Reste que la question est celle de la réciprocité. Si le Pouvoir ne ramène pas la vache, le peuple se soulève. S’il ramène la vache, le peuple est insulté dans son histoire nationale mais ne le sait pas. C’est la boucle voulue, enfermer les Algériens dans le cycle assouvissements/émeutes. Le débat de la vache qui mange l’indépendance, ou le contraire. L’histoire du peuple tenu par le ventre. La souveraineté nationale et l’ingérence étrangère ont été les thèmes de la campagne du régime pour faire voter le bon peuple. S’adresser à la peur de ne pas manger, vivre chez le colonisé qui vient tout juste d’avoir un pays à lui, c’est-à-dire un repas complet. Une campagne pour idiots, car que signifient la souveraineté et l’intervention étrangère quand le pays peut être affamé et doit chercher sa viande en Inde ? Vu du ciel, un immense parc. Au sud, un robinet de pétrole. Au nord, beaucoup de gens penchés sur la mer en bas du navire. On leur donne à manger et ils se multiplient. 38 millions prévus en 2013. Certains tentent de fuir le campement par mer ou par les frontières. Ce sont les points noirs sur l’avant-bras de la mer qui leur font face. Ensuite, il n’y a rien d’autre. Quand le campement s’agite, on jette dedans des vaches d’Inde et du blé US. Il se calme. Pourquoi ces gens sont là ? Ils n’étaient nulle part, avant, et se sont regroupés ici pour avoir un endroit qui les a enfermés. Une immense vache qui mange un peuple pendant qu’il mange la vache de l’Inde. Fable fantastique qui explique mieux le pays que son histoire officielle. Officiellement, nous possédons un pays mais pas assez de vaches. Ce qui est totalement absurde et inutile vu du point de vue de l’histoire de l’humanité. On commence par avoir un nombre suffisamment de vaches avant d’avoir un drapeau. C’est l’histoire de la naissance des Etats qui le veut. Relisez.
«Cherchez la viande même en Inde !» par Kamel Daoud
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26 mai 2012
Kamel Daoud