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Égypte, la surprise Hamdeen Sabahhi Par Hassane Zerrouky

3 juin 2012

Hassane Zerrouky

Chronique du jour : CE MONDE QUI BOUGE

On attendait un duel entre l’ancien secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa, et le candidat dissident des Frères musulmans soutenu par les salafistes Abdel Momein Aboul Foutouh. Le deuxième tour de cette présidentielle opposera finalement l’islamiste Mohamed Morsi, surnommé «la roue de secours», candidat officiel des Frères musulmans, à l’ancien Premier ministre et ex-général Ahmed Chafiq, candidat du système.
Le premier a obtenu 5,7 millions de voix (24,35%) et le second 5,5 millions de voix (23,25%). Un peu plus de 200 000 voix les séparent. Toutefois, la vraie surprise du scrutin, c’est le candidat nassérien de gauche, Hamdeen Sabahhi, arrivé en troisième position : il a récolté 4,8 millions de voix, soit 20,36%, devançant l’islamiste dit modéré Abdel Momein Aboul Foutouh que tous les sondages donnaient largement en tête de cette élection présidentielle. S’estimant lésé par le scrutin et soupçonnant une manipulation des urnes, le candidat de gauche a décidé d’introduire un recours contre Ahmed Chafiq. Hamdeen Sabahhi, 58 ans, que personne n’attendait en troisième position, est le candidat de la place Tahrir, de cette jeunesse révolutionnaire qui, au prix d’énormes sacrifices, a contraint Hosni Moubarak à jeter l’éponge. C’est aussi le candidat de la paysannerie, des classes défavorisées. Membre du parti nassérien démocrate, fondateur du mouvement Kefaya (Ça suffit), plusieurs fois emprisonné sous l’ère Sadate puis sous celle de Moubarak, il incarne aux yeux de nombreux Egyptiens l’alternative aux candidats islamistes et à celui du système, Ahmed Chafiq. «Je suis l’un de vous», proclamait l’une de ses affiches électorales. Pourvu de peu de moyens quand ses principaux rivaux islamistes disposaient d’une incroyable force de frappe médiatique (radios, télés privées, chaînes satellitaires) se greffant sur une logistique financière et organisationnelle leur permettant de quadriller les quartiers des villes, Hamdeen Sabahhi faisait figure de «mesquine». Les observateurs ne lui accordaient aucune chance de passer la barre des 5%. Peu nombreux étaient ceux qui se risquaient à parier une livre égyptienne sur lui. Mais voilà, grâce à une campagne de proximité dans les quartiers défavorisées, supposés acquis aux islamistes, mettant au rang de ses priorités les questions sociales – la réduction du chômage et de la pauvreté – la liberté d’expression et de la presse, mais aussi dans cette Égypte qui donne l’image d’un pays rongé par l’islamisme, la laïcité et la séparation des pouvoirs. Le score réalisé par le candidat nassérien de gauche – moins d’un million de voix le sépare de Mohamed Morsi – montre si besoin est qu’il ne faut pas désespérer de cette Égypte que les médias occidentaux ne voient qu’à travers le prisme de l’islamisme. Outre les 4,8 millions d’Égyptiens qui ont voté pour lui, il ne faut pas oublier qu’une partie de ceux qui ont accordé leurs voix à Ahmed Chafiq et Amr Moussa l’ont fait par peur de l’islamisme, en faisant le choix de voter utile dès le premier tour, estimant sans doute que le candidat de gauche n’avait aucune chance. Autrement dit, les voix démocrates ne sont peut-être pas aussi minoritaires que le laisse penser une lecture simpliste de la réalité égyptienne. Certes, on peut épiloguer sur la faible participation (46%) et, par conséquent, sur le taux élevé d’abstention. Mais quand on connaît la puissance politico-organisationnelle et financière des Frères musulmans et des salafistes, cette forte abstention montre que l’islam politique, toutes tendances confondues, a peut-être fait le plein de ses voix. Tout au moins, l’examen des résultats de ce premier tour montre qu’il existe une partie importante de la société égyptienne sur qui le discours islamiste ne prend pas ou qui s’en est détourné. A contrario, voter à gauche dans cette Égypte où les islamistes ont pignon sur rue, n’hésitant pas à user de moyens violents contre leurs adversaires laïques et progressistes, est l’expression d’un courageux choix de société, celui du progrès social et de la modernité. Cette élection présidentielle égyptienne a montré que les forces de gauche, de progrès et de la société civile moderniste, que d’aucuns croyaient laminées sur le plan des idées, disposent d’une marge de progression. Et que rien n’est encore joué sur le moyen terme dans cette étonnante Égypte.
     Source de cet article :
http://www.lesoirdalgerie.com/articles/2012/05/31/article.php?sid=134903&cid=8

À propos de Artisan de l'ombre

Natif de Sougueur ex Trézel ,du département de Tiaret Algérie Il a suivi ses études dans la même ville et devint instit par contrainte .C’est en voyant des candides dans des classes trop exiguës que sa vocation est née en se vouant pleinement à cette noble fonction corps et âme . Très reconnaissant à ceux qui ont contribué à son épanouissement et qui ne cessera jamais de remémorer :ses parents ,Chikhaoui Fatima Zohra Belasgaa Lakhdar,Benmokhtar Aomar ,Ait Said Yahia ,Ait Mouloud Mouloud ,Ait Rached Larbi ,Mokhtari Aoued Bouasba Djilali … Créa blog sur blog afin de s’échapper à un monde qui désormais ne lui appartient pas où il ne se retrouve guère . Il retrouva vite sa passion dans son monde en miniature apportant tout son savoir pour en faire profiter ses prochains. Tenace ,il continuera à honorer ses amis ,sa ville et toutes les personnes qui ont agi positivement sur lui

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