On observe sans lever le cil ou le sourcil, la dégradation de notre environnement, pis encore on se meut dans la cohorte de producteurs d’ordures observateurs. Au moindre accident ou collision nous sommes les premiers à accourir pour observer. Les bagarres, c’est notre dilettante observation. Nous avons le sens de l’observation quand de brillants étudiants sont fauchés à la fleur de l’âge parce que nous avons trop observé. Nos espaces publics sont délabrés et nous continuons à observer du coin de l’œil. L’école est sinistrée et nous réitérons nos sinistres observations sans plus. Nous observons l’automne, l’hiver et le printemps qui passe. Nous avons érigé un Observatoire des Droits de l’Homme parce que nous nous sentons observés.
Nous avons, lors de chaque scrutin, des observateurs qui n’ont jamais rien observé. Notre culture de l’observation a fait des émules au-delà de nos frontières. Il y a des observateurs partout dans le monde. Le meilleur exemple nous vient de Syrie. Des observateurs sont dépêchés par la Communauté Internationale pour observer comment on supprime des vies, tout âge confondu. Et on a observé qu’il fallait reconduire le plan d’observation pour plus d’absorbés de la machine à tuer de Damas. A l’O.N.U, on observe le silence sur le drame palestinien depuis des décennies. Des rapports sur des génocides sont toujours à l’état d’observation. On continue d’observer des tragédies à huis clos sans se départir des mêmes et perpétuelles observations On observe les lignes et les interlignes du cahier de charge de nos insouciances. On observe le rêve de nos enfants prendre les contours d’une projection sans direction ni enseignes.
L’observation est devenue notre compétence. On porte les meilleures observations sur les cours du CAC40 ou du Dow Jones et on n’oublie la misère des observés de la famine. On tarie d’observations les éclipses solaire, vénusienne ou lunaire et on s’éclipse devant le malheur de tant de peuples. N’est-il pas le temps d’observer sa voie lactée ? Car à ce rythme, on risque de passer à la table d’observation pour une longue léthargie.
*Universitaire
7 juin 2012
Remmas Baghdad