine est bien. Il a fait ses preuves.
    - Je l’ai surveillé des mois et des mois. Je reconnais que je me suis trompé sur son compte, dit-il, avant d’ajouter en riant : ce sera un vrai papa-poule !
    - Le pauvre n’a jamais eu de famille. Après la mort de ses parents, il ne lui restait rien. Pas même une photo d’eux ! lui rappelle Eva. Aujourd’hui, il tient à préserver tout ce qui lui est cher…
    - Je le comprends ! Je ne suis plus avec toi mais avec vous…
    Eva soupire de bonheur, en se rappelant cette conversation. Sa famille partie, elle se retrouve seule, contrainte au repos forcé. Quelques mois à attendre. Elle n’en revient toujours pas. Elle aura deux garçons. Elle ne peut s’empêcher d’imaginer des petits Norredine qui jouent dans le salon.
    Son mari est impatient de les tenir dans ses bras. De les entendre pleurer et rire. Il n’attend pas le dernier mois pour préparer leur chambre. Il tient à ce qu’ils aient chacun sa chambre. Eva n’est pas d’accord.
    - Les premières années, ils resteront ensemble, lui dit-elle. Je ne m’imagine pas courir d’une chambre à une autre !
    - Mais tu ne seras pas seule, la rassure Norredine. On prendra une puéricultrice pour t’aider… Le soir, je serai là ! Je te promets que tu n’aura pas à courir d’une chambre à une autre !
    - Je sais que tu tiendras tes promesses. Mais j’aimerais bien que tu m’écoutes…
    Norredine a pris sa décision. S’il a tenu à posséder un grand appartement, c’est pour que ses enfants aient leur propre chambre. Alors, il l’emmène choisir le papier peint, les rideaux, les tapis, des peluches de toutes tailles et des jouets. Il commande les chambres à coucher. Elles sont blanches.
    -Tu en fais trop, lui fait remarquer Eva. N’installe pas les bureaux, ils ne les utiliseront pas avant trois ou quatre ans !
    - Moi, j’y tiens ! Sinon les chambres ne seront pas complètes… Allez, laisse-moi faire !
    - As-tu pensé à la fête qu’on donnera ?
    - Oui, affirme Norredine. Mais on laissera ta mère l’organiser ! Comme ça, elle me pardonnera pour l’autre fois…
    - Bonne idée !
    Entre les rendez-vous chez la gynécologue, les achats, les longues conversations téléphoniques avec sa mère et les visites de ses amies Feriel et Hakima, Eva n’a pas senti le temps filer. Elle se retrouve à son dernier mois de grossesse.
    Avec Feriel, elle se rend dans une boutique pour préparer les trousseaux des bébés. Elle est heureuse comme jamais et tranquille.
    C’est jusqu’au jour où Norredine lui parle de vendre sa villa. Une villa où elle se rend rarement et en son absence. Elle reste sans voix.
    - Pourquoi la vendre ? rétorque-t-elle. On en aura besoin plus tard… Tu sembles oublier que nous attendons deux garçons !
    - Je sais et j’ai les moyens pour qu’ils mènent la belle vie !
    - Peut-être, mais moi, la villa a une valeur sentimentale ! Je ne peux pas la vendre ni la louer ! s’écrie-t-elle en larmes. Les jours où je ne me sens pas bien, c’est là-bas que je vais ! Pas ailleurs…
    Norredine la regarde.
    -Comment ? Il y a des jours où tu ne te sens pas bien ? Mais où étais-je pour ne pas m’en rendre compte ? l’interroge-t-il. Pourquoi ne m’as-tu rien dit ? Pourquoi on est ensemble si l’on ne partage pas ces choses-là ?

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  50. Artisans de l'ombre Dit :

    53iéme partie

    Je ne peux pas m’en séparer ! s’écrie-t-elle. C’est ma maison !
    - Et celle-ci ?
    - Aussi, réplique Eva.
    - Pourquoi la garder ?
    - Comme ça, dit-elle. Elle ne repose ni sur mes épaules ni sur les tiennes !
    - On n’y vit pas ! Tu payes une bonne qui risque de la squatter un de ces jours !
    - Elle n’en fera rien ! Elle est une amie ! lui rappelle-t-elle.
    - Mais pourquoi garder une maison où l’on ne se rend jamais ?
    - Je m’y rends parfois… Toi, tu ne l’aimes pas, sinon j’aimerais bien y passer les week-ends ! soupire Eva.
    - Ce n’est pas ma maison, et puis, tu sais pourquoi je n’y suis pas à l’aise !
    - Si ce sont les photos, propose-t-elle, je les range… On vend l’appartement et on s’installe dans la villa. On change ce que tu veux…
    - Non, non ! Pourquoi je vendrai mon appartement ?
    - Pourquoi je vendrai ma villa ? rétorque-t-elle.
    Elle se sent mal. Sa tête tourne. Elle s’appuie sur un meuble, le souffle coupé. Elle grimace de douleurs.
    - Qu’est-ce qu’il y a ?
    - J’ai mal… J’ai mal…
    Norredine lève les mains quand elle se prend le ventre, criant de douleurs.
    - Mon Dieu ! Tu crois que c’est le moment ?
    - J’ai mal !
    - Calmes-toi ! Viens, on va à la clinique !
    Norredine panique, se mettant à chercher les clefs de sa voiture qu’il a dans la poche de sa veste.
    - Dans ta poche !
    - Oui, oui…
    Norredine la soutient jusqu’à la voiture. À la clinique, la jeune femme est vite prise en charge. Les examens inquiètent la gynécologue. Sa tension est trop élevée.
    - Elle doit être hospitalisée, dit-elle.
    - Elle ne va pas accoucher ?
    - On doit attendre que sa tension se stabilise pour l’opérer !
    - L’opérer ?
    - La césarienne est inévitable… Si les bébés gardent cette position, ajoute-t-elle. Ils se sont retournés… Qu’est-il arrivé ?
    - Rien, répond Eva. On discutait quand…
    - Vous discutiez ou vous vous disputiez ?
    - Un peu des deux, reconnaît Norredine. Je regrette. Je n’aurais pas dû… C’est de ma faute !
    - Vous n’auriez pas dû, lui reproche la spécialiste. Espérons que la tension baissera et sera stable… Ainsi on pourra agir en conséquence !
    - Comment vont-ils ? demande Eva.
    - Bien… Ils ne bougent pas beaucoup mais c’est normal après les émotions que vous venez de vivre ! Mais ne vous inquiétez pas, vous êtes entre de bonnes mains !
    La gynécologue l’hospitalise dans sa clinique. Norredine voudrait rester mais elle refuse.
    - Je vous laisse cinq minutes… Pas une de plus !
    Eva a été installée dans une chambre où la lumière est tamisée. Une infirmière lui prélève du sang. Il attend qu’elle soit partie pour lui parler. Il s’apprête à le faire mais elle lui fait signe de se taire…

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  51. Artisans de l'ombre Dit :

    54iéme partie

    Norredine veut lui dire qu’il regrette mais son geste l’interrompt. Elle ne veut pas l’entendre.
    Dans le couloir, les pleurs d’un bébé leur parviennent.
    - Tu les entends… Je rêve d’entendre nos bébés pleurer !
    Norredine soupire de soulagement. Le temps de quelques secondes, il a cru qu’elle ne voulait plus de lui.
    - Oui, moi aussi. Eva, je regrette… Je n’aurais pas dû te mettre la pression !
    - Oui, dit-elle. Tu n’aurais pas dû… Je voudrais que tu ne m’en parles plus !
    - Promis, juré !
    - Il est tard, tu devrais rentrer, murmure la jeune femme en fermant les yeux. Je suis épuisée…
    - Bien. Je reviendrais demain, à la première heure ! Bonne nuit omri…
    Il l’embrasse sur le front puis part, quittant la chambre, silencieusement. Durant la nuit, il ne parviendra pas à fermer l’œil. Il est très inquiet.
    Eva qui aura des complications sera césarisée, avec une péridurale, au petit matin. Les bébés ne pleurent pas. Le pédiatre donne des instructions.
    - Préparez les couveuses…
    - Ils ne vont pas mourir ? demande la jeune femme, consciente.
    - Non, la rassure le pédiatre. Ils sont petits… Ce sera juste pour quelques jours.
    Eva est soulagée. Le chirurgien lui administre un calmant qui lui permet de dormir quelques heures. Lorsque son mari arrive, elle vient à peine d’être emmenée dans sa chambre. Norredine panique en la voyant si pâle et son ventre plat.
    Il n’est pas encore au courant et il pense tout de suite au pire.
    -Oh ! Ne me dis pas qu’ils sont morts !
    -Non, murmure-t-elle. Ils sont au service néonatal…
    - C’est quoi ce service ?
    - Ils sont venus avec deux ou trois semaines d’avance ! Ils sont en couveuse… Tu peux aller les voir ?
    Norredine ne se fait pas prier. Il s’y rend et peut enfin voir ses fils. Ils sont tous ridés et leur peau est presque violette.
    - Est-ce normal ?
    - Oui, ils vont prendre du poids et leur peau va s’éclaircir, lui dit une infirmière, souriant devant tant d’émotion. Ils sont nourris au biberon, en attendant que votre femme aille mieux…
    Le lendemain, Eva peut se rendre à la nurserie pour les allaiter. Elle oublie sa douleur et sa colère en les voyant si frêles.
    - Ils sont fragiles ?
    - Peut-être mais ce sont des battants ! Vous n’avez aucun souci à vous faire !
    Elle est soulagée et heureuse. Elle les prend et les garde contre son cœur. Elle sent à peine leur cœur mais leurs regards sont si vifs. Leurs grimaces la font fondre.
    - Mes amours…
    Un petit coup à la vitre attire son attention. Norredine les regarde de l’extérieur. Il lui est interdit d’entrer dans la nurserie lorsque les bébés sont hors de la couveuse. Elle sourit en voyant son mari. Il lui fait signe d’approcher.
    Elle va jusqu’à la vitre et les lui montre. Sa colère est tombée. Elle ne lui en veut plus. Elle est si heureuse. Elle est en vie, ses bébés aussi. E il y a cet amour qu’elle voit dans son regard. Il les aime autant qu’elle. Il a cette famille dont il a toujours rêvé. Un cadeau merveilleux s’il sait en prendre soin…

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  52. Artisans de l'ombre Dit :

    55iéme partie

    Dès que Norredine informe sa belle-famille, celle-ci se met en route. El hadja Halima fera appel à Zohra pour l’aider. Elle tient à donner une fête lorsque sa fille rentrera de la clinique.
    Les bébés vont bien et le fait qu’ils prennent du poids les rapproche de leur sortie de couveuse. Eva est épuisée. Elle souffre de sa plaie au ventre mais elle est heureuse. La présence de sa famille lui réchauffe le cœur. En plus de son mari, elle pourra s’appuyer sur eux. Zohra lui rend visite à la clinique. Elle lui propose ses services.
    - Vous devez vous reposer… Une fois rentrée, je tiens à m’occuper de vous et des bébés, lui dit-elle. Si votre mari est d’accord !
    - Pourquoi ne le serait-il pas ?
    - Je ne sais pas… Cela fait des mois et des mois que vous êtes mariés et je n’ai jamais pu discuter avec lui ! Parfois, j’ai l’impression qu’il m’évite !
    - Tu dis n’importe quoi… Norredine ne t’évites pas ! Il est ainsi avec tout le monde !
    - Je m’excuse alors, dit Zohra en baissant les yeux. Je l’ai cru…
    - Tu te fais des idées.
    - J’espère me tromper. Voulez-vous quelque chose ?
    - Oui, prends soin de ma maison, murmure Eva. Tu sais combien je l’adore…
    - Ces prochains jours, je resterai auprès de votre mère, dit la bonne. Si vous êtes d’accord, je demanderai à un de mes neveux de la garder en attendant ?
    - Oui, pourquoi pas ? C’est une bonne idée, en convient la jeune femme. Vous en êtes où avec les préparatifs ?
    - Tout sera prêt pour le jour de votre sortie… On a commandé des gâteaux. Il ne reste plus que les invitations à envoyer !
    Le pédiatre entre dans la chambre, après avoir frappé à la porte ouverte. Il les salue puis prend des nouvelles d’Eva.
    - Moi, je me sens mieux, répond-elle. Mais mes bébés, comment vont-ils ? Y-a-t-il du nouveau ?
    - S’ils continuent à pousser aussi vite, vous sortirez dans le courant de la semaine, lui apprend-il.
    - J’ai hâte, soupire Eva.
    - On continue de les observer deux jours après on avisera, mais j’ai bon espoir ! Ce sont des battants, affirme le pédiatre. Ils ne veulent pas perdre de temps ici !
    - Moi non plus !
    Dès que ses parents et Norredine arrivent, elle leur apprend la bonne nouvelle. Eux aussi sont impatients. Ils n’ont pas encore pu tenir les bébés dans leurs bras. À la maison, ils pourront le faire.
    - Je ne les quitterai plus, promet Norredine. Je serai leur ombre… Je les adore !
    - Eux aussi vont t’adorer ! Je t’imagine leur changer les couches !
    - Les couches, non ! Juste les biberons de lait !
    - Vous avez choisi des prénoms ? demande el hadja.
    - Mouloud, le prénom de mon père, dit Norredine.
    - Et Nadhir, décide Eva. C’était quelqu’un de bon…
    -Peut-être que ton mari a choisi un second prénom ?
    -Non, elle peut lui donner ce prénom.
    La famille est soulagée. El hadja et Ali ont craint sur le coup qu’il ne s’emporte et qu’il la boude. Mais il semble comprendre et respecter son choix.
    Lorsque trois jours après, le pédiatre leur remet les carnets de santé, Eva appelle vite sa mère.
    - Préparez la chambre des bébés, on rentre aujourd’hui !
    El hadja Halima vient en compagnie de Norredine pour l’aider à ranger ses affaires. Eva est encore trop faible pour pouvoir le faire. Une heure après, ils prennent le chemin de la maison, avec dans leurs bras les bébés endormis. En tendant l’oreille, elle entend Norredine chantonner à mi-voix. Il est aux anges. Elle le comprend. Il a enfin sa famille à lui…

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  53. Artisans de l'ombre Dit :

    56iéme partie

    La fête donnée par sa famille restera inoubliable. Y ont été invités les amis, les oncles et les tantes d’Eva se sont déplacés pour l’heureuse circonstance. El hadja met de l’ambiance en passant de la musique jusqu’à très tard dans la nuit.
    Un caméraman fera un film souvenir de cette belle soirée. Il prendra aussi des photos.
    - Dites à Norredine de venir !
    Eva voudrait prendre une photo de famille.
    - Il viendra plus tard, dit sa mère. Il est avec des voisins…
    - Il peut s’absenter une minute ! Ce n’est qu’une photo !
    - On ne peut pas le forcer, réplique el hadja Halima, se rappelant qu’il avait en horreur les souvenirs.
    - Ce n’est pas la mer à boire ! Un souvenir de lui et de ses fils ! Retourne auprès de lui et dis lui que s’il ne vient pas, je pars !
    _ Tu ne ferais pas ça !
    - Si ! On ne doit jamais contrarier une accouchée, dit Eva. Qu’il vienne ou je me mets à crier !
    Lorsque hadja lui demande de se calmer et court prévenir son gendre.
    - Je t’en prie, fais un effort ! Elle risque de devenir folle si tu ne viens pas… Ce n’est qu’une photo ! lui dit-elle en le tirant par la manche de sa chemise. Ne refuse pas… Je t’en prie ! Norredine, tout en soupirant, la suit à la chambre d’enfants. Il accepte pour la première fois depuis qu’Eva le connaît d’être photographié.
    - Je les prends dans mes bras, dit-il.
    Eva assise, à côté, les regarde tendrement. Enfin, une photo.
    Le lendemain, le caméraman revient avec un album photos et deux films de la fête. Eva prend le temps de les regarder, heureuse comme jamais. Elle regrette seulement que sur la photo qu’elle veut agrandir, son mari ait été pris de profil. Il la regardait lorsqu’elle a été prise.
    - C’est dommage !
    - Vous aurez d’autres occasions de faire des photos ! lui dit sa mère. Quand les bébés seront plus grands…
    - Oui, je l’espère…
    Ce soir-là lorsque Norredine rentre, il leur apprend qu’il part en Turquie.
    - Pourquoi ?
    - Un ami s’y rend aussi. On va chez un affairiste turc, répond-il. Je voudrais commander chez lui mais je tiens à voir sa marchandise avant ! On se rend à Alger à l’aube !
    - Ça ne peut pas attendre ?
    - Non. Je préfère partir avec lui, dit Norredine.
    - Tu vas nous laisser seuls !
    - Vous ne serez pas seuls, réplique-t-il. Ta famille est là !
    El hadja n’approuve pas.
    - On ne peut pas rester ici. On allait te demander de prendre quelqu’un pour l’aider, poursuit-elle. Car je rentre après-demain… Ali doit revenir me chercher. Il a tant à faire à l’agence ! Tu ne peux pas compter sur nous…
    - Je reviendrais vite, promet-il. Attendez mon retour pour rentrer à Alger. Je vous y emmènerais moi-même !
    - Puisque tu insistes, dit el hadja. Mais ne tardes pas…
    Eva est trop déçue pour le prier de reporter ce voyage. Elle est aussi surprise. Elle ignore qu’il a un passeport. Quand a-t-il demandé un visa ?
    Jamais il ne lui en a parlé auparavant. Elle ne comprend pas pourquoi. Elle décide de l’interroger plus tard lorsqu’ils seront seuls. Mais c’était compter sans Feriel venue voir les bébés. Elle restera pour la nuit. Eva ne verra pas son mari occupé à préparer sa valise…

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  54. Artisans de l'ombre Dit :

    57iéme partie

    Dis… Tu n’as pas l’intention de partir sans nous dire au revoir !
    Norredine sursaute en entendant Eva. Elle s’est réveillée avant lui. Il a dormi dans la chambre d’ami. Elle est restée dans le salon à attendre qu’il se lève, dans l’obscurité. Elle se pose des questions. Les réponses, il est le seul à pouvoir les apporter. Elle voudrait comprendre. Elle n’a pas pu fermer les yeux de toute la nuit.
    Norredine est sorti de la chambre, une petite valise à la main, prêt à partir. En allumant la lampe du salon, elle peut voir sa surprise.
    - Je voulais discuter avec toi, dit-elle. Hier soir…
    - On n’a pas pu, réplique-t-il en posant sa valise. Il y avait des invités et puis, les bébés t’ont réclamée…
    - Je voudrais savoir depuis quand tu préparais ce voyage ? Pourquoi tu ne m’en as pas parlé avant ?
    - Parce que tu avais plus urgent à faire. Je ne voulais pas t’ennuyer, répond-il.
    - M’ennuyer ?
    - Tu es encore faible et les bébés demandent ton attention. Tu n’as pas à t’inquiéter…
    - Comment voudrais-tu que je ne m’inquiète pas ? Tu te comportes comme si tu n’avais pas de famille ? rétorque-t-elle. Tu ne me parles pas de tes projets, tu t’apprêtais à partir sans même me voir… Comment voudrais-tu que je ne me pose pas de questions ?
    - Je t’ai tout dit.
    - On ne connaît pas ton ami. Depuis quand l’est-il ? Pourquoi ne nous l’as-tu pas présenté ? On ne sait rien de lui, lui fait-elle remarquer. Il pourrait être un escroc…
    - Non, non. Ali t’a refilé sa paranoïa ?
    - Paranoïa ou pas, j’ignore tout de ton ami, insiste-t-elle. Où pourra-t-on te joindre ?
    Norredine fait une moue.
    - Une fois installés, à l’hôtel, je t’appellerai, promet-il. Prends bien soin de toi et des bébés !
    - Reviens vite ! le prie-t-elle.
    - Tu n’auras pas le temps de te rendre compte de mon absence, répond-il. Je reviendrai vite… Je te le jure !
    Il l’embrasse.
    - Oui, reviens vite !
    Il ne tarde pas à partir. Eva ferme la porte, le cœur serré. Elle réalise que c’est la première fois qu’ils se séparent. Elle se surprend à pleurer.
    Elle va à la fenêtre de la chambre qui donne sur la rue et attend. Quelques minutes après, elle peut le voir partir. Il a un bref regard vers la fenêtre comme s’il a senti son regard, sur lui.
    Eva retourne se coucher, pensant à lui, à leur mariage, à leurs bébés qu’il n’a pas pensé embrasser avant de s’en aller. Il est parti et elle a dans le cœur le sentiment qu’il ne lui a pas dit la vérité…

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  55. Artisans de l'ombre Dit :

    58iéme partie

    Eva est la première levée. Elle s’occupe des bébés. Après leur avoir fait leur toilette, elle leur donne à téter. Lorsque sa mère se lève, elle est surprise de les trouver propres et rassasiés.
    - Je m’en suis occupée à l’aube.
    - Je ne les ai pas entendus réclamer, remarque el hadja.
    - J’étais réveillée, répond la mère. Je n’ai pas pu dormir, lui confie-t-elle. Figure-toi que Norredine allait partir sans même nous voir !
    - Il sait combien les bébés se réveillent deux ou trois fois la nuit, dit-elle. Il voulait te laisser récupérer !
    - Non, je ne crois pas. Je l’ai interrogé et je n’en sais pas plus qu’hier soir ! Son ami, personne ne le connaît… Est-il arrivé à papa de ne rien te dire ? D’être secret ?
    El hadja, pour ne pas l’inquiéter davantage, affirme qu’il a été cachotier dans sa jeunesse.
    - Ah bon ?
    - Oui, insiste el hadja qui voulait la convaincre à tout prix. Ce n’était que plus tard que j’apprenais certains faits et gestes de ton père ! Il n’a pas toujours été clair…
    - Tu me surprends yemma ! Tu me racontes ces histoires juste pour me rassurer, n’est-ce pas ?
    - Je ne te mens pas… À cette époque, tu étais trop petite pour t’en rendre compte, poursuit la vieille mère.
    - Pourquoi ne m’en as-tu pas parlé avant ?
    - Ce sont de mauvais souvenirs, dit-elle avant de soupirer. Je les ai en horreur ! Je ne veux plus en parler !
    - Bien ! Inutile de t’énerver… J’ignore pourquoi mais, au fond de moi, je suis persuadée qu’il ne reviendra pas !
    - Comment ? Qu’il ne t’ait pas tout dit, j’accepte ! Mais que tu crois qu’il ne reviendra pas, là tu te fais des histoires ! Allez, viens… Je vais te préparer un petit-déjeuner… Tu dois prendre des forces !
    Elles se rendent à la cuisine et le temps que sa mère prépare un gâteau au miel, Zohra arrive.
    - S’bah el khir, leur dit-elle en troquant sa veste contre le tablier de cuisine. Asseyez vous… Je m’occupe de tout maintenant !
    - Il faut trouver quelqu’un, pour m’aider ! dit Eva. Est-ce que je peux compter sur toi ? Connais-tu une femme expérimentée ?
    - Je vous recommanderai une parente, si vous voulez !
    - Oui, une femme digne de confiance !
    Eva voudrait se reposer sur quelqu’un. À l’heure actuelle, elle est si pensive qu’elle n’a envie de rien. Heureusement que sa mère et Zohra sont là pour prendre soin des bébés.
    Toute la journée, elle ne cesse de penser à Norredine. Elle attend qu’il l’appelle mais rien. Aucun coup de fil. Elle veillera très tard, espérant qu’il le fasse en soirée. Mais toujours rien…
    Sa mère se lève au milieu de la nuit et la trouve dans le salon.
    - Il n’a pas appelé, lui dit-elle. Crois-tu qu’il lui soit arrivé un accident ?
    - Tu t’angoisses pour rien, réplique el hadja en baillant. Tu devrais te mettre au lit… Norredine appellera quand il en aura le temps ! Au journal du soir, ils n’ont pas parlé de crash, ajoute-t-elle. Si cela peut te rassurer…

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  56. Artisans de l'ombre Dit :

    59iéme partie

    Comment retrouver le calme de l’esprit et pouvoir s’endormir ? Son mari est parti et elle est sans nouvelles de lui. Elle ne comprend pas pourquoi.
    Il y a bien des téléphones dans les aéroports. Pourquoi n’a-t-il pas appelé ? Qu’est-ce qui l’en empêche ? Si aux infos nationales et internationales, ils n’ont pas parlé de crash, elle ne peut s’empêcher de penser qu’il a dû lui arriver malheur.
    Mais est-il parvenu à Alger ? Les accidents de la circulation sont fréquents sur les grandes routes. Chaque jour, des personnes y meurent.
    À la première heure du matin, elle appelle la gendarmerie qui la met avec l’officier responsable du trafic routier. Elle lui donne son nom, la marque du véhicule de son mari, l’heure à laquelle il a démarré.
    L’officier lui demande de patienter. Elle reste longtemps en ligne.
    - Écoutez, ce n’est pas pour vous alarmer mais il y a eu cinq accidents, hier matin…
    - Vous avez les noms ?
    - Non. Mais il n’y a pas de véhicule de la marque que possède votre mari.
    - Je suis sans nouvelle de lui. Je ne sais plus quoi faire, soupire-t-elle.
    Il lui conseille de patienter.
    - Vous aurez de ses nouvelles… Vous vous faites du mauvais sang pour rien, dit-il. J’en suis persuadé… Il finira par vous contacter !
    - Je l’espère.
    Mais elle n’y croit plus. Elle ignore pourquoi mais elle est certaine qu’elle n’aura pas de ses nouvelles. Durant la matinée, elle joint d’autres gendarmeries et même les hôpitaux. Aucun blessé du nom de son mari.
    - Cela devrait te rassurer, lui dit sa mère. Il est vivant… Il ne lui est rien arrivé ! Il est en train de conclure des affaires et tu t’angoisses pour rien !
    - Yemma, je voudrais tant que tu aies raison !
    En fin de journée, Ali, comme prévu, vient passer la nuit. Il est venu ramener leur mère à la maison. El hadja refuse. Eva est dans sa chambre, elle s’est assoupie.
    - Elle n’a pas l’habitude de dormir à cette heure-ci !
    - Elle est épuisée.
    - Comment fera-t-elle lorsqu’elle se retrouvera seule ? Demain, lui rappelle-t-il. tu viens avec moi, n’est-ce pas ?
    - Son mari est absent, j’ai décidé d’attendre son retour !
    - Tu aurais pu appeler.
    - Et puis, elle n’est pas encore en état de s’occuper des bébés, insiste-t-elle. Elle n’a pas le moral…
    - Cela fait un moment qu’on lui a demandé de chercher quelqu’un, soupire Ali. Elle doit prendre les choses en main ! Et où est son mari ? El hadja secoue la tête.
    - C’est tout le problème, mon fils…
    - Comment ça ? Elle ne sait pas comment lui apprendre la nouvelle. Elle ignore s’il y a vraiment lieu de s’inquiéter. Mais elle doit lui dire ce qui s’est passé.
    - Norredine est allé en Turquie pour affaires.
    - Ce n’est pas dans ses habitudes, remarque-t-il.
    - Oui. Mais ce qui inquiète ta sœur, c’est le fait qu’il n’ait plus donné signe de vie, depuis son départ, lui confie-t-elle. Elle se fait un sang d’encre…
    - C’est étrange qu’il n’ait pas appelé. Dans le fond, qu’est-ce qu’elle craint ? l’interroge-t-il.
    - Elle doit avoir un mauvais pressentiment… Elle a appelé les gendarmes, les hôpitaux… Rien.
    Ali prend le téléphone. – J’ai un ami à l’aéroport, dit-il. Je vais lui demander de vérifier les listes des passagers… S’il est bien parti, on le saura !

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  57. Artisans de l'ombre Dit :

    60iéme partie

    Tu en es sûr ? Ali raccroche nerveusement. Il passe une main dans les cheveux, soupirant très fort. Il est agacé.
    - Qu’a dit ton ami ? demande sa mère, subitement inquiète. Qu’est-ce qui te met dans cet état ?
    - Tu ne croiras pas ce que tu vas entendre !
    - Dis ! le prie-t-elle.
    - Aucun passager à ce nom… On n’a pas le nom de son soi-disant ami ?
    - Non… Mais peut-être qu’il a pris un autre vol ? émet el hadja Halima. Rappelles-le et dis lui de vérifier tous les vols à destination d’Istanbul !
    - Il a tout vérifié, réplique Ali. Tous les vols à destination de Turquie…
    - S’il n’était dans aucun de ces vols, c’est qu’il n’a pas quitté le pays, en conclut sa mère. Les craintes de ta sœur seraient alors fondées… Elle pense au pire depuis qu’il est parti ! Ma pauvre fille, dans son état, elle risque de devenir folle !
    - Ne lui dis rien ! la prie Ali. Demain, je retourne à Alger et je ferai tous les hôpitaux, les commissariats…
    - Merci mon fils ! Je compte sur toi…
    Eva entre à cet instant.
    - Ah, tu es arrivé ! dit-elle en allant l’embrasser. Pourquoi ne m’as-tu pas réveillé ? reproche-t-elle à leur mère.
    - Je n’en avais pas le cœur, répond celle-ci. Tu as besoin de repos.
    - C’est vrai ! Cela m’a fait du bien, reconnaît la jeune femme. Les bébés dorment encore ?
    - Oui. Zohra garde un œil sur eux !
    - Qu’est-ce que je deviendrais sans vous ? s’écrie-t-elle. Yemma, Norredine n’a pas appelé ?
    - Non, ma fille !
    - Je me demande ce qui lui est arrivé… Ali, depuis qu’il est parti, on est sans nouvelle, lui dit-elle.
    - Yemma m’a raconté… Tu n’as pas à t’inquiéter, il est sûrement occupé ! C’est la raison de son silence, explique Ali sans conviction. Il va finir par t’appeler…
    - Je l’espère !
    Lorsque le téléphone sonne, ils échangent un regard. Ali, étant le plus proche, décroche sans perdre de temps.
    - Bonsoir ! Oui… C’est Feriel !
    Eva soupire de déception. Elle va parler à son amie. Elle ne lui raconte rien. Quand elle lui demande si Norredine est bien arrivé, elle répond que oui.
    - Les bébés me réclament, ment-elle. Je dois y aller… On discutera une autre fois !
    - Embrasses-les pour moi !
    - Je le ferai, promet Eva avant de raccrocher. Je n’ai pas le cœur à discuter ou à entendre les questions des autres ! Mon Dieu, qu’il nous revienne vite ! Qu’il donne signe de vie…
    Elle voudrait garder espoir. Il allait appeler. À chaque fois que le téléphone sonne, elle court, espérant que ce soit lui. Déception à chaque fois. Tous pensent à appeler afin d’avoir des nouvelles des bébés, sauf lui. En se rappelant sa joie à leur naissance, elle est convaincue qu’il lui est arrivé malheur. Deux jours depuis qu’il est parti.
    - Demain, si cela peut te rassurer, je vais aux hôpitaux et je me rendrai même à l’aéroport, avec sa photo… Peut-être que quelqu’un l’y aura vu ?
    - Oui. Mais je ne m’explique pas son silence, soupire Eva en larmes. J’ai un mauvais pressentiment, mon frère !
    - Où qu’il soit, on le retrouvera ! promet Ali. S’il n’a pas quitté le pays, il doit y avoir une explication…
    On frappe à la porte d’entrée. Il se fait tard et ils n’attendent pas de visites. El hadja va ouvrir, elle recule en voyant des policiers en uniforme…

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  58. Artisans de l'ombre Dit :

    61iéme partie

    La vieille femme porte la main au cœur tout en lançant un regard vers son fils. Un appel muet. Elle ne dit rien de la présence des policiers. Elle pense à Eva. Elle pense au pire. Sinon pourquoi seraient-ils là ?
    - Bonsoir, dit l’un d’eux. Nous sommes bien à la résidence de Norredine T… ?
    Elle hoche la tête alors qu’Ali la rejointe. Dès qu’il les voie, il sort, prenant le soin de fermer derrière. Pour ne pas être entendus.
    - Bonsoir…
    - Nous avons trouvé un véhicule et le permis de conduire de Norredine T…, dit un des policiers. Vous êtes de sa famille ?
    -Oui, son beau-frère, précise Ali, sous le choc. Vous dites avoir trouvé son véhicule… Mais lui ?
    Les policiers échangent un regard.
    - Vous êtes sans nouvelle de lui depuis quand ?
    - Deux jours, répond Ali. Il se rendait à Alger… On est sans nouvelle de lui depuis son départ… Il… ù
    Il devait partir en Turquie !
    - Seul ?
    - Avec un ami qu’on ne connaît pas, répond le beau-frère. On s’inquiétait et figurez-vous qu’on a appelé la gendarmerie, les hôpitaux ! Mais au fait, que savez-vous de plus que nous ?
    - Il y avait des traces de sang sur le siège avant, répond le policier.
    - Vous pensez qu’il a été agressé ?
    - On l’ignore. On doit parler à sa femme.
    Ali soupire.
    - Elle a accouché il y a à peine un mois, leur dit-il. Cette nouvelle risque de l’anéantir…
    - On n’a pas le choix.
    El hadja se tient près de sa fille lorsqu’ils entrent. Eva les voie et bat des paupières. Ils la saluent. Elle se lève de son fauteuil.
    -Qu’est-ce qu’il y a ?
    Elle est devenue pâle comme si elle se doutait déjà de ce qu’elle allait entendre.
    - Il lui est arrivé quelque chose, n’est-ce pas ?
    - Nous n’en savons rien, répond le policier. Nous voulons en savoir un peu plus sur lui, sur ses habitudes, ses fréquentations…
    - Vous ne savez rien mais comment avez-vous fait pour venir ici ? Vous ne pouviez pas deviner qui est sa famille !
    Lorsqu’elle apprend qu’ils ont trouvé son véhicule, à proximité d’un village, elle se rassoie.
    - Vous croyez qu’il a été kidnappé par des terroristes ?
    - S’il a été kidnappé ? émet-il. Car rien ne le prouve…
    Eva est offusquée.
    - Vous pensez que mon mari est un terroriste… Mais c’est quelqu’un de merveilleux ! De gentil…
    Elle se met à pleurer.
    - Je m’excuse Madame, mais on doit penser à toutes les éventualités… Ils sont nombreux à disparaître pour rejoindre le maquis…
    - Pas mon mari.
    - On finira par le savoir. Qui est son ami ? Qui sont ses amis ?
    - Il n’a pas d’amis, répond-elle. Et on est sa seule famille… Je vous en prie… Norredine ne ferait pas de mal à une mouche ! Il a été kidnappé… Peut-être est-il blessé ? Ou…
    - Non, non, ma fille. Il n’est pas mort ! Il ne peut pas être mort…
    El hadja la prend dans ses bras pour la réconforter. Elle la sent glacée…

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  59. Artisans de l'ombre Dit :

    62iéme partie

    Pendant des jours, Eva ne quitte le lit. Elle a de la fièvre. Aucun traitement ne semble efficace. El hadja craint pour la vie de sa fille. La visite de la police y est pour quelque chose.
    Toute la famille avait espéré qu’au fil des jours, Norredine se manifesterait, mais rien. Il demeure introuvable.
    Ali a fait la tournée des morgues. Il en est ressorti à chaque fois soulagé. Pas de beau-frère. Mais tous en viennent à s’interroger s’il n’aurait pas rejoint le groupe des terroristes. Cela expliquerait pourquoi il a disparu de la circulation.
    - Mais s’il active vraiment dans un groupe, on finira par le savoir, dit l’officier chargé de l’enquête.
    - Mais le sang retrouvé, c’est bien le sien ?
    -Oui. On n’est sûr de rien dans cette affaire. Tant qu’on ne l’aura pas retrouvé, mort ou vivant, on sera toujours à émettre des suppositions ! On le suppose au maquis… on pourrait aussi supposer qu’il ait une autre famille… Ou bien qu’il ait été agressé… S’il avait été kidnappé, on l’aurait su ! Sa femme aurait été contactée…
    - Aucun contact, hélas ! La pauvre est sous le choc, dit Ali. On ignore que faire pour l’aider à surmonter cette épreuve ! Elle ne s’occupe plus des bébés…
    -Pensez à consulter un psychologue. C’est le seul moyen de l’aider, conseille l’officier. Elle doit récupérer à tout prix, pour elle parce que la vie ne s’est pas arrêtée et pour sa famille ! Elle doit se rappeler qu’ils n’ont qu’elle. En attendant d’être certain…
    En attendant, le temps passe. Les jours, les semaines ne se comptent plus. La famille d’Eva commençait à désespérer de ne pouvoir la tirer de sa léthargie. Zohra s’occupe des bébés jusqu’au jour où l’un d’eux tombe gravement malade. Mouloud est hospitalisé. À la surprise de tous, Eva s’est ressaisie dès qu’elle a su qu’il risquait de mourir.
    - Yemma, le sort s’acharne sur moi, pleure-t-elle. J’ai perdu Nadhir, Norredine qui disparaît et mon petit Mouloud… Je ne veux pas le perdre, je ne veux plus perdre ceux que j’aime !
    - Garde la foi. Avec la protection de Dieu et toi, à ses côtés, répond-elle. Mouloud se remettra !
    -Tu crois ?
    -Oui, j’en suis persuadée. Il avait besoin de toi… Maintenant que tu t’en occupes et qu’il ressent ta chaleur, il ira mieux…
    -Je leur ai manquée… J’étais toute à ma peine, et je n’ai rien vu. Heureusement que vous étiez là !
    - Personne n’aurait pu se douter qu’il allait avoir une méningite, dit el hadja. Ici, ils sont aux petits soins et tu es là ! Tu es le meilleur des remèdes ! Eva voudrait la croire. Elle tient à ce qu’il se rétablisse et elle fera tout pour qu’il ne se sente pas abandonné. Elle rattrapera le temps perdu et elle s’occupera d’eux, désormais. Elle les aime et peut-être que sans cette frayeur, elle ne serait pas debout, en cet instant. Prête à se battre pour eux. Prête à affronter la vie. Avec ou sans lui, la vie continue, dit-elle. Quoi qu’il lui soit arrivé, je serai là, pour eux. Ils ne méritent pas de se retrouver sans leur père puis sans moi…

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  60. Artisans de l'ombre Dit :

    63iéme partie

    Le bébé répond bien au traitement. Après un mois de soins intensifs à l’hôpital, il peut rentrer à la maison. Toute la famille est soulagée. Tous savent qu’Eva n’aurait pas supporté de le perdre.
    - C’est un miracle ! Il a survécu à une méningite…
    Ils rentrent à la maison. Elle peut revoir Nadhir dont Zohra s’est occupée comme s’il s’agissait de son fils. IL est potelé.
    - Ne t’en fais pas, lui dit el hadja en remarquant son regard triste en regardant Mouloud. Il va prendre du poids. Il sera aussi beau que Nadhir.
    - J’espère que le plus dur est passé, murmure Eva. Il y a des fois où je me sens à bout. Où je suis persuadée que je ne pourrais pas me lever le lendemain !
    - Pourtant, le lendemain, tu es debout ! À chaque fois que tu crois toucher le fond, tu te relèves plus forte ! Ce que j’admire en toi…
    - Je dois être forte pour les petits. Ils ont besoin de moi, dit Eva. Je dois assumer sans leur père…
    - As-tu l’intention de reprendre ton travail ?
    - Oui… Dès que j’aurais trouvé une nourrice qui acceptera de travailler à plein temps.
    El hadja juge que Zohra s’occupait bien des bébés.
    - Pourquoi chercher quelqu’un d’autre ?
    - Zohra est fatiguée. Il me faut une puéricultrice, à plein temps, insiste Eva. Je tiens à être tranquille lorsque je serais au bureau !
    Suivant les conseils de sa mère, elle passe une annonce dans un quotidien. C’est suite à l’annonce qu’elle recrutera une jeune femme à plein temps. Celle-ci vient d’un village où il n’y a pas de crèche. Elle n’a pas les moyens d’en ouvrir une.
    Le fait que ce soit à plein temps l’arrange. Elle ne supporterait pas de faire les déplacements matin et soir.
    Elle attend de Samia un dévouement total. Zohra continuera à faire le ménage. Sa mère pense à retourner à Alger dès que sa vie aura pris un cours normal.
    Ali revient d’Alger dès qu’elle se sent prête à retourner au bureau. Elle décide de garder la même équipe. Aïssa et Rahim sont heureux de la revoir. Ils promettent à Ali de veiller sur elle. Eva, le ventre noué, se sent mal mais elle s’efforce de reprendre le dessus. Elle a envie de pleurer. Elle qui n’était plus habituée à sortir et à voir du monde n’a pas le choix. Si elle confie un grand nombre de rendez-vous, aux employés, elle ne peut éviter ceux du notaire avec qui ils ont l’habitude de travailler.
    Elle se serait contentée de rester au bureau mais Ali insistait pour qu’elle travaille, comme avant, pas autrement…
    Un jour, chose qu’elle n’avait jamais faite avant, elle passe devant les boutiques de son mari. Elle entre et fait le tour, comme si elle était une cliente.
    Elle remarque que les vendeurs sont des inconnus. Elle s’approche de l’un d’eux et demande.
    - Qu’est-il arrivé aux autres, ceux qui travaillaient ici, il y a quelques mois ?
    - Je ne sais pas…On cherchait des vendeurs, dit-il. Le propriétaire nous a embauchés…
    - Le propriétaire ? Vous le connaissez ?
    - Oui.
    Eva sent une sueur froide lui mouiller le corps.
    - Est-il ici ?
    - Vous voulez lui parler ?
    - Oui. Est-il là ?
    - Non, il est en déplacement, répond le vendeur.
    - Il rentre quand ?
    - Dans une semaine, je crois. Pourquoi ? Vous le connaissez ?
    - Oui. Eva quitte la boutique et elle rentre chez elle. Elle a l’impression que quelque chose lui échappe…

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  61. Artisans de l'ombre Dit :

    64iéme partie

    Qu’est-ce qui se passe ? Eva s’enferme dans le salon. Elle ne veut pas être dérangée. Elle tente de réfléchir et se pose un tas de questions. Elle se rend compte que la disparition de son mari l’avait coupée de tout, de sa famille, de la vie. Elle regrette. Elle n’aurait pas eu à découvrir, des mois après, que les vendeurs ont été remplacés. Les boutiques étaient restées ouvertes. Aucun des vendeurs n’avait cherché à la voir. Aucun d’eux n’avait cherché à être payé. Si elle avait eu toute sa tête, elle y aurait pensé. Elle aurait demandé à son frère de visiter les boutiques. Mais alors, elle était comme paralysée, dans son lit, à ne penser qu’à Norredine, au mauvais sort qui s’acharnait à la suivre.
    Elle ne comprend pas. En apprenant la brusque disparition de leur patron, les vendeurs auraient dû se rapprocher d’elle. Pour avoir des nouvelles, pour s’assurer que tout continuerait comme avant…
    Lorsque sa mère apprend qu’elle s’est enfermée dans le salon, elle l’y rejointe. Elle la trouve dans tous ses états.
    - Mais qu’est-ce qui t’arrive ?
    - Je ne sais pas… Je suis passée aux boutiques, et figure-toi qu’il y a de nouveaux vendeurs, lui apprend- elle. Qu’ils ont un patron, absent jusqu’à la semaine prochaine !
    - Mais ce ne peut pas être Norredine !
    -C’est ce qui m’intrigue ! Quelque chose m’échappe et j’ignore quoi…
    - Pourquoi ne chercherais-tu pas après les vendeurs, ceux qui avaient travaillé pour ton mari ? conseille sa mère.
    - J’ignore de quelle région ils sont et où ils habitent !
    - Tu te rappelles leurs noms ?
    - Juste leurs prénoms… ça ne me mènera pas loin, soupire Eva. C’est étrange… j’ai une drôle d’impression !
    Elle a la chaire de poule.
    - Et si ce patron était Norredine ? Et s’il se cachait ? Et s’il était bien un terroriste ?
    - Non, je ne crois pas.
    - Ça expliquerait pourquoi il demeure introuvable !
    Eva décide de se rendre au commissariat. Elle prend son sac. Elle passe embrasser ses bébés avant. Samia les garde dans leur chambre.
    - Maman ressort mais je reviendrai vite ! promet-elle.
    - Tu devrais appeler ton frère, lui dit sa mère. Il te donnera le nom de l’officier chargé de l’enquête…
    - Oui.
    Eva suit le conseil. Cinq minutes après, elle part au commissariat, avec le nom de l’officier en main. Elle a de la chance, il est de service.
    -Que puis-je pour vous ?
    -Où en est l’enquête ?
    -Il n’y a rien de nouveau, répond l’officier, désolé. Mais qu’est-ce qui vous amène ?
    Eva lui explique la raison de sa visite.
    - On doit retrouver les vendeurs. Je suis sûre qu’ils pourront nous expliquer…
    - Mais peut-être qu’il a pris de nouveaux vendeurs ? Avant de disparaître…
    - J’y ai aussi pensé, avoue-t-elle. Mais ceux que j’ai vus aujourd’hui disent qu’il sera là dans une semaine! S’il a décidé de disparaître, ce ne sera pas pour réapparaître auprès d’autres ! Il y a quelque chose qui cloche ! L’officier promet de retourner voir les vendeurs. Il les avait déjà interrogés. Ils n’avaient rien pu lui apprendre qu’il ne savait déjà. Mais le fait qu’ils disent revoir leur patron, dans une semaine, le pousse à y retourner. Peut-être qu’il y a du nouveau ?

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  62. Artisans de l'ombre Dit :

    65iéme partie

    Pense à autre chose ! Eva tente de sourire à sa mère tout en pensant que tant que l’enquête n’est pas finie, elle ne sera pas tranquille.
    - Oui, avec toi et les bébés, c’est difficile de pouvoir penser à autre chose !
    - Je comptais retourner à la maison, lui apprend el hadja. Si tu veux, on pourrait partir ensemble !
    - Non, j’attends que l’enquête avance pour quitter Béjaïa…
    - Il pourrait t’appeler !
    - Non, je veux le voir quand il en saura plus ! Tu sais que j’ai horreur du téléphone, lui rappelle la jeune femme. Reste encore un peu… Le temps qu’il y ait du nouveau et je te promets qu’on partira ensemble !
    - Promis ?
    - Juré !
    Chaque jour, en se rendant et en rentrant de l’agence, elle ne peut s’empêcher de scruter autour d’elle, tous les passants. Elle espère voir son mari. Elle voudrait tant savoir pourquoi il a disparu.
    -Coucou !
    Feriel apparaît devant elle, la prenant dans ses bras.
    - Je suis si heureuse de te revoir !
    - Moi aussi, répond Eva sans sourire.
    - Si tu n’es pas pressée, on va déjeuner chez-moi, propose l’amie. On aura ainsi le temps de discuter… Cela fait si longtemps !
    - C’est vrai, il y a longtemps ! Es-tu au courant ? demande Eva.
    - Oui… Je suis venue deux fois et tu étais si déprimée que tu ne voyais personne ! Mais je constate que tu vas mieux, beaucoup mieux…
    - En effet. Mais j’ai connu des moments terribles… J’ai failli perdre mon bébé Mouloud, lui dit-elle, se rappelant qu’elle ne l’avait pas vu durant toute cette période.
    - Ah… Quand est-ce c’est arrivé ?
    - Il y a un mois et demi… un peu plus…
    - J’étais en voyage, dit Feriel. Moi et mon mari, on est allés à Paris. Si tu as cinq minutes, entrons dans un salon de thé et je te raconterai…
    Eva accepte. Elles vont dans un salon de thé et là, elles prennent le temps de se raconter leurs malheurs.
    - Il a eu une méningite, dit Eva. Pendant un mois, il s’est battu… J’avais peur. Dieu merci, il s’en est sorti…
    - Vous avez eu beaucoup de chance ! Je regrette de ne pas avoir été là, pour vous soutenir, réplique Feriel.
    -Vous étiez en vacances ?
    - Non, mon mari accepte qu’on tente la fécondation in vitro… On avait rendez-vous dans une grande clinique… On a fait des examens et on a dû attendre les résultats pour pouvoir rentrer !
    - Et les résultats ?
    - Ils nous ont donné un traitement de trois mois, puis d’autres examens… Donc, soupire-t-elle, on y retourne dans deux mois…
    - J’espère que ça marchera pour vous, souhaite Eva. Moi et Nadhir on n’avait pas eu cette chance !
    - Mais avec Norredine, tu as été comblée, lui rappelle Feriel. Tu as deux beaux bébés, que Dieu te les garde !
    - Merci…
    - Dis-moi, où en est l’enquête ? l’interroge-t-elle.
    - L’enquête, soupire Eva en secouant la tête. Elle en est au même stade… Je ne sais plus quoi penser ni quoi croire. Sa disparition est étrange. Et puis, les vendeurs ont été remplacés par le propriétaire… On ne sait pas qui c’est…
    - C’est étrange.
    - Cela ne m’en apprend pas plus sur la disparition de Norredine. Peut-être que c’est lui… peut-être que c’est quelqu’un d’autre ?
    - Mais comment aura-t-il fait pour devenir propriétaire des boutiques ?
    -Je n’en sais rien… Mais la police continue leur enquête… D’une heure à l’autre, ils peuvent appeler. En fait, je redoute cet appel !

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  63. Artisans de l'ombre Dit :

    66iéme partie

    Madame, il y a un policier qui est passé, lui dit Aïssa.
    - Oh non ! Il y a longtemps ?
    - Cinq minutes, répond-il. Il doit se trouver dans le café d’en face…
    Eva n’aura pas à le chercher. Il l’a aperçue d’où il se tenait et il l’a vite rejointe.
    Ils vont à son bureau.
    - Vous avez du nouveau ?
    - Oui mais rien de plaisant, réplique l’officier. J’en suis à penser que votre mari a préparé sa disparition…
    - Pourquoi ? Qu’avez-vous découvert ? – Votre mari a tout vendu, il y a une année, bien avant que vous n’accouchiez, lui apprend-il.
    - Vous en êtes sûr ?
    - Il m’a montré les papiers, tout est en règle !
    -Comment est-il ?
    -Vieux… Il voulait une occupation. Votre mari lui a tout vendu…
    - Comment se sont-ils rencontrés ? Y-a-t-il une agence qui a servi de lien entre eux ?
    - Non, de particulier à particulier, répond l’officier. Et il a viré à un compte qui a été fermé, dit-il. Votre mari avait une belle fortune. Depuis toujours ?
    - Oui. Il vivait à l’aise lorsque je l’ai connu. Je ne comprends pas pourquoi il a vendu, pourquoi il ne m’en a rien dit, murmure-t-elle. Pourquoi il a disparu… Pourquoi il tenait tant à disparaître ?
    -On m’a dit que vous avez une villa ?
    - Oui, elle appartenait à mon premier mari, répond-elle. Vous pensez qu’il a profité de ma convalescence pour la vendre ?
    L’officier fronce les sourcils.
    -Vous devriez vérifier, lui conseille-t-il. J’espère pour vous qu’il n’aura pas réussi à mettre la main dessus !
    -Maintenant que vous m’en avez parlée, je me rappelle qu’une fois, il a tenté de me convaincre de la vendre ! J’avais refusé…
    - Il y a longtemps que vous ne vous y êtes pas rendue ?
    - Oui, très longtemps, je suis prise par ma vie familiale et mon travail récemment, répond Eva. Mais ma femme de ménage s’y rend souvent et un de ses neveux garde la villa !
    - Bien. S’il y avait un nouveau propriétaire, vous l’auriez vite su !
    - Je vais quand même vérifier qu’il n’a pas osé y toucher !
    L’officier s’apprête à prendre congé.
    - Avez-vous des photos récentes de votre mari ?
    - Oui.
    Elle fouille dans son sac à main et en sort la photo prise lors du dîner donné par sa famille à leur sortie de la clinique.
    L’officier la regarde en secouant la tête.
    - Vous n’avez rien d’autre ? Il est juste de profil et c’est flou !
    - C’est tout ce que j’ai. Il avait horreur des photos, dit Eva.
    - Est-ce que vous pourrez faire son portrait-robot ?
    L’officier pense que c’est un escroc et que s’il refusait d’être pris en photo, c’est pour ne pas être reconnu tout de suite.
    - Maintenant ?
    - Oui.
    - Venez avec moi. On va regarder dans les fichiers, s’il a déjà été arrêté, on le saura ! Je pense que Norredine T. n’est pas son vrai nom !
    - Ce serait alors un escroc ? Un criminel connu et recherché, dit-elle en s’asseyant, abattue. Si vous me le permettez, je vous rejoindrai… J’ai besoin d’être un peu seule !
    L’officier comprend.
    - Prenez votre temps !
    Eva se tourne pour qu’il ne voie pas ses larmes. Elle a tellement mal…

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  64. Artisans de l'ombre Dit :

    67iéme partie

    El hadja s’affole en voyant sa fille pâle et les yeux rouges. Elle se doute bien qu’il y a du nouveau dans l’enquête.
    - Qu’y a-t-il ? Qu’est-ce qui t’a mise dans cet état ?
    - J’ai épousé un escroc ou un criminel, réplique Eva. Je suis tombée de haut… J’ai eu pour mari un avocat que la mort a arraché à la fleur de l’âge et un criminel qui a préféré prendre la fuite, de crainte d’être découvert !
    - Il y a sûrement une erreur !
    - Non… Même si la police n’a aucun criminel à son nom, aucun portrait ressemblant au sien, je suis certaine qu’il l’est ! J’ai honte… Pour moi, pour mes enfants…
    - Tu n’as rien à te reprocher ! réplique el hadja.
    -C’est de ma faute ! J’ai mal choisi… Ali avait tout de suite senti, se rappelle-t-elle, qu’il avait quelque chose de louche dans son passé… Je regrette de ne pas l’avoir écouté !
    - Les regrets ne servent à rien ! Sois forte pour toi et tes enfants ! Tu a deux magnifiques bébés que Dieu te les garde !
    Eva ne résiste pas lorsque sa mère tend les bras. Elle va s’y blottir et pleurer sur son épaule.
    - Qu’est-ce que je leur dirai plus tard ?
    - À chaque jour suffit sa peine, réplique la vieille mère qui s’efforce de ne rien laisser paraître de son chagrin. Je suis sûre que tu trouveras les mots qu’il faut ! – Peut-être?
    On sonne à la porte, el hadja la secoue tendrement.
    -Allez, ressaisis-toi ! Va te rafraîchir le visage…
    Zohra va ouvrir. Eva s’attarde dans la salle de bains, prenant le temps qu’il faut pour se ressaisir. Elle se maquille un peu. Lorsqu’elle ressort de la salle de bains, elle semble aller mieux. Elle est plus calme.
    Elle retourne au salon où elle trouve sa mère en compagnie de Feriel et de Hakima qu’elle n’a pas vue depuis des semaines.
    - Ma chérie, j’ai tant de peine pour toi ! s’écrie Hakima en la prenant dans ses bras. Dès que j’ai su…
    -Ah, Feriel !
    Celle-ci s’excuse.
    - Je devais la mettre au courant, dit-elle. Sinon elle ne me l’aurait jamais pardonnée…
    - Je ne t’en veux pas, la rassure Eva. Mettez-vous à l’aise…
    Zohra les débarrasse de leur veste. Elles prennent place autour de la table basse. Hakima est venue prendre des nouvelles d’elle et des bébés.
    -Tu tiens le coup ?
    -Il le faut ! Je n’ai pas le choix !
    -Oui, c’est vrai… Comment vont tes garçons ?
    -Ils commencent à trotter…
    Eva appelle Samia qui les amène. Pendant l’heure qui suit, elle garde les bébés auprès d’elle, le temps que Zohra leur apporte du café et des gâteaux.
    - Dis, il y a du nouveau dans l’enquête ? demande Feriel.
    -Rien…
    - Qu’est-ce que tu comptes faire ? l’interroge Hakima.
    -Attendre… peut-être qu’il va revenir ?
    Les deux amies s’échangent un regard.
    -On dit que ton mari est un terroriste recherché depuis des mois…
    - Et quoi encore ?
    - Personne n’aurait pu s’en douter !
    -Rien ne le prouve ! rétorque Eva. Il a peut-être été enlevé ?
    - Les ravisseurs t’auraient jointe, dit Hakima. Est-ce qu’ils l’ont fait ?
    Eva secoue la tête. Non, personne n’a tenté de la joindre. Elle n’a pas eu la force de fouiller dans les affaires de son mari. Pourquoi ? Aujourd’hui encore, elle n’ose pas

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  65. Artisans de l'ombre Dit :

    68iéme partie

    La police n’a pas demandé à fouiller ces affaires ?
    -Non… Enfin, je ne me souviens pas, dit Eva avant de le défendre. Ce n’est pas un criminel. Il a juste disparu… Ils auraient trouvé quoi dans ces affaires ? El hadja pose la main sur son bras, l’interrompant doucement.
    - Ils ont bien fouillé, sans mettre de désordre, dans les affaires de ton mari, lui dit-elle doucement. Ils n’avaient rien trouvé…
    - C’est ce qui est étrange, insiste Hakima.
    Eva soupire, lasse de ce sujet. Elle se lève.
    - J’ai mal à la tête, dit-elle. Je vais prendre un comprimé…
    - Tu devrais aller t’allonger un peu, lui conseille sa mère.
    - Oui. Vous ne m’en voulez pas les filles ?
    Feriel secoue la tête.
    - Non, excuse-nous d’avoir remué le couteau dans la plaie ! On n’aurait pas dû…
    - On n’a juste discuté, dit Halima qui ne se reproche rien. Elle est forte… Ce ne sont pas des mots qui vont la perturber !
    - On reviendra une autre fois, dit Feriel en se levant. Prends bien soin de toi !
    - Promis !
    Eva attend qu’elles soient parties pour se rasseoir.
    - Zohra ! Apporte-moi un verre d’eau et deux comprimés ! J’ai la migraine, à cause d’elles !
    - Tu ne devrais pas ! lui reproche sa mère. Tu ne pourras pas empêcher les gens de parler ! Et tu sembles oublier que ce sont tes amies ! Leur visite était pleine d’attention. C’est gentil…
    Eva n’est pas en état d’apprécier la visite. Elle n’a pas supporté les commentaires et elle imagine sans peine que derrière son dos, les gens doivent y aller très fort.
    - Je ne supporterais pas leurs regards et les médisances !
    - Tu ne dois pas leur donner de l’importance !
    - Je ne pourrais pas y être indifférente, réplique Eva. Plus tard, ce sont les enfants qui souffriront de la méchanceté…
    - Tu exagères !
    Eva ne trouve pas de mots. Elle prend les comprimés et les avale avec une gorgée d’eau.
    Elle va s’étendre dans sa chambre. Elle a tellement mal qu’elle finit par s’assoupir. Le temps de quelques minutes. Les rires des bébés la réveillent.
    Elle va à leur chambre et les trouve assis, sur le tapis. Sa mère est aussi là.
    - Tu te sens mieux ?
    - Oui, j’ai moins mal, répond Eva en prenant place en face d’eux, pour jouer un peu avec eux. Ils sont magnifiques… Dommage qu’ils n’aient plus leur père !
    -Qui sait ? Peut-être qu’il va revenir ?
    - Je ne me fais pas d’illusions, yemma ! Elle prend les bébés dans ses bras, et les serre tendrement. Elle a envie de pleurer mais elle se ressaisit.
    Elle ne veut plus pleurer. Plus jamais.
    -Tiens-les yemma ! J’ai à faire…
    Elle va trouver Zohra dans la cuisine.
    -As-tu des cartons vides ? lui demande-t-elle.
    -Je crois… Qu’allez-vous faire avec ?
    -Du rangement, répond-elle. Apportes-les moi dans ma chambre…
    Elle rentre dans la chambre et, pour la première fois, elle ouvre la garde-robe de son mari. Elle se rend compte qu’il ne l’avait jamais laissé toucher à ses affaires. Au début, elle était trop occupée pour le faire. Ensuite, enceinte, Zohra ne lui avait interdit tout effort inutile. Après la naissance des bébés, elle avait été préoccupée par leur santé fragile. Lors de sa disparition, elle n’a touché ni à ses bébés, encore moins à ses affaires. Mais là, en colère après sa malchance, elle vide la garde-robe, à même le sol.
    Zohra arrive à cet instant.
    -Vérifie chaque poche… Tu me poses dans un coin tous les papiers que tu trouves…
    Zohra acquiesce de la tête. Elle commence tout de suite. Eva tire les tiroirs et les vide sur le lit. Elle tombe sur de vieilles photos de Norredine. Même si elles sont floues, elle peut voir qu’il est plus jeune. Elle ne reconnaît pas les lieux. Elle décide de les montrer à la police. Peut-être qu’ils le pourront ? En fait, tout en fouillant, elle réalise qu’elle ne connaît pas grand-chose de son mari. C’est comme si elle touchait les affaires d’un étranger…

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  66. Artisans de l'ombre Dit :

    69iéme partie

    Lorsqu’on sonne de bonne heure, à la porte, Eva s’attend à tout sauf à recevoir la visite d’un homme venu la prier de plier bagage sinon elle aura affaire aux gendarmes. Elle l’invite à entrer, sentant que leur discussion allait être longue.
    - Je ne comprends pas !
    - Je ne peux plus attendre… Vous me devez trois mois déjà…
    -Pourquoi ne m’avez-vous pas contacté avant ?
    - J’ai laissé deux messages, à la boutique, réplique-t-il. Apparemment, votre mari ne s’y rend plus. Et lorsque je suis passé l’autre fois, ici, on ne m’a pas ouvert… Moi, je ne veux pas vous mettre à la porte, je veux juste mon argent !
    Eva a l’impression d’avoir raté quelque chose.
    -Vous demandez à être payé pour quoi ?
    -Le bail, dit-il. Votre mari ne l’a pas renouvelé ! J’ai d’autres clients, moi ! – Ce n’est pas vrai !
    - J’ai patienté trois mois déjà… Allah ghaleb, soit vous me payez, soit vous pliez bagage ! poursuit-il.
    - Plier bagage… Avez-vous des papiers ?
    L’homme s’offusque, n’en revenant pas qu’elle les lui demande.
    - Si vous ne me croyez pas, allez le lui demander !
    Eva soupire tout en secouant la tête.
    - Si seulement je savais où le trouver, murmure-t-elle avant de lui confier. Mon mari a disparu…
    - Depuis qu’il doit renouveler ?
    - Non, bien avant… Je voudrais voir les papiers du contrat, dit-elle, en se ressaisissant.
    - Je vous les apporterais cet après-midi ! Je voudrais savoir quand vous me payerez ?
    - On en discutera plus tard, promet-elle, la bouche sèche. Merci monsieur !
    - De ne pas vous expulser sur le champ, oui ! Vous pouvez me remercier…
    Il part encore plus énervé qu’à son arrivée. Le fait que Norredine ait disparu le laisse craindre de ne pas voir la couleur de son argent. Eva peut le comprendre.
    Lorsqu’elle se tourne, elle vois sa mère que les bruits de la conversation ont réveillée. Le propriétaire des lieux était venu tôt pour ne pas la rater.
    -Tu crois qu’il dit vrai ?
    -Il va m’apporter les papiers, répond Eva. Et oui, je le crois… Si Norredine a vendu les boutiques, pourquoi pas l’appartement ?
    -Que vas-tu faire ?
    -Tout vérifier et après, on verra ! soupire-t-elle avant de se rassurer. Heureusement que j’ai encore ma maison !
    Elle et ses enfants ne vont pas se retrouver à la rue. Cela aurait été le cas si Norredine avait trouvé la combine pour vendre sans qu’elle le sache. Jamais elle ne s’est inquiétée. Mais à cette période, elle ne se doutait de rien. Tout allait bien dans sa vie. Elle avait tout pour être heureuse.
    Un mari, des enfants, un bel appartement, des boutiques. Depuis quelque temps, son château de cartes tombe. Son mari envolé, les boutiques vendues, l’appartement aussi, une à une les cartes tombent. Que lui restera-t-il ?

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  67. Artisans de l'ombre Dit :

    70iéme partie

    Ainsi il a tout manigancé… Il ne s’est pas contenté de s’envoler, avec ses biens, il a aussi revendu les appartements avant de les prendre en location. Pour une année…
    Le temps a filé et la voilà contrainte de plier bagage, sans délai. Le fait de retourner dans sa villa où elle n’a connu que le bonheur la conforte dans l’idée que le pire est passé.
    Sa famille reste à ses côtés, l’aidant physiquement et leur soutien moral lui permet de dépasser ses douloureuses déceptions.
    Ses bébés lui donnent tant de bonheur et d’amour qu’elle en vient à en rire.
    - Voilà ce que j’ai gagné de notre mariage… Deux anges !
    - Oui.
    Un soir, sa mère qui vit avec elle, depuis des mois, la prépare à son départ.
    - Ton père, avec l’âge, est devenu grincheux. Ta belle-sœur passe son temps à se plaindre. Je dois rentrer ma fille…
    -Reste encore un peu !
    -Non, non…Tu t’es réinstallée, ta vie a repris un cours normal, dit el hadja. Maintenant, c’est au tour de notre famille !
    Eva la comprend.
    -Quand comptes-tu partir ?
    -Vendredi… Ton frère viendra me chercher, lui dit-elle. Il se peut qu’il te demande de venir vivre à Alger !
    -Avec les bébés, je ne crois pas… Il y aura des problèmes, plus tard. Je ne veux plus de problèmes, de mauvaises surprises, soupire Eva. Je tiens à rester en bons termes avec vous tous !
    El hadja n’insiste pas. Le jour de son départ, elles pleurent. Eva s’est habituée à elle et même les bébés ne cessent de la réclamer. Ce jour là et les autres…
    - On ira en vacances, chez vos grands-parents ! leur promet-elle.
    Un soir, Feriel et d’autres amies viennent les voir. Elles s’étaient rendues auparavant à l’appartement et quel choc quand elles ont appris de la bouche du propriétaire qu’elle avait plié bagage.
    - L’appartement n’était pas à vous ! Le s… l’avait vendu sans te le dire, n’est-ce pas ?
    -Oui.
    -Et qu’as-tu fait des meubles ?
    -J’en ai donné à la famille de ma puéricultrice et à Zohra… les autres, je les ai vendus, répond Eva, énervée.
    -Ma pauvre amie…
    -Non, je ne suis pas pauvre ! Vous pensiez me trouver effondrée ?
    -Non !
    -Je suis une battante ! Ce n’est pas ces coups bas qui me briseront…
    - On le sait ! Si l’on est là, dit Feriel, c’est pour toi !
    - J’ai du mal à le croire !
    Elle est si glaciale que les amies ne tardent pas à partir. Eva s’affale dans un fauteuil et se prend la tête entre les mains.
    -C’est trop, soupire-t-elle. Je ne supporterais pas…
    Elle décroche le téléphone et appelle ses parents. Elle vient de se décider. Une décision qui allait changer le cours de sa vie…

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  68. Artisans de l'ombre Dit :

    71iéme partie

    -Je croyais que tu l’avais dit sur un coup de tête ! Je ne t’ai pas prise au sérieux…
    Ali regarde sa sœur. Il a bien remarqué ses traits fatigués. Il a pensé que les bébés ont été pénibles la nuit.
    - Ils font des nuits blanches ?
    - Non… Et puis, il y a Samia. Son aide m’est précieuse !
    - Tu as réellement décidé…
    - Oui, l’interrompt-elle. Je quitte Béjaïa. Si tu es d’accord, je vivrais quelque temps à la maison… Juste le temps de me trouver un appartement !
    - Tu as frappé à la bonne porte, plaisante Ali. Tu sembles oublier que c’est mon métier !
    - Non, je n’ai pas oublié. Acceptes-tu de m’aider ?
    - Et comment ? Je t’ai toujours proposé de venir vivre avec nous ! lui rappelle-t-il. Tu es la bienvenue chez nous ! Quand veux-tu déménager ?
    - Le plus rapidement possible, répond la jeune femme. Le temps de faire le tri dans les affaires…
    - As-tu l’intention de louer ou de vendre ?
    - Louer si possible, dit-elle.
    - Je vais la confier à Aïssa. Il trouvera un locataire ou un acheteur ! Occupes-toi d’autre chose !
    Pendant que les bébés dorment, Samia et Zohra lui donnent un coup de main. Elles plient et rangent tout, dans des valises et des cartons. Zohra a de la peine et elle ne parvient pas à retenir ses larmes. En plus de perdre son travail, elle se retrouvera sans son amie. Car, au fil du temps, un lien très fort s’est tissé entre elles.
    - Tu ne devrais pas ! Ce sera l’occasion pour toi de venir à Alger…
    -Inch Allah… Mais pourquoi partir sur un coup de colère ?
    - Je ne suis pas en colère, répond Eva. La colère est passée… Seulement, j’ai un peu honte !
    - Vous n’avez rien fait !
    - Je me sens responsable ! Expliques-moi ! J’étais aveugle ? demande la jeune femme, s’arrêtant un instant. Tout s’est passé sous mon nez et je n’ai rien vu !
    - Vous lui faisiez confiance ! Et il a été très prudent… Même sous surveillance, on n’aurait rien pu déceler ! dit Zohra. N’est-ce pas Samia ?
    - Oui, madame n’aurait rien pu faire…
    En fait, des trois, Samia est la plus heureuse. L’idée d’aller vivre à Alger l’excite. Elle ne tient plus en place. Elle a appelé sa famille et celle-ci n’y voyait pas d’objection. Tant qu’elle continue à travailler pour Eva.
    Entre-temps, Ali s’est rendu à l’agence. Il confiera les clefs à Aïssa.
    - Dès aujourd’hui, c’est toi qui la gère ! Je te fais confiance !
    - Vous ne serez pas déçu !
    - Je l’espère bien…
    Après lui avoir expliqué ce qu’il attend de lui, il retourne chez sa sœur. Lui aussi se mettra à donner un coup de main, dans l’emballage de la belle vaisselle.
    Ce soir-là, ils dîneront très tard. Eva qui avait beaucoup de choses en tête grignote à peine. Elle veillera très tard. Elle n’a qu’une envie : en finir, oublier tous les malheurs passés et recommencer sa vie ailleurs…

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  69. Artisans de l'ombre Dit :

    72iéme partie

    -On n’y croyait plus ! s’écrie el hadj Mohamed en découvrant qu’elle revenait vivre avec eux. Sois la bienvenue… Donne mois-le petit !
    - Merci…
    Toute la famille est là pour les accueillir. La présence des bébés met de la chaleur et une joie de vivre sans pareil.
    Ali a fait appel à un particulier, louant un camion, pour ramener les affaires de sa sœur. Les employés les déposent à l’étage.
    Samia s’installe dans une chambre, près de celle des bébés, aménagés à la va-vite. Elle est vite mise à l’aise par la famille. Et en retour, elle décide une fois qu’elle a fini de s’occuper des bébés, d’aider Souad.
    Eva est soulagée. Elle se sent mieux. Quelques jours après leur retour, elle reçoit un appel d’Aïssa. Il a fait visiter la maison et un couple de médecins qui sont intéressés.
    -Je leur loue ou je leur vends ?
    -J’hésite à vendre… Loues-leur, en attendant que je me décides, dit-elle.
    Le temps passant, elle commence à s’ennuyer. Elle demande à son frère de l’accepter dans son agence.
    - Je ne peux pas rester inactive… Sinon, je deviendrai folle !
    - Trouves-toi un travail ailleurs ! réplique Ali. On est ensemble, à la maison et si on se retrouve dans un même bureau, on va finir comme chien et chat!
    - Non, non…
    - Je préfère que tu attendes un peu, insiste-t-il. Occupes-toi des petits !
    -Samia le fait mieux que moi, réplique Eva. Je t’en prie, ne refuse pas !
    salors ! Considères-toi en congé…
    Elle a beau insister, il refuse de l’engager. Elle décide de profiter du temps libre pour se consacrer à ses bébés et se permet des sorties avec des amies de longue date. Elle les a perdues de vue après la mort de Nadhir. Elle est heureuse de les revoir. Elles ont passé un bon moment. Elles promettent de renouveler l’expérience.
    En rentrant chez ses parents, elle découvre Feriel l’attendant dans le salon.
    - Pour une surprise ! s’écrie-t-elle. Sois la bienvenue !
    - Tu me manquais !
    - Toi aussi !
    Feriel baisse les yeux.
    - Tu étais fâchée à ton départ, dit-elle. Tu sais que je compatis… Que je…
    Eva l’interrompt, en levant la main.
    - Je ne suis pas fâchée contre toi, la rassure-t-elle. Seulement, je ne supportais plus qu’on parle de moi !
    - Je comprends !
    - J’en veux aux autres ! Pas à toi… Je suis heureuse de te revoir, lui dit Eva. Tu es venue seule ?
    - Oui, après-demain, mon mari me rejoint, répond Feriel. On s’envolera pour Paris !
    - J’espère que ça marchera pour vous deux ! Tu ne peux pas savoir… Ils apportent tant de bonheur ! J’espère que vous le connaîtrez !
    Elles tombent dans les bras l’une de l’autre. Feriel est soulagée d’avoir retrouvé son amie. Elle avait craint qu’elle ne soit fâchée après elle et qu’elle ne veuille plus de son amitié. Le nuage s’est dissipé. Elle en est heureuse. Elles passent la soirée en famille. Après le dîner, toute la famille reste réunie au salon autour de la télévision. Ils regardent une des chaînes nationales et l’émission est très émouvante. Histoires de retrouvailles, de recherches, de pardon…
    Feriel regarde Ali comme pour lui suggérer quelque chose. Elle n’ose pas tout de suite. Elle attend que toute la famille soit sur le point d’aller se coucher pour lui faire part de son idée…

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  70. Artisans de l'ombre Dit :

    73iéme partie

    Feriel a pris à part Ali pour lui parler de son idée.
    - On pourrait passer un appel dans une émission… à la radio ou à la télé comme cela se fait, lui dit-elle. Tout à l’heure, on a vu des mères retrouver leur fils ou leur fille grâce à leur appel télévisé !
    - Non, non…
    - Qu’est-ce qu’on perd à essayer ?
    - Je ne crois pas qu’elle veuille, répond Ali. Elle commence à oublier et tu voudrais qu’on laisse cet appel ! Ce n’est pas une bonne idée !
    - Moi, je suis sûre qu’on pourra le retrouver ! On devrait lui en parler… Si la police n’a pas pu mettre la main sur lui, en lançant un appel et en diffusant son portrait, des gens le reconnaîtront et on en saura plus sur lui !
    - Ils ne pourront pas nous en apprendre plus qu’on en sait déjà, rétorque Ali. On sait que c’est un escroc ! Qu’il n’a pas hésité à se défiler quand il devait assumer sa paternité !
    - Raison de plus ! On doit le faire pour ces enfants ! insiste Feriel. Imagine qu’une de ses connaissances décide de nous contacter !
    - Cela n’effacera pas le passé et tout le mal qu’il a fait à ma sœur ! On lui donnera encore l’occasion de la tourmenter et de gâcher sa tranquillité d’esprit à peine retrouvée !
    - Tout de même, si je lui en parle, acceptes-tu de soutenir mon idée ?
    -Non ! Oublies-la carrément ! lui ordonne-t-il presque. Je ne prendrai pas le risque de la faire souffrir ! Elle en a assez bavé !
    Feriel soupire. Elle meurt d’envie de partager son idée avec Eva mais Ali la regarde dans les yeux, comme pour lire en elle.
    - Ne le fais surtout pas ! Ce n’est surtout pas le moment !
    L’amie n’a pas le choix. La mort dans l’âme, elle doit renoncer. Sa déception se lit sur son visage lorsqu’elle rejoint Eva dans la chambre des bébés.
    - Quelque chose ne va pas ?
    - Tout va bien, répond-elle en s’efforçant de sourire. Ils ne dorment pas tôt… Plus tard, ce seront des fêtards !
    - Je suis de ton avis, dit la mère en les regardant avec amour. Dis, de quoi parlais-tu avec Ali ?
    - De tout et de rien…
    - Je ne te crois pas, l’interrompt Eva. Vous étiez si graves… Vous parliez de moi ?
    - Euh…
    L’entrée de Souad chasse son hésitation. Elle se doute bien qu’Ali n’allait pas la laisser sans surveillance.
    - Ne me dis pas que tes oreilles ont sifflé !
    - Légèrement… Elles rient. Feriel prétexte être fatiguée pour les quitter. Elle craint de ne pas pouvoir tenir sa langue. Elle regrette d’en avoir parlé à Ali. Elle aurait dû en parler ouvertement. Peut-être que si elle avait proposé l’idée à Eva en premier, elle l’aurait approuvée ?
    - À quoi penses-tu ? l’interroge Eva. Tu es bizarre…
    - Non, seulement épuisée.
    - Souad, est-ce que sa chambre est prête ?
    - Samia l’a préparée, répond Souad en se levant. Je vais vérifier…
    - Je viens avec toi. Je croule de sommeil… Bonne nuit Eva !
    Elle embrasse les bébés et suit Souad dans la chambre d’ami. Après avoir vérifié qu’il ne lui manque rien, elle la laisse. Feriel se met au lit. Elle ne trouve pas le sommeil, elle se demande si elle ne devrait pas en parler à Eva. Quitte à se fâcher avec Ali…

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  71. Artisans de l'ombre Dit :

    74iéme partie

    Un peu comme s’il se doutait de son intention, Ali ne la lâche pas d’une semelle. Feriel, mal à l’aise, finit par renoncer. Pour l’instant…
    Elle est persuadée qu’en parlant de lui à la télé ou à la radio, ils pourront le retrouver. Ils pourraient aussi se servir de la presse. Un avis de recherche, avec son portrait. Cela marchera.
    Elle peste intérieurement contre Ali. Il aurait pu rendre les choses plus faciles en acceptant. Comme il ne la quitte pas, elle profite d’un moment où Eva est occupée dans la chambre des bébés pour lui proposer une autre idée.
    - On lance l’avis de recherche, sans lui dire !
    Ali a une moue.
    - On lui interdira de regarder la télé ? D’écouter la radio ? Et même d’ouvrir un journal…
    - Non. Mais je suis sûre que cela donnera des résultats, insiste-t-elle. On doit savoir !
    - On sait ce qu’il est vrai : un escroc !
    - Oui, mais personne n’est fiché à son nom ! On doit faire quelque chose ! Fais-le toi… Passes son portrait dans la presse ou dans l’émission qu’on a regardée hier soir, le prie-t-elle.
    - Je te promets de le faire dès que je verrais que c’est le bon moment !
    Feriel n’en revient pas. Il vient de le lui remettre.
    - C’est vrai ?
    - Je te le jure ! Je lancerais cet avis de recherche !
    L’amie sourit enfin. Elle le croit. Temps qu’il le fera un jour, elle est satisfaite. Lui aussi, dans le fond, sait que c’est une bonne idée. Elle se sent mieux. Elle peut partir tranquille.
    Un peu plus tard, son mari passe la chercher. Toute la famille leur souhaite bon voyage. Eva a remarqué qu’elle était plus détendue que la veille. Elle lui demande la raison de ce changement.
    - Je n’ai plus peur, répond Feriel en l’embrassant. Si ça marche, tant mieux, si ce n’est pas le cas, on aura au moins essayé !
    Ali la regarde sentant que cela lui était adressé. Il les regarde partir et prenant sa sœur par les épaules, il lui dit.
    - Dis, tu ne voudrais pas travailler ?
    - Non, je profite du bon temps… Le travail, ça peut attendre !
    Eva attend que les bébés aient appris à marcher pour s’y remettre. Elle décide de les mettre à la crèche, non loin de l’agence de son frère. Samia se charge de les ramener en fin d’après-midi et s’occupe d’eux comme avant. Eva tient à ne pas ennuyer sa famille. Ils sont tous au petit soin pour eux mais ses parents ne sont plus en âge de supporter leurs bruits. Ses neveux sont grands et si dociles que parfois elle souhaite que ses bébés prennent sur eux.
    Le temps file et elle a été si prise par son travail, qu’elle ne s’en est pas rendue compte. Un coup de fil d’Aïssa remet les pendules à l’heure.
    - Ils veulent renouveler le bail, lui dit-il. Vous êtes d’accord ?
    - Oui, mais à une condition ! Va voir l’état des lieux… Si la villa est bien entretenue !
    Lorsqu’elle raccroche, elle regarde autour d’elle. Cela fait une année qu’elle vit chez ses parents. Tout se passe bien, à la maison. Aucune tension entre elle et son frère. Sa belle-sœur a su garder le sourire et patienter…
    - Mais ce n’est pas une raison pour que je prenne racine ici, se dit-elle. Je vais nous trouver une maison, à nous ! promet-elle aux bébés, en son for intérieur. Il est temps d’avoir notre propre vie, dans notre foyer…
    Lorsqu’elle en parle quelques jours après, ils n’ont pas la réaction qu’elle espérait. Ils ne comprennent pas…

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  72. Artisans de l'ombre Dit :

    75iéme partie

    -Il y a un appartement mis en vente, dans le quartier, dit-elle. Je n’habiterai pas très loin…On se verra chaque jour !
    Les parents ne sont pas enchantés du tout. Même quartier ou ailleurs, le fait qu’elle ne vive plus sous leur toit leur déplaît. Ils tiennent à ce qu’elle reste.
    - Il y a de l’espace. Si vous voulez de l’intimité, installez-vous au premier ! Il ne te manquera rien et on aura à l’œil les petits durant ton absence !
    - C’est gentil à vous mais ma décision est prise, réplique Eva. Je sais qu’il ne nous manquera rien, mais il le faut ! On ne peut pas vivre ici ! Cela fait un bout de temps qu’on est là…
    - Mais pourquoi partir ?
    - C’est mieux, pour nous tous, répond-elle. Sans raison particulière… Je vous remercie pour tout ce que vous avez fait pour nous ! J’ai traversé de dures épreuves mais avec vous, à mes côtés, je m’en suis s ortie!
    - Voilà une raison pour rester ! dit el hadj Mohamed. On sera toujours là, pour toi !
    - Je sais.
    Mais comme à chaque fois qu’elle a pris une décision, elle ne revient pas dessus. Ali n’insiste pas. Il sait qu’elle vivra à quelques ruelles d’eux et comme ils travaillent ensemble, ils se verront tous les jours. Il n’est pas contre son départ.
    En fait, elle ne déménage pas tout de suite. Elle doit attendre que le plombier ait fini les travaux puis le peintre. Ensuite, elle pose le papier peint de la chambre d’enfants. Lorsque l’appartement est enfin prêt, Ali l’aide à déménager. Leurs parents les accompagnent et leur chagrin est visible. Eva feint de ne pas voir leurs yeux larmoyants.
    Samia l’aide à préparer le dîner. Les bébés jouent dans le salon, sous l’œil des grands-parents. Souad et Ali déballent des affaires et tentent de ranger. Ils sortent les albums de photos et Ali ouvre l’un d’eux. Il tombe sur les photos-souvenirs faites à la naissance des jumeaux.
    Presque trois ans ont passé depuis et à chaque fois qu’il les entend l’appeler papa, il a le cœur qui se serre en pensant qu’ils n’auront pas la chance de connaître leur père. Escroc ou pas, il reste leur père.
    Il pense souvent à la promesse faite à Feriel. Il se demande s’il a vraiment fait le bon choix. Il aurait dû accepter sur-le-champ. Peut-être qu’ils en auraient appris plus sur Norredine ?
    S’il décide de le faire maintenant, ne serait-ce pas prendre le risque de rouvrir une blessure à peine guérie ?
    Il referme lentement l’album.
    - Tu ne sais pas où le poser ?
    Il regarde Eva qui le lui prend des mains, pour le poser, sur une des étagères du meuble du salon. Il se demande s’il ne devrait pas lui en parler et lui laisser le choix.
    - J’ai l’impression que tu veux me dire quelque chose ?
    Ali hoche la tête.
    - Oui… Quand tu auras un moment, dit-il. Je voudrais te donner une idée… même si à l’origine, elle est de ton amie Feriel…
    Elle fronce les sourcils. Il y a longtemps qu’elle n’a pas de nouvelles de Feriel. Elle s’est établie en France depuis qu’elle tente de tomber enceinte. Sans succès. L’insémination artificielle a échoué à deux reprises mais elle garde espoir. Elle ne les appelle pas souvent. Un message de temps à autres.
    - Une idée ? Sur quoi ?
    Lorsqu’Ali parle de retrouver son mari, en lançant un avis de recherche, elle reste bouche bée. Elle n’en revient pas…

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  73. Artisans de l'ombre Dit :

    76iéme partie

    -C’est une idée de Feriel et tu ne m’en parles qu’aujourd’hui! Quand est-ce en avez-vous parlé ?
    Ali baisse les yeux, presque honteux.
    - Bien avant qu’elle ne parte vivre en France, répond-il. Au début, je pensais et j’étais persuadé que c’était une mauvaise idée…
    - Et maintenant, non ! C’est facile pour toi…
    - On lance un avis de recherche à la télévision, dit-il. Avec un peu de chance, on saura où il est et où il vit maintenant !
    - Qui te dit que j’ai envie de le retrouver ? Il n’a pas eu de scrupule pour nous abandonner, lui rappelle Eva. On est bien sans lui !
    - Je ne te demande pas de le prier, de revenir, mais ce serait bien qu’on sache qui il est, insiste Ali. Pour que tu saches quoi dire, plus tard quand tes enfants seront grands et qu’ils te poseront des questions !
    - Je vais y réfléchir, promet-elle.
    Quelques jours après s’être installés, elle l’appelle et lui dit qu’elle veut bien tenter sa chance. Ensemble, ils écrivent à l’émission. Deux semaines après, on les appelle pour leur proposer un rendez-vous.
    Ali l’y accompagne. En face de la caméra, mal à l’aise, elle raconte que ses enfants ont besoin de leur père. Elle lui demande de les contacter à leur nouvelle adresse, à leur nouveau numéro de téléphone. Elle prie toute personne le connaissant de ne pas hésiter à les joindre.
    - Je ne crois pas que ça marchera, dit-elle.
    - On aura essayé !
    Le soir de la diffusion de l’émission, elle n’allumera pas la télévision. Elle a acheté un cd et elle écoute de la musique dans sa chambre, entourée des enfants et de Samia.
    Ali la surprend en venant. Il est tard et il n’était pas prévu qu’il vienne. Il trouve la télé éteinte, le salon plein dans l’obscurité.
    - Ne me dis pas que tu as raté l’émission !
    - Non, je ne voulais pas regarder, répond-elle. Je ne voulais pas me voir… Je suis dégoûtée. Il m’a bien eu… Je voudrais l’envoyer en prison !
    - Donc, tu as tout raté ! Donc tu ne sais rien ?
    - Savoir quoi ?
    - Eva, il y a eu une réaction en direct, lui apprend-il. Un voisin… Il nous a donnés l’adresse où il réside maintenant…
    Eva n’en croit pas ses oreilles.
    - Où il réside maintenant, répète-t-elle.
    Elle soupire, exaspérée. Elle a envie de l’insulter de tous les noms.
    - Il est vivant ! Il n’a jamais cherché à revoir ses fils !
    - Figures-toi qu’il vit à Ghardaïa, lui apprend Ali. On va enfin savoir pourquoi il s’est enfui comme un voleur !
    - Ce voisin n’a pas laissé de numéro où le joindre ?
    - Non, mais comme on a l’adresse, on n’a qu’à s’y rendre ! propose-t-il.
    Mais Eva n’a aucune envie de le revoir. Si elle a accepté de lancer l’avis de recherche à la télé, c’est uniquement pour divorcer au cas où elle le retrouverait. Elle ne veut plus porter son nom. Dès demain, elle ira voir un avocat. Elle ne veut plus avoir affaire à lui, de près ou de loin…

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  74. Artisans de l'ombre Dit :

    77iéme partie

    -J’irai seul… Je tiens à voir la tête qu’il fera lorsqu’il découvrira qu’on sait où il vit ! Qui il est vraiment…
    Leurs parents ne sont pas d’accord. Si leur fils acceptait de les écouter, il renoncerait à ce voyage. Ils ignorent comment Norredine va l’accueillir. Ils craignent qu’ils n’en viennent aux mains. Qui sait comment cela tournera ?
    - Non, je ne vais pas me bagarrer avec lui… Même lui ne voudra pas créer de problèmes ! Il ne voudra pas que ça se sache !
    - Je ne crois pas qu’il appréciera que tu ailles l’importuner dans sa nouvelle demeure ! Il a une nouvelle vie. Peut-être que sa famille ignore tout de son passé ? émet el hadj Mohamed.
    - Je ne lui parlerai pas en leur présence, la rassure Ali. Je veux seulement qu’il sache qu’on connaît la vérité sur lui…
    - On sait que c’est un menteur qui n’a pas hésité à abandonner sa famille ! Un escroc… On n’a pas besoin que tu partes lui parler ! Puisque ça ne changera rien à la situation…
    - Changement ou pas, il devra assumer ses responsabilités !
    Ali est décidé à partir. Il prend l’avion à destination de Ghardaïa. De l’aéroport, un taxi l’emmène à l’adresse où réside Norredine.
    C’est une grande maison, récemment construite. L’extérieur n’est pas encore fini. Il y a un maçon et des manœuvres.
    - Salam aâlikoum !
    Ils répondent à son salut et le maçon s’arrête pour le regarder.
    - Si Norredine est là ?
    - Non.
    -Où puis-je le trouver ? À son travail ?
    Le maçon rie presque.
    -Il n’a pas besoin de travailler, réplique-t-il. Il a sa propre affaire !
    -Ah… Il est chez lui ?
    -Non, répond le maçon avant de se remettre au travail.
    -Et sa famille ?
    -Ils sont absents jusqu’au mois prochain, lui apprend le maçon.
    - Depuis quand sont-ils partis ?
    - Il y a deux jours. Si vous voulez le voir, il faudra revenir…
    - Ses enfants ne vont pas à l’école ?
    - Ils sont grands… Ils doivent être à la fac…
    Ali le remercie. Il est déçu. Il ne le verra pas cette fois. Il repart à l’aéroport, dans le taxi qui l’avait amené. Il ne peut s’empêcher de penser que Norredine a dû voir l’émission et que c’est la raison de ce départ, en famille, pour plusieurs semaines. Il n’y a pas d’autre explication.
    Mais ce qu’il ne comprend pas et qui l’intrigue, comment sa famille a pu se passer de lui, pendant les années où il était avec Eva. Comment ils ont pris son retour ? Sa femme a dû lui pardonner. S’ils étaient dans le besoin, son retour a dû être salutaire.
    Il est soulagé en découvrant que l’avion n’était pas reparti sur Alger. Il attend longtemps avant de pouvoir embarquer.
    - C’est mieux que de rentrer par la route, dit-il à sa femme au téléphone.
    -Est-ce que tu as pu le voir ?
    -Non… Mais j’ai du nouveau…

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  75. Artisans de l'ombre Dit :

    78iéme partie

    Toute la famille attend son retour avec impatience. Il est près de minuit lorsqu’il rentre à la maison. Eva est aussi là. Elle ne pouvait pas attendre le matin ou même lui parler au téléphone.
    Elle doit le voir, le regarder les yeux dans les yeux. Elle veut savoir.
    - Premièrement, ils n’étaient pas là ! Deuxièmement, il a eu une première famille… Ses enfants sont grands, peut-être même à la fac !
    - C’est impossible !
    - Si…
    Eva s’assoie et se prend la tête. Elle ne comprend pas. Comment il a pu se passer de sa famille ? Aussi longtemps…
    - Ils reviennent quand ?
    - Son maçon a dit le mois prochain, mais qui sait, peut-être qu’ils ne reviendront pas, émet Ali. S’il a vu l’émission et sait qu’un téléspectateur a donné son adresse, je doute qu’il décide de revenir ! Il ne va pas se gâcher la vie… Il n’est pas bête !
    - Je sais.
    - Je pensais que c’en serait fini ! Que tu lui aurais parlé… Mais, soupire-t-elle, cela ne changera rien à la situation ! Je vais prendre un avocat et divorcer…
    - Je retournerais là-bas !
    - Non, tu n’y retourneras pas ! dit-elle. On n’a plus rien à faire avec lui ! Il rendra des comptes à la justice !
    - Ça va aller ?
    - J’ai connu pire, répond-elle. Je rentre à la maison…
    Ali se lève pour la raccompagner mais elle refuse.
    - Je suis véhiculée, répond-elle. Bonne nuit !
    Elle embrasse ses parents et son frère avant de partir. Moins de cinq minutes après, elle se gare devant chez elle et lorsqu’elle se retrouve enfin seule, elle donne libre cours à ses larmes.
    Elle a réalisé qu’il ne s’est pas contenté de partir. Il lui a menti. Il a trompé sa première famille. Il les avait quittés tout comme il l’a fait. Pour quelles raisons ? Qu’est-ce qui l’a poussé à retourner vivre avec eux ? Quelle excuse avait-il trouvé pour se faire pardonner ?
    Elle se pose tellement de questions qu’elle ne parvient pas à s’endormir. Le matin, avant de se rendre à l’agence, elle va chez un ami de son défunt mari. Me Boualem la reçoit chaleureusement.
    Elle lui explique les raisons de sa visite et ce qu’elle attend de lui.
    - Le divorce… Pas de réconciliation, pas de médiateur, je ne veux plus le revoir…
    - Très bien.
    - Je ne veux rien de lui, ajoute-t-elle. Juste me délier…
    Me Boualem prend note de son adresse et promet de vite s’occuper de son divorce. Elle lui remet son livret de famille, l’acte de mariage. Elle le règle aussi à l’avance. Elle signe un chèque et le lui remet.
    - Faites vite ! le prie-t-elle.
    - Je vous appelle dès que j’ai du nouveau !
    Eva le remercie. Elle se rend ensuite à l’agence. Si son frère est surpris par son retard, il n’en montre rien. Il ne parle pas de son voyage de la veille.
    Il lui confie un appartement à visiter. Il ne veut pas qu’elle reste au bureau. Elle a besoin de respirer. Si elle acceptait de l’écouter, elle prendrait des vacances et partirait loin…

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  76. Artisans de l'ombre Dit :

    79iéme partie

    Plusieurs semaines après sa visite, elle commence à s’inquiéter. Son avocat s’est rendu à la cour où Norredine, convoqué à deux reprises, ne se présente pas. Il n’a pas pris d’avocat pour le défendre.
    - Peut-être qu’il n’est pas rentré ? Qu’il a décidé de s’installer ailleurs ? Elle n’en doute pas une seconde.
    - Il ne veut pas perdre ce qu’il a retrouvé, dit-elle à son avocat. Il faut amener la juge à me délier de lui… Qu’il ne veuille pas se présenter, soit ! Mais cela ne doit pas m’empêcher de divorcer !
    Son avocat promet de parler au procureur.
    - On n’existe plus pour lui. On ne lui demande rien. Il devrait être content qu’on n’attende rien de lui… Je ne veux plus porter son nom !
    - Je vais faire le nécessaire pour l’amener à divorcer, sans perdre plus de temps ! Quitte à me rendre chez lui…
    Eva juge que c’est l’unique solution. Même si elle n’a aucune envie de le voir, elle décide d’accompagner son avocat.
    Ils s’y rendent le mardi. Par le premier vol. Elle espère le trouver. Elle ne voudrait pas qu’ils se soient déplacés pour rien. Si Norredine et sa famille ont quitté la région, elle sait qu’il faudrait un miracle pour les retrouver. Ils prennent un taxi et se rendent chez lui. Son adresse est facile à trouver. Le quartier des nouveaux riches est connu.
    La villa est finie et le jardin qui l’entoure est en fleurs. Une très belle résidence. Le portail est fermé. Les fenêtres ouvertes laissent espérer que Norredine et sa famille sont bien là.
    Me Boualem appuie sur l’interphone. Une voix d’homme répond.
    - Qui est-ce ?
    -Me Boualem, réplique ce dernier. On voudrait parler à Si Norredine T… est-il là ?
    -Que lui voulez-vous ?
    -Juste lui parler. On est venu d’Alger, précise Me Boualem. On tient à le voir… Est-il là ?
    -Oui…
    Une porte électrique s’ouvre et ils peuvent enfin entrer. Eva regarde autour d’elle, surprise par la beauté du jardin. Il a dû faire appel à un artiste.
    Un homme, la cinquantaine entamée, vient à eux. Il est charmant.
    - Soyez les bienvenus ! leur dit-il.
    Ils échangent une poignée de mains et il les précède à l’intérieur et les invite à s’asseoir au salon. Eva remarque qu’il a du monde à la cuisine. Certainement Norredine et sa famille…
    - Que puis-je pour vous ? leur demande-t-il.
    Me Boualem le regarde puis se tourne vers Eva. Il est un peu perdu.
    - Je vous l’ai déjà dit, répond-il. Nous sommes venus parler à Si Norredine T… Il est là ?
    - Oui, devant vous…
    Eva le regarde dans les yeux. Il est sérieux.
    - Je suis Norredine T… Que me voulez-vous ?
    Elle ferme les yeux, voulant avoir mal entendu. Elle se sent pâlir. Elle se sent mal.
    -Non, vous n’êtes pas Norredine T…, dit-elle. Norredine T… c’est mon mari ! Je le connais… Vous n’êtes pas mon mari !
    - J’ignore qui est vraiment votre mari mais, moi, je suis bel et bien Norredine T…
    Il va chercher ses papiers, le prouvant sur place. Sa femme et deux de ses enfants les ont rejoints. Des adultes presque…

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  77. Artisans de l'ombre Dit :

    80eme partie

    -C’est un cauchemar ! Je vais me réveiller…
    Mais quand elle ouvre les yeux, la même famille est encore là. Ils ne comprennent pas. Même son avocat est dépassé.
    - Elle cherche son mari, explique-t-il à sa femme et à ses enfants. C’est elle qui voulait divorcer… Elle croyait qu’il habitait à notre adresse…
    - On croyait qu’il était retourné auprès de sa première femme, précise Me Boualem.
    - On n’a jamais été séparés, dit sa femme. Pas même un mois… Combien de temps êtes-vous restés ensemble ?
    - Deux ans, répond Eva.
    Ils sont désolés pour elle. Mais personne ne comprend comment son mari portait la même identité que cet affairiste. Ce dernier n’a jamais perdu ses papiers et ses non plus. Une usurpation d’identité.
    Eva lui montre l’unique photo de lui. Ils ne le connaissent pas. Ils ne l’ont jamais vu auparavant.
    - Vous avez de la chance, leur dit-elle. Me Boualem, on rentre… On n’a rien à faire ici !
    La famille de Si Norredine les invite à rester pour la nuit. Ils auront ainsi l’occasion de faire plus amplement connaissance, mais Eva refuse.
    - Il n’y a pas de vol demain… Il faudra attendre quatre jours pour pouvoir repartir ! On était venus éclaircir les choses !
    - J’aurais voulu vous aider !
    - Ce n’est pas de votre faute ! Mais la mienne… Mon frère avait des doutes, sur lui. J’aurais dû me fier à lui ! Je suis perdue…
    - Qu’allez-vous faire maintenant ?
    - Continuer à le chercher, répond elle.
    - On vous souhaite bon courage et que Dieu soit avec vous !
    Eva le souhaite aussi. En rentrant à Alger, elle soupire en voyant la voiture de son frère devant chez elle. Elle n’est pas surprise de trouver toute la famille. À son visage fermé, ils devinent que cela s’est mal passé.
    - Tu l’as trouvé ? demande son père. Tu l’as vu ?
    - Oui. Il nous a même reçus chez lui, répond Eva.
    - Il accepte de divorcer ?
    - ç’aurait été lui mon mari qu’il l’aurait fait sans hésiter, réplique-t-elle. On a bien trouvé Norredine T… Mais ce n’est pas mon mari ! C’est un autre…
    - Comment ça ? Ils portent le même nom ?
    - Oui, et c’est tout ce qu’ils ont en commun, dit la jeune femme. Ils ne se connaissent pas…
    - Comment vas-tu faire maintenant ? demande Ali. Et ton divorce ?
    - Je l’ignore. Me Boualem pense que le divorce m’aurait été accordé s’ils n’y avaient pas eu les enfants…
    En fait, elle n’a pas le choix. Elle est contrainte d’attendre qu’il réapparaisse dans leur vie. Suivant les conseils de son avocat, elle publie sa photo dans un journal, mais personne ne semble le reconnaître ou même l’avoir connu.
    Si elle n’avait pas la présence de ses enfants, elle croirait l’avoir imaginé. Des années ont passé depuis et elle n’en sait toujours pas plus sur lui. Ses enfants devenus grands n’ont qu’une photo de lui, de profil. Il demeure cet inconnu de tous.
    Mais si avant Eva voulait le retrouver pour divorcer, aujourd’hui, c’est pour permettre à ses enfants de le connaître.
    Ils ne désespèrent pas. Un jour, il leur reviendra. Ils en sont persuadés…

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