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Les «trois M» de Catherine Ashton Par Ammar Belhimer

16 mai 2012

Ammar Belhimer

Chronique du jour : A FONDS PERDUS

ambelhimer@hotmail.com
L’Union européenne avoue sa perplexité : «Même s’il existe un réel espoir que le “Printemps arabe” conduise à la création de démocraties stables et prospères, des analystes ont prévenu que la conséquence la plus probable de ce qu’ils appellent “l’hiver du mécontentement” arabe était une période d’instabilité régionale et de réactions autoritaires.» Quelle que soit leur issue finale, les processus en cours dans le monde arabe ne laissent donc pas indifférente l’Union européenne dont sont issues les anciennes puissances coloniales et qui partagent encore avec les pays de la rive Sud les plus grands mouvements d’échanges. 
L’effet immédiat a été «une révision ambitieuse de ses politiques de voisinage» par laquelle «l’UE entend recentrer ses politiques autour de trois grands axes : primo, des “démocraties profondément ancrées” ; secundo, la promotion d’une croissance inclusive et, tertio, l’établissement de partenariats étroits avec la société civile». Toutefois, cette ambition n’est toujours pas une réalité, déplore Timo Behrn, spécialiste des relations internationales, qui travaille pour le think tank «Notre Europe» dédié à l’unité européenne, sous l’impulsion de Jacques Delors : «Si certains changements entrepris par l’UE sont positifs, cette révision n’a pas réussi à modifier les modalités et l’orientation des relations euro-méditerranéennes. L’UE conserve une vision eurocentrée de l’intégration du pourtour méditerranéen, reposant sur une version “allégée” de la politique d’élargissement.»(*) Il attend qu’elle «concilie sa vision eurocentrée avec la réapparition de tendances panarabes et panislamiques et les perspectives d’émancipation dans les pays ayant fait la révolution». Même inachevé, l’effort d’adaptation de la politique de l’Union date de début 2011 : «Après quelques mois d’hésitations et de division, les décideurs européens ont compris qu’il était dérisoire d’essayer de contenir la marche du changement. L’UE a donc cherché à aligner sa position sur les demandes des contestataires arabes. Le président de la Commission José Manuel Barroso a annoncé ce changement en mars 2011, déclarant : «Je pense qu’il est de notre devoir de dire aux peuples arabes que nous sommes à leurs côtés ! Depuis Bruxelles, je veux adresser ce message aux jeunes Arabes qui se battent actuellement pour la liberté et la démocratie : nous sommes à vos côtés.» Alors que l’UE a toujours accordé la priorité à la stabilité et à la sécurité régionale, quitte à travailler avec des régimes autoritaires, elle s’engage désormais à soutenir sans équivoque les transitions démocratiques en cours. Pour y parvenir, sa nouvelle stratégie précise les trois domaines d’action prioritaires dans la région évoqués plus haut. S’agissant des «démocraties profondément ancrées», la formule comprend des élections régulières mais aussi un ensemble plus important de prérequis comme la liberté d’association et d’expression, l’instauration de l’État de droit, la lutte contre la corruption et un contrôle démocratique des forces de sécurité. Ensuite, l’UE souhaite établir des partenariats avec la population, centrés sur la coopération et le développement de la société civile pour «encourager l’apparition de sociétés civiles pluralistes et inclusives». Enfin, l’UE veut promouvoir «une croissance et un développement inclusifs dans ses pays partenaires, qui ont souffert d’un chômage élevé et de graves inégalités ». A ce titre, le développement durable et l’égalité socioéconomique sont considérés comme «des éléments-clés pour l’instauration de sociétés ouvertes et de démocraties profondément ancrées». Pour réussir ses trois objectifs, l’UE a mis au point une formule miracle : les «trois M» : money, market access et mobility (argent, accès aux marchés et mobilité) de Catherine Ashton. Ensemble, ces trois éléments sont censés apporter les ressources et les incitations nécessaires pour permettre le changement attendu. En matière d’aide financière, l’UE a prévu plus d’un milliard d’euros de financements supplémentaires pour la période 2011- 2013. Ils seront distribués par le biais de l’instrument européen de voisinage et de partenariat (IEVP). Plus important encore, l’UE a adopté en septembre 2011 un ensemble de mesures pour soutenir les processus de transition. La pièce maîtresse de cet ensemble de mesures était le programme Spring (Support to Partnership, Reform and Inclusive Growth), axé sur les partenariats, les réformes et la croissance inclusive, qui prévoyait de distribuer 350 millions d’euros d’aide entre 2011 et 2013 selon le principe de la conditionnalité positive. Par ailleurs, la Commission a lancé plusieurs projets pilotes de plus petite ampleur pour aider les régions pauvres, encourager le développement des PME et investir dans l’enseignement supérieur. La création d’un mécanisme de financement de la société civile doté de 22 millions d’euros pour 2011-2013 a constitué l’élément central de la politique de partenariats avec la population. Il vise à renforcer les capacités des organisations de la société civile ainsi que leur rôle dans les réformes démocratiques. Outre ces aides directes, l’UE a travaillé avec les États membres pour accroître les activités de prêt de la BEI et étendre le mandat de la BERD au sud de la Méditerranée. Ainsi, le Conseil européen a approuvé une augmentation d’un milliard d’euros par an des prêts de la BEI aux pays de la région. De même, la BERD a donné une suite favorable aux demandes d’adhésion de la Tunisie, de la Jordanie, de l’Égypte et du Maroc et a débuté des activités de financement dans ces pays fin 2011. À terme, la BERD prévoit d’accorder 2,5 milliards d’euros par an aux pays des rives Sud et Est de la Méditerranée qui s’engagent à appliquer les principes de démocratie multipartite, de pluralisme et d’économie de marché et qui s’y tiennent. Enfin, l’UE envisage actuellement le versement de son aide macro-financière, en particulier dans le cas de l’Égypte, en coordination avec le FMI. En termes d’accès aux marchés, l’UE a entrepris de nombreuses initiatives supposées faciliter l’accès à son marché intérieur, renforcer les liens commerciaux et encourager l’investissement dans les pays du sud de la Méditerranée. La proposition de négocier l’instauration de zones de libre-échange approfondies et complètes (DCFTA), qui permettraient une intégration économique progressive dans le marché intérieur de l’UE, constitue à cet égard un élément essentiel. En décembre 2011, le Conseil a accordé à la Commission un mandat pour entamer des négociations – qui devraient être longues – avec la Tunisie, la Jordanie, le Maroc et l’Égypte afin d’établir de telles zones. Pour ce qui est de la mobilité, domaine autrement plus sensible, la principale innovation de la réforme de la PEV a été de proposer des «partenariats de mobilité » aux partenaires sud-méditerranéens. La stratégie de l’UE en la matière promet que ces partenariats garantiront «le bon encadrement de la mobilité, mutuellement bénéfique, en permettant des migrations circulaires et temporaires et en renforçant les capacités de gestion des frontières ». Ainsi, les rebelles arabes sont sommés de retenir sur place les populations locales et, bien mieux, de s’associer à contenir la vague migratoire d’Afrique vers l’Europe. La proposition de l’UE de faciliter la délivrance des visas et les autres mesures d’accompagnement est associée à l’engagement des pays partenaires d’accepter les accords de réadmission et de restreindre les migrations en provenance d’États tiers que de l’avancée des réformes démocratiques. Sur le plan conceptuel, les trois nouvelles priorités de l’UE dans son voisinage sont encore mal définies et mises en place de manière incohérente, conclut Timo Behrn : «Le flou des définitions de l’UE suggère plutôt que sur le plan conceptuel, peu de choses ont changé (…) malgré la référence à une “démocratie profondément ancrée”. Dans les dernières réformes, l’approche conceptuelle de l’UE a peu changé : un modèle capitaliste, démocratique formel, globalement libéral, en dépit de marges floues, reste au cœur des efforts visant à ce profond ancrage de la démocratie. De même, la manière dont l’UE envisage l’engagement de la société civile dans le sud de la Méditerranée a peu évolué : en pratique, l’engagement de l’UE se concentre presque uniquement sur la jeunesse libérale et les groupes de défense des droits des femmes.»
A. B.

(*) Timo Behr, Après la révolution : l’UE et la transition arabe, www.notre-europe.eu.ques.

Source de cet article :
http://www.lesoirdalgerie.com/articles/2012/05/15/article.php?sid=134212&cid=8

À propos de Artisan de l'ombre

Natif de Sougueur ex Trézel ,du département de Tiaret Algérie Il a suivi ses études dans la même ville et devint instit par contrainte .C’est en voyant des candides dans des classes trop exiguës que sa vocation est née en se vouant pleinement à cette noble fonction corps et âme . Très reconnaissant à ceux qui ont contribué à son épanouissement et qui ne cessera jamais de remémorer :ses parents ,Chikhaoui Fatima Zohra Belasgaa Lakhdar,Benmokhtar Aomar ,Ait Said Yahia ,Ait Mouloud Mouloud ,Ait Rached Larbi ,Mokhtari Aoued Bouasba Djilali … Créa blog sur blog afin de s’échapper à un monde qui désormais ne lui appartient pas où il ne se retrouve guère . Il retrouva vite sa passion dans son monde en miniature apportant tout son savoir pour en faire profiter ses prochains. Tenace ,il continuera à honorer ses amis ,sa ville et toutes les personnes qui ont agi positivement sur lui

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