
Dans son propre sang qui circule sous la peau de l’autre. Il faut aussi baisser la tête. Se dire que ce n’est pas la faute du Guellil. Il faut changer de nationalité et d’espèce pour pouvoir laisser de côté une vie et ses travers. Passer à côté, en promeneur. Comme le voudraient les yeux touristiques. En observateur insensible. Dans cette avenue, il faut s’occuper du brillant de ses chaussures et du délabrement des immeubles coloniaux pour ne pas troubler la chemise propre de sa propre conscience. «Mais quand vont-ils se décider à redonner du lustre aux anciennes architectures ?». Voilà que leurs notions d’esthétique se mettent, elles aussi, à la multiplication par quatorze et des poussières, surtout. C’est qu’ils savent tout sur tout. Ils t’expliquent que s’ils sont partis ce n’est pas de gaieté de cœur. C’est qu’ils ne pouvaient pas évoluer avec notre mentalité archaïque. Notre société sans action. Alors ils ont pris leurs bagages, leurs diplômes acquis dans nos universités «sous-dév» et vont s’installer dans le «sur-dév». Acceptant le petit boulot qui n’a rien à voir avec leurs compétences. Leur seul truc c’est qu’ils peuvent retourner ici, multiplier leurs économies par quatorze et avec les poussières arranger leur sourire chez le dentiste qu’ils ne peuvent pas se payer là-bas. Heureusement que ce n’est pas général. Ils se trouvent parmi eux des vrais de vrais, qui sont partis réellement parce qu’ils ont été marginalisés. Ils s’imposent là-bas espérant être d’un apport pour ici. De vrais patriotes sans euroïsme.
11 juin 2012
El Guellil