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La nouvelle de Adila Katia “Je t’attendais…”

14 mai 2012

Adila Katia, EXTRAITS

 

Par : Adila KATIALa nouvelle de Adila Katia     “Je t’attendais...”  dans Adila Katia 20_200_150

Fathma entre lentement dans la pièce qui sert de salon. Son père et son oncle parlent avec un homme, plus précisément un prétendant. Veuve depuis cinq ans, elle s’est consacrée à ses deux filles. Celles-ci vont à l’école maintenant, et aux yeux de sa famille, elles sont assez grandes pour se passer d’elle. 
Fathma pose la corbeille de fruits sur la table basse et s’apprête à sortir quand son père Ali lui ordonne de s’asseoir. Elle obéit sans avoir levé les yeux une seule fois. Son oncle maternel Merouane ne perd pas son temps pour faire les présentations.
Mon cher Dahmane, voici ma nièce Fathma ! Comme tu le vois, elle est encore jeune et bien portante… à mon avis, c’est la femme qu’il te faut !
Je suis aussi de ton avis… mais elle, elle n’a pas dit son mot, remarque Dahmane. Certainement qu’elle a des conditions !
Fathma ? dit Ali en se tournant vers elle. Si tu as quelque chose à dire, c’est le moment ! Il aura ainsi tout le temps d’y réfléchir, ajoute-t-il. Au cas où tu demanderais la lune !
Je veux mes filles avec moi, murmure-t-elle sans les regarder.
Elles sont très bien ici ! Il est venu pour demander une femme en mariage non pas pour prendre toute une famille à sa charge, rétorque son père avec un air sévère qu’elle sait reconnaître quand il est mécontent. Comme tu peux le voir, il est de bonne famille et nos grands-pères ont été de bons amis… Aujourd’hui, une alliance entre nos familles serait une manière de les honorer !
Ils ne sont plus de ce monde, murmure-t-elle avant d’avoir le courage de les regarder. Je ne demande pas des bijoux en or… à mes yeux, il n’y a pas plus cher que mes filles ! Je pourrais tout supporter tant qu’elles seront avec moi !
C’est d’accord ! intervient Dahmane en souriant. J’accepte la présence de tes filles jusqu’à leur mariage !
Bien, en conclut l’oncle Merouane. Donc, tu acceptes de te marier avec lui ? De prendre soin de lui et de ses biens ?
- Oui.
- Mais toi, Dahmane, tu avais des conditions, je crois ? se rappelle Merouane en se tournant vers lui.
Dahmane a hoché la tête lentement.
Bien, puisque tout est clair et parfait, nous allons fixer la date de votre mariage ! Tu as certainement autre chose à faire…
Fathma quitte le salon, sans  dire un mot. Elle va à la cuisine où l’attendent ses belles-sœurs et sa marâtre.
Alors, comment est-il ? lui demande l’une d’elles. Est-il vieux ?
Non, il n’est pas vieux, répond Fathma. Et il est bel homme…
Mais comment est-il ?
Fathma n’a pas exagéré en disant qu’il est bel homme. Blond aux yeux verts, plutôt bien conservé pour son âge. Il doit faire des jaloux. De taille moyenne, il n’a pas un kilo de trop. Il ne fait pas son âge. Tu en as de la chance alors ! Et tes filles, lui as-tu dis ? lui demande sa marâtre Dahbia.
Bien sûr ! rétorque-t-elle. Il est d’accord pour que je les prenne avec moi ! Fathma n’aurait jamais accepté de se marier avec lui s’il lui avait refusé de prendre ses filles sous sa tutelle. Sa marâtre et ses belles-sœurs sont sans pitié depuis son retour à la maison. Veuve, avec deux petites filles à sa charge, sans même une pension pour survivre, ses beaux-parents n’ont pas hésité à lui demander de partir. Ils ont voulu garder ses filles mais elle a refusé de s’en séparer. La vie sans elles lui serait insupportable. Sa famille lui en a fait voir de toutes les couleurs et ses demi-frères voient mal son retour et le fait qu’elle ne veuille pas se remarier pour pouvoir prendre soins de ses filles.  Elle n’aurait jamais pu les leur confier. Ils ont trop à faire avec leurs propres familles. Et les querelles qu’elle et ses belles-sœurs ont presque chaque jour doivent les stresser. L’unique solution est qu’elle se case à nouveau.
Les rares prétendants qui ont précédé Dahmane sont tous repartis déçus. à chaque fois qu’ils ont parlé de ses filles et de leur bien-être si elles restent chez leurs grands-parents, elle n’a pas hésité à les renvoyer au risque d’être en froid avec toute la famille. Maintenant qu’elle a trouvé chaussure à son pied, elle imagine leur soulagement. Elle a hâte de voir ses filles rentrer de classe afin de leur apprendre la nouvelle. Elles n’ont que sept et six ans. Elles ne feront pas les difficiles et accepteront son mariage. Fathma le pense et veut y croire…

 

À propos de Artisan de l'ombre

Natif de Sougueur ex Trézel ,du département de Tiaret Algérie Il a suivi ses études dans la même ville et devint instit par contrainte .C’est en voyant des candides dans des classes trop exiguës que sa vocation est née en se vouant pleinement à cette noble fonction corps et âme . Très reconnaissant à ceux qui ont contribué à son épanouissement et qui ne cessera jamais de remémorer :ses parents ,Chikhaoui Fatima Zohra Belasgaa Lakhdar,Benmokhtar Aomar ,Ait Said Yahia ,Ait Mouloud Mouloud ,Ait Rached Larbi ,Mokhtari Aoued Bouasba Djilali … Créa blog sur blog afin de s’échapper à un monde qui désormais ne lui appartient pas où il ne se retrouve guère . Il retrouva vite sa passion dans son monde en miniature apportant tout son savoir pour en faire profiter ses prochains. Tenace ,il continuera à honorer ses amis ,sa ville et toutes les personnes qui ont agi positivement sur lui

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