La vérité par El-Guellil

Morts sur les routes par accidents, homicides volontaires ou involontaires, explosions, attentats, embuscades, massacres, catastrophes naturelles, ouzid ouzid font la une des journaux de nos jours. En chiffres ou en lettres, le bilan est en gras caractères. Tenir une comptabilité renvoie à la régularité, à la logique, à la conformité mais aussi à la routine. Et c’est ce qui fait parfois la monotonie de la profession.

Mais si la comptabilité a pour objectif de solder les comptes et passer à autre chose, le but inavoué de ce rappel de morts, disparus, torturés, nous est imposé, hélas, à cause d’un détournement insidieux de notre histoire, laquelle devait, au nom de nombreux sacrifices qui ont jalonné l’existence de nos pères et grands-pères, nous apporter autre chose que de sanglants tourments, ce qui n’est pas le cas.

Oserait-on espérer qu’une volonté de mieux appréhender l’avenir vienne enfin nous délivrer de tous les apprentis-comptables, qui calculent mal le prix de tout et surtout, qui évaluent à peu de frais l’héritage à transmettre aux générations futures. Car, c’est certainement le passif qu’on affectera à nos descendants qui constitue aujourd’hui le véritable plan comptable de nos actions.

Lorsque leurs registres intègreront les soldes de l’Histoire que nous leur écrivons actuellement et lorsque dans les manuels d’histoire qu’ils étudieront dans quelques décennies, ils liront les différentes comptabilités qui furent les nôtres. Il ne faudra pas qu’ils nous taxent de «pères prodigues», inconscients de tous les biens mal dépensés et de tout ce temps perdu.

Quant aux âmes, damnées ou martyrisées, nous en serons tous comptables devant… l’Eternité ! Et Dieu reconnaîtra les siens sans aucune autre forme de bilan que la Sienne, autrement dit pour nous, celle de la Vérité !