Culture : Le coup de bill’art du Soir
Au cinéma, toute une vie est racontée dans un film de fiction qui dure un peu plus d’une heure. Une attente d’une heure dans la vie réelle dure une ou deux minutes dans un film.
Quelques rares films ont «réconcilié» le temps réel et le temps fictif dans certaines scènes d’anthologie. Sorti en 1978, Magic(USA) est un film envoûtant réalisé par Richard Attenborough, avec Anthony Hopkins dans le rôle principal. L’illusionniste Corky Withers a été formé par le vieux Merlin (l’enchanteur ?). Il rencontre le succès depuis le jour où il a introduit dans son spectacle une marionnette à son image appelée Fats. Mais un peu comme Docteur Jekyll et Mister Hyde, autant Corky est gentil et effacé, autant «son double» Fats est vulgaire et agressif. Bientôt possédé par sa marionnette, l’illusionniste va commettre des actes diaboliques. Un ami de Corky, qui voulait l’aider, lui demande s’il est capable de se passer de Fats cinq minutes. Corky répond par l’affirmative. L’ami sort sa montre et se met à compter les minutes. Deux (vraies) minutes paraissent aussi longues que deux heures. Sorti en 1995, Sur la route de Madisonest un film américain réalisé et interprété par Clint Eastwood qui partage la vedette avec Meryl Streep. Il est adapté du best-seller de Robert James Waller paru en 1992. Un jour de l’été 1965, le photographe Robert Kincaid demande sa route à Francesca Johnson. Elle le guidera à travers les ponts couverts du comté de Madison qu’il est chargé de photographier pour le compte du National Géographic. Les quatre jours qu’ils passeront ensemble vont les marquer pour la vie. Francesca Johnson et Robert Kincaid sont dans deux voitures dans la ville. L’homme qui va quitter Madison pour toujours n’a pas vu la femme. Elle, par contre, elle l’a vu. Elle veut partir avec lui, mais hésite. Les deux voitures s’arrêtent à un feu rouge. Elle veut ouvrir la porte de sa voiture puis se ravise et se met à réfléchir, la main toujours collée à la poignée de la porte. Le temps du passage d’un feu rouge à un feu vert dans le film est égal à celui dans la vie de tous les jours. Mais, à l’écran, le suspense est insupportable tandis que le temps paraît bien différent. Le cinéma a créé un «temps virtuel» plusieurs décennies avant l’ère internet.
K. B.
bakoukader@yahoo.fr
Source de cet article :
http://www.lesoirdalgerie.com/articles/2012/05/14/article.php?sid=134158&cid=16
14 mai 2012
Kader Bakou