Par les temps actuels, il est regrettable que les vents de la modernité (dont les nouvelles technologies de la communication) aient chassé au loin des pans entiers de la tradition orale. A commencer par les adages populaires. Pourtant, il existe encore des poètes qui rament à contre-courant…
M’hamed Didi fait partie de ces poètes populaires qui activent à la sauvegarde et à l’enrichissement du patrimoine culturel. Son dernier recueil, exprimé en langage elliptique, voire en un art du raccourci qui tient du proverbe, mérite qu’on s’y arrête. On y retrouve le bon sens et les saillies du meddah ou du goual, ces personnages sociables qui avaient de tout temps préservé le legs ancestral. L’auteur a opté pour une technique d’écriture mémorielle, façon de rappeler que le poète populaire n’est pas définitivement éclipsé. Son opuscule sentencieusement intitulé Fierté et dignité se décline comme une composition de morceaux choisis et entièrement dédiés à la sagesse de la nation algérienne. En tout, 36 textes courts et deux poèmes plus longs où l’amour du pays reste exclusif. Le lecteur a alors tout le loisir de savourer la richesse des expressions proverbiales telles que revisitées par le langage poétique de M’hamed Didi. La formule garde d’autant plus son esthétique imagée que la lecture est facilitée par l’arabe mêlé de dialectal. Ici, les propos peuvent être jugés naïfs. Mais, n’est-ce pas le propre du proverbe ? Aussi, le recours à l’adage, la maxime ou l’aphorisme procède-t-il plutôt du souci de se rapprocher le plus possible de la poésie populaire. Cela donne, sous la plume de M’hamed Didi, des conseils de sagesse pratique, de bons préceptes et des règles de conduite, de morale. Ce sont là autant de préceptes imprescriptibles de la morale, de la grandeur et de la noblesse d’une nation que l’auteur rappelle sans être rébarbatif ni pédant. Un tel travail, évidemment destiné au large lectorat, nécessite pourtant d’être encouragé, accompagné et pris en charge par les responsables de la culture et par les maisons d’édition. Car, faut-il le souligner, ce recueil est encore une fois l’aboutissement du seul effort individuel. Heureusement que l’ONDA a pu quand même apporter son concours. M’hamed Didi est né en 1961 à Alger, dans le quartier de Belouizdad. Il est l’auteur d’une vingtaine de chansons chaâbi et d’autres textes (qacidate) déjà édités. Il anime également l’émission «Ki z’mane ki lioum» à Radio El Bahdja.
Hocine T.
M’hamed Didi, Fierté et dignité, poèmes édités à compte d’auteur avec le concours de l’ONDA, Alger 2012, 52 pages.
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http://www.lesoirdalgerie.com/articles/2012/05/14/article.php?sid=134161&cid=16
14 mai 2012
POESIE