Un seul Arabe et le souk est rempli, disent les mauvaises langues. L’équipe de France en renferme quatre et demi, en comptant n’sibna Ribéry. C’est dire que lorsqu’ils sont réunis, les Maghrébins des Bleus ne restent pas silencieux. Ou du moins, on ne les laisse pas se taire. Les pauvres Nasri, Benzema, Ben Arfa et Rami doivent s’armer de beaucoup de patience pour ne pas disjoncter. A chaque défaite des Bleus, c’est eux qu’on pointe du doigt. Juste après l’échec contre la Suède, certains médias français ont encore armé les dards sur les sarbacanes pour souffler leur haleine de chacals en direction de la «racaille» maghrébine et leurs proches. D’un côté, je me dis qu’ils l’ont bien mérité et je leur souhaite de galérer plus pour avoir tourné le dos à l’Algérie, la Tunisie et au Maroc. Mais d’un autre côté, j’ai envie de défendre le sang qui nous unit, malgré tout. Et puis, quand je pense à Ziani et comment certains le traitent chez nous, je ne peux pas trop accabler Benzema et Nasri d’avoir opté pour la France. En revenant aux «chacals croqueurs de Fennecs à plumes», je ne comprends pas trop leur acharnement. Les psychanalystes s’y perdraient certainement en essayant de disséquer la haine qui les anime. Mais je crois qu’après avoir longtemps espéré voir Yoann Gourcuff prendre l’étendard des Gaulois et en l’absence d’un autre «Souchien» pour faire figure de proue, ils se sentent comme étouffés en pensant que les espoirs du football français reposent sur les orteils des Arabes. La pilule Zinédine Zidane n’ayant été avalée que le temps des victoires, ce sera toujours pareil avec ses successeurs parmi les Beurs. Tant qu’ils gagneront, on les applaudira. Mais à la moindre erreur, la guillotine qui a arraché la tête de Zabana ressortira. Et l’on s’étonne lorsque Nasri leur demande de fermer leur gueule…
22 juin 2012
SUZANNE AMOKRANE.