Mercredi, 30 Mai 2012 09:50
Comme le malaga ou le ferrana, des variétés de raisin particulièrement délicates et spécifiques à la région de Miliana, le miel paraît-il a lui aussi ses étalons et son échelle de saveurs. Cela va de la grossière marmelade à base de sucre qu’ on nous sert dans les restaurants en passant par une pâte améliorée et légèrement onctueuse pour aboutir enfin au top des miels, au champagne des miels, celui de la forêt de M’sila à l’ouest du pays. Accrochez vous bien, il a été proposé a 2500 DA le kilo aux dernières floralies d’Oran. Pour le bonimenteur en charge de sa promotion, ce nectar est tout simplement magique. Selon lui, il guérit tout. Ne connaissant pas la posologie de ce remède et nageant en plein cirage, j’imagine au pif qu’avec une cuillère à café on doit pouvoir chasser le stress et la calvitie, avec une cuillère à soupe, les boutons d’acné et le rhume des foins et avec une louche le mauvais œil et la prostate .Mais comment ce brave apiculteur est il arrivé à une telle excellence ?Je ne le sais pas. A mon avis, il a dû faire appel à des ruches en bois de santal ou en acajou sculpté, sélectionner de façon drastique les abeilles en fonction de leur taille, de leur poids et de la qualité de leur pollen parce qu’elles ne butinent que sur des essences rares et bien sûr protéger leur reine par une armée de bourdons prêts à foncer sur le premier intrus qui montrerait ses dards. Même les alvéoles ont dû être recouvertes de lamelles d’or. À ce prix-là, mon frère, un conseil: si tu ne veux pas qu’on te pique ton produit ou qu’on le replique, assure-le, cote-le en bourse, encadre-le comme la Joconde, au pire mets-le en bouteille ou vends-le aux enchères à la galerie Christie’s à Londres c’est le meilleur moyen pour te sucrer une bonne fois pour toutes.
M. M
30 mai 2012
Mustapha Mohammedi