La quantité impressionnante de partis politiques, dont plus de la moitié sont des nouveau-nés, à l’expérience partisane limitée et dont la plupart n’ont aucun programme politique et économique à proposer sinon des lambeaux de discours déjà entendus ici et là. – Des candidats à l’Assemblée nationale attirés, pour une bonne partie, bien plus par les avantages matériels et immatériels directs ou indirects de la fonction à décrocher que par le souci de «bien faire» dans l’intérêt général Candidats dont on aimerait bien connaître, publiquement, leurs «avoirs» et leur morale, leur(s) fortune (s) et infortune (s) onjugales y compris. -Des candidats au niveau de réflexion et d’action politiques pour le moins contestable, un diplôme universitaire ne faisant pas toujours un homme politique «capable» et une longue expérience sur le terrain («chez nous») n’étant pas une assurance de réussite toujours efficace ; la jeunesse, si elle est un gage d’engagement, n’étant pas toujours un état de bonne «conscientisation» Quant à la femme, qui a largement mérité sa place, elle reste encore limitée dans son libre-arbitre, «coincée» par les tabous et les interdits sociaux qu’on lui a imposés depuis des décennies. Le poids de plus en plus important des lobbies (de toutes sortes, avec l’émergence, ces dernières années, du lobby «émeutier populaire») ce qui amènera les futurs députés, soit à être très terre-à-terre, à l’écoute permanente et «dictatoriale» de leurs électeurs, soit à les fuir, plus que par le passé. Une société qui, tirée vers le bas depuis des décennies, n’est plus, hélas, dans son entier, qu’une masse informe, remuante,incompréhensible car insaisissable (L. Addi, le sociologue, plus prude, parle de «Nation encore plus plurielle que jamais»), à la «culture» et aux discours parsemés de préjugés et d’interdits, quand ce n’est pas de «haramates», sur tout et sur tous, chez les hommes bien plus que chez les femmes, chez les jeunes bien plus que chez les «vieux». Une société qui, aussi, fait fi des valeurs les plus nécessaires, mais, à son sens, les moins payantes (croit-on) sur le court terme, comme le travail, l’effort, la tolérance .Une société ayant de nouveaux credo plus faciles à énoncer qu’à réaliser, concrètement. Une société qui accepte difficilement ses échecs, essuyant la plupart de temps «le couteau sur le dos des autres» et cherchant toujours à trouver des excuses à ses propres échecs ou faiblesses. Au final, donc, une bonne recette que le dispositif électoral. Un plat succulent en perspective. Mais, qui sera autour de la table pour l’apprécier ? Des gourmands ou des gourmets ? Des gloutons ou des gastronomes ? Et, après avoir fini le plat, qu’y aura-t-il comme autres recettes : du moderne ou du classique ? Du traditionnel ou du «fast-food»? Ou, alors, un infect brouet, un mélange indigeste comme on a l’habitude de nous en servir à chacune de nos faims? Que faire?
La réponse ne se trouve pas, de toute évidence, dans la répétition d’une certaine expérience du passé, malheureuse et catastrophique, en raison surtout de l’abstention massive de ceux-là mêmes qui avaient déserté les bureaux de vote laissant la place libre au Fis Tout cela pour des raisons plus épidermiques que raisonnées («être contre le pouvoir en place !»). La réponse se trouve dans une participation massive, non pour élire le meilleur des candidats ou des partis ou des programmes (c’est encore bien difficile, hélas !), mais bien pour faire barrage à tous les escrocs et autres carriéristes de la politique, à tous les ennemis de l’intérêt général, du droit et de la justice, à tous les affairistes et les corrompus, à tous les chercheurs dimmunité et, surtout, à tous les extrémismes. Elections législatives : Il faut, malgré tout, y croire. Le pari de Pascal, le religieux qui ne voulait pas ne pas croire en l’existence de Dieu, vous connaissez ? Tout (ou presque tout ou un peu) à gagner et rien à perdre ! Alain, un philosophe-essayiste, conservateur humaniste, vous connaissez ? «Nul ne peut vouloir sans faire» disait-il. Il faut seulement mettre en marche son état permanent d’«indignation» donc de résistance. Ne serait-ce que pour préserver la République et consolider la Démocratie, la République démocratique et sociale tant rêvée par les «pères fondateurs» de la Révolution armée algérienne. Le reste viendra en son temps, plus rapidement qu’on ne se l’imagine, tant il est vrai que les fruits trop mûrs ou mal-formés ou «touchés» tombent (ou «dégagent») plus facilement d’un cocotier secoué constamment, violemment ou même en douceur.
10 mai 2012
Belkacem A. DJABALLAH