Au recouvrement de l’indépendance du pays en juillet 1962, le peuple algérien en liesse n’avait qu’un seul désir : manifester sa grande joie et savourer ces moments rêvés de liberté après avoir subi pendant sept ans et demi les affres d’une guerre sans merci qui a coûté la vie à un grand nombre de martyrs de la résistance. Cependant, si dans l’esprit de chacune et de chacun on fêtait la fin d’un septennat meurtrier, on a presque oublié qu’en fait le colonialisme s’était implanté en Algérie pendant 132 ans ! En répandant sur tout le territoire spolié souffrance et injustice.Ainsi, déjà, au milieu de la jubilation générale, un pan important de notre histoire est relégué aux oubliettes. Pire ! Plusieurs années après la reconquête de notre souveraineté, aucune initiative louable n’est entreprise pour écrire notre histoire plusieurs fois millénaire. Et sans crier gare, les acteurs de notre passé récent disparaissent l’un après l’autre en emportant dans leurs tombes des témoignages importants perdus à jamais pour les générations futures. Et celles-ci, ignorant ce qui s’est passé hier, pourront-elles bâtir infailliblement demain ? Faut-il souligner qu’à la date de la publication de cet ouvrage un tiers seulement des 22 chefs historiques qui ont présidé au déclenchement de la Révolution est encore vivant ? Et dans chaque région du pays, combien de moudjahidine ont tiré leur révérence en enfouissant dans l’oubli des chapitres entiers de notre histoire ? C’est ce constat désolant et affligeant qui a incité le moudjahid Kasri Abdelkader, dit Abdelkader N’Tbellout, à publier son parcours de combattant dans un devoir de mémoire pour que ses petitsenfants, dit-il, ne soient pas atteints d’amnésie après son trépas. «Chacun est responsable du contenu historique parqué au fond de sa mémoire». Dans cet ouvrage, le guérillero ne se contente pas de tracer son propre itinéraire révolutionnaire. Il y décrit également la vie des Algériens autochtones vivant sous le joug des exploitants agricoles français ; il y remémore les événements tragiques du 8 mai 1945 qui se sont produits dans son village ; il y raconte les stratagèmes utilisés bassement par le pouvoir colonial pour arriver à ses fins ; il y rapporte maintes anecdotes illustrant l’état d’esprit de ses compatriotes.Cet ouvrage est assurément pour les jeunes nés après l’indépendance un véritable grenier renfermant une foule d’informations qui pourraient susciter chez le lecteur algérien l’envie de se pencher davantage sur le passé de son pays. Car, indéniablement, il n’y a pas d’avenir sans mémoire. À la suite de ceux qui ont déjà été produits par des moudjahidine, ce modeste ouvrage se veut une contribution à l’écriture de notre histoire qui reste malgré tout encore en gestation. Chaque compatriote devrait apporter par la plume ou tout autre moyen son bol d’air de façon à purifier notre environnement historique asphyxié depuis des lustres. C’est là un devoir de mémoire vis-à-vis de nos descendances et qui nous concerne tous. Hafit Zaouche
«MÉMOIRES D’UN MAQUISARD ALGÉRIEN» DE ABDELKADER N’TBELLOUT Le devoir de mémoire
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20 juin 2012
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