Culture : Le coup de bill’art du Soir
L’évidence ne se discute pas, mais certaines évidences ont besoin d’être dites (et redites). «L’Algérie a été épargnée par les révoltes qui ont soufflé sur le monde arabe.
A votre avis, pourquoi ?», est une des questions posée à l’artiste Idir dans un entretien avec le quotidien Liberté. «Quel monde arabe ! Etre Arabe pour moi est étymologiquement un habitant de l’Arabie. Je suis arabophone, mais je ne suis pas Arabe (…) La langue ne fait pas l’origine. Donc, quand on dit les pays arabes, on a l’impression qu’on confine des gens dans une espèce de parcage et ils sont Arabes (…) Je ne veux plus cautionner ces choses (…) Quand tu me dis le Maghreb, pourquoi tu mets Maghreb arabe ? Qu’est-ce que je deviens, moi ? (…) J’ai compris que nous avons, pas un ennemi, le mot est trop fort, mais un adversaire : il s’appelle l’arabisme. Ce n’est pas l’Arabe, ni sa langue ni encore les identités qu’il véhicule, ce n’est pas ça, bien au contraire, moi j’écoute, j’aime, y a pas de souci, c’est que l’arabisme est une idéologie qui tend à mettre les gens dans un même moule et à couper tout ce qui le dépasse. C’est-à-dire, qu’on veut faire de moi quelqu’un que je ne suis pas. Un pays appartient à ceux qui l’aiment et veulent le construire dans leur diversité et leurs différences (…) Sur le plan politique, je ne pense pas qu’on puisse allier un royaume à la chérifienne avec un régime rétrograde à la saoudienne ou un libéralisme à l’algérienne. Culturellement, je n’en parle même pas ! Si je n’étais pas sorti de mon village, je ne connaîtrais jamais l’arabe (…) Ils doivent arrêter de nous bassiner avec des notions complètement fausses, parce qu’elles ne traduisent rien dans la réalité du Maroc, de l’Algérie ou autre», avait répondu Idir. Des médias du pays dont les ancêtres nous disaient que nos ancêtres comme les leurs sont Gaulois, veulent maintenant coûte que coûte nous parquer dans ce fameux «monde arabe» et ne ratent aucune occasion de nous faire remarquer notre «retard» par rapport a ce «printemps arabe». On raconte que jadis, du temps où des noms comme «Kabyle», «Chaoui » ou «Mozabite», étaient presque des insultes, quelqu’un avait fait remarquer à El Anka qu’il est un Kabyle «nouveau débarqué» à Alger. «Qui se trouve plus loin, Azzefoun ou l’Arabie Saoudite ?», avait répondu le maître du chaâbi.
K. B.
bakoukader@yahoo.fr
Source de cet article :
http://www.lesoirdalgerie.com/articles/2012/05/16/article.php?sid=134256&cid=16
16 mai 2012
Kader Bakou