Editeur : Gallimard
Dépôt légal : janvier 1992
Collection : Blanche
ISBN-10 : 2070725804
ISBN-13 : 978-2070725809
Pour Franklin Rist, grand lecteur de romans et romanesque lecteur A la mémoire de mon père et dans le souvenir quotidien de Frank Vlieghe On est prié (je vous supplie) de ne pas utiliser ces pages comme instrument de torture pédagogique
I NAISSANCE DE L’ALCHIMISTE
1
Le verbe lire ne supporte pas l’impératif. Aversion qu’il partage avec quelques autres ; le verbe «aimer »… le verbe «rêver »… On peut toujours essayer, bien sûr. Allez-y : «Aime-moi !» «Rêve !» «Lis !» «Lis ! Mais lis donc, bon sang, je t’ordonne de lire !»— Monte dans ta chambre et lis ! Résultat ? Néant. Il s’est endormi sur son livre. La fenêtre, tout à coup, lui a paru immensément ouverte sur quelque chose d’enviable. C’est par là qu’il s’est envolé. Pour échapper au livre. Mais c’est un sommeil vigilant : le livre reste ouvert devant lui. Pour peu que nous ouvrions la porte de sa chambre nous le trouverons assis à son bureau, sagement occupé à lire. Même si nous sommes monté à pas de loup, de la surface de son sommeil il nous aura entendu venir. — Alors, ça te plaît ? Il ne nous répondra pas non, ce serait un crime de lèse-majesté. Le livre est sacré, comment peut-on ne pas aimer lire ? Non, il nous dira que les descriptions sont trop longues. Rassuré, nous rejoindrons notre poste de télévision. Il se peut même que cette réflexion suscite un passionnant débat entre nous et les autres nôtres…
— Il trouve les descriptions trop longues. Il faut le comprendre, nous sommes au siècle de l’audiovisuel, évidemment, les romanciers du xixe avaient tout à décrire… — Ce n’est pas une raison pour le laisser sauter la moitié des pages ! …Ne nous fatiguons pas, il s’est rendormi.






11 mai 2012
Auteurs FRANCAIS, EXTRAITS