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L’ALGÉRIE TOUJOURS. CHRONIQUE D’UNE VIE DE MAURICE T. MASCHINO Le pays au cœur

1 juillet 2012

LITTERATURE

Culture : En librairie

Dans son sang coule du sang russe, français et… algérien. Né à Paris de parents russes, Maurice Tarik Maschino a grandi en France, élevé par sa mère, son beau-père helvétique et sa grand-mère russe «Mamaï» pour laquelle il voue une affection sans bornes. 
Adolescent, sa mère lui fait prendre des cours particuliers de russe. C’est ainsi qu’il découvre Pouchkine, Lermontov, Bounine, Tchekov… Après le bac, il choisit philo. Il a 17 ans, lorsqu’il rencontre Isabelle, son premier amour. Le couple se marie très vite et s’installe au Maroc où Tarik travaille comme instituteur. C’est à Ouezzane, dans le Rif, que naît son premier enfant. Tarik découvre la culture maghrébine. Il est complètement en osmose dans son nouveau milieu. Pour lui, «la France n’était qu’une référence géographique. Mais en aucun cas un lieu privilégié auquel j’appartiendrais de par ma naissance. » P. 62. Tarik passera six ans dans le royaume chérifien (1951-1957). Il découvre un peuple chaleureux, disponible, humain et hospitalier. Le comportement hautain et raciste de ses collègues européens le scandalise : «Le contexte dans lequel ils avaient grandi et qui les avais formés en France ou au Maroc ne les prédisposait pas à être «bons» : de la propagande nationaliste en guise de cours d’histoire, une «mission civilisatrice» que célébraient les manuels, les discours officiels… un sentiment de supériorité qui infectait la mentalité de presque tous les Européens…» P. 74. L’enseignant refuse de se mêler à ses collègues qui «se croyaient supérieurs aux «Arabes», les tutoyaient systématiquement, les appelaient tous Mohamed…» PP. 71 et 72. Très vite, Tarik et Isabelle sont mis en quarantaine avec l’étiquette : sales cocos anti-Français. En 1954, Maschino est nommé professeur de philosophie dans un collège franco-berbère d’Azrou, situé à une centaine de kilomètres de Fès. il se fait très vite remarqué à cause de ses prises de position contre l’armée coloniale française. A travers des articles de presse, il apporte son soutien à la guerre d’Algérie. En réaction, il est sommé de rejoindre, en mai 1957, le premier régiment de chasseurs d’Afrique stationné à Oran. Prendre une arme pour tuer, il en était hors de question. Tarik devient insoumis. «… me conduire comme se conduisaient les soldats allemands dans la France occupée, pour chasser des maquisards, les tuer ou les jeter dans un camp de concentration, torturer des prisonniers… C’était non.» P.89. Traqué par les gendarmes français, l’enseignant parvient à quitter le Maroc pour la Tunisie, sous une fausse identité, aidé par des membres du FLN. «Une nuit, une voiture m’emmena à l’aéroport de Tanger, où deux Algériens me prirent un vol pour Madrid. Ceux qui me reçurent à Madrid m’embarquèrent dans un avion en partance pour Tunis». P.93. Sfax l’accueille. Maschino enseigne la philo dans un lycée de garçons, travaille comme humaniste et participe aux réunions hebdomadaires de la cellule du FLN. Des journaux tunisiens lui ouvrent leurs colonnes. Le journaliste y exprime son dégoût de l’injustice et partage les espérances d’un peuple luttant pour sa liberté. Au lendemain de l’indépendance, il rejoint Alger. Il y rencontre Fadela M’rabet qu’il épouse. Pendant dix ans, le philosophe, journaliste et écrivain Maschino enseigne la philosophie aux lycées El Idrissi (place du 1er-Mai) et Emir- Abdelkader (Bab-El-Oued). Avec sa femme Fadéla (écrivaine), il anime deux émissions sur les ondes d’Alger Chaîne III : «5 minutes d’histoire africaine» à 13h et «Le magazine de la jeunesse» à 20h30. Des espaces d’expression libres auxquels le pouvoir met fin en 1965. En 1971, le couple quitte l’Algérie pour y revenir quelques années plus tard. «Français, je le restais par mes origines, la langue que je parlais, ma culture ; Algérien, je le devenais par mes choix politiques et sentimentaux.» P.125. Maschino se dit fier d’avoir pris la nationalité algérienne. «Obtus, prisonniers de leurs schémas, certains amis parisiens ne comprennent pas que, soixante ans plus tard, je tienne encore à ce prénom, que pour les Algériens, il soit toujours le mien et que je le mentionne, à côté de Maurice, sur la couverture de mes livres.» P.129. L’Algérie toujours est un témoignage tout en empathie. C’est un récit d’une grande humanité. A lire sans plus tarder.
Sabrinal
L’Algérie toujours. Chronique d’une vie, de Maurice Tarik Maschino, éditions Dalimen, 2012, 161 pages, 500 DA.

Source de cet article :
http://www.lesoirdalgerie.com/articles/2012/06/30/article.php?sid=136124&cid=16

À propos de Artisan de l'ombre

Natif de Sougueur ex Trézel ,du département de Tiaret Algérie Il a suivi ses études dans la même ville et devint instit par contrainte .C’est en voyant des candides dans des classes trop exiguës que sa vocation est née en se vouant pleinement à cette noble fonction corps et âme . Très reconnaissant à ceux qui ont contribué à son épanouissement et qui ne cessera jamais de remémorer :ses parents ,Chikhaoui Fatima Zohra Belasgaa Lakhdar,Benmokhtar Aomar ,Ait Said Yahia ,Ait Mouloud Mouloud ,Ait Rached Larbi ,Mokhtari Aoued Bouasba Djilali … Créa blog sur blog afin de s’échapper à un monde qui désormais ne lui appartient pas où il ne se retrouve guère . Il retrouva vite sa passion dans son monde en miniature apportant tout son savoir pour en faire profiter ses prochains. Tenace ,il continuera à honorer ses amis ,sa ville et toutes les personnes qui ont agi positivement sur lui

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