Par : Adila KATIA
1re partie
-Sais-tu depuis quand je t’aime ?
La question de Kenza semble surprendre son mari. Il lui jette un coup d’œil en souriant, se demandant où elle voulait en venir ? Lui et Kenza ne s’étaient pas connus avant leur mariage. Leurs parents avaient tout arrangé en se passant de leur consentement. Enfin, lui, Djamel ,n’était même pas là le jour du mariage. Il était encore à Lyon, où il était vendeur dans un centre commercial. Quelle ne fut sa surprise en venant rendre visite à sa famille. Une femme l’attendait. Kenza était celle que ses parents avaient choisie pour lui. Elle venait de terminer ses études en lettres françaises quand elle a été mariée de force à cet émigré, originaire du village de son père.
Kenza, à défaut de pouvoir fuir le mariage, ne s’était pas faite belle ce jour-là et elle en fit voir de toutes les couleurs à sa belle-mère et à ses belles-sœurs.
Plusieurs mois avaient passé avant la visite de Djamel. Kenza avait profité de ce temps pour se reposer et être servie par ses belles-sœurs qui enrageaient d’être à sa merci. Elle était la femme de Djamel et qui sait si elle ne se plaindra pas auprès de lui ? De réputation, il était coléreux et n’avait de respect pour personne quand il s’emportait. Même ses parents n’avaient pas droit à des égards. Ils avaient pris un gros risque en décidant de le marier à son insu. Comme ils le craignaient, il piqua une colère en apprenant qu’il était marié.
- Qu’est-ce qui vous a pris ? Me croyez-vous incapable d’en choisir une, tout seul ?
- Elle nous plaisait ! C’est pourquoi nous avons eu la certitude qu’elle fera ton bonheur ! C’est pourquoi nous n’avons pas hésité…
- Qu’est-ce qui vous a pris ? Il ne vous est pas venu à l’esprit, un seul instant, que je puisse être marié ! leur reproche Djamel. Que je puisse être père ? Non, vous avez seulement voulu en faire qu’à votre tête ! Cette femme, vous n’avez qu’a la prendre pour bonne à tout faire !
- Voyons, mon fils ! Un peu de sérieux ! On ne peut pas en faire une bonne, a rétorqué sa mère. C’est ta femme aux yeux de tous ! Tu n’as quand même pas l’intention de la renvoyer chez ses parents ? Tu l’ignores, mais, tout comme toi, elle n’était pas d’accord. Elle ne voulait pas se marier avec toi.
- Pour qui elle se prend de refuser de se marier avec moi ? s’est écrié Djamel. Comme si elle pourrait se trouver meilleur parti !
Leur première rencontre avait laissé leur entourage bouche béé. Kenza avait perdu ses grands airs et la colère de Djamel était tombée comme par enchantement. Tous n’en étaient pas revenus. Car tous avaient pronostiqué un mariage fait de coups et de cris. Kenza et Djamel étaient tombé amoureux l’un de l’autre. Les parents de Djamel ne s’étaient pas trompés dans leur choix. Ils lui avaient trouvé la femme idéale.
- Je croyais que tu m’aimais depuis le premier instant où on s’est vus ? répond Djamel en la regardant du coin de l’oeil, délaissant pour un moment son journal sportif.
- Non, la première fois, tu m’as beaucoup plu physiquement, dit Kenza en souriant. Je te parlais d’amour, du vrai. Djamel, je te repose la question. Sais-tu depuis quand je t’aime ?
Djamel feint de réfléchir après avoir fermé son journal. Les bras croisés sur la poitrine, il réfléchit longtemps. Au point où Kenza commençait à s’impatienter.
- Depuis que je t’ai giflée ? Depuis que je t’ai refusé de partir chez ta mère ? Kenza, je donne ma langue au chat !
- Tant mieux ! Tu n’as vraiment pas deviné, insiste-t-elle ?
- Non, mais je peux savoir ?
Kenza a un sourire. Aussi, quand elle prend tout son temps pour répondre, Djamel commence à s’impatienter. Maintenant qu’elle avait éveillé sa curiosité, il tenait à savoir.






8 mai 2012
Adila Katia, EXTRAITS