BILLET
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- Publié le Samedi, 05 Mai 2012 11:21
- Écrit par Didi Baracho

Par Didi Baracho
Je voulais vous dire que moi Didi Baracho, fils de ma mère et de mon père, faisant partie de ma famille, de nationalité Indigène, habitant en Corée Saoudite depuis ma naissance, porté sur les produits prohibés par la charia, j’ai décidé, en mon âme et conscience, d’entrer en clandestinité pour rejoindre le Conseil National de la Résistance. Désormais, je ne vous dirai plus à partir de quel bar clandestin j’écris mon billet.
Nous sommes à moins d’une semaine de la mascarade officielle organisée par le pouvoir. J’appelle tous les Indigènes à se mobiliser comme un seul ivrogne, car je suis fatigué, tout comme vous tous, de boire le calife jusqu’à la lie. Ces étrangers qui nous oppriment doivent partir. Et vite !
Un pays qui ose vendre la pomme de terre à 150 DA le kilo ne peut qu’être dirigé par des gens qui coûtent moins qu’elle. Je parle de la pomme de terre. Je dis les choses ainsi car je suis certain que 70 kilos de pomme de terres valent plus, à mes yeux, que 70 kilos de notre vénéré calife Abdelaziz Bouteflika. Lui, même si vous me l’offrez gratuitement je ne le prendrai pas. Je ne le donnerai ni à un mendiant ni à un nécessiteux ni à un SDF. Pour le mal qu’il a fait à l’Algérie, il mériterait de finir comme la carcasse d’une voiture qu’on abandonne quelque part sur la route national n°7. Je ne dirai pas moins pour Belkhadem, Ouyahia ou les généraux M. dit T. et T. dit B.
Enfin, passons ce n’est pas le sujet.
Cher Peuple Indigène que j’aime même si tu m’énerves. Oui tu m’énerves ! Tu m’énerves quand tu conduis ta voiture, tu m’énerve quand je vois que tu as accepté ta déculturation, tu m’énerves quand je vois ta passivité devant l’état de la Corée Saoudite, tu m’énerves quand j’entends une partie de ta jeunesse s’exprimer, tu m’énerves quand tu acceptes de te laisser endoctriner sinon par des islamistes archaïques, par un pouvoir corrompu, tu m’énerves quand tu acceptes les divisions et les régionalismes, bref, tu m’énerves, mais je t’aime quand même.
Cher Peuple Indigène, puisque je t’aime malgré tout, je te demande de te réveiller. Réveille-toi ! Debout ! C’est l’heure ya rabek ! Sinon tu vas arriver en retard. Ils vont tous te dépasser et tu resteras bon dernier, loin de la modernité, loin du progrès, loin du développement, loin de ta propre émancipation, loin de ton avenir, loin de ton bonheur et même loin de toi-même. Alors réveille-toi sinon je demande à Ouyahia de faire passer la patate à 500 DA et de te couper Canal Plus. Je suis certain que le second chantage marchera mieux que le premier, mais j’essaye les deux quand même.
Cher Peuple Indigène, désormais quand tu iras aux toilettes pour accomplir ton devoir citoyen et alléger ton tube digestif, prends un sac en plastique, noir de préférence, et mets ta commission à l’intérieur. Par la suite, équipe-toi de ce sac, sors dans la rue et dès que tu verras un cortège officiel, balance-leur sur la gueule la conséquence d’une pomme de terre achetée à 150 DA.
En clair, tu dois entrer en résistance. Tu dois désobéir à tout et à tous le monde. Apprend à dire NON ! On te demandera d’aller voter, réponds Non ! On te demandera de ne pas manifester, manifeste quand même. Fais ce que tu sais faire le mieux, fais ce que tu as toujours su faire, ce mot intraduisible qu’on ne trouve qu’en Corée Saoudite : Fais la zkara. Voilà tu as compris !
En même temps, évite de lire les journaux de nos amis H’mida Layachi, Lounès Guemache, Ali Fodhil et Anis Rahmani, les quatre journalistes que nous envient les journaux spécialisés dans les déjections canines. Ils te mentiront en te faisant croire que tu es le plus heureux Indigène au monde. Et quand tu voudras te changer les idées, fais comme moi, débouche une bonne bouteille et achève-là en pensant à la pomme de terre. Ensuite énerve-toi bien ! Demain, je te donnerai d’autres consignes. Mais ça, c’est une autre histoire. Alors, malgré tout, vive la désobéissance civile et vive les Indigènes !
7 mai 2012
Didi Baracho