Même les ministres algériens, ou du moins ce qui en reste, gèrent leurs secteurs avec ce mot fatidique « on ignore tout ». De leur reconduction ou de leur départ. Il y a donc quelque chose de l’ordre de la métaphysique et de la veillée dans le pays. Une sombre méditation sur la fin dernière et le commencement à fêter. Cela fait 50 ans que le pays a 74 ans, pour reprendre une tournure. Donc, dans destin autre que le souvenir, on va fêter l’indépendance. Pas celle alimentaire, ni culturelle, ni de la main-d’œuvre, ni même urbaine et architecturale. A peine vestimentaire. Cela se fera avant l’importation massive de la viande d’Inde. Donc le pays est assis, regarde son âge. Il ne s’y passe rien. Curieuse, trou noir et sans pesanteur dans un monde « arabe » en crise, fièvres et révolution. Comme si nous vivions tous dans une sorte d’au-delà, un espace sans lois de conséquences. Donc, quelques semaines après qu’on nous ait parlé de menace internationale, on découvre la véritable menace nationale : l’hébétude. On va manger de l’argent puis rester ici et ensuite on va construire une grande mosquée et, pour ceux qui n’ont pas puis fuir, mourir, en analysant l’échec jusqu’à obtenir la plus grande production mondiale de feuilles mortes.
Le tueur de temps par Kamel Daoud
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21 juin 2012
Kamel Daoud