La plaisanterie devient morbide et l’agréable laisse la place à l’horreur. Le témoin change progressivement de mains. Les petits de seigneurs, les saigneurs aussi, hier encore mal lavés et crasseux, roulent en grosses insultes. Ils apprennent « bechouia » à conduire le troupeau des petits de serfs, « aya sarf, sarf ». Et la vie continue. L’horrible vie continue ? Plus personne ne sait comment y échapper, ni comment inventer quelque-chose qui la ferait oublier. Plus aucun échappatoire ne serait suffisamment grand comme porte de sortie sauf, peut-être, ce qui semble devenir un véritable refuge.
Le silence ! Mais un silence, ça tient combien de temps?
Ceux qui avaient encore quelques bonnes intentions sont sous d’autres cieux, là où légende dit qu’il existe une terre pour les hommes. Ceux qui, restés là, pouvaient encore quelque-chose sont, tout simplement, sidérés devant l’incroyable acharnement que mettent les préposés aux torchères à s’éclairer la face, pile en face des guichets de banques. Et perdure la farce qui a fait de nous des bouches qui engloutissent jusqu’à leur propre ombre.
26 mai 2012
El Guellil